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Un cas de télépathie arrivé à Goethe
Goethe se promenait un soir d'été pluvieux avec son ami K., revenant avec lui du Belvédère, à Weimar. Tout à coup le poète s'arrête, comme devant une apparition, et allait lui parler. — M. K. ne se doutait de rien. — Soudainement, Goethe s'écria :« Mon Dieu I si je n'étais sûr que mon ami Frédéric est en ce moment à Francfort, je jurerais que c'est lui !... » Ensuite il poussa un formidable éclat de rire. — « Mais, c'est bien lui... mon ami Frédéric I Toi ici, à Weimar? Mais, au nom de Dieu, mon cher, comme te voilà fait, habillé de ma robe de chambre... avec mon bonnet de nuit... avec mes pantoufles aux pieds, ici, sur la grande route ? ... » K. ne voyait absolument rien de tout ceci, et s'épouvanta, croyant le poète atteint subitement de folie. Mais Goethe, préoccupé seulement de sa vision, s'écria, en étendant les bras: « Frédéric I Où as-tu passé... Grand Dieu !... mon cher K... n'avez-vous pas remarqué où a passé la personne que nous venons de rencontrer? »... K., stupéfait, ne répondait rien. Alors le poète, tournant la tête de tous les côtés, s'écria d'un air rêveur : « Oui! je comprends... c'est une vision... Cependant, quelle peut être la signification de tout cela? Mon ami serait-il mort subitement?... serait-ce donc son esprit ? »
Là-dessus Goethe rentra chez lui, et trouva Frédéric à la maison... Les cheveux se dressèrent sur sa tête : « Arrière, fantôme I » s'écria-t-il en reculant, pâle comme un mort. — Mais, mon cher, est-ce là l'accueil que tu fois à ton plus fidèle ami ?... — Ah l cette fois, s'écria le poète, riant et pleurant tout à la fois, ce n'est pas un esprit, c'est un être de chair et d'os », et les deux amis s'embrassèrent avec effusion. Frédéric était arrivé au logis de Goethe, trempé par la pluie, et il s'était revêtu des vêtements secs du poète; ensuite, il s'était endormi dans son fauteuil et avait rêvé qu'il allait à la rencontre de Goethe et que celui-ci l'avait interpellé avec ces paroles (les mêmes que celles qu'avait prononcées le poète) : « Toi ici, à Weimar?... Quoi?... avec ma robe de chambre... mon bonnet de nuit... et mes pantoufles, sur la grande route ?... » De ce jour, le grand poète crut à une autre vie après la vie terrestre.
La lévitation selon Alphonse Primot
Une analyse intéressante d'Alphonse Primot (chef de service au ministère des finances à la retraite, natif de Poligny dans le Jura en 1846, et positiviste repenti converti au catholicisme *) en 1914 qui, après avoir cité les lévitations du curé d'Ars, des possédées de Louviers, et des médiums, écrit :
"Ainsi que je l'ai fait remarquer supra, n°328, si les lévitations du corps humain ne se produisaient que dans l'extase, telle que je l'ai définie, avec son caractère essentiellement religieux, et n'apparaissaient ainsi que comme une conséquence de cette puissante attirance que le monde divin parait exercer sur l'extatique, on pourrait être, dans une certaine mesure, fondé à admettre que cette attirance et l'intense désir d'union avec Dieu, qu'elle suppose, sont la cause déterminante du phénomène qu'on vient d'étudier.
Même dans ce cas, d'ailleurs, et en supposant cette interprétation fondée, il resterait encore à savoir comment cette influence divine s'exerce, quelle force physique elle met en jeu dans l'organisme do l'extatique pour le soulever dans les airs et l'attirer, au mépris des lois connues de la pesanteur, vers les régions supérieures où, dans sa pensée, il place l'objet de son désir divin. Car Dieu, ou les puissances spirituelles qui s'associent à son œuvre, doivent en général, pour agir (c'est la conviction de beaucoup de théologiens), suivre les voies de la nature, et ils ne s'en départissent par une action véritablement miraculeuse, dans le sens strict du mot, que très exceptionnellement et lorsque les voies normales leur font défaut ou sont impuissantes à accomplir leur volonté.
Dès lors, l'intervention divine dans les lévitations fùt-elle démontrée, ne dispenserait pas de chercher en dehors d'elle la cause et le processus physiologique de ce phénomène. A plus forte raison est-il nécessaire de tenter cette recherche pour les lévitations d'un autre ordre que celle de l'extase et dans lesquelles le caractère divin fait complètement défaut.
339. — Après les explications fournies supra (nos 217 et s.) sur l'extériorisation psychique en général et, spécialement, sur l'extériorisation d'une force motrice et organisatrice dans l'hypnose et dans le médiumnisme, il semble bien que c'est précisément cette force — à laquelle sont dus, comme on l'a vu, tous les phénomènes plus ou moins extraordinaires (mouvements des tables, déplacements d'objets sans contact, écriture automatique, écriture directe, apports, phénomènes lumineux, matérialisations, etc.) observés dans les séances de médiumnisme — qui, en s'extériorisant, produit, sous certaines conditions physiologiques difficiles, sana doute, à réaliser, la lévitation du corps humain d'où elle se dégage, aussi bien d'ailleurs les lévitations de l'extase proprement dite que celles du somnambulisme, de l'hystérie et du médiumnisme.
Cette force, William Crookes a pu la mesurer au moyen d'appareils d'une grande précision, et lui a donné, faute de mieux, le nom de force psychique. — Voir la description de ces expériences dans les ouvrages déjà cités : 1° de l'expérimentateur lui-même, Recherches sur les phénomènes du spiritualisme, pp. 22 à 27 et 55 à 72; 2° et de M. de Rochas, l'Extériorisation de la motricité, pp. 475 à 487 de la 4e édition.
Le grand savant autrichien, Reichenbach, dont j'ai, résumé les travaux sous mon chapitre IV (V'. supra, nos 84 et s.), en a fait une étude des plus approfondies et lui a donné le nom de force odique qui, aujourd'hui, semble avoir prévalu.
Et c'est enfin cette force qui joue le rôle capital, essentiel, dans la savante et lumineuse hypothèse au moyen de laquelle l'auteur du Traité de la Magie, l,e partie : la Physique magique 1, le grand psychologue allemand, Carl du Prel, a précisé les causes et analysé le processus physiologique du phénomène de la lévitation.
Je ne saurais me dispenser de donner à mes lecteurs un aperçu de cette étude magistrale, qui occupe les pages 159 à 205 du volume précité; on peut ainsi la résumer :
340. — Le mot pesanteur exprime un rapport entre deux corps, et non la propriété de l'un d'eux. Dire qu'une pierre est pesante, c'est constater l'action exercée sur la pierre par la terre, et non pas énoncer \\\w cause, une propriété résidant en elle.
Ce rapport entre la terre et la pierre, qui crée la pesanteur, est modifiable. Evidemment, on ne peut supprimer la terre, et, par conséquent, aucun corps ne peut être soustrait à son attraction. Mais « peut-être sa force d'attraction pourrait-elle être annulée par la mise en jeu de forces capables de transformer, sous des conditions données, la gravitation en lévitation »- De ces forces, il en existe certainement: par exemple,, celle que l'on constate dans le magnétisme minéral, et qui explique l'action exercée par l'aimant sur d'autres corps en un sens contraire à la loi de gravitation. Or, dès l'instant qu'une exception à cette loi est constatée, d'autres apparaissent comme possibles. Par exemple, si l'on admet, et de sérieuses considérations nous y autorisent, que la gravitation est identique à l'attraction électrique, il suffirait de supposer un changement dans la nature (positive ou négative) de l'électricité d'un corps, pour que la terre le repousse, au lieu de l'attirer, et que la gravitation se transforme pour lui en lévitation .
Aujourd'hui, on en est encore, dans la science, A nier le phénomène de la lévitation, parce qu'on le déclare impossible, comme étant contraire à la loi de gravitation. Mais il suffit de supposer un instant que la gravitation rentre dans les lois fondamentales de l'électricité, pour que la lévitation devienne aussitôt une des possibilités les plus nettes et que, par conséquent, l'objection disparaisse. Dès lors, en présence de faits établissant nettement la réalité du phénomène, comme ceux qui viennent d'être mis sous les yeux du lecteur, il semble permis et à propos, plutôt que de les nier, d'en rechercher la cause dans la mise en jeu des lois de polarisation du magnétisme animal, si bien étudiées par Reichenbach, et dont les multiples applications paraissent démontrer l'existence d'une force, la force odique, capable, sous diverses influences qui la renforcent ou l'extériorisent, telles que les passes magnétiques, les suggestions et auto-suggestions, et certaines dispositions physiologiques du sujet, de seconder ou de neutraliser, dans l'organisme humain, les effets de la loi de gravitation."
--- *il décéda en 1920.
Emmanuel Besson qui l'a connu personnellement dans la revue Le Domaine du 1er avril 1932 reliait sa conversion (vers 1891) à l'entrée du défilé de Montcy dans la forêt des Ardennes près d'un lieu dans lequel certains ont cru identifier les ruines d'un temple de Vénus-Cythérée. Primot s'y promenait chaque jour avec sa femme.
Primot raconte ainsi l'histoire dans son livre :
"Un jour, au cours d'une de nos promenades habituelles dans les environs de Mézières, nous rencontrâmes une dame de cette localité avec laquelle ma femme était entrée en relations et qu'elle me présenta. La conversation s'engagea et je fus surpris de lui entendre émettre des idées élevées sur la destinée de l'homme et sur son immortalité. Elle avait sur ces mystérieux problèmes des solutions précises, très indépendantes de celles que fournit la foi religieuse, bien qu'elle fût pratiquante, et qui dénotaient en elle une conviction profonde et inébranlable. Je lui demandai d'où elle tenait ces certitudes; elle me répondit qu'ayant perdu un enfant tout jeune, elle avait eu la preuve réelle et sensible de sa survivance ; elle me parla de médiums, et, sur ma demande, m'expliqua qu'on entendait par là certaines personnes douées d'aptitudes spéciales qui leur permettent de servir d'intermédiaires entre les vivants et les morts et qui assurent ainsi, dans des circonstances et sous des conditions déterminées, la communication du monde visible avec l'invisible.
J'avoue que j'eus peine à dissimuler un sourire sceptique, tant ce langage était nouveau pour moi. Elle s'en aperçut et me dit qu'elle ne pouvait en quelques instants de conversation, mettre en évidence les éléments de sa conviction et les preuves sur lesquelles elle s'appuyait; mais elle m'offrit du me prêter quelques ouvrages qu'elle avait en sa possession et qui, s'ils ne parvenaient pas à me faire partager sa foi, ne manqueraient pas de m'intéresser et de m'ouvrir des aperçus nouveaux sur un monde dont je paraissais ne pas soupçonner l'existence.
J'acceptai son offre et je lus les quelques volumes qu'elle m'envoya. Cette lecture et quelques timides expériences que, sur ces entrefaites, je tentai dans l'intimité d'un groupe d'amis, et qui donnèrent dos résultats suffisants pour que mon incrédulité fût ébranlée, éveillèrent en moi le désir de pénétrer plus avant dans ce domaine mystérieux qui jusque-là m'était resté complètement fermé."
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Personnellement je ne suis pas sûr qu'éclairer une réalité obscure (la lévitation) par un concept obscur (la "force odique") soit très utile. Mais je relève l'argument pour justifier qu'on applique une grille d'analyse scientifique à une réalité religieuse : Dieu utilise autant qu'il le peut les lois naturelles... donc on est légitimé par la théologie même à explorer selon la méthode des sciences naturelles, le plus loin possible, les phénomènes apparemment surnaturels...
Pour le reste je conseille la lecture de ce livre qui montre combien au moment où Freud et Jung creusaient la notion de "subconscient" la notion de "subconscience" était déjà très largement explorée en France parmi les psychologues qui s'intéressaient au paranormal, qu'ils tentaient de ramener à l'action d'énergies psychiques.
A propos du documentaire : Des médecines parallèles aux pires dérives
En tant qu'auteur d'un livre sur les médiums, je continue de suivre le discours des médias sur les médecines parallèles. Ceux-ci ne m'invitent jamais (à part une interview dans Madame Figaro il y a trois ans), mais je ne m'en plains pas, le petit chemin que mon livre se fraie dans les milieux universitaires me suffisant.
Je regardais avant hier ce documentaire d' "Investigations parallèles", une chaîne You Tube qui compte plus de 2 millions d'abonnés (le documentaire lui même a été vu 157 000 fois en un an). Il s'intitule "Des médecines parallèles aux pires dérives"
Le discours que tient ce documentaire est le suivant : il existe de mauvais guérisseurs, qui vous empêchent de recourir à la médecine scientifique, des sectaires qui vous coupent de votre famille et vous laissent crever de votre cancer en vous soutirant le plus d'argent possible, et puis, peut-être, des guérisseurs plus utiles, comme les rebouteux et les magnétiseurs, qui ont des dons hérités de père en fils et de mère en fille, dans les campagnes notamment.
Ceux qui ont lu mon livre sur les médiums savent que j'ai eu un vécu dans ce milieu intense et qui est allé très loin en 2014-2015. L'analyse que j'en ai fait après beaucoup de lectures et d'interviews est quelque peu différente. Je vais essayer de la synthétiser ici.
Tout d'abord, dans cette affaire tous les mots sont piégés : qu'est-ce que le magnétisme ? que signifie guérir ? qu'est-ce qu'une maladie ? etc
Essayons de reprendre les choses à la base. Toute souffrance, même légère, peut être le symptôme d'un début de maladie, qu'il s'agisse d'une souffrance morale ou d'une souffrance physique. Il y a un continuum entre la légère brûlure d'estomac et l'ulcère, par exemple. Et toute personne à ce stade a un pouvoir de guérison sur autrui. Le physicien Yves Rocard avait montré que beaucoup de gens ont de la magnétite dans les mains, donc beaucoup de gens sont potentiellement magnétiseurs, ce qui ne signifie pas pour autant que, si ces personnes dont les mains magnétisent essaient de guérir autrui elles obtiendront des résultats (et d'ailleurs il y a des sortes de fluides très différents qui passent par les mains des magnétiseurs : des chauds, des froids etc). Cela ne marchera pas sur tous les types et sur tous les degrés de pathologie. Cela peut marcher une fois et ne plus jamais marcher etc.
Si l'on comptabilise toutes les personnes qui ont du magnétisme dans les mains, cela fait beaucoup de guérisseurs potentiels. Mais il faut élargir le propos. En réalité vous pouvez guérir aussi, aux stades premiers des symptômes, par la parole. En faisant plaisir à un de vos proches ou à un inconnu dans la rue, par un sourire, une parole particulièrement libératrice et pertinente etc. Comme me l'avait dit une entité en 2014 dans une canalisation par la voix d'un médium : "tes livres guérissent les gens". J'avais trouvé cela un peu exagéré, mais si l'on parle des touts premiers symptômes de la maladie, un texte, une parole, un regard même peuvent guérir en donnant des forces à autrui pour combattre des embryons de dégénérescence ou des pathologies. En ce sens il y a des milliards d'actes de guérison tous les jours dont nous n'avons pas conscience (et je ne parle même pas des prières, et actes tournés vers le monde invisible, immanent ou transcendant, qui eux aussi modifient des équilibres subtils - il faudrait ici évoquer les travaux de Sheldrake sur les champs morphiques).
Quelle est la valeur de ces guérisons ? faut-ils (comme l'a décidé le conseil scientifique du sanctuaire de Lourdes) qu'elles soient définitives dans la durée pour être valorisées (je repense à cette évangélique qui guérit par ses prières une tendinite que j'avais depuis 4 ans, mais cela ne dura qu'un quart d'heure, et la tendinite, 3 ans après sa prière, est toujours là) ? Faut-il qu'il y ait intervention de phénomènes inexplicables par les lois naturelles comme la reconstitution "miraculeuse" de tissus ? etc.
Ce qui est absolument certains, c'est que, parmi les milliards de gens qui peuvent réaliser des micro-guérisons chaque jours, il en est qui en réalisent de plus spectaculaires et beaucoup. Quelle est l'origine de ce don ? Est-ce une décision souveraine du Créateur de ce monde ? Les positivistes aiment imaginer qu'il y a quelque hérédité là dedans. Ils le mettent en avant concernant notamment les guérisseurs/rebouteux. A supposer que ce soit vrai, cela ne fait que déplacer la question dans le temps : comment l'ancêtre, si cela vient de lui, a-t-il pu recevoir le don au début ?
Je l'ai dit dans mon livre : parfois le don a des origines très singulières - par exemple une expérience de mort imminente. Et beaucoup quand on les travaille un peu avouent que c'est une présence, un être invisible qui s'est manifesté en leur conférant cela. D'autres fois on entrevoit quelque chose de très suspect, dans pouvoir vraiment dire de quoi il s'agit, comme cette magnétiseuse de l'agglomération paloise qui m'avait avoué qu'elle avait contracté son "pouvoir" en fréquentant des familles tziganes quand elle était petite, milieu où la pratique de la sorcellerie est tout à fait monnaie courante.
Si certains exagèrent la portée de leurs pouvoirs ou leur côté surnaturel, d'autres au contraire le dissimulent pour ne pas effrayer leur clientèle rationaliste, préférant dire que tout est purement naturel et sera un jour sans doute expliqué par la science. Mais qu'il y ait quelque chose de réellement surnaturel qui accompagne le pouvoir magnétique est souvent incontestable, comme dans le cas du premier médium que j'ai fréquenté qui pouvait dire avec précision quand mon grand père maternel était décédé, en se faisant le porte-parole, disait-il, des "esprits".
A l'aune de ces paramètres étranges qui touchent au monde invisible et au paranormal, il est assez difficile de trancher entre le bon et le mauvais guérisseur. Contrairement à ce qui est dit dans ce documentaire, il n'y a pas d'un côté l'escroc manipulateur et de l'autre le brave paysan qui veut aider de bon cœur son prochain. Le guérisseur altruiste peut se muer en escroc sans s'en rendre compte (en surestimant ses pouvoirs, en faisant trop confiance à sa petite voix intérieure sans se demander si elle vient vraiment de Dieu), le paysan bien intentionné peut être la dupe de forces qui le dépassent. Il n'y a pas de règle de discernement générale, on sent rapidement que tout dépend du positionnement du patient lui-même, son aptitude à s'inscrire dans un système de foi à la fois avisé et positif, sans verser lui-même dans l'orgueil. Bref, cela devient rapidement très complexe, et fait intervenir aussi le rapport aux révélations religieuses multi-millénaires (les religions monothéistes) que, n'en déplaise aux médias, on ne peut pas écarter comme ça d'un revers de main en faisant "comme si" elles n'avaient jamais rien dit de pertinent sur le sujet. Ces révélations nous font notamment nous interroger sur l'opportunité de confier notre santé à un être de chair et de sang, en faisant comme si ce n'était pas à notre créateur dans décider. Bref, cela nous fait entrer rapidement dans des interrogations philosophiques et spirituelles sur le sens général de l'existence individuelle, dont la problématique de la guérison n'est qu'un aspect, peut-être à la limite secondaire. Le bon alignement avec le Créateur (ou si l'on veut ses forces cosmiques), devient ainsi plus important que le bien-être (ou la guérison), lequel vient par surcroît quand la bonne direction est trouvée, et les mains du guérisseur deviennent alors peut-être inutiles, de même qu'éventuellement ses prières rituelles auxquelles tout un chacun peut trouver des substituts bien plus efficaces par une bonne connexion à la transcendance.
Encore un mot sur Richard Bentley
Dans mon livre sur les services juridiques de l'Etat (p. 298) j'ai parlé de l'histoire du principe du contradictoire ("audi alteram partem" : il faut écouter le point de vue de l'autre, entendre sa défense) et, encore il y a cinq ans, je rappelais qu'une mésaventure survenue à Richard Bentley en 1723 fut à l'origine de l'invention en Angleterre de ce principe du contradictoire, transposé par les libéraux en France au XIXe siècle (notamment par les tendances anglomanes du Conseil d'Etat au XIXe siècle, ceux que Leroux appelait "la France carthaginoise". Finalement le principe s'est introduit dans toutes les procédures administratives en France et dans les autres pays européens)
Notons que Bentley fut par ailleurs auteur de "La friponnerie laïque des prétendus esprits-forts d'Angleterre, ou Remarques de Phileleuthere de Leipsick sur le Discours de la liberté de penser" qui fut traduit en français par Armand Boisbeleau de La Chapelle, écrivain protestant français exilé qui avait tout intérêt à faire cause commune avec Bentley. C'est une réaction à la parution sous couvert d'anonymat en 1713 du Discours sur la liberté de penser d’Anthony Collins qui avait mis Londres en ébullition et affaibli le parti Whig au pouvoir en Angleterre. Le livre allait si loin dans l'athéisme qu'il affaiblissait les défenseurs de la liberté en les faisant passer par ses excès pour des bandits anarchistes, et jetait l'opprobre sur le protestantisme capable de devenir un tel nid de vipères.
Collins avait, outre ce discours, fait paraître aussi en 1710 "Priestcraft in perfection" traduit en français par "La friponnerie ecclésiastique portée à son comble", que La Chapelle décrit comme une entreprise "don quichottesque" contre toute forme de cléricalisme auquel il finit par donner une portée totalement antichrétienne.
Parmi les réponses à cette provocation, celle de Bentley, nous dit La Chapelle, fut la plus impérieuse car à la fois elle démontait la lecture historique que Collins faisait des autorités ecclésiastiques et discréditait l'honnêteté intellectuelle de l'auteur (alors, nous dit le traducteur, que les déistes ont tendance à se draper dans la pureté morale).
Vous savez que depuis mon passage par les magnétiseurs, je prête une certaine attention à la question de la sorcellerie (cf mon livre). J'observe que la question n'est pas absente du livre. On se souvient que dans les années 1660 en Angleterre sous la plume notamment de Glanvill dont on a déjà parlé, la question était d'une certaine importance, alors qu'en France Louis XIV allait encore affronter une affaire de sorcellerie, et Colbert ne mettra fin à la condamnation des sorciers qu'en 1682.
Collins, note Bentley, attribuait aux progrès de la liberté de penser un mérite : celui d'avoir fait déchoir en Grande-Bretagne "le pouvoir que l'on attribue au diable dans les possessions, et dans les sortilèges" (p. 78 de la traduction). Le théologien répliquait que c'était faux car les prêtres anglicans estimaient que les sortilèges existaient, et que c'est la loi votée en 1562 à l'initiative de la chambre basse qui avait qualifié d'acte de félonie "l'usage et la pratique des enchantements, de la magie et des sortilèges" de sorte qu'on ne pouvait en imputer le responsabilité aux ecclésiastiques.
A propos de la loi sur les sorcières, La Chapelle se réfère à John Stype, et cite ce passage en note de bas de page : "La raison qui fit porter ce Projet, vint du grand nombre d'Enchanteurs, de Sorciers & de gens qui invoquent le malin Esprit, qui s'accréditèrent dès les premiers momens de l'Avénement de la Reine à la Couronne, & peut-être auparavant. Ces gens-là se mêlaient des Affaires de l'Etat, & se servaient de Sortilèges, & de la Magie noire, pour ôter le Royaume à cette Princesse (Elizabeth Ie). On remarquait d'ailleurs qu'il régnait beaucoup de Maladies extraordinaires, qu'il y avait beaucoup „ de gens qui perdaient la parole, ou l'usage des sens, qui tombaient en langueur, ou dont la chair pourrissait ; ce que l'on crut avec raison, „ être les effets des Conjurations & des Enchantemens. Aussi est-ce ce que l'on dit dans le préambule de l'Acte" (Strype Annales t 1, ch 2 p. 61).
En réponse à Bentley, Collins allait d'ailleurs reconnaître que le clergé anglican n'était pas responsable des excès de la lutte contre la sorcellerie, notamment dans le procès d'Hertford de 1712 (dernière condamnation de sorcière en Angleterre).
Bentley poursuit son propos sur la sorcellerie en estimant qu'avant la Renaissance et la Réforme c'est une faiblesse générale de l'esprit humain et non une "friponnerie ecclésiastique" qui faisait imputer au diable beaucoup de problèmes aux causes naturelles : "les délires, les convulsions, les envies de manger" etc. Seules les "lumières de la philosophie et de la médecine" ont eu le mérite de régler le problème, il revient donc "aux Boyles, et aux Newtons, aux Sydenhams, et aux Ratcliffs". "Lorsque ce peuple vit que des ordonnances de médecins guérissaient des maux qu'il imputait au Sortilège, il n'en fallut pas davantage pour le guérir lui-même de ses préjugés". Bentley salue d'ailleurs le travail contre la superstition de pasteurs comme le hollandais Balthazar Becker (1634-1698) et l'archevêque d'York Samuel Harsnet (1561-1631).
La Chapelle précise ceci en note de bas de page à propos de Harsnett : "En 1586 , un jeune homme nommé Darrel s'érigea en Exorciste, & fit imprimer des Relations de quelques-unes de ses prouesses. La prétendue guérison d'un garçon de 14 ans faite à Barton en 1596, fit un grand bruit. A cette occasion Harsnet, qui n'était encore que Chapelain de l'Evêque Bancroft, écrivit un Ouvrage, intitulé, Découverte des Pratiques frauduleuses du Ministre".
Bentley était donc un théologien aux tendances rationalistes (à la différence de ce qu'allait être un Wesley par exemple), tout en étant très opposé au déisme.
Pour ma part, en tout cas, je compte appliquer le principe "audi alteram partem" dans un billet que j'écrirai dans quelques semaines sur le Suaire de Turin.
Auctoritas universitaire
Un professeur de sociologie m'écrit :
"Bonjour
Je suis en train d'évaluer une thèse de l'université de Montréal sur la médiumnité qui cite votre ouvrage sur les médiums, un chamanisme chez l'Harmattan.
Comme quoi , les écrits finissent par atteindre leur public.
Félicitations
Bon Noël"
Natalie Saracco et le problème de la vérité
Sur You Tube une "chrétienne" façon Alexandra Henrion-Caude. Très "love love love", "amour amour", "j'aime Jésus, Jésus nous aime", la cinéaste Natalie Saracco.
Quand le journaliste de TV LIbertés (ci dessous) lui demande à juste titre (minute 14'12) "Cette sensibilité au surnaturel au divin, vous dites que c'est comme si Dieu avait ses têtes. Comment vous expliquez qu'il y a des personnes qui sont plus ou moins sensibles au surnaturel ?"
Elle répond : "Non Dieu n'a pas du tout ses têtes (...)
Le journaliste insiste : "Il y a des gens qui sont totalement bloqués à ça"
Elle : "Ils sont bloqués, mais en même temps à eux aussi de se donner les moyens. Si je veux bronzer je vais me mettre sous le soleil, je ne vais pas me mettre dans une cave, ou sous un parasol enfermée quoi".
Cette dame est sans doute pleine de bonnes intentions (comme l'enfer en est pavé), mais on sent un brin de condescendance dans cette recommandation aux athées de "se donner les moyens" de la spiritualité.
Evidemment son expérience de mort imminente fonctionne pour elle comme une légitimation, et peut-être l'aveugle un peu, et personnellement j'avoue que j'apprécie davantage l'ex new-ageuse Doreen Virtue (malgré les limites aussi de sa position) qui refuse l'autorité des expériences de mort imminentes parce qu'elles sont contradictoires entre elles, et refuse même l'autorité de sa propre vision de Jésus-Christ qu'elle a eue juste après sa conversion. Doreen Virtue pousse l'exigence de vérité plus loin, me semble-t-il, ce qui fait plus honneur à Dieu. Car si l'on en reste à "je veux qu'on s'aime, Jésus m'est apparu", on n'a rien à répondre à celui qui dira : "le chanteur Freddie Mercury qui avait passé un pacte avec une entité obscure - et s'en était vanté - avait aussi des apparitions, et voulait aussi officiellement qu'on s'aime". On affaiblit les critères de la vérité spirituelle et morale.
Ainsi la dame s'enferme sans s'en rendre compte dans un cercle "d'illuminés" heureux de leur rapport privilégié à Jésus, enivrés d'un sentiment d'amour d'autant plus facile à proclamer qu'on se sent supérieur aux "pauvres gens" qui restent "enfermés dans leur cave"... Elle ne risque de ne convaincre ainsi que ses semblables...
Les églises parallèles et l'amour de Jésus
Une dame s'est assise derrière moi alors que j'attendais dans ma chapelle préférée (d'une église parallèle). Nous avons un peu causé. Elle m'a dit que le prêtre du lieu avait été jadis dirigé une chapelle ailleurs dans la ville. Mais elle avait été brûlée par des gens malveillants qui lui en voulaient. Une bonne partie du local avait été consumée mais les bouteilles d'eau bénite étaient restées intactes.
Elle m'a parlé de sa nièce aussi, renversée par une voiture en 1998 dans le coma. "Elle sera un légume si elle se réveille" avaient pronostiqué les médecins. "Elle va te donner un signe aujourd'hui même" avait au contraire prophétisé le prêtre. Effectivement l'après-midi même elle bougeait une jambe et quelques jours plus tard s'éveillait. Elle dit aussi devoir à la Sainte Vierge (avec l'aide du prêtre) une réconciliation avec sa fille unique qui habite près de Lourdes l'an dernier, pour ses 60 ans, après trois semaines de fête avec deux personnes qui ont aussi connu sa fille après. Catholique un peu tradi, elle croit que le prêtre "dépend de Pie XII" (sic) parce qu'il fait une communion sous les deux espèces. Mais je doute qu'elle soit au fond si "tradi" que cela car elle s'est séparée de son mari qui habite dans le Gers. Elle a dû garder simplement quelques réflexes un peu conservateurs car elle dit que du temps où elle vivait à Boulogne-Billancourt, elle avait eu des tensions avec un curé qui tenait à la faire communier à la main.
En tout cas n'est pas "tradi" son souci de "laisser l'ego de côté" (c'est du vocabulaire New Age). Elle m'a aussi cité deux histoires qu'on retrouve sur des sites de médiums sur Internet : le poème de Margaret Fishback Powers et celui de Stickland Gillilan.
Son amour très souriant pour Jésus et la Sainte Vierge, son besoin de témoigner de sa foi avaient quelque chose d'étrange. "Il faut de la confiance, ayez confiance" disait-elle avant que j'eusse ouvert la bouche. A la fin, elle m'a remercié pour ce témoignage et "pour (mon) sourire" (sic).
On peut songer parfois que les églises parallèles détournent de l'amour de Jésus ou de Marie en orientant des gens vers leur "gourou". Cette dame était la preuve vivante du contraire.
La parapsychologie en 1989
Une émission (Stars à la barre, mai 1989) dans le style foire d'empoigne comme en produisait la TV spectacle dans les années 80-90, mais qui a le mérite de donner un petit aperçu du monde de la voyance de l'époque spécialement l'année où j'ai eu la mauvaise idée de participer à une séance de spiritisme à Montreuil.
Le présentateur Daniel Bilalian y explique au vu du livre justement paru en 1989 d'Edouard Brasey "Sorciers" que le chiffre d'affaire de la voyance selon les Cahiers de la Chirurgie serait de 21,3 milliards de F (3 fois plus que les consultations de généralistes), à Paris 25 000 voyants et parapsychologues (60 000 en France), et 500 sorciers noirs (30 000 en France), 10 millions de Français consulteraient un voyant chaque année. Bien sûr on n'est pas obligé de croire en ces chiffres sortis d'on ne sait où.
Sur le plateau Didier Derlich, 24 ans, qui le 30 mars 1989 sur Média Médium (RTL) a commis un gros impair en annonçant en direct à tort à une femme que son fils n'était pas mort.
Gérard Majax, illusionniste, censé intervenir pour démystifier la "parapsychologie". Il est, comme Philippe Bouvard et Cavanna sur le plateau dans le camp des sceptiques mais on apprend incidemment par le "spirite" Sieber qu'il aurait un don pour connaître le passé des gens en face de lui sans les connaître (1h13) et serai donc un médium qui prétend que la médiumnité n'existe pas. Sieber l'accuse (1h 12) aussi d'avoir fait passer pour un illusionniste Jean-Pierre Girard, qui tordait les barres de fer (Majax soutient qu'il était à l'association française des prestidigitateurs pour démystifier Uri Geller - sauf que la question de savoir si Geller est un imposteur ou pas est elle-même délicate). On ne sait plus qui est le magnétiseur et qui est l'illusionniste.
Le voyant Gilbert Duquesnoy alias Nathaniel, qui mourra assassiné en octobre 1990 par un accro du minitel rose homo de 33 ans. Il s'essaya (mais avec une majorité d'erreurs) pour l'émission à prévoir le résultat des Molières. En minute 16'48, la comédienne Monique Tarbès (à l'époque fort populaire) raconte à son sujet : "Un soir j'ai vu Nathaniel, je n'allais pas bien. Il m'a dit : dans 3 semaines à Pâques, tu vas rencontrer un homme de 47 ans qui est grisonnant, qui a les yeux clairs, son métier commence par un A, il est en rapport avec ton métier, et tu vas l'épouser. Résultat 3 semaines après j'ai rencontré un homme grisonnant qui les yeux clairs qui est architecte, qui avait 47 ans et que j'ai rencontré en rapport avec mon métier". Apparemment Monique Tarbès ne l'a pas épousé. Son histoire rejoint point par point celle que m'a racontée en 2016 l'actuelle rédactrice en chef d'un magazine d'astrologie.
Il dit qu'il a été confronté pour Paris-Match à Marie-Thérèse de Brosses et Charles Hirsch (qui ont assuré l'édition de Manifeste de la nouvelle Gnose chez Gallimard en 1989).
Yves Lignon, de l'Institut Parapsychologique de l'université Toulouse-Mirail que je cite bien sûr dans la bibliographie de mon livre sur les médiums. Il allait un peu plus tard tenter une expérience avec Maud Kristen (voyante à laquelle j'ai eu affaire en 2015).
Rémy Chauvin, biologiste de la Sorbonne à la retraite, qui s'est penché sur le paranormal, lui aussi présent dans ma biblio évidemment. En 1984, au contact d'Yves Rocard (physicien, père du premier ministre de l'époque, et qui avait écrit sur le magnétisme) a découvert qu'il pouvait entraîner des phénomènes de psychokinèse.
Le mage Alexis, qui est présenté comme le mage de Brigitte Bardot et Eric Wolinski, voyant; Les deux travaillent pour la société Divinitel (cofondé par Claude Naisse et Alexis) qui fait des voyances sommaires sur Minitel sur la base de la numérologie et de l'astrologie à partir de la date de naissance. Ils répondent à des appels téléphoniques surtarifés (300 appels par jour), mais aussi pratiquent des désenvoutements ou retour sd'affection à plus de 5 000 F jusqu'à 100 000 F.
Un documentaire de la RTBF sur Franck Schaffner exorciste dans le midi en 1981, primat de l'église catholique gallicane de France.
Un autre désenvouteur en tenue pittoresque est invité à la barre (minute 40), le Mage Hermarès qui se dit "docteur de la loi", kabbaliste, chargé d'aider les médiums. Il explique que son poignard l'aide à couper l'influence des mauvais esprits sur le plateau.
Octave Sieber présenté comme "spirit" qui réussit à faire fuir (provisoirement) R. Chauvin du plateau en 47eme minute. Il n'eut pas l'occasion de dire grand chose à part invectiver les rationalistes. Il n'est pas exclu que ces deux derniers intervenants soient de simples comédiens embauchés pour les besoins de la cause, ou en tout cas des spirites de bas étage, les vrais désenvouteurs étant quand même peu susceptibles de se prêter à ce genre de spectacle.
Une "voyante spirite", Mme Francquie, prend aussi la parole dans le public pour dire que toutes les catégories sociales sont représentées parmi ses clients.