Merveilleux protestant : les chants de psaumes célestes à Orthez en 1685
Dans sa VIIe lettre pastorale du 1er décembre 1686, le calviniste Pierre Jurieu (1637-1713) écrit (p. 150 du recueil T. I), fait état "d'orages extraordinaires, de feux tombans du ciel ; d'autres sortant de la terre, de signes très parlants qui ont paru dans les airs, d'insectes de figure inconnue qu'on a cru voir tomber des cieux" et de "ce chant de psaumes qui a été entendu dans les airs en divers endroits".
Jurieu dit en avoir entendu parler, pour la première fois il y a"près d'un an" en Béarn, la "première province où fut envoyée la mission dragonne" de Louis XIV contre les protestants, du chant de psaumes. Le pasteur de l'Eglise d'Orthez Magendie ayant mené l'enquête a déclaré, dans une lettre du 23 novembre 1686 d'Amsterdam, qu'il recopie, que M. de Bazin s'étant promené avec un de ses amis aux alentours d'Orthez dans l'après-midi "ouit des voix qui chantaient les Psaumes, et, comme il crut que ce pouvaient être certaines femmes qui lavaient du linge" dans la rivière, "il courut à elles pour leur demander si c'était elles qui avaient chanté". "Elles lui dirent que ce n'étaient pas elles, et qu'il y avait longtemps qu'elles entendaient ce même chant de Psaumes" (p. 151). "Cela arriva quelques mois avant l'interdiction de nôtre temple".
Par ailleurs Mademoiselle de Casenave, de la même ville, qui n'y croyait pas, reçut la promesse d'une femme qu'elle l'en avertirait si elle les entendait à nouveau. Lorsque cette femme, à 11 heures du soir "avec beaucoup d'autres personnes" se trouva à une extrémité d'Orthez, elle entendit les Psaumes. Elle courut chez Mlle Casenave qui sortit de son lit, fit lever une de ses voisines. Elles coururent à ce quartier d'Orthez éloigné de leur maison "où elles trouvèrent plusieurs personnes qui étaient ravies de cette douce mélodie, qu'elles entendaient dans les airs", et rentrent chez elles avec "cette grande consolation" de l'avoir entendue. Mme de Cazenave ajoute qu'après les Psaumes une voix parlait mais d'une façon peu compréhensible.
Les nombreuses personnes qui avaient entendu ce chant de Psaumes l'appelaient "le chant des anges". Cela les incitait à sortir la nuit et les jurats de la ville durent prendre une ordonnance d'interdiction de sortir la nuit.
Le ministre Garsin de l'église d'Orthez certifie (lettre du 23 septembre 1686 à Amsterdam) aussi que son beau-frère de Roux, avocat, entre 11h et minuit derrière sa maison dans cette ville a entendu un chant de psaume "au dessus de lui", puis d'un "endroit plus éloigné". L'avocat Clavier par ailleurs lui a dit que le curé Dufau, le sieur Lichirigai et un frère du curé, M. de la Roque, ont envoyé "quérir une fille papiste de Moncade pour savoir d'elle s'il était vrai qu'elle eût dit avoir oui ce chant de Psaumes" et "elle leur dit que oui". "Et lui ayant demandé comment elle savait que c'était le chant des psaumes, elle leur dit que c'était parce qu'elle avait oui la même chose que lorsqu'on chantait dans le temple". Comme les interrogateurs s'étonnaient qu'elle ait entendu ça au temple, elle précisé qu'elle "y avait été une fois à la suite d'un baptême, mais qu'allant à la fontaine, elle avait oui souvent ce chant passant devant le temple à l'heure des prêches et des prières."
Une autre attestation (du 22 novembre 1686) précise que dans l'année 1685, en août et septembre, Pierre de Maupoey, 23 ans, a oui "dans l'air chaud" à deux reprises un chant de psaume mélodieux, une fois devant la maison de Poey" où il était "à demi endormi, couché sur un banc", le chant l'a réveillé et a duré "près d'une demi-heure", puis il entra dans la maison de M. du Poey, marchant drappier, chez qui il travaillait. Il le dit à "mademoiselle du Poey et à ses filles". Elles le grondent de ne pas l'avoir averti. Huit jours plus tard, lui "et plusieurs autres" à 1 heure de matin se rendent à la Posterle (un lieu élevé de la ville) il entend "plusieurs voix dans l'air, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre". Il interroge Mlle Despagnou, fille de M. Dombideau, marchant d'Oloron, épouse d'un marchand tanneur accompagnée d'autres femmes du voisinage ": d'où venez vous ?" "Du gave, dirent-elles, près du moulin neuf". Il leur demande de quel côté venaient les voix. Elles disent qu'il leur semble que cela vient de la posterle. Mais lui même en venait et croyait que cela venait du moulin neuf. Ces personnes sont tombées d'accord pour estimer que cela était "dans les airs", "et que jamais elles n'avaient ouï de voix si belles"
Le père de Maupoey (qui avait changé de religion deux ans et demi plus tôt), voisin de Melle Despagnou et les autres femmes se tiennent sur la porte de la ville à 2 h du matin, avec un maréchal nomme Maresquas, "papiste de Lembeye, du quartier de Bitbil, qui ressort du Parlement de Navarre". Ceux-ci confirment qu'ils ont bien entendu un chant magnifique.
Pierre Jurieu cite encore le témoignage de M. Bergeret : en septembre 1685 il se couche à 8 heures du soir. Une demi-heure plus tard quelques voisines viennent et lui demande s'il est assez fou pour chanter des psaumes interdits. Au même moment sa mère entre dans la chambre pour le réveiller en disant qu'on "chante des psaumes en l'air". Il prête attention et croit que l'on chante dans le jardin. Il sort, tout le voisinage se retrouve dans la rue de Moncade où l'on entend les psaumes.
Jean de Bordette en septembre 1685 a aussi vers 8 h du soir entendu les psaumes dans la rue, mais sans pouvoir identifier de quels psaumes il s'agit.
Mlle de Formalagués (attestation signée à Amsterdam du 4 septembre 1686) l' a entendu trois fois en octobre. Un vendredi vers 8 ou 9 h des voisines viennent l'avertir chez elle. Elle sort rue Saint Gilles et y trouve diverses personnes accourues de toute part pour entendre ces chants : "Et à l'instant, atteste-t-elle, mes oreilles furent frappées d'une mélodie si ravissante, que je n'ai jamais rien oui de semblable. Je pouvais discerner l'air de nos psaumes qui était chanté admirablement bien". Certains ont reconnu le début du psaume 41 qui à l'époque était traduit par "ainsi qu'on oit le cerf bruire". Mlle de Formalagué n'a jamais pu distinguer les mots. "J'ouis seulement une musique charmante, qui me représentait un grand nombre de voix très bien accordantes ; il y en avait une qui s'élevait par dessus les autres et qui se faisait remarquer lorsque toutes avaient fini" . Les voix ensuite diminuent peu à peu et se perdent "insensiblement dans les airs". La demoiselle rentre chez elle et se retrouve sur le pas de sa maison avec ses voisines et là, le chœur des anges reprend pendant un quart d'heure, puis disparait.
Le mardi suivant, elle est avec un parent sur la porte de sa maison le soir. Un grand nombre de voix retentissent avec force dans les airs. Elle court à l'appartement du médecin papiste qui loge en sa maison et qui était cette année là un des jurats d'Orthez. Il la suit sur le pas de la porte, mais fait semblant de ne rien entendre. Les voix se font plus fortes : "alors ayant pressé ce jurat, de me dire s'il oyait ce chant, cet homme ne put dissimuler la vérité". Mais il dit qu'il entend un beau chant mais dit qu'il reconnaît les voix d'Orthéziens qu'il nomme et qui sont connus pour leur bel organe, pour ne pas avouer que ce sont les anges. Mlle de Formalaguès s'exclame "Monsieur, si les hommes se taisent, les pierres mêmes parleront".
Monsieur de Brassalay gentilhomme d'honneur, témoigne que quelques jours avant la fermeture autoritaire des temples en Béarn, l'avocat Lichigaray Brunier persécuteur des protestants se leva de son lit pour aller dire au curé qu'il entendait une assemblée chanter des psaumes hors de la ville. Il passe aussi voir le sergent Goulan, catholique, pour le conduire au lieu où il pourra arrêter les membres de ce choeur. Mais le sergent penché à la fenêtre voit bien que cela vient des airs et qu'il n'y a donc rien à faire. Puis les chants ont continué pendant plus d'un mois. Cela ne venait pas d'une caverne précise Jurieu car à Orthez il n'y a que des maisons et des vignes et champs autour, et le chant des psaumes était interdit depuis longtemps. Tout le monde a fini par en entendre et Lichigaray Brunier a pu identifier le psaume 138 verset 2.
Le médecin Du Faur, jurat de la ville, l'entendit mais dit que c'était l'oeuvre de sorciers. "Le parlement de Pau et l'intendant de Béarn en ont aussi rendu le témoignage par un arrêt, qui défend d'aller écouter le chant des psaumes" sous peine d'amende. P. 163 Jurieu cite ensuite un témoignage sur les chants de psaumes dans les Cévennes, où les psaumes sont encore plus clairement identifiés, et même parfois accompagnés de bruits de tambours.
Le téléfilm de 1969 "Le Huguenot récalcitrant" évoque cette thématique des chants de psaumes célestes pendant les dragonnades, et aussi les apparitions d'anges qui ont été nombreuses en pays protestant dans les années postérieures à 1685.
Difficile de savoir quelle signification avaient ces phénomènes censés encourager les huguenots et quelle en était la source spirituelle.
Empédocle enlevé par un OVNI ?
La première fois que je suis monté à la Sainte Baume en 2014, j'étais un peu obsédé par l'expression "Les Catharmes" recueil poétique du philosophe-chamane pythagoricien Empédocle.
Ce soir, en lisant Vie et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce, je tombe sur ce récit de sa mort qui pourrait donner du grain à moudre aux ufologues de tout poil (mais je dois dire que l'ufologie, du moins telle qu'elle est développée sous un angle hyper-technocratique par des gens comme Coilhac et d'autres, constitue un système d'interprétation spirituellement trop pauvre, même si les faits qu'elle recense peuvent être parfois intéressants) :
"Héraclide, parlant de l’« apnoun » et expliquant comment Empédocle tira une grande gloire d’avoir sauvé une femme morte, raconte qu’il accomplit un sacrifice près du territoire de Peisianax. Il réunit là quelques-uns de ses amis, entre autres Pausanias. Le festin achevé, les convives se retirèrent à l’écart, les uns sous des arbres proches du champ, les autres où il leur plaisait, mais Empédocle resta où il était couché pour le repas. Quand, au matin, les convives se réveillèrent, Empédocle fut le seul qu’on ne pût trouver. On le chercha, on interrogea les serviteurs, qui déclarèrent ne rien savoir, un seul déclara qu’il avait entendu au milieu de la nuit une voix très forte qui appelait Empédocle, qu’il s’était levé, et qu’il avait vu une lumière céleste, et des torches allumées, mais rien d’autre. Les convives en étaient tout ahuris, quand Pausanias descendit et envoya des gens pour le chercher. Mais par la suite, il défendit d’y apporter tant de soin, disant qu’Empédocle avait obtenu la fin qu’on devait souhaiter et qu’il fallait désormais lui faire des sacrifices comme à un homme devenu dieu."
Sur la bisexualité de l'âme
Quand j'étais jeune, je lisais la Bisexualité Psychique du psychanalyste Christian David (1919-2013). Aujourd'hui, en écoutant cette brève vidéo du Rav Zamir Cohen ci-dessous, je me demandais si la psychanalyse, comme scientia iudaica, ne faisait pas tout simplement descendre les caractéristiques de la neshama au niveau du nefesh.
Saint Seraphim de Sarov et les animaux
A propos d'un saint orthodoxe très connu, contemporain du curé d'Ars, saint thaumaturge, et, qui plus est, luminescent. Extrait du livre "Le Bestiaire des sages : De la fourmi au yéti" de Sabine et Eric Edelmann :
France Inter, pour ceux qui n'ont rien entre les oreilles
J'étais invité à cette émission sur France Inter, mais n'ai même pas répondu au message de l'assistante de production sur ma boîte vocale. Et franchement je ne l'ai pas regretté. Je ne souhaite plus participer à ce genre d'opération psychologique annuelle à deux balles dont le seul but est de pousser un maximum de gens dans l'abîme. Évidemment, s 'y trouvait l'inévitable Margaux Cassan (il suffit de parcourir une page de son dernier livre en librairie pour savoir quel genre de nourriture elle peut nous servir, nous sommes là dans une bien piètre cantine...). Fuyez les médias, surtout ceux qui sont financés avec nos impôts.
Aspects peu connus des origines de la Californie
"En 1781, Fray Junipero Serra partit de Palma, pour fonder, en Californie, un ordre de Franciscains, de l’obédience de Mayorque. Sur un territoire presque désert alors, il créa, avec le colonel Pedro de Neve, une mission qui allait connaître — il ne l’ignorait pas — bien des difficultés, pour évangéliser toute la côte et l’arrière-pays. Mais il avait foi dans le succès. Il bâtit, d’abord une petite église : l’autel était fait d’un tronc d’arbre; et, au toit de la chapelle, il suspendit une petite cloche qu’il avait apportée des Baléares. Il appela sa fondation « Nuestra Senora, la Reina de los Angeles » Notre-Dame, reine des Anges.
L’église une fois terminée, avant d’y dire la première messe, il sonna, avec persévérance, durant près d’une heure, la petite cloche, qui, semblait-il, ne pouvait appeler personne au saint sacrifice, puisque, à plusieurs lieues à la ronde la population, très clairsemée pouvait à peine l’entendre. Comme un des soldats de la mission s’étonnait de cette insistance vaine, qui, selon lui, n’aboutirait qu’à fêler ou briser la cloche, Junipero Serra lui répondit, avec douceur : « Ya vendran ! Ya vendran !"
Hollywood devrait le succès de son nom au peintre français Paul de Longpré (1855-1911).
"En 1903, Hollywood était un coin de terre en friche à 20 kilomètres de la ville de Los Angeles. On aurait bien pu se construire là une maison, planter des pommes de terre et élever des bestiaux —- personne n’y pensait. En ce lieu il n’y avait guère autre chose que des pierres, du sable et d’affreux buissons de houx.
Mais voilà que le peintre français Paul de Longpré qui voyageait dans ces parages, s’arrêta devant ce paysage aride planté de houx. Il se construisit sur la terre en friche, une villa mauresque et se mit à peindre des houx sur un fond de roches rouges et de ciel très bleu. Mais sa femme se retira bientôt à Los Angeles. « Tu peux rester seul dans ta houssaie — en anglais «Hollywood» — quant à moi, je reste en ville. » Les infortunes conjugales de Longpré firent des gorges chaudes et le mot de « Hollywood » devint à la mode, en manière de plaisanterie. Dans le courant de l’année, Longpré eut de la compagnie. Quelques petites maisons s’élevèrent autour de la sienne. Vers 1910, il y en avait déjà plus d’une centaine. Les hommes d’affaires de Los Angeles, les businessmen épuisés par l’agitation de la grande ville, cherchaient aux environs un lieu paisible et reposant. A peu près à cette époque, le film faisait ses premières armes. Quelques malins « producers » songèrent déjà à tourner leurs films sous le climat ensoleillé de la Californie".
L'ancien ouvroir de Jurançon
L'ancien ouvroir Saint Ange de Jurançon (64), propriété du diocèse de Bayonne, désaffecté depuis très longtemps, est en travaux.
L'occasion pour moi ce matin d'interviewer une ancienne couturière jurançonnaise (née en 1934) qui y a fait son apprentissage (au premier étage du bâtiment qu'on voit à gauche sur la photo). Elle évoque ainsi ses souvenirs de sa formation en 1949 :
"Après mon certificat d'études j'aurais aimé poursuivre des études pour devenir pharmacienne, ou même devenir comédienne à Pars - j'adorais le théâtre et ma mère était bien partie à la capitale avec son premier mari dans les années 1920. Mais celle-ci était toujours malade, et comme mes trois frères étaient destinés à partir, elle avait besoin de moi près d'elle. Elle m'a donc inscrite en apprentissage comme couturière chez les bonnes soeurs. Ce n'était pas facile pour moi de m'y adapter car je venais de l'école publique.
Il y avait là six religieuses. Elles n'étaient pas de la région. On se moquait d'elles parce qu'elles parlaient pointu. La maison mère de leur congrégation était à Tours.
Elles étaient six religieuses. La mère supérieure, soeur Suzanne, soeur Johanna qui nous apprenait la couture ; soeur Félix qui allait soigner les gens : elle prenait le solex avec ses seringues pour aller soigner ma mère (son moyen de transport était très moderne) ; soeur Henri-Joseph qui enseignait à l'école des soeurs (école Notre Dame) adjacente ; soeur Bernadette qui faisait la cuisine. Toutes étaient trentenaires, sauf l'infirmière soeur Félix qui devait avoir 55 ans
Comme j'étais très bonne ouvrière, j'étais souvent chargée de superviser le travail des autres. Elles ne s'en sortaient pas toujours très bien. Parfois elles faisaient un faux mouvement avec la pédale et cassaient l'aiguille.
J'avais mauvais caractère et cela provoquait des tensions avec soeur Johanna, qui était pourtant d'un naturel assez timide, et d'une complexion physique fragile (elle était asthmatique). Elle devenait toute rouge quand je lui tenais tête. Un jour elle m'a envoyé chez la mère supérieure. Mais quand la mère supérieure m'a reçue, elle m'a seulement dit de ne pas m'inquiéter, de continuer à travailler comme ça, que Soeur Johanna était fragile.
Soeur Johanna avant d'être religieuse avait travaillé dans un atelier de grand couturier à Paris. Les six soeurs ne s'entendaient pas bien entre elles, elles se disputaient beaucoup.
J'ai effectué un pèlerinage à Lourdes avec elles une fois. On avait trempé nos pieds dans la piscine, puis on avait fait de la barque sur le lac de Lourdes. Les soeurs avaient peur de mouiller leurs cornettes et devaient relever leur tenue qui tombait jusqu'aux pieds".
Je trouve que ce témoignage révèle un peu les contradictions que provoquent l'ouverture au monde de femmes qui s'étaient en premier lieu consacrées à Dieu (la gestion des ouvrières, venues du monde laïque et même laïcard, les règles de décence quand elles prennent la baque avec des tenues qui n'étaient évidemment pas adaptées au tourisme).
Sur la vie quotidienne mon informatrice précise : "Nous étions une dizaine d'apprenties, dont sept jurançonnaises. Une venait d'Uzos, deux de Rontignon. La plupart avaient été instruites à l'école publique. Néanmoins on devait suivre les rituels religieux. Le matin on offrait la journée à Dieu, à midi on récitait l'angelus, l'après midi une partie des complies et des vêpres. Ca me pesait. On allait aussi à la messe à la chapelle qui était à l'endroit où les soeurs logeaient. C'était un véritable atelier et très renommé. Des gens de Pau et de la région venaient faire faire des robes sur mesure. Ils apportaient le tissu. Soeur Johanna se faisait payer la façon. J'y ai ainsi confectionné la robe de mariage de la femme de mon frère ainé".
La Société Ouvroir Saint Ange existe encore avec une numéro de SIREN et est signalée comme ayant été fondée le 1er janvier 1900. L'école Notre-Dame à l'asile Saint-Ange a célébré sa dernière fête le 15 juin 1991. Au fond il y avait là une sorte de complexe de bienfaisance. Le Patriote des Pyrénées du 8 août 1906 y signalait une attribution de primes en ces termes :
"Dimanche, a eu lieu à Jurançon, à l’asile Saint-Ange, la première distribution des primes de la Caisse dotale fondée l’année dernière sous l’initiative de M. le Curé. Il n’est peut-être pas inutile de dire deux mots de cette intéressante œuvre, fondée sur le modèle de celle qu’a organisée A Pithiviers l’abbé Le Sècheroux, bien connu des catholiques qui s’occupent d’action sociale. Elle a pour but de développer et de récompenser chez les jeunes filles le goût de l’économie : les jeunes filles sont encouragées à faire des économies et à les verser à la Caisse : celle-ci les leur place d’abord en livrets de caisse d’épargne, puis, au bout de l’exercice annuel, elle leur attribue une prime proportionnelle à leurs versements et constituée par des cotisations de membres fondateurs, bienfaiteurs et honoraires.
M. le curé de Jurançon, désireux de ne pas moins stimuler la pratique des devoirs religieux que les habitudes de prévoyance matérielle, a institué, parallèlement A cette prime, une prime d’assiduité au cathéchisme de persévérance. L’accumulation de ces primes, que l’on replace aussi au fur et à mesure et qui portent à leur tour intérêt, fournit aux titulaires le moyen de se préparer une petite dot, dont elles auront la satisfaction de toucher le montant au moment de leur mariage qui leur permettra d’entrer en ménage dans des conditions bien plus favorables que si elles ne s’étalent pas appliquées à songer à l'avenir et à épargner.
Ainsi s'accroîtra A Jurançon le nombre des foyers où l'aisance rend plus facile à la famille la pratique des vertus chrétiennes, dont elle est en même temps comme une première récompense. L'œuvre, établie à la fin du mois de novembre dernier, a parfaitement réussi. Si jeune encore, elle compte déjà 64 membres participantes, et le chiffre des économies réalisées en ce court laps de temps 549 fr., est tout-à-fait encourageant ; celui des primes accordées, grâce à l’abondance relative des ressources assurées à la caisse cette première année ne l’est pas moins : 440 fr. et la lecture détaillée de ce palmarès d’un nouveau genre faisait hier, à ce double point de vue, vraiment plaisir à entendre.
Cette lecture avait été précédée par celle d'un rapport, rédigé par la dévouée secrétaire de l’œuvre, Mme Bergeron, qui expliquait à merveille le mécanisme de la Caisse dotale et ses avantages matériels et moraux et indiquait très clairement les résultats d'ensemble obtenus pendant ses huit premiers mois d’existence , , Avant, entre et après ces deux lectures, on a entendu plus d’une demi-douzaine de chansons, chansonnettes, monologues et saynettes , dont le nombreux auditoire a paru enchanté."
Laroin-Saint-Faust-Lasseube (Première partie)
Il y a seize ans, j'étais dans les recherches généalogiques sur mes ancêtres paternels en Aragon.
Hier, j'étais dans les recherches sur mes aïeux du côté du père de ma mère en Béarn. Après avoir identifié leurs noms grâce à la collaboration d'une généalogiste, je suis allé avec elle et son mari explorer les lieux.
Ils sont presque tous concentrés jusqu'à Louis XIV dans l'actuelle paroisse de Saint-Michel des Coteaux.
Commençons donc par évoquer le village le plus près en voiture de Jurançon : Laroin, qui fut notre première étape.
L'église y est récente. Cela se voit notamment au fait que les fondations sont en galets du gave.
Elle se situe à côté de l'ancienne école qui est maintenant un restaurant.
L'ancienne église et le cimetière étaient un peu plus loin dans ce qu'on appelle "le jardin", ce qui est fréquent car on évitait de construire sur les fondations de lieux consacrés. Sa présence est matérialisée par une croix.
Toutefois, il reste dans l'actuelle église, un bénitier qui est un ancien chapiteau gallo-romain, et un fonds baptismal de 1679.
Ont été baptisés dans ce fonds baptismal mes ancêtres :
- Jeanne Salaberthe, née le 18 septembre 1733
- et probablement sa mère Anne de Seignouret qui s'y était mariée en 1732.
Puis nous avons enchaîné avec Saint-Faust, où est né le 22 décembre 1902 mon grand père (Jean-Baptiste Commenges). Voici son église (Saint Faust de haut) récente avec clocher métallique.
A noter que l'église de Saint Faust de Bas qui se situe sur une motte de terre qui rappelle les mottes féodales, place Maluquer. Construite en 1561 elle portait le nom de Saint Jean Baptiste, et c'est le jour de ce saint, le 24 juillet, que Saint Faust est aussi célébré.
Cette église, couverte d'un "crépis DDE", entourée de quelques herbes où se trouvaient sans doute des tombes, était fermée.
Y furent baptisés :
- Pierre Commenges, grand père paternel de mon grand père (né le 1er mars 1836)
- Magdelaine Navaillez la mère de celui-ci, née le 6 janvier 1797
- Marie Poumaret, mère de Magdelaine, née le 24 janvier 1777
- Bernard Poumaret, le père de celle-ci, né le 27 avril 1741
- Jacques Poumeret, né vers 1695