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La chanteuse Aleksandra Prijović et l'ex-Yougoslavie

17 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

La chanteuse serbe Aleksandra Prijović réunifie-t-elle l'ex-Yougoslavie ? Elle a marqué les esprit en décembre dernier en remplissant successivement cinq stades à Zagreb en Croatie. Elle se produit ce mois-ci à Osijek (elle a grandi près de cette ville à partir de 1998, bien qu'elle soit native de Voïvodine).

Un moine de Ribnica en Serbie Arsenije Jovanović le 13 février dans sa prédication sur Internet a stigmatisé ces spectacles centrés sur le corps de la chanteuse comme des régressions "paysannes" (seljački) dans le sens de stupide. Il décoche au passage quelques flèches contre l'Occident latin dans le cadre d'une remise en perspective de l'histoire de la musique en Europe. Selon lui, si Aleksandra Prijović a du succès en Croatie, ce n'est pas le meilleur de l'influence que la Serbie pourrait avoir sur son voisin...

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Le néo-platonisme kabbaliste anglais à l'époque de Leibniz

12 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie, #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Alchimie

Revenons d'un mot sur les interlocuteurs kabbalistes et néo-platoniciens de Leibniz. Celui-ci dans ses Nouveaux Essais sur l'entendement humain évoque rapidement "ceux qui ont logé vie et perception en toutes choses comme Cardan, Campanella, et mieux qu'eux feu Mme la comtesse de Connaway platonicienne, et notre ami feu M. François Mercure van Helmont (quoique d'ailleurs hérissé de paradoxes inintelligibles) avec son ami feu M. Henri Morus" pour leur opposer "comment les lois de la nature ( dont une bonne partie était ignorée avant ce système) ont leur origine des principes supérieurs à la matière, en quoi les auteurs spiritualisants que je viens de nommer avaient manqué avec leurs archées" pour conclure que les animaux ont une âme immortelle (ce qui fait échapper aux craintes de la métempsychose

Jérôme Cardan (1501-1576), de Pavie, médecin, mathématicien et philosophe, dont les doctrines sont un mélange d'illuminisme et de matérialisme.

Campanella (1568-1639) était dominicain. Adversaire d'Aristote, auteur d'une célèbre utopie communiste réfugié en France.

"Van Helmont (François Mercure) (1618-1699), fils de J.-B. van Helmont, célèbre alchimiste. Comme son père, il admettait des archées, espèces d'âmes vitales pénétrant le corps entier et y accomplissant les fonctions de nutrition, de digestion, etc." (écrira un annotateur du XIXe siècle)

Henri Morus (ou More) (16141687), théologien et philosophe de l'école de Cudworth, mais avec un mélange de mysticisme. Il croyait aussi aux archées.

En notre siècle Tristan Dagron, directeur de recherche au CNRS, dans Toland et Leibniz (2009), apporte un éclairage intéressant sur le rapport de Leibniz à la Kabbale, en rappelant que, si Leibniz réfutait sa dette à l'égard de la kabbale (et à la manière dont autour d'elle se pose la question de la divisibilité de la substance), le philosophe irlandais John Toland (1670-1722), lui, l'y ramenait, et que ce n'était pas complètement infondé car Leibniz lui-même "face à ses interlocuteurs anglais, se réfère très fréquemment au platonisme anglais, et surtout aux Principia philosophiae antiquissimae et recentissimae d’Anne Conway qui propose un système largement inspiré des traductions de Knorr".

En 1677-1678 a lieu la publication des traductions latines par Christian Knorr von Rosenroth de textes issus de la tradition juive, d’extraits du Zohar et des plus récents développements de la Cabale de l’école d’Isaac Louria.

En 1662 Henry More (Henri Morus) avait publié les Conjectura Cabbalistica dans laquelle il cherchait à montrer à partir de la Kabbale (conçue comme étant la tradition mosaïque) comment la leçon du mécanisme cartésien ne saurait entrer en contradiction avec le platonisme qui pose la nécessité d’un plus haut principe, l’esprit pour « dresser un rempart exotérique ou une fortification extérieure autour de la théologie ». De cette kabbale il prétendait faire une lecture rationnelle, sans inspiration surnaturelle. Elle est pour lui convergente avec la tradition philosophique héritée d'Egypte via Pythagore et Platon, notamment sur la numérologie. L'une et l'autre sont pour More des piliers solides de la modernité qui d'ailleurs avaient anticipé sur l'héliocentrisme et le mécanisme.

En découvrant la traduction du Zohar et de Louria par Knorr von Rosenroth, More tombe sur  un immanentisme qui fait de Dieu « l’essence de toutes choses » et nie par conséquent la possibilité de la création, au risque de faire de Dieu et des anges des êtres matériels. Pour s'y opposer, il propose un exposé de l’arbre séfirotique qui écarte le modèle émanatiste. Seules les trois premières Sefiroth signifient des déterminations immanentes au divin, la trinité chrétienne et platonicienne : Kether, ou la Couronne est ainsi le « symbole de l’unité » qui correspond à la "première hypostase de la triade platonicienne". Hochmah, ou la Sagesse est interprétée comme le nous, la sophia ou le logos, correspondant à la « seconde hypostase de la trinité chrétienne », mais aussi de la « triade platonicienne ».Binah, ou la Prudence, et en tant qu’elle est constituée par la relation entre les deux premières hypostases, désigne « l’ardeur pure, immuable et infinie de l’amour divin, née de la perception de la perfection divine »  : il s’agit ainsi de la psyché platonicienne, à laquelle répond l’Esprit saint des chrétiens. Les sept Sefiroth suivantes correspondent, elles, à des « émanations » en tant qu’elle se rapportent essentiellement aux réalités créées.

 L’unique substance est l’esprit (« Quicquid vero est, spiritum esse », § 5). Cet esprit est « incréé, éternel, intellectuel, sensible, vital, se mouvant par soi-même et existant nécessairement par soi » (§ 6). Cet esprit est alors « l’essence divine » elle-même (§ 7), qui seule « peut exister par soi » (§ 8). Par conséquent, si tout est engendré de cette essence divine, de la division actuelle que l’on découvre dans les choses s’ensuit la divisibilité de l’essence divine elle-même. De l’essence divine se déduisent donc une infinité de « particules singulières » qui peuvent s’étendre et avoir de l’extension (§ 10), mais aussi se contracter ou se comprimer (§ 11). La contraction de ces particules constitue « le monde dit matériel ». Or puisque l’esprit est la substance unique, ce monde sera composé « d’esprits divisés ou de particules de l’essence divine contractées ou comprimées en monade ou points physiques »

Cet état de contraction correspond au « sommeil » de ces particules divines, et leur expansion, à « l’état de veille » (§ 13), suivant une terminologie que More emprunte aux textes traduits par Knorr. Il existe en outre différents états de veille, qui correspondent aux différentes facultés ou fonctions de l’âme (l’état végétatif, sensitif ou rationnel), et dans ces états de veille, s’étendant en orbes de dimension et de vertu presque infinies, les particules divines ou les esprits particuliers peuvent fabriquer ce monde et ses parties.  De l’unité substantielle de toutes choses, note Dagron, s’ensuit que les espèces peuvent se convertir les unes dans les autres, et que l’esprit qui était de la poussière de marbre peut se transformer en plante, puis de plante en bête, de bête en homme, d’homme en ange et d’ange en un Dieu créateur d’une nouvelle terre et d’un nouveau ciel (§ 15). Autrement dit, l’essence divine actuellement divisée en esprits sera tout entière dans chaque partie, qui, du fait de sa puissance et de sa faculté d’extension, pourra devenir elle-même une divinité créatrice, réellement distincte et séparée des autres (§ 16). La doctrine de l’unité de la substance conduit ainsi à poser une pluralité réelle de dieux. Conséquence absurde à laquelle échappe la doctrine de la création ex nihilo.

On est là dans des discussions typiquement internes au platonisme sur les conséquences de la théorie des émanations de l'être.

A partir de 1671, le cercle de Lady Conway (celle que Leibniz appelle par erreur Connaway) s'ouvre aux Quakers sous l'influence de François Mercure Van Helmont.

La Kabbala denudata, à la suite de la Confutatio de More, comprend un bref Dialogue apologétique entre le Compilator (Knorr) et un « Cabaliste cathéchumène » (vraisemblablement Van Helmont). Le cabaliste y critique alors  la définition « formelle » de la création comme production ex nihilo. Dieu est cause du monde comme le soleil de ses rayons. Toutes les Sefiroth sont ici conçues comme des relatifs ou des « genres » métaphysiques qui expriment la relation du créateur avec l’ordre du créé.

Dans la seconde moitié des années 1670 Anne Conway écrira les Principia philosophiae antiquissimae et recentissimae que Van Hermont publiera à titre posthume en 1690 qui spécule sur la rétractation de Dieu dans le mouvement de création dans laquelle prend place le Messie (ou l'Adam Kadmon), première créature émanée de l'infini, comme Verbe. La médiation du Christ présent en toutes choses est immanente est une doctrine solidaire de la théologie quaker (un point très important à mon avis pour comprendre le Christ cosmique du New Age).

Si les créatures émanent de leur principe, avançait Henry More, elles seront de même nature ou substance que leur créateur et il s’ensuivra que l’essence divine elle-même sera divisible et identique aux réalités corporelles ainsi produites, de sorte que l’on aurait un Dieu « transformé en argile et en pierre ». Mais s'il y a la médiation du Verbe comme idée de Dieu, répond Van Hermont, il peut se diviser sans atteindre l'unité de Dieu. Ann Conway renvoie à Actes 17:29, la source de l'humanité en Christ primogenitus fonde la fraternité humaine et la philanthropie quaker. Tous sont fils de ce premier né de Dieu. Les natures créées peuvent « dégénérer » de cet état de perfection originel, dans lequel toutes sont d’une même espèce. C’est cette possibilité qui fait la différence entre l’esprit médiateur, l’idée de Dieu, et la multiplicité des esprits engendrés par elle et nous pouvons cependant revenir à la filiation première après la déchéance par voir d'adoption en ressemblant au Christ. Le modèle est le Parménide platonicien, au moins tel que Ficin l’expose dans son commentaire, que la comtesse de Connway récupère à travers le travail de platonisation de la kabbale de Louria opérée par Abraham Cohen Herrera.

Je ne développerai pas ici les implications de ces problèmes sur la question de la divisibilité ultime de la matière (problème auquel Kant mettra un point final). Mon propos était seulement de montrer cette face cachée (ésotérique et théologique) de la philosophie européenne du XVIIe siècle que la philosophie de nos cours de Terminale ont eu trop tendance à faire passer à la trappe.

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Impasses des hypothèses astronomiques et des suppositions évolutionnistes

10 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #down.under, #Anthropologie du corps

L'astrophysicien David Elbaz, dans une récente conférence à l'association française d'astronomie, explique qu'il y a eu un pic de croissance des naissances d'étoiles et qu'elles sont moins nombreuses maintenant, on ignore pourquoi. Beaucoup de choses de ce type sont inexpliquées.

Le Big Bang a eu lieu il y a 13,5 milliers d'années. 380 000 ans après l'univers se refroidit et naissent les atomes. Il y a un proton et un électron qui se combinent. Quand les électrons sont piégés dans les atomes ils ne flottent plus dans l'espace. Avant, quand ils flottaient, l'univers était opaque., et l'on ne pouvait rien voir, c'était une mélasse de matière et de lumière dans laquelle régnait une musique primordiale, des sons (cela fait penser à Pythagore évidemment). A la naissance des atomes, la musique s'est arrêtée, les notes se sont cristallisées qui allaient donner des étoiles.

Mais ensuite il y a un âge sombre qui précède la naissance des étoiles. Au bout de 100 millions d'années naissent les premières molécules, grâce aux vibrations desquelles les étoiles vont naître. C'est l'aube de l'univers. Le 11 juillet 2022, Biden a présenté le "livre d'histoire de nos origines"

Puis les étoiles brillent tellement qu'elles brisent les atomes. Les électrons sont à nouveau libérés mais l'univers a tellement grandi qu'il ne peut plus être opaque.

Il y a presque 5 milliers d'années nait le soleil, on est déjà dans la décroissance de formation d'étoiles.

Cette recherche sur l'aube de l'univers, est menée grâce au télescope James Webb, téléscope à 10 milliards de dollars lancé le 25 décembre 2021. qui présente les premières galaxies cosmiques. Cela se décrypte en fonction de leurs formes, leurs couleurs (les rouges ont des étoiles vieilles, ou parfois simplement parce qu'elels s'éloignent et se décalent vers le rouge), sil elles brillent beaucoup elles ont beaucoup d'étoiles ; puis on décompose leur lumière pour analyser leur fécondité, si elles perdent de la matière.

Ces images ont bouleversé nos théories. Six galaxies aux confins de l'univers (dans les premières centaines de millions d'années après le Big Bang) sont trop massives. Il y en a aussi de trop nombreuses, et trop lumineuses. Pourquoi l'univers primordiale a-t-il eu une fécondité ? y a t il eu quelque chose avant le Big Bang ? Y a-t-il eu une énergie noire primordiale qui aurait créé ce sursaut ?

Les premières galaxies sont très petites, à peine plus grosses que des amas globulaires, très compactes. Les trous noirs sont formés trop tôt.

Ces incohérences pointées par Elbaz rappellent celles qu'avait repérées le prix Nobel Francis Crick, découvreur de l'ADN. Le vulgarisateur de mythes Graham Hancock en parle dans cette interview de début 2023 (min 27) : dans Life Itself (1989) il montre que la soupe primordiale qui s'est formée il y a 3,9 milliards d'années après les 600 premières années de trop forte température de la Terre n'a pas pu, en 100 millions d'années comme on le  pense donner lieu à la naissance de la vie qui se serait répandue sur toute la Terre sous forme de bactéries, il a fallu que les molécules viennent d'ailleurs.

Un problème à rapprocher aussi de celui des sauts quantiques dans l'évolution naturelle que Graham Hancock pense que certains de ces sauts ont pu être favorisés par l'ergot de seigle... Thème à la mode. Sans grand intérêt, mais il fallait bien que j'en dise un mot.

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Quand Leibniz voulait que la France conquière l'Egypte

9 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Spiritualités de l'amour, #Alchimie, #Histoire des idées, #Philosophie

De Leibniz on retient les monades - j'étudiais ça à 17 ans quand je préparais le concours général de philo -, à la rigueur le "pli" en souvenir de Deleuze. Et puis on découvre d'autres aspects étonnants du personnage. Par exemple en 1907 Baruzi - qui n'avait que 26 ans et n'était pas encore professeur au collège de France - s'est intéressé au fait que "Leibniz fut hanté par l'Orient. Constamment il fut soucieux de l'atteindre, de le pénétrer, et comme d'y transporter l'Europe. Le projet de conquête de l'Egypte, les plans proposés à Pierre le Grand, les encouragements donnés aux missions des Jésuites, formulent diversement un rêve identique".

L'idée de la conquête de l'Egypte lui serait venue par hasard d'après son propre récit. Il avait 21 ans, mais était déjà entré à l'université (à Leipzig) sept ans plus tôt ! Secrétaire de la confrérie des Rose-Croix, il rencontre un diplomate alchimiste, Johann-Christian von Boineburg à Nuremberg en 1667, conseiller de l'électeur de Mayence, et se rend en Bavière. Il rêve alors à l'unité du Saint Empire (à laquelle, note Baruzi, Sully ministre d'Henri IV exhortait aussi en tant que Français au nom du souvenir de Charlemagne contre les Habsbourg), et ne voit l'unité de l'Europe ne se réaliser que par le colonialisme (à l'Angleterre l'Amérique du Nord, à l'Espagne celle du Sud, à la Hollande l'Inde, à la Suède et la Pologne la Sibérie et la Crimée, à la France l'Afrique et l'Egypte) .

Il fera ensuite de la conquête de l'Egypte un projet germanique, mais toujours dans l'idée de réaliser un empire chrétiens sur toute la Terre. Il s'agit ainsi de toucher l'empire turc au coeur et d'ouvrir une route vers la Chine (grande terre de découvertes passionnantes pour Leibniz jusque dans les années 1700), ce qui devait assurer un primat naturel à la France sur les autres puissances d'Europe, le but final étant, précise Baruzi, l'unification de l'humanité dans la religion chrétienne. Et le but est de vaincre en la Turquie une puissance qui n'aime pas l'homme et fait régner la peur, et voir dans Louis XIV et dans l'Egypte des monades de l'amour chrétien unificateur, pour que la vie terrestre reflète la vie céleste.

Quand Louis XIV attaquera le Luxembourg et l'Alsace plutôt que les Turcs, Leibniz, admirateur de Frédéric Von Spee en qui il voyait un "confesseur des sorciers" va reporter à partir de 1872 ses espoirs sur les Jésuites qu'il a probablement rencontrés à Paris par l'entremise de Père La Chaise. Il voit en eux une arme contre le cartésianisme qui par ses abstractions coupe l'homme de la créativité et de Dieu. Il les idéalisera eux-aussi comme vecteurs d'un amour universel (du fait de leur tolérance envers le paganisme). C'est là un projet adossé à son amour des langues illustré aussi par sa tentative de réunir toutes les versions du Pater Noster dans les langues vulgaires du monde entier pour définir à son tour une prière universelle qu'il exposa d'ailleurs aux jansénistes.

Je crois qu'on est en présence ici du projet typique d'unification religieuse du monde qu'on allait aussi retrouver ensuite dans la franc-maçonnerie. Et cela va avec le côté alchimiste qui est une science ésotérique très inspirée par les théories de l'amour universel.

"Leibniz s'est occupé d'alchimie dès sa jeunesse, notait l'abbé Piat en 1915 ; et plus tard, il n'a jamais cessé de consacrer à ce genre d'études une partie de son temps.

L'alchimie lui a toujours apparu comme une mine infiniment féconde. Il appartient aux alchimistes de « pénétrer jusqu'à la nature intime des choses- ». « Grâce à leur [double] procédé d'analyse et de synthèse, ils produisent déjà un certain nombre de corps nouveaux. » Ces succès ne sont que l'humble commencement d'une suite illimitée de victoires. La nature est un grand art; et cet art, l'alchimie finira peu à peu par le découvrir tout entier. Dans le « four » de quelque « Dédale » ou de quelque « Vulcain », s'élaboreront un jour les mêmes pierres que nos outils arrachent maintenant des ténèbres du sol. Il est vrai que les alchimistes ont encore une langue mystérieuse. Mais rien ne semble plus naturel; c'est presque toujours dans une demi-clarté que l'esprit humain fait ses découvertes les plus fécondes : la pleine lumière ne se produit quo dans la suite et par degrés, comme celle du soleil levant. C'est surtout de la chimie que dépend le progrès des sciences de la nature, et parce qu'elle représente une application directe de la combinatoire. Du même coup, c'est de la chimie que relèvent au premier chef les connaissances métaphysiques. « On ne saurait rien dire de si splendide sur l'excellence de cet art, que je n'applaudisse de tout coeur"'.

Leibniz avait d'ailleurs intégré les rose-croix pour comprendre mieux cet art qui n'était pas encore séparé clairement de la chimie.

"La « théorie du mouvement concret », explique encore l'abbé Piat, est elle-même chargée de termes, de formules et de notions qui lui viennent tout droit des alchimistes; et l'on voit, à la lecture, qu'il tient à rester d'accord avec ces vieux pionniers du savoir, qu'il n'y tient guère moins qu'à marcher en compagnie de Descartes, de Hobbes ou de Bayle. On retrouve le même langage et la même préoccupation dans la lettre qu'il adresse au duc Jean Frédéric le 21 mai 1671 : ces quelques pages sont également bondées d'alchimismes, et à ce point qu'on ne laisse pas d'en avoir une certaine surprise.

Leibniz suit avec une attention toute particulière les élucubrations de Franz Mercure van Helmont, l'auteur du Seder olam. Il les recueille, les commente, les critique, les rejette ou les intègre à sa pensée : les notes do ce genre comprennent plus de quarante folios inédits. L'entrevue de Leibniz et de van Helmont, qui eut lieu dans le courant de mars 1690 en présence de la duchesse Sophie nous a laissé un échantillon de ce libéral et sympathique examen que le philosophe faisait subir à l'alchimiste".

Le kabbaliste Van Helmont était un quaker, qui se vêtissait d'un drap brun. On l'aurait plutôt pris pour un artisan que pour un baron. Leibniz écrira à Placius qu'il n'aimait pas son kabbalisme un peu obscur (et ses thèses sur l'identité de Jésus et Adam, sur les deux filles d'Adam et Eve) et Emile Thouverez, prof à la faculté de Toulouse dira en 1910 que la notion de monade de Leibniz vint davantage de Giordano Bruno que de Van Hemont.

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Les prières qui font fuir les OVNIs

8 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète

Dans mon livre sur les Nephilim, je cite le spécialiste de Genèse 6 :1-4 Steve McGee à propos des enlèvements par les extraterrestres, et le fait que selon des chrétiens comme lui "la simple invocation du nom de Jésus-Christ est susceptible d’y mettre un terme". Cela montre la dimension spirituelle de ces "expériences" psychiques.

Dans la même veine j'ai trouvé intéressant le témoignage du pasteur John Fenn dans cette interview pour la Chaine YouTube Deep Believer de Jennifer Bagnaschi du 2 février 2024 (où d'ailleurs il commente le regain d'intérêt pour les Nephilim qu'a suscité sur les réseaux sociaux "l'apparition" (probablement hologrammique) de géants à Miami (Floride) le 1er janvier dernier. Il dénonce dans ce témoignage le sensationnalisme de certains croyants, et le rapproche de l'ufologie. Il raconte (min 1 h 06) : "Une expérience est arrivée à ma femme Barbara quand nous étions adolescent avec un ami. Ils rentraient à la maison en voiture un soir et ils furent suivis par un OVNI. et c'est arrivé alors quelques semaines plus tôt on avait parlé d'OVNIs et le livre à la mode était d'Eric Von Daniken les Charriots des dieux (Chariots of the Gods). Un des occupants de la voiture avait été impliqué dans l'occultisme avant de revenir au Seigneur. L'OVNI était derrière eux et dans les airs mais assez bas, Ils le voyaient, Il les suivait sur plusieurs kilomètres à chaque fois qu'ils changeaient de direction. Finalement mon amie Jenny, je crois, a dit "C'en est assez", elle s'est retournée et a dit à l'objet "Au nom de Jésus, je t'ordonne de partir d'ici (get out of here) et immédiatement la chose a pris de l'altitude et a disparu".

Il en conclut que ce n'était pas une hallucination mais qu'ils avaient le pouvoir spirituel de se débarrasser de ce phénomène diabolique s'ils ne restaient pas sur une ligne de peur et de complicité avec ces entités mais décidaient de s'y opposer par la voie chrétienne à laquelle elles obéissent comme toute créature.

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Un dernier mot sur Diana Pasulka

3 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie, #Christianisme, #Médiums, #Histoire secrète

Pasulka est de père irlandais catholique et de mère juive laïque, puis s'est beaucoup intéressée à l'histoire catholique. Alors qu'elle venait de publier "Heaven can wait". Elle s'apprêtait à écrire un nouveau livre sur un des premiers évêques américains dont les expériences ressemblent à des abductions (ce que lui fit remarquer un ami) ce qui la conduisit à assister à une conférence sur les rencontres ufologiques comme celles étudiées par John Mack qui lui montrèrent que c'était comparable aux expériences de St François D'Assise ou Thérèse d'Avila. Thérèse quand elle a vu un ange a vu un être très lumineux de 1 mètre. Elle a pensé que cela pouvait être un chérubin. Le Bernin qui représente l'apparition la montre avec un dard. Or John Mack a montré que des gens étaient examinés avec un dard. Le texte :

"Dieu voulut que je visse à ma gauche un ange sous une forme corporelle. Il n’était pas grand, mais petit et beau à ravir : son visage ardent indiquait qu’il appartenait à l’ordre de la hiérarchie céleste où les anges semblent brûler. On les appelle, je crois, des séraphins, car, quand les anges m’apparaissent dans le ciel, je vois qu’il y a entre eux des différences, mais je ne sais les exprimer par des paroles. Il avait à la main un long javelot d’or, et un peu de feu sur sa pointe. Il m’en perça soudain le cœur jusqu’au fond et il me semblait qu’en le retirant il emportait mes entrailles. Puis il me laissa tout embrasée de l’amour de Dieu. La douleur était si vive qu’elle m’arrachait des gémissements mais elle était accompagnée de tant de suavité que je n’aurais pas voulu qu’on m’enlevât cette souffrance ; car cette suavité n’était autre que Dieu même."

Pasulka dit avoir trouvé d'autres cas semblables dans les archives du Vatican.

Mais dans "From Purgatory to the UFO Phenomenon: The Catholic Supernatural Goes Galactic" elle cite seulement un cas trouvé dans le livre de Mack :

"Environ quatre cents ans après que Teresa ait raconté son expérience, Edward Carlos a rapporté une rencontre avec des êtres de lumière lumineux. Au cours d'une série de séances d'hypnose avec le psychiatre John Mack, Carlos s'est rappelé d'une rencontre d'enfance avec un être qui le flottait dans sa chambre. Il décrit l'être comme"une forme d'ange jaune amorphe" qui a produit une  créature blanche que Carlos décrit comme petit.  Comme l'être lumineux rencontré par Teresa, Carlos décrit cette créature comme étant brillante, ou étant de "lumière fondue." Il existe également un instrument de pénétration, et au lieu d'appeler cet instrument une fléchette comme décrit dans Teresa. Selon le récit de Carlos, cela s'appelle une baguette ou une tige avec du feu à l'extrémité. De plus, Carlos décrit un état d'extase similaire, un état d'inquiétude mêlé de joie, en association avec la rencontre. Carlos La description de l'instrument de sondage est plus détaillée que celle de Teresa  et pourtant est également remarquablement similaire dans la mesure où il est pointu et l'être l'insère dans Carlos le corps. Il note que dans plusieurs rencontres, c'est une baguette ; dans d'autres, il fonctionne comme une aiguille " [il]t envoie une lumière laser dans le corps, mais cela ressemble à une aiguille parce que ça fait mal, et cela ressemble à une aiguille» (Mack 2007, 6905– 6908). Au cours de ce processus, il ressent la lumière parcourir son corps et il pense qu'elle a un effet curatif. Il le décrit" comme des faisceaux laser entrant dans mon corps à travers la plante des pieds et des mains, et éventuellement à travers les côtés du bas du torse, rayonnant dans tout le corps, s'étendant et changeant de couleur à mesure que la lumière grandissait pour s'adapter à tout l'intérieur du corps, le guérissant ainsi.» (Mack 2007, 6691). Les similitudes entre Carlos et Thérèse' Les expériences sont frappantes. Chacun rencontre un petit être brillant qui les pénètre avec un instrument tranchant. Teresa décrit l'instrument comme une lance avec une pointe enflammée, et dans Carlos' Dans la description, c'est une baguette qui tire des lasers. Les instruments pénètrent dans leurs organes internes et produisent une expérience à la fois douloureuse et agréable. Carlos croit que la lumière le guérit, tandis que Teresa note que l'état d'esprit produit par l'expérience dure plusieurs jours après. Teresa et ses éditeurs ultérieurs tentent d'interpréter sa rencontre dans un cadre théologique qui obscurcit la nature incarnée de l'être lumineux, exposant ainsi un tension entre son expérience enregistrée et son cadre culturel interprétatif. Il s’avère que cette tension est très apparente chez Carlos"

A aucun moment la dame n'envisage la problématique des œuvres des démons qui singent celles de Dieu, thème pourtant classique dans le catholicisme.

Voilà, n'en dirai pas plus sur cette personne qui est en ce moment largement surévaluée par le milieu d'Internet et de You Tube, d'une part parce qu'elle bénéficie du féminisme ambiant (quelqu'un sur You Tube a dit qu'elle avait le mérite d'être la première femme à s'intéresser à la discipline ufologique dominée par les hommes etc), d'autre part parce que, comme beaucoup d'Américains, elle ne connaît pas ses propres limites (la façon dont elle parle de Nietzsche ou de Kant par exemple ferait mourir de rire n'importe quel hypokhâgneux de ma génération). Je garderai simplement dans un coin de ma tête son propos sur Ste Thérèse d'Avila, au cas où cela serait susceptible de me mettre sur des pistes plus intéressantes au gré de mes lectures.

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Sur les champignons

3 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète, #Anthropologie du corps

Dans cette interview de Pasulka de juin 2023, Danny John la fait parler de María Sabina García (née et morte à Huautla de Jiménez : 22 juillet 1894 - 22 novembre 1985 ), une guérisseuse (tradipracticienne) mazatèque.

Au bout de 2h15 la conversation glisse sur The Sacred Mushroom and The Cross: A study of the nature and origins of Christianity within the fertility cults of the ancient Near East (2009) de John Marco Allegro, un chrétien devenu gnostique, qui a étudié les manuscrit de la mer morte pendant des décennies. Pasulka estime que l'origine narcotique du christianisme ne concerne que certaines de ses branches.

Ce n'est pas l'avis de l'écrivain gnostique (il se définit ainsi), vulgarisateur de mythes, Graham Hancock qui, en 2023, ici (min 34) évoque ses expériences sous ayahuesca (qui lui inspira tout le scénario d'un roman) pour qui les psychotropes pourraient être un moyen privilégié par lequel les êtres d'autres planètes ont pu communiquer avec les vivants pour les aider (à travers les Mystères d'Eleusis par exemple).

Si la lecture de Wasson jadis a pu me convaincre que les enthéogènes mettent en rapport avec des entités réelles, je ne souscris pas pour autant à cette vision eschatologique ufologique.

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La Réserve fédérale et les Nephilim

2 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Christianisme

Dans mon livre sur le complotisme protestant, j'ai rappelé comment, selon Eustace Mullins , et les confidences du poète Ezra Pound,  la banque fédérale américaine (« Réserve fédérale ») a été fondée contre l’opinion publique des Etats-Unis qui y était hostile, sur la base d’un plan monté par un groupe de banquiers réunis en secret en 1910 sur l’île de Jekyll, en Géorgie, propriété de John Pierpont Morgan.

Je retrouve ce soir un pont avec un autre de mes livres, celui sur les Nephilim. Je résume ici ce qu'en dit Michael Lake dans "The Shinar Directive" p. 176 (à partir d'une interview par Rob Skiba). En 2008, un croyant qui faisait l'inventaire de ce qu'il appelle les "autels cananéens" dans le monde, Tim Bence, de retour d'un voyage de trois mois au Proche-Orient fut inspiré de se rendre sur l’île de Jekyll. Le responsable du musée local lui qu'une tribu d'Indiens Timucuas qui pratiquait les sacrifices d'enfants (comme les Cananéens) occupait autrefois l'île.  C'étaient des géants de plus de 2,40 m d'après les os retrouvés dans l'ossuaire sur lequel le musée fut bâti (Bence pense qu'ils sont cananéens d'ailleurs leurs armes lui fait penser à celles du Proche-Orient). John D. Rockefeller a construit son cottage directement sur un de leurs autels de sacrifice. Tous les cottages des banquiers précisait Bence avaient des noms indiens.

De là à penser que des rituels sur cet autel de sacrifice ont présidé à la naissance de la Federal Reserve américaine, sous les auspices de l'esprit des Nephilim, il n'y a qu'un pas...

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