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Esther-Ishtar

28 Juin 2014 , Rédigé par CC Publié dans #Ishtar

En octobre 1994, lorsque je vivais à Madrid, après avoir vu (les 17 et 18 octobre, deux fois en 36 heures) "Trois couleurs : Rouge" du cinéaste polonais Krysztof Kieslowski, j'ai tenté d'écrire une nouvelle sur Esther, personnage biblique dont l'univers nous plonge dans les cours des rois perses.

 

J'étais dans une sorte de retour à la spiritualité. Je lisais le 5 octobre "Moi, Le Gardien De Mon Frère ?" de Abecassis, je réfléchissais sur l'apport de la pensée juive (Lévinas, Cassirer, Benjamin), après avoir vécu 6 mois dans la ville de Rachi, à Troyes. Le lundi 17 octobre 1994 à 6 h 58 j'écrivais dans mon journal : "Cette nuit j'ai pensé travailler sur un mythe féminin. J'ai pensé à la culture juive et à Judith, croyant qu'elle avait été reine. Mais après mon passage à la FNAC, il me semble que c'est Esther qui 'colle' mieux à l'idéal féminin que je veux mettre en scène (et qui ressemble beaucoup à Irène Jacob dans 'Rouge'). Esther, image de la culture clandestine, en exil parmi les idolâtres, une thèse éminemment métaphysique. Mais je voudrais le traiter sous un angle résolument moderne. Il faut que pendant une bonne partie du roman on ne sache pas si cela se passe aujourd'hui ou dans l'Empire perse : une façon de faire entrer le lecteur lentement, sans à-coup, et à tâtons dans le passé. Une façon aussi de montrer que le temps n'existe pas". Je n'ai écrit qu'une page ou deux de ce roman qui, en novembre 1994 n'était déjà plus qu'un vieux souvenir. A la Fnac de Callao j'avais acheté le Esther de Racine que je n'ai jamais lu.

 ange-cloud.jpg

Aujourd'hui je tombe sur un très bel article, "Maria Magdalena, the Morning Star" d'Arnold Lebeuf, un anthropologue spécialiste de la paléo-astrologie pour lequel j'ai une admiration sans borne (il enseigne à Cracovie, décidément tout tourne autour de la Pologne) publié dans Vistas in Astronomy, acte d'une conférence de juin-juillet 1994 (toujours 1994...), sous la direction de Peter Beer, Archie E. Roy et Raymond E. White aux éditions Pergamon (p. 591-603). Une partie du chapitre est consacré à Esther, dont le livre est le premier qui comporte le mot "juif" et fut donc le lieu de la naissance de la nation juive, note Lebeuf, en même temps que de la fête de Pourim.

 

lebeuf.jpgLebeuf insiste sur le lien entre Esther et Ishtar la déesse de l'amour (et donc de l'étoile qui suit le soleil au levant), pas seulement par l'étymologie et parce qu'elle se comporte comme l'épouse parfaite du roi des rois. La période de trois jours de deuil qu'elle vit quand elle apprend le projet d'extermination des israélites rappelle la descente aux enfer d'Inanna (la déesse mésopotamienne), et elle parle de maîtriser le lion (le roi Assuerus=Xerxès Ier) comme Ishtar le fit (conjonction de Venus et du Soleil). Esther donc serait Ishtar, la colombe, et l'étoile du matin (dont Lebeuf remarque qu'elle fut très présente à Marseille avec les Phéniciens - site de Phos, inscription de l'abbaye de St Victor - et se prolonge dans Marie-Madeleine dont la fête le 22 juillet correspond à l'entrée du soleil dans la constellation du Lion). Esther comme Marie-Madeleine parfumait les pieds du "lion" (Asuerus = Jésus dans le Nouveau Testament). La lecture mythologique et astrologique enrichit bigrement la thématique...

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