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L'ambassadrice de Sainte-Rita
Amandine Cornette de Saint-Cyr est une bourgeoise parisienne, fille de la galeriste et figure de la jet set Sylvana Lorenz et ex-belle-fille du commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr (1939-2023).
Née en 1976, diplômée d'une école de commerce (spécialité marketing), stagiaire dans des magazines, ancienne assistante du journaliste Stéphane Bern au Figaro Madame, elle a travaillé à la télévision pour Thierry Ardisson notamment, et a publié un premier roman en 2007. Formée dans une sorte de christianisme hédoniste pour autant que cette expression ne soit pas un oxymore, elle dit préférer "être une pècheresse joyeuse qu'une sainte dépressive" d'après ce qu'elle a écrit dans son livre sur Sainte Rita, comme l'a rappelé son interviewer sur Radio Notre Dame de le 25 juin 2024. Dans un roman de 2018 elle a évoqué ses mésaventures avec le présentateur TV Patrick Poivre d'Avor, thème sur lequel elle est revenue quand celui-ci a été poursuivi en justice.
En 2019 à la suite de violentes douleurs abdominales elle a fait une pèlerinage à Cascia en Ombrie, c'était son second pèlerinage, à 43 ans, le premier étant à 26 ans au début des années 2000. Le 5 juin 2024 elle a été interviewée par Cyril Hanouna sur C8, elle racontait qu'elle avait rencontré là-bas une femme dont la tumeur au cerveau a disparu grâce à la sainte, une autre dont le problème cardiaque s'est résorbé. Elle raconte aussi qu'elle a amené une de ses collègues musulmanes de 45 ans frustrée d'être célibataire sans enfant à cet âge à la chapelle Sainte Rita de l'église Saint-Augustin à Paris, et que quelques mois plus tard, sa collègue était mariée en congé de maternité.
Notons que la presse de Bolloré a bien aidé Mme Cornette de Saint-Cyr, puisque le 1er juillet dernier c'était aussi le Journal du Dimanche qui l'interviewait sur son livre, ainsi que Paris-Match le 13 juillet.
C'est par cette chapelle de l'église Saint Augustin que l'autrice a découvert Sainte Rita, puisque sa mère l'y a amenée à un moment où elle se sentait perdue. Elle lui a dit : "vas y, prie, demande à la sainte ce que tu as à lui demander". Elle dit qu'elle partage maintenant Sainte-Rita autour d'elle depuis 25 an (donc depuis 1999) en les amenant à St Augustin.
Lors de son pèlerinage (qui fut plus productives que ses neuvaines, dit-elle), l'écrivaine a demandé à la Sainte de devenir son ambassadrice.
Selon ce que lui a indiqué le sacristain du sanctuaire de Sainte Rita Nice, à ainsi qu'elle le détaille dans son livre "Au Secours Sainte Rita" Marie Laforêt, Mireille Mathieu, Amanda Lear, Raymond Barre, Mylène Demongeot, la James Bond girl Claudine Auger, Grace Kelly (qui y a déposé une photo des Grimaldi), et le maire de Nice (ex ou toujours franc-maçon) Christian Estrosi s'y sont rendus.
Christophe Mory sur Radio Notre Dame (5ème minute) pose la vraie question : "est-ce de la spiritualité ou de la superstition ?" L'artiste Ben (1935-2024), ami de Sylvana Lorenz, athée, a un autel pour Sainte Rita dans son jardin pour que ça lui porte chance, et avait fait pour le carnaval de Nice un char dédié à la Sainte demandant la libération des femmes et des minorités régionales françaises (les phrases sont écrites sur un cube noir, ce qui n'a pas une très bonne significations ésotérique). Yves Klein, natif de Nice (1928-1962) artiste et pionnier du judo, a été initié à Sainte Rita par sa tante Rose. L'ex-beau père de l'autrice (qu'elle ne mentionne pas dans ses interviews) rappelle (ici en min 30) que ce visionnaire aux tendances rosicruciennes qui a fait plusieurs fois le pèlerinage à Cascia s'accoudait toujours à la même fenêtre pour faire des pauses quand il faisait du judo à Fontenay-aux-Roses. Ultérieurement des religieux ont sans le savoir construit une chapelle en face de cette fenêtre avec une statue de Sainte Rita. En 1961, après un tremblement de terre Yves Klein a déposé à Cascia un ex-voto demandant à devenir invulnérable et que son exposition soit "celle du siècle" (Emmanuelle Dancourt il y a 12 ans rappelait déjà que cet ex voto été beaucoup critiqué).
Pierre Cornette de Saint Cyr (qui avait toujours une statue de la sainte sur lui) quant à lui avait eu une série de synchronicités étonnantes en lien avec Yves Klein le jour de la bénédiction des roses à la chapelle Ste Rita de Fontenay aux Roses qu'il a racontées sur KTO TV en 2012 ici. Pour être tout à fait franc, avec Klein on est dans une philosophie rose-croix liée à Max Heindel et, en fait, à la théosophie de Mme Blavatsky (luciférienne, ancêtre du New Age). Pierre Cornette de Saint Cyr gravitait au conseil d'administration du Palais de Tokyo, thématisait beaucoup la conquête de l'espace autour du saut dans le vide d'Yves Klein. Il rêvait d'ailleurs de faire une vente aux enchères depuis une station spatiale. On peut se demander si la promotion médiatique de Sainte Rita dans la mouvance Bolloré a un rapport avec ça. Je referme la parenthèse.
En 1985 après sa guérison du cancer, Roland Gerbeau (1919-2012) qui a écrit la célèbre "Douce France" lui a consacré une chanson.
Amandine Cornette de Saint-Cyr pense que les gens sont incités à redonner aux autres les bienfaits qu'ils reçoivent de Sainte-Rita.
En décembre, j'avais relevé sur ce blog en décembre la spiritualité très providentialiste qu'avait nourri chez la femme de Jean Guitton sa dévotion à Sainte-Rita. Voici donc le versant médiatique du culte, avec un livre qui s'est hissé dans le "top 10" des ventes de la Procure en juillet 2024. Le petit détour par Yves Klein, et la question posée par Emmanuelle Dancourt sur le lien avec la rose-croix (question que plus personne n'ose poser dans les interviews à Amandine Cornette de Saint-Cyr) doit quand même nous interroger sur les forces spirituelles à l'arrière-plan de cette "ambassade".
Soigner une âme par le corps
Voici une drôle d'histoire qui m'est arrivée en 2014. Il s'agit d'une expérience que j'ai faite avec une lectrice de ce blog le 9 novembre 2013 (son post est encore lisible ici, vous noterez que cela suit un mien billet sur un chien tué, moi dont le saint patron a une tête de chien), qui se faisait appeler "Idelphie". Je lui ai écrit le 8 mai 2014. A ce moment là je venais de découvrir l'existence du monde invisible au contact des médiums comme je l'ai raconté dans mon livre paru en 2017. Une sorte d'ébullition intérieure me poussait à rechercher les synchronicités , les signes. J'étais à l'époque si spirituellement perdu que j'allais prier une statue de Cybèle en pierre qui se trouvait non loin de chez moi --- La suite de ce billet n'est pas publique, vous ne pouvez l'obtenir qu'en en adressant la demande à l'auteur du blog par le formulaire de contact.
Lapis Exilis et Rennes le Château.
Nous parlions il y a peu (et il y a plus longtemps dans mon livre sur le complotisme protestant) de la Lapis Exilis. Le guénonien Jean Robin en parle aussi ici, à propos de Rennes-le-Château. En minute 19, il rappelle que "toutes les déesses antiques avaient leur pierre noire, Cybèle par exemple, Isis..." Ces pierres seraient des météorites. La Lapis exilis, en 1328, après l'abolition de l'ordre du temple, n'avait plus sa place dans une France régie par les "forces obscures". Elle a été soustraite à leur maléfice et aurait pu migrer vers l'Orient (l'Argartha par exemple), mais après la dissolution alchimique dans le chaos actuel (solve et coagula) elle réapparaîtra. Il explique aussi que la contre-initiation (satanique) qui tire l'humain vers le bas est née dans l'Atlantide (voyez ce qu'on en disait l'an dernier à propos de Versailles) et aurait investi Rennes-le-Chateau (Corruptio optimi pessima).
Retour à Aphrodite Ourania
En 2017, j'avais écrit sur l'Aphrodite céleste ici. Cela m'avait valu à l'époque de recevoir un message d'un certain Benjamin Bories qui voulait écrire sur la nudité - Dieu seul sait ce que ce garçon est devenu depuis lors. J'ai éprouvé aujourd'hui le besoin de retourner à la question de cette Aphrodite Ourania parce que j'ai de plus en plus conscience que la vérité, comme Aphrodite, est une perle dans un écrin, qui ne se donne pas à tout le monde (ou, comme le dit le christianisme qui à la Renaissance s'entremêlait avec le platonisme sur l'image d'Aphrodite, c'est la pierre de touche que tout le monde laisse au rebus). C'est pourquoi ce blog - qui au demeurant, comme mes livres, ne livre qu'une petite part des vérités que j'entrevois - n'intéresse personne, tandis que tout le monde se rue sur les vidéos de types qui, devant leurs micros, ne touchent qu'à la plus vulgaire écume des choses - l'Aphrodite Pandemos.
Pour méditer un peu sur l'Aphrodite céleste, j'ai regardé cette vidéo de l'universitaire britannique David Braund d'il y a neuf ans. Elle nous fait faire un détour par la Crimée grecque et la péninsule de Taman (le Royaume du Bosphore, à Bolshaya Bliznitsa), mais après tout pourquoi pas, cela convient à l'homme des marges que je suis.
Les archéologues, sur la base d'Hérodote, ont parfois assimilé l'Aphrodite Ourania à la déesse chamanique scythe Argimpasa (que Yulia Ustinova a aussi rapprochée d'Astarte) Aphrodite Ourania est la déesse tutélaire du sancturaire Apaturum. Attardons nous un instant sur ce nom. Apatouros en grec veut dire trompeur. C'est un épithète d'Aphrodite à cet endroit car, assaillie par les géants, la déesse, selon Strabon, les trompa un par un en les envoyant à Héraklès qui les tua et les enterra. L'auteur d'un livre sur les Nephilim que je suis ne peut que s'intéresser à ce détail, d'autant que je sais que l'Abkhazie voisine (qui borde aussi la Mer Noire) a également une histoire forte avec les Géants. Braund rattache l'histoire au passé sismique de la région comme la Sicile (les cadavres des géants sous la terre causeraient les tremblements de terre), but that's another story for another day. Qu'Aphrodite céleste soit aussi l'Aphrodite trompeuse pour les brutes qui veulent se l'approprier trop facilement doit nous alerter !
Braund insiste sur l'intérêt qu'il y a à rattacher l'Aphrodite Ourania aux paysages qui entourent ses sanctuaires. C'est une tendance en vogue dans l'archéologie contemporaine : rattacher les cultes aux lieux, aux pratiques (on est de ce point de vue assez éloigné de la Renaissance italienne dont parlait mon billet de 2017. A ce stade on est en présence d'une déesse beaucoup moins "ésotérique" et associée aux recherches individuelles qu'à l'époque de Pic de la Mirandole. Il semble d'après Braund que dans le Royaume du Bosphore elle soit plus associée à un amour familial généralisé, un peu comme la Vénus de Pompéi décrite par jadis Paul Veyne.
En 1997 Maria Alexandrescu Vianu avait distingué l'Aphrodite Ourania-Astarte de Atargatis-Cybèle déesse nord-syrienne à Olbia, d'ailleurs appelée Aphrodite Syrienne. L'épiclèse Ourania pour l'Aphrodite Apatouros ne serait pas antérieure au IVe siècle - et la légende de l'Aphrodite trompeuse reprise par Strabon ne serait pas antérieure à cette époque là.
A Panticapée (aujourd'hui Ketrch) il y avait (d'après ce qu'on en savait en 1997) 3 inscriptions du IVe siècle à une Aphrodite sans épiclèse, et deux des années 200 av JC (une stèle et une base de statue) à Aphrodite Ourania Apatouria. Sur le relief de la stèle dédiée à Ourania, la déesse est représentée assiste sur un cygne envol, tenant un sceptre dans la main gauche. A sa gauche se trouve un Eros qui, si l'on en juge par l'aile restée dans sa main, portait un oiseau. L'Aphrodite sur le cygne est très répandue sur les vases de Kertch.
L'interpraetatio d'une déesse scythe ou orientale comme Aphrodite Ourania n'est pas spécifique au Bosphore. " Pour les Grecs classiques, Aphrodite était d’abord Ourania parce que fille d’Ouranos, écrit Vinciane Pirenne-Delforge du Collège de France. Ce n’était cependant pas la seule signification de l’épiclèse car c’est précisément en tant qu’Ourania qu’Aphrodite était qualifiée comme déesse venue d’ailleurs. Toutes les déesses étrangères auxquelles Hérodote s’attachera à donner une interpretatio graeca et qui adopteront le nom d’Aphrodite ne le feront jamais sans l’épithète Ourania : que ce soit la Mylitta des Perses, l’Astarté des Phéniciens ou l’Alilat des Arabes, chacune sera pensée en grec en tant qu’Aphrodite Ourania. De la même manière, Aphrodite Ourania est le nom grec adopté par des étrangers installant le culte de leur Grande déesse d’origine dans des cités grecques : les marchands de Kition de Chypre installent au Pirée, à la fin du ive siècle, un culte d’Aphrodite qu’une de leur compatriote honorera dans une inscription sous le nom d’Ourania. À Délos, les exemples ne manquent pas non plus de ce type d’interpretatio graeca (...) L’ambiguïté de l’adjectif, à la fois référence à la paternité du Ciel (tradition grecque) et à une origine orientale présumée, est bien présente dans les informations fournies par Pausanias à propos du sanctuaire d’Ourania à Athènes : Égée aurait fondé le culte (tradition « indigène »), mais c’est tout autant à Ascalon qu’il trouverait son origine première. C’est donc autour de cette épithète que se concentre le plus clairement l’ambiguïté de la personnalité d’Aphrodite telle qu’elle était déjà apparue en tant que « chypriote », Cypris. Ourania est la déesse d’ici et d’ailleurs, reine d’un ciel physique où elle règne au présent, mais qu’elle traversa jadis pour rejoindre la Grèce depuis une patrie dont l’identité exacte tend à se dissoudre. L’iconographie, quand elle offre l’image de la déesse chevauchant une monture dans un ciel étoile, parfois au-dessus des vagues de la mer201, condense ces deux conceptions de l’épithète."
Quand Leibniz voulait que la France conquière l'Egypte
De Leibniz on retient les monades - j'étudiais ça à 17 ans quand je préparais le concours général de philo -, à la rigueur le "pli" en souvenir de Deleuze. Et puis on découvre d'autres aspects étonnants du personnage. Par exemple en 1907 Baruzi - qui n'avait que 26 ans et n'était pas encore professeur au collège de France - s'est intéressé au fait que "Leibniz fut hanté par l'Orient. Constamment il fut soucieux de l'atteindre, de le pénétrer, et comme d'y transporter l'Europe. Le projet de conquête de l'Egypte, les plans proposés à Pierre le Grand, les encouragements donnés aux missions des Jésuites, formulent diversement un rêve identique".
L'idée de la conquête de l'Egypte lui serait venue par hasard d'après son propre récit. Il avait 21 ans, mais était déjà entré à l'université (à Leipzig) sept ans plus tôt ! Secrétaire de la confrérie des Rose-Croix, il rencontre un diplomate alchimiste, Johann-Christian von Boineburg à Nuremberg en 1667, conseiller de l'électeur de Mayence, et se rend en Bavière. Il rêve alors à l'unité du Saint Empire (à laquelle, note Baruzi, Sully ministre d'Henri IV exhortait aussi en tant que Français au nom du souvenir de Charlemagne contre les Habsbourg), et ne voit l'unité de l'Europe ne se réaliser que par le colonialisme (à l'Angleterre l'Amérique du Nord, à l'Espagne celle du Sud, à la Hollande l'Inde, à la Suède et la Pologne la Sibérie et la Crimée, à la France l'Afrique et l'Egypte) .
Il fera ensuite de la conquête de l'Egypte un projet germanique, mais toujours dans l'idée de réaliser un empire chrétiens sur toute la Terre. Il s'agit ainsi de toucher l'empire turc au coeur et d'ouvrir une route vers la Chine (grande terre de découvertes passionnantes pour Leibniz jusque dans les années 1700), ce qui devait assurer un primat naturel à la France sur les autres puissances d'Europe, le but final étant, précise Baruzi, l'unification de l'humanité dans la religion chrétienne. Et le but est de vaincre en la Turquie une puissance qui n'aime pas l'homme et fait régner la peur, et voir dans Louis XIV et dans l'Egypte des monades de l'amour chrétien unificateur, pour que la vie terrestre reflète la vie céleste.
Quand Louis XIV attaquera le Luxembourg et l'Alsace plutôt que les Turcs, Leibniz, admirateur de Frédéric Von Spee en qui il voyait un "confesseur des sorciers" va reporter à partir de 1872 ses espoirs sur les Jésuites qu'il a probablement rencontrés à Paris par l'entremise de Père La Chaise. Il voit en eux une arme contre le cartésianisme qui par ses abstractions coupe l'homme de la créativité et de Dieu. Il les idéalisera eux-aussi comme vecteurs d'un amour universel (du fait de leur tolérance envers le paganisme). C'est là un projet adossé à son amour des langues illustré aussi par sa tentative de réunir toutes les versions du Pater Noster dans les langues vulgaires du monde entier pour définir à son tour une prière universelle qu'il exposa d'ailleurs aux jansénistes.
Je crois qu'on est en présence ici du projet typique d'unification religieuse du monde qu'on allait aussi retrouver ensuite dans la franc-maçonnerie. Et cela va avec le côté alchimiste qui est une science ésotérique très inspirée par les théories de l'amour universel.
"Leibniz s'est occupé d'alchimie dès sa jeunesse, notait l'abbé Piat en 1915 ; et plus tard, il n'a jamais cessé de consacrer à ce genre d'études une partie de son temps.
L'alchimie lui a toujours apparu comme une mine infiniment féconde. Il appartient aux alchimistes de « pénétrer jusqu'à la nature intime des choses- ». « Grâce à leur [double] procédé d'analyse et de synthèse, ils produisent déjà un certain nombre de corps nouveaux. » Ces succès ne sont que l'humble commencement d'une suite illimitée de victoires. La nature est un grand art; et cet art, l'alchimie finira peu à peu par le découvrir tout entier. Dans le « four » de quelque « Dédale » ou de quelque « Vulcain », s'élaboreront un jour les mêmes pierres que nos outils arrachent maintenant des ténèbres du sol. Il est vrai que les alchimistes ont encore une langue mystérieuse. Mais rien ne semble plus naturel; c'est presque toujours dans une demi-clarté que l'esprit humain fait ses découvertes les plus fécondes : la pleine lumière ne se produit quo dans la suite et par degrés, comme celle du soleil levant. C'est surtout de la chimie que dépend le progrès des sciences de la nature, et parce qu'elle représente une application directe de la combinatoire. Du même coup, c'est de la chimie que relèvent au premier chef les connaissances métaphysiques. « On ne saurait rien dire de si splendide sur l'excellence de cet art, que je n'applaudisse de tout coeur"'.
Leibniz avait d'ailleurs intégré les rose-croix pour comprendre mieux cet art qui n'était pas encore séparé clairement de la chimie.
"La « théorie du mouvement concret », explique encore l'abbé Piat, est elle-même chargée de termes, de formules et de notions qui lui viennent tout droit des alchimistes; et l'on voit, à la lecture, qu'il tient à rester d'accord avec ces vieux pionniers du savoir, qu'il n'y tient guère moins qu'à marcher en compagnie de Descartes, de Hobbes ou de Bayle. On retrouve le même langage et la même préoccupation dans la lettre qu'il adresse au duc Jean Frédéric le 21 mai 1671 : ces quelques pages sont également bondées d'alchimismes, et à ce point qu'on ne laisse pas d'en avoir une certaine surprise.
Leibniz suit avec une attention toute particulière les élucubrations de Franz Mercure van Helmont, l'auteur du Seder olam. Il les recueille, les commente, les critique, les rejette ou les intègre à sa pensée : les notes do ce genre comprennent plus de quarante folios inédits. L'entrevue de Leibniz et de van Helmont, qui eut lieu dans le courant de mars 1690 en présence de la duchesse Sophie nous a laissé un échantillon de ce libéral et sympathique examen que le philosophe faisait subir à l'alchimiste".
Le kabbaliste Van Helmont était un quaker, qui se vêtissait d'un drap brun. On l'aurait plutôt pris pour un artisan que pour un baron. Leibniz écrira à Placius qu'il n'aimait pas son kabbalisme un peu obscur (et ses thèses sur l'identité de Jésus et Adam, sur les deux filles d'Adam et Eve) et Emile Thouverez, prof à la faculté de Toulouse dira en 1910 que la notion de monade de Leibniz vint davantage de Giordano Bruno que de Van Hemont.
Constantin Tsiolkovski et un mot sur l'ufologie en milieu orthodoxe
Ci dessous une interview intéressante de Diana Pasulka, historienne des rencontres angéliques, qui en minute 55 évoque notamment Constantin Tsiolkovski (1857-1935), une espèce de savant autodidacte russe doué de génie à la Nikola Tesla dont les idées convergent avec le New Age. Il a avoué une fois à ses élèves qu'il conversait avec les "anges". Il pensait que les êtres humains un jour se répandraient dans tout l'univers, et deviendraient des êtres « éthériques », magnifiques et immortels (cette transformation impliquant de plus l'élimination de toutes les formes de vie terrestres n'atteignant pas ces standards de perfection). Tout cela sera récupéré par le New Age. Aujourd'hui Tsiolkovski, bien qu'il ait vécu assez isolé, est considéré comme un inspirateur du programme spatial russe - et c'est sans doute vrai : voyez cette page de la revue communiste Regards du 16 novembre 1951, qui explique que l'engin interplanétaire imaginé par Tsiolkovski a été amélioré par son élève Yuri Vasilievich Kondratyuk. Yuri Kondratyuk, auteur en 1929 de La conquête des espaces interplanétaires, a théorisé le principe du rendez-vous en orbite lunaire qui sera ensuite utilisé par la NASA américaine, tandis qu'Alexandre Beliaïev, popularisait la conquête de l’espace dans des romans... On voit comment comment les "anges" de Tsiokovski ont "planté leurs graines" en Russie, comme ceux de la société Vril, plantaient les leurs en Allemagne...
Je ne suis pas un enthousiaste de Diana Pasulka qui, comme beaucoup de gens qui ont un profil d'anthropologue, n'a pas un discernement forcément très aiguisé (par exemple c'est une admiratrice du sataniste David Bowie) et reste un peu trop au niveau des phénomènes en croyant que tous se valent. Elle s'est mise à l'école de l'ufologue français Jacques Vallée. Et, pour rester dans l'univers russe, j'ai regardé par curiosité ce que le Fr Seraphim Rose (1934-1982), grand "lanceur d'alertes" dans l'orthodoxie russe des années 1970 contre le New Age., disait du professeur Vallée.
Seraphim Rose s'est intéressé à son livre Le Collège Invisible auquel il reconnaît le mérite d'avoir mis en valeur les côtés parapsychiques des rencontres avec les OVNIs. Vallée à l'époque soulignait certains aspects absurdes de ces rencontres, comme celle de cet éleveur de poulets du Wisconsin qui en 1961 reçut des extraterrestres quatre pancakes très "humaines". "Nous ne sommes pas en présence de vagues successives de visites de l'espace mais en présence d'un système de contrôle" a estimé Vallée. Le Fr. Seraphim Rose en venait à la conclusion, en citant d'ailleurs des sources évangéliques qu'ils s'agissait simplement de nouvelles modalités variantes de l'activité démoniaque en citant Clifford Wilson et Jphn Weldon, pour ensuite citer St Antoine, St Cyprien d'Antioche, Anatole, le disciple de St Martin qui a reçu une robe du deuxième ciel, St Nil de la Sora,
Pasulka, elle, retient surtout de Vallée une relativisation de la méchanceté du diable, et valorise certains aspects "éthiques" y compris en termes de conversion au catholicisme (cas de son informateur Tyler au Vatican) des rencontres du troisième type.
Le thaumaturge Francis Schlatter
Je trouve dans un vieux numéro de la revue maçonnique L'Initiation, ici, à côté d'un texte intéressant de Marie-Dominique Massoni sur le rapport des surréalistes à l'hermétisme, un article de l'éditeur Philippe Dugerey sur le guérisseur américain Francis/François Schlatter (1856-1896). Le Youtubeur Huillam Daverec avec sa partialité maladroite habituelle en a parlé il y a 9 jours. Il se garde d'ailleurs d'évoquer le détail des conditions de la mort du thaumaturge comme le fait Dugerey. Il ne dit pas non plus que Schatter prétendait être le Christ et termine lamentablement sa vidéo sur une tentative de culpabiliser son public sur le thème "si vous n'avez pas les dons de Schlatter, c'est parce que vous manquez de foi" (thème assez classique chez les charismatiques qui fait peser un poids psychologique criminel sur les adeptes de ce mode de pensée).
Il est sans doute légitime de comparer ce guérisseur à Maître Philippe dont j'ai parlé ici, ou à Bruno Gröning évoqué ici. Il soignait avec des mouchoirs comme une guérisseuse (*) de Jurançon (Béarn) dans les années 1940 (et sans doute ailleurs). Ses écrits ne sont pas "bibliques", par exemple quand il qualifie les Indiens chactas chez qui il a séjourné de "vrais chrétiens" (A true account p 22), mais bon chacun en conclura ce qu'il veut.
Bon, je profite du fait que nous sommes aujourd'hui le jour d'Halloween pour vous recommander de ne pas célébrer cette fête. Cette affiche des néo-templiers de Disneyland (que j'ai photographie en région parisienne le 17 octobre) avec une enfant transformée en Cruella perverse (qui joue sur le noir et blanc maçonnique), devrait suffire à vous détourner de ce culte néo-païen qui ne dit pas son nom.
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(*) Pour les historiens amateurs ou professionnels qui voudront un jour se pencher sur les "médiumnités" en milieu rural ou péri-urbain au XXe siècle, je donne cette piste de la guérisseuse de Jurançon. D'après ma mère (née en 1934) elle s'appelait Mme Chermieux. Initialement Mme Arribarat (nom de son premier mari qui était dans la marine), mais était divorcée. Son deuxième mari M. Chermieux était originaire du nord de la France, et s'était mis à la pratique du magnétisme comme elle (imposition des mains, souffle dans un mouchoir). Ce mari était dans la marine et, elle avait eu un fils et deux filles dont Colette, née en 1939 à Saïgon, morte le 25 janvier 2019 à Bizanos, que j'ai connue quand elle était vendeuse chez Printal à Pau (rue maréchal Foch - une dame qui a eu ensuite quelques problèmes d'alcoolisme). Ils avaient
Ils étaient locataires au rez-de-chaussée de cette maison (à l'étage était M. Molinari, employé chez Rota), rue de la République. Elle avait fait un rituel sur la photo de ma mère pour son certificat d’études, et avait fait brûler des édredons à ma grand mère.
Les OVNIs et la Sainte-Baume
Le 1er juin 2014, je reçus un mail d'une adepte provençale du New Age, initiée à la Sainte Baume à la fin du carême 2012, dont je parle dans mon livre sur les médiums qui reflète le mix typique du New Age entre OVNIs-énergies (démons d'un point de vue chrétien) et "synchronicités" :
"Le jour où je suis montée à la Sainte-Baume pour bénir les quarts avec le médium Orion, le 16 mai (deux semaines après y être allée avec toi), il a eu des théories que je comprenais mieux sur les dits "extra-terrestres". En fait ces manifestations remarquées par différentes personnes représenteraient bien des phénomènes qui nous échappent encore mais qui prennent du sens lorsque nous poussons à fond les explications avec les énergies, ... Tout serait lié. Mais il a une sacrée avance sur moi. Les flashs qu'il a en parlant avec les personnes m'ont laissée sans voix et je dois voir pour croire.
Il s'avère que le hasard a voulu que mes parents, si éloignés de tout cela (ma mère me demandant même de ne rien dire à mon père sur tous ces nombres que je vois sans cesse) voient dans le ciel un point lumineux qui a disparu en très peu de temps. Il ont trouvé cela curieux. Il ont tout de même pris une photo. Orion m'a dit qu'il y a beaucoup de manifestations de ce style non expliquées, on ne sait pas d'où cela vient, du côté Sainte-Baume, là entre autres où j'habite. Une photo a été faite quelques jours plus tard du côté d'Aix-en-Provence. A la même période, mon père souffrant d'hémorroïdes et les médicaments des médecins n'y faisant rien, j'ai essayé avec mes pierres. Au pire je pensais que les quartz ne feraient rien. Quand ils les a eus dans les mains, il les a rejetés car les douleurs ont augmentées. La personne à qui j'avais pris l'améthyste il y a quelques années (femme de compagnons), infirmière et passionnée de lithothérapie, me disait que le quartz était relié au chakra couronne. Or mon père refuse totalement tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent. Il le rejette. De la même manière il a rejeté les quartz qui ont eu un impact sur lui.
J'ai connu Orion car il a attiré mon attention. Il voyait beaucoup 3h33, le chiffre 3...
Après notre passage à Sainte-Baume, alors que cela faisait quelque temps que je remarquais souvent le 44 (les chiffres arrivent par période, c'est un peu comme si l'univers conversait avec moi de cette manière mais j'ai du mal encore à comprendre le code...) il m'a appris que le projet dont il m'avait parlé (boutique éso) se trouvait à Nantes. Le code postal est 44. J'ai eu le sentiment que cela le concernait. Puis dans les autres séries de nombres j'ai commencé à remarquer plus précisément les heures miroirs doubles comme 14h14, 16h16, 18h18. Orion me dit au même moment sans que je lui aie parlé de quoi que ce soit, que son copain remarque en ce moment les heures miroirs et la dernière était 17h17. encore un point commun qui me rapproche une fois de plus d'Orion. (d'ailleurs peut-être ma première commande de stylisme car il souhaite des tenues adaptées à ce qu'il proposera à ses clients, ils vont probablement partir sur Nantes car ils ont trouvé, son copain et lui, une belle boutique d'ésotérisme à reprendre). Et voici le message qu'il m'envoie ce soir: "Coucou Delphiane, merci pour ton message, je fais un court passage sur Facebook - c'est de la folie en ce moment, nous sommes partis avec mon copain jeudi, on a visité Narbonne (plus joli que je pensais) la Cité médiévale de Carcassonne (gros piège à touristes) puis descendu dans la région des cathares, nous avons dormi à Rennes les Bains, cette région est très fort énergétiquement parlant, l'hôtel choisi par hasard à la dernière minute était au 22 puis nous avons été à Bugarach ! à 11h11 nous arrivons sur le Mont et ensuite on voit deux voitures stationnés du 44 (Nantes) je ressens la présence des énergies qui m'appellent et extraterrestres puis nous nous rendons à Rennes le château (tu connais l'histoire de l'Abbé Saunière peut être) et bien Marie Madeleine s'est rendu ici il y a 2000 ans !! waouh! j'ai eu pleins de numéros 22, 11, 33 ... pleins de messages et de signes - j'ai aperçu une soucoupe - tout cela est lié ! on a visité un village, Alet les Bains (source thermale) puis monter pour voir une église avec une pierre druidique ... je fais court car il y a tellement à raconter, on a vraiment été guidé pour ce lieu, je pense y retourner .... toute cette région ... puis nous avons été en Espagne, visité Figueres, le musée Dali, Girona (Gérone) et là encore pleins de messages ... nous sommes rentrés ce matin vers 2H30 du matin, nous sommes arrivés au panneau Aix en Provence à 2H22 ... "
Sur cet Orion elle disait aussi un autre jour "Il est du chemin de vie 7, comme toi, et moi aussi, et nous avons été vers les mêmes choses. Il capte les mêmes énergies. C'est lui qui m'a parlé de la légende qui dit que Marie-Madeleine était portée 7 fois (encore ce 7) par jour par les anges au-dessus de la grotte où se trouve un vortex d'énergie."
Voilà un univers très éloigné du mien désormais... Et tant mieux... Delphiane, femme au foyer en projet de reconversion se disait "sorcière" et "parfaite gueisha" tout en menant une vie de couple à élever ses trois enfants. On notera comment, dans une ambiance de pensée New Age, n'importe point lumineux dans le ciel devient un OVNI pourvu que ce soit encadré par des "synchronicités" et des "heures miroirs". Cela sent la "trame", comme on dit dans le tantrisme, qui prend au piège d'un sorte de toile d'araignée. La cible de l'oiseleur est tirée vers le bas, toujours à la recherche d'un "envers mystérieux" de sa vie, d'énigmes à résoudre qui l'éloigneront de la spontanéité de ses sentiments (sous couvert d'un "amour énergétique" universel et abstrait) et de son sens de la responsabilité à l'égard de son entourage et du monde (puisqu'il ne s'agit plus que de "suivre les guides").