Atelier d'écriture en banlieue
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Assisté à une restitution d'atelier d'écriture de femmes hier dans un centre social de la banlieue parisienne. Discuté avec une écrivaine parisienne née yougoslave qui "va au peuple" au delà du périphérique de temps en temps dans le cadre de ce genre d'action subventionnée. Nous avons discuté pendant 10 mn de la question de savoir si le conflit yougoslave était une guerre civile ou pas, ce qui me ramenait au temps où je publiais un livre sur les Serbes.
L'ambiance de la restitution était émouvante, mais un peu gâchée, selon moi, par le fait que l'illustratrice de la brochure qui concluait le travail de l'année ait proposé aux participantes de composer un tableau de peinture au pendule pour terminer en beauté. Quand on sait quelles forces occultes peuvent se glisser dans ce genre d'ustensile on ne peut que regretter que des femmes en souffrance se voient imposer ce type de pratique dans un cadre institutionnel. Pour ma part j'ai préféré m'éclipser plutôt que de m'associer à cette invocation collective qui ne disait pas son nom (et dont celle qui l'a proposée ignorait sans doute la nature profonde)...
La maison de Marie à Lorette
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Ma grand mère paternelle, Candelaria Planchat Monterde (1910-1998) eut pour arrière grand-père dans sa branche paternelle un certain Pedro Aguilar Antolin, né à Castelseras (Aragon) en 1819, décédé moine dans un couvent franciscain dans les années 1880 après avoir eu quinze enfants. En 2016 j'ai parlé de lui sur ce blog et j'ai cité ce passage de ses brèves mémoires : "Le 11 août 1884, ont été organisés 3 jours de fête à La Codoñera pour la Vierge de Lorette pour l'accomplissement du centenaire de l'édification de la chapelle. Je suis reconnaissant à cette Vierge parce qu'à ce même endroit en un quart d'heure j'ai eu la vie sauvée trois fois pendant la guerre civile. Et j'ai connu un homme de village qui s'appelait Mariano Lusona qui, à l'âge de 80 ans, a vu des dents lui sortir comme à un enfant". D'après ce qu'il écrit au paragraphe suivant, l'épisode de guerre auquel il se réfère serait la bataille menée par les conservateurs carlistes sous la bannière du général Cabrera en 1868.
Il existe aujourd'hui une fête de Notre Dame de Lorette le 10 décembre, à La Codoñera, nous explique Wikipedia.
Je lisais la semaine dernière ce passage dans "Histoire d'une âme" de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus (Eds Cerf 2006 p. 130) : "Je fus heureuse de prendre la route de Lorette (région des Marches en Italie). Je ne suis pas surprise que la Ste Vierge ait choisi cet endroit pour y transporter sa maison bénie, la paix, la joie, la pauvreté y règnent en souveraines ; tout est simple et primitif, les femmes ont conservé leur gracieux costume italien et n’ont pas, comme celles des autres villes, adopté la mode de Paris ; enfin Lorette m’a charmée ! Que dirai-je de la sainte maison ? Ah ! mon émotion a été profonde en me trouvant sous le même toit que la Sainte Famille, en contemplant les murs sur lesquels Jésus avait fixé ses yeux divins, en foulant la terre que Saint Joseph avait arrosée de sueurs, où Marie avait porté Jésus entre ses bras, après l’avoir porté dans son sein virginal… J’ai vu la petite chambre où l’ange descendit auprès de la Sainte Vierge… J’ai déposé mon chapelet dans la petite écuelle de l’Enfant Jésus… Que ces souvenirs sont ravissants !…"
C'est en parcourant ce passage que je découvris donc que selon la tradition catholique la maison de la Sainte Vierge aurait été apportée par des anges à Lorette dans la nuit du 9 au 10 décembre 1294, trois ans après le départ des croisés de Terre Sainte, afin de la soustraire à l'occupation turque musulmane de Jérusalem (qui avaient détruit la basilique qui protégeait cette maison en 1263). L'itinéraire du déplacement de cette maison par voie aérienne est d'ailleurs partiellement connu puisque le 10 mai 1291 un curé de Tersatto/Trsat en Dalmatie, le P. Alexander Georgevitch, aurait remarqué cette maison apparue miraculeusement sur un terrain de sa paroisse et la Vierge Marie elle-même lui serait apparue pour lui expliquer le déplacement de sa maison par la puissance de Dieu. Un seigneur local de Tersatto, Nicolo Frangipane a d'ailleurs envoya une délégation en Palestine pour vérifier la disparition de la maison à Nazareth, et c'est lorsque les Albanais se convertirent à l'Islam en 1294 que la maison le 9 décembre au soir franchit l'Adriatique (les Slaves en portèrent longtemps le deuil). Des bergers la virent portée par des anges, puis elle arriva à Ancone où elle resta neuf mois, et enfin à Lorette.
Je me suis demandé ce qu'il fallait penser de cette histoire. Ma première réflexion fut que j'imaginais mal au vu des photos comment une famille italienne aurait pu défaire brique par brique les murs de cette maison en Palestine, puis les déplacer en Italie par bateau et les reconstruire à l'identique comme le suggère Wikipédia.
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Puis je suis tombé sur cette page de mars 2021 d'un blogueur de notre époque, Guy Sémard, père oblat de la Vierge Marie, qui confesse avoir eu du mal à croire au miracle de la translation angélique de cette maison, mais cite un livre italien du professeur Federico Catani, publié par l'association Luci sull'Est qui réunit tous les arguments en faveur de cette thèse (voir sa conférence en italien ici). Il explique notamment que le périmètre de la maison en Italie correspond exactement à celui de la présumée maison de la Sainte Famille à Nazareth, dans la Basilique de l'Annonciation, dont la trace des fondations a été conservée. Les pierres de construction sont d'origine palestinienne d'il y a 2 000 ans d'après le travail effectué par les spécialistes. Elle a été posée sur un terrain non travaillé sans fondations (sur une ancienne route).
C'est un point qu'avait déjà relevé en 1894 pour les 600 ans de la translation, un certain William Garratt de Cambridge dans "Lorette, le nouveau Nazareth" (p. 28-29) : "Quand on creusa autour de la Sainte Maison de Lorette, au mois de novembre 1531, il fut évident pour tous que ses murs se soutenaient sur la terre nue et sans fondations. Jérôme Angelita, chancelier de la ville de Recanati et témoin oculaire, nous a laissé le récit de ces excavations entreprises pour entourer de marbre la Santa Casa. A une date plus récente, en 1672, quand un nouveau pavement fut posé, plusieurs personnes pouvaient faire passer librement, soit leurs mains, soit des bâtons, sous certaines parties des murs, le terrain sur lequel ceux-ci reposaient se trouvant inégal. Les dalles furent renouvelées encore une fois en 1751, sous le pontificat de Benoît XIV, et l’on procéda alors à l’intérieur à un nouvel examen, après avoir fait des excavations au pied des murs. L’archevêque de Fermo, les évêques de Jesi, d’Ascoli, de Macerata et de Lorette, trois architectes étrangers, trois maîtres-maçons, outre l’architecte des travaux, étaient présents, ainsi que beaucoup d’autres personnes. Un des architectes fut autorisé à faire creuser à six pieds de profondeur jusqu’à ce qu’on fût arrivé au tuf, c’est-à-dire à la terre ferme, où l’on a coutume d’aller pour assurer la solidité des fondements. Il fut manifeste alors que la Sainte Maison se soutenait par elle-même, depuis plusieurs siècles, sur un terrain inégal et mouvant, contrairement à toutes les règles de l’architecture. Un rapport officiel fut alors enregistré dans les archives de Lorette". Garratt parle aussi de la pierre qui est de la pierre calcaire de Nazareth, ce qui fut confirmé par des observateurs des XVIII et XIXe siècles (pierres dites Jabès et Nahari, chimiquement analysées). Il évoque aussi le bois de cèdre du Liban.
Le professeur Giorgio Nicolini donne le même genre de conférences que Federico Catani.
Cette maison avait été visitée par Saint louis et par St François d'Assise en Palestine en 1219 ou 1220. Les actes de dévotion à la maison de Notre Dame à Lorette furent nombreux. Saint François Xavier reçut aux pieds de la Vierge de Lorette l’inspiration de porter l’Evangile aux Indes et au Japon. Papes, cardinaux, prêtres et moines s'y sont succédés, mais aussi l'empereur allemand Charles IV, Jean Paléologue, empereur byzantin, différents rois et reines du monde chrétien, les ducs et duchesses de la région, les princes de Condé, ducs de Joyeuse et autres nobles, Montaigne, Descartes (qui y fit un pèlerinage à pied depuis Venise), Louis-Marie Grignon de Montfort etc.
On ne compte plus les guérisons miraculeuses et les exorcismes réussis dans cette sainte maison.
Un phénomène étrange de flammes célestes y fut aussi observé. Le 8 septembre 1296, puis à nouveau l'année suivante l'ermite Paolo della Selva qui avait fixé son asile solitaire sur une colline voisine aperçut de sa cellule cette lumière, paraissant avoir quatre mètres de long sur deux de large descendant du ciel au dessus de la maison de la Sainte Vierge. En 1555, Riera, jésuite de Barcelone, confesseur au sanctuaire de Lorette, fut témoin en compagnie des fidèles de la messe du même miracle qu'il allait raconter dans son Historiae Almae Domus Lauretanae Liber Singularis. Le miracle se produisit à nouveau en 1557. Renvoyons au livre de Garratt pour les autres miracles.
On peut se demander si le souvenir du livre du catalan Riera ne fut pas pour quelque chose dans le succès de Notre Dame de Lorette en Bas-Aragon où vivaient mes ancêtres.
Miracles eucharistiques : un mot sur Carlo Acutis
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Hier c'était la fête de Dieu, fête du Saint Sacrement, a fait remarquer le prêtre à la messe. Pas de chance pour lui, la ferveur n'était pas au rendez-vous dans cette église remplie surtout de gens venus assister au baptême ou à la communion de leurs proches. Aujourd'hui YouTube me propose une vidéo de la mère du bienheureux Carlo Acutis, né en 1991, décédé à l'âge de 15 ans d'une leucémie fulgurante, qui consacra deux ans et demi de sa courte vie à recenser les miracles eucharistiques sur Internet à propos d'une exposition réalisée par son fils qui était organisée près de Paris le mois dernier.
Cela m'a rappelé que j'ai écrit un article sur le sujet en 2016 alors que j'ignorais l'oeuvre de Carlo Acutis, article repris par Sciences et religions, et sur lequel le pauvre youtubeur Arnaud Dumouch promit de m'interviewer avant de se rétracter... Je m'étais aussi penché un peu plus tard sur les travaux du cardiologue Petro Pescetelli sur le même sujet. En 2016 je découvrais un peu le merveilleux catholique, dont notre époque se désintéresse trop souvent, dans le sillage de feu le Père Brune (dont toutefois je n'approuve pas tous les centres d'intérêt, notamment pour le spiritisme).
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Le corps du bienheureux pour l'instant d'apparence pratiquement intacte est exposé à Assise (car cet enfant était très inspiré par St François d'Assise, bien qu'il soit né dans un milieu bourgeois en Angleterre) - le sanctuaire est entretenu par des religieuses portugaises. Il semble qu'il y ait un culte de ses reliques dans la plus pure tradition médiévale. Il y a trois semaines des mèches de ses cheveux ont été exposées à l'église franciscaine de Għajnsielem à Malte (plus précisément sur l'île de Gozo) non sans avoir été préalablement montrée aux élèves de l'école Saint François de Victoria. En avril, à New-York, l'évêque d'Assise a offert aux évêques américains pour un an la membrane du coeur du bienheureux.
Avec quelques autres paroisses argentines, la Cathédrale Notre Dame du Pilier à Buenos Aires a aussi une relique du jeune "geek de Dieu", saint patron des internautes - un fragment de sa peau, grâce à la médiation de Marcela Errecalde dont on parlera un peu plus loin - de même qu'un diocèse en Pologne, à Londres où il est né etc.
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Les miracles autour de ces reliques sont un enjeu pour la canonisation. Selon la loi de l'Église, une personne vertueuse doit intercéder dans deux miracles avant de pouvoir être déclarée sainte, sauf en cas de martyre ou lorsque le pape lève ces exigences. Or les miracles autour de Carlo Acutis seraient déjà assez nombreux. A Campo Grande, dans le Matto Grosso (Brésil) le père Marcelo Tenório de Almeida qui a organisé une dévotion autour de lui, témoigne qu'en 2011 il a été informé qu'une religieuse a guéri d'un cancer par l'intercession du jeune bienheureux. Lui-même s'est rendu à Assise et la mère de Carlo Acutis, Antonia Salzano, lui a donné un vêtement de son fils, que le prêtre exposa tous les 12 octobre dans sa paroisse. Le vêtement produisit en 2013 un autre miracle sur l'enfant Mattheus, né en 2009 avec une maladie grave (un pancréas annulaire) qui lui causait des difficultés à manger et de graves douleurs abdominales. Il était incapable de garder la moindre nourriture dans son estomac et vomissait constamment.
Alors que Mattheus avait presque quatre ans, il ne pesait que 20 livres et vivait avec un shake de vitamines et de protéines, l'une des rares choses que son corps pouvait tolérer. On ne s'attendait pas à ce qu'il vive longtemps.
Sa mère, Luciana Vianna, avait passé des années à prier pour sa guérison. En octobre 2013, comme elle apprit que le P. Marcelo Tenório, organisait un service de prière pour la béatification du "geek de Dieu",elle demanda à Acutis d'intercéder pour son fils et fit une neuvaine à cet effet.
Le 12 octobre 2013 jour du service de prière, elle emmena Mattheus et d'autres membres de la famille à la paroisse où les gens faisaient la queue. (...) quand vint son tour l'enfant en embrassant la relique dit : "J'aimerais pouvoir arrêter de vomir autant." De retour chez lui l'enfant mangea normalement , la guérison fut immédiate et durable et point la physiologie de son pancréas a changé. Le Vatican a reçu les documents sur cette affaire en mars 2019, après avoir demandé l'ouverture d'un tribunal de l'église locale à Campo Grande. Les dossiers médicaux de Matheus ont été vérifiés par ce tribunal et validés par des médecins locaux.
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Marcela Errecalde, militante pro-vie de Buenos Aires, a précisé aussi que dans la même paroisse un garçon qui a eu 5 arrêts cardiaques et est resté dans un état végétatif a guéri après que sa mère eut dit une neuvaine pour Carlo Acutis.
Marcela Errecalde, dont le mari est français, et qui est de mère brésilienne, elle-même a eu un cheminement intéressant avec Carlo Acutis qu'elle explique dans l'interview ci-dessous accordée à la Pastorale de l'université catholique de la région de Cuyo (Nord Ouest de l'Argentine). Très éloignée de l'Eglise, elle ne commença à y retourner qu'en 2019. L'eucharistie en 2020 était presque impossible dans sa ville où la dictature sanitaire prohibait l'ouverture des édifices religieux. Elle entendit une voix qui, alors qu'elle sentait ne pas pouvoir revenir au Christ par le seul travail intérieur, lui indiqua où trouver un lieu d'adoration ouvert dans sa ville, et c'est là qu'elle entendit parler de Carlos Acutis, puis assista à sa béatification à Assise en octobre 2020 et organisa des transferts de reliques en Argentine.
Personnellement j'encourage évidemment tout le monde à communier le plus souvent possible, après s'être confessé bien sûr, et je ne doute pas que l'inspiration du jeune Carlos Acutis puisse être très utile en ce sens auprès des jeunes notamment.
Une anecdote de Léon Bloy sur le Saint Christophe de Cologne
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Extrait de Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne : (pour faire suite au Mendiant ingrat et à Mon journal). I : 1900-1902 (p. 223-224) :
"Saint Christophe, l'Auxiliateur et le Géant Martyr qui mourut très-particulièrement pour moi, il y a 1652 ans. A une autre époque où j'ignorais encore à quel point il était mon protecteur et sans trop savoir ce que je faisais, j'ai tenté d'expliquer, à propos de Christophe Colomb, l'importance inouïe de ce personnage, surtout au point de vue prophétique (Voir le Révélateur du Globe). Aujourd'hui j'aurais bien autre chose à dire.
Que pensent les docteurs de la simple histoire que voici? Revenant de Danemark en 1900, nous couchâmes une nuit à Cologne, à quelques pas de la cathédrale. Je ne manquai pas, le lendemain matin, d'aller entendre une première messe. Je m'étais placé, à mon insu, au-dessous de la traditionnelle et colossale statue de saint Christophe qu'on est assuré de trouver dans la plupart des vieilles basiliques. Averti par une sorte de gêne, comme si un poids énorme eût été sur moi, je finis par lever la tête et je reçus en plein cœur la commotion de cette présence d'un ami de dix-sept siècles. Christophorum videas, postea tutus eas. Je me souvins aussitôt de ce vers léonin autrefois passé en adage « Regarde saint Christophe et puis va-t-en tranquille ». On croyait, au Moyen Age, qu'il ne pouvait arriver aucun mal dans la journée à celui qui avait vu, le matin, une image de saint Christophe. Cela pour des causes profondes que l'affaiblissement actuel de la Raison ne permet plus de comprendre.
A l'heure de notre départ, le train sur lequel nous avions compté ne parut pas, mais à sa place, un autre tout à fait extraordinaire. Rien n'était à espérer pour nous de cet interminable convoi dont chaque wagon avait été loué à l'avance par un torrent d'Allemands que l'Exposition attirait à Paris.
Nous glissâmes cependant une humble pièce dans la main d'un employé, en lui exposant notre embarras. Alors voici. Sans hésiter une seconde, cet homme nous conduisit à un compartiment interdit aux fumeurs où trois suceurs de pipes envoyés par saint Christophe nous gardaient nos places. Sur un mot de notre guide, ils nous saluèrent poliment, descendirent avec un air de satisfaction, comme des gens qu'on délivre d'une corvée, et nous arrivâmes le soir à Paris, presque sans fatigue et de très-bonne heure, portés par ce train rapide."
La formule contre le feu
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Mon ostéopathe habituelle, femme très rationnelle, et d’un naturel doux, ouvert et généreux, en soignant mon bras tout à l’heure, a rebondi sur la remarque que je lui ai adressée par SMS sur la masseuse de bien-être située dans son quartier qui s’était un temps égarée dans le reiki. « Vous avez bien fait de me préciser cela, me dit-elle. Le reiki est dangereux. Je connais une personne qui s’est suicidée à cause de cela. » Visiblement elle voulait me parler de ces choses parce que ses patientes échangent avec elle là-dessus. Elle en parlait en des termes de pure autosuggestion psychologique.
Je narrai alors mon histoire de février 2014 que j’ai déjà racontée dans mon livre « Les Médiums ».
Alors, elle se sentit autorisée à me confier ceci : il y a vingt ans, elle déjeunait dans un petit village avec des amies qui lui dirent : « Il y a dans telle rue une sorcière, qui sorcière qui a une formule pour couper le feu. » Elle avait alors répondu en plaisantant, et sans y croire : « Alors si elle veut bien la formule, je suis preneuse ».
Six mois plus tard, elle recevait sur son répondeur téléphonique, d’une voix féminine qu’elle ne connaissait pas : « La formule pour couper le feu est… » et seize mots lui étaient donnés, à connotation religieuse a-t-elle précisé.
Elle a repassé le message plusieurs fois (sans l’écrire) et a retenu la formule qu’elle a ensuite utilisée pour soigner les brûlures et les zonés des gens. Et cela a marché. Une fois elle a eu l’occasion de voir ou revoir la sorcière (une dame au physique très étrange). Elle lui dit : « Cela marche, mais sur les autres, pas sur moi ». « C’est normal, répondit la femme, puisque vous ne la prononcez pas à voix haute ». Depuis, quand elle se brûle, elle prononce les mots à voix haute, et cela la guérit instantanément.
En l’écoutant, je songeai que ce cadeau lui avait sans doute été fait parce qu’elle était généreuse et désintéressé, et par ailleurs vouée par son métier à soigner les gens (avant d’être ostéopathe elle était infirmière). J’essayai de savoir si en quelque manière elle devait « payer ce don », par exemple en se brûlant plus souvent que la moyenne, mais il ne semble pas que ce soit le cas.
Elle ajouta : « Je crois que nous avons le pouvoir de s’entraider et d’agir les uns sur les autres par ce genre de moyen, mais c’est un pouvoir que nous avons perdu. » Puis, par association d’idées, elle remarqua : « Dans les campagnes on croit aussi qu’on peut les utiliser pour faire du mal, la magie noire. Cela me dépasse que ce genre de choses puisse se faire. » Je répondis que j’eus à connaître de près cela quand je me mis à enquêter sur les médiums en 2014-2015, quand beaucoup de choses surnaturelles m’arrivèrent, et elle conclut qu’elle aimerait bien lire mon livre.
Léon Bloy et le magnétisme
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Extrait de Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (p. 43-44) : "Rencontré chez le curé un hypnotiste, spiritiste ou occultiste, je ne sais comment nommer l'animal, qui se déclare bon chrétien et dégaine volontiers son chapelet. J'apprends avec effroi, avec horreur, que l'autorité ecclésiastique, loin de rejeter violemment l'ordure, prétend que les prêtres l'étudient avec le plus grand soin sous le prétexte mille fois sot qu'ils doivent être armés contre une erreur qui pourrait bien n'être pas absolue. Cela nous met loin des Martyrs qui aimaient mieux s'asseoir à une table de feu, la tête coiffée d'une marmite rouge que de faire la moitié d'un pas vers les démons. Bougrement loin, si j'ose le dire !
Occasion de citer une page très-belle de la voyante fameuse de Dulmen (Vie d'Anne-Catherine Emmerich par le Père Schmœger, tome 1er, page 485):
'La pratique du magnétisme confine à la magie seulement, on n'y invoque pas le diable, mais il vient de lui-même. Quiconque s'y livre prend à la nature quelque chose qui ne peut être conquis légitimement que dans l'Église de Jésus-Christ et qui ne peut se conserver avec le pouvoir de guérir et de sanctifier que dans son sein. Or la nature, pour tous ceux qui ne sont pas en union vivante avec Jésus-Christ, par la vraie foi et la grâce sanctifiante, est pleine des influences de Satan. Les personnes magnétiques ne voient aucune chose dans son essence et dans sa dépendance de Dieu; elles voient tout isolé et séparé, comme à travers un trou ou une fente. Elles perçoivent un rayon des choses par le magnétisme, et Dieu veuille que cette lumière soit pure, c'est-à-dire sainte. C'est un bienfait de Dieu de nous avoir séparés et voilés les uns devant les autres et d'avoir élevé des murs entre nous, depuis que nous sommes remplis de péchés et dépendants les uns des autres il est bon que nous soyons forcés d'agir préalablement avant de nous séduire réciproquement et de nous communiquer l'influence contagieuse du mauvais esprit. Mais, en Jésus-Christ, Dieu lui-même fait homme nous est donné comme notre chef dans lequel, purifiés et sanctifiés, nous pouvons devenir une seule chose, un seul corps, sans apporter dans cette union nos péchés et nos mauvais penchants. Quiconque veut faire cesser d'une autre manière cette séparation établie par Dieu s'unit d'une façon très-dangereuse à la nature déchue, dans laquelle règne avec ses séductions celui qui l'a entraînée à sa chute.
Je vois l'essence propre du magnétisme comme vraie; mais il y a un larron qui est déchaîné dans cette lumière voilée. Toute union entre des pécheurs est dangereuse ; la pénétration mutuelle l'est encore davantage. Mais quand cela arrive pour une âme tout à fait ouverte quand un état qui ne devient clairvoyant que parce qu'il implique la simplicité et l'absence de calcul, devient la proie de l'artifice et de l'intrigue; alors une des facultés de l'homme avant la chute, faculté qui n'est pas entièrement morte, est ressuscitée d'une certaine manière, pour le laisser plus désarmé et dans un état plus mystérieux, exposé intérieurement aux attaques du démon. Cet état est réel, il existe mais il est couvert d'un voile, parce que c'est une source empoisonnée pour tous, excepté pour les saints etc'. "
Melchisédech, le visiteur hors du temps
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Melchisédech, en hébreu מַלְכֵּי־צֶדֶק (malkî-ṣedeq) « roi de justice », est un personnage biblique qui apparaît très brièvement dans l’histoire d’Abraham dans le livre de la Genèse 14. Il y est présenté comme « roi de Salem » (lieu non identifié) et « prêtre du Très-Haut » (El-Elyôn), auquel Abraham versa la dîme. Dans l'Épître aux Hébreux du Nouveau Testament, Jésus est déclaré « Grand prêtre pour toujours » à l'image de Melchisédech, en référence à Psaume 110:4 "L'Eternel l'a juré, et il ne s'en repentira point, que tu es Sacrificateur éternellement, à la façon de Melchisédec".
Jacques Bergier dans les Maîtres secrets du temps rappelle que France Soir le 26 novembre 1973 signalait l'existence dans un hôpital psychiatrique d'un personnage appelé Melchisédech qui se faisait appeler "prince Charlemagne SS" se trouvait dans un hôpital psychiatrique. Nul ne savait d'où il venait. Selon une de ses disciples poétesse de 52 ans c'est un véritable contemporain d'Abraham.
Bergier reprend aussi l'anecdote citée par Arthur Machen (1863-1947) dans son récit de 1915 "The Great return" dont Bergier situe à tort l'intrigue en juin 1917 (!) et qu'il semble tenir pour authentique : des inconnus arrivent dans le village de pêcheurs de Llantrisant, ils disent être des prêtres de Melchisedech et pendant une messe, ils prononcent des mots en grec ancien. Le récit détaillé de l'épisode est ici, en anglais, au chapitre VII : "Ffeiriadwyr Melchisédech ! Ffeiriadwyr Melchisédech ! cria le vieux diacre méthodiste calviniste à barbe grise. « Prêtrise de Melchisédech ! Prêtrise de Melchisédech !" . Bergier raconte l'apparition d'une gigantesque rosace de flammes pendant le nuit et des guérisons miraculeuses dans la foulée. Tout cela se mêlait à la thématique du Graal, celle des cloches angéliques etc. Machen, qui restait pour sa part réservé sur la légende locale, signalait que la rosace pouvait venir du port et que les miracles des neuf jours qui avaient suivi étaient tous explicables sauf la lumière chaude qui venait soigner les gens.
"Il y a cette question, notait Machen en conclusion de son texte, de la distinction entre l'hallucination et la vision, de la durée moyenne de l'une et de l'autre, et de la possibilité de l'hallucination collective. Si un certain nombre de personnes voient toutes (ou pensent voir) les mêmes apparitions, cela peut-il être simplement une hallucination ? Je crois qu'il existe une affaire de premier plan en la matière, qui concerne un certain nombre de personnes voyant la même apparence sur le mur d'une église en Irlande ; mais il y a, bien sûr, cette difficulté, que l'on peut être halluciné et communiquer son impression aux autres, par télépathie."
Bergier avait été sensible aussi au fait relevé par Machen au chapitre VI sur la similitude des visions des habitants avec l'Anhelonium Lewinii ou peyotl (bouton de mescal popularisé par Castaneda) qui faisait voir des cathédrales gothiques à un de ses expérimentateurs. Assez bêtement Bergier ajoute qu'on est 40 ans avant les travaux d'Aldous Huxley, mais c'est oublier que le British Medical Journal en 1896 avait déjà analysé les effets de cette drogue. Je vous renvoie aux travaux de Gordon Wasson sur les enthéogènes, mais les enthéogènes n'étant que des vecteurs du surnaturel, les considérations sur ces vecteurs n'éclairent pas grand chose selon moi.
En tout cas, il est vrai que la référence à Melchisédech ne venait pas de nulle part. Donc on peut supposer que quelque chose s'est vraiment passé dans ce village gallois en rapport avec ce sage, même si la fiche Wikipedia de Llantrisant se garde d'en parler, et d'ailleurs peu de choses sur Internet se rencontrent à ce sujet. La Flying Saucer Review se serait emparée du sujet en 1972 dans le registre de l'ufologie, mais ses archives ne sont pas en ligne.
Les écrits juifs situent Melchisédech hors du temps. l'abbé Trithème (1462-1516) présente Melchisedech comme un eldil, c'est a dire, une créature inférieure à Dieu, mais supérieur aux Anges, catégorie reprise dans les années 1930-40 par C. S. Lewis. Pour Bergier, ce personnage, qui a pu être le prêtre d'un dieu nouveau au temps d'Abraham, pourrait donc venir d'un autre temps, ou d'en dehors du temps, pour aider les hommes à diverses époques, comme Fo-Hi en Chine, l'inventeur du Yi-King. Il insiste sur le fait que l'idée du voyage dans le temps vient de la culture juive.
AGCP de Hody rappelle que le 13 juillet 1483 Bernard de Breydenbach, doyen de l'église de Mayence, à la sortie de l'église de la Résurrection à Jérusalem se fit montrer les tombeaux des rois chrétiens dont celui de Godefroid de Bouillon... et de Melchisédech, fait confirmé par d'autres témoins mais les Latins n'ont jamais souscrit à l'authenticité de ce tombeau.
La sentiment de pudeur n'aurait pas qu'une origine visuelle
J'ai souvent insisté, quand j'écris sur le rapport entre nudité et spiritualité en Occident, sur la dimension visuelle de la nudité à l'égard des anges (notamment des anges déçus).
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Or je tombais hier sur une remarque intéressante de Salomon Reinach (1858-1932) sous un article intitulé "Les sycophantes et les mystères de la figue", publié la revue des études grecques de 1906 puis dans le recueil "Cultes, mythes et religion".
Je n'épiloguerai pas sur la figue sur le thème de la figue à propos duquel le kabbaliste Cohen Alloro dit des choses intéressantes.
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Signalons simplement cet addendum de Reinach qui,fait référence à une lettre , paru dans la Revue archéologique de 1907, intitulée The Pharmakoi and the story of the fall que William Roger Paton (1857-1921) lui a adressée. Cette lettre trace une analogie entre l'expulsion d'Adam et Eve du paradis terrestre dans la Genèse et un rituel grec archaïque d'expulsion d'une femme et d'un homme nus de la cité.
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Il existe en Grèce un rituel ancien (Reinach y insiste : un rituel plus qu'un procédé technique car on ignore si cela fonctionne) dit de caprification (de capri-ficus en latin : figuier-bouc) : pour faire mûrir la figue du figuier cultivé, on le considère comme une femelle, et on le soumet à l'influence de fleurs et de branches de figuiers sauvages (supposés être mâles) qui nourrissent des pucerons qui percent de trous la surface du fruit cultivé et en facilitent la maturation (ça c'est Pline qui l'explique tardivement dans une forme de rationalisation). On trouve un analogue dans des bas-reliefs assyriens où un génie ailé féconde un dattier. C'est une hiérogamie. Or à Athènes, au mois de thargelion (au printemps), deux victimes appelées "pharmakoi" étaient conduites en dehors de la ville nues en portant des colliers de figues sèches : noires pour la victime masculine, blanches pour la féminine (selon Helladius). Les Pharmakoi étaient frappés sept fois avec des branches de figuiers sur les parties génitales, rituel qui pouvait être censé les rendre féconds à l'origine puis avoir revêtu avec le temps une dimension expiatoire.
Paton, réagissant aux premières remarques de Reinach sur les origines du mot sycophante (qui vient de "figue") rapproche ce rituel expiatoire du verset de la Bible à propos d'Adam et Eve : « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures », dit la Bible (Gen 3, 7). Ce verset qui manifeste les origines de la pudeur, note-t-il, en le reliant à la fécondité des figues, invite à penser que celui-ci sert surtout à protéger les orifices par où l'être humain procrée (ce qui explique que les peuples qui vivent nus n'imposent une tablier aux filles qu'après leur puberté, idem pour l'étui pénien des garçons) parce que, selon la mentalité primitive, des mauvais esprits pouvaient être tentés de s'y infiltrer, ce qui pouvait nuire à la santé de la descendance.
Il ajoute que cette idée de l'entrée des esprits par les orifices est souvent étendue au delà des orifices génitaux. Un hymne chrétien dit que la Sainte Vierge fut fécondée par une oreille (quae per aurem concepisti) et pour la même raison les femmes musulmanes couvrent leur bouche (Edwin Sidney Hartland, The Legend of Perseus).
Voilà une approche à laquelle je n'avais pas pensé.
L'Heptaméron et Marie-Madeleine
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Dans notre précédent billet sur Marguerite de Navarre et Ste Marie-Magdeleine, nous avons un peu laissé en suspens la question de savoir si l'Heptaméron était un recueil de nouvelles codées, et celle, plus spécifique, de savoir si la 32 ème nouvelle, dans laquelle une jeune et belle femme adultère en Allemagne est forcée par son mari de boire dans le crâne de son amant assassiné par ce dernier et d'avoir les os de ce dernier dans son armoire. parlait de la sainte pénitente d'un bout à l'autre (en langage codé) ou seulement à la fin (sur un mode manifeste).
L'historien de la poésie de la Renaissance François Rigoulot, s'est confronté à cette question dans Renaissance Quartely en 1994 en essayant quelques hypothèses sur une possible dénonciation "protestantisante" par la nouvelle du culte des reliques de la pénitente de la Sainte Baume, hypothèse quand même assez peu probable quand on songe au rapport de Marguerite de Navarre au catholicisme très bien disséqué par Jean-Marie Le Gall, dans « Marguerite de Navarre : The Reasons for Remaining Catholic », A Companion to Marguerite de Navarre, p. 59-87, paru en 2013.
Plus récemment, dans un article paru en janvier 2021, « Véritable Histoire: L’Heptaméron et la Madeleine », Gary Ferguson s'interroge aussi sur ce qu'a pu être le rapport de la reine de Navarre aux reliques (elle qui s'est occasionnellement inclinées devant certaines, et a largement subventionné des institutions ou des mystiques très attachés à leur culte), et il montre que l'Heptaméron est assez modéré (comme son autrice) sur la question, ne tranchant pas la question de savoir s'il s'agit de superstition ou d'une marque sincère de piété (voir la nouvelle 65). Le protestant Théodore de Bèze allaient d'ailleurs lui reprocher d'avoir classé, avec Roussel, ce genre de dévotion au nombre des choses indifférentes.
Ferguson rappelle l'attitude sceptique du proche de Marguerite de Navarre, Demoulins de Rochefort, auteur de la Vie de la belle et clere Magdelene (1517), commandée par Louise de Savoie (la mère de Marguerite) après le pèlerinage de la famille royale à la Ste Baume, à l'égard de la relique du chef de la disciple de Jésus, et du bout de chair, le Noli me tangere, qu'il propose d'appeler le Noli me credere. Marguerite aurait été partagée entre les avis avancés des intellectuels sur la question des reliques et sur le fait que Marie Magdeleine ne pouvait être assimilée à une prostituée (qui est aussi la position, notons le, de la visionnaire allemande Soeur Catherine Emmerich à la fin du XVIIIe siècle), et les éléments de la tradition catholique.
Avant la nouvelle 32, la nouvelle 19 fait aussi référence à la sainte pénitente. raconte l'histoire de deux jeunes gens, un gentilhomme et sa bien-aimée Pauline, tous les deux au service du marquis et de la marquise de Mantoue. Après que leurs maîtres leur ont refusé la permission de se marier, les amoureux se font religieux franciscains. En conclusion, ils vivent, selon la narratrice, « si sainctement et devotement en leur observance, que l’on ne doit douter que celuy, duquel la fin de la loy est charité, ne leur dist à la fin de leur vie comme à la Magdaleine, que leurs pechez leur estoient pardonnez, veu qu’ils avoient beaucoup aimé ».
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Marie-Madeleine Fontaine dans "Marie Madeleine, une sainte courtisane pour les dames de cour", Female Saints and Sinners, Saintes et mondaines (France 1450-1650), dir. Jennifer Britnell et Ann Moss, Durham, Durham University, coll. Durham Modern Languages Series, 2002, p. 1-37, a montré que cette nouvelle est liée au pèlerinage qu’a effectué la famille royale à la Sainte-Baume en janvier 1516. Dans la suite de François Ier à l’époque se trouvait Frédéric de Gonzague, qui avait été fait prisonnier pendant la campagne italienne. Celui-ci décrit le pèlerinage dans les lettres qu’il adresse à sa mère, Isabelle d’Este, marquise de Mantoue. Or, l’année suivante, en avril 1517 (voir ici), Isabelle décide de faire le même pèlerinage, retraçant à l’identique la route suivie par la famille royale française. Pour Marguerite, comme l’explique M. M. Fontaine, « tout cela défigurait et rabaissait en quelque sorte son propre pèlerinage, et surtout nuisait au caractère royal et national qu’elle a contribué à mettre en place avec sa mère autour de Madeleine ». La nouvelle 19 serait une vengeance contre Isabelle d’Este. On notera que ce pèlerinage de la Marquise de Mantoue eut quelques conséquences artistiques intéressantes aussi, puisqu'ensuite celle-ci commanda à Giulio Romano une Maddalena leggente inspirée d'un original perdu du Corrège, qui contribua à diffuser ce style de représentation inhabituel en Italie. Au delà des Alpes le pèlerinage d'Isabelle d'Este donna lieu à la rédaction par l'humaniste Mario Equicola d'un récit Iter in Narbonensem Galliam qui raconte de le pèlerinage et compare la marquise à la Madeleine, car son comportement fut stigmatisé quand son mari était prisonnier à Venise en 1509. Mario Equicola étant un disciple de Lefèvre d'Etaples, il y avait glissé que Magdeleine n'était pas la prostituée de chez Simon le Pharisien, les pages sur ce point furent censurées (couvertes de feuilles de papier). Le fils d'Isbelle d'Este, Federigo, allait ensuite commander au Titien une Madeleine "avant sa conversion" très sensuelle pour la très pieuse Vittoria Colonna (1490-1547), poétesse et marquise de Pescara, qui la trouva fort à son goût, ce qui conduit les historiens à débattre en profondeur sur le véritable sens
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de cette nouvelle Magdeleine.
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Pour revenir à Marguerite, ce qui intéresse Ferguson dans la nouvelle 32 c'est qu'une des commentatrices à la fin de l'histoire se demande si Magdeleine pécheresse repentie doit être regardée comme ayant ou non plus de mérite qu'une vierge. Il rappelle que les diverses iconographies (la nudité de Madeleine à la Ste Baume, les anges comme des cupidons à ses côtés) et la spéculation sur les femmes qui dans l'Evangile oignent les pieds et la tête du Christ ou seulement sa tête, tracent l'ambiguité d'une Magdeleine prise entre ciel et terre, ambiguité qui était aussi celle de la noblesse française et de la famille des Valois.
"Cette Madeleine double – spirituelle mais aussi noble, mondaine et sensuelle –, écrit Ferguson, même si elle est une fiction, a pu interpeller Marguerite, incarnant pour elle une vérité religieuse qui touchait de près à sa situation personnelle et à celle de sa famille, surtout à celle de son frère. Car la dualité était de nature réversible : si la sainte pénitente était toujours la pécheresse, les activités de sa jeunesse, à l’inverse – les fêtes, la chasse, les amourettes, illustrées avec tant de finesse par Godefroy le Batave –, ne sauraient être simplement dénoncées ; dans une certaine mesure, elles sont valorisées et douées d’un potentiel spirituel. Dans cette optique, la figure de la Madeleine serait comparable au discours néoplatonicien à la Renaissance. Si celui-ci prônait comme fin idéale la transcendance, il était souvent mobilisé pour justifier et anoblir des amours terrestres et physiques. "
Le sujet va très loin. Car il s'agit d'appliquer 1 Jean 4:20 "Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas?" également à l'amour érotique (on n'est pas loin du tout là, pour le coup des saint-simoniens dont je parle dans mon livre sur Lacordaire, et cela donne une coloration très particulière au "C'est pourquoi je vous déclare, que beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé : " de Luc 7:47.
Certaines indulgences de Marguerite à l'égard des frasques amoureuses de François Ie y trouvent leur source (ce que d'ailleurs condamna explicitement Montaigne dans son Essai "Des prières")
"Ainsi la figure de Marie Madeleine, ajoute Ferguson, – celle de la tradition, la composite – a pu confirmer Marguerite dans la conviction que même si les plaisirs de la chair étaient des péchés, ils n’étaient pas les pires, ceux qui éloignaient le plus de Dieu ; voire, dans certains cas, ils pouvaient même conduire à lui".
Ferguson rappelle aussi que dans l'entourage de Marguerite de Navarre on était sensible au magistère de Marie Magdeleine. La Vie de Demoulins prolonge l’histoire en affirmant qu’après l’Ascension du Christ, l’apôtre des apôtres a prêché, aux côtés de ses condisciples masculins, dans la région de Judée. L'illustration de Godefroy le Batave souligne cette activité de prédication on la voit parler l’index droit levé ou se tenant derrière une sorte de pupitre.
Marguerite qui avait commandé une copie du Mystère des Actes des Apôtres (vers 1465), attribué à Simon Gréban, en un temps où l'on cherchait à se rapprocher des premiers chrétiens, pouvait être sensible au passage de la Vie de la belle et clere Magdalene qui la montre recevant l'Esprit saint avec les Apôtres à la Pentecôte (la nouvelle 67 de l'Heptaméron insiste sur le rôle évangélisateur des femmes).
"Dans certains cercles catholiques réformateurs en Italie, rappelle Ferguson, on accordait également beaucoup d’importance aux rôles des femmes dans l’Église et à Marie Madeleine : au couvent de Sainte-Marthe à Milan, par exemple (cette sainte Marthe, rappelons-le, que la tradition considérait comme la sœur de Marie Madeleine). Le couvent était dirigé par l’abbesse charismatique, Arcangela Panigarola. Entre 1512 et 1520, celle-ci a entretenu une correspondance avec Denis Briçonnet, ambassadeur extraordinaire de François Ier dans les années 1516-1519. Son frère aîné, Guillaume, a aussi échangé un certain nombre de lettres avec l’abbesse, quelques années avant de commencer sa correspondance plus célèbre avec Marguerite de Navarre (1521-1524). Le cercle milanais était influencé par les idées du franciscain, Frère Amédée Menez de Silva ou du Portugal (v. 1420-1482), qui mit par écrit une « révélation angélique » concernant, en partie, la Madeleine. Selon le Frère Amédée, celle-ci serait bien la sœur de Lazare et de Marthe, mais non pas la pécheresse notoire de l’Évangile selon saint Luc. Ce texte était connu de Marguerite de Navarre, parce que François Demoulins l’avait inclus, en latin et en traduction française, dans le manuscrit".
A titre personnel, j'aurais envie d'ajouter un petit détail un peu étrange si l'on part sur l'idée que la 32e nouvelle de l'Heptaméron est codée que, à la fin du conte, quand l'envoyé du roi Charles VIII Bernage persuade le mari trompé de pardonner à sa femme au vu de son repentir, l'ambassadeur de retour à Paris demande à un certain "Jehan de Paris", peintre, d'aller faire le portrait de la repentante. Ce point tombe un peu "comme un cheveu sur la piste". L'éditeur de l'Heptaméron Michel François explique de Jean Perréal, dit de Paris, "peintre fameux de la fin du XVe siècle dont le nom même était resté à peu près ignoré jusqu'aux travaux du Comte Léon de Laborde" était célèbre dans la région de Lyon. Il fut peintre ordinaire et valet de chambre de Charles VIII, faveur qu'il conserva encore sous le règne de François Ier. La plupart de ses oeuvres sont perdues. André Vernet, futur membre de l'Institut, dans un article de 1943, Jean Perreal, poète et alchimiste, avait mis en lumière l'oeuvre d'alchimiste de ce peintre poête, et en 1948 lui avait attribué le poême Complainte de la Nature, première transcription en vers français du savoir alchimique. Depuis lors, dans les années 60 une enluminure de Perreal a été retrouvée, puis d'autres oeuvres lui ont été attribuées mais sans certitude.
Faut-il penser que l'alchimie de Perreal avait un rapport particulier à Marie-Madeleine (ce qui nous conduirait sur les terrains glissants d'une Madeleine liée au Grand-Oeuvre - cf le livre dirigé par Brigitte Barbaudy-Ngoma) ? ou s'agit-il une fois de plus d'une référence à la famille d'Este (comme dans la nouvelle 19), puisqu'il est avancé comme hypothèse qu'il a fait un portrait en 1492 de Béatrice d'Este, 17 ans, fort jolie soeur de la précitée Isabelle d'Este, à l'initiative d'un pèlerinage intempestif à la Sainte-Baume ?
Marguerite de Navarre à la Sainte Baume
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Les éléments que je vais exposer ici sont principalement empruntés à l'excellent livre de Patricia Eichel-Lojkine, professeure de littérature française du XVIe siècle à l'université du Mans, "Marguerite de Navarre, Perle de la Renaissance" publié aux éditions Perrin en 2021.
Après la campagne de son frère François Ier dans la région de Milan (et la victoire de Marignan) en 1515, et la rencontre du roi avec le pape Léon X en décembre, Marguerite d'Angoulême (23 ans, duchesse d'Alençon et pas encore reine de Navarre) est censée le retrouver dans les Etats de Provence (qui ne sont français que depuis 35 ans), en janvier 1516. Là s'est développé depuis 300 ans un pèlerinage très important sur le lieu présumé de l'exil de Sainte Marie-Madeleine, la grotte de Sainte-Baume. Anne de Bretagne et Louis XII notamment l'avaient visité en 1503. La mère de Marguerite d'Angoulême, Louise de Savoie, voue une dévotion particulière à la sainte pénitente.
François Ier alla s'incliner devant les reliques de la sainte à Saint-Maximin le 20 janvier 1516. Dans son livre consacré à Marie-Madeleine, le théologien Maximin-Martial Sicard (1842-1918) précise que les femmes "fussent-elles princesses ou reines" n'avaient pas le droit d'entrer dans la crypte. La reine Claude, la reine-mère Louise de Savoie, Marguerite d'Angoulême et les femmes de l'aristocratie qui les accompagnaient se recueillirent donc à l'extérieur.
Le lendemain, le 21, ils montèrent ensemble à la grotte où l'église était délabrée (la famille royale allait faire un don pour la réparer ainsi que l'hospice des étrangers). Sicard précise (ce que Mme Lojkine hélas ne reprend pas) que François Ier "plaça un portique à l'entrée de la grotte. Il était orné d'un frontispice d'ordre corinthien, mêlé de gothique, avec entablement surmonté d'un fronton brisé au milieu, un bas-relief représentait sainte Marie-Madeleine portée par tes anges au Saint-Pilon. Le fronton était encadré par deux statues de trois pieds, l'une de saint François d'Assise, patron du roi, l'autre de saint Louis, roi de France, patron de Louise de Savoie, sa mère. Le fils et la mère se firent, en outre, représenter eux-mêmes à genoux entre ces deux statues et le bas-relief. L'ouverture de ce monument fut ménagée de telle sorte que tes rayons du soleil n'entraient, dit-on, dans la grotte que le 22 juin" (à moins que ce ne soit le 22 juillet fête de Marie-Madeleine, mais je ne crois pas que Sicard ait pu se tromper de mois). François Ier allait y revenir en 1533 et cinq ans plus tard mettre la forêt à l'entour sous sa protection.
C'est lors de ce pèlerinage que Marguerite aller croiser pour la première fois Henri II d'Albret, 12 ans, qu'elle allait plus tard épouser en tombant fort amoureuse de lui.
Avant la dévotion à Ste Marie Magdeleine, la princesse et les reines parties d'Angers le 20 octobre 1515 sont passées par Lyon en décembre, Valence, Montbéliard, Pont-Saint-Esprit, Orange, Avignon. D'Avignon elles ont pris le bateau jusqu'à Tarascon où elles ont fait leurs dévotions au sanctuaire de Sainte-Marthe, la soeur de Marie-Madeleine. Puis elles ont poursuivi vers Salon, Aix et Saint-Maximin où elles sont arrivées le 31 décembre 1515.
Patricia Eichel-Lojkine ne dit rien l'ascension de la Sainte-Baume, mais précise (p. 58) que le 12 février, la reine-mère Louis de Savoie, sur la Drôme, reçoit une révélation intérieure : de demander à son fils François Ier de réciter le Psaume 26, ce qui dans le langage de l'époque sera formulé ainsi "Madame fut spirituellement admonestée de faire parler son humilité à l'obéissance du roi son fils, et le supplier que pour oraison dévote il prît le psaume 26e, lequel est convenable pour lui".
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En souvenir du pèlerinage à la Sainte-Baume commande est passée à François Demoulins de Rochefort pour deux écrits sur la repentance et la modestie : une glose en français du psaume protecteur et une hagiographie de Marie-Madeleine.
Les pages du commentaire du Psaume 26 seront illustrées par Godefroy le Batave. On y voit Louise de Savoie et François Ier contemplant le crucifix. Les illustrations célèbrent la piété filiale de François envers sa mère et leur dévotion. La reine-mère sera si satisfaite qu'elle attribuera une généreuse pension à l'artiste.
Pour mémoire le Psaume 26 commence ainsi :
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?
Le traité sur Marie-Madeleine de Demoulins de Rochefort est consultable ici. Il est assez étrange. On y trouve par exemple une condamnation des pleurs qui sont pourtant un attribut important de la pénitente.
"Larmes humaines sont inutiles", écrit l'auteur, et l'enluminure jointe précise "Prier sert, pleurer est folie" autour d'une représentation de Marthe, Magdeleine et Lazare.
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Le traité raconte (en s'inspirant d'on ne sait quelle tradition) comment Lazare et ses soeurs "abandonnèrent les sépultures de ceux qui les avaient engendrées" et se partagèrent leur héritage : "Lazare prit ce qui était en Hiérusalem, Marthe ce qui était en Béthanie, et le château de Magdalon fut pour la belle Magdelene". "La pauvre Magdalene était trompée, car elle aimait les fils des hommes et dansait avec eux non advertie que le fils de Dieu qui en beauté surmontait toutes créatures humaines était venu en ce monde pour son salut."
Ce texte est si intéressant que je préfère en réserver l'analyse pour un autre billet, afin de ne pas trop surcharger celui-ci.
Patricia Eichel-Lojkine souligne (p. 59) que le pèlerinage à Saint Maximin et la Sainte-Baume et l'expérience spirituelle du recueillement autour de Marie-Madeleine a "transformé la famille (royale) unie dans l'humilité". Du côté de Marguerite d'Angoulême, cela va se traduira par une approche de son frère comme un nouveau roi David placé "sous le tabernacle de divine protection". Et Marguerite va désormais nourrir un véritable fascination pour Marie-Madeleine.
L'enseignante écrit (p. 59) : "La lecture de la vie de la pénitente et la vue des reliques en Provence la marquent durablement puisqu'elle y fera encore une allusion dans un de ses contes ( l'Heptaméron 32e nouvelle)". Je suis pour ma part assez réservé sur cet argument car la seule allusion à Magdeleine se trouve à la fin du conte quand Ennasuitte demande "Dites moi si la Magdeleine n'a pas plus d'honneur entre les hommes maintenant, que sa soeur qui était vierge ?". Mais cette seule mention sur 72 nouvelles est tout de même légère, compte tenu de la popularité de la sainte pénitente dans la chrétienté, cette vingtaine de mots sous la plume d'une écrivaine très croyante ne trahit pas l'existence d'une dévotion particulière. Sauf à considérer l'ensemble du conte comme un récit à clé, et voir par exemple dans les mentions des os de l'amant et du crâne une allusion aux reliques de la sainte (j'ai montré dans le même sens dans mon récit sur Lacordaire que son rapport au crâne de Mme de Sévigné pouvait anticiper sur la thématique du crâne chez l'ascète de la Sainte-Baume), mais il est assez hasardeux de s'aventurer sur ce chemin ne serait-ce que parce que je souscris à l'opinion du préfacier Michel François dans l'édition de 2005 selon laquelle les contes de l'Heptaméron sont des histoires vraies).
Demoulins de son côté va se lancer dans la recherche des "trois Maries" (Marie de Magdala, Marie la pécheresse et Marie de Béthanie soeur de Marthe) et montrer que le nom de Marie-Madeleine ne peut condenser ces trois personnages comme l'a cru à tort le pape Grégoire le Grand. Le savant sexagénaire Jacques Lefèvre d'Etaples dans son traité De Maria Magdalena de 1517 ira dans le même sens. Marguerite et Louise de Savoie soutiendront Lefèvre et Demoulins sera nommé grand aumônier de France en 1519. L'appui à Lefèvre, attaqué par la Sorbonne après la condamnation des thèses de Luther en 1521, n'allait jamais se démentir de la part des Valois..
Patricia Eichel-Lojkine raconte ensuite l'arrivée de la famille royale à Marseille où l'on vénère les reliques de St Louis d'Anjou. Elle y entre sous escorte de 1 500 chevaliers, 2 000 jeunes filles aux cheveux dénoués les accueillent et les accompagnent à la chapelle Notre-Dame de la Garde. L'historienne raconte la bataille de galères à coup d'oranges à la place des obus dans le port et la rencontre entre François Ier et un rhinocéros à corne unique de Goa à l'île d'If que le roi du Portugal veut offrir au pape.
Mais restons en à ces sujets de réflexion autour de l'influence de Marie-Madeleine sur la reine de Navarre. Je crois qu'il y a beaucoup à creuser de ce côté-là et que Patricia Eichel-Lojkine n'a fait qu'ouvrir le chemin. D'ailleurs ne faut-il pas voir encore une synchronicité autour de la famille de Béthanie, dans le fait que c'est un Charles de Sainte-Marthe , théologien poitevin disciple de Lefèvre d'Etaple, qui fut son protégé à Alençon et à Nérac, qui prononcera son éloge funèbre en 1559 ?