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La Vierge maritime

28 Août 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Christianisme

Il est des villages en bord de Manche où l'on bénit la mer. J'ai vu cela le 9 août dernier dans l'un d'entre eux. Ces cérémonies s'y déploient sans grandes convictions et les badauds sont surtout occupés à prendre en photo le prêtre qui embarque sur un petit bateau.

La cérémonie commence par un bel "Ave Maris Stella", cantique que certains attribuent à St Bernard de Clairvaux mais dont Wikipedia démontre qu'il est plus ancien.

On y chante aussi le cantique du départ qui est l’œuvre du Théodore Botrel, qui avait en son temps prétendu contrer l'influence des "refrains vulgaires rapportés des casernes par les conscrits ou semés au passage par les commis voyageurs" par des chansons qui fleurassent l'odeur de nos genêts et continssent un peu de la poésie de notre sol".

Puis encore "Astre béni du marin", qui est d'origine inconnue.

On pressent que tous ces cantiques dédiés à la Vierge prolongent de vieilles traditions de déesses océaniques. Rappelons qu'Isis, déesse rédemptrice du paganisme finissant, dont la Vierge Marie a repris de nombreux attributs, était aussi déesse de la navigation.

En Gascogne on chante "Estela de la mar" sur le même air que le "Bona Mair deu Bon Diu" béarnais et qui porte lui aussi sur le thème du Stella Maris.

Estela de la mar, en tot meishant passatge
Guida lo ton mainatge, e nos que't prometem
De't servir, de t'aimar, tostemps, tostemps (bis)

Lo jorn on la sofrença
E n's vienerà visitar,
Apren'nse dab paciencia
A saber tot suportar.
Vierje dolorosa
E tant generosa,
Au Golgotà.

Quan l'oratge menaci,
Gitant pertot la terror,
Shens har nat mau, que passi
Suu camp deu laboredor.
Per ta bona ajuda
Ne sia pas perduda
Tant de sudor.

A l'orfelin qui plora
En se créder abandonat
Ditz qu'ua mair qu'u damora
De tu qu'ei tostemps aimat
Doça protectriça
E consolatriça
De l'aflijat.

A l'òra deu gran viatge
Tentats pr'eu demon gelós
Entà qu'ajim coratge
Prega e pleiteja per nos.
Tu, la mair deu Jutge,
Tu, qui es lo refutge
Deus pecadors.

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Eustache-Hyacinthe Langlois

21 Août 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #down.under

 Eustache-Hyacinthe Langlois, né à Pont de L'Arche en 1777, relate dans le tome 1 de son essai sur les danses des morts (publié en 1832 puis en 1852 à titre posthume) une danse macabre au cimetière des Innocents à Paris en 1424 et (p. 132) une procession évoquée par De Villeneuve Bargemont dans son Histoire de René d'Anjou organisée par le duc de Beford après la victoire de Verneuil à Paris que présidait "un squelette ceint du diadème royal tenant un sceptre dans ses mains décharnées, et assis sur un trône resplendissant d'or et pierreries", spectacle auquel seuls les soldats anglais daignèrent assister. Cette procession fut unique mais Langlois estime que les danses macabres à but d'édification morale furent répandues dans les monastères et au cimetière des Innocents. Il y voit une résurgence de l'Antiquité puisqu'au IXe siècle le concile de Reims condamnait les beuveries avec présence de danseuses et acteurs à masques de démons aux anniversaires des décès des chers disparus.

Langlois note (p. 170) que l'usage de danser dans les églises s'est perpétué longtemps (avec parfois des dégénérescences en profanations).

Dans le tome 2, il déplore la disparition des monastères qui avaient tous leur conteur. Langlois écoutait à 11 ans celui de l'abbaye de Bonport. Un ancien sacristain perclus des jambes y conversait avec un corbeau. Il lui raconta l'histoire d'une jeune comtesse de Brionne victime d'un enchantement, poussée en rêve par son cousin qui s'était suicidé à exécuter une danse macabre avec lui sur les conseils d'un médecin juif, finit par y consentir et l'ayant fait après avoir craché sur son crucifix, mourut sur le champ - son fantôme hanta ensuite le lieu de son trépas.

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Voeu de Louis XIII

15 Août 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Vu aujourd'hui sur la porte d'une église la mention d'une "procession du vœu de Louis XIII" qui aura lieu ce soir.

"En juillet 1637, pendant un séjour à Abbeville, en Picardie, Louis XIII, accompagné de Richelieu, décida, dans l'église des Minimes de la ville, de consacrer une lampe à perpétuité à la Vierge dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce vœu était motivé par la reconnaissance du roi de France envers la Vierge de lui avoir permis de conserver la France dans cette période troublée par les invasions espagnoles et par la crainte que le royaume ne subisse une fois encore les incursions des armées étrangères."

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Sainte Geneviève

13 Août 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète

Sainte Geneviève

On peut être progressiste comme je le suis sans omettre de reconnaître la dette de la France d'aujourd'hui à l'égard de Saint Geneviève, et de bien d'autres héros chrétiens. Les Soufis musulmans sont fiers à juste titre de la figure de Roumi qui, à Konya, affrontait les flèches des Mongols. Nous devons l'être de Geneviève la patricienne gallo-romaine qui fit reculer la barbarie chamanique d'Attila (car le chamanisme n'est peut-être pas si bon que les spécialistes du "développement personnel" le croient, même s'il eut son utilité, chez Pythagore par exemple) et dont la vertu était telle que Siméon le Stylite près d'Antioche prenait de ses nouvelles (il ne la connaissait pas de réputation comme l'a cru Kundera mais par clairvoyance, comme l'homme de 2014 mon enfance).

Quand je lis son hagiographie médiévale, qui, bien sûr, est émaillée de légendes comme toutes les vies de saints, je trouve aussi des éléments que connaissent bien les médiums contemporains comme par exemple le "voyage astral" (qui dans son cas dura trois jours), la clairvoyance, le don de guérison. Et je ne puis douter que cette sainte fût un grand personnage. Je pense que nous avons eu la chance d'en avoir un certain nombre ainsi entre la Loire et la Somme au moment de la chute de l'Empire romain : ils ont sauvé ce qui devait l'être de la culture antique et de l'amour chrétien (St Aignan, St Germain, etc) . Rappelons nous ce passage du Génie du christianisme de l'immense Chateaubriand au sujet de Ste Genevieve : "De qui la Gaule tiendrait-elle ses troubadours, son esprit naïf et son penchant aux grâces, si ce n'est du chant pastoral, de l'innocence et de la beauté de sa patronne ?"

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Origines du christianisme vues par Jonathan Black

10 Août 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Christianisme, #Histoire secrète

Dans son tour d'horizon occultiste "L'histoire secrète du monde", Jonathan Black présente Huitzilopotchtli, né d'une vierge, et qui crucifia un sorcier, comme un "vortex" énergétique (qu'il situe hélas en Amérique du Sud, or ce dieu est Aztèque, et le Mexique actuel n'est pas en Amérique du Sud) opposé à celui de Jésus, et contemporain de celui-ci. Il fait référence aux danses circulaires dans les Actes de Jean, qu'il rapproche des danses solaires en l'honneur de Krishna. Toujours très approximatif il ose avancer (p. 353) que Clément d'Alexandrie né en 150 "pourrait avoir connu des personnes qui avaient elles-mêmes connu les apôtres" (ce qui est aussi sot que de dire que des gens nés en 1950 peuvent avoir connu des personnes qui ont connu le règne de Louis Philippe). Il note que lui et Origène croyaient en la réincarnation puis fait un détour par le néo-platonisme, puis met tout cela en tension avec l'astrologie et avec l'alchimie (dont la naissance est contemporaine de celle du Christ (je lisais les pages intéressantes de Jung sur Zozime le Panapolitain à ce sujet il y a peu). Après un détour par Mani, St Augustin, St Patrick, la fondation de Constantinople avec le déplacement du Palladion, l'assassinat d'Hypatie, il se fait l'avocat du maintien du contact direct avec le divin (défendu par les néo-platoniciens et la Gnose).

Black se réjouit de la défaite d'Attila face à Rome, Attila, le chamane qui mobilisait des bruits de cloches et de chiens pour avoir derrière lui ses morts et les âmes des animaux sauvages, car les chamanes ont des dieux inférieurs aux dieux planétaires : le chamanisme est selon lui une dégénérescence d'une vision initiale de l'humanité magnifique (p. 370). La direction donnée par Pythagore, Platon, Jésus et Paul était non seulement le pouvoir matériel, mais aussi une supériorité intellectuelle libre dans le monde des esprits (contre les logiques de lignée - voir l'amour de Jésus et de Marie Madeleine). Contre le chamanisme ces penseurs prohibaient les drogues et préservaient l'esprit critique. Selon Black l'Islam, en alliant monothéisme radical et aristotélisme, en empruntant à l'hindouisme, au zoroastrisme et au bouddhisme donnerait de nouveaux éléments scientifiques à l'Europe, tandis que le soufisme fournissait un pendant ésotérique et féminin à la religion officielle. Charlemagne, possesseur de la lance de Longinus, à tenter de rivaliser avec la cour de Haroun al-Rachid.

"Vous pensez peut-être que l'histoire de Perceval n'est qu'une allégorie, lance Black p. 388, mais, dans l'histoire secrète, c'était un homme de chair et de sang, une réincarnation de Mani, le fondateur du manichéisme du IIIe siècle. Bien qu'il ne le sût pas, il était également le neveu de Guillaume de Gellone (dit aussi Guillaume de Toulouse, ou Guillaume d'Orange), paladin de Charlemagne, qui combattit contre les Sarrasins à Carcassonne en 793. Cette bataille coûta si cher aux musulmans qu'ils se retirèrent de France".

Perceval fut celui qui trouva le Graal là où Lancelot avait échoué. Le Graal est une pierre philosophale dans la première version germanique, le calice qui contient le sang du Christ. Le sang, c'est la part animale de l'être, le calice la part végétale. Chercher le Graal c'est rechercher un réceptacle pur pour transporter une forme d'esprit supérieur, c'est une tentative de purifier le végétal en nous polluée par l'animal (Rudolf Steiner).

En 869 (huitième concile œcuménique), l'Eglise identifie âme (végétale) et esprit (animal), le dogme remplace l'expérience personnelle. En 1028 on voit sur la cathédrale de Chartres Melchisédek portant le Graal, l'Islam a ramené l'astrologie abandonnée par Rome. La cathédrale construite sur un site consacré à la déesse mère, contient une vierge noire, "résonnance de la parenté entre Isis, mère du dieu Soleil, et Marie, mère de Jésus-Christ". Son labyrinthe oblige à effectuer une danse en cercle comme dans les Actes de Jean. "Le but du labyrinthe, comme de toute pratique initiatique, est d'atteindre un état de conscience alternatif dans lequel l'esprit s'élève dans le monde des esprits et fait l'expérience de la mort tout en restant en vie". Marie y est la nouvelle Ariane, et, selon l'égyptologue Schwaller de Lubicz les bleus et les rouges des vitraux (dont la technique est née en Mésopotamie) n'ont pu être obtenus qu'en séparant l'essence volatile des métaux, comme il l'avait tenté avec l'alchimiste Fulcanelli sur le modèle des éclats de verre qu'il avait retrouvés en Egypte. La rosace représente le chakra en feu.

Les Templiers dont le règlement fut rédigé par Bernard de Clairveaux et dont l'initiation emprunte au soufisme, à la sagesse de Salomon et au zoroastrisme, patronnèrent les premières corporations ("compagnons du devoir"). Le vendredi 13 octobre 1307 il fut décidé de les liquider. On laissera de côté les considérations de Black sur les prophéties de Joachim de Flore, les écrits de Ramon Lull et la prédication de St François d'Assise. (A suivre ...)

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