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A propos des slows
J'écoutais hier une interview de l'écrivain Frédéric Beigbeder datant de 2022 dans l'émission de Patrick Simonin sur "France 5" "L'invité". Il y déclarait à propos du slow dans les années 1980 en minute 4'47 :
"Avec les slows, on pouvait aller voir une fille qu'on ne connaissait pas et être serré contre quelqu'un, contre une inconnue pendant trois minutes, quatre minutes, quelle merveille ! (...) et en fait comme on était contre quelqu'un pendant la durée de la chanson, et que la musique est tellement... les slows c'est quelque chose de déchirant, on en tombait amoureux en fait... on pouvait tomber amoureux plusieurs fois en une heure... c'était quelque chose d'étrange... c'est quelqu'un qu'on ne connaît pas, et on le serre contre soi. C'est l'antithèse de la distanciation (de l'époque du Covid). On est là à avoir ce cadeau merveilleux. Et alors quand il y avait le quart d'heure américain c'était encore mieux car on était invité par une femme".
Cela m'a évidemment rappelé le slow le plus marquant de toute ma vie, que j'ai vécu dans nuit du dimanche 1er au lundi 2 novembre 1987.
J'en ai facilement retrouvé la trace dans mon journal de l'époque (2/11/1987).
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"Hier soir, écrivais-je, au club Clan Campbell, j'ai obtenu deux slows avec M***. Deux slows exquis, l'un contre l'autre, le rêve d'une semaine. Si j'avais une définition à donner du paradis terrestre, je dirais : une vie entière à danser un slow avec M***.
Cette attitude de ma cavalière sur la piste de danse, sa tendresse docile, répondait à mes attentes. En dehors de cela, plus ou moins ostensiblement elle me fuyait. Je trouvais son attitude ambiguë à mon égard, mais l'était-elle vraiment ?
Quoi qu'il en fût, il fallait que j'en eusse le coeur net, et, lorsque la première série de slows s'acheva, je me retrouvai à nouveau bêtement dans l’effroyable doute, comme l'avais été tant de fois dans ma vie. Il n'est rien de pire que d'être entre chien et loup, d'avoir peur des éclaircissements autant qu'on les désire, et de ne voir aucune circonstance débrouiller la situation.
Le slow était notre seul point de rencontre, de communion même; Je priai donc pour que les rythmes de cette discothèque ralentissent, et que j'eusse le courage d'inviter une dernière fois M***. Je méditais, et l'idée que je réussisse à sortir avec elle n'avait aucune prise sur moi. Il fallait obtenir un 'non' sans appel, et l'obtenir dans les règles de l'art sans avoir rien à se reprocher comme maladresse ou lâcheté. Les autres qui me voyaient seul me croyaient triste, certains savaient cependant vers qui je tournais mes pensées. Je remercie Dieu pour l'élan de courage que vers 1h30 il me donna. Lorsque vint le dernier slow, je requérais M** qui consentit.
Par bonheur, elle avait envie de parler. Elle retirait par intervalles la tête de contre mon épaule. Elle commença par me parler des relations entre les gens de la classe. Elle dit que sans moi ce soir pour danser avec elle, elle eût été bien délaissée".
Je passe la suite du récit qui raconte comment la fille, au delà de sa "tendresse docile" au moment du slow, finalement m'attira plutôt sur le terrain de l'amitié alors que tous mes petits camarades étaient persuadés que nous "sortions ensemble", comme on disait. Le texte comporte aussi ensuite une sorte de "flashback" sur les premières heures de la soirée où je raconte les premières danses endiablées (ce fut une des rares fois où je me suis vraiment "lâché" sur une piste de danse dans l'ambiance bon-enfant du Béarn qui me mettait en confiance), et les filles un peu éméchées qui dissertaient sur le "cogito" de Descartes (nous étions une classe de Terminale littéraire qui découvrait la philosophie depuis peu) ce qui éclaire un peu ce qui s'est ensuite mis en place quand la musique a ralenti...
On aura compris qu'il y avait dans ce récit toute l’ambiguïté sensuelle qu'évoquait Beigbeder, laquelle fait qu'on tombe amoureux, mais seulement le temps d'une chanson. J'ai déjà évoqué l'action de la musique sur l'âme à propos de Hildegarde de Bingen. C'est un thème très connu depuis Pythagore et qui commence depuis peu à être mieux compris sur le plan scientifique, à défaut de l'être du point de vue spirituel, j'y reviendrai un jour. En fait, les slows (il me semble qu'il y avait notamment eu parmi les deux ou trois que j'ai dansés avec M*** Careless Whisper de George Michael, mais c'est très loin dans mes souvenirs maintenant) étaient conçus pour provoquer cet effet d'envoûtement qui faisait que, enlacés, nous ne savions plus vraiment qui nous étions ni ce que nous ressentions au-delà de l'instant partagé et que cela n'avait à nos yeux pas vraiment d'importance, au moins sur la piste de dans (même si ensuite, comme on le voyait, il allait falloir, à la fin de la musique, tirer une ou deux choses au clair). On pourrait probablement soutenir que cette "communion", au delà du rapport intersubjectif avec la personne avec qui l'on dansait, était peut-être aussi tournée vers autre chose, vers les entités qui ont présidé à la conception de ces musiques et dont les paroles parfois célèbrent les pouvoir "magiques" - je vous renvoie à toute la littérature sur l'occultisme dans la pop music et à mes remarques de 2014 sur un morceau peu ou prou lié au vaudou comme Let the music play de Shannon.
La question que je me pose aujourd'hui est la suivante : si l'on admet que les corps ont une dimension éthérique qui fait que leur union a son double dans les plans invisibles (ce qui fait dire à Saint Paul dans 1 Cor 6:16 que celui qui s'unit à une prostituée ne fait qu'un avec elle, et c'est ce qui fait que beaucoup de masseuse ont des expériences paranormales ou doivent recourir à des purifications rituelles après le contact tactile), se peut-il que les personnes qui ont dansé des slows ensemble à la fin du siècle dernier aient gardé aujourd'hui des scories de cette union éthérique (même en l'absence de rapport sexuel) dans les plans invisibles (ce que le New Age appelle le "plan astral") ? ou bien tout ceci était-il soumis à un régime de péremption de quelques jours, de sorte que les slows d'autrefois ne seraient plus que des curiosités archéologiques inoffensives dans un passé lointain ? A l'inverse si les scories existent, celles-ci doivent-elles être nettoyées ?
Les décorporations de Béatrice Konrad
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Thérapeute psycho-corporel et énergétique, disciple du praticien du shiatsu Michel Odoul, Béatrice Konrad fait de la massothérapie à Genève. Elle raconte sur YouTube sa décorporation à 21 ans, d'autres décorporations plus récentes, et un signe reçu dans un centre commercial quand son père était mourant (cf ci-dessous). Elle en parle dans des termes très "New Age" (le "bas astral", "partir vers la lumière" etc).
Des personnes dans les commentaires disent avoir vécu des décorporations similaires. Une d'entre elles ajoutait le 10 avril dernier : "J’ai fait des sorties du corps assez souvent. Je n’ai pas de contrôle sur « quand » où la façon dont ça arrive mais j’ai remarqué que, si jamais je récite un chapelet, c’est 100% sûr que ça arrive. Du coup, j’ai arrêté car j’ai peur de ne pas être capable de revenir dans mon corps. J’ai aussi vu Jésus à la fin d’un tunnel. J’arrive à pénétrer les murs (mais je suis claustrophobe, donc je suis restée coincée plusieurs fois) et à voler sur la planète n’importe où mais pas au delà des 3,000 mt de hauteur car j’ai peur de ne pas arriver à gérer. J’ai aussi vu dans le futur. Par exemple les événements du 09/11 je les avais déjà vus en rêve/songe un mois avant qu’ils se produisent. Voilà. Je trouve que c’est vraiment dur, de mener une vie normale sur terre quand on arrive à mettre « le nez » de l’autre côté. Je n’arrive pas à comprendre qu’est-ce que je dois faire sur terre. Ma mission".
Tout le monde ne vit pas bien les décorporations. Dans les commentaires quelqu'un ajoute : "J'ai aussi vécu une sortie de corps.. avec ces ténèbres.. c'était il y a 26 ans et depuis je n'ai cessé de lire.. chercher.. questionner.. par contre ma vie a été plutôt horrible depuis cette sortie.. je suis passé très très près du suicide.. "
Un amateur d'égyptologie, Yoann Ledeuil, constate : "Pour ma part j'ai fait pas mal de sorties astrales non contrôlées. Mais ça ne m'a rien apporté."
Un sceptique finement observe : "Le mot de la fin: "je suis thérapeute".... je ne sais pas pourquoi je m'y attendais..... Je préfère écouter des témoignages où il n'y a rien a "vendre"/promouvoir derrière, sinon ça sonne faux." Une autre dans la même veine : "La dame dit bien qu elle était dépressive voilà l'explication. Elle est toujours agitée d ailleurs."
Personnellement je reconnais qu'il est un peu gênant effectivement que la personne soit thérapeute. On peut la soupçonner d'inventer son histoire au moins partiellement pour promouvoir son entreprise ; partiellement seulement, car il est très probable que ce soit en effet à cause de ses décorporations qu'elle ait eu envie de devenir thérapeute - on peut même se demander, d'un point de vue chrétien rigoriste, si les "guides" (dont elle ne parle pas, mais beaucoup de "thérapeutes" en ont), ne l'ont pas justement fait se décorporer pour l'entraîner sur la voie des soins New Age, et entraîner des "clients" sur la même voie de garage spirituelle (dans les commentaires des gens disent carrément qu'ils voudraient qu'il leur arrive la même chose).
Le côté auto-promotionnel m'a aussi fait penser au cas que je cite dans mon livre sur le complotisme protestant des "médiums" français Daniel Meurois et Anne Givaudan qui racontaient leur incursion, à la faveur d’une « décorporation », dans le monde souterrain de l’Agartha qu’ils décrivent avec un luxe de précision comme l’articulation de sept mondes. Selon eux, Jésus-Christ y pénétra "en un éclair" à l’issue de son supplice, et "c’est là que son travail de régénération éthérique de la planète prit une forme définitive' (je reviendrai peut-être un jour sur les diverses thèses concernant les voyages de Jésus en Inde, au Tibet etc où pourrait se trouver une porte du légendaire Agartha). Dans ce cas l'argument de la décorporation prend des dimensions très spectaculaires qui le rend suspect d'être produit uniquement pour faire "avaler" une thèse digne des plus grandes épopées romanesques.
Mme Conrad est plus prudente (ou feint la prudence ?) quand elle répète souvent qu'elle ne sait pas vraiment ce qui se passait. Du coup tout cela sonne plus authentique. Mais ce n'est pas parce que c'est authentique (ou vécu comme authentique) que ce n'est pas à prendre avec beaucoup de pincettes. Le monde spirituel peut nous faire vivre des tonnes de choses très étranges (et je suis bien placé pour en parler) sans qu'elles soient forcément orientées pour le meilleur - le témoignage des commentateurs que leurs "décorporations" ont laissée "en panne de sens", et même avec des idées suicidaires, en sont la preuve - quand elles ne sont pas carrément destinées à servir des entreprises à grande échelle visant à perdre des milliers de gens dans les erreurs du New Age (comme au XIXe siècle on les perdait dans "l'erreur spirite" comme le disait Guénon...).
Je n'ai aucun avis définitif sur tout cela, mais je recommande simplement la prudence, le discernement. Il ne faut pas foncer tête baissée dans le spectaculaire, simplement du seul fait qu'il se pare de bons sentiments dégoulinants.
Encore une image bien triste du monde des massages
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Hélas, à chaque fois que j'essaie de comprendre ce qui se passe, sur le plan spirituel dans les instituts de soin et de bien-être, je tombe sur des réalités bien peu reluisantes. Je vous avais raconté en 2019 (voyez ici) mes découvertes que j'avais faites trois ans plus tôt sur une réflexologue normande. Le plus drôle est que la Radio chrétienne de France n'avait pas hésité à faire la promotion des activités de cette personne, ce qui m'avait persuadé de donner quelque publicité à l'interview que j'avais faite d'elle en 2016. Une responsable d'une antenne locale de cette radio, au profil très bourgeoisie de province, chef d'entreprise etc, aux idées progressistes (et surtout narcissiques), quand je lui avais fait remarquer les dangers qu'il y avait à confier ses pieds, ses réseaux énergétiques à quelqu'un qui voit des esprits autour de vous, et entretient un commerce avec eux, avait tenté de se faire pardonner en me promettant de m'autoriser à parler sur ses ondes de mon expérience auprès des médiums, puis, elle avait rompu cette promesse en prétextant qu'elle avait déjà trop de travail à couvrir les élections européennes et un événement culturel local : mettre l' "actu" la plus périssable au dessus du sort des âmes qui se perdent dans les instituts de bien-être et de beauté, voilà qui est bien peu chrétien et qui en dit long sur le niveau de corruption morale des médias liés aux institutions catholiques en ce moment.
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J'ai tenté à nouveau hier un salon de massage de bien-être, voulant absolument ne pas pouvoir être taxé de dogmatisme : je veux toujours savoir en quoi le corps peut "malgré tout", malgré sa chute, être connecté au divin et manifester quelque chose de lui, sans se compromettre avec des entités invisibles suspectes. Je croyais avoir choisi une praticienne respectable, qui affichait d'ailleurs son diplôme professionnel. Avant la séance, j'ai parlé avec elle de mes déconvenues chez les énergéticiens de tout poil. Comme les médiums, les masseurs de bien-être (qui ont arraché aux kinés en 2021 le monopole du terme "massage"), modeleurs et réflexologues sont toujours prompts à critiquer leurs collègues trop "perchés" ou mal inspirés, mais, au bout de quelques minutes, on comprend assez vite qu'on reste avec eux toujours dans le même univers (le même cercle de l'enfer). Cette dame, ancienne éducatrice, remplie visiblement de très bonnes intentions à l'égard de son prochain, n'a en effet pas hésité à me parler de son background spirituel. "J'ai connu, me dit-elle, le versant sombre du monde invisible à travers le reiki que pratiquait mon mari et qu'il a fini par utiliser aussi contre moi de la façon la plus pernicieuse qui soit. Mais en même temps j'en ai connu le côté lumineux à travers le maître spirituel de mon mari qui m'a aidé à sortir de cette manipulation". Puis la dame précise encore : "Parfois moi aussi je suis sur le point de percevoir des esprits autour de quelqu'un, mais je dis 'stop' pour que cela n'influence pas ma pratique. Et puis j'ai un esprit qui me protège". Et puis "on dit que j'ai des mains qui rendent heureux, j'ai peut-être un peu de fluide comme tout le monde" (cela m'a fait penser à cette masseuse dans le Sud-Ouest qui m'avait expliqué qu'elle avait reçu son fluide dans son enfance en fréquentant des femmes gitanes - et même en se faisant plus ou moins "confisquer" par elle, loin de ses parents : elle avait appelé son officine "les mains du bonheur"... cela promettait un "bonheur" des plus suspects).
Quand on connaît un peu le monde des magnétiseurs et de ceux qui pratiquent le monde invisible on sait ce que cela veut dire : cette dame, exposée à la sorcellerie, croit en être sortie avec l'aide d'un maître de reiki, mais, ce faisant, elle doit maintenant ses "protections" à une entité qu'elle croit bienveillante, mais qui lui dicte ce qu'elle doit penser (voyez le cas de ce médium spirite qui en 2020 reconnaissait que son "guide" dans le monde invisible ne lui laissait guère de liberté). Voilà entre les mains de qui l'on remet son âme quand on va se faire masser, et ce sans le savoir le plus souvent, car, à moins de parler avec le praticien/la praticienne ouvertement de magnétisme, il est très rare que celui-ci ou celle-ci vous accorde des confidences de ce type. En un sens ce n'était pas une surprise pour moi, simplement la confirmation de ce que je sais depuis des années, et que j'aurais pu aussi bien déduire du mandala que la masseuse glissait à côté de son nom sur la vitrine de son salon, ou du tatouage sur son bras, si je m'étais laissé aller à l'étudier (un jour je vous parlerai des tatouages qui relient à l'au-delà).
Quand une masseuse vous confie ce genre de chose (et c'est souvent poignant car vous touchez là non seulement à ses malheurs affectifs, mais aussi à tout ce qui "structurellement" va la conduire à la perdition), vous ne pouvez ni tenter de la convertir à brûle pour point (ce serait contreproductif) ni vous enfuir en courant. J'ai donc subi la séance avec elle malgré tout. Bizarrement j'ai prié beaucoup d'un bout à l'autre. J'étais inspiré à le faire, sans doute à titre de protection. A la fin la dame était bien moins cordiale qu'avant la séance. Peut-être a-t-elle perçu que mes "chakras" ne s'ouvraient pas à son "fluide", que quelque chose en moi résistait aux sortilèges de mes mains (ma "protection" à moi, qui, elle, n'a rien à voir avec les entités du deuxième ciel). Ou peut-être son "protecteur" lui a-t-il inspiré de mauvaises idées à mon sujet (j'ai connu une ancienne occultiste qui se persuadait que je causais des poltergeist chez elle, et une chamane convaincue que j'avais des "entités négatives" qui l'agressaient à chaque fois que je tentais de lui parler du christianisme). En tout cas dans ce salon de massage nous étions une fois de plus bien loin de Dieu et du salut qu'il nous promet à travers le message biblique et l'institution de l'Eglise. On était au désert, dans un monde où les gens recherchent un "bien être" que les entités (entités héritières des Nephilim) qui s'expriment dans les mains de ces dames si bien intentionnées mais si perdues spirituellement sont bien incapables de donner...
Le matin-même avant cette séance j'avais reçu le livre de Françoise Bonardel "Prendre soin de soi, Enjeux et critiques d'une nouvelle religion du bien-être", un mauvais livre très prétentieux qui mêle en les mettant sur le même plan des philosophies occidentales souvent peu compatibles entre elles (Platon, Hegel, Nietzsche, Heidegger), du bouddhisme etc, mais qui a au moins le mérite de rappeler qu'on ne peut attendre aucune élévation spirituelle d'une démarche de recherche du bien-être (à travers les massages, le yoga, l'hypnose, le Taï-Chi etc) que les gens n'utilisent qu'au service de leur égo pour se détendre, rester productifs (faire face à leurs responsabilités sociales etc) : il n'est de bonne spiritualité qu'au delà de l'égo, et contre lui...
Les rituels de nettoyage
Je progresse difficilement sur mon chemin de compréhension des choses du monde invisible et de l'esprit. Vous vous souvenez que je vous avais parlé en 2018 des streethealers charismatiques américains. J'en ai rencontré une sur Internet le 1er mars. Elle a spontanément proposé de me téléphoner, et de guérir une douleur bizarre que j'ai à la cheville gauche depuis trois ans. Sa "guérison", à ma grande surprise a parfaitement fonctionné pendant une heure, le mal disparaissant, puis semblant se localiser dans le mollet, avant finalement de reprendre sa place à mesure, que, en discutant avec elle, je découvrais peu à peu la méchanceté profonde de cette dame, si perceptible qu'elle semblait donner consistance à la parole de l'Evangile (Matt 7:22-23) : "Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité."
L'impression que cette chrétienne charismatique n'était pas purement personnelle. Elle-même me racontait qu'elle avait été rejetée par toutes les églises, s'était fait des ennemis partout, avait eu des tas de phénomènes paranormaux chez elle, et une paralysie qu'aucun médecin ne savait soigner, des symptômes qui "sentaient le soufre"...
Cela n'a fait que confirmer la mauvaise impression que j'avais retirée de prédicateurs/exorcistes évangéliques qui donnent des conférences d'Interner, mais plus généralement cela me rappelait toutes les fois où j'ai découvert beaucoup d'intolérance et de sècheresse de coeur chez les chrétiens, à l'encontre de la parole de Paul selon laquelle quand on n'a pas l'amour on n'a rien. Certes l'amour est principalement obéissance aux commandements, il va d'abord à Dieu et non à autrui dans l'ordre des commandements, et il est vrai aussi que l'apologie de l'amour dans la culture dominante (ténébreuse) est en fait destinée à couvrir le relativisme moral en laissant tout passer sous couvert de tolérance.
Oui, cela ne fait aucun doute, on ne doit pas chercher à tout prix à s'aimer les uns les autres dans une ambiance lénifiante qui fait le jeu des forces obscures, mais on ne peut pas accepter pour autant que l'héritage évangélique enferme dans l'intolérance et la méchanceté. Il y a cela à l'arrière plan du débat sur la conversion de Doreen Virtue, qui pour sa part heureusement évite l'écueil de la méchanceté, mais "gère" mal le conflit entre la douceur de son tempérament naturel et les positions très tranchantes que la Bible l'oblige à prendre comme on l'a vu dans un billet récent.
Cette problématique remet en selle celle du "nettoyage". Faut-il nettoyer l'âme autrement que par un abandon abstrait (quoique sincère à Dieu) ? Ou risque-t-on par ce biais de réintroduire forcément de la sorcellerie ? C'est la question que posait déjà de façon à peine esquissée mon livre sur les médiums en 2017. La question revient sans cesse. Quand j'ai vu tous les problèmes que j'attrapais au plexus solaire dès que j'allais recevoir un massage de bien être, je voyais bien que l'on ne peut pas ouvrir ses centres énergétiques n'importe comment à n'importe qui. Donc il y a toujours un danger à s'exposer à des "nettoyages énergétiques" dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Pour autant peut-on en faire l'économie ? Et la Bible les proscrit-elle ? Qu'est-ce que le baptême de feu dont parlait Jésus-Christ, si le baptême d'eau de Jean Baptiste, n'est qu'une des formes du mikvé judaïque comme le disait je crois André Chouraqi ? J'entendais ce matin le gourou indien Sadhguru recommander le nettoyage par le feu Klesha Nashana Kriya. Est-ce que le baptême par le feu promis par Jésus-Christ après le baptême d'eau de Jean peut être de cette nature là ? Certes Paul a souligné que le christianisme se vit en esprit et non dans les rituels, au point que les protestants l'ont complètement intériorisé et "dé-ritualisé" à un point que les catholiques n'ont pas pu suivre. Faut-il re-ritualiser ? Dé-ritualiser ? Ritualiser en croisant avec des spiritualités orientales (comme le fit le New Age) au risque que le mélange produise des monstruosités ?
La guérisseuse de rue évangélique dont je parlais plus haut me disait le 1er mars "tu as acquis le discernement spirituel il te faut maintenant le baptême d'eau. Elle me recommandait celui du groupe "La dernière réforme/Last reformation" (parce qu'il est délivré rapidement et sans préparation soulignait-elle)... un mouvement que certains milieux chrétiens jugent complètement hérétique et dangereux... Une médium qui aujourd'hui recommande de fuir toute référence religieuse, Maude, dans une interview par Skype le 1er mai dernier : "le baptême c’est de la magie noire". Alors, avec ce genre de rituel est-ce qu'on se "nettoie" ou est-ce qu'on importe des entités ?
Certains diraient : ne vous posez pas de question là dessus, posez la à Dieu et laissez vous guider. Sauf qu'à avancer "au feeling" comme ça, on se retrouve souvent dans des endroits très sombres. Ne pas trop réfléchir, certes, mais réfléchir un peu quand même. Ne partageons-nous pas un Logos en Christ selon Saint Jean ? Donc il y a bien une part de raison à suivre, même si elle reste forcément modeste dans ces processus. Alors Klesha Nashana Kriya ou pas ? En un sens la question ne se pose pas vraiment puisque cela ne se pratique pas en France. Mais bon, si un jour elle se posait, je serais sans doute bien embarrassé pour y répondre. En 2015, une médium avait voulu m'appliquer des moxas tibétains (procédés de combustion à base d’armoise censés purifier). Compte tenu des cochonneries qui me sont arrivées par la suite, et de l'incompétence de ladite médium pour les régler, je suis bien content que cela ne se soit pas fait. Mais la question de la légitimité de ces pratiques reste ouverte, me semble-t-il.
La québécoise

Rencontré une autre masseuse, "masseuse sophrologue" cette fois, jeudi dernier... Quadra, québécoise, très sympathique et cordiale. Mais au fond toujours le même arrière-plan spirituel : catholique d'origine, "tombée en amour" des représentations du Bouddha "symbole de l'équilibre", et, quand je lui demande "est-ce que vous n'êtes pas un peu médium ? est-ce que vous ne ressentez pas des présences ?", elle dit : "je refuse de répondre". Quand je précise "j'ai connu des masseuses médiums", elle hausse les épaules : "elles n'auraient pas dû vous le dire, ça peut faire flipper les gens - le magnétisme, la médiumnité, on l'a tous un peu en soi, on décide de le développer ou pas, c'est juste de la sensibilité". Preuve qu'elle en est un peu. Hélas cette idée "tarte à la crème" - "on l'a tous un peu, comme l'oreille musicale" - sent toujours par trop le piège et le soufre, pour mes narines délicates... D'ailleurs ces massages soi-disant relaxants au bout de 10 ou 12 heures font plus de mal que de bien. Ils éveillent des désirs, des incertitudes, quand ils ne plongent pas les gens dans de grosses fatigues. Une voie sans issue, comme notre époque en propose tant.
Existe-t-il des massages chrétiens ?

Mes recherches en sociologie du corps (notamment mon livre sur les massages chinois) et en sociologie des religions (notamment mon livre sur les médiums), me font aujourd'hui croiser une question : des massages chrétiens sont-ils envisageables compte tenu du rapport à la "chair" particulier qu'implique le message christique.
Tout d'abord il convient bien sûr de préciser que la chair dans le christianisme n'est pas le corps, mais une notion plus vaste qui englobe toutes les intentions et volitions purement personnelles qui ne sont pas parfaitement en ligne avec la volonté divine. De là on peut déduire que le corps peut malgré tout oeuvrer à son bien-être pourvu que cela ne soit mis au service de l'Ego (de la chair), mais d'une capacité à mieux servir le créateur. C'est ce que certaines tendances "hérétiques" du christianisme font (et notamment certaines branches new-age souvent influencées par les philosophies orientales et/ou les évangiles apocryphes), mais aussi des courants qui se veulent très "scripturaires", fidèles aux Ecritures canoniques.
C'est le cas d'un réseau de masseurs "Christian Massage" que j'ai trouvé récemment, situé dans l'Indiana, et qui comprend des masseurs américains, australiens et britanniques. Il appuie ses principes sur Matthieu 22:37 "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée."
Pour autant on peut douter du fait que ce réseau suive une ligne "orthodoxe"... Dans son glossaire, il reprend à son compte des notions de médecine orientale (Chi, Ki, Prana) qui pour la plupart sont initialement indexée à des systèmes de pensée païens que le christianisme "classique" associe à un travail avec les démons. L'ancien médecin franc-maçon converti au catholicisme Maurice Caillet déclarait dans ses conférences que tout travail énergétique exposait à la manipulation de forces spirituelles dangereuses. Le réseau Christian Massage, lui, ne questionne pas les dangers possibles de ces traditions pour les chrétiens, et essaie seulement de les resituer (dans son glossaire) dans une perspective biblique, pour préciser que " la bible déclare que l'humanité a été imbibée d'une force de Dieu, le Saint-Esprit et que de cette force toutes les choses coulent. Dans toute la Bible, de nombreux exemples de guérison mentale, physique et émotionnelle sont documentés impliquant Jésus ainsi que d'autres dont la Foi (concentration mentale) et, dans la plupart des cas, l'imposition de mains (toucher physique), combinée avec les énergies innées du patient a pu aboutir à des résultats vraiment miraculeux."
L'explication "énergétique" des miracles a l'air très New age, de même que la référence aux synchronicités (la fameuse formule : on pense à un ami et il nous appelle parce qu'on est connecté à son énergie à travers l'univers). Puis le glossaire glisse vers une justification plus rationaliste des massages : les muscles retiennent le flux sanguin, les toxines ne sont pas éliminées etc. Il insiste sur la nécessité de restaurer des interactions humaines par le toucher qui restaure des équilibres. Il conclut sur une apologie de la réflexologie inventée par Murray Leinster alias William Fizgerald...
Sauf que ce Murray Leinster, par ailleurs auteur de romans de science fiction, n'était pas vraiment un chrétien très "recommandable"...
Leur forum de discussion mérite un coup d'oeil http://mindbodyspiritforum.info/user/Discussions.aspx?id=133761
Voilà qui rejoint les problématiques autour de Ste Hildegarde http://www.chemins-sainte-hildegarde.fr/massage-non-medical/
Je reste très réservé sur ce sujet. Car un massage vous met au contact du corps éthérique du masseur. Si cela se fait dans une perspective hédoniste, sans un esprit de stricte obéissance à Dieu, cela ne peut qu'attirer des esprits mauvais que l'on ne ressentira pas forcément tout de suite mais qui, comme les médiums, vous tireront à terme vers le bas et risquent de vous faire avoir de gros problèmes et vous feront manquer des chances critiques d'obtenir le salut et de vous élever à des moments clés de votre existence, de celle de vos proches, ainsi qu'au jour du Jugement dernier.
Ouverture des chakras
Une accompagnatrice de pèlerinages catholiques m'écrit :
" Un jour, j’avais pris un rendez-vous chez une ostéopathe que l’on m’avait conseillée. Dans la salle d’attente, j’ai prié Marie et des paroles sont venues dans mon cœur : pars, ne reste pas là. Je n’ai pas osé fuir. Durant la séance, je dis à la praticienne qu’elle est en train de travailler sur mes chakras or je venais la voir pour une séance « technique » et pas pour autre chose. Le mal était fait ! Quelques heures plus tard mal-être, puis cauchemars … Comme je devais faire un accompagnement de pèlerins à Medjugorje, j’ai déposé dans le sacrement du pardon cette non-obéissance aux paroles reçues. La guérison a été au rendez-vous. Merci Seigneur ! Et ça m’a servi de leçon. Faire passer Marie devant est gage de bonne santé."
Voilà un témoignage qui recoupe celui de Maurice Caillet ci-dessous, ainsi que certaines de mes expériences personnelles.
Les malédictions dans les bains romains
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Voici un sujet qui touche à la fois à mon livre sur les massages chinois et à mon projet de livre sur les médiums. Dans une contribution au livre "From Polites to Magos" qui a été dédiée au chercheur hongrois György Németh en juin dernier et publiées sous l'ISBN 978-963-284-796-2. Sylvia Alfayé de l'université de Saragosse sous le titre "Mind the Bath, magic at the Roman bath-houses" ("Attention aux bains, la magie dans les thermes romains) attire l'attention sur les malédictions dans les bains romains.
En Grande-Bretagne ont été trouvés, explique l'article, des tablettes de malédiction dont la plus grande partie proviennent du sanctuaire thermal de Bath, consacré à la déesse Sulis Minerva. Mais l'article se concentre sur d'autres sites britanniques moins connus comme Chesterton-on-Fosse, Leintwardine, Leicester, Eccles. Il relève que la découverte de tablettes de malédiction dans des établissements de bain n'était peut-être pas fortuite. Les bains peuvent être en effet être des "fearscapes" (un néologisme lié aux pratiques magiques) habitées par des Daemones (des entités) et des fantômes, dont la manipulation était très pratique pour l'action magique.
En effet, "en plus d'être utilisés comme espaces pour le divertissement et le plaisir -baiarum grata voluptas-, les thermes romains ont également été perçus et expérimentés à l'âge classique
comme des espaces d'anxiété - ou «des lieux effrayant» - où toutes sortes de dangers
rôdaient: vols professionnellement effectués par le «voleur de bains", "un personnage de la vie réelle qui a sévi thermes romains à travers l'Empire "; le risque de glisser ou de tomber sur un sol mouillé, ou de voir les murs ou les plafonds s'effondrer", les viols, les transmissions de maladies etc. Alfayé renvoie à un livre de Dundabin, de 1989 1989, 35 (Dunbabin 1989 = Dunbabin, K.M.D.: Baiarum grata voluptas – Pleasures and Dangers of the Baths. Papers of the British School at Rome 57, 6-46.), qui précise que «derrière les histoires de démons des bains se trouvait une croyance populaire répandue commune aux païens, chrétiens et juifs " et cite l'exemple de la rencontre de Grégoire le Thaumaturge en 5ème de notre ère avec un démon meurtrier qui contrôlait la maison de bain, tel que décrit par Grégoire de Nysse (331-394). "L'existence de l'eau dans ces espaces les a sans aucun doute fait percevoir et utiliser comme des membranes perméables qui ont permis le contact entre la surface et ce qui est en dessous et, par là même, le transfert d'objets et des gens du monde des ténèbres". Cela fait penser aux médiums actuels comme Géraldine Garance qui insistent sur le côté "conducteur" de l'eau.
Le principe du similia similibus opérait aussi pour placer des tablettes dans les endroit les plus chauds des lieux de bains pour faire brûler d'amour ou mourir les victimes. " Charme d'amour d'attraction. Il attire les hommes vers les femmes et les femmes vers les hommes et
fait les vierges se précipiter hors de leurs maisons. Prenez un papyrus pur et avec le sang
d'un âne écrivez les noms et les chiffres suivants, et mettez à l'intérieur du tissu de la femme que vous désirez. Étalez la bande de papyrus humectée de vinaigre de gomme et collez le dans la salle de vapeur voûtée sèche d'un bain et vous serez émerveillé". La formule magique à écrire suggérait que "les victimes éprouvaient alors, dans leur propre corps, la chaleur étouffante de l'espace où la defixio (déviation magique) a été déposé (presque) pour toujours". La source est dans les Latin Papyri Graecae Magicae (PGM) - pour le dépôt dans le caldarium (PGM II, 1-64; PGM VII, 467-477)29; et dans la “salle voûtée sèche" (PGM XXXVI, 69-101).
Voilà qui nous fera considérer les bains romains autrement que sous l'angle purement ludique que retiennent nos musées.
Brighton : masseuses et médiums dans la rue
C'était le jour de la Children's parade hier dans la ville branchée et bobo de Brighton (elle a un député écologiste). 5 000 enfants de 37 écoles défilaient au son de tambours, de chants ou de sonos sur des thèmes et un imaginaire définis par chaque école.
Sur un trottoir d'East Road, une dame proposait un massage du dos et de la nuque pour quelques livres. A côté d'elle une médium néo-zélandaise.
Juste sur le trottoir d'en face, une autre médium que j'ai prise en photo : Nina Anne.
Elle a son cabinet 86 Rotherfield Crescent, et son site ici.
Les masseuses et les médiums étaient les deux seules professions à proposer ainsi leurs services en marge du défilé dans cette rue. Les rationalistes et les chrétiens pratiquants le regretteront sans doute, les proches de la mouvance New Age s'en réjouiront, mais cela fait en tout cas partie du paysage urbain actuel de l'Angleterre "à la mode"...
Prescription de pudeur en matière de massages
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Extrait de Du Massage, son historique, ses manipulations, ses effets physiologiques et thérapeutiques, par J. Estradère, 2e édition 1884 :
--- Le sexe ne doit pas nous occuper, attendu qu'il est inutile de rappeler que dans tout ce.qui tient par un lien quelconque à l'exercice de la médecine, un sentiment de haute moralité doit toujours y présider.
Il ne sera pas sans intérêt de lire quelques lignes que j'ai extraites de l'Introduction de la Clinique, de M. Trousseau, et qui ont été écrites pour le médecin commençant sa carrière. Le masseur, qu'il appartienne ou non au corps médical, y trouvera une règle de conduite très sage.
« Il n'y a pas en somme un grand inconvénient au point de vue de la pudeur et de la convenance à découvrir un homme ; il n'est pas permis pourtant de le faire si cet examen peut avoir quelque inconvénient pour la santé.
Ce que je dis là s'applique aux deux sexes ; mais quand il s'agit de femmes, le médecin doit se souvenir qu'il a une fille ou une soeur, et que jamais l'examen ne doit prendre les apparences d'une coupable curiosité.... On peut faire avec la plus grande chasteté les investigations qui semblent être les moins chastes, pourvu que ces recherches soient utiles, et surtout jugées telles par les malades; elles sont acceptées souvent, même avec reconnaissance. Il ne s'agit pas de pruderie, mais seulement de savoir-vivre, et rappelez-vous que le médecin a d'autant plus de chances de réussir dans sa carrière si difficile, qu'il oubliera moins vis-à-vis de ses "malades les règles de bienséance, qui sont l'apanage de la bonne éducation. »
Cependant, comme on a vu maintes fois des personnes du sexe éprouver une certaine répugnance à se montrer à des hommes qui ne revêtent pas le caractère indifférent du médecin, je suis obligé d'accepter que des femmes pratiquent le massage ; mais n'oublions pas que la fatigue que nécessite un massage bien fait de la part du masseur est une dépense physique qu'une femme, fût-elle douée de la santé la plus florissante, ne pourrait supporter longtemps, si, surtout, elle pratiquait plusieurs massages par jour.
Les femmes ne craindront pas de se montrer nues à des masseuses, aussi contre l'opinion du docteur Schreiber de Vienne (Massage, folio 75). Je ne suis pas partisan de laisser un tissu si léger soit-il, sur les parties à masser même pour le massage hygiénique, car il n'y a que les mauvais masseurs qui excorient la peau, les gens du métier savent s'arrêter à temps pour ne pas la blesser.
Mythes contemporains autour de l'histoire de l'Ayurveda
En 2011, Philipp A. Maas, de l'université de Vienne (Autriche) publiait un article intéressant dans le Horizons: Seoul Journal of Humanities 2,1 (2011), p. 1-14. intitulé "On the Position of Classical Āyurveda in South Asian Intellectual History According to Global Ayurveda and Modern Research" qui commençait ainsi : " Les représentants de l'Ayurveda global ont réussi à transformer l'Âyurveda, un ancien système médical autochtone de l'Asie du Sud, en un complément célèbre de la biomedicine occidentale. Ce succès commercial et promotionnel a été soutenu par un certain nombre d'affirmations caractéristiques concernant l'histoire de l'Âyurveda pré-moderne. L'Ayurveda New Age, par exemple, soutient que l'Âyurveda est vieux de plus de 5 000 ans, qu'il est à l'origine de la médecine humorale grecque, et qu'il est intrinsèquement connecté à la tradition spirituelle hindoue du yoga. D'un point de vue académique, ces demandes sont facilement réfutables, car ils contredisent les résultats bien connus de la recherche moderne en indologie."
Sur l'ancienneté de l'Āyurveda, Maas commence à rappeler que la première civilisation de l'Inde, celle de la vallée de l'Indus qui a commencé à décliner vers 1 900 av JC n'avait probablement rien à voir avec l'Ayurveda. C'en est donc déjà fait de l'ancienneté de "5000 ans" prêtée à cette médecine... Elle est aussi étrangères aux Vedas des envahisseurs indo-européens qui soignaient par des rituels magiques. L'Āyurveda est plutôt lié au mouvement de réforme religieuse mené par des guerriers, des ascètes, voire des femmes (et non des brahmanes) qui introduit des notions de cycles universels, de karma et de moyens éthiques d'améliorer sa réincarnation (mouvement dont naîtront le bouddhisme et le jaïnisme). Ce n'est qu'artificiellement que cette médecine née dans les milieux ascétiques s'est rattachée aux vedas (en empruntant d'ailleurs un nom sankrit qui signifie "science de la vie longue") pour se légitimer. Le texte médical complet le plus ancien qu'on possède de cette pratique est le Suvarṇaprabhāsasūtra traduit en chinois entre 416 et 421 de notre ère, mais ses formes les plus anciennes sont déjà à l'état de fragment dans le canon de Pali du bouddhisme Theravāda vers 400 av JC, de sorte qu'on pense que son texte a pu être fixé vers 200 av JC. L'autre grand texte de l'Āyurveda, le Carakasaṃhitā, est daté de 50 de notre ère.
Cette doctrine considère que le corps humain contient trois substances pathogènes appelés doshas (le vent, le phlegme et la bile, ou air, feu et eau) qui doivent être équilibrées pour que l'être soit en bonne santé. Chacune a des qualités. Le vent, par exemple, est sec, dur, froid, beau, mobile, clair et rugueux, alors que la bile est grasse, légère, noir ou jaune, chaud, aigre, maldorante, fluide et douce, et le flegme est lourd, froid, doux, blanc, doux, et lent. Le Timée de Platon a les mêmes humeurs... mais l'Āyurveda a eu plutôt tendance à se développer après Platon que l'inverse, de sorte qu'il n'a pu influencer directement les Grecs.
Comme on peut le voir, cette présentation universitaire est assez éloignée par exemple de celle de Wikipédia.
La vision de Maas est aussi celle de l'article de Victoria Lysenko de l'université d'Etat russe des Humanités de Moscou, "The human body composition in statics and dynamics : Ayurveda and the philosophical schools of Vaisesika and Samkhya" (dans le Journal of Indian Philosophy 32:31–56, 2004) qui voit dans l'Ayurveda une méthode très empirique qui s'est développée dans le derniers siècles avant notre ère, et s'est "brahmanisée" peu après, méthode basée sur les sensations des êtres dans leur rapport au cosmos, et qui n'est pas axée sur des spéculations métaphysiques comme le sont d'autres écoles de pensée indiennes auxquelles l'Ayurveda emprunte occasionnellement des concepts.
On peut parcourir ici les leçons modernes que l'Ayurveda enseigne en Occident : ne pas trop manger en été parce que "cette saison est un moment de répit dans l’année, pendant laquelle le feu étant présent à l’extérieur dans notre environnement, notre organisme a naturellement moins besoin de nourriture pour créer la chaleur interne du corps ", consommer du gingembre "particulièrement efficace sur les affections Kapha, liées à la congestion comme les refroidissements, les rhumes, la toux mais également les nausées, une mauvaise digestion due à un feu digestif (Agni) bas ou les vomissements. Il sera un allié de choix également pour les déséquilibres de type Vata tels que crampes abdominales, gaz, et même l’arthrite." etc.