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Les victoires du royaume de Méroé face à l'empire romain

26 Avril 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Pour nos lecteurs intéressés par l'Antiquité, par les civilisations africaines, ou par l'anthropologie, signalons que le magazine de vulgarisation scientifique Sciences et avenir de mai se penche sur l'oeuvre de la reine de Koush (Méroé) la candace Amanirenas et non pas sa fille la candace Amanishakéto comme l'indique par erreur le Wikipedia en français (voir la différence de datation des règnes avec le Wikipedia en anglais, ce qui prouve qu'il faut se méfier de Wikipedia). Amanirenas, après des victoires inattendues sur les légions romaines, et malgré quelques revers militaires, finit par obtenir à Samos en 20 ou 21 av. JC un traité de paix favorable à son royaume qui fut en vigueur pendant 300 ans. Méroé avait aussi précédemment résisté avec succès aux tentatives d'annexion par les Lagides.

 

 

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Récapitulatif des émissions de TV qui ont mentionné mes travaux

19 Avril 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Interviews en rapport avec mon livre "La nudité"

 

- Christophe Colera interviewé par Anthony Bellanger - Emission Le Blogueur (Arte) 25 juin 2011

 

 

  - Fragment d'interview"Média le Magazine"  C. Colera -  France 5 - dimanche 2 octobre 2011 à 12 h 30.

 

 

 

- Extraits de l'émission "Un monde tout nu" présenté par Marianne James - diffusé sur Jimmy le 20 septembre 2010 à 20 h 40 (première diffusion)

 

 

 

- Fragment d'ITVW au JT de France 2 3 octobre 2009 à 20 h

 

 

 

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A propos du post-féminisme : Alexandra Kollontaï était-elle une pintade ?

16 Avril 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Un sociologue qui s'intéresse à la condition féminine aujourd'hui ne peut pas ignorer les conséquences du post-féminisme, cette tendance intéressante qui vise à construire une identité féminine qui assume à la fois une revendication d'égalité (professionnelle notamment) avec les hommes et la volonté de préserver une spécificité "de genre" autour des plaisirs, de la séduction etc, bref tout ce qui dans l'héritage darwinien de notre espèce, en termes de sélection sexuelle (c'est-à-dire dans la dynamique des jeux de séduction entre mâles et femelles) a façonné l'anatomie et la psyché - inséparablement - de l'homme et de la femme.

 

Un article polémique récent sur un site marxiste dénonçait les effets du post-féminisme sous la forme de ce qu'il identifie comme du "salopisme", une tendance présentée comme une résultante du développement du capitalisme, qui viserait à privilégier la provocation sexuelle au détriment d'une libération authentique, concomitamment avec une victimisation associée à la political correctness, l'une et l'autre ne faisant que compliquer les relations de genre et augmenter de part et d'autre l'aliénation.

 

Je ne suis pas certain que ce concept de "salopisme" soit très pertinent. A vrai dire, je le trouve plutôt réducteur car il enferme la conscience féminine contemporaine dans une forme d'impasse mobide et laisse entendre que le post-féminisme n'a pu produire que cela. Je trouve provisoirement plus féconde, et plus adéquate à la complexité des possibilités qui s'offrent à la classe moyenne urbaine féminine contemporaine, la notion de "pintadisme" entendue comme une volonté de certaines femmes, dans la lignée du post-féminisme, d'assumer à la fois d'une part, le sérieux et les lourdes obligations inhérentes à la conquête de leur nouveau statut social (qui entraîne un cumul de responsabilités professionnelles et domestiques en termes d'entretien et d'éducation de la progéniture) avec d'ailleurs toutes les sources de fragilité que cette conquête implique (notamment la fragilité affective des couples puisque l'indépendance économique est acquise aussi bien pour le conjoint que pour la compagne, la séparation est à l'arrière plan des possibilités de toute relation) et, d'autre part, une certaine frivolité ("le souci des plaisirs" comme dirait l'autre). Un livre à succès,  Une vie de pintade à Paris (Calmann Lévy 2008) a illustré ce phénomène du pintadisme, je vous renvoie à sa lecture.

 

alexandra_kollontai.jpgEn y songeant cette nuit je me demandais si l'égérie de la révolution sexuelle russe Alexandra Kollontaï dans les années 20 n'avait pas été une icône avant la lettre du pintadisme. Fille d'aristocrate à Saint-Petersbourg, résolument engagée dans l'action révolutionnaire, elle avait fini par choquer l'opinion publique russe non seulement par sa défense d'une liberté sexuelle complète (l'idée que l'acte sexuel devrait être aussi simple que de boire un verre d'eau vient d'elle), mais aussi en achetant tous les mois des robes très chères aux meilleurs fourreurs de Paris alors qu'elle était ambassadrices des Soviets à Oslo, et que son pays endurait les conséquences économiques les plus terribles qui soient de la guerre civile.

 

Il semble que Mme Kollontaï réalisait l'idéal actuel de sérieux dans l'accomplissement des tâches professionnelles d'une diplomate tout en donnant libre cours aux pulsions liées à l'héritage évolutionnaires (comme on dit en anthropologie) dans l'interaction avec la gent masculine (et les jeux de séduction, même imaginaires, même seule face au miroir, qui se nouent autour de cela), et ce avec d'autant plus de bonheur que ses interlocuteurs occidentaux attendaient cela d'elle (la diplomatie étant une profession très fondée sur la séduction). Bref Alexandra Kollontaï était un cas assez typique de pintadisme avant l'heure, peut-être un peu malgré elle d'ailleurs, car le féminisme marxiste orthodoxe d'une Clara Zetkin, comme le féminisme "MLF" de la génération des années 60 allait être clairement gêné par cette idiosyncrasie de l'aristocrate russe, et même tenter de le dissimuler, comme on glisse la poussière sous le tapis.

 

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le pintadisme, notamment sur les jeu de déguisement qu'il implique (quelqu'un sur Internet rappelait que pintade signifiait en portugais "peinte" parce que les marins de Lisbonne crurent que la pintade était une poule peinte), ce qui fait penser à Nietzsche et ses remarques sur le rapport des femmes au jeu, au travestissement, etc, à l'image de la vie elle-même.

 

J'ai déjà parlé sur ce blog du photographe Idan Wizen dont j'ai préfacé le livre. Je vois des femmes inspirées par le post-féminisme aller poser nues devant son objectif. Je me demande si cela n'a pas à voir aussi avec le pintadisme, et si plus largement l'engouement de beaucoup de femmes pour les arts et pour la photo, pour le fait de poser, même habillées, n'a pas à voir aussi avec cela. Bien sûr il faut se méfier des concepts trop étendus dont le sens est facilement noyé à force de leur faire englober des phénomènes trop nombreux.Tout n'entre pas dans le pintadisme, mais il y a incontestablement matière à réfléchir de ce côté là.

 

De même il faudrait que je vous parle un jour de Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier et reine de Navarre. Elle occupe une place très importante dans la préhistoire du pintadisme. Nous y reviendrons peut-être... 

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Un mot sur "Comment l'Islam a découvert l'Europe" de B. Lewis

3 Avril 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

songe.jpgJe me suis amusé il y a peu à recopier sur ce blog un paragraphe amusant de Candide de Voltaire qui évoquait la nudité des captifs des corsaires vendus comme esclaves à Alger. Le magnifique livre de l'orientaliste américain Bernard Lewis publié en 1995 "Comment l'Islam a découvert l'Europe" resitue cette question des enlèvements d'Européens en Méditerranée occidentale dans le contexte des relations internationales du XVIIIe siècle. Il montre notamment comment cette histoire de piraterie fut l'occasion d'un marché de dupes (au profit du bey d'Alger) entre Alger et l'Espagne. C'est étrange mais cette histoire de traité non respecté par Alger aurait presque pour effet de relativiser l'importance du non-remboursement par la France monarchiste de la dette contractée par la République en 1793 auprès du même bey, affaire que des militants sur Internet montent en épingle depuis deux ou trois ans parce qu'elle fut à l'origine directe de la colonisation française de l'Algérie... On a le sentiment qu'à ce moment-là le non respect des traités était un peu la règle entre les différentes autorités de la Méditerranée occidentale... Lewis sans aborder directement cet épisode sort en tout cas des archives des échanges de correspondance passionnants entre diplomates turcs et russes à l'heure où les monarchies européennes voulaient obtenir de la Sublime Porte l'interdiction des navires à cocarde tricolore dans ses ports (demande à laquelle Constantinople, trop heureuse de voir la fièvre révolutionnaire affaiblir ses ennemis chrétiens, n'accéda jamais). L'Orientaliste montre d'alleurs très bien comment le régime révolutionnaire français fut le premier à pouvoir parler au monde musulman et à pénétrer ses esprits, parce qu'il était laïque (et donc n'était pas l'émanation pure et simple d'une religion jugée hérétique, et donc interdite d'accès à l'Empire ottoman) et en même temps émanait d'une puissance militaire victorieuse dont les Turcs avaient beaucoup à apprendre.

 

Le livre retrace en des termes très clairs et très synthétiques toute la problématique de la conquête musulmane, des divisions qui ont ensuite traversé le nouvel empire "mahométan", le jeu de balancier entre djihad islamique et croisades chrétiennes, les affres de la conquête mongole, puis le déclin du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord sous l'effet d'une sorte d'encerclement du monde musulman par voie maritime et terrestre à partir de l'échec du second siège de Vienne. Il montre comment deux peuples des "limites" qui avaient subi pendant longtemps la domination musulmane, les Russes et les Espagnols, ont joué un rôle très important dans la reconquête chrétienne, et combien celle-ci a obligé le monde musulman à sortir d'une sorte de condescendance méprisante à l'égard des barbares chrétiens d'Europe (il y a un textes très intéressant d'un conseiller du sultan de Constantinople à propos du "bey" des Francs, François Ier qui a sollicité son aide).

 

Bernard Lewis est un personnage controversé qui a inventé le terme "choc des civilisations" et joue un rôle de premier plan chez les néo-conservateurs américains. Ses options idéologiques ne sont sans doute pas absentes de la manière dont il présente l'histoire. Mais son livre (qui est le premier ouvrage d'orientaliste que je lis après un livre de Marshall Hodgson) offre des panoramas d'ensemble très stimulants qui ne se perdent pas dans les détails inutiles, et qui vaut le détour ne serait-ce que pour les documents d'archives qu'il cite. Il peut se lire avec profit même si l'on ne partage pas les thèses de son auteur (d'ailleurs le travail académique honnête passe par la lecture de gens qu'on désapprouve). J'en redirai peut-être un mot à l'occasion.

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Les conquêtes de la révolution néolithique

2 Avril 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Tunisie-035.jpgIl y a quelques années j'ai écrit quelques recensions sur le Néolithique au Proche-Orient. Je signale cette interview récente très intéressante sur un blog de Libération de l'archéologue Jean-Paul Demoule concernant la conquête des agriculteurs-éleveurs par la Méditerranée et le Danube, et l'apparition tardive des hiérarchies sociales parmi eux lorsqu'ils ont atteint les côtes occidentales (alors que la hiérarchisation, elle, était déjà à l'oeuvre, sous l'effet de l'augmentation de la densité, au Proche-Orient dans des zones cernées par des déserts

 

Extraits :

 

"Nous savons désormais qu’il s’agissait d’un double mouvement de colonisation, en provenance du Proche-Orient. Il a pris les chemins du nord – via les Balkans et le Danube – et du sud – via les côtes de Méditerranée. La branche sud est arrivée il y a 7600 ans en France, et l’autre branche franchit le Rhin il y a 7000 ans environ. Les chasseurs cueilleurs sont submergés, leur nombre est estimé à quelques dizaines de milliers, contre environ deux millions d’agriculteurs lorsqu’ils parviennent à occuper l’Europe.

Leur mode de vie, les premières implantations, l’organisation des villages, les traces matérielles des croyances… Nous comprenons mieux cette histoire d’une extension permanente. Dès qu’un village voyait sa population passer les 200 personnes, une partie s’en séparait pour aller fonder une nouvelle implantation, au détriment de la forêt.

(...) Les migrations ont lieu probablement pour conserver un modèle social, assez homogène avec peu de différences de richesses et de statuts entre groupes et individus et qui aurait été menacé par une population trop dense. D’où un étonnant conservatisme social et technique, avec les mêmes plans de maison, les mêmes types de décors de Kiev à Brest, alors qu’il n’y avait pas la moindre unité politique. Ce village néolithique regroupait des maisons rectangulaires en bois et terre, qui peuvent aller jusqu’à 40 mètres de long. Une économie basée sur le blé, l’orge, les lentilles, le porc, la chèvre, le mouton, le bœuf et le chien.

Cette période voit l’invention des inégalités sociales, l’archéologie révèle t-elle pourquoi et comment la multitude s’est-elle retrouvée dominée et exploitée ?

Menhirs Champagne sur OiseJean-Paul Demoule: On observe à plusieurs reprises, dès les débuts du néolithique au Proche Orient, que lors des premières évolutions démographiques très fortes, avec l’apparition d’agglomérations, ces premiers points de fixations s’effondrent puis les gens se dispersent dans toutes les directions. Sauf dans les régions – Mésopotamie, Égypte – où une sorte «d’effet nasse», car les populations sont cernées de déserts ou d’eau, provoque l’apparition des premières villes, des premières stratifications sociales et des États. En Europe, cela va être beaucoup plus lent et progressif… car l’effet nasse ne se fait sentir que lorsque les agriculteurs viennent buter sur les «finisterres» et l’océan Atlantique. (A gauche, menhirs du Vème millénaire, abattus au 3ème millénaires, Champagne sur Oise Denis Gliksman)

Auparavant, si vous n’étiez pas content de l’émergence d’une caste qui voulait vous dominer ou vous exploiter, il vous suffisait de partir coloniser des espaces nouveaux et vierges. On peut lire l’expansion néolithique en Europe comme la volonté des hommes d’échapper au piège social d’une densité démographique trop forte pour s’accommoder d’une grande égalité.

Ce n’est donc pas un hasard si les premiers sites où apparaissent des différenciations sociales fortes – avec les dolmens qui sont des tombeaux monumentaux – surgissent le long de l’Atlantique… et le long de la mer Noire, là où la densité de population est la plus forte. Ni que l’on observe des effondrements de la civilisation mégalithique au bout de quelques siècles, comme si les hommes ne supportaient plus cette stratification."

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