Pedro Aguilar (1819-1881)
Dans un des premiers billets de ce blog il y a presque dix ans, j'avais cité un extrait des mémoires de mon grand père paternel avant que les Editions du Cygne ne les publient. Cela parlait de mon arrière grand père, de son père etc et au fil des ans et des recherches par mots clés ce billet avait poussé des généalogistes amateurs à me contacter. Il avait eu cette utilité.
Du coup je crois devoir dire un mot ici d'un autre ancêtre de ma branche paternelle, plus précisément l'arrière grand père de ma grand mère paternelle, car j'ai exploité récemment l'autobiographie de quelques pages qu'il a laissée, ou du moins la synthèse dactylographiée qu'un de ses descendants a transmise à la famille. Cet homme a fini sa vie comme franciscain de l'ordre tertiaire, tout comme sa femme. Et donc, autant la biographie de mon aïeul plongeait le lecteur dans la vie de l'armée républicaine espagnole en Catalogne du XXe siècle, autant la sienne fait entrer dans l'univers catholique aragonais du siècle précédent.
Il se nomme Pedro Aguilar, né à Castelseras (pas très loin d'Alcaniz dans le Bas-Aragon) le 19 février 1819. Il a eu quinze enfants avec Valentina Gomez dont beaucoup moururent en bas âge. Il les liste dans sa biographie.Une d'entre elles fut mon arrière grand-mère, Maria Aguilar, née en 1845, qui allait devenir Maria Planchat le 21 janvier 1865. Un de ses fils Francisco allait être en 1870 prêtre à La Zoma dans un autre district aragonais, un autre Felipe sera aussi ordonné le 12 mars 1881, donnera sa première messe à Valdealgorfa, puis dans les jours qui suivirent affecté à la Zaida dans la province de Saragosse, il y mourut le 15 avril (vendredi saint) de la même année.
En dehors de la liste des naissances et des enterrements, peu de faits significatifs dans sa vie sauf quelques actes de dévotion assez pittoresques, comme celui-ci :
En 1862 (année pénible pour l'auteur car son fils Miguel né en avril mourut en septembre), il raconte : "J'ai voyagé pour chercher de l’eau miraculeuse de San Gregorio pour les villages d’Alcaniz, Valdealgorfa et Casteseras pour le prix de six duros chaque village. J'ai pris train de Saragosse le 17 septembre 1863. Au bout de six heures je suis arrivé à Pampelune. Là je me suis arrêté une journée et de là j'ai pris un fiacre jusqu'au pont de la Reine. Je suis passé par Estrella et le passage de la Mola jusqu’à l’ermitage qui est sur une montagne très haute et qui a une chapelle magnifique. L'eau passe par la tête du saint. Je suis reparti tout de suite et au retour je suis passé par les Arcs de Navarre et de là à Calahorra" puis à Saragosse. Il recommence le 16 octobre de la même année en suivant un autre itinéraire (et deux mois plus tard, le 29 décembre, Pedro Aguilar perdait sa mère Josefa Antolin morte à la maison de sa soeur à Alcaniz).
San Gregorio Ostiense, Saint Grégoire évêque d'Ostie est un saint italien du XIe siècle protecteur des champs qui faisait fuir les fléaux. Envoyé par le pape Benoît IX dans la vallée de l'Ebre à la demande des habitants il fit fuir criquets et pucerons, et il soulagea Calahorra des sauterelles. La dévotion à sa statue commença au XVIe siècle. Il était d'usage que les conseils municipaux envoient à la basilique dédiée à ses reliques, près de Sorlada (en Navarre), quelqu'un chercher de l'eau bénite que l'on faisait passer par le crâne de son saint (le reliquaire étant ouvert par le haut et par le bas) pour ensuite bénir les champs. "Andar más que la cabeza de San Gregorio" est un proverbe connu en Espagne.
L'Aragon est alors très pauvre, le choléra y sévit. Les récoltes sont souvent insuffisantes et le recours à Saint Grégoire est la seule solution.
Pedro Aguilar avait une dévotion particulière à la Sainte Vierge.
Il raconte "Le 11 août 1884, ont été organisés 3 jours de fête à La Codoñera pour la Vierge de Lorette pour l'accomplissement du centenaire de l'édification de la chapelle. Je suis reconnaissant à cette Vierge parce qu'à ce même endroit en un quart d'heure j'ai eu la vie sauvée trois fois pendant la guerre civile. Et j'ai connu un homme de village qui s'appelait Mariano Lusona qui, à l'âge de 80 ans, a vu des dents lui sortir comme à un enfant".
La guerre civile à laquelle Pedro Aguilar fait référence était la guerre carliste et plus précisément la bataille menée par les conservateurs carlistes sous la bannière du général Cabrera en 1868. Le centenaire de la chapelle de ND de Lorette le conduit à une digression sur cette année (16 ans plus tôt)
"La guerre de Cabrera fut très sanglante, écrit-il juste après, et aussi si cruelle que dans un camp de prisonnier ils en vinrent à se manger entre eux tant ils mouraient de faim, et à cette occasion un fils tua son père sans le connaître et après l'avoir tué il lui prit sa trousse de sergent et y trouva une lettre qu'il avait écrite à sa mère qui indiquait son adresse et disait qu'il était en Aragon pour quelque bien à faire et quand il vit que son père était mort il était désespéré par le regret et le même jour il vint se réfugier ici au village de Valdealgorfa".
C'est l'année de la "révolution glorieuse" qui renverse Isabelle II et s'accompagne de persécutions religieuses à Valdealgorfa (interdictions de messes et de fêtes).
Pedro Aguilar était devenu « hermano de la santisima trinidad » à Alcaniz le 7.8.1881, puis il il avait pris la bure franciscaine en 1882, sa femme fait de même l’année suivante mais meurt peu après. Pedro est atteint d'une paralysie provisoire en 1882. Valentina Gómez née à Madrid en 1820 mourut le 19 février 1883 après sept jours de pneumonie.
Il dit avoir assisté le 1er octobre 1890, à 81 ans, au second congrès espagnol eucharistique de Saragosse présidé par le cardinal Miravides en présence de trente archevêques et évêques. C'est l'avant dernier événement qu'il cite avant la mort de sa petite fille Candelaria seconde fille de sa fille Lucia en 1893.
Du point de vue de l'exorcisme et des malédictions transgénérationnelles, je dois expier du côté de cet aïeul son invocation du mort Grégoire d'Ostie, et son pacte avec la Reine des cieux qui l'a sauvé quatre fois.
Le pasteur John Mulinde
Une correspondante m'a fait remarquer que le billet que j'ai publié sur le pasteur libérien Joshua Blahyi trahissait dans le livre de ce dernier une sorte de fascination pour ses anciens pouvoirs occultes, et m'a recommandé l'itinéraire d'un pasteur lui aussi né dans le satanisme, dont l'appel à l'humilité et l'action dans le monde aujourd'hui sont plus profonds et ont plus d'impact, le pasteur ougandais John Mulinde (*).
Je vous livre donc ici (en anglais) une vidéo de sa prédication à Kansas City (USA) le 1er mars 2011.
(*) un lecteur m'indique qu'il s'agit d'une erreur et que le pasteur Mulinde n'est pas né dans le satanisme - à vérifier donc
Pakhon et le plaisir solitaire (Histoire lausiaque)
Pakhon, ou Pachon, ascète établi dans le monastère du désert de Scété à l'Ouest du delta du Nil (on sait quelle fascination le monachisme égyptien exerça sur tout le bassin méditerranéen et jusqu'en Irlande à la fin de l'Empire romain), avait expliqué à Pallade de Galatie (363-430), comme il le relate dans son Histoire Lausiaque (ch XXIII) qu'il trouvait trois causes au désir charnel : la santé de la chair, les idées suscitant les passions, et le démon. Agé de 70 ans il se vantait d'avoir été tenté chaque nuit entre 50 et 62, alors qu'il vivait au désert depuis 30 ans le démon l'avait tenté. Se croyant abandonné par Dieu, il avait abandonné son corps aux hyènes mais ne fut pas dévoré. Se croyant pardonné par Dieu, il retourna dans sa cellule. Le démon alors l'assaille. "S'étant donc transformé en une jeune fille éthiopienne, qu'autrefois dans ma jeunesse j'avais vue glanant en été, raconte Pakhon,elle s'assit sur mes genoux et m'excita au point que je crus avoir commerce avec elle. Cela étant, plein de fureur, je lui donnai un soufflet et elle devint invisible. Or pendant deux ans je ne pouvais plus supporter la mauvaise odeur de ma main. Etant réellement devenu découragé, je sortis errant çà et là dans le désert. Et, ayant trouvé un petit aspic et l'ayant pris, je le porte à mes parties génitales, afin que je mourusse (...) Je ne fus pas mordu. Alors j'entendis venir dans mon esprit une voix comme ceci 'va-t-en Pakhon,lutte. Car c'est pour ceci que je t'ai laissé avoir le dessous, afin que tu ne t'enorgueillisses pas' ". A partir du moment où il sut qu'il ne pouvait combattre la tentation sans Dieu, il ne fut plus provoqué par le démon sexuel.
Je suis frappé par les connotations isiaques de ce texte. La position de l'Ethopienne sur les genoux de l'ascète qui est aussi celle des succubes fait penser à celle d'Isis sur Osiris, et le recours à l'aspic sur un attribut sexuel pour se suicider à Cléopâtre "Nouvelle Isis" livrant son sein à la morsure de l'aspic après la défaite d'Actium.
Point aussi remarquable, ce récit n'exagère pas le risque de malédiction au contact d'un démon sexuel et y voit surtout un défi à l'orgueil voulu par Dieu.
Ce Pachon serait un saint, selon Les vies des Saints pères des déserts et de quelques saintes. Volume 2 p. 201 (1653) du conseiller d'Etat Robert Arnauld d'Andilly(1589-1674), selon le RP Jean-Baptiste Saint Jure dans l'Homme religieux (1663) p. 349, et selon l'abbé Laurent Durand dans ses Cantiques de l'Ame Dévote en 1824 p. 179, mais je ne trouve pas d'autres traces de Saint Pachon sur Internet et l'on peut douter que cet ermite connu seulement d'après Palladius ait été canonisé. Pakhon est par ailleurs le neuvième mois du calendrier égyptien antique correspondant à fin avril début mai.
Madonna victime du jansénisme ?
C'est écrit dans la biographie de Madonna écrite par Lucy O’Brien en 2008 : la mère de Madonna était québécoise et janséniste (cf ci dessous)...
Mince ! moi qui croyais le jansénisme éteint depuis la révolution française...
Bon... le livre cite Richard P. McBrien qui fut conseiller théologique de Dan Brown pour le Da Vinci Code... Donc méfiance...
Esther et Nuremberg
Au moment de la sentence du procès de Nuremberg, selon Newsweek 28 octobre 1946, p. 46, un des dix condamnés qui seront pendus (le 16 octobre 1946 nuit d'Hosana raba 7e nuit du soukot année 5707, du jugement de Dieu), Julius Streicher, devant la potence, crie haut et fort "Purimfest 1946 !", fête d'Esther (qui se célèbre en mars), et là les Juifs ont su qu'Esther a vu la réincarnation des puissances des ténèbres qui étaient dans les 10 fils d'Aman 2 500 plus tard.
Si l'on considère que chaque mention du mot "roi" dans le livre d'Esther signifie Dieu (comme le suggère un Midrash) quand Esther, après la victoire des Juifs, faisait cette prière d'intercession à Dieu (Esther 9:13) "Si tel est le bon plaisir du roi, les Juifs de Suse ne pourraient-ils pas appliquer encore demain le décret porté pour aujourd'hui", elle allait obtenir de lui que les fils d'Aman déjà pendus soient pendus à nouveau dans l'avenir... en la personne des 10 nazis.
Hitler avait mis son argent en Suisse sous le nom de Max Ammann.
"Les dévots du bouddhisme" de Marion Dapsance, Eds Max Milo
A l’heure où le lamaïsme tibétain jouit d’une indulgence voire d’une sympathie croissante dans l’opinion publique occidentale, l’anthropologue Marion Dapsance propose une approche plutôt décapante des conséquences de l’implantation du bouddhisme sous nos latitudes, en dépeignant pour nous les mœurs et croyances des sectes qui s’y adonnent à l’abri des regards.