Afghanistan : le puits temporel et le vimana
Dans mon livre sur les Nephilim j'ai parlé de l'histoire des Géants de Kandahar (Afghanistan). Voici une autre histoire qui se rapporte au même pays.
Un article étonnant sous la signature d'un certain Sathish Ramyen en 2016 racontait cette histoire sur Medium.com : à l'été 2012 Obama, Cameron, Sarkozy et Merkel se sont rendus en Inde. Sarkozy à l'époque aurait quitté précipitamment l'Inde pour l'Afghanistan. Pourquoi ? parce que l'US Air Force a fait savoir qu'une ancienne machine volante d'environ 5000 ans appelée Vimana dans les écrits hindous (voir ici), a été trouvée dans l'une des grottes de la chaîne de montagne. Huit militaires américains auraient disparu en essayant de l'extraire.
Pas de chance. Nicolas Sarkozy n'était pas en Inde en 2012 (date aussi reprise dans cette vidéo) mais en 2010. Il faudrait donc rectifier la date de leur visite : décembre 2010 (mais l'article qui propose cette nouvelle date n'est pas plus crédible puisqu'il présente Mahmadsaid Ubaidulloev, auteur d'une déclaration sur les extraterrestres, comme un membre du gouvernement afghan alors qu'il s'agit du président de la chambre haute du Tadjikistan, ce n'était pourtant pas difficile à vérifier).
A l'origine de cette nouvelle, selon le très sensationnaliste site Whatdoesitmean.com de 2011 (qui signe du nom d'une mystérieuse congrégation irlandaise), il y aurait un rapport des Service russe de renseignement extérieur selon lequel non pas 8 mais 50 soldats américains auraient été anéantis dans un puits temporel en cherchant un Vimana. L'article très précis indique que les Américains qui avaient découvert l'existence du puits le 2 mai 2011 en perdant un appareil lors de l'opération pour éliminer Ben Laden et qu'ils ont perdu leurs 50 hommes en tentant, le 5 août suivant, de déplacer le "puits temporel" qui protégeait le Vimana (notons que cette fois-ci on n'est plus en 2010 ni 2012, mais 2011...).
De toute évidence, l'histoire, vu ses multiples déclinaisons et incohérences, est aussi peu crédible que celle selon laquelle, il y a quelques années, les Chinois auraient découvert des documents sanskrits à Lhassa, au Tibet et les auraient envoyés à l'Université de Chandrigarh pour être traduits où le Dr Ruth Reyna y aurait trouvé des instructions pour la construction de vaisseaux spatiaux interstellaires en utilisant le "laghima" qui permet à une personne de léviter. Cette dernière histoire est sérieusement mise en doute par le site "The Sangha Kommune".
Je crois qu'on tombe à nouveau ici dans les légendes inconsistantes destinées seulement à attirer les "clics" et commentaires des esprits rêveurs. Des thèmes à éviter.
Une exemple de nudité innocente : le martyre de Sainte Agathonice
Papylus et Agathonice (Agathonike) sont des martyrs dont la mort à Pergame (Asie Mineure) est généralement datée du règne de Marc Aurèle d'après Eusèbe de Césarée, mais certains érudits préfèrent celle de Dèce. Carpus (Carpos) était évêque, Papylus (Papylos) diacre et Agathonice sa sœur. Selon les Acta carpi, le proconsul Optimus leur ordonna de sacrifier au nom de l'empereur. Carpus répondit : "Les vivants ne sacrifient pas aux morts… (les dieux) ressemblent à des hommes, mais ils sont insensibles. Privez-les de votre vénération… et ils seront souillés par les chiens et les corbeaux." Le proconsul a insista, Carpus déclara: "Je n'ai jamais sacrifié auparavant à des images qui n'ont ni sentiment ni compréhension… J'ai pitié de moi-même, choisissant comme je le fais la meilleure partie." Après cet échange, Optimus ordonna qu'il fut suspendu et lacéré avec des griffes. Carpus dans les tourments disait : "Je suis chrétien et à cause de ma foi et du nom de notre Seigneur Jésus-Christ, je ne peux pas devenir l'un de vous." Finalement, la douleur était si grande qu'il ne pouvait plus émettre un bruit.
Le tour de Papylus est venu ensuite. Il admit être un citoyen riche et avoir de nombreux enfants. Un passant cria : "Il veut dire qu'il a des enfants en vertu de la foi des chrétiens". Et en effet Papylus conveint qu'il avait des enfants spirituels dans chaque province et ville. Comme Carpus, il refusa obstinément de sacrifier, et reçut le même supplice. Il ne cria pas. Un peu plus tard, il dit : "Je ne ressens aucune douleur parce que j'ai quelqu'un pour me consoler : celui que vous ne voyez pas souffre en moi." Pour finir Papylus et Carpus furent brûlés vifs.
C'est alors qu'Agathonice fut interrogée. Elle aussi avoua qu'elle était chrétienne et qu'elle n'avait jamais sacrifié aux démons, mais seulement à Dieu. "Si je suis digne, continua-t-elle, je désire suivre les traces de mes précepteurs." On lui demanda de sacrifier par amour pour ses enfants. Elle répondit : "Mes enfants ont Dieu qui veille sur eux ; mais je n'obéirai pas à tes commandements et je ne sacrifierai pas aux démons". Condamnée à la même mort que Carpus et Papylus, elle fut conduite sur le lieu de l'exécution, elle enleva ses vêtements et les donna aux serviteurs. Quand la foule vit à quel point elle était belle, elle pleura. Les serviteurs la mirent sur le bûcher, et trois fois elle cria : "Seigneur Jésus-Christ, aide-moi parce que je supporte cela à cause de toi." Ensuite elle expira.
Le geste particulier de Ste Agathonice de se dénuder sur le bûcher avant que le bourreau ou ses adjoints n'y procèdent a été analysé dans la revue Vigiliae Christianae 74 de 2020 par Jan M. Kozlowski de l'université de Varsovie. Il montre que sa nudité est un exemple paradoxal d'habit de noces pour les "noces de l'Agneau" (Matt 22:11) et un retour à la nudité sans honte d'Eve avant la chute. Une des versions du récit du martyre se trouve dans la Revue archéologique de 1881, ici.
Le rapprochement avec les noces de l'agneau se justifie par les mots utilisé par la sainte. «Τὸ ἄριστον τοῦτο ἐμοὶ ἡτοίμασται, δεῖ οὖν με μεταλαβοῦσαν φαγεῖν τοῦ ἐνδόξου ἀρίστου». "Τὸ ἄριστον" est toujours employé en référence à Matth 22:4. La référence à Eve se déduit de ce que dit Carpus en mourant avant Agathonice.
Aliya victime de harcèlement en ligne : une leçon pour les adultes
En 2014 l'Obs m'avait interviewé sur le "revenge porn". Depuis lors les choses ne se sont pas arrangées. Un bel exemple d'engagement contre le harcèlement en ligne est fourni par la jeune Aliya qui s'exprime sur Konbini ici.
Sans qu'elle en ait conscience, elle renvoie aux adultes par effet de miroir de son témoignage, toute leur hypocrisie. Ce sont eux qui enferment les jeunes dans le mythe de l'amour-romantique, mythe dont ils savent pourtant qu'il n'est qu'un feu de paille émotionnel, et qu'aujourd'hui les prédateurs peuvent instrumentaliser à loisir pour placer des âmes fragiles sous leur emprise. Ce sont eux aussi qui les enferment dans le virtuel. Combien de profs, dès avant le Covid, en école primaire, ont-ils enseigné qu'Internet valait mieux que les livres pour s'instruire, qu'aujourd'hui il ne fallait pas apprendre par soi même mais seulement apprendre à apprendre en navigant sur les sites ! Plus on capitule devant l'idée que les écrans sont plus utiles à la vie que le monde physique, plus on isole les ados et les jeunes adultes et les fait tomber dans les spirales mortifères de la dématérialisation des relations (et, bien sûr, cet isolement fut même gravé dans la loi quand à partir de 2020 les autorités, pour protéger les personnes âgées, ont fermé les universités et sacrifié tous les lieux de sociabilité des plus jeunes, pourtant pour la plupart asymptomatiques au Covid). Et je ne parle même pas du fait que, bien sûr, on barre l'accès des âmes à la transcendance, et qu'on remplace la spiritualité par le consumérisme, ce qui les voue à un sentiment d'inconsistance de la vie, et, parfois, de haine de soi plus ou moins consciente.
Après cela, les larmes de crocodiles que l'on verse sur les victimes du cyber-harcèlement, ou les cris d'indignation, sont dignes de l'hypocrisie bourgeoise du XIXe siècle. Il faudrait commencer par revoir complètement d'éducation que nous donnons à nos enfants.
Les Chrétiens face aux persécutions zoroastriennes
Je travaille en ce moment sur le zoroastrisme, première religion à découvrir le monothéisme, l'existence du diable, la notion de salut individuel après un jugement post mortem, le paradis et l'enfer, la naissance d'un sauveur d'une vierge, un combat eschatologique avec un dragon à la fin des temps, l'avènement d'une nouvelle Terre après le jugement dernier en forme de purification finale. Toutes ces notions importées dans le judaïsme après la prise de Babylone par Cyrus et la mise en ordre du canon hébraïque par Esdras en tant que commis du roi des rois. Le christianisme tel que nous le connaissons n'aurait jamais vu le jour sans le zoroastrisme (pas plus d'ailleurs que le judaïsme pharisien). L'histoire des mages dans l'Evangile de Matthieu lui rend hommage. Les Chrétiens voient d'ailleurs dans le zoroastrisme une des manifestations premières de l'Esprit saint parmi les nations, comme Saint Paul la voyait dans l'annonce du Dieu inconnu aux Athéniens par Epiménide le Crétois.
Il n'empêche qu'un danger pour les Chrétiens en découvrant cette origine pourrait être de chercher de ce côté des sources d'inspirations "alternatives" dans le culte des éléments naturels que propose le zoroastrisme. Un antidote à ce risque est peut-être une méditation sur le récit Le Martyre de Péthion, Adurohrmazd et Anahid , écrit à la fin du Ve siècle ou au début du VIe (un récit qui voyagea beaucoup puisqu'on l'a même retrouvé dans l'oasis de Tourfan à l'Ouest de la Chine). Le livre raconte la conversion de quatre aristocrates zoroastriens (Péthion, Adurohrmazd et Anahid et Yazdin) en Perse sous le règne de Yazdgard II (438-457) - à la même époque en France Sainte Geneviève faisait des miracles sur les bords de la Seine. Ces quatre saints vivaient en ascètes sur une montagne, où ils furent enterrés. Le premier Yazdin mourut de mort naturelle, les autres furent exécutés par les autorités royales et abandonnés sur une montagne.
Richard E. Payne, de l'université de Californie, estime au vu des descriptions qu'il s'agit de la montagne de Bisutun où Darius avait laissé des sculptures et des inscriptions en souvenir de son règne. Dans une contribution à Etudes Syriaques n°13 de 2017, Payne affirme que "l’auteur (de ce récit) voulait remplacer les rites zoroastriens qui reliaient les communautés humaines, l’environnement naturel et un monde de dieux et de forces divines, par un rituel chrétien complexe, centré sur le culte des martyrs. " Face aux rituel, accompli dans des paysages naturels, Le Martyre de Péthion, Adurohrmazd et Anahid présente les saints chrétiens comme des arbitres plus efficaces dans les relations des hommes avec leur environnement naturel et avec le cosmos. Les martyrs – contrairement aux prêtres zoroastriens– pouvaient contrôler les forces naturelles sources de vie, et surtout les sources d’eau indispensables à l’agriculture de la région, qui dépend des pluies".
Payne, qui préfère ne retenir des échanges christiano-zoroastriens que les aspects les plus pacifiques, comme le veut la mode universitaire de notre époque, ne croit pas en l'authenticité du récit, alors pourtant que le règne de Yazdgard II qui était en guerre contre l'empire byzantin a accompli des persécutions (et il tenta à tout prix de convertir des Chrétiens, notamment en Arménie). Pour ma part, je retiens surtout de cette histoire la notion qu'une invocation des martyrs (ou la litanie des saints) remplace avantageusement des cérémonies champêtres.
Une version plus complète de l'histoire de Pethion-Adurhormizd-Anahid, explique Ani Honarchiansaky de l'université de Californie dans un mémoire de 2018, se retrouve dans les Actes des Martyrs perses. Dans le Vark’ew Vkayanut’iwnk’ srboc’ hatentir k‘alealk‘ i carentrac (Vie et passion des saints) arménien, il est précisé que le mage Mihryar, avait deux fils, Yazdin et Dadgushnasp. Alors que Yazdin était sur le point de recevoir son éducation zoroastrienne ancestrale (mogwtiun hayrenadur), il refusa d'obtempérer et se rendit plutôt dans une église d'une ville voisine où il demanda le baptême divin. Les membres de l'église qui connaissaient son père refusèrent de le baptiser, alors il se rendit dans une autre région, près d'une ville appelée Soulq, dans un monastère appelé Beth Sahde, et là il fut baptisé par un évêque nommé John. Il y reçut son éducation dans les Saintes Écritures et les Psaumes et était un fervent adepte du jeûne et des prières. Après ces événements, il retourna dans sa ville natale et convertit son frère et son neveu Pethion, qu'il prit comme disciple. Des années plus tard, Yazdin mourut et Pethion guérit une jeune femme zoroastrienne qui ensuite se convertit au christianisme, ainsi que son père, un haut fonctionnaire mazdéen. Tous deux furent martyrisés et le cycle se termine par le martyre de Péthion. La version syriaque contient plus de détails sur la façon dont le père de Yazdin, Mihryar, a découvert la conversion de son fils, l'a sévèrement battu et l'a renvoyé à l'école zoroastrienne, dont Yazdin s'est de nouveau échappé. Après la mort de Mihryar, selon la version arménienne, Yazdin a revêtu son neveu Pethion d'un habit religieux, c'est-à-dire qu'il a fait de lui un moine. Ensemble, ils ont guéri de nombreux croyants du zoroastrisme. Après la mort de Yazdin, Pethion a emménagé dans la cellule de son professeur, s'est consacré à la vie ascétique et a suivi sa pratique de guérison. Le texte raconte ensuite leur martyre et l'accusation du grand mage contre Péthion, qui lui dit « Tu enseignes contre notre doctrine » et l'accuse d'être le chef des Nazaréens, un sorcier. Péthion soutient que son savoir est une connaissance divine, un guide et un chemin de vie. A plusieurs reprises Péthion est protégé de diverses tortures infligées par le mage, qui le fait tomber dans la rivière enchaîné , le fait passer par le feu et le jeter du haut d'une falaise, Péthion est finalement décapité.
Des miracles déguisés
Une remarque profonde du Rav Haim Dynovisz récemment sur You Tube (apparemment insirée de la tradition juive) à propos des miracles : Dieu s'arrange toujours pour que ceux-ci soient camouflés sous l'apparence d'un phénomène naturel. La Bible dit qu'avant que les eaux de la Mer de la Mer Rouge ne s'ouvrent devant le bâton de Moïse, Dieu avait fait souffler le vent toute la nuit, si bien que les Egyptiens ont pu croire à un phénomène naturel et c'est pourquoi ils se sont engouffrés à la poursuite des Hébreux. De même la manne : elle en tombe pas de façon spectaculaire du ciel. La Bible qu'elle se forme sur de la rosée au sol.Les vrais miracles ne sont jamais spectaculaires, mais intriqués dans un support matériel qui fait que l'esprit athée pourra toujours le "réduire" à une simple bizarrerie ponctuelle de la nature - par exemple quand les lions refusent de manger Daniel dans la fosse. Et ce parce que Dieu ne veut pas intervenir dans l'Histoire sous la forme d'un "super-héros".
Nudité et christianisme
Le 28 mai dernier, la rédactrice en chef de la revue naturiste La Vie au Soleil m'informait du décès du "Frère Jacques", un prêtre naturiste qui avait contribué à l'aura médiatique du centre de Montalivet. L'homme réputé pour son sens ascétique et sa haute spiritualité semblait mêler, d'après ce que l'on peut en percevoir dans ses déclarations dans la presse, une inspiration hindouiste à ses vertus chrétiennes (selon la Charente Libre du 16 août 2014, il pratiquait aussi le végétarisme que beaucoup de chrétiens jugent non biblique). Auparavant, dans les années 1970-1980, un autre prêtre à Montalivet, le père Dominique Biondi, avait aussi prôné le renoncement au vêtement, mais lui était d'inspiration plus ouvertement hérétique encore (il faisait sienne l'alchimie, communiait au souhait d'une unification - souvent jugée antéchristique du point de vue de l'Apocalypse - des religions mondiales ; il avait participé au Colloque parapsychologique de Cordoue de 1979, et évoqué dans une conférence du 17 avril 1980 au Club 44 en Suisse son propre don de médiumnité et son intérêt pour l’Evangile apocryphe de Thomas). Ce père Biondi organisait avec un bouddhiste cambodgien une « Internationale de la Prière » (prière sans dogme à 20h30 pour l’harmonie du monde) dont l’intitulé n’est pas sans évoquer les rituels lancés lors des diverses « Journées de la Terre » au sein de l’Organisation des Nations Unies sous l’inspiration de la Société de Théosophie – voyez mon ouvrage « Le complotisme protestant contemporain » (L’Harmattan, 2019).
La question du rapport du christianisme à la nudité est complexe. D'un côté, dans le sillage du judaïsme, la nudité dès la Genèse est synonyme de honte, et dans 1 Cor 6:10 il est écrit que les impudiques n'hériteront pas du Royaume de Dieu. La nudité publique est signe d'emprise démoniaque comme pour le possédé de Gérasa qui vit dans un cimetière (Luc 8:27).
Et cependant il y a ces bizarreries : le roi David qui dansa torse-nu devant l'Arche l'Alliance, et le verset d’Esaïe (Esaïe 20:2-3) à qui Dieu demanda de vivre nu pendant 3 ans (voir aussi Esaïe 20 :1-4) .
De l’aveu de George Fox le fondateur des Quakers au 17e siècle, ce passage, redécouvert par ses disciples les a inspirés en Angleterre et dans ses colonies : « Plusieurs ont été poussés par le ciel, écrit-il dans ses mémoires, à aller nus par les rues et sous ce règne, en signe de la nudité des hommes du jour, et ils ont déclaré à leur face que Dieu les dépouillerait de leurs dehors hypocrites, pour les laisser aussi nus qu'eux-mêmes ; mais les hommes du jour, au lieu de tenir compte des avertissements des prophètes, les ont fréquemment fouettés ou accablés d'autres outrages » .
L'historienne Diana Rapaport a récemment (dans The Naked Quaker en 2007) ressuscité le souvenir de Lydia Wardwell, la quaker qui, forcée par le gouverneur Endicott du Massachusetts à assister aux offices puritains, se rendit totalement nue à la "meeting house" de Newbury au printemps 1663 malgré la froidure pour témoigner de la nudité des sermons du prédicateur (voir aussi la Revue d'Histoire moderne de l'année 1934, p. 118). Il y eut aussi Deborah B. Wilson, quelque temps après, décrite comme "une jeune femme d'une vie très modeste et retirée, et d'une conversation sobre" qui se dévêtit dans les rues de Salem au nom du Seigneur. L'une et l'autre le payèrent de coups de fouets en public (pour Lydia Wardwell ce fut à Ipswich, tout comme son mari, elle déménagea dans le New Jersey ensuite).
Au moment de l'arrestation de Jésus dans Marc 14 il y a un jeune homme couvert d'un simple drap qui le perd en s'enfuyant. Saint Jérôme a recommandé de suivre nu le Christ nu (Nudus nudum Christum sequi). Les saloi, les fous en Dieu de la chrétienté d'Orient (Syméon d’Emèse, Vassily de Moscou, Saint Maxime et Basile le Bienheureux ) allaient nus dans les rues pour montrer que dans l'Esprit ils n'avaient plus de mauvaises tentations ("Tout est pur pour ceux qui sont purs" - Tite 1:15) - Voir Vincent Déroche. Saint François d'Assise s'était dénudé devant un tribunal. Franco Mormando, a rappelé qu'en 1420, à Venise, un petit groupe de quatre franciscains fut arrêté et jugé par le Seigneur de la Nuit pour avoir marché nu dans les rues à la tête de dévôts, avec des croix à la main sur l'accusation de sodomie. Voilà bien un signe des effets ambigus de la dénudation franciscaine. Aux 13e et 14e siècle des gestes de dénudation de Iacopone da Todi (1230-1306), Marguerite de Cortone (1247-1297) et Angèle de Foligno (1248-1309) avaient été acceptés. Bernardino de Sienne (1380-144) troisième fondateur de l'ordre s'était dévêtu à l'hermitage Il Colombaio près du mont Amiata mais en prenant soin de théoriser la différence entre la nudité pieuse et la nudité sodomite. On voit bien qu'en la matière la frontière entre péché et pureté, comme entre raison et folie, est ténue.
Ste Marie d’Egypte et St Onuphrius (IVe siècle) vivaient nus. Au chapitre XXXVII (p. 128-129) de son Histoire Lausiaque, Pallade de Galatie (363-431) raconte du moine égyptien Sérapion le Sindonite, qui vivait nu vêtu d'un sindon - un linceul - probablement entre 300 et 350, qu'arrivé à Rome il mit au défi une vierge silencieuse retirée du monde de traverser la ville nue pour montrer qu'elle était morte au monde.
En 1296 le pape Boniface VIII a publié un bulle contre une secte qui priait nue. Pourtant récemment, mêlant comme le Frère Jacques sont inspiration à celle de l’hindouisme, John R. Dupuche, prêtre catholique de l'Archidiocèse de Melbourne, dans son livre "Chakras" à propos du chakra sexuel suggère (p. 78) : "Certains peuvent trouver un sens à pratiquer des méditations dans l'idée d'un dépouillement de toute protection, de toute identification à un rôle social. Job dit bien que c'est ainsi que l'être humain se trouve dans la vérité de son être en présence de Dieu : 'Nu je suis sorti du sein maternel, nu j'y retournerai' (Job 1:21). Cela rappelle les ascètes hindous qui sont 'vêtus du ciel' (digambara)".
Le christianisme pourrait-il rouvrir des groupes de prières nus sans dévier de son orthodoxie biblique ? Je pense que, vu l'ambiance spirituelle actuelle, absolument personne ne serait aujourd'hui capable de pratiquer un spiritualité chrétienne nu sans mauvaises pensée. Et, compte tenu de ce que j'ai déjà dit des lobbies qui poussent à la nudité publique, qui sont les mêmes qu'au XIXe siècle, il y a lieu de rester très méfiant sur ce sujet : ce sont des lobbies qui, comme les adamites autrefois, se croient affranchis de la problématique du péché originel et n'ont pas idée de ce qui se joue réellement dans le monde invisible. D'ailleurs, à titre personnel, j'ai trouvé pour le moins étrange que la Radio chrétienne de France (RCF)-Paris m'ait invité à parler de la nudité en novembre 2014 quand j'étais si éloigné du christianisme que je consultais à l'époque des médiums qui faisaient des canalisations de la "déesse" Isis, alors que trois ans plus tard, il fut question que je puisse parler de ma conversion de 2015 sur une de leurs radios de province puis l'idée fut abandonnée. Qu'on puisse parler de nudité sur une radio chrétienne lorsqu'on n'est soi-même plus chrétien, et qu'ensuite on ne puisse plus y raconter sa conversion laisse rêveur (d'autant que la même radio n'hésite pas à interviewer ensuite une réflexologue spirite pour promouvoir son activité). Dans un contexte aussi pollué sur le plan spirituel mieux vaut rester très prudent.