Articles avec #interviews en rapport avec mon livre "la nudite" tag
Je ne donne plus d'interviews sur la nudité
/image%2F1551417%2F20210316%2Fob_7b0d62_corinne-masiero.jpg)
Il y a quelques jours, une actrice s'est dénudée lors d'une cérémonie de remise de prix organisée par les professions cinématographiques françaises, pour protester contre la situation des intermittents du spectacle (qui est une cause juste).
Cette personne, engagée à gauche, ancienne toxicomane et ancienne prostituée, semble inscrire sa démarche dans le prolongement de l' "imaginaire" féministe rebelle des FEMEN (utilisation du corps pour protester, écriture de slogans sur l'épiderme), et de l'artiste occultiste Lady Gaga (aspersion de faux sang sur la peau). C'est un univers spirituel dont on connaît bien les sources d'inspiration et l'histoire (voir par exemple Evangile de Luc 8:27), et l'on notera que cette dame s'est d'ailleurs vue décerner en février un «César de la stupidité raciste et anti-chrétienne » par un publiciste conservateur, qui répondait à sa charge contre la valorisation des "héros blancs catholiques de droite" dans le cinéma (ce qui révèle aussi les motivations qui la poussent).
Son geste lors de la cérémonie a provoqué, comme souvent dans ce genre de cas, des réactions assez contrastées entre ceux qui ont salué son "courage" et ceux qui ont jugé la démarche de mauvais goût ou égocentrique car visant seulement à faire du "buzz" (voir l'émission "Balance ton Post" hier soir).
Un journaliste pigiste hier m'a proposé une interview sur le sujet (puisque j'ai publié il y a longtemps un livre "La Nudité" qui semble-t-il fait maintenant autorité), mais j'ai refusé, car je n'ai pas la maîtrise des propos que l'auteur du futur article retiendra de ce que je lui dirai. Ce format d'expression a souvent conduit à une déformation de ce que j'avais à communiquer. Par conséquent désormais je laisse le soin au système médiatique d'interroger d'autres personnes que moi sur ce genre de sujet.
Un livre qui se vend encore
/image%2F1551417%2F20210107%2Fob_14ebfe_marie-m.jpg)
Je reste toujours spécialiste de la nudité... et du silence...
Esaïe 20:2-3 : "En ce temps-là l'Eternel adressa la parole à Esaïe, fils d'Amots, et lui dit: Va, détache le sac de tes reins et ôte tes souliers de tes pieds. Il fit ainsi, marcha nu et déchaussé. Et l'Eternel dit: De même que mon serviteur Esaïe marche nu et déchaussé, ce qui sera dans trois ans un signe et un présage pour l'Egypte et pour l'Ethiopie".
Dans la Revue de littérature comparée de janvier-mars 2020, le chercheur Diego Pellizzari analyse les oeuvres de Houellebecq à travers les catégories de mon livre "La Nudité, pratiques et significations" paru il y a 13 ans...
"Nous pouvons nous servir avec profit, écrit-il, de la typologie socio-anthropologique élaborée par Christophe Colera, sur la base de laquelle la nudité naturiste rentre dans le groupe de la nudité-affirmation, pour qui le fait d’exposer le corps dévêtu exprime une puissance « au double sens scolastique d’un potentiel (potentia) et d’un pouvoir (potestas) », ou bien, manifeste une rupture consciente à l’égard d’une norme sociale. Rentrent dans cette catégorie des comportements comme la volonté de séduire à travers la beauté physique, l’exhibition typiquement masculine d’une puissance athlétique et martiale, la nudité transgressive propre à la lutte politique ou à des sectes comme les gymnosophistes ou les adamites, ou celle des rituels de passage comme le baptême primitif. Les autres catégories mentionnées par C. Colera sont la nudité fonctionnelle, qui comprend tous les cas où l’on se met nu pour des motifs pratiques, afin de réaliser une action (se laver, dormir, etc.); la nudité-humiliation, symétrique inverse de la nudité-affirmation, celle qui nous fait éprouver de la honte, typique de nombreuses formes de punitions individuelles ou collectives, de certaines pratiques de torture, de certains actes de sadisme et de vexation — nous pouvons y faire rentrer les trois exemples littéraires tirés d’Homère et de la Genèse avec lesquels nous avons ouvert cet article ; enfin, la nudité-don, renoncement volontaire ou abandon de soi à l’autre, typique du comportement sexuel libre. Ces quatre grands types, que C. Colera divise en sous-catégories fort utiles pour encadrer les situations propres à la nudité en littérature, sont perméables, peuvent interférer entre eux, et se superposer. À la lumière de ce modèle, la nudity décrite par K. Clark et F. Jullien peut être rangée dans le type de la nudité-humiliation; le nude artistique, pour sa part, est une modalité de la nudité-affirmation, une affirmation positive de plénitude et de puissance. C. Colera partage donc avec P. Cordier l’idée qu’il faut considérer le nu artistique non comme une catégorie indépendante, opposée à la nudité, mais seulement comme l’une des modalités de la nudité elle-même."
Je ne sais pas si je dois me réjouir du fait que mon livre (dont j'ai demandé à mon éditeur de ne plus l'imprimer) serve à disséquer le nihilisme houellebecquien... Il y a des réflexions à mener tellement plus importantes sur l'âme et le corps que cette approche désespérée (et souvent mêlée de sorcellerie) de la nudité que nous proposent les auteurs à la mode ou les journalistes...
Cité dans "Elle"

Cité ce jour dans l'article "Pourquoi l’utilisation de la nudité comme geste d’émancipation continue de diviser les féministes ?" de Marine Revol dans le magazine "Elle" en ligne ici.
Le marronnier du topless : interview de BFM TV

Comme tous les ans, difficile d'y échapper sur ce sujet : j'ai été interviewé par BFM TV sur le topless (voir leur article ici). J'ai parlé de la Bretagne et de la Charente...
Ils ont mentionné par erreur mon statut de chercheur associé que je n'ai plus depuis 2014, je leur ai demandé de bien vouloir le corriger ce point.
A propos de sociologie du corps, notez l'étonnant sondage IFOP-Xcams du 15 juillet que BFM TV cite par ailleurs dans un autre article - cf ci dessous.


Une interview pour le Figaro qui passe à la trappe

Le 26 mars dernier, une journaliste du Figaro (Emilie Faure) m'écrivait :
"Bonjour,
je prépare un papier sur les 50 ans du Festival de Woodstock et sur les similitudes entre la jeunesse de 1969 (ses attentes, son apparence...) et celle de 2019. Le point qui diffère le plus est la nudité, et j'aurais aimé avoir votre éclairage sur la question, si le sujet vous tente!"
J'ai répondu :
"Il faut bien voir que dans les années 60 la nudité passait pour un signal subversive de libération des corps face à une morale judéo-chrétienne répressive encore prédominante qui censurait les élans pulsionnels. Ce culte de la nudité était aussi lié à l'engouement pour les sagesse orientales qui nourrissait le festival de Woodstock : n'oublions pas qu'une des principales figures de Woodstock était le sitariste Ravi Shankar qui a contribué à l'initiation spirituelle des Beatles (on comprend ensuite que la carrière de Lennon ait été marqué par une photo de lui nu avec Yoko Ono) et le festival s'était ouvert par une invocation de Swami Satchidananda dont vous trouverez le texte ici et les 500 000 participants ont chanté à l'ouverture "Hari Om" ce qui conférait au festival un côté clairement rituel et mystique. La nudité joue un rôle important dans les rituels hindous, notamment certaines branches du yoga, et tout le monde a entendu parler des ascètes nus indiens, les sadhus. C'est cet esprit là qui soufflait sur Woodstock et auquel participait la nudité publique pour créer une unification sexuelle du monde par l'élévation "vibratoire".
Aujourd'hui la nudité a intégré complètement la culture dominante dans les productions hollywoodiennes, les publicités etc - parfois d'ailleurs dans une perspective tout aussi rituelle, n'oublions pas que beaucoup de chanteuses qui se sont exhibées nues dans des clips comme Madonna, Miley Cyrus, Niki Minaj des actrices comme Rose McGowan, Asia Argento ne cachent pas leurs liens avec des spiritualités "alternatives", ou les salons de massage et bien être. Admise au niveau de la culture dominante sur les écrans et dans les revues, la nudité n'a plus à être pratiquée par le public lui-même. Le prêtre-sorcier montre sa nudité, ou y fait allusion dans ses propos, et le public n'a plus qu'à y communier symboliquement sans se dévêtir lui-même. Il la pratique aussi dans des lieux "réservés" (comme les espaces naturistes) ou des occasions festives comme les marches cyclonudistes, parce que la nudité a maintenant ses espaces institutionnels. La révolution par la nudité n'a plus lieu d'être."
Mais plus de nouvelles depuis lors. La journaliste a disparu dans la nature sans laisser d'adresse. Je vous laisse spéculer à loisir sur les raison de l'avortement de cette interview.
Cité par LePoint.fr ("Le Point" en ligne)

Cette semaine je suis cité par "Le Point" en ligne ici.
Voici l'intégralité de ce que j'ai dit à la stagiaire qui m'a interviewé à propos des espaces naturistes promus par la mairie de Paris :
"La nudité urbaine est une revendication d'une certaine classe moyenne qui y voit à la fois une forme de communion avec la nature et de "social impowerment" pour la mise en valeur de la liberté de l'individu.
Pas étonnant qu'à Paris le projet soit piloté par l'adjointe Pénélope Komites qui est une ancienne directrice de Greenpeace, quand on sait combien Greenpeace a utilisé la nudité dans les thématiques écologiques (notamment avec l'aide du photographe Spencer Tunick). Mais le mouvement vient de loin, puisque Greenpeace a été fondé par des membres de la mouvance des Quakers (des protestants disciples de George Fox), quakers qui au 17e siècle se dénudaient devant les églises anglicanes pour dénoncer la corruption de la foi et annoncer la venue prochaine de l'Antéchrist. La nudité publique a longtemps été promue par les sectes religieuses dissidentes et la la franc-maçonnerie. La christianisme depuis les Evangiles l'associe à une forme de possession démoniaque.
La maire de Paris utilise la nudité urbaine sous la pression des Verts pour valoriser sa politique de lutte contre la pollution (et contre les voitures, dans la même logique que les "cyclonudistas" de Saragosse dans les année 2000 qui ont essaimé à Bruxelles, à Brighton etc).
Mais, comme j'ai eu l'occasion de l'exposer à d'autres médias, notamment à vos collègues de l'Observateur, la mesure est très marquée socialement car ce sont plutôt les classes diplômées qui aiment se dénuder (elles représentent la majeure part des effectifs des naturistes) et peut choquer une bonne partie de la population (ce n'est pas si fédérateur que l'on croit). Notamment cela pose certains problèmes par rapport au modèle de société que l'on veut proposer aux enfants. Le réflexe de pudeur jusqu'ici était le plus universellement et le plus anciennement ancré dans l'espèce humaine. En outre cela heurte une tradition française qui, à la différence des Allemands ou des peuples de culture slave, réservait la nudité à la relation érotique.
Je n'ai pas connaissance de pareils projets en province. Mais vu l'effet d'imitation des grandes municipalité de centre-gauche à l'égard de Paris il n'est pas impossible qu'un effet de contagion apparaisse un jour."
Interviewé par le site Planet.fr

Planet : Pourquoi la nudité gêne-t-elle tant dans l’espace public, alors qu’on s’expose de plus en plus internet ?
Christophe Colera : Sur Internet, il est encore possible pour ceux qui ne souhaitent pas voir la nudité de l’éviter. On peut ne pas cliquer sur les sites où elle s'expose, et protéger les enfants avec un filtre parental.En outre, sur Internet lorsque ce n'est pas une nudité confinée aux sites X ou aux réseaux sociaux dédiés aux rencontres. La suite de l'interview est ici.
Deux interviews qui tombent à l'eau
J'ai été contacté en juillet par Anne Desquins pour le magazine Biba et par Benoît Jérôme pour le Parisien Magazine.
Ces deux interviews sont tombées à l'eau. Par un mail d'hier Anne Desquins m'a fait savoir que la citation de mon interview qu'elle avait prévue de glisser dans son article a disparu pour des raisons de mise en page (ils ont préféré publier une grand photo). Aujourd'hui par un message téléphonique sur mon répondeur Benoît Jérôme me fait savoir que sa direction a renoncé au projet d'article programmé pour le 4 août sur le projet de centre naturiste à Paris parce qu'ils étaient obligés d'y mettre des photos (voir l'article du Canard enchaîné de cette semaine ci dessus, désolé il ya un bug sur overblog, on ne peut pas l'afficher à l'endroit). Pour que le travail effectué avec ces deux journalistes ne soit pas complètement perdu, je vous livre le contenu de mes réponses aux questions d'Anne Desquins pour Biba.

1- pourquoi la jeune génération est elle attirée par le naturisme ? (engagement politique ? écologique ? etc )
Tout d'abord il faut préciser la notion de "jeune génération". Il est vrai que le naturisme se porte moins mal que dans les années 2000. En 2015 la FFN a enregistré une augmentation de ses adhésions de 40 % en 2015, mais on reste a seulement 5 % de pratique fréquente et 17 % de gens qui se disent éventuellement attirés (y compris les 5 % précédents). En outre au niveau qualitatif beaucoup de camps naturistes se plaignent de la venue de visiteurs qui gardent leurs vêtements donc ça reste à géométrie très variable. La moitié des gens tentés par le naturisme ont moins de 50 ans, mais ce ne sont pas des gens très jeunes. Selon un sondage TENA d'il y a 8 ans les femmes de la tranche 18-35 ans restaient les plus réticentes à supporter la vue d'autres femmes nues sur des plages naturistes. Elles étaient aussi les moins nombreuses à pratiquer la nudité sur des plages et même dans leur jardin. Il y a donc seulement un petit rajeunissement du naturisme à travers la tranche des 30-40 ans qui peut s'expliquer effectivement par certaines actions de valorisation de la nudité dans des combats politiques très relayés par la presse, et toute une culture de notre époque qui fait du corps l'instrument d'expression d'une liberté et d'une authenticité intimes.
2- est il plus difficile pour une femme de pratiquer le naturisme que pour un homme ? (barrières culturelles ? diktat des canons de beauté ? etc)
Effectivement 23 % des hommes tentés par le naturisme en 2015, mais seulement 13 % de femmes selon un sondage de 2015, ce qui rejoint les données du sondage IFOP-TENA avec beaucoup femmes qui non seulement ne supportent pas d'exposer leur propre nudité, mais aussi celle des autres (les chiffres sont éloquents sur la gêne devant les dénudations d'autres femmes dans des lieux qui pourtant se prêtent à cela comme les vestiaires des gymnases). La nudité reste souvent associée au manque de respect pour autrui. "La nudité c'est comme la cigarette on n'est pas obligé de la mettre sous le nez des autres" disent certains. Les canons de beauté jouent aussi évidemment car 52 % des femmes n'aiment pas leur corps. Ou encore la protection de l'enfance. "Je préférerais que mon enfant croise une puéricultrice avant un pénis" lisait-on dans la presse récemment à propos du projet de parc naturiste à Paris. Et puis bien sûr la nudité reste associée à la sexualité avec tous les réflexes de gêne, de crainte etc que cela engendre.
3- en 2017, la nudité peut elle encore choquer (en France et/ou en occident) ? est elle encore subversive ?
Les chiffres des sondages sont éloquents sur toutes les situations de mal-être que la nudité peut provoquer. Vous noterez que fin mai des jeunes femmes en bikini ont été priées par la police de se rhabiller dans le jardin du Luxembourg à Paris dans une ville qui prévoit par ailleurs d'ouvrir le bois de Vincennes au naturisme, ce qui est un paradoxe instructif. L'été dernier une jeune femme avait provoqué une altercation violente en Charente parce qu'elle jouait au pingpong topless devant des enfants. La nudité publique est admise en dehors des espaces naturistes pour la défense de cause spécifiques (causes sociales, écologiques) mais heurte la sensibilité de beaucoup en dehors de ces contextes spécifiques : la condamnation en appel en février dernier de la FEMEN Eloise Botton pour son actions à la Madeleine l'a montré. La nudité est banalisée, dans la publicité, au cinéma, su le Net, et en même temps cette banalisation provoque des effets de saturation qui placent encore la nudité tantôt dans le domaine de subversion, tantot dans celui du mauvais gout. Il y a vraiment de très fortes contradictions dans la société entre des valorisations positives de la nudité comme expérience de sensations nouvelles et manifestation de liberté, et, cette impression de mal-être que provoque l'imposition de la nudité au regard d'autrui.
4- pourquoi associons nous la nudité à la sexualité ?
La psychologie évolutionniste darwinienne enseigne que le redressement du squelette des hominidés a provoqué un déplacement du message sexuel visuel qui, chez les grands singes, se concentre sur la coloration de la vulve des guenons (mais chez la femme la vulve et cachée). C'est donc toute l'apparence du corps qui s'est érotisée, ce qui, disent les paléoanthropologues, explique que les femmes ont des corps en forme "de violoncelle", des seins plus arrondis que les guenons, et les hommes des pénis plus longs que les grands singe. La perception de l'apparence du corps nu comme un message sexuel se transmettrait dans les gènes. On peut dire que le développement de la fonction visuelle (déjà plus développée chez les primates que chez les chiens par exemple) dans nos sociétés obsédés par les écrans a renforcé cette fixation sexuelle sur la nudité (pas seulement à travers la pornographie). Même l'obsession de se prendre en photo ou de photographier tout et n'importe quoi en le publiant sur des réseaux sociaux, même si ces photos ne comportent pas de nudité, entretiennent une disposition voyeuriste chez les consommateurs d'image. Certains discours comme celui des naturistes parviennent à neutraliser le potentiel sexuel du dévoilement du corps, mais celui reste nécessairement à l'arrière plan, susceptible de ressortir sur un mouvement particulier du corps de l'autre, sur une projection imaginaire, ou même sur l'émission inconsciente de phéromones (car nous en émettons comme les autres mammifères).
"La nudité" cité dans "Ca m'intéresse" de juillet 2017
C'est en p. 30. Je suis cité conjointement avec la géographe Mme Barthe-Deloizy (qui a pratiqué le naturisme comme elle l'explique dans son livre, ce qui marque un peu la spécificité de son approche). Mes propos sont un peu déformés mais peu importe.

L'Obs en ligne : mon livre "La Nudité" mentionné à propos du projet de parc naturiste à Paris
Le journaliste des pages "environnement" de l'Obs Arnaud Gonzague m'a passé un coup de fil la semaine dernière en me disant qu'il avait eu l'intuition, contre le journaliste des pages "société", de sa revue que derrière la question de la nudité urbaine se cachait peut être une question de classes sociales. Je lui ai donné mon analyse et les chiffres de sondages dont on disposait. Ca donne une mention de mon bouquin sur le site en ligne de l'Obs cette semaine ici.
L'affaire du monokini charentais

J'ai décliné il y a peu une invitation à aller parler sur France Inter de la place des seins dans notre société à une heure de grande écoute.
Voilà qui m'aurait exposé à commenter des phénomènes sociaux du type du fait divers typique des polémiques estivales qui a agité les réseaux sociaux hier. Jeudi 25 août à Châteauneuf sur Charente, une femme topless (certains disent "en string") qui jouait au ping pong sur la plage avec son fils a été frappée par une demi-douzaine de personnes pour avoir "baissé le bas" devant un garçon de 10 ans, en réplique à la mère de ce pré-ado qui demandait avec insistance à la dame topless de se rhabiller. Querelle entre deux femmes déterminées à défendre leurs droits : "mon droit à être topless" (je préfère dire topless qu'en monokini qui à l'origine désignaient les maillots "une pièce" couvrant tout le corps) contre "le droit de mes enfants à ne pas vous voir dénudée".
Vilaine querelle (avec les assaillants qui pique-niquent ensuite sur le lieu de leur "victoire" qui n'est pas allée bien loin (la dame n'a eu "qu'un saignement de nez", mais quand même elle a été bien violente pour elle, et humiliante, même s'il n'y a pas eu de poursuites par la gendarmerie venue sur les lieux peu de temps après), qui se double ensuite d'un retentissement médiatique un peu anarchique et absurde. Les témoins passifs (car personne ne s'est interposé) grossissent l'affaire en déclarant à la Charente Libre que la dame a été "tirée par les cheveux jusqu'à la mer" après qu'un des assaillants lui eût ôté son string, puis la dame qui explique qu'elle est allée d'elle même dignement se baigner nue dignement dans les vagues. Ensuite, toujours dans la Charente Libre, une pluie de commentaires racistes qui s'abat sur le journal en ligne parce que l'incident arrive au moment où le Conseil d'Etat statue sur les arrêtés anti-burkinis. Le site ferme l'accès aux commentaires en précisant qu'aucun Maghrébin (sic c'est ainsi qu'ils formulent leur mise au point) n'est impliqué dans la querelle qui n'a donc rien de religieux, et trouve déplorable d'avoir à le préciser. Trop tard : un site anti-immigration a déjà titré "Charia en Charentes : une baigneuse seins nus frappée, sa culotte arrachée".
L'incident montre les difficultés d'une société où tout le monde est prêt à aller au conflit pour défendre sa conception des droits incompatibles avec celle des voisins. Le contrôle social collectif ne fonctionne plus parce qu'il n'y a pas de consensus possible. Qui a raison ? La dame qui défend la liberté du corps ou celle qui élève la voix au nom de la protection de ses enfants ? Bien sûr ceux qui ont tort sont ceux qui en sont venus aux mains, à 6 contre 2 si l'on comprend bien l'article. Mais par delà le dérapage, c'est bien l'incompatibilité des droits qui fait problème.
Les féministes défendent le droit au topless depuis le mouvement suédois "Bara bröst" dont je parlais dans "La Nudité" (editions du Cygne). Au nom de la théorie du genre la nudité du buste serait neutre et asexuée comme cela a été reconnu dans les jardins publics de New York... Pas si simple. Des gens ont organisé une mobilisation pro-topless à Châteauneuf pour mercredi prochain sur Facebook. Mystérieusement l'événement a disparu : par peur d'aller à la confrontation ?
Dans cette mouvance on retrouve l'Apnel (association pour la promotion du naturisme en liberté) qui, après avoir défendu un projet de loi pro-nudité publique dans un conciliabule à l'Assemblée nationale l'année dernière, me proposait cette année d'en débattre publiquement à la Fête de l'Humanité le weekend prochain (j'ai dû aussi décliner cette invitation). L'argument de cette mouvance est connu : si on vivait nus dans les lieux publics, nos enfants y seraient habitués, et l'on n'en viendrait pas aux mains au nom de leur protection...
L'incident a au moins le mérite de rappeler que le burkini n'est pas le seul aspect hautement clivant dans la "présentation de soi" (comme disait Goffman) dans la France des années 2010. Se dirige-t-on vers toujours plus d'apartheid ? Les plages pour burkinis (quand on songe à l'élan de délation qui s'est emparé de la Côte d'Azur ces derniers temps, les gens se précipitant sur la police pour dénoncer les musulmanes "trop couvertes"), celles pour le topless, celles pour le naturisme ? Va-t-on aussi fractionner l'espace urbain entre les aspirants à la liberté et les avocats de la "décence" ?
Mes soi-disant propos dans "Psychologies.ru"
/image%2F1551417%2F20160312%2Fob_a621f7_creation.jpg)
Cela m'avait échappé mais mon nom est cité dans un article intitulé "Нагота: как мы к ней относимся?" et publié dans Psychologies.ru n°112 du 27 juillet 2015.
Après avoir passé cet article au traducteur automatique (Google Translate), je découvre le contenu en français des propos qu'on m'y prête. Les voici : " "Si le corps est séparé de nous, notre attitude à son égard est réduite à admirer ou à l'utilisation pratique, - dit le sociologue Christoph Kohlera (Christophe Colera). - Si nous nous identifions avec nos corps, nous vivons, le sentir avec une inséparabilité, nous ressentons pour lui une forme particulière de bonne volonté" ".
Les traducteurs automatiques dévient parfois le sens des mots, mais, même avec un effort important pour tenter de retrouver le sens original du propos, force est de constater qu'il ne veut rien dire. En réalité je n'ai jamais prononcé ces paroles, même dans une autre revue, et je n'ai jamais été interviewé par Psychologies.ru. Les deux phrases qu'on vient de lire ont été tout bonnement inventées. Je n'ai jamais pu dire que le corps étant "séparé de nous" pouvait être admiré ou utilisé, ni qu'en se sentant inséparable de lui on éprouvait pour lui de la bonne volonté. Cela n'a aucun sens. Bien sûr que le corps séparé de notre conscience peut être utilisé ou admiré, mais il peut aussi être méprisé, détruit etc, et je ne vois pas pourquoi en s'unissant à lui on ferait preuve de plus de bonne volonté... La problématique de la séparation et de l'union avec le corps est un thème que je n'ai jamais traité parce qu'il ne me paraît pas du tout pertinent pour comprendre le sens qu'on donne à la nudité. Je ne vois pas du tout où le journaliste a pioché ces propos sinon dans son imagination.
Je suis très flatté d'être cité par une revue moscovite car j'aime beaucoup la culture russe (j'ai d'ailleurs été cité à meilleur escient dans une revue russe en 2014 ici). Mais là, force est de signaler que cette citation est une pure invention.
Webdocumentaire sur Vimeo
J'ai été interviewé le 12 mai 2015 par Sophie Perez qui devait réaliser un "webdocumentaire" dans le cadre d'une licence à l'Institut Européen de Journalisme. La vidéo a été postée quelques semaines plus tard semble-t-il.
Emission "Le Temps de le Dire" sur RCF
/image%2F1551417%2F20210707%2Fob_b7fcde_rcf.jpg)
Christophe Colera sera l'un des invités de l'émission "Le Temps de le Dire" de Stéphanie Gallet
Sur le thème de la pudeur
Mercredi prochain à 9 h 30
Sur RCF (Radios chrétiennes de France)