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Jean Staune, Eugène Aroux, mes sujets de recherche actuellement
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Un lecteur au pseudo néphilimesque attirait mon attention hier sur l'essayiste qui se prétend chrétien Jean Staune, dont je découvre d'ailleurs qu'il était invité par un cercle d'économistes et d'hommes d'affaire dans ma ville natale cette semaine (le 9 novembre), ce qui signifie que, comme Lenoir, il est un peu un auxiliaire de la spiritualité dominante contemporaine.
A vrai dire, plus je réfléchis aux prises de position de ce penseur moins je leur trouve d'intérêt. C'est en premier lieu un apôtre de la religion primordiale (il pense du bien de Guénon), qui, tout en défendant l'importance d'un christ "cosmique" comme le faisait jadis le père Brune, estime plus ou moins (je dis plus ou moins parce que son propos là-dessus varie d'une minute à l'autre) qu'avant Jésus était Osiris, et que ça ou Krishna (ou peut-être Shiva) c'est au fond un peu toujours la même chose, même s'il se trouve que pour les Occidentaux il faut que ce soit Jésus. Ce n'est pas très étonnant, vu la filiation dont il se réclame. Il explique que son propre père l'a initié à certains textes confidentiels de l'ésotérisme chrétien, il place dans son panthéon le Padre Pio (comme le font beaucoup d'occultistes) et surtout l'étrange Maître Philippe de Lyon (une lectrice de ce blog, qui a peut-être payé le prix fort d'avoir connu de très près le milieu qui se réclamait de ce médium, aurait beaucoup de choses à dire là-dessus), en habillant le tout de physique quantique et de références (sans grand discernement) aux expériences de mort imminente. Cette façon de défendre la Foi, tout en la noyant intellectuellement dans un océan de relativisme hindouïste ne me paraît pas précisément constituer le bon moyen d'accomplir le projet messianique (d'ailleurs l'eschatologie est totalement absente de son propos, avec Staune il n'y a plus d'Histoire, vu que de toute façon, dans la physique quantique il n'y a plus de temps : son panthéisme qui paradoxalement veut nous retirer du monde, bloque en réalité le devenir...). De toute façon, par principe je n'aime pas les gens (les gnostiques lucifériens) de cette trempe qui nous invitent à vouloir "devenir des dieux" en sortant de la "Matrice" et qui omettent de poser à titre de préliminaire que nous ne pouvons le faire qu'en devenant Serviteurs du Très Haut, c'est-à-dire sans égo.
Je pense que son attachement au livre Le retour du phénix de Marthe de Chambrun Ruspoli dont Roland Tefnin a bien démonté le contenu dans la revue L'Antiquité Classique de 1985 suffit à situer le niveau de sérieux du travail de Staune.
Je crois que je ne reconnais à son fil de recherche qu'un mérite : celui de poser la question de savoir ce qu'est l'Eglise johannique dont parle l'Evangile de Jean en son chapitre 21, question qui en a travaillé tant d'autres par le passé (je pense ici à Léonard de Vinci avec son célèbre tableau de la Cène, et aux églises "parallèles" guérisseuses ou non). Si elle existe, de toute façon, vu l'ambiance antéchristique actuelle, cette Eglise ne peut pas être du côté des auteurs de livres à succès, ni des conférenciers promus par YouTube. Le Royaume est comme la graine de sénevé, il grandit dans l'ombre et l'humilité (Matth 13:31).
Personnellement, je préfère en ce moment m'intéresser à un tout autre auteur, très clandestin celui-là et impeccablement fidèle à l'Eglise de Pierre, humble essayiste méthodique et scrupuleux des années 1850, le normand Eugène Aroux. Denis de Rougemont dans L'Amour et l'Occident ne le cite que pour l'associer au Sar Péladan, ce qui est un grand tort. Je crois que ses hypothèses sur les cathares et l'amour courtois, même si elles simplifient un peu trop la problématique de l'amour platonicien, sont extrêmement utiles pour comprendre le poids de l'hérésie dans la culture européenne depuis Joachim de Flore, surtout son poids occulte. Oui, il faut se plonger dans les travaux d'Aroux. Ceux-ci d'ailleurs ne sont pas étrangers au sujet de l'adamisme dans le couvent franciscain de Louviers que j'évoquais dans ce blog il y a deux mois, et cela conduit à réfléchir aux fruits douteux du séraphin d'Assise, particulièrement en la branche actuelle de son arbre : l'Eglise "synodale" que le pape tente d'imposer. On y reviendra.
Quand L'Humanité faisait l'éloge d'Arthur Avalon et de la déesse-mère
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J'ai déjà rappelé ici que le socialisme révolutionnaire de Pierre Leroux et des saint-simoniens était très attaché à la figure de la déesse-mère. On oublie aussi souvent qu'un grand alchimiste, Jollivet-Castellot, fut un des fondateurs du Parti communiste français (et l'on sait le lien entre l'alchimie et la Terre-mère, Gaïa). On est là dans la tradition maçonnique (et médiumnique) du Nord-Pas-de-Calais (cf Facon).
On ne devrait donc peut-être pas être si surpris que cela de lire dans le célèbre journal communiste français L'Humanité du 3 février 1924, sous la plume de Maurice Parijanine (Maurice Donzel), journal pourtant en théorie principalement inspiré par le matérialisme dialectique de Marx, un éloge d'un poème d'Arthur Avalon dédié à la "Mère des Védas" et "Reine des Serpents". "Le culte de la mère, observe Parijine est très ancien, il appartenait déjà a la civilisation méditerranéenne la plus reculée" pour que ses lecteurs ne réduisent pas cela à une bizarrerie indienne. Puis il ajoute à l'intention des admirateurs de Lénine : "Nous avons encore beaucoup à apprendre de l'Asie. Certains révolutionnaires russes ont dit de leur pays qu'il est une Eurasie, une alliance foncière des deux continents. Il y a du vrai là dedans ; et, si nous persistons dans notre décadence occidentale, il se pourrait bien que le foyer de la civilisation dérivât lentement à l'opposé du soleil, vers les sources primitives des générations. Des poètes s'écrient l'Europe n'est plus. L'Asie seule contient l'avenir dans ses vallées sécrètes. Pour nous, engagés dans une lutte quotidienne, ces prévisions à lointaine portée ne semblent avoir qu'un intérêt relatif. Cependant, nous pouvons déjà compléter notre culture, rendre notre pensée largement humaine par l'observation des Orientaux. Des spécialistes nous ouvrent le trésor de leurs antiquités. Des écrivains d'envergure mondiale, tels que Romain Rolland et Rabindranath Tagore nous révèlent la conscience d'une Asie toute moderne. Entre les deux extrémités des temps connus, nous discernerons des traditions fécondes et notre désir d'Universalité spirituelle pourra s'assouvir". On est là encore assez proche de l'indophilie de Pierre Leroux, et pas très loin de sa religion de l'humanité, antichambre de la religion unique mondiale qui se met en place sous nos yeux.
Arthur Avalon (Sir John George Woodroffe), dans la Puissance du Serpent (The Serpent Power), fut le premier à mettre à la sauce occidentale de la Théosophie les chakras et la kundalini comme réalités énergétiques tangibles qu'il avait expérimentées dans le tantrisme indien.
Bien sûr Parijanine, s'il est en un sens représentatif d'un certain courant de la gauche révolutionnaire française, ne l'est probablement pas de l'ensemble du mouvement communiste. Traducteur de Trotsky il rejoignait cette dissidence à la fin des années 1920 et en 1929 polémiquait contre l' "écrivain officiel" (et membre de la fraternité des Veilleurs de Schwaller de Lubicz) Henri Barbusse. Son rapport à Avalon est peut-être inspiré de son propre vécu : il s'était en effet imprégné des campagnes russes entre 1917 et 1920 qui ont peut-être gardé à l'époque quelque choses du chamanisme initial, comme le shivaïsme.
Pour autant son goût pour la Terre-mère ne relève pas de l'idiosyncrasie, et d'ailleurs même si cela avait été le cas, le statut de chroniqueur littéraire qu'eut Parijanine à l'Humanité de 1923 à 1928 donnait une portée importante à ses particularités. On voit qu'il rattache le travail d'Avalon à celui de Romain Rolland, célèbre pacifiste socialiste, qui diffusa en Occident la pensée de Rabindranath Tagore et de Gandhi... On peut penser aussi au surréalisme qui avait aussi à l'époque le regard porté vers l'Orient. Tous ces courants convergeaient pour élargir les brèches antichrétiennes ouvertes par Mme Blavatsky et qui allaient trouver un boulevard à leur service dans le New Age. Et cela ressort à nouveau aujourd'hui, à la faveur du succès des thématiques écologistes (elles-mêmes très soutenues au sein de l'ONU par des sectes new age dans les années 1990) aussi bien à travers les "unes" que L'Humanité Dimanche consacre à des sorciers ou que des clins d'oeil à la santeria cubaine d'un Jean Ortiz.
Hypnose dangereuse
Hier (29 avril) l'ex-médium repentie Doreen Virtue invitait sur sa chaine YouTube une autre ex-médiums "sauvée en Jésus-Christ" Jenn Nizza pour évoquer la question de l'hypnose thérapeutique, un sujet qui suscite autant de polémiques en milieu chrétien que les massages.
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Jenn Nizza y explique que tranquilliser l'esprit l'ouvre à des influences spirituelles potentiellement dangereuses (il en va de même pour la méditation) et raconte notamment l'expérience à laquelle fut soumise en 2013 Theresa Caputo, très médiatique médium quinquagénaire (née en 1967) de Long Island (et catholique pratiquante), lorsque le Dr Daniel Amen a scanné son cerveau avec un dispositif de tomographie par émission monophotonique (TEMP, SPECT en anglais), une expérience qui a été ensuite reproduite sur des plateaux de télévision, notamment par le célèbre Dr Ozz. Les scanners ont montré que lorsqu'elle canalise des messages de l'au-delà et du monde invisible, son cerveau est dans le même état de passivité qu'au cours de la méditation ou de l'hypnose. Cela prouve selon Jenn Nizza que l'inactivité du cerveau fait entrer des éléments que nous ne maîtrisons pas, des éléments potentiellement dangereux, ce qui explique que la Bible prône la vigilance et l'éveil permanent dans la prière.
Au passage notons quand même que l'analyse de la voyante Maud Kristen par le spécialiste américain de la parapsychologie Normand Don en 2001 n'avait pas donné les mêmes résultats : fonctionnement en symbiose des deux hémisphères cérébraux, relaxation mais pas d'inactivité (mais avec Kristen c'était un test d' "intuition", de clairvoyance, pas de nécromancie).
"Mystique et Magie" de Jean-Gaston Bardet
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"Ne t'arrête pas de hurler sur le cadavre du genre humain que tu vois s'en aller vers des malheurs si grands que la langue ne peut les décrire" (Ste Catherine de Sienne, Le Livre des dialogues, CVII)
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Un lecteur de ce blog que j'interrogeais il y a peu à propos de la numérologie et des heures miroirs m'a conseillé la lecture de Jean-Gaston Bardet (1907-1989), architecte urbaniste qui étudia avec le docteur Alphonse Gay (un clinicien enseignant à la Faculté catholique) le fonctionnement des mystiques chrétiens mais aussi publia divers ouvrages sur la spiritualité (ce qui lui valut de devenir un conseiller du pape Jean XXIII). Je me suis procuré Mystique et magies, paru chez Trédaniel, 1972 puis réédité deux fois, et me suis décidé à le commenter sur ce site, particulièrement parce que cet ouvrage s'intéresse de très près à la problématique du double spirituel, que j'ai un peu abordée dans mon essai sur les médiums de 2017 et qui a pris une importance certaine dans mon expérience personnelle depuis lors. J'essaierai de présenter ici pas à pas le contenu de ce livre, tout en m'excusant auprès des lecteurs pour mes maladresses, mes approximations, et mon ingénuité, car je suis tout à fait Béotien dans les sujets que je vais exposer ici.
Le livre commence, en introduction, par cette problématique du dédoublement. Il en est de deux sortes, nous dit l'auteur : il y a la sortie du corps naturelle dans l'espace et le temps, auquel on peut parvenir dans des rites initiatiques ou par la consommation d'enthéogènes - ça, cela relève de la magie ; et puis il y a l'extase surnaturelle hors du continuum espace-temps, et cela, ça relève de l'expérience mystique.
D'emblée il annonce qu'il ne pourra pas examiner ces deux aspects de la sortie du corps sans avoir examiné la problématique de l'alphabet hébraïque, parce que "chacun sait, écrit-il p. 20, que la plupart des formules ou pantacles magiques (même si on les donne sous couvert de celtisme) renferment des expressions et des lettres hébraïques".
Qu'il me soit permis d'ouvrir une parenthèse ici. Je me souviens que Maurice Caillet, franc-maçon repenti converti au catholicisme, avait un jour dans une conférence témoigné qu'une femme avait été prise d'un malaise dans le cadre d'un cours lorsque l'orateur avait écrit des lettres hébraïques au tableau, ce dont ce dernier s'était excusé ensuite car il s'agissait effectivement des lettres d'un mot magique. Depuis lors, je suis tout à fait convaincu de la puissance des lettres hébraïques, et cette vidéo dans laquelle le rav Menahem Berros (dont on a déjà croisé le nom sur ce blog) raconte comment il a pu réaliser un exorcisme à partir d'une spéculation sur les lettres hébraïques finira, je pense, de vous en persuader...
Suit dans cette introduction une thèse un peu compliquée sur le fait que l'alphabet hébraïque n'est pas purement consonantique (sans quoi le tétragramme YHWH serait imprononçable), ce dont les Juifs eux-mêmes ont perdu le sens à partir de la codification d'Esdras (au IVe s av JC), avec notamment la perte du fait que dans le tétragramme, le vav porte aussi le "o" qui ouvre la voie à l'incarnation de Dieu. "La signification de l'Ecriture esdraïque étant perdue, deux grands courants se formèrent : le courant talmudique, moraliste et le courant kabbalistique ésotérique et mixturé de gnose alexandrine" (p. 28), le Talmud ayant oublié d'utiliser dans la Torah les lettres anormales et les kabbalistes (pour la gematria) les 5 lettres finales qui s'ajoutent aux 22 lettres. A partir d'une analyse serrée du bras de fer entre Moïse et les magiciens du Pharaon (autour de la question des divines proportions) et des compétences de Joseph et Daniel en matière d'interprétation des rêves, Bardet pose (p. 45) que les "Hébreux n'avaient rien à apprendre des Egyptiens ni des Chaldéens en matière de science divine" (ce qui est effectivement normalement le postulat de tout chrétien attaché à la Bible), ce qui lui permet de révoquer toute la numéralogie pythagoricienne prisée par l'ésotérisme français (Claude de Saint Martin, Papus), que Bardet considère comme fausse ("le pythagorisme est une véritable caricature de la Torah", écrit-il).
A la racine de l'erreur de la magie, nous dit Bardet, il y a l'acte de rébellion d'Eve qui, faisant confiance au serpent, croit qu'elle deviendra "comme Elohim", et, ce faisant, agit aussi sans référer à Adam qui est normalement sa tête (ce qu'a redit Paul dans sa première lettre aux Corinthiens). "C'est l'amorce du matriarcat, nous dit Bardet, période la plus funeste des sociétés humaines. La femme, physiquement plus faible cherchera ses pouvoirs dans le psychique, d'où les 'mille sorcières pour un sorcier' de Michelet" (p. 46).
J'ouvre ici une parenthèse pour noter que Bardet à la différence des Chrétiens d'inspiration hénochienne de nos jours (voir mon dernier livre là-dessus) identifie bien la faute d'Eve comme origine de la magie, et non pas l'union des Fils de Dieu/Veilleurs avec les Filles des hommes (Genèse 6:1-4).
L'opposition entre magie et mysticisme se découvre , nous dit Bardet, dans la différence entre le moment où Moïse extrait de l'eau en frappant un rocher de son bâton (Exode 17:5) avec un geste technique qui est celui du sourcier du cas où, dans Nombres 20:7, il est censé faire surgir de l'eau d'une seule parole sur ordre de Dieu (mais il commet ensuite l'erreur de frapper deux fois le rocher de son bâton de peur que cela ne marche pas...).
Venons en maintenant à la question de dédoublement, de la dualité, abordée dans le chapitre II, qui a déjà son principe dans la dualité entre le monde d'en haut et celui d'en bas ("sur la Terre comme au Ciel"). L'humain comprend le rouach (l'esprit, pneuma, la lettre pi, qui vient du he hébraïque), et le nefesh (l'âme vitale, psyché, psi, qui vient du shin hébraïque). Le rouach, pneuma, commande tout. Il est non localisé par essence. Le nefesh-psyché coordonne les plans de vie. "Grâce à elle peuvent s'exprimer instrumentalement les actes intellectuels et libres de notre pneuma...Elle assure, à l'étage végétatif, la continuité nécessaire à la chair. Enfin, elle peut, hors du corps, continuer à assurer la vie. Soit dans le cas des âmes séparées après la mort ; soit dans le cas du dédoublement." (p. 70,
Au passage Bardet condamne Descartes qui coupe l'âme-psyché-nefesh du corps, mais aussi CG Jung qui appelle "âme" (Seele) aussi bien le rouach que le nefesh. On pourrait au passage reprocher à Bardet dans son obsession de tout dédoubler d'oublier au passage qu'il existe aussi dans le judaïsme un troisième élément, la neshama, dont il ne parle jamais.
Attaché à la démarche empirique, justement à cause du dédoublement (qui pour Bardet n'est pas démoniaque mais très ordinaire), il s'intéresse à des cas comme Léo Ferrer, adepte du yoga, ou du réalisateur (qu'il présente comme un peintre) Guy Casaril , auteur dans la collection "Maîtres Spirituels" (Editions du Seuil) de "Rabbi Siméon Bar Yochaï et la Kabbale", qui faisait des sorties du corps par la tête. Il évoque la vision du double dans un brouillard bleuté, transparent, blanc ou blanc violet, l'élévation du double au dessus du charnel. Ce n'est pas une bilocation précise-t-il sauf que ce corps ne peut être touché sans quoi il serait blessé en réintégrant le corps (il rapproche cela du corps de Jésus ressuscité qu'on ne peut toucher en Jean 20:17).
Il ne faut pas que ce soit un dédoublement volontaire comme le font les gourous indiens. Genese 15:10 est mal traduit selon Bardet : c'est Abram lui même qui se divise. A juste titre il critique les expériences de projection dans l'astral des rosicruciens (AMORC) qui peuvent faire perdre la raison (d'ailleurs au 9ème degré de l'AMORC on ne se dédouble qu'à 30 cm). Avec un oeuf de 80 cm qu'ils font tourner les rosicruciens projettent dans cette forme leur double pour y rencontrer des larves astrales.
Puis Bardet évoque les âmes du purgatoire (qui est un état et non un lieu) qui vont rencontrer les vivants comme l'autrichienne Maria Simma. Celle-ci souffrait pour elles et ajoutait que les âmes catholiques souffraient plus mais moins longtemps que les protestantes. Elles ne peuvent rien faire pour elles-mêmes, seules les prières des vivants peuvent les sauver. Ensuite c'est au tour des anges de trouver place dans le livre avec des souvenirs de l'auteur sur son expérience de guerre en 1940 et sa visite au Padre Pio en 1952 à l'invitation de Raoul Villedieu (un ange matérialisé dans un corps le guida comme dans Tobie 12:19). Sur les anges déchus il renvoie à Giovanni Papini - son livre sur les démons dans l'art contemporain (p. 104). On trouvera ensuite dans l'ouvrage de Bardet une critique de la "bêtise" des entités spirites qui rappelle celle (plus inspirée) que fait Guénon, et une analyse expérimentale d'une canalisation de Lola Montès par une certaine Mme Laval de Montauban en 1932 et de celle de Suzon Clairac.
En venant aux exorcismes, JG Bardet estime qu'ils ne doivent être accomplis que par des prêtres irréprochables et que l'Eglise catholique les minimise trop maintenant du fait d'une surévaluation du rôle des démons qu'il y eut auparavant pendant la contre-réforme. Il cite longuement des exorcisme figurant dans un ouvrage de Mgr Léon Cristiani paru en 1959, ce qui est peut être une façon, me semble-t-il, de leur faire un peu trop de publicité. Une petite anecdote "Le brave Père Lamy, curé de La Courneuve, voyait souvent Satan dans un coin de son église et il l'apostrophait : 'va t en sale Bête !'. Alors Marie présente intervenait : 'Souviens toi que c'est un Prince' ". Le Père Lamy a sa fiche Wikipedia aujourd'hui. Je ne suis pas sûr que cette anecdote serve sa cause. Bardet aurait mieux fait de citer Bérule.
Au total le chapitre II "La structure humaine" apparaît assez banal et sans grande envergure. Le chapitre suivant sur la magie (que l'auteur situe dans la sphère du paranormal, entre le surnaturel et le naturel, et dans laquelle il voit surtout un facteur de déséquilibre cosmique), est très marqué par la figure de Papus que l'auteur a lu lorsqu'il était lieutenant dans le Génie à Metz. Il insiste sur la nécessité de s'y livrer dans un cercle protecteur (circulus) après avoir été exorcisé selon le rite romain par les quatre éléments, avec sur soi un pantacle et de faire preuve d'ascétisme.
Faisons une mention de ses remarques sur le rapport de la magie à l'eucharistie car c'est un élément important du débat actuel (comme ça l'a toujours été) avec les protestants. Il rapporte l'expérience de Papus qui avait amené un sujet hypnotisé à la messe et avait vu une lumière sortir du coeur de fidèles pour aller entourer le prêtre au moment de la communion. Ce qui recoupe le propos du théosophe Arthur E Powell (que Bardet orthographie par erreur "AF Powel" il y a quelques coquilles de ce genre dans son livre...).... tout en ajoutant : "Mais ce que Powel ne précise pas, c'est qu'il n'y a aucune manifestation dans le cas des pseudo-évêques théosophes". La même expérience a montré aussi une condensation de lumière en provenance des fidèles sur les hosties protestantes (mais pas sur le pasteur), et le voyant orthodoxe a vérifié la même choses sur les hosties orthodoxes lors de la communion. Bardet dit (p. 144) refuser volontairement de rapporter les expériences de voyants catholiques pour qu'il n'y ait pas de soupçon de partialité. Et comme beaucoup de catholiques l'auteur rappelle que l'utilisation des hosties consacrées par les satanistes qui les détournent (c'est encore arrivé récemment au Canada) suffit à en prouver le pouvoir. Bardet évoque aussi des expériences pendulaires sur du pain béni. Selon lui, la force de l'eucharistie aurait dû dispenser Papus et les autres de pratiquer la magie.
"Au lieu de s'adresser à des esprits qui réclameront un lourd paiement différé, l'ami de Dieu - par la prière, par l'oraison, par le secret des pères du désert, s'adresse directement à l'Essence créatrice. Il renoue le contact perdu" et l'attitude apparemment passive du mystique est "la plus haute forme d'action" disait Bergson...
La magie s'est frayé un chemin au Moyen-Age sous couvert d'hébraïsme avec notamment Rachi de Troyes qui tirait profit de l'influence des foires de Champagne (Louis Chochod). Les chrétiens débattaient avec les rabbins, mais une fois découverte la kabbale, le concile de Latran IV impose l'étoile jaune en 1215, Saint Louis fait brûler le Talmud et l'Angleterre expulse les Juifs en 1290. En 1516 Venise crée un ghetto. Mais l'hébraïsme a déjà envahi l'Europe avec l'astrologie et l'alchimie "jusque dans les boucles d'oreille - à l'imitation des Maures et des Tsiganes - que portaient les Compagnons du Devoir".
Plus grave encore aux yeux de Bardet, les hérésies comme le catharisme dont le "consolamentum" provoque des décorporations sataniques calquées sur le Corpus Hermeticus (Jean Guiraud).
Bardet examine ensuite le Graal dont j'ai montré dans mon livre sur Barbara Aho qu'un courant évangélique (entre autres) lui prête une nature luciférienne. Pour Bardet il s'agit du Christ à double nature : shin (vert - Luc 23:31) et waw (rouge).
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Selon Bardet, les Compagnons du Devoir détiennent un secret sur le Graal... Je pourrais développer le sujet dans un billet séparé. Mais cela me prendrait trop de temps et d'énergie, donc je préfère traiter la chose en quelques lignes ici même si cela risque de rendre le billet fort long. Disons que divers événements biographiques m'ont sensibilisé aux thématiques de Bardet sur le sujet. Concernant le Graal, j'ai vécu six mois à Troyes en 1994 (salut Valérie Gruyer et Héry Ramilijoana !) ce qui m'a sensibilisé à l'intérêt littéraire (sinon mystique). Et j'ai connu les compagnons du devoir par le biais de la provençale New Age possédée dont je parle dans mon livre sur les médiums, j'ai même effectué une ascension initiatique de la Sainte Baume avec eux.
Jean-Gaston Bardet mentionne un "dit" (une tradition orale) des Compagnons du Devoir : "Le Saint Graal a été porté par trois tables, une ronde, une carrée et une bicarrée. Toutes les trois ont une même surface et leur Nombre est 21".
Bardet rappelle que les Compagnons sont nés dans la mouvance bénédictine et qu'une partie s'est compromise avec les Templier : les "Enfants du Père Soubise, de Nogent-sur-Aube ou Nogent-en-Othe, composé exclusivement de charpentiers ("Bons-Drilles" ou "Passants") contre les "Enfants de Maître Jacques", qui ont été interpénétrés avec les Tziganes et les Francs-maçons, se réfèrent à la kabbale et effectuent leur Tour de France en sens inverse de celui des congrégations religieuses (pour mémoire il y a une statue de "Maître Jacques" de Molay, à la Ste Baume).
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Le Compagnonnage bénédictin savait que la valeur du Shin est 21 (et non 300 comme dans la Kabbale et le tarot). Le Shin (corps du Christ) qui a la forme d'un vase utilise d'ailleurs les trois formes : ronde (le point sur l'axe), carrée (les têtes des Wawin), rectangulaire (la base). On renverra au livre (p. 162-163) pour la polémique mathématique que Bardet engage avec Raoul Vergez (dit "Béarnais") et Louis Charpentier sur l'exploitation du Shin dans les cathédrales.
Pour Bardet, le sens du Shin présent dans l'architecture de la cathédrale de Chartres (construite entre 1194 et 1220) s'est perdu ensuite dans l'art gothique par la "pénétration gnostique" substituant l'étoile magique au Tétragramme sacré.
Selon lui, la vérité originelle du Graal est dans ce savoir maçonnique bénédictin champenois autour du nombre, de la figure et du poids, que l'hermétisme spéculatif va défigurer en en faisant un objet de voyage alchimique, comme la Toison d'or, tandis que seule la Table ronde est conservée (sans les autres formes), "symbole d'égalité-fraternité", puis on ira même au XIII ème siècle jusqu'à y introduire de la magie celtique (Merlin) et même Alexandre le Grand, symbole du syncrétisme.
Shin est la lettre centrale dans le nom de Jésus au milieu du tétragramme : Y H Sh W H, et 21, sa valeur est la seule lame au tarot non numérotée au fronteau et le Shin y est surnommé "le Fou" à titre blasphématoire (Chochod). Tout homme normal a un shin à l'endroit au vertex et un shin inversé au pied et c'est l'inverse chez les satanistes (on renvoie à la p. 167 du livre pour une approche pendulaire des diverses dispositions de Shin chez des personnalités des années 1970).
Pour rapprocher le travail de Bardet de celui de l'évangélique Barbara Aho auquel j'ai consacré mon avant dernier livre, je dirais qu'ils partagent une même aversion pour le talmudisme, mais une même fidélité à l'hébraïsme originel revivifié par le sacrifice de Jésus-Christ. Cependant Bardet a un regard plus nuancé que la prédicatrice texane sue les Templiers dont il souligne l'utilité initiale. Toutefois il reconnaît des problèmes initiaux de symbolisme dans cet ordre (la croix renversée sur l'épaule gauche), le danger qu'il y avait à laisser une "armée coloniale" de ce type, même pourvue d'une règle de fer, évoluer "en vase clos", et le placement dans ces ordre, à titre de redressement, disciplinaire, de dignitaires cathares repentis. L'orgueil des Templiers à qui on put faire avaler qu'ils auraient des savoirs orientaux secrets sans en payer le prix, la compromission de Gérard de Ridefort, jusqu'à l'adhésion à la Sourate IV du Coran (Jésus n'est pas mort sur la croix), firent le reste ce qui explique que les Templiers aient ensuite volé à Constantinople en 1207 et caché le St Suaire (preuve de la crucifixion de Jésus) réapparu seulement en 1353 (46 ans après la dissolution de l'Ordre).
Pour Bardet, toutes ces magies prolongées par la rose-croix et la franc-maçonnerie recherchent le dédoublement psychique, le contact avec des entités, la promotion (comme les chrétiens sociaux) d'un Christ humain, dans la lignée de l'arianisme, au coeur même d'une France qui, placée sous le même archange (Michel) qu'Israël, est appelée à sauver le monde (p. 185). Papus avait déjà vu qu'en franc-maçonnerie, "les mystères du dédoublement conscient de l'être humain, ce qu'on a appelé la sortie consciente du corps astral... ont été développés pour constituer les degrés écossais, ajoutés par le Suprême Conseil de Charleston (en Caroline du Sud) vers 1802"... "et ces grades conduisant au dédoublement sont précisément, couronnés... par des grades Templiers" Cette maçonnerie "écossaise" était en fait américaine, et hébraïque avec la fondation du B'nai B'rith en 1843.
Tout cela n'est que supercherie pour Bardet car les dédoublements volontaires (magiques) ne font rencontrer que des "larves astrales". Le psychisme ne sort pas de lui-même (idem dans les exercices ignaciens des jésuites p. 305).
Le vrai dédoublement s'obtient par la voie ascétique (celle de la mortification) et la voie mystique (la mort spirituelle), qui est le renoncement à la volonté personnelle (St Jean de la Croix, Eze 1:12). Là la chair s'aligne sur l'esprit, mais l'esprit a encore à progresser et s'affranchir de ses propres frasques, et il doit continuer à progresser vers les demeures les plus intérieures de son château (Ste Thérèse d'Avila). La grâce de l'entrée dans la 5eme demeure peut advenir au moment le moins attendu par l'extase des Ténèbres comme ce fut le cas pour J de J qui n'était jamais passé par l'étape de l'oraison. Elle arrivait à tout moment à Anne Marie Taïgi (p. 334).
Une petite parenthèse à ce stade : un lecteur de ce blog qui a bien connu Gaston Bardet, me précise : "Gaston Bardet avait demandé au docteur Charles Villandre un crucifix reproduit d'après les travaux du Docteur Pierre Barbet au sujet du Linceul de Turin. Il me semble que ce crucifix était grandeur nature et comportait les détails anatomiques les plus précis révélés par les photos en négatif de la Sainte relique. Gaston Bardet entendait battre le cœur de Jésus à l'intérieur de cette très fidèle reproduction . C'est à partir de ce moment qu'il ajouta le prénom de" Jean" au sien propre: "Gaston". Dans ses livres, il parle de J de J. Il s'agit de lui-même soit "Jean de la Joie" Il avait en effet reçu les "grâces de jubilation" si bien décrites par Sainte Thérèse d'Avila."
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On oublie trop souvent, nous dit Jean-Gaston Bardet p. 336, que l'intelligence puissante de St Thomas d'Aquin s'enracinait dans une propension très forte pour l'oraison. Il pouvait, sur cette base, se provoquer des extases à volonté comme beaucoup d'autres saints selon Richard de Saint Victor. Son biographe (Vita Sancti Tomae), Guillaume de Tocco, procureur du couvent des frères Prêcheurs à Bénévent représenté en bas à gauche du tableau de Zurbaran ici , très sensible à la douleur, il se provoquait des extases en lieu et place de nos anesthésies, lorsqu'un chirurgien devait effectuer sur lui une opération chirurgicale. Bardet précise dans une note de fin de chapitre que lui-même a tenté d'entrer en extase pour une opération mais que cette initiative combinée aux effets de l'anesthésie l'a plongé dans une syncope bleue. Il pense que St Thomas était un homme à la peau fine comme les sélectionnait Swami Vivekananda pour en faire ses disciples.
P. 338 Gaston Bardet s'essaie à des observations médicales sur les effets de l'oraison. Il relève notamment l'apaisement des névroses, des angoisses, lié à un ralentissement de la vie végétative (ce dont, note-t-il, les taoïstes et les "yoguins" abusent). Il étudie aussi les maladies de l'Esprit que peuvent occasionner les extases mais aussi l'effet étrange de la communion spirituelle sur ces maladies comme une bronchite qu'il avait lui-même contractée dans une extase mais qui fut ensuite stabilisée pendant trois semaines au point que son médecin lorsqu'il l'examina pensa qu'elle n'avait que trois jours. Il condamne au passage le mot de "faiblesse" forgé par Ste Hildegarde pour les léthargies extatiques, y voyant les premiers effets funestes d'un humanisme naissant (le bébé qui s'endort contre le sein de sa mère vivrait-il dans la faiblesse ? demande-t-il).
Ces effets de l'oraison lui paraissent diamétralement opposés à ceux des "états hypnoïdes" (pratiqués en sophrologie, chez certains médiums etc) qui "consistent en un clivage de plus en plus accentués du cerveau antérieur (hémisphères cérébraux et cerveau intermédiaire ou diencéphale) et du névraxe : moelle et cerveau postérieur. Ce clivage entraîne une dissociation de plus en plus grave de l'intelligence et de l'imagination, de la volonté et de la sensibilité, de la mémoire des concepts et de la mémoire des images, une suppression de la sensibilité, puis, progressivement, des cinq sens ainsi que de la motricité". Dans le sujet animal coupé de son cerveau antérieur, l'hypnotiseur peut insérer une image, une suggestion, comme fait le démon dans la tentation qui agit par l'imagination (cela une voyante me l'avait déjà dit...). Joseph Breuer sur cette base introduisait des images inconscientes dans le cerveau animal qu'il pouvait ensuite refaire surgir et manipuler. L'AMORC (le rosicrucisme américain) l'utilise pour plonger les adeptes dans des états qui les font rencontrer des entités.
Le magnétisme plonge aussi dans un sommeil comme l'hypnose mais sur un mode plus progressif. Bardet en décrit les étapes et témoigne qu'il a pu faire parler en anglais un sujet en état de cataleptie magnétique (p. 350) ce qu'il rapproche des cas de possession décrits par Mgr Saudreau, cité par L. Christiani (et cela est à rapprocher aussi du programme MK Ultra de la CIA). Cela conduit à des états de somnambulisme, perception à distance etc.
Au delà, c'est la dissociation du corps subtil (le "ka" égyptien) chers aux adeptes du yoga, et obtenu électriquement par le colonel de Rochas à l'aide d'une machine Wimhurst. Hector Durville les photographia. Le journaliste anglais adepte du yoga Paul Brunton (Raphael Hurst), a raconté son expérience dans la Grande Pyramide de Khéops de déboublement dans les années 1930, qu'il vécut comme un début de mort, avec une remontée de l'âme vers la poitrine et le cerveau et la sensation de basculer dans l'infini. Bardet explique en note de fin de chapitre que "son dédoublement inopiné provient sans doute des radiations dangereuses qui baignent le tiers inférieur de la Pyramide" (nb : sur les pyramides et l'électricité voir notre billet ici) et observe qu'ensuite Brunton n'aura que des expériences décevantes en Inde. Pour lui, c'est une expérience de psyché (nephesh), pas de pneuma (rouach). La part du nefesh qui sort est un ectoplasme froid, reptilien, sans intelligence, physique et donc affecté par le chaud et le froid (je vous renvoie à mon billet de 2018 dans lequel je relevais cette anecdote racontée dans la revue Smash Hits de 1988 par la chanteuse californienne bouddhiste ex-cocaïnomane Belinda Carlisle, de son contact en 1977 - à 19 ans - à Londres avec un ectoplasme froid).
Bardet revient ensuite sur les bilocations, celles du Padre Pio dont on a beaucoup parlé sur ce blog, celles de Mère Yvonne-Aimée de Jésus (aussi citée sur ce blog) celles du dominicain péruvien Martin de Porres, bilocations liées à une union supérieure avec le Dieu trinitaire. La même méthode d'opposition du mysticisme chrétien à la magie païenne et juive revient dans le chapitre VII sur la kabbale où il invoque l'autorité de St Bonaventure (et même des qaraïtes p. 406) contre Gershom Sholem et les tarologues.
Ceux qui se confrontent couramment au yoga, au New Age, à tous les coachs de "développement personnel" très en vogue en ce moment et de bien être pourront lire avec profit le chapitre VIII. « Approché par la Route de l’Est (identification), avait écrit en août 1948 Teilhard de Chardin dans "Comment je vois", l’Ineffable n’est pas Aimable. Atteint par la Route de l’Ouest (union), Il est dans la direction prolongée de l’Amour. Ce critère très simple permet de distinguer et de séparer comme antithétiques des expressions verbales presque identiques chez un chrétien et un indou » . Le penseur, nous dit JG Bardet, après s'être égaré dans une "synthèse philosophico-scientifique" et une aberration comme le "rôle cosmique de la sexualité" retrouvait ainsi la voie de la Trinité : aucun salut ne vient de l'Orient. La France après l'Allemagne (où la syllabe "oum" servait à conjurer depuis le XVIe siècle) est devenue en 1945 une terre de mission pour le yoga. L'opération nous dit Bardet était coordonnée par les francs-maçons qui savaient que la théosophie n'avait pas suffi à garantir l'importation du culte de la déesse mère sous nos latitudes (il s'appuie à ce sujet sur le livre de Jacques Lantier "L'extraordinaire aventure de la théosophie" paru en 1970). Le celtisme en Bretagne et au Canada n'est qu'un auxiliaire de cette tendance : "ce dernier pue l'hitlérisme sous couvert d'aryanisme", note l'auteur p. 420 qui cite un extrait non daté de la "Revue du Québec Libre" celtisante lequel disait : "Pourquoi parler des camps de concentration dans l'Allemagne national socialiste où, d'ailleurs, aucune chambre à gaz n'a jamais existé ?"...
Pas toujours ordonné dans ses démonstrations (c'est le moins qu'on puisse dire), JG Bardet fait un détour par la vie affective désastreuse des piliers du mouvement théosophiques que furent Helena Blavatsky, Annie Besant et Anne Kingsford. Puis il se confronte à la civilisation indienne : "Ce pays de mathématiciens, d'idéalistes - et non de mystiques, c'est à dire de réalistes - a dévié la notion d'éternité : Eternel Présent" (p. 422), tandis que les Indiens s'interdisaient justement de penser l'éternité en ajoutant des zéros (leur invention) aux années, ce qui entraîna un désespoir collectif devant le réel représenté par la doctrine de la réincarnation des bouddhistes et des jaïnistes.
Le Hatha-Yoga, nous dit Bardet, ne conduit pas à "servir" Dieu "mais à se transmuer en dieu par la violence de son énergie sexuelle, et le Jnana-Yoga n'est qu'un enfermement orgueilleux dans la connaissance de soi. Seul le Bakhti-marga comme recherche de l'unité avec le Bien-aimé trouve grâce à ses yeux. Il évoque au passage un échange qu'il avait eu avec le Swami Siddheswarananda qu'il avait rencontré dans les années 1950 pour lui dire qu'il se trompait sur St Jean de la Croix et qui mourut ensuite "très vite d'un cancer consécutif à ses pratiques" (p. 424).
Pour JG Bardet, le Hatha-Yoga consiste à "transmuer l'énergie due à la respiration et l'énergie sexuelle en énergie dite cérébrale", et il se livre à une analyse de l'énergie de nature électrique (qui est aussi celle des magnétiseurs) dont on constate la circulation avec l'acupuncture chinoise et d'énergies purement spirituelles dont le "gayographe" avec lequel il a travaillé pourraient enregistrer les variations. De ces énergies invisibles l'hindouisme dégage la notion de corps subtil mais qui n'est qu'une partie du corps glorieux chrétien et qui, bien qu'il survive au corps "lourd" après la mort physique, est voué à terme à la dissolution. Le Hatha-Yoga, union du soleil (ha) et de la lune (tha), est un travail sur la Kundalini-Shakti, le Serpente originelle (Alain Daniélou, Yoga, méthode de réintégration, L'Arche, 1951). "Aujourd'hui, le yoga qui nous est transmis n'est pas le yoga initial, le mode d'union de la Révélation primitive, mais le Yoga sexualisé de l'ancien matriarcat, c'est à dire la pire dégradation satanique de la Révélation de la Vierge Marie" (condamnée par le Concile d'Ephèse de 431 qui en la proclamant theotokos rompt toute confusion possible avec la déesse mère). La contraction du périnée (yoni) à la base des postures (asanas) n'est pour JG Bardet qu'une activation d'une vulve en tout un chacun, et un massage des parties sexuelles qui active une énergie laquelle conduit à des vibrations de l'hypophyse analogues à celle que provoquent le chant et la psalmodie - à ce stade on peut émettre une réserve : toute séance de yoga n'implique pas des contractions du périnée.
En bout de chaîne, aux yeux de Bardet, il y a le tantrisme, dernière invention indienne (selon Mircea Eliade, mais ce point est controversé) sous l'influence du taoïsme (je précise que cela est confirmé par Van Gulik). Pour JG Bardet qui s'inspire toujours des travaux de Daniélou qu'on a cités sur ce blog il y a 13 ans, il y aurait là une sorte de revanche du shivaïsme dravidien sur les vedas aryennes : "le sang noir l'a emporté (comme chez les Soufis) pour pousser à l'orgie" (sic). Cham qui s'est moqué de l'ivresse (mystique) authentique de son père, Noé, a bien mérité d'être maudit" (p. 434). Ce passage révèle une connaissance très superficielle du tantrisme, avec des clichés raciaux dignes de Benoist-Méchin, et du style de pensée très années 40 de l'administration vichyssoise. Sans doute le pire passage du livre.
Il y aurait selon Bardet une catalepsie yogique qui accélère le pouls là où les catalepsies de magnétiseurs fonctionneraient plutôt sur des ralentissements du pouls (mais là encore cette remarque ne correspond guère aux pratiques actuelles en Occident pour ce que je peux en savoir).
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Pour terminer JG Bardet fait l'éloge de l'hésychasme, au moins dans sa version originelle car selon lui au Mont Athos, en Grèce, il est dénaturé par une volonté de "faire descendre la prière dans le coeur"... Il y a peu, comme je lui parlais de Bardet, un de mes lecteurs m'a adressé le "scan" d'une dédicace du livre de l'indianiste béarnais Jean Biès sur le Mont Athos (Editions Albin Michel) ainsi rédigée : "A Monsieur Gaston Bardet, qui me révéla, entre autres, dans son huitième chapitre de "Je Dors", le secret de la prière perpétuelle, je suis heureux de faire don de ce premier livre mien, - un essai sur nos frères séparés, une description d'un des derniers promontoires dominant encore l'An 2000. Jean Biès. Arros de Nay, 6 novembre 1963".
Jésus-Christ disait qu'on reconnaissait un arbre à ses fruits. Jean Biès, guénonien, s'est suicidé en janvier 2014, à l'âge de 81 ans, n'ayant pas supporté le décès de sa femme Rolande, qui était une admiratrice de la très jungienne Marie Louise von Franz... Disons le tout net : je ne suis pas très adepte de l'hésychasme (même si je défends évidemment la prière permanente mais sous d'autres formes), et cette affaire de suicide ne révèle pas une présence spirituelle très positive dans la maison de Jean Biès. Si Jean Biès est le "fruit" de l' "arbre" Gaston Bardet, il y a matière à s'inquiéter.
Un de mes amis orthodoxes me disait il y a quelques années qu'il y a danger à pratiquer la "prière du coeur" sans l'encadrement d'un Staretz. Je le crois volontiers. Gaston Bardet, lui, suggère de se préparer à l'extase mystique par la simple répétition mentale perpétuelle "d'une phrase mariale" (p. 480). "Une paix, purement psycho-somatique, commence à se faire sentir. Quand vient le soir, il ne faut plus rien faire qui puisse empêcher l'invasion de l'Esprit. Pour faciliter cette plongée, il faut se garder de faire oraison à genoux ou dans toute position nécessitant le contrôle de l'équilibre". S'asseoir dans un fauteuil, dans le silence, réciter avec un rythme lent, pendulaire, des litanies. "Ne rien chercher, aucun exercice touchant de près, ou de loin, à l'hésychasme et au yoga" (sans doute vise t il l'hésychasme "dégénéré" qu'il n'avait pas encore bien identifié en 1963 quand Jean Biès lui dédicaçait son livre). Pour finir il décrit les effets de cet abandon, et même les observations qu'il a pu en tirer au "gayographe"...La démarche même de se mettre dans un fauteuil le soir pour se rapprocher de Dieu parce qu'on l'a lu dans le livre de Gaston Bardet ne serait-elle pas en soi contraire au principe même d'abandon à la volonté du Créateur qui exclut par principe toute initiative ou tout "plan" personnels ? Nous terminerons ici la lecture sur cette question.
Voilà, en résumé (un résumé fort long j'en conviens mais je m'en servirai comme d'un aide-mémoire), le contenu du livre que je voulais vous exposer. A l'heure d'émettre une appréciation globale, il est difficile de juger l'expérience et le savoir exposés par Jean-Gaston Bardet. Beaucoup sont prompts à catégoriser "c'est de Dieu" "c'est du diable"... Au niveau théorique, on ne sait ce que vaut son travail sur le "shin" et sur le tétragramme. La volonté de travailler sur une langue réputée venir directement de Dieu, l'hébreu, en la soustrayant aux erreurs de la sorcellerie kabbalistique (et maçonnique) est louable. Je suis bien incapable de dire si elle est réussie (j'espère seulement que la connaissance de la kabbale par l'auteur n'est pas aussi biaisée que celle du tantrisme...). Au niveau pratique, les extases sont réelles. Sont-elles de Dieu ? On ne sait ce qu'il faut déduire du fait que Bardet mente à leur sujet en les imputant à un certain J. de J. alors que c'est lui qui les a vécues. Ce geste, en tout cas, lui, n'est pas de Dieu. De même on peut s'interroger sur l'impact de tout cela sur sa vie, son remariage avec une jeune femme, dont il eut une fille qui aujourd'hui étale ses états d'âme dans les médias du système 666, exactement dans le langage que ceux-ci veulent entendre. On sait que Ste Marguerite de Cortonne avait abandonné son fils en entrant au couvent : Mauriac reconnaissait que c'était l'ombre principale au tableau de sa sainteté. Est-ce que le sort donné à la progéniture est le critère de vérité d'une doctrine ? Question délicate de l'articulation entre théorie et pratique... Il est possible que Bardet ait été encore trop tributaire de Papus et des expérimentateurs de tout poil auxquels il ne faisait que tenter d'opposer un christianisme pur, puisque son christianisme lui-même se faisait expérimental et spéculatif, avec un pendule à la main. Le statut de sa recherche renvoie à celui de la recherche empirique. Y a t il une "science chrétienne" ? Faut-il fuir le travail mi-rationnel mi-inspiré autour du surnaturel ? On sait quel tribut la protestante Doreen Virtue paya au fait d'avoir grandi dans une famille adepte d'un mouvement américain qui se baptisait lui-même "science chrétienne" (elle attribue à cela son errance dans le "New Age"). Mais condamner l'observation expérimentale, n'est ce point également condamner St Thomas d'Aquin et même St Augustin qui lui aussi s'était interrogé sur les fantômes et les bilocations (voir ici) ?
Peut-être Augustin eut-il au moins la sagesse de ne pas consacrer des livres entiers à cela, et, après avoir vaguement soulevé les questions, laisser l'entière réponse à Dieu. Le livre de Bardet a en tout cas le mérite de présenter un état des connaissances assez érudit sur le parapsychisme et le surnaturel à la date du début des années 1970, avec une volonté sincère de ne pas céder aux sirènes de l'orientalisme, de la sorcellerie ou du New Age. A ce titre, il mérite une place dans nos bibliothèques.
Tantrisme et christianisme
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Il y a quelques années, j'étais tombé sur les travaux du théologien catholique John Dupuche sur le tantra chrétien. J'y avais fait allusion en 2019.
L'expérience chez les médiums que j'ai évoquée dans mon livre de 2017, m'ayant convaincu de l'existence des entités invisibles et des démons, je suis maintenant très prudent sur les questions sexuelles, qui sont un terrain d'appropriation privilégié de ces entités. Saint Paul est très clair à ce sujet quand il évoque l'unité de chair avec la prostituée ou l'impudicité, et l'on ne peut pas se prévaloir trop commodément du "tout est pur pour ceux qui sont purs" de Tite 1:15 (comme le firent quelques possédés du genre de Frithjof Schuon)... Mais c'est vrai qu'il reste des interrogations : pourquoi le Christ, que le chrétien doit imiter, se laisse-t-il caresser le pied par une prostituée ? et pourquoi dit-il que les prostituées (qui d'après la logique de Paul ne devraient pas avoir leur place dans le Royaume) seront-elles selon lui sauvées avec les publicain plus vite que les prêtres ? Y a t il là un propos purement rhétorique.
Mes derniers travaux sur la nudité et le sacré m'ont fait repérer des ponts inattendus entre le rapport des premiers franciscains à la dénudation et sont pendant chez les mystiques néo-shivaïtes féminines indiennes comme Akka Mahadevi ou Lalla Yogiswari... Est-ce que le pont serait concevable aussi dans la sexualité à travers le tantrisme ?
Je ne pense pas que John Dupuche aille aussi loin. Pour lui, c'est plus le travail sur le souffle et le détachement du tantrisme qui l'intéresse. Pas la sexualité, donc pas le tantrisme "de la main gauche", comme on l'a parfois appelé... J'ai un peu échangé naguère avec une tantrika qui avait pratiqué ce dernier intensément dans des ashram. Mais je n'en ai pas retiré l'impression qu'elle en avait obtenu des "énergies" vraiment supérieures et pures, bien au contraire.
Au total, sur la question de la sexualité, je suis convaincu que tout ce qui relève de l'image (le fantasme, les images érotiques) est mauvais, donc tout ce qui est onanisme, et a fortiori échange avec les succubes dans le sommeil aussi. C'est une économie de jeux de miroirs et de sorcellerie. Et tout ce qui est dans la logique de la "décharge" hormonale aussi (et qui est pourtant valorisé par notre époque), car cela relève de l'addiction comme une drogue destructrice. A peine l'a-t-on fait que quelques heures plus tard il faut recommencer.
Y a t il un troisième aspect, quelque chose de plus puissant, de plus pur, dans un érotisme retenu entre deux partenaires particulièrement initiés à cet "art" ? Je ne sais (n'ayant pas conduit l'expérience avec des partenaires qui auraient une visée mystique).
La question de fond me semble être celle-ci : si le corps est appelé à être le temple de l'Esprit saint, comment peut-on y parvenir ? La répression des instincts sexuels est souvent nécessaire, faute de mieux, mais ce n'est pas une fin en soi. Car puisque le corps ne se limite pas à la chair (condamnée par le christianisme), la sexualité n'est peut-être non plus purement charnelle et tournée vers la mort (et je ne parle pas ici seulement de sexualité dans le cadre conjugal).
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Dans son dernier livre paru en 2020, J. Dupuche met en valeur cette citation de Tertullien "La Chair est le gond du salut", caro salutis cardo est. Beaucoup de gens se méfient avec raison de l'aspect luciférien de l'ouverture des chakras (et de la méditation ou du yoga qui conduisent). Si une illumination est possible à travers eux, il me semble que ce doit être dans une visée de total désintéressement. Dupuche fidèle à l'héritage du catholique Sir John Woodroffe (1865-1936), juge à la cour suprême de Calcutta étudie dans son dernier livre les chakras à travers le Ṣaṭ Cakra Nirūpaṇa. L'introduction de son livre qui veut éviter le pélagianisme autant que le gnosticisme, paraît assez prometteuse. Je vous en dirai plus quand j'aurai lu l'ouvrage en entier.
Encore un mot sur la communication à distance
J'écoutais tantôt une vidéo de Sadghuru qui est un disciple de Shiva ou plutôt pourrait-on dire un "possédé" de Shiva puisque cette déité s'est littéralement emparé de lui dans un sanctuaire dans sa jeunesse ainsi qu'il le raconte quelque par (j'observe qu'il devient si influent que même la chaîne Russia Today en anglais l'interviewe, et cela est diffusé en version traduite sur l'équivalent français).

Les propos qu'il tient sur le tantrisme ont attiré mon attention parce que vous vous souvenez peut-être qu'en 2016 je m'étais intéressé à la communication à distance entre Sainte Geneviève et Siméon le Stylite ou encore, cette notion d'unanimitas, de communion d'âme, que Pauline de Nole évoque dans une lettre à Saint Victrice de Rouen et que les historiens Janine Desmulliez et Cédric Vanhems ont étudiée ou encore ce thème de Montaigne : "Les Stoïciens disent bien, qu'il y a si grande colligence (alliance) et relation entre les sages que celui qui dîne en France repaît son compagnon en Egypte". Problématique de l'union des âmes à distance, de leur télépathie etc.
Saghuru évoque la chose d'une façon assez intéressante. Il estime dans sa vidéo sur le tantrisme que la technologie moderne et l'occultisme ne sont pas très différents et que la première a rendu le second en partie obsolète. Il en veut pour preuve justement le cas de la communication à distance : un sage du sud de l'Inde pouvait ramasser une fleur de jasmin qui ne pousse pas dans le Nord de l'Inde et l'envoyer à un sage de Bombay (au Nord) par communication à distance rendue possible par l'occultisme du Shambhavi Mahamudra. Pour lui il ne s'agit là que de technologie sans ustensiles. On ne sait pas ce qu'il en était pour les stoïciens païens, mais pour les saints chrétiens, ce genre "télé-communication", comme d'ailleurs la bilocation, ne semblent requérir, à la différence du tantrisme, aucune méthode, aucun rituel.
Le souffle qui ressuscite
Dans l'évangile de Jean 20-22, il est écrit que Jésus ressuscité "souffla sur les apôtres), et leur dit: Recevez le Saint-Esprit."

Peu de temps avant d'avoir lu cet étrange passage, j'avais écouté le mystique Sadhguru expliquer qu'un adepte du tantrisme adepte du Surya Sparsh à Bénares (Varanasi) était capable de ressusciter pour plus d'une heure les oiseaux morts depuis moins de trois heures (non encore rigide) en activant les énergies invisibles qui restaient encore en lui en utilisant la lumière du soleil. Un chef musulman tenta d'ailleurs de le forcer à ressusciter son fils, mais il ne put pas le faire notamment parce que le chef voulait que cela se fasse en dehors du temple hindou. Ce yogi disait que son maître pouvait faire vivre l'oiseau plus longtemps encore. Il s'agit là d'une résurrection (provisoire) par la lumière. Est-ce de la sorcellerie ? Personnellement je suis enclin à me méfier de tout ce qui vient d'Inde, et encore plus depuis que j'ai lu la couverture de la revue "New Witch" qui dans un même mouvement vante le féminisme, la nudité publique et... l'Ayurveda... On a presque là le tableau complet de tout ce qu'il faut fuir dans l'occultisme...

Plutôt que de s'intéresser à ces procédés de revitalisation par la lumière, je me demande s'il n'y a pas plus d'intérêt sur le plan spirituel à réfléchir au pouvoir du souffle.
Ce matin, je parcours "La Sagesse des Prophètes" du musulman Ibn 'Arabi. Etrangement le chapitre sur Jésus est surtout consacré au pouvoir qu'il avait de ressusciter les morts par le souffle, qu'il relie à sa substance divine qu'il aurait tirée de l'ange Gabriel. Le Coran, comme des Evangiles apocryphes, explique que Jésus pouvait transformer un oiseau d'argile en oiseau réel en soufflant en lui.
Ibn 'Arabi raconte que le "sultan des sages" Abu Yazid-al-Bistani "qui souffla sur la fourmi qu'il avait tuée lafit revivre". Il sut bien, ajoutait-il, que c'était par Dieu qu'il soufflait ; sa contemplation était christique". Le théologien rattache ce souffle à l'Expir divin dont tout le monde procède.
A creuser...
L'hindouïsme sur prescription médicale

Dans la vidéo ci-dessous, la dame qui officie dans un temple situé en France explique en 6ème minute de son interview par France 3 qu'elle est venue à l'hindouïsme par le yoga et que la pratique du yoga lui a été conseillée... par un médecin...
Voilà qui en un sens rejoint ce que j'écrivais il y a peu sur la médecine sans transcendance, et cela me fait aussi penser à Georges Clemenceau qui, ancien carabin (étudiant en médecine) finit sa vie dans un imaginaire bouddhiste.
Le cas confirme la thèse de Candy Gunther Brown selon laquelle l'usage des thérapies douces du type yoga pousse leurs adeptes vers le polythéisme. Cela n'a rien de purement physique.
Il faudrait former spirituellement les médecins avant de leur confier des patients, afin qu'ils n'orientent pas ceux-ci vers des religions en croyant avoir simplement "prescrit" une pratique "sportive" neutre. Des religions et quelles religions... Des religions "non dualistes" qui veulent déconnecter l'individu de tout affect et de tout sens de l'opposition entre bien et mal... bien commodes pour avoir une société de zombies.
Il est loin le temps où des médecins comme prenaient la plume pour combattre l'athéisme ambiant et défendre les vertus curatives de telle eau d'un sanctuaire catholique. A l'époque celui qui prenait le parti du yoga savait parfaitement ce qu'il faisait, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Reportage Temple Hindouiste France 3 - juin 2012
Jessica Smith à propos du yoga et du reiki

Jessica Smith a étudié dans un ashram en Inde et vécu dans un centre bouddhiste à Berkeley. Elle a enseigné le yoga et pratiqué le reiki à un niveau supérieur jusqu'à ce qu'une expérience profonde révèle la réalité spirituelle ténébreuse qui se cache derrière ces pratiques. Elle explique tout cela sur son site Truthbehindyoga. Doreen Virtue l'ex-spécialiste des anges New Age convertie à la Bible - dont on a parlé l'a invitée le 23 novembre sur sa page You Tube. Voici ci-dessous l'interview en anglais.
"Bien sûr ces choses (le yoga, le reiki) marchent, dit-elle notamment à la minute 34, parce que Satan ne veut pas de votre corps, mais de votre âme. Il guérira votre dos, votre coude, parce que vous désobéissez à Dieu dans ce processus, et vous avez plus confiance en vos sensations et vos expériences que dans la parole de Dieu qui interdit ces pratiques. Et donc de cette manière il vous a. Il contrefait les miracles de Jésus et se fait passer pour un ange de lumière en manipulant le monde invisible en vous soignant provisoirement, mais c'est uniquement pour vous perdre".
Jessica Smith recommande les études de l'ethnologue et historienne des religions à l'université de l'Indiana Candy Gunther Brown, qui montrent que tout engagement dans les médecines alternatives conduit à une adhésion spirituelle. Ce n'est jamais spirituellement neutre.
-- Jérémie 17:9 "Le coeur est trompeur par-dessus tout, et mauvais"
L'erreur tantrique

Une interview pour le Figaro qui passe à la trappe

Le 26 mars dernier, une journaliste du Figaro (Emilie Faure) m'écrivait :
"Bonjour,
je prépare un papier sur les 50 ans du Festival de Woodstock et sur les similitudes entre la jeunesse de 1969 (ses attentes, son apparence...) et celle de 2019. Le point qui diffère le plus est la nudité, et j'aurais aimé avoir votre éclairage sur la question, si le sujet vous tente!"
J'ai répondu :
"Il faut bien voir que dans les années 60 la nudité passait pour un signal subversive de libération des corps face à une morale judéo-chrétienne répressive encore prédominante qui censurait les élans pulsionnels. Ce culte de la nudité était aussi lié à l'engouement pour les sagesse orientales qui nourrissait le festival de Woodstock : n'oublions pas qu'une des principales figures de Woodstock était le sitariste Ravi Shankar qui a contribué à l'initiation spirituelle des Beatles (on comprend ensuite que la carrière de Lennon ait été marqué par une photo de lui nu avec Yoko Ono) et le festival s'était ouvert par une invocation de Swami Satchidananda dont vous trouverez le texte ici et les 500 000 participants ont chanté à l'ouverture "Hari Om" ce qui conférait au festival un côté clairement rituel et mystique. La nudité joue un rôle important dans les rituels hindous, notamment certaines branches du yoga, et tout le monde a entendu parler des ascètes nus indiens, les sadhus. C'est cet esprit là qui soufflait sur Woodstock et auquel participait la nudité publique pour créer une unification sexuelle du monde par l'élévation "vibratoire".
Aujourd'hui la nudité a intégré complètement la culture dominante dans les productions hollywoodiennes, les publicités etc - parfois d'ailleurs dans une perspective tout aussi rituelle, n'oublions pas que beaucoup de chanteuses qui se sont exhibées nues dans des clips comme Madonna, Miley Cyrus, Niki Minaj des actrices comme Rose McGowan, Asia Argento ne cachent pas leurs liens avec des spiritualités "alternatives", ou les salons de massage et bien être. Admise au niveau de la culture dominante sur les écrans et dans les revues, la nudité n'a plus à être pratiquée par le public lui-même. Le prêtre-sorcier montre sa nudité, ou y fait allusion dans ses propos, et le public n'a plus qu'à y communier symboliquement sans se dévêtir lui-même. Il la pratique aussi dans des lieux "réservés" (comme les espaces naturistes) ou des occasions festives comme les marches cyclonudistes, parce que la nudité a maintenant ses espaces institutionnels. La révolution par la nudité n'a plus lieu d'être."
Mais plus de nouvelles depuis lors. La journaliste a disparu dans la nature sans laisser d'adresse. Je vous laisse spéculer à loisir sur les raison de l'avortement de cette interview.
Une dame dont le propos m'intrigue

Cette dame, Arouna Lipschitz, dit dans cette vidéo ici dit que la kabbale explique que "les anges se nourrissent des parfums des amants pendant l'acte sexuel si l'acte sexuel est à un certain taux vibratoire". Et dans la vidéo suivante, elle évoque ses sources d'inspiration. Pour le reste j'avais bien aimé sur le Net sa remarque sur le fait que les gens qui se réalisent à travers la méditation ont du mal ensuite à garder la même pleine plénitude dans la relation à autrui et de s'ouvrir au discours d'autrui. Comme c'est le genre de femme à entendre par ouverture à l'altérité l'ouverture à l'altérité sexuelle, je lui ai demandé par mail ce qu'elle pensait de l'avortement. Elle n'a jamais répondu. Et pour cause : voilà une altérité, celle de l'embryon, dont on n'hésite pas à se débarrasser, qu'on flingue littéralement, pour garder sa petite "plénitude", sa "paix intérieure" à deux balles... Preuve de l'échec de ces pensées "orientales" énergétiques complètement égocentré, et même de leur côté criminél car elles rendent complices d'abominations.
L'Italodance et l'occultisme
Vous le savez : je considère toutes les expériences avec le paranormal et les extraterrestres comme démoniaques, et l'imaginaire New Age autour de cela aussi.
La chanteuse anglaise Kim Wilde a vu un OVNI "vingt fois plus gros qu'un avion" dans son jardin en 2009 juste après avoir appris la mort de Michael Jackson et on apprenait en mars dernier qu'elle redoutait encore d'être enlevée par les extraterrestres. son dernier album s'appelle d'ailleurs " Here Come the Aliens " (les Aliens arrivent) - voyez cette page.Une grande part de son imagerie (l'oeil d'Horus, l'imitation de Marilyn Monroe, le noir et blanc) évoque d'ailleurs les sociétés secrètes.
Le rapport à l'occultisme est aussi présent dans l'Italodance.

En décembre dernier on apprenait qu'Ivana Spagna, chanteuse du groupe "Fun Fun" (souvenez vous de "Color my love") qui fut au sommet du Top50 en 1985 avec "Easy Lady" puis qui cartonna encore avec "Call me" et "I wanna be your wife" venait d'écrire un livre "Sara capitato anche a te" - "Cela vous arrivera aussi" (éditions Lswr). Elle y raconte ses rêves prémonitoires (par exemple celui d'une petite fille porte dont elle rencontrera les parents le lendemain qui lui montreront sa photo), ses visions "d'entités spéciales", notamment sa rencontre dans sa chambre du fantôme du propriétaire de la maison où elle vivait, vision qui lui a procuré une "grande paix" (sic) - voir l'interview ici minute 13.
Ivana Spagna est aussi liée à l'univers (luciférien et magique) de Disney, puisqu'elle a chanté sur la bande originale italienne du Roi Lion en 1994, célèbre film d'animation pour enfant qui met en valeur le spiritisme (le dialogue avec les morts) et comporte au moins une référence subliminale à la sexualité autour des lettres que forment les étoiles dans une scène.
Elle vénère le saint thaumaturge Padre Pio à qui elle doit une guérison de sa mère. Elle garde une photo de lui dans son portefeuille et chez elle et dit que le saint a sauvé un de ses amis à la veille d'une opération. Son catholicisme n'est pas très "biblique" (laquelle prohibe notamment le spiritisme)...
On peut aussi repérer une référence à l'occultisme dans la vidéo de Miko Mission (Pier Michele Bozzetti) "Two for love" qui, tout comme celle de Self Control de Laura Branigan (créée par le réalisateur "illuminati" du film "L'exorciste") racontait l'initiation au monde de l'au-delà par la magie sexuelle, met en scène (minute 0'34) la décorporation d'un homme possédé qui, devenu prêtre-sorcier vêtu de blanc, va neutraliser le petit ami d'une jeune femme, et,en transformant en chemin à damier maçonnique le mur de la douche de celle-ci (minute 2'41), l'initier au monde de l'au-delà, et la transformer à son tour en sorcière (voir la vidéo ci-dessous).
Miko Mission est aussi l'auteur de I Love My Radio, chanté par Taffy et Around My Dream de Silver Pozzoli.
On peut se demander aussi si "Catch the fox" de Den Harrow n'est pas polysémique et ne peut pas faire l'objet d'une lecture ésotérique. Fox est le mot anglais le plus court dont la valeur numérique est 666, le nombre de la bête dans l'Apocalypse. Ceci expliquerait que le clip (ci dessous) s'ouvre sur la scène digne de Kubrick d'un projectionniste portant sur le crane une tête d'animal, comme un sorcier, puis la mise en lumière du chanteur dans une caverne initiatique aux parois ornées de signes abscons. Le sorcier éclaire ensuite une cage dans laquelle des femmes qui ont des couvre-chefs en forme de tête d'ibis montent la garde, un arc à la main, le visage peint comme dans les cérémonies vaudou. il y a un symbole phallique à côté de l'affiche sur la recherche d'un renard. A la fin le chanteur bande son arc, symbole du pouvoir de l'intériorité dans la Kabbale, et de la volonté dans le tarot.
Den Harrow/ Stefano Zandri est lié à Silver Pozzoli qui chanta sa première chanson "Mad desire". Il y a donc une continuité avec Miko Mission.
Néanmoins dans l'ensemble les références occultistes paraissent moins présentes dans l'Italodance que dans la pop allemande (Propaganda, Modern Talking), la New Wave anglaise, ou les performances de Madonna, Prince et Michael Jackson à la même époque.
"Ordre de Yoni", l'étrange bière mystique polonaise
La presse internationale a fait honneur au cours des dernières années à la bière polonaise qui a fermenté avec des bactéries vaginales de trois mannequins (à l'origine en 2015 une seule, la tchèque Alexandra Brendlova). Cette bière s'appelle "Order of Yoni", du nom

Sur leur site on peut lire "Yoni signifie "vagin" en sanskrit. C'est aussi le symbole de la déesse hindoue. Yoni en combinaison avec son homologue masculin symbolise le processus de création. Les mères et les pères fondateurs de l'Ordre ont découvert que la combinaison de la bactérie du vagin et du lactobacille de la femme avec la levure est une réincarnation de l'harmonie entre les éléments féminins et masculins. Ils ont également découvert que les bactéries vaginales transféraient le caractère et les instincts de la femme dans une bière. Pour garder cela en secret, ils ont établi l'Ordre de Yoni, et la bière a commencé à être le plus haut sacrement de l'Ordre.
Ce qui est important c'est qu'à la naissance, les bactéries du lactobacille vaginal passent du vagin au nouveau-né et commencent à faire partie du système immunitaire de l'enfant. C'est pourquoi les lactobacilles vaginaux symbolisent également la vie et la santé. Pour les Maîtres de l'Ordre, le brassage de la bière est un hommage à ce processus sacré, à l'harmonie intemporelle entre l'homme et la bactérie.
"Yoni" ce n'est pas seulement le secret, pas seulement le nom du vagin, mais aussi le symbole. La réincarnation moderne du symbole yoni se base sur la sculpture sainte de Yoni du sanctuaire de Cát Tiên au Vietnam."
Voilà une prose très inspirée du shivaïsme et du culte de la déesse mère. Est-ce juste du bluff commercial ou l' "ordre" censé conserver le secret existe-t-il ?
L'entreprise a commencé en tout cas à toute petite échelle avec un financement sur Indiegogo en 2016.
Comme le relevait un site Internet en octobre dernier "ne faites pas trop les dégoûtés non plus car après tout, un cunni ça revient au même", et l'on voit bien qu'il y a une apologie du cunnilingus derrière cette marque.
Sur Instagram, en septembre 2017 Order of Yoni rendait hommage au gourou de Playboy Hugh Hefner. A priori tout cela ne m'inspire rien en de bon. En tout cas, à n'en pas douter, cette bière ne relève pas de la simple blague ou du bon coup marketing. Quand on vénère la déesse mère, l'absorption des sécrétions féminines fait partie du culte.Voyez mon article de 2015 sur les adamites. Rien de tout cela n'est innocent.
#JeSuisCute et la sorcellerie

Une certaine Laetitia Reboulleau qui travaille pour la multinationale Yahoo a trouvé récemment une doctorante, Ludivine Demol de Paris VIII, pour dire du bien du dernier hashtag à la mode #JeSuisCute (Je suis mignonne) sous lequel des jeunes femmes s'affichent en tenue légère pour défendre l' "empowerment" féminin contre les harceleurs. Le média américain pro-Clinton Huffington Post dans sa version française dans la même veine apologétique préfère n'interviewer que des militantes.
Pour ma part je vois ce mouvement un peu différemment de ces médias. J'essaie d'en comprendre l'inspiration spirituelle en examinant son imaginaire et celui des témoins qui y participent.
Quand le cuisinier occultiste Antony Bourdain est mort en Alsace, en juin dernier, Amber Tamblyn, contributrice du New-York Times postait, en défense de sa petite amie Asia Argento, fille d'un réalisateur de films d'épouvante satanistes, sur Twitter : "Sorcières, s'il vous plaît préparez les plus forts sortilèges de protection pour notre soeur Asia Argento. S'il vous plaît portez la avec tout l'amour et toute la lumière que votre force de conjuration est capable de projeter #AnthonyBourdain" ( “Witches: please prepare the strongest protection spell you have for our sister Asia Argento today. Please lift her up with all the love and light your conjuring is capable of casting. #AnthonyBourdain.") Tout un programme (en harmonie avec les posts d'Argento qui par exemple en 2013 promouvait sur son compte le grimoire rosicrucien Magia Rossa - Magie rouge - et se qualifiait elle-même de "sorcière rouge"). Rose Mc Gowan leader du #MeToo prenait aussi la défense d'Argento. Une petite recherche sur Rose McGowan permettait de rattacher celle-ci aussi à l'univers de la sorcellerie. Elle avait écrit sur son compte Instagram du 16 octobre 2017 : "Je suis une sorcière, et je veux hanter les malfaisants. A Hollywood, au gouvernement, dans les affaires. Arrêtez de nous faire du mal ou il y aura des conséquences" ( "I'm a witch. And I will hunt wrongdoers. In Hollywood, in government, in business. Stop hurting us or there will be consequences"). Rose McGowan a joué la sorcière dans Conan le Barbare et dans Charmed, tout comme Asia Argento a joué des rôles de femmes possédées (comme dans Mothers of Tears en 2008). Elle a été la petite amie du sataniste Marilyn Manson de 1997 à 2000 aux côtés de qui elle a tourné dans un film de 2004. Voilà qui plaçait le mouvement "Me Too", co-dirigé par Argento et McGowan sous les auspices étranges de la sorcellerie...

On retrouve la même tonalité sous le hashtag français #JeSuisCute lancé par la modèle nue militante Manny Koshka. Dans l'article de Reboulleau (au demeurant illustré par un modèle dont le tatouage au bras représente la divinité indienne Ganesh avec le troisième oeil frontal ouvert, celui qui voit les démons), figure, parmi les soutiens au mouvement une performeuse de burlesque... Tout le burlesque des années 2000 est sous le haut patronage moral de Dita Von Teese, qui a épousé Marilyn Manson en 2005 (on n'épouse pas un prêtre autoproclamé de la Church of Satan par hasard, et on ne se montre pas par hasard sur des photos en cachant un oeil...). Cette auvergnate sur Twitter avec ses multiples tatouages, adepte de la religion sorcière wiccane (une religion néo-païenne influencée par le satanisme du mage Aleister Crowley) qui parle publiquement de sa cérémonie de handfasting le 1er juillet, a un accident avec la nouvelle moto qu'elle a achetée et se coince le cou après avoir fait l'apologie du yoga (ah ! l'ouverture des chakras !).
Pour faire l'apologie de ce hashtag, on trouve aussi sur Twitter des féministes aux pseudos qui flirtent (soi disant sur un mode humoristique, c'est toujours l'alibi) avec l'occultisme comme l'employée de librairie "Succube", laquelle affiche à longueur de journées (on peut donc le reprendre puisqu'elle le rend public), sa révolte intérieure, son imaginaire Disney-DeMolay, raconte comment elle s'est cognée avec son propre téléphone (je ne sais pas ce que cela signifie dans le monde des esprits) et poste - là encore c'est peut-être censé être de l'humour, mais ça révèle un certain état d'esprit -, le 27 juillet deux jours après avoir été larguée par son copain : "J’envisage un rituel vaudou, pour que le problème se règle tout seul dans la nuit ", ou encore une militante au nom de dieu égyptien, anarcho-communiste qui retweetait le 31 juillet des messages critiquant les "shitstorms sur la sorcellerie" hostiles aux guérisseurs dans les villages...
Je ne mets pas en cause tous ces gens qui, sous pseudo, dévoilent à tous leur vie privée, dans le but de leur nuire, mais je les cite seulement suivant la méthode classique en sociologie comme des exemples pour montrer aux lecteurs à quels courants culturels (et donc d'une certaine façon cultuels, même si eux-mêmes n'en sont pas forcément conscients) leur engagement se rattache (pour en savoir plus voir mon live "Les Médiums" publié chez L'Harmattan en 2017).
Sur un plan spirituel le nouveau hashtag est donc très lié lui aussi à la sorcellerie, laquelle, dans la religion wiccane, mais aussi sous d'autres aspects, utilise la nudité...