Ovnis à Valdeltormo
Le mois dernier, mon cousin germain Hervé Colera (conseiller municipal à Jurançon, en Béarn), m'indiquait que son frère, ses aïeux et ses deux neveux il y a dix ans ont eu une expérience de passages d'OVNIs au dessus de leur terrasse (à l'endroit même où fut prise la photo de gauche en 2017), à Valdeltormo (Espagne), le village natal de mon père dans la comarque du Matarraña dont j'ai déjà parlé au début de ce blog. Ces engins avaient évolué pendant plusieurs heures le soir dans la direction allant entre Maella et Gandesa et cela avait terrorisé sa nièce (ma petite cousine).
Sur le programme de l'émission Cuarto Melenio de la chaîne Cuatro intitulé "Los Ovnis en Espana", diffusé le 29 janvier 2006, Iker Jiménez interviewait (en 25e minute) un spécialiste qui expliquait que les trois grandes zones d'observation d'Ovnis en Espagne sont la Catalogne (près du Bas Aragon, le golfe de Cadix et les îles Canaries). Pour en savoir plus sur les vortex et lignes énergétiques dans cette zone voir ceci, qui reprend un article de Jesús Avila Granados dans Más Allá de la Ciencia n°253.
Se peut-il que mes cousins aient pris pour des Ovnis de simples aéronefs chargées de l'épandage comme, en 1999, les Belgradois tiraient à la carabine sur les avionnettes chargées de déverser de l'insecticide sur le Danube et la Save en croyant que c'étaient des bombardiers de l'OTAN ? La culture officielle continue de penser que les Ovnis n'existent pas, tandis qu'une certaine culture chrétienne, qui s'appuie sur l'analyse du discours des sociétés secrètes (par exemple tout le mouvement rosicrucien de la fin du 19e siècle, les sectes qui travaillaient sur l'énergie Vril ou Aleister Crowley) estime qu'il s'agirait d'entités démoniaque issues d'autres dimensions appelées à servir la mise en place du régime de l'Antéchrist sur Terre à la fin des temps.
Mon livre sur les médiums cité dans Madame Figaro aujourd'hui
Je suis cité à propos des médiums (p. 43 à 45) suite à une interview du 16 juin dernier. Hélas l'article ne mentionne pas mes mises en garde contre les dangers des médiums et de la magie. L'article est en ligne ici.
Présentation de mon dernier livre sur Les Philosophes.fr
Puisque même des profs de Sciences Po le font, j'ai proposé une présentation de mon dernier livre sur le complotisme protestant au site Les Philosophes.fr. La voici
Au cours des vingt dernières années, la liberté de discussion qu’offre Internet, sur les sites, les blogs, puis les réseaux sociaux a facilité le développement de thèses alternatives aux version officielles de l’histoire et de l’actualité. Beaucoup d’entre elles sont de nature complotiste ou conspirationnistes, c’est-à-dire qu’elles supposent que des cercles de pensée clandestins, voire des sociétés secrètes pratiquant la magie noire et l’occultisme font avancer des projets politiques dans l’ombre, et manipulent l’opinion publique, à travers les médias, pour asservir l’humanité. Toutes sortes de sujets ont nourri ce genre d’hypothèse, des guerres états-uniennes dans le monde arabe à la conquête de l’espace, en passant par les campagnes de vaccination, la libéralisation de l’avortement, etc.
La plupart des gens passés par une formation intellectuelle « classique », spécialement parmi les plus diplômés, qui sont aussi ceux qui sont généralement des lecteurs assidus de la presse « mainstream » (comme disent les anglo-saxons), ont tendance a reléguer ce genre de spéculation dans le domaine pathologique de la paranoïa, et même, depuis quelques années, à le censurer
L. A. Marzulli et les vestiges des Nephilim
Génèse 6-4 : "Les géants (Nephilim) étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu (des démons ou des descendants de Seth) furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité". C'est à cause de la méchanceté que cette race hybride répandait dans le coeur de l'homme que Dieu fit s'abattre le Déluge sur le monde. Selon les chrétiens fondamentalistes, le constructeur de la tour de Babel, Nimrod, arrière petit-fils de Noé par la lignée de Cham et de Kouch portait en lui un ADN des géants d’avant le déluge, ce qui explique qu’il aurait engendré, à Babylone, une civilisation particulièrement perverse, et ce d’autant plus qu’il épousa la prostituée Semiramis qui pourrait elle-même n’être qu’un démon incarné.
Des géants survécurent et restèrent en pays de Canaan au temps où Moïse envoya des espions pour explorer le pays (Nombres 13 :1-2, 32-33). Il étaient de la lignée de Canaan, fils de Cham.
Og, roi de Basan, est le dernier géant mentionné, vivant à l’est du Jourdain (Josué 12 :4 ; 13 :12). Après la conquête du pays de Canaan par Josué (Josué 11 :21-22), quelques géants continuèrent à vivre dans les villes des Philistins, à Gaza, Gath et Asdod. Ces géants terrorisaient les Israélites depuis le moment où ils entrèrent dans le pays de Canaan, jusqu’à la fin du règne du roi David. L’un de ces géants s’appelait Goliath, et il fut tué par David. Le roi David, et ses « vaillants hommes » affrontèrent aussi d’autres géants (2 Samuel 21 :16-22 ; 1 Chroniques 20 :4-8).
L'américain L. A. Marzulli a analysé les crânes de squelettes géants du Pérou et les constructions mégalithiques de Huaytara sous l'église catholique Saint Jean le baptiste qui sont un ancien temple inca. Ces pierres, conductrices d'électricité, sont agencées au millimètre près alors que les Incas étaient censés ne pas avoir la roue. Les remarques à leur sujet font penser à celles de Robert Temple ou Jacques Grimault sur les pyramides d'Egypte.
Marzulli évoque une connexion énergétique entre les divers sites mégalithiques comme le faisait Klaus Dona interviewé en 2009 à Vienne par Bill Ryan et Kerry Cassidy du Projet Camelot.
Celui-ci mettait en relation 1) la pyramide mégalithique découverte en 1984 au Japon à 25 mètres au dessous du niveau de la mer sur l’île Yonaguni (archipel des Ryukyu) où Pr Masaaki Kimura,géologue de l’université de Ryukyu a trouvé aussi une énorme tortue et des aigles de pierre ; 2) la Pyramide à l’œil à 13 degrés de La Maná munie d'un œil phosphorescent dans la lumière noire avec sur le font de la pyramide la constellation d’Orion et quatre signes incrustés en langue inconnue traduits par le Pr Kurt Schildmann (1909-2005) et d'artéfacts qui brillent dans le noir ; 3) l'Atlantide, 4) les découvertes du Pr Pitoni .
De même LA Marzulli estime que que Stonehenge ou son équivalent à Salem aux Etats-Unis sont liés aux Nephilim car les connaissances astronomiques qu'ils manifestent ne pouvaient être intégrées dans l'architecture sans une vision aérienne.
Il y a cent ans, alors que l'archéologie n'en était qu'à ses balbutiements, des vestiges colossaux et des squelettes de Nephilim auraient été découverts aux Etats-Unis puis détruits par le Smithsonian Museum au titre du dogme darwinien que ces découvertes contredisaient (voir aussi en France les travaux de Laurent Glauzy allant dans le même sens). Pour L A Marzulli aujourd'hui la tentative de faire passer les vestiges péruviens ou de l'île de Pâques pour l'oeuvre d'extra-terrestres et non des Nephilim fait partie de la "grande tromperie" annoncée par l'Apocalypse. Comme Steven Bancarz, il observe qu'il y a quelques décennies invoquer le nom de Jésus-Christ suffisait à interrompre un enlèvement d'extra-terrestres, ce qui prouve qu'encore aujourd'hui le phénomène est purement démoniaque (voir dans le même sens les analyses de Jacques Vallée et d’autres scientifiques dont John Keel, J. Allen Hynek - et le rapport de Lynn Catoe en 1969 : "Beaucoup des signalements d'OVNI qu’on trouve aujourd’hui publiés dans la presse populaire font état de soi-disant incidents qui ressemblent étonnamment aux possessions démoniaques et aux phénomènes psychiques longtemps connus des théologiens et des parapsychologues").
Toutefois, à la différence du jeune ex-new ager converti, Marzulli qui a écrit "UFO Disclosure" sur le sujet, estime que depuis quelques années, cette invocation ne fonctionne plus guère (cf son interview par Josh Peck en mars 2019), ce qu'il impute au nombre annuel très élevé d'avortements qui sont des sacrifices à Moloch et qui, selon lui, auraient constitué une sorte de dôme métallique autour de la Terre qui fait que les prières retombent au sol et n'atteignent plus Dieu.
"Le Christ autrement" du père François Brune
Le père François Brune était un prêtre catholique (converti dans ses vieux jours à l'orthodoxie) connu pour s'être intéressé aux phénomènes paranormaux et manifestations surnaturelles comme le spiritisme, les décorporations, le Suaire de Turin ou les apparitions mariales. J'avais notamment apprécié en 2016 la lecture de son livre sur Notre Dame de Guadalajara. Ayant appris son décès en janvier dernier, après une conversation avec un ancien camarade de Sciences Po converti à l'orthodoxie, j'ai décidé de parcourir l'ouvrage de cet auteur publié aux éditions du Temps Présent en 2010 "Le Christ autrement, Le vrai sens de sa passion".
Tout d'abord, disons le, l'humilité n'est pas la caractéristique première de ce livre. "L'Eglise pensait avoir trouvé la raison de la mort, a priori si déconcertante du Fils de Dieu parmi nous, écrit-il dans l'introduction. Elle avait développé à ce sujet toute une théorie à laquelle elle croyait et qu'elle enseignait depuis 2 000 ans. Depuis quelque temps elle s'est rendu compte que cette théorie n'était pas défendable. Mais, du coup, elle ne sait quel sens donner à la Passion du Christ, c'est bien pourquoi elle est en pleine crise. Je voudrais dans ce livre, vous montrer que l'Eglise d'Occident s'est trompée de clef, qu'elle n'a pas découvert la vraie raison de cette mort aussi étrange, mais qu'il n'y a pas de raison pour autant de remettre en question le témoignage des apôtres". Se placer d'emblée au dessus d'une tradition de 2 000 ans qui compte en son sein des esprits aussi brillants que Saint Augustin ou Saint Thomas d'Aquin (il ira même plus loin jusqu'à qualifier St Augustin de stupide), il fallait oser le faire... peut-être l'enthousiasme juvénile (d'un septuagénaire pourtant) du nouveau converti à l'orthodoxie... Mais bon, passons ce détail peut-être imputable à un trop grand empressement à exposer la tradition "alternative" orientale à laquelle au moment où il écrivait le livre il était sur le point de se convertir ...
Aux réflexions de St Augustin sur les bébés morts sans baptême desquelles l'Eglise dériva que ceux-ci seraient voués aux limbes, un endroit qui ne serait ni paradis ni enfer, ce qui nourrit des millions d'angoisses pour ces nourrissons, Brune oppose la sagesse de l'orthodoxe Nicolas Cabasias et des coptes pour qui l'amour de Dieu pour ces petites créatures a remplacé le rituel baptismal. Devant la question épineuse de savoir qui sera voué à l'Enfer, l'auteur expose les variations de l'Eglise sur ce thème d'un siècle à l'autre.
S'appuyant sur cette fragilité des doctrines, Brune dénonce la conception de la Passion comme sacrifice expiatoire qui a prévalu en Occident après Tertullien. St Grégoire de Nazianze, rappelle-t-il, en Orient mettait en doute le fait qu'un sacrifice ait pu satisfaire le Père et rétablir ainsi un justice (p. 32). Il critique aussi la tendance contemporaine (par exemple chez F. Lenoir) à ne faire de Jésus qu'un modèle d'amour sans interroger ce qui s'est vraiment passé sur la Croix.
Pour tenter de comprendre, justement, ce qui s'est vraiment passé là, Brune (p. 71, il faut hélas attendre le chapitre 4 pour enfin entrer dans le vif du sujet) part de la théorie des champs morphiques de Sheldrake, à laquelle j'ai été pour ma part personnellement introduit par la voyante bouddhiste Maud Kristen en 2015.
Il y a, rappelle le prêtre, cette théorie des particules non-séparables vue par Einstein des 1927 et qui implique l'existence de champs de forces invisibles. Rupert Sheldrake a développé sa théorie des champs morphiques sur les corps qui, placés dans des fréquences vibratoires proches, peuvent entrer en résonance, ce qui permet d'expliquer pas exemple qu'à un certain moment des mésanges dans divers pays d'Europe se soient mises à percer les opercules bouteilles de lait au même moment (voir aussi ce que j'ai dit du perroquet d'Aimée Morgana en juin 2015). François Brune se démarquait de la vision de Dieu panthéiste de Sheldrake, mais trouvait que sa théorie de l'information permettait de comprendre notamment comment on peut "capter" des vies que l'on croit antérieures.
Comme il l'a fait dans diverses interviews sur You Tube, le père Brune n'hésite pas à s'appuyer sur des paroles d'entités de l'au-delà perçues par des voies voisines du spiritisme. Ainsi Pierre Monnier, jeune officier tombé pendant la Grande Guerre, qui communiqua avec sa mère (une protestante fervente) par l'écriture automatique entre 1918 et 1937 qui lui parla des ondes émises par le regard et par la pensée et qui produisent des entités spirituelles, positives ou négatives. L'entité de Roland de Jouvenel, mort en 1946 à moins de 15 ans, délivra un message semblable (p. 84). L'ange qui parla par la voix de la jeune Hanna à Gitta Malasz et à son amie juive Lili en Hongrie en 1943 leur expliqua que les victimes des guerres absorbent les forces négatives, ce que dit aussi Roland Jouvenel dans un message de 1948. Le conflit local est l'abcès par où se déverse le sang qui permettra au reste de l'humanité de conserver la paix.
Pour les besoins de la démonstration, le père Brune esquisse à ce stade un détour par les analyses des ufologues. Jean Sider (dans Ovnis, Dossier diabolique, JMG 2003), avance que des entités se nourrissent de nos émotions. L'enquêtrice Barbara Bartholic, le jésuite Salvador Freixedo abondent aussi dans ce sens. L'auteur détaille les phénomènes de guérison à distance, de torsion de cueillères, de transmission transgénérationnelle de traumas, puis s'attarde sur les découvertes sur les théories quantiques sur les hologrammes holochrones (David Bohm, Olivier Costa de Beauregard, Jack Sarfatti), et l'idée que "tous les systèmes de conscience, indépendamment de leur localisation spatio-temporelle par rapport à l'appareillage expérimental, contribuent à l'ensemble du potentiel quantique ressenti par les photons ou les électrons individuels". La notion de système de conscience pouvant s'appliquer à chaque particule.
Passons rapidement sur les chapitres 5 et 6. Le premier, sur les forces des Ténèbres, est assez intéressants pour les gens qui ignorent tout du satanisme, avec notamment des éléments sur Staline et Hitler que moi-même je ne connaissais pas. Il a le tort selon moi de ne pas aborder la question du satanisme planétaire de nos élites, mais ce point aveugle du livre s'explique peut-être par les biais spirituels du père Brune, j'y reviendrai. Le chapitre 6 sur les anges, et notamment sur les anges gardiens et les expériences qu'ont eues avec eux diverses personnes est intéressant, quoiqu'insuffisamment critique selon moi à l'égard du Nouvel Age - il fait vaguement référence aux spéculations faites sur leur compte dans cette mouvance, mais il devrait selon moi pousser le soupçon aussi loin que la chantre de l'angéologie New Age le fit, à savoir Doreen Virtue, après sa conversion chrétienne, dans ses divers actes de repentance sur Internet. Là encore la tiédeur du père Brune, qui se pique de mépriser le fondamentalisme chrétien (trop littéraliste à son goût) autant que le matérialisme athée a peut-être sa racine dans un biais spirituel... Il y a eu des messages étonnants par le biais de médiums comme par exemple celui du jeune fils décédé d'un architecte italien qui dit avoir tenté de limiter les effets d'un projet de cambriolage de ses parents en s'introduisant dans l'esprit des voleurs, ce qui suggère une action des "chers trépassés" complémentaire de celle des anges.
Pour cerner ce qui s'est joué dans la Passion du Christ en ses chapitres 7 et 8 François Brune va s'attarder sur les expériences des mystiques à qui il a été demandé par leur souffrance de participer à cette Passion. "La sainteté ne consiste pas à dire de belles choses, elle ne consiste même pas à les penser, à les sentir, elle consiste à bien vouloir souffrir" (Ste Thérèse de Lisieux). Tout en regrettant que les saints aient adopté comme les théologiens occidentaux le langage juridique de la réparation et de l'expiation, Brune veut voir dans cette souffrance un phénomène quantique qui ne vise pas à restaurer l'honneur de Dieu sali par le péché originel mais renouveler à distance les âmes des autres, celles des morts et des vivants dans l'hologramme holochrone. Le phénomène des stigmates, dont Brune affirme qu'ils sont propres à l'Eglise d'Occident et tous postérieurs à St François d'Assise, intéresse notamment par le défi qu'il pose aux lois de la pesanteur (puisque le sang coule toujours dans le même sens, quelle que soit la position membres). A partir du cas de Marie de Jésus crucifié , l'auteur estime que la souffrance oblige l'individu à se sauver par l'amour plutôt que de sombrer dans la révolte ou le désespoir. Il y a aussi celles qui sont des victimes sacrificielles comme les 16 carmélites de Compiègne en 1794, la carmélite Edith Stein, les amies de Gitta Malasz, les 8 000 catholiques de Nagasaki.
Parce qu'il habite en nous, comme on habite en lui, Jésus a connu les effets du péché, même s'il n'en a pas lui-même commis, disait la mystique Adrienne von Speyr qui avait reçu le don d'éprouver le vécu des saints. Jésus sur la croix a rendu son esprit au Père pour ne plus être qu'obéissance, au point qu'il ne ressent même plus la validation du Père. Il est à fond dans l'humanité et Dieu l'y laisse pour réaliser jusqu'au bout l'Incarnation. Beaucoup de Saints ont aussi connu cette séparation (déréliction). Le père Brune les cite. Pour lui, cette gamme de souffrances par où est passé Jésus et qu'ont vécues les mystiques est ce qui fait du christianisme la religion qui va à l'essence la plus profonde du sens de la vie en s'adressant aussi bien au coeur qu'à l'esprit, là où toutes les autres s'en tiennent à des considérations purement intellectuelles. Il y a dans le christianisme une doctrine de la souffrance purificatrice, qui fait qu'on ne peut pas rechercher la souffrance pour elle-même, mais qu'il faut accepter celle que Dieu veut nous attribuer car elle correspond à ce que nous pouvons porter, et Christ viendra nous aider à la porter.
Le père Brune finalement conclut sur cette grandeur de l'amour né de la souffrance en communion et "interpénétration par hologramme" avec la figure du Christ, en condamnant au passage le bouddhisme qui, en refusant la souffrance, inhibe aussi l'amour.
Au bout du compte, le livre de Brune m'inspire assez peu de désaccord. A mon avis il pâtit de deux insuffisances seulement : tout d'abord une trop forte volonté de s'opposer à l'Establishment catholique, qui fait qu'il ne prend pas seulement ses distances avec Augustin ou Thomas d'Aquin (dont il ose dire p. 242 qu'il "a été assez vite oublié", comme si le doctor angelicus n'avait pas fondé la scolastique !), il s'affranchit aussi du vocabulaire biblique : p. 261 par exemple il fait comme si l'expression "colère de Dieu" était du 18e siècle ! On comprend qu'il s'agit d'un effet malheureux du trop grand attachement de l'auteur à l'Eglise de Rome dont il a été prêtre pendant des décennies. Il me semble que l'indifférence à l'égard de la structure cléricale est meilleure conseillère, l'Eglise véritable étant une réalité mystique.
La deuxième insuffisance, plus problématique, et qui, là, pour le coup, constitue à mes yeux un véritable biais, est l'absence de référence à l'eschatologie. Il semble qu'il manque un livre à la Bible du père Brune, et c'est l'Apocalypse. Du coup il n'interroge pas suffisamment la nature antéchristique de notre époque, et donc il ne situe pas l'intérêt des "signes" que nous offrent les mystiques (voire parfois les adeptes de l'écriture automatique) par rapport à ce contexte luciférien. Or, parfois, cet intérêt est des plus suspects. Le Christ avait lui-même condamné très fermement une génération "avide de signes".
Le Nouveau Testament promet beaucoup de signes et de révélations à l'approche du règne de l'Antéchrist, mais uniquement pour autant que cela servira aux Chrétiens pour le combattre. Cela ne signifie pas qu'il faut aller les rechercher avec une curiosité malsaine (et toute la fascination à laquelle cela peut conduire au détriment du logos !).
N'y a t il pas eu de la part du père Brune une trop grande gourmandise à l'égard des signes, qui l'a fait un peu trop "courir" après le paranormal - là où, à l'opposé, l'Eglise officielle dans ses excès de routine terne versait dans le péché opposé du rationalisme ? Une soif qui l'a peut-être fait manquer le côté diabolique de beaucoup de signes, y compris parfois dans le discours des plus grands mystiques ? J'observe qu'à côté des mots "Apocalypse" et "fin des temps", l'autre terme qui manque au livre du père Brune est le mot "discernement" (par exemple l'expérience des anges de Gitta Mallasz évoque plus celle de l'astrologue Christian Duval que la notion d'ange gardien, voir ci dessous : c'est en fait du pur New Age !). Et c'est un reproche qui est aussi souvent adressé à l'Eglise orthodoxe qu'il admire.
Enfin reste une ultime question : est-ce qu'adopter le vocabulaire para-scientifique cher au New Age des quanta, des hologrammes, des énergies, apporte vraiment une plus value par rapport au vocabulaire traditionnel de l'expiation, de la sanctification, de la communion ? Y a-t-il plus de clarté à employer les termes du monde ? Ceux-ci ont le double inconvénient à mes yeux de rester imprécis, flous, tout en donnant l'illusion de mettre un peu à la portée de l'intelligence humaine ce qui, de toute façon, est censé la dépasser. Au pire cela vient cautionner la possibilité de dialogue avec des courants mystiques athées comme le néo-shivaïsme d'un Deepak Chopra, qui ont en fait aussi peu de rapports avec la spiritualité chrétienne qu'en avait, comme le disait en son temps St Augustin, le manichéisme. Et donc cela rabaisse, qu'on le veuille ou non, la force de la révélation chrétienne. L'apostasie sémantique se paie toujours car elle fait glisser sur la pente de l'hérésie. Quand on dit que le monde est un hologramme holochrone où toutes les époques se concentrent et se renvoient les unes aux autres, ne nie-t-on pas la possibilité d'une fin des temps comme on le disait plus haut ? Dieu est hors du temps (tout en étant dedans) c'est entendu, ne serait-ce que parce qu'étant dans tous les points de l'espace, il vit toutes les époques en même temps. Mais pas l'humain : il ne peut pas se "hisser" à la hauteur de cet étrange " hologramme" "sub specia aeternitatis"..
Le livre de François Brune comme le reste de son oeuvre a le mérite de faire voyager dans des pans mystiques du christianisme que le Vatican a eu le grand tort d'enterrer, mais cette démarche a ses limites si elle ne garde pas un fort ancrage scripturaire biblique, et ne s'accompagne pas d'une forte vigilance à l'égard des écarts lucifériens toujours possibles.
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Philippiens 3:10 : "Afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort"