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Jessica Smith à propos du yoga et du reiki

30 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Shivaïsme yoga tantrisme, #Christianisme

Jessica Smith a étudié dans un ashram en Inde et vécu dans un centre bouddhiste à Berkeley. Elle a enseigné le yoga et pratiqué le reiki à un niveau supérieur  jusqu'à ce qu'une expérience profonde révèle la réalité spirituelle ténébreuse qui se cache derrière ces pratiques. Elle explique tout cela sur son site Truthbehindyoga. Doreen Virtue l'ex-spécialiste des anges New Age convertie à la Bible - dont on a parlé l'a invitée le 23 novembre sur sa page You Tube. Voici ci-dessous l'interview en anglais.

"Bien sûr ces choses (le yoga, le reiki) marchent, dit-elle notamment à la minute 34, parce que Satan ne veut pas de votre corps, mais de votre âme. Il guérira votre dos, votre coude, parce que vous désobéissez à Dieu dans ce processus, et vous avez plus confiance en vos sensations et vos expériences que dans la parole de Dieu qui interdit ces pratiques. Et donc de cette manière il vous a. Il contrefait les miracles de Jésus et se fait passer pour un ange de lumière en manipulant le monde invisible en vous soignant provisoirement, mais c'est uniquement pour vous perdre".

Jessica Smith recommande les études de l'ethnologue et historienne des religions à l'université de l'Indiana Candy Gunther Brown, qui montrent que tout engagement dans les médecines alternatives conduit à une adhésion spirituelle. Ce n'est jamais spirituellement neutre.

-- Jérémie 17:9 "Le coeur est trompeur par-dessus tout, et mauvais"

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Le culte de Mary Stuart

28 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Otium cum dignitate, #Médiums

Les chansons de Mike Oldfield sentent l'occultisme à plein nez, et pas le plus lumineux. Pas étonnant qu'un de ses albums s'intitule "Elements" (ce qui est la traduction exacte de "stoicheia"), ni que ce musicien, qui a eu une enfance bien malheureuse, ait fourni le paysage sonore du film ténébreux "L'Exorciste". Un de mes proches qui voit le monde invisible me disait que sa chanson la plus noire était l'apparemment inoffensive "To France" que nous avions tous dans les oreilles en 1984 et qui fut même le générique d'une rubrique télévisée qui passait tous les soirs à une heure de grande écoute (ça s'appelle du "mind control").

La chanson "To France" est en fait dédiée à Marie Stuart (1542-1587), la pauvre reine d'Ecosse ("Mary queen of chance") élevée à la cour des rois de France et décapitée par Elizabeth d'Angleterre à laquelle le chevalier Brantôme consacre un portrait délicat dans ses Vies des Dames galantes.

Je savais vaguement que certains catholiques du XIXe siècle (appartenant à des sociétés secrètes ?) s'étaient mis en tête de faire canoniser la reine martyre (comme ils essayèrent avec Christophe Colomb). Mais il y a plus intéressant pour comprendre le parti pris de Mike Oldfield, et je le trouve dans le tableau sinistre que l'historien René Guénon brosse de la naissance de la Société Théosophique de Mme Blavatsky. Voici ce qu'il écrit, à propos de l'inquiétante duchesse de Pomar (1830-1895), une médium spirite, qui avait monté en France une sorte d'organe de recrutement parallèle pour la Société Théosophique (p. 185-186 du livre) :

"Voici ce qu'elle écrivait à Arthur Arnould, dans une lettre que celui-ci publia en 1890 (...) 'Quand je vous dirai que nous recevons nos instructions directement des plus hautes sphères, vous comprendrez que nous désirions garder le plus strict secret"' Quelles étaient donc ces instructions et ces communications mystérieuses, dont les moyens n'étaient probablement pas très différents de ceux qui sont en usage chez les spirites ordinaire, et quelle était la mission que Mme Pomar prétendait avoir reçue ? Dans une lettre datée du 2 février 1892, et dont nous avons l'original entre les mains, elle disait à ce sujet : "... Le culte que je professe pour Marie Stuart s'applique moins aux souvenirs de sa personnalité terrestre qu'à son individualité céleste, toujours vivante, et qui depuis plus de trente ans m'a donné de nombreuses preuves de sa présence spirituel (sic) auprès de moi. Cet être déjà si grand, si noble sur la terre, a continué à se développer selon la loi éternelle de la vie de l'Esprit et aujourd'hui arrivée à posséder la vérité qui affranchit, elle a dépassé de beaucoup ses convictions religieuses d'autrefois. Sa mission est de donner aujourd'hui au monde, et spécialement à la France, les Vérités du Jour Nouveau qui doivent amener l'évolution de  la race dans le sens d'une spiritualité plus haute, et j'ai le privilège d'être choisie par elle comme intermédiaire terrestre pour travailler à son oeuvre'. Et plus loin, elle ajoutait encore que 'cette Reine est aujourd'hui un Ange des plus hautes sphères célestes' qu'elle appelait ailleurs le 'Cercle du Christ' et le 'Cercle de l'Etoile' ".

Et Guénon précise plus loin que cette nouvelle ère devait être celle du Saint Esprit, saisi comme le "divin féminin" (pensez au Da Vinci Code, à l'actuel "God is a woman" d'Ariana Grande, et tout ce mysticisme de Lilith qui, au XIXe siècle, se présentait encore sous un vernis catholique superficiel à travers ce pseudo-fantôme de la reine d'Ecosse)... Il est possible que Mike Oldfield ait voulu sournoisement imposer à son (très vaste) public dans les années 1980, ces "énergies" obscures autour de Marie Stuart, que vénéraient les cercles occultistes en Europe depuis au moins les années 1870-1880 et probablement bien avant...

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"L'erreur des religions païennes" de Firmicus Maternus

25 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Notes de lecture

Parmi mes dettes à l'égard de Clinton Arnold, je reconnais qu'il m'a fait découvrir à travers ses conférences Julius Firmicus Maternus, auteur romain en 348 de notre ère (entre la mort de Constantin et le règne de Julien l'Apostat) d'un traité intitulé par les Belles Lettres "L'erreur des religions païennes" - Wikipedia préfère Traité de la fausseté des religions profanes (De errore profanarum religionum).

Arnold s'intéressait à Firmicus parce qu'il a d'abord trempé dans l'astrologie avant de se repentir et devenir chrétien. Il avait en effet publié vers 340 un traité d'astrologie, la "Mathésis" ou Livre des Mathématiques qui synthétisait diverses sources anciennes. Robert Turcan (1929-2018), professeur à Lyon III, dans son introduction à l'édition de 2002 aux Belles Lettres estime que l'auteur n'a pas dû être un très bon astrologue car il compilait dans un style verbeux des textes de l'Egypte ptolémaïque un peu daté  (mais n'est ce pas un préjugé de ponte académique contemporain pour qui la qualité d'un savoir suppose qu'il se situe à la pointe de la recherche contemporaine ?). Pour lui il s'agirait d'un avocat, probablement devenu chef de bureau de l'administration impériale grâce au futur consul Lollianus Mavortius dans les années 330 (ce qui lui permit d'étudier l'astrologie), décurion local en Sicile, qui a pu accéder au rang sénatorial en fin de vie. 

Ses hommages au néo-platonicien Porphyre situaient sa Mathesis dans cette école. Quand il a écrit ce traité, comme les néo-platoniciens de son temps il tenait l'astrologie pour une science noble qui permettait d'adorer les dieux supérieurs, au dessus des rituels magiques populaires. L'astrologie était pour lui une technique d'adoration qui impliquait de la part de celui qui s'y adonnait probité et ascèse (on est loin de l'éthique des voyants actuels).

Turcan estime que, dès lors qu'à la mort de Constantin en 317, ses successeurs ont été des contempteurs plus radicaux du paganisme (notamment contre la magie et la divination) son implication dans l'astrologie, même si elle était très légitimiste à l'égard de l'empereur et très tournée vers les sphères "élevées" de l'hénothéisme, a pu paraître suspecte (raison pour laquelle l'accession de son protecteur Mavortius au consulat a été retardée), sa conversion au christianisme serait un acte bassement intéressé. Firmicus, écrit Turcan (p. 21), "n'avait rien, semble-t-il, d'un homme indépendant, tenace et courageux. Au travers de l'emphase et des redondances affectées, la Mathesis nous révèle un auteur mal assuré de sa position dans le monde et qui cherche un peu trop l'ostentation et le pouvoir" (mais n'est(ce pas à mettre au compte de ses erreurs de jeunesse ?). Ce "rhéteur peureux, impressionnable, soucieux d'appuis puissants" aurait voulu "ménager les susceptibilités de Constant et de Constance II, lorsque la loi de 341 fit éclater contre les païens un bruit d'orage".

Voilà un réquisitoire bien sévère de la part d'un universitaire dont le seul mérite (en fait de courage) aura été de cultiver tranquillement sa carrière, à l'ombre des potentats locaux de l'institution qu'il servait, comme on le fait dans toutes les facultés... Mais bon, il est vrai que dans la même veine le philologue belge Franz Cumont au XIXe siècle le traitait de "pédant borné". Peut-être y a t il derrière ce mépris pour Firmicus Maternus un préjugé anti-chrétien, quand, au contraire, la Bibliographie catholique jugeait le traité sur les religions profanes "pas indigne de figurer à côté des chefs d'oeuvres épistolaires et dogmatiques du grand évêque saint Cyprien".

"De errore" parut entre 343 et 350 et fut imprimé pour la première fois en Allemagne en 1559 à partir d'un manuscrit retrouvé en Westphalie (le seul dont on dispose) par l'historien protestant d'Istrie Flacius Illyricus. Conrad Bursian le retrouva à la bibliothèque vaticane en 1856 et le réédita.

Venons en au contenu du livre. On comprend que beaucoup de commentateurs athées de notre époque n'y voient qu'une polémique stérile de plus contre le paganisme, comme celles qu'ont lancées bien des saints ou des rhéteurs célèbres comme Tertullien.J'y trouve pourtant quelque parenté avec des sujets de réflexion de ce blog, à commencer par le fait que le paganisme soit rattaché aux stoicheia : chaque religion profane est soumise à un élément naturel, nous dit l'auteur. En Egypte on vénère l'eau, les Phrygiens (Galates) adorent la Terre, les Assyriens et une partie des Africains idolâtrent l'air sous le nom de Junon ou de Venus "vierge". Les Perses "et tous les mages" vénèrent le feu.

Et tout cela est tourné vers la mort. On se scarifie pour Osiris dont on cherche le corps déchiqueté alors qu'il existe un tombeau du dieu au corps calciné en Egypte, au lieu de se tourner vers le vrai Sauveur. En Phrygie, on partage le sort d'Attis acculé à l'émasculation (rappelez vous l'allusion de Paul dans la Lettre aux Galates) puis à la mort par Cybèle, et l'on porte son deuil autour de son tombeau. Dans les deux cas Firmicus Maternus dénonce l'identification artificielle de ces deuils au cycle naturel des moissons et de la germination.

Dans le culte de l'air, il critique l'idéal d'androgynie (condamné par la Bible) des prêtres qui se maquillent et invoquent des démons avec des voix féminines pour être possédés, des hommes qui se prostituent comme des femmes. 

Pour les Perses, Firmicus Maternus raille leur culte de la femme aux trois visages enserrée dans des lacs de monstrueux serpents. Pour Attilio Mastrocinque, dans The Mysteries of Mithra : A different account p. 123, il s'agit d'un des mystères de ce culte en vogue à l'époque dans l'armée romaine. Puis il manque des pages et l'auteur latin ensuite s'en prend à la division de l'âme dans le culte de Mithra.

Dans les cultes de Liber et Libera, on vénère aussi des morts puisqu'on célèbre le meurtre de l'enfant Liber déchiqueté par les sbires de Junon : en souvenir de cela, les Crétois déchirent avec leurs dents un taureau symbolisant le bambin (p. 90). Firmicus Maternus lui trouve un homonyme et équivalent en la personne d'un tyran de Thèbes vaincu par Lycurgue (peut-être une synthèse de l'épopée de Dionysos, Lycurgue roi des Edoniens et Penthée de Thèbes). Le culte de Perséphone aussi, pour l'auteur, n'est qu'une affaire de crimes humains puisque Pluton est un riche paysan qui enlève Proserpine fille de Cérès qui n'est elle-même que la femme d'Henna (une ville de Sicile). "La frivolité des Grecs aime à donner le titre de dieux à ceux qui leur ont rendu quelque service" - si bien que les Crétois adorent le tombeau d'un mort : Jupiter - on sait combien ce fait avéré fascina Nietzsche (p. 95).

L'identification de ces êtres aux astres - Liber au soleil et Proserpine à la lune - est plus absurde encore à ses yeux et ridiculise ceux-ci.

Puis dans un style très rhétorique digne des plaidoiries, l'auteur s'en prend aux traditions locales de renom : Cyniras de Chypre prostituait pour un as sa maîtresse dans le temple de Vénus à Paphos (c'est la version que Clément d'Alexandrie avait répandue dans les années 200 d'un des mythes sur la fondation de Paphos). On fait glisser un serpent le long d'un sein dans le culte phrygien ou thrace de Zeus Sabazios ("le tonnant"). Le culte des corybantes célèbre le meurtre, celui de Jupiter ou d'Apollon l'adultère. Celui de Sérapis, explique Firmicus Maternus, en Egypte, fut à l'origine celui de Joseph de la Bible, intendant du Pharaon, qui avait rendu me pays prospère et que les Egyptiens ont nommé ainsi parce qu'il était descendant de Sara, la femme d'Abraham. Les sacrifices de bétail dans ce culte aujourd'hui nourrissent des démons - l'auteur se réfère alors au passage du Livre des oracles de Porphyre (qu'il qualifie de "defensor sacrorum, hostis dei, ueritatis inimicus, sceleratarum artium magister) qui décrit un "Serapis" qui entre par le corps d'un homme et parle par sa bouche (une canalisation) (p. 106). Au passage Firmicus Maternus relève l'humiliation pour un dieu de pouvoir ainsi parler sur commande.

Les pénates, eux, ont été inventés par ceux qui ne vivent que pour boire et manger, pour déifier la nourriture, contre le commandement de Jésus Christ qui objecte à Satan que l'homme ne vit pas que de pain. Vesta, ce n'est que la déesse du feu domestique, au service duquel on devrait préposer des cuisinier et non des jeunes filles vierges dont on humilie ainsi la virginité (et dont beaucoup se prostituent). Le palladium, statue d'Athèna, est fait des os de Pélops tué par le brigand scythe Abaris qui le vendit aux Troyens. En le vénérant les hommes adorent les os d'un criminel. Si la statue a résisté aux incendies de Troie par les Grecs et de Rome par les Gaulois, elle le doit à l'action des hommes et non à ses pouvoirs magiques. Firmicus Maternus appelle d'ailleurs à la brûler maintenant (Matth 13:40). La tradition retient cinq Minerves. Celle qu'on nomma Pallas fut une femme qui tua son père Titanis (p. 111). Les temples ne sot que des cimetières, estime l'auteur, où l'on ne célèbre que les dépouulles de criminels.

Il exhorte les "très saints empereurs" à les détruire. "Ces pratiques, on doit les supprimer radicalement et les anéantir" et prendre un édit contre elles (amputada sunt haec, penitus atque delenda et seuerissimis edictorum uestrorum legibus corrigenda). Beaucoup tiennent à ces traditions et "aspirent à leur propre ruine avec une ardeur passionnée", "délivrez les, lance-t-il aux empereurs, car ils sont à la mort". C'est pour traiter cette gangrène que les souverains ont reçu la direction de l'Empire." Mieux vaut délivrer ces gens malgré eux que les laisser se perdre volontairement" car "lorsqu'un état pathologique a pris possession de l'organisme humain, le patient réclame pour son malheur ce qui va à l'encontre de sa guérison" (p. 113). Plus loin l'auteur mobilisera l'Ancien Testament pour appeler à détruire les idoles (p. 147-148).

Je passe dans ce compte-rendu les dernières pages du livre qui détaillent encore d'autres usages cultuels, avec les statues, les arbres, etc auxquels Firmicus Maternus oppose des extraits de la Bible, au nom d'une promesse plus haute faite à l'humanité, promesse de vie et d'éternité.

Evidemment un chrétien de nos jours ne peut que donner raison à l'auteur (alors qu'au contraire, bien sûr, tous les rationalistes anti-chrétiens blâment son intolérance et son incompréhension des soi-disant "connaissances anthropologiques" que l'athéisme contemporain a glissé dans nos veines). C'est un tableau très poignant et spirituellement juste que ce rhéteur du Bas Empire nous livre de la morbidité profonde du paganisme antique, et un contrepoint très utile à cette espèce d'idéalisation du monde païen pré-chrétien qu'on trouve sous la plume d'un Paul Veyne ou d'un Jerphagnon. La morbidité de l'époque actuelle, fille du désespoir dans lequel elle vit de n'avoir plus aucun accès possible (ou de croire ne plus avoir d'accès possible) à la Nouvelle Jérusalem, rend hommage à celle d'autrefois en la parant de lumières artificielles. Même si, sans doute ,ses thèses sur l'origine humaine des dieux païens sont historiquement fausses, son analyse de la noirceur des cultes qui leur étaient rendus est juste, et la lecture de Firmicus Maternus est ainsi bien utile pour démystifier les idées fausses que l'enseignement soi-disant laïque a mis dans nos têtes à ce sujet.

 

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La "Lettre aux Ephésiens" et les pouvoirs occultes

20 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Christianisme, #Notes de lecture

On a déjà cité ici Clinton Arnold à propos de la Lettre de Paul aux Galates et des fameuses "stoicheia" dont je parle beaucoup sur ce blog depuis deux mois.

J'ai reçu aujourd'hui la thèse de cet auteur sur la Lettre aux Ephésiens, thèse qu'il a soutenue en 1986 dans une université chrétienne d'Aberdeen, et publiée en 1989 sous le titre "Power and magic, The concept of Power in Ephesians". Un sujet qui concerne, comme on va le voir, les pouvoirs occultes.

Les mots sur ces pouvoirs occultes sont très concentrés dans cette lettre sous divers vocalobles : iskhus, kratos, exousia, dunamis ou energeia (deux termes qui évoquent les forces et énergies, ce qui devrait nous faire craindre un peu les "énergies subtiles" que les yogis, et adeptes des sagesses médecines douces prétendent manipuler impunément). Ces mots sont opposés au pouvoir cosmique du Christ. Arnold essaie de comprendre  les préoccupations historiques auxquelles ce propos répondait en son temps.

L'exégèse historique admet que le texte s'adressait à plusieurs églises d'Asie mineure occidentale et non seulement une église spécifique d'Ephèse. Cette ville de 250 000 habitants à l'époque avait été pendant 2 ans et demi un centre de prédication important pour Paul.

Pendant longtemps les historiens se sont demandés si cette lettre n'était pas inspirée par une forme d'hérésie gnostique locale liée au manichéisme iranien (le grand combat des forces du Bien contre celles du Mal). Mais la Gnose est apparue plus tard, d'ailleurs avec un fort contenu juif après la chute du Temple, si bien que cela militerait pour une datation tardive (postérieure à 70) du texte et il est vrai que des manichéens ultérieurement (notamment le manuscrit de Nag Hammadi l'Hypostase des Archontes) ont beaucoup cité Ephésiens 6:12 "Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants (/esprits du mal) dans les lieux célestes." Arnold estime qu'il a pu exister des formes de proto-gnosticisme juif qui ont influencé Paul, mais il s'intéresse davantage au contexte de magie qui caractérisait Ephèse et sa région à ce moment-là.

Metzger a insisté sur le fait qu'Ephèse était la ville la plus infestée de sorcellerie de tout l'empire romain. Les "lettres éphésiennes" (ephesia grammata) étaient des formules rituelles magiques (à base de six mots liés à Artémis) citées par Clément d'Alexandrie, Hesychius, mais aussi une tablette crétoise du IVe siècle av JC. Anaxilas le Comique (IVe s av JC) en son poème "Le fabriquant de harpes" cité par Athénée de Naucratis décrit ainsi le philosophe Anaxarchos d'Abdère : "Huilant sa peau avec des onguents jaunes, étalant ses délicates chlamydes, traînant ses pieds dans de fins escarpins, mâchant des oignons, dévorant des morceaux de fromage, gobant des œufs, mangeant des bigorneaux, buvant du vin de Chios, et, c'est le comble, portant sur des pièces d'étoffes cousues les jolies lettres d'Éphèse" - Arnold traduit par "jolis charmes d'Ephèse", puisqu'on utilisait ces mots comme des formules apotropaïque (un combattant à Olympie les avait inscrites sur ses chevilles, et selon Plutarque les mages exorcisaient les possédés en faisant réciter les mots de ces lettres°. On connaît la magie de l'époque à travers des papyrus d'Egypte et le Testament de Salomon. Rappelons qu'en 13 av JC Auguste avait fait brûler 2 000 rouleaux de parchemins à finalité magique selon Suétone.

La peur du royaume des démons était une raison majeure de l'usage de la magie : dans les papyrus égyptiens de ce temps on invoque contre les démons des dieux grecs comme Kronos, Zeus, Aphrodite, égyptiens comme Osiris, Isis, Serapis et même des noms du Dieu des Juifs (p. 18). L'Artemis d'Ephèse (affublée des titres de sauveuse/soteira, seigneur/kuriar, et reine du Cosmos/basileis kosmon) joue aussi un rôle très important dans les protections surnaturelles. Comme Isis dans l'Ane d'Or d'Apulée (qui d'ailleurs l'assimile explicitement à l'Artémis d'Ephèse comme à l'Aphrodite de Paphos), elle a un pouvoir au dessus du destin qui se manifeste par son collier représentant les signes du Zodiaque qu'elle maîtrise (sur une gemme magique trouvée près de Paris elle est représentée avec le soleil et la lune, ce qui en fait une divinité astrale). Les Ephesia Grammata selon Pausanias étaient écrites mais de façon illisible sur les pieds, la ceinture et la couronne de la déesse. Elle est reine du monde souterrain et ses seins avaient aussi une fonction magique, comme souvent les organes sexuels dans l'Antiquité (cf Lichtenecker).

Les Actes apocryphes de Jean identifient clairement Artemis à un démon, et ce n'est pas un hasard si un des rares exorcismes des Actes des Apôtres se passe à Ephèse. On a retrouvé des papyrus chrétiens invoquant la vierge Marie, Sabaoth et Salomon pour "lier le scorpion Artemis".

La vision paulinienne des "pouvoirs" que le Chrétien doit affronter a fait débat. Le vocabulaire (le mot arkhè) emprunte à l'esprit juif de l'époque. Le mot dunamis se réfère aux anges dans l'ancien testament, tout comme kuristès (ennemis) (p. 54).

Les versets "1. 20. Cette puissance, il l'a déployée en Christ quand il l'a ressuscité et l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, 21 au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute souveraineté et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir." montrent une suprématie sur les noms d'entités invoqués dans les rituels magiques. En écho à Psaume 110 " Yahweh a dit à mon Seigneur: "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds."

La référence à la descente de Jésus sous Terre (Ephes 4:9) peut rassurer ceux qui craignent les puissances de l'Hadès. La description de Satan comme "le prince de la puissance de l'air " en 2:2 est commune à l'époque. Les papyrus magiques parlent beaucoup des esprits de l'air. A plusieurs reprises (notamment les prières de l'épître) le pouvoir de Dieu est placé au dessus de celui de ces forces des Ténèbres (p. 72). Arnold analyse en quels termes ce pouvoir est décrit par Paul.

Au total j'ai été un peu déçu par ce livre qui enfonce beaucoup de portes ouvertes, et paraphrase souvent le texte de Paul en ne donnant que quelques éléments sur le contexte culturel des mots choisis. C'est beaucoup moins impressionnant que les trouvailles faites par Kevin von Duuglas-Ittu dans son cocktail sur la "Lettre aux Galates" élaboré sur la base des travaux d'Arnold et de Susan Elliott. L'idée que la soumission au Nomos juif et païen vous asservit aux stoicheia du zodiaque et des éléments naturels était quand même plus contre-intuitive que celle selon laquelle les puissances auxquelles Saint Paul oppose la suprématie du Christ sont (en partie) les sortilèges magiques liés à l'Artémison d'Ephèse.

Je retiens cependant deux points importants : 1) le nom de Jésus comme nom au dessus des noms devient quelque chose de très concret quand on comprend l'usage des noms dans la magie ésotérique (notamment dans les Ephesia Grammata) 2) le fameux "tu marcheras sur le lion et sur l'aspic" du Psaume 91 ne désigne pas une marche horizontale mais une ascension : le lion et l'aspic deviennent l'escabeau du chrétien.

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La québécoise

17 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Massages, #Anthropologie du corps, #Médiums

Rencontré une autre masseuse, "masseuse sophrologue" cette fois, jeudi dernier... Quadra, québécoise, très sympathique et cordiale. Mais au fond toujours le même arrière-plan spirituel : catholique d'origine, "tombée en amour" des représentations du Bouddha "symbole de l'équilibre", et, quand je lui demande "est-ce que vous n'êtes pas un peu médium ? est-ce que vous ne ressentez pas des présences ?", elle dit : "je refuse de répondre". Quand je précise "j'ai connu des masseuses médiums", elle hausse les épaules : "elles n'auraient pas dû vous le dire, ça peut faire flipper les gens - le magnétisme, la médiumnité, on l'a tous un peu en soi, on décide de le développer ou pas, c'est juste de la sensibilité". Preuve qu'elle en est un peu. Hélas cette idée "tarte à la crème" - "on l'a tous un peu, comme l'oreille musicale" - sent toujours par trop le piège et le soufre, pour mes narines délicates... D'ailleurs ces massages soi-disant relaxants au bout de 10 ou 12 heures font plus de mal que de bien. Ils éveillent des désirs, des incertitudes, quand ils ne plongent pas les gens dans de grosses fatigues. Une voie sans issue, comme notre époque en propose tant.

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Retour sur la question des pyramides

16 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Pythagore-Isis, #Histoire des idées, #Histoire secrète

En juillet dernier, un article dans le Journal of Applied Physics,  révélait les résultats d'une étude faite par un équipe russe sur le comportement des ondes électro-magnétiques la Grande Pyramide de Gizeh. Tout en posant comme présupposé (nécessaire à la fiabilité des conclusions) "qu’il n’existait aucune cavité inconnue à l’intérieur, et que le matériau du bâtiment aux propriétés d’un calcaire ordinaire était distribué uniformément à l’intérieur et à l’extérieur de la pyramide", les chercheurs ont pu démontrer que les champs électromagnétiques se trouvent concentrés en plusieurs points de la construction antique, situés à sa base mais aussi au niveau des chambres aménagées en son cœur.

Evidemment nos revues de vulgarisation à l'instar de Maxisciences se sont hâtées de préciser que "cela ne signifie pas pour autant que les bâtisseurs de pyramides maîtrisaient déjà toutes les subtilités de l’électromagnétisme… Il s’agirait plutôt d’un heureux hasard qui pourrait amener à des découvertes inédites". Le hasard "Dieu des imbéciles" comme disait Léon Bloy : surtout n'allez pas croire que les Egyptiens ont fait exprès de construire une pyramide qui justement concentre les champs magnétiques aux bons endroits !

Cette découverte recoupe le fait que la pyramide ait été construite avec des matériaux conducteurs (en granite) qui conduit l'électricité des aquifères souterrains. Le champ électromagnétique qui se forme à la base de la pyramide est conduit vers le sommet où se trouvait un dispositif en or qui transférait les ions négatifs dans l'ionosphère, ce qui produisait du courant électrique. NiKola Tesla l'inventeur du courant alternatif, du laser, du moteur électrique, du radar etc construisit aussi sa tour sur un aquifère sur le même modèle que la pyramide. Les Egyptiens maîtrisaient donc l'énergie sans fil.

Cette nouvelle me donne envie de relancer les recherches que j'ai commencées à ce sujet en août 2014 (tandis que j'enquêtais sur les médiums). J'avais alors été impressionné par un documentaire sur les travaux de Grimault sur La Grande Pyramide alignée sur le pôle nord, et sur les quatre points cardinaux située au milieu géométrique des terres émergées, à la latitude 30 par rapport à l'équateur, dont les faces sont légèrement concaves (en réalité elle a huit faces) pour permettre des jeux de lumière au solstice  et dont la température intérieure est constante et égale à la température moyenne de la terre, 20 degrés Celsius (68 degrés Fahrenheit).

L'ingénieur Christopher Dunn, qui ne croit ni aux extraterrestres, ni à l'Atlantide, dans le sillage de William Flinders Petrie, confirme que les Egyptiens avaient des outils que nous ignorons.

Aucune fresque ni aucun papyrus égyptienne ne représentent la construction des pyramides ou du sphynx, ce qui peut laisser penser que celle-ci est très antérieure aux périodes admises par l'égyptologie classique qui ne raisonne que d'après l'environnement de ces monuments (puisque le carbone 14 ne permet pas de dater les constructions ne pierre). Pour mémoire, l'hypothèse de l'érosion du sphinx par l'eau défendue notamment par Robert Schoch soutient que le principal type d'altération évidente sur les murs d'enceinte du Grand Sphinx a été causé par une exposition prolongée et importante aux précipitations qui auraient été antérieures au règne de Djédefrê et Khéphren, les pharaons auxquels les égyptologues les plus modernes attribuent la construction du Grand Sphinx et de la Deuxième Pyramide de Gizeh autour de 2500 avant notre ère. Or Robert Schoch estime qu'une structure plus ancienne que la grande pyramide, notamment celle des sous-terrains, plus ancienne que l'époque dynastique, se trouve à l'intérieur de la pyramide, ce qui autoriserait à remonter très loin dans le temps.

Robert Temple et quelques autres (Robert Bauval par exemple) défendent l'idée que les pyramides furent construites en lien avec Orion, ce qui encourage des hypothèses autour des néphilim (chez les chrétiens) ou des extra-terrestres chez les néo-païens (voir la Théorie des anciens astronautes - l'alignement des pyramides sur Orion situerait la construction vers - 2450).   

J'avais rapproché l'été dernier les travaux sur les pyramides d'Egypte de ceux du chrétien américain L. A. Marzulli qui a analysé les crânes de squelettes géants du Pérou et les constructions mégalithiques de Huaytara sous l'église catholique Saint Jean le baptiste qui sont un ancien temple inca. Ces pierres, conductrices d'électricité, sont agencées au millimètre près alors que les Incas étaient censés ne pas avoir la roue.

Marzulli évoque une connexion énergétique entre les divers sites mégalithiques comme le faisait Klaus Dona interviewé en 2009 à Vienne par Bill Ryan et Kerry Cassidy du Projet Camelot.

Celui-ci mettait en relation 1) la pyramide mégalithique découverte en 1984 au Japon à 25 mètres au dessous du niveau de la mer sur l’île Yonaguni (archipel des Ryukyu) où Pr Masaaki Kimura,géologue de l’université de Ryukyu a trouvé aussi une énorme tortue et des aigles de pierre ; 2) la Pyramide à l’œil à 13 degrés de La Maná munie d'un œil phosphorescent dans la lumière noire avec sur le font de la pyramide la constellation d’Orion et quatre signes incrustés en langue inconnue traduits par le Pr Kurt Schildmann (1909-2005) et d'artéfacts qui brillent dans le noir ; 3) l'Atlantide, 4) les découvertes du Pr Pitoni .

Le rapprochement avec les sumériens donne aussi à réfléchir. Graham Hancock, auteur de Fingerprints of the Gods, sur les sages anté-diluviens avec leurs sacs à main, qu'il connecte à ceux de Gobekli Tepe qui ont 11 000 ans, et d'autres l'assimilent à l'ankh (d'où l'assimilation d'Osiris et d'Enki).

Andrew Collins pour sa part, dans The Cygnus Key la relie à la musique des sphères pythagoricienne : la doctrine de Pythagore des harmonies célestes, explique-t-il, se reflète dans chaque mesure de la Grande Pyramide et du complexe de Gizeh. Ce dernier utilise les triangles de façon à refléter l'influence de deux intervalles musicaux spécifiques : la quarte parfaite et la quinte parfaite. La grande pyramide a aussi beaucoup à voir avec les nombres sacrés. Le périmètre de la base mesure 921,45 mètres. Si on multiplie ce chiffre par 43 200 (le nombre de secondes qu'il y a dans 12 heures), on trouve, à 1, 4 mètre près, le rayon de courbure de la Terre à l'équateur (on suppose que les Egyptiens connaissaient déjà le mètre). Ce qui ferait de la pyramide une représentation en miniature de la planète. Et si l'on mesure la hauteur de la pyramide multipliée par 43 200, on a la longueur du rayon polaire (celle du méridien). La représentation est donc en trois dimensions.

On n'a jamais rencontré de momie à l'intérieur, ni aucune fresque. Le coffre trouvé à l'intérieur était vide alors que l'entrée avait été obturée par d'énormes blocs de granite qui n'ont été mis à jour que par les ouvriers du calife Al-Mamoun eu IXe siècle. 

Sur un plan scientifique, il est en tout cas peu probable que la pyramide ait servi de centrale électrique car elle était recouverte de calcaire non conducteur et n'était reliée à rien. A quoi donc sa fonction énergétique servait-elle ?

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Encore et toujours les stoicheia (esprits du feu, de l'air etc)

9 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Alchimie, #Christianisme, #Histoire des idées, #Philosophie

Désolé, j'évolue un peu en boucle en ce moment autour de ce que je vous ai dit sur la Lettre aux Galates de Saint Paul, et sur les stoicheia. Mais le sujet en vaut la peine car il parle de notre temps autant que de l'Empire romain, et je n'ai pas fini de vous assommer avec Paul, car je compte bientôt disserter un peu, à partir d'un livre de l'historien Clinton Arnold, sur sa Lettre aux Corinthiens, qui, elle aussi, parle beaucoup de magie.

Je vous ai dit que pour St Paul le légalisme vous rend soumis aux stoicheia comme des enfants, et que les stoicheia, ce sont les esprits des éléments (aussi bien le feu, l'air, que les décans du zodiaque). Et, en lisant le début de l'autobiographie de l'alchimiste Burensteinas, et ses considérations sur l'esprit du feu, j'ai trouvé qu'on était en plein dans le sujet.

Voici une page du même Burensteinas ("Un alchimiste raconte", p. 224-225) qui me confirme complètement dans cette intuition, et qui, en même temps, aide à comprendre ce que sont ces "éléments" ou "élémentaux" auxquels selon Saint Paul (et l'Esprit saint qui lui dicte sa lettre), nos vies sont soumises quand nous nous soumettons aux lois de la nature :

"Il faut d'abord que je vous explique ce sont les 'élémentaux'. Ce sont des esprits qui ont choisi comme corps des éléments. De la terre, de l'eau, de l'air et du feu. Pour moi, ce sont des âmes, qui ont choisi de s'incarner non pas dans la chair comme nous, mais dans d'autres véhicules. Aussi diverses que les âmes des humains. Certaines sont des brutes, d'autres des philosophes. Elles aussi, comme n'importe quelle forme de l'univers, cherchent à dissiper leur agitation.

N'avez-vous jamais vu dans un cours d'eau un élémental ? Il se remarque par une masse d'eau remontant le courant ou à une tache d'eau qui semble d'une intensité différente, comme de l'huile. En outre, elle est délimitée par un fil. J'ai même vu, un jour, une tache émeraude remontant une cascade. Dans une maison, quand vous avez une zone qui reste inexplicablement humide, alors qu'il n'y a pas de fuite, et ce, malgré tous les efforts que vous avez faits pour assainir les murs, il est possible qu'un élémental de l'eau ait élu domicile. On peut convaincre cet élémental de rejoindre une bassine d'eau pour pouvoir ensuite le ramener dans une rivière et ainsi libérer les lieux. Même si ça peut paraître étrange, c'est un rituel utilisé depuis la nuit des temps.

Un élémental de terre peut s'installer dans une pierre. On peut supposer que, quand il veut communiquer, il finit par prendre la forme de l'espèce à qui il veut s'adresser : un homme, un ours ou un lézard...

L'élément du feu, j'en ai déjà parlé, c'est la salamandre. Je l'invoque au creuset, mais aussi lors des cérémonies d'équinoxe, que je fais chaque année avec une quarantaine de personnes. Il n'est pas rare qu'il se manifeste par des serpents de feu tournant autour des participants.

Quant à l'élémental de l'air, c'est un sylphe. S'il s'attache à un bosquet, on a coutume de l'appeler un sylvestre ou une dryade. En font partie aussi les djinns qui déclenchent les tourbillons de sable dans le désert ou de neige en montagne.

(...) J'ai appris à communiquer avec les intercesseurs que sont les élémentaux, et notamment à déclencher des orages. J'ai même appris à des élèves à le faire avec moi, à l'aide d'un 'bâton-tonnerre' ".

Comme je l'ai raconté dans mon livre sur les médiums, lorsque j'ai eu l'infiltration d'une entité en 2015, c'est un vieux sourcier belge qui, à Sainte Baume, en Provence, l'a fait savoir à ma secrétaire qui s'y était rendue en pèlerinage (il a même tenté de m'exorciser à distance avec sa fourche en caoutchouc). J'ai eu pas mal de discussions avec des gens qui avaient des rapports étranges avec des esprits des eaux (notamment une masseuse). Il y a aussi probablement des démons attachés aux élémentaux comme les sirènes ou les ondines pour l'eau. Je n'entrerai pas dans cette discussion, mais oui, les salamandres, les sylphes, les ondines, sont ce dont il est question quand on parle des stoicheia. Ces entités sont elles forcément soumises à Satan comme le prétendent certains évangéliques, ou peuvent-elles être neutres, voire favorables comme ceux qui prétendent pouvoir faire de la "magie blanche" sans se compromettre avec les Ténèbres, c'est une question qui existe au sein du christianisme et qui fait débat.

Je crois qu'avant de s'abandonner à un écologisme naïf hérité de Rousseau, il faut, quand on marche dans une forêt ou au bord d'un étang, garder à l'esprit que tout ce monde invisible existe. Il fait partie des "mille qui tombent à ton côté et dix mille à ta droite" dans le combat spirituel qu'évoque le psaume d'exorcisme 91 au verset 7 (voir l'interprétation de Rachi de Troyes à ce sujet).

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Dominer les stoicheia ?

8 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Alchimie, #Christianisme

Je réfléchissais ce matin au livre autobiographique de l'alchimiste Patrick Burensteinas, son témoignage vibrant sur ses expériences avec l'esprit du feu ou l'esprit du métal.

Je pense que, comme l'astrologie (avec laquelle d'ailleurs elle travaille), l'alchimie est de l'ordre des stoicheia (au sens de St Paul, voir ici), et de la soumission à ceux-ci.

St Paul dans sa lettre aux Galates dit bien que le légalisme et la soumission à un nomos (pas seulement à la Torah) implique qu'on reste un enfant soumis aux intendants du domaine (les esprits des éléments naturels, les stoicheia) alors que nous avons vocation à diriger ce domaine que nous tenons de notre Père.

Cela signifie-t-il que, si nous devenons esclaves de la Nouvelle Jérusalem selon les mots de St Paul (ou esclaves de l'obéissance selon St Pierre) et prenons ainsi le pouvoir sur le domaine au nom de notre Père nous chassons les intendants ou est-ce que nous prenons autorité sur eux ?

L'Evangile dit que nous chasserons les démons, mais les stoicheia ne sont pas exactement des démons. Ce sont des esprits des choses, des esprits des éléments. Si je me fie au passage où Jésus maîtrise les tempêtes et marche sur l'eau, passage qui implique la promesse pour tout chrétien d'accomplir les mêmes prodiges pour peu qu'il ait une foi comme un grain de moutarde (sauf si dans une approche dispensationnaliste on estime la promesse réservée aux seuls apôtres), alors la soumission à la Jérusalem céleste impliquera que l'on gouverne les esprits des éléments au lieu de les chasser. Je suppose que la légitimité des tentative d'alchimie et d'astrologie chrétienne si seulement elle existe doit se déduire de cela...

En tout cas en parlant d'alchimie vous avez vu que l'attaque à la voiture bélier de la cathédrale d'Oloron Ste Marie en Béarn cette semaine a permis de dérober des tenues liturgiques à effigie de salamandre, symbole de François Ier, que le roi de France avait offertes à l'évêque (je suppose que ce fut Gérard Roussel, membre du cercle de Meaux nommé là par sa soeur Marguerite d'Angoulême reine de Navarre, la célèbre auteure de l'Heptaméron, mais la presse ne le précise pas). Burensteinas est très éloquent sur cette salamandre, esprit du feu, que les alchimistes arrivent à visualiser et qui fit sauter les feux grégeois d'un bateau arabe l'autre d'une façon prodigieuse lors des deux sièges de Byzance, sauvant la ville, qui abritait semble-t-il elle aussi des alchimistes de haute volée...

Mais bon, à titre personnel, comme St Vincent de Paul, je préfère éviter ce monde là.

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