Entretien avec une réflexologue normande le 8 juillet 2016
C'est une quadragénaire, assez connue dans sa région (même une radio catholique lui a fait de la pub - vu le niveau de perte de repères de l'Eglise catholique en ce moment, nul ne s'en étonnera). A travers elle, j'ai découvert combien les réflexologues, comme les masseuses (que j'ai interrogées par ailleurs), pouvaient être profondément liées au spiritisme.
Nous avons discuté, un soir, le 8 juillet 2016. Elle m'a avoué croire à la réincarnation, aux vies antérieures. Elle reconnaît qu'à son contact les patients ont souvent des révélations sur ces soi-disant "vies antérieures" : "Un de mes clients a eu le sentiment d’être mon fils quand il était entre mes mains, il y a des gens qui ont la sensation j’ai été leur mère ou leur fille par le passé ", dit-elle.
Elle même a un passé lié à la sorcellerie. Selon elle, "tout le monde avait une grand mère ou une tante rebouteuse ou coupeuse de feu" (beaucoup de chrétiens expliquent que les dons de sorcellerie s'héritent de génération en génération, comme une malédiction). Comme les médiums, elle sent les lieux chargés d'histoire. Petite, elle avait des rêves prémonitoires, mais avait du mal à l'accepter (le genre de "don" que le deuxième ciel impose contre le gré de la personne, comme les visions de Maria Valtorta, ou le don de médium pour Patricia Darré) . Elle a étudié le premier stade du reiki (une pratique très liée au paranormal) mais s’est arrêtée car trouvait cela trop rituel : elle n'aimait pas les prescriptions du genre « ne pas boire pendant 3 semaines » « ne pas avoir de rapports pendant trois semaines ». Mais elle reste en contact avec des médiums avec lesquels elle entretient un rapport de rivalité et de défi mêlé de complicité. Elle leur a demandé des éléments sur sa propre vie en faisant faire son thème astral et son analyse du point de vue de la numérologie kabbaliste dont les conclusions l'ont bluffée (être "bluffé" par un voyant est la première étape du pacte qui unit à leur prédiction).
C'est d'ailleurs à travers un médium voyant qu'elle a entamé sa reconversion du travail de juriste à celui de réflexologue en 2009 : le déclic de sa reconversion lui serait venu d'une interview du président Sarkozy (qu'elle n'aimait pas), à la radio (ça c'est un point obscur à mes yeux du processus), mais un ami médium, qui avait deviné bien des choses sur sa vie privée, lui avait prédit (car il était capable de prédictions à six mois) chaque étape de sa reconversion, et ces étapes se sont réalisées (autant dire qu'elle a obéi au "daimon" qui inspirait le médium, comme le font les gens qui réalisent les prédictions des tarots). Elle avait été portée à effectuer ce virage par ses dispositions de toujours à l'empathie (très marquées chez tous les magnétiseurs et personnes en contact avec le monde invisible), son goût pour les médecines douces (car elle était très sujette aux allergies) et le décès subit par AVC d'une collègue à 35 ans.
Aujourd'hui dans les séances de réflexologie, elle sent parfois des morts de la famille du patient, et les morts de sa propre famille. Elle ressent une chair de poule ou ses poils qui se dressent « un peu comme vous savez quelqu'un est derrière vous-même si vous ne le voyez pas ». Des morts (ou des démons se faisant passer pour des morts) lui ont parlé dans ses rêves. Sa propre famille est très marquée par la mort : trois de ses frères et soeurs sont décédés - notez que la masseuse que j'ai rencontrée en Béarn en décembre avait aussi perdu trois frères... (à rapprocher par contraste de Matth 22:32 qui explique l'hostilité des chrétiens à l'occultisme : "Dieu n'est pas Dieu des morts, mais des vivants").
Les anges ou guides lui font sentir des choses par synchronicité. Elle s'intéresse aux pierres, se sent reliée aux énergies froides et chaudes de la terre, ressent des nausées devant les gens toxiques ou trop stressés, et entretient un rapport "magnétique" positif ou négatif aux gens. Toutefois elle n'ose pas s'aventurer sur le terrain des canalisations et refuse de recevoir des messages trop explicites des entités invisibles. Elle aime Frédéric Lenoir et tout ce qui est "non intégriste" dans les religions (elle joue le jeu de la religion mondiale que le pape est parfois accusé de promouvoir et qui est compatible avec l'occultisme). Elle pense que le monde arrive à un nouveau plan de conscience (comme le New Age). Elle aime l'interview du président uruguayen José Mujica (l'homme qui a négocié en septembre 2013 la légalisation avec George Soros et David Rockefeller du cannabis dans son pays) par Yann Arthus-Bertrand : son plaidoyer pour la frugalité, le rêve et le respect de la planète (un thème luciférien aux yeux de certains analystes, voir par exemple l'engagement au sein de l'ONU du Lucis Trust initialement appelé Lucifer Trust fondé par la théosophe spirite Alice Bailey pour l'Agenda 21).
Attention donc : quand vous mettez "les pieds" - c'est le cas de le dire - chez une réflexologue de ce genre, vous entrez, sans le savoir (car elle ne vous en dira rien), dans le domaine dangereux de l'occultisme... et pourtant cette dame est certifiée par une école de réflexologie.
-- PS : cette réflexologue a finalement été interviewée par une radio chrétienne (une journaliste qui n'aimait pas la vérité, il y en a tant... et le label chrétien ne leur vaudra pas l'absolution automatique contrairement à ce que croient ces gens - cf Matth 7:21-23)
La revue "Sciences humaines" verse à son tour dans l'apologie de la sorcellerie
Encore une odieuse apologie de la sorcellerie, cette fois dans la revue "Sciences Humaines" qui ose se qualifier de "magazine référence pour comprendre l'humain". Dans son numéro de février 2019 son abécédaire à la lettre "S" "spiritualité", reprend les sottises de Mona-Chollet-du-Monde-Diplo, elle-même sympathisante de l'occultisme (voir ce qu'on en disait ici le mois dernier), sur le thème de la sorcellerie, avec son culte de la déesse-mère expression des revendications du corps féminin" opprimé"... What a joke !
Le 68e anniversaire des Rose-Croix aux Etats-Unis (1916)
Article rédigé par Grace K. Morey, secrétaire du Rose Cross Sacred College, paru dans le "Buffalo Express" du 16 juillet 1916 et repris dans "Fundamental Laws, A report of the 68th Convocation of the Rose Cross Order" (Lois fondamentales, un rapport sur la 68e convocation de l'Ordre de la Rose-Croix).
Anciens mystères d'Egypte donnés dans une initiation ou trois degrés
Sous l’autorité de l’Ordre des Rose-Croix fondé en Amérique en 1858, des représentants éminents de l’Ordre ont été réunis dans le conclave le plus remarquable tenu au cours des 5 000 dernières années, dont la publication des archives est maintenant ouverte à tous, la connexion de l’Egypte et ses siècles de vraie religion, de puissance et de gloire, avec le sceau mystique des États-Unis, dont le symbolisme héraldique qui proclame le puissant destin de l'Amérique, n'était jusqu'à présent connu que par un nombre limité de personnes.
À "Beverly Hall", dans la magnifique vallée de Tohickon, à environ six kilomètres de la ville de Quakertown, des hommes et des femmes de tous les rangs et de toutes les régions du monde, des hauts maçons et des membres de l’Eastern Star (la Croix d’Orient), des médecins et des enseignants, des écrivains et des membres de toutes les confessions, y compris l'hébraïque, se sont tous réunis à l'appel du Grand Maître de l'Ordre de la Rose-Croix pour la soixante-huitième convocation.
Il y a quelques années, R. Swinburne Clymer, auteur de la Philosophie du feu, de La maçonnerie orientale mystique ancienne, des Rosicruciens, leurs enseignements, des mystères d'Osiris, de la Science de l'âme et de l'immortalité, et de plus de trente autres livres, acheta une étendue montagneuse de terres et y fit construire "Beverly Hall", une salle de réunion, des salles de presse, des bibliothèques et un laboratoire de chimie qui, entourés de vergers, de vignes et de roseraies, aménagés en pelouses en terrasses, constituent avec leur chenil de Collies et leurs poulaillers une splendide combinaison de beau et pratique.
A cela s’ajoute la mystique, car dans une étendue isolée et boisée de cinquante acres de cette terre; un lac artificiel a été créé à partir d'un ruisseau de montagne, une salle du trône a été érigée et d'autres améliorations ont été apportées qui seraient nécessaires pour l'initiation des néophytes dans les mystères égyptiens.
La Convocation a été ouverte le 1er juin dans la salle de l'Assemblée, construite à cet effet il y a plus de cinq ans, et une série de conférences sur des sujets aussi bien mystiques que pratiques a commencé et s'est poursuivie jusqu'à la clôture de la convocation. Les délégués et les enseignants ont présenté les conférences, qui ont été suivies de discussions sur les sujets suivants: eugénisme, maternité scientifique, code d'éthique pour les écoles et la maison, christianisme spirituel, hygiène personnelle, alimentation et santé, péché, autorité et individualité, échelle de Jacob, Initiation, réincarnation, développement de l'âme, la seconde venue du Christ et la signification mystique du sceau des États-Unis.
À l'époque de Salomon comme à l'époque de la prêtrise égyptienne, aucune cérémonie n'avait jamais lieu, sans que le cercle de Salomon, communément appelé le sceau sacré de Salomon, ait été préalablement préparé, mais depuis la chute de l'Égypte et du temple de Salomon, ce sceau est pratiquement inconnu, à l'exception d'un nombre limité d'étudiants de religions anciennes et de mystères.
Au cours de la première semaine de juin, dans le bosquet spécialement préparé pour la mise en scène des anciens mystères d’Osiris, le sceau de Salomon, souvent appelé le cercle magique, fut spécialement constitué. Le 11 juin, le cercle magique fut inauguré en la présence des délégués de l'ordre de la Rose-Croix, dont certains étaient originaires d'Allemagne, d'Angleterre et de Russie. C’était conforme au système tel qu'il était pratiqué par les anciens prêtres d'Égypte et le Sanhédrin du temple de Salomon.
Dans la nuit du 13 juin, la première partie de la classe, y compris celles de l'Ordre prenant part à l'Initiation, s'est assemblée dans le bosquet d'Osiris éclairé à l'électricité d'une centrale électrique spécialement préparée à cet effet, et l'initiation des anciens mystères d'Egypte en trois degrés et six scènes.
Tous les étudiants des mystères et des religions antiques savent qu'il existe trois temples dans le temple de Salomon, le tribunal extérieur du peuple étant composé de sept cents enseignants et dirigeants choisis. C'étaient des membres du Premier degré, des Illuminati, appelés aussi chercheurs, voyageurs ou soldats. La cour intermédiaire, ou membres du second degré, étaient au nombre de soixante-dix et étaient supposés se trouver dans la salle de méditation et jouer le rôle de médiateurs entre le peuple et le sanctuaire intérieur. Tout d’abord, il y avait la cour intérieure ou le cercle des sept prêtres et le maître ou grand prêtre, qui étaient les maîtres entre Dieu et l'homme, les médiateurs entre le visible et l'invisible.
Dans les Mystères égyptiens, la première cour était composée de la jeunesse royale d'Égypte et d'étudiants de pays étrangers désirant entrer dans le temple et le sacerdoce, et ceux-ci étaient souvent appelés, au cours de la probation, les "Soldats du sacerdoce". "comme il était de leur devoir tout en subissant la formation préliminaire et les tests nécessaires pour garder la prêtrise et son travail jusqu'à la mort.
La seconde classe correspondant au second degré était celle des personnes ayant réussi cette épreuve et qui se trouvaient dans la salle de méditation et de purification en préparation des premiers vœux, et à la dédicace du corps, de l'esprit, de l'âme et de l'esprit à Dieu et aux service de l'humanité.
La troisième classe appelée Le Troisième Degré était ceux qui avaient passé avec crédit les tests du premier degré, la purification du deuxième, ainsi que les divers stades de développement requis de tous les étudiants des salles de méditation.
Au troisième degré royal, qui eut lieu dans le temple, le néophyte reçut la dernière instruction. Après cela, vint le dernier test de la belle cérémonie de la mort de l’ancienne vie, de l’abandon du corps et de ses tentations et de l’élévation du corps assassiné d’Osiris ou corps spirituel, par sa fidèle épouse Isis, l’Ame, avec l’Illumination finale.
Le 15 juin, la première section des représentants quitta "Beverly Hall" pour leurs domiciles respectifs et la deuxième section commença à arriver pour les conférences préparatoires. Le 19 juin, les cérémonies furent répétées afin que tous puissent assister à la conférence. Initiation et y participer afin de devenir membre.
Aussi loin que l’on puisse l’apprendre par le voyage ou par l’histoire, jamais depuis la chute de l’Égypte et de sa prêtrise et la chute du temple de Salomon, n’a-t-on jamais vu réunis un bosquet, un lac pour représenter le Nil, un cercle magique ou Temple préparé, on ne croit pas non plus qu’il existe aujourd’hui un tel cercle dans le monde.
Stonehenge des druides d’Angleterre se trouve tout près de là. Leurs descendants se rendent chaque année à une certaine heure pour saluer le soleil et renouveler leurs voeux.
C’est la première fois depuis 5 000 ans qu’un Ordre tente de construire cet emblème sacré sous un chêne imposant, afin que les peuples de la civilisation moderne puissent être témoins des beautés de la vie et de la religion du peuple antique, dont les enseignements développement individuel de l'âme, fait la gloire de l'Égypte, les rêves perdus de tout Israël, les enseignements des mages de Perse, tout ce qui était vrai en Inde, la splendide philosophie de la Grèce, la magnificence des premiers Romains, les fondamentaux des grandes écoles de l'Irlande pré-chrétienne, ainsi que les légendes bien connues du saint Graal des Bretons, des Celtes et des Gaulois. C'est dans cette lumière de la Fraternité de l'homme et de la Paternité de Dieu que cette grande République fut fondée, annoncée par Virgile, sur le sceau de laquelle est placée la pyramide égyptienne, complétée par la pierre blanche de purification spirituelle, couronne des siècles.
La constellation américaine de treize étoiles en forme de double triangle a été prédite par Merlin à la cour du roi Arthur, et la philosophie du Saint Graal et de la gloire de l'Egypte et du temple de Salomon a été l'étoile du jour de chaque grand homme d'État américain de Washington à Abraham Lincoln.
Après les cérémonies dans le bosquet, il fut donné dans la salle à manger de "Beverly Hall" à minuit un "festin des dieux" où ni viande ni épices ne faisaient partie du menu, mais uniquement des fruits, des noix et d'autres aliments embrassés par le soleil.
Les cérémonies déroulèrent au lever du soleil dans les bois avec un service de communion musicale, dans lequel un nectar de roses, issu des trente mille roses qui fleurissaient chaque mois de juin sur les pelouses de "Beverly Hall", était servi comme emblème du vin de l'âme, et pour ce service, les rosiers avaient été plantés il y a plusieurs années.
J'espère que tous les lecteurs de ce livre auront assisté à la préparation, à la construction et à la dédicace de ce cercle magique antique. Ou bien, j'aimerais pouvoir donner une description détaillée de ces cérémonies sublimes dans ce livre. Cependant, je ne peux pas le faire ici, bien que j'espère pouvoir le faire ultérieurement. Qu'il suffise de dire que lorsque la pierre, faite ciment de l'un des frères, fut presque terminée, la dédicace eut lieu et les emblèmes placés dans la pierre elle-même avant qu'elle ne soit achevée étaient les suivants:
L'American Beauty Rose, la rose de beauté américaine, en pleine floraison. C’était la représentation ou le symbole de l'âme qui a atteint la pleine illumination.
La bague mystique. C’était une bague en or massif, appartenant à l’un des membres présents, sur laquelle avaient été gravés la croix et le pentagramme. Tous les membres des mages sauront ce que ce symbole représente. La bague elle-même, comme le savent les mages, est un agent de protection contre toutes influences néfastes ou malignes lorsqu’elle est portée pendant un travail cérémonial ou en développement.
Le vrai miroir magique. Il s’agit d’un emblème de l’âme qui, une fois pleinement développé, servira de miroir à l’univers dans lequel peuvent se trouver la sagesse et la vérité.
Enfin, une copie complète du manuel privé "Ritualistic Occultism", qui contient les cérémonies utilisées par les mages, et quatre de ces cérémonies ont été utilisées par quatre mages pour la dédicace du cercle magique. .
Quand tout cela eut eu lieu, la pierre fut achevée et plus tard dans la journée, les personnages furent gravés sur la pierre par le frère qui l'avait complétée.
Du "festin aux dieux" de minuit et des offices du matin qui ont eu lieu dans le bosquet, il m'est interdit de parler à ce moment-là, mais je prie sincèrement que tous ceux qui sont inscrits dans les écoles sacrées puissent un jour soyez présents avec nous et assistez à ces cérémonies sublimes, d'autant plus qu'elles se déroulent au printemps de l'année.
Les délégués présents ont pris des dispositions, par le biais de contributions volontaires, soit pour acheter un autre grand bosquet, soit, si cela n’était pas réalisable, pour construire une salle beaucoup plus grande dans le "Bosquet d’Osiris", de sorte que des cérémonies plus élaborées puissent avoir lieu le printemps prochain. la 69ème convocation de l'ordre de Rose Croix. "
Remarque
Je suis très frappé par la méchanceté des commentaires que je reçois sur ce blog depuis quelques mois, notamment de la part d'esprits religieux (récemment une jeune protestante fraîchement convertie, et une franciscaine tertiaire). Je serai donc assez réservé, dorénavant, à l'égard des gens qui tentent de me contacter via le formulaire de contact de ce blog ou via la section de commentaire des articles.
Mon livre sur les médiums présenté dans la revue des Archives de Sciences Sociales des Religions
Vient de paraître, dans le Bulletin bibliographique de la revue des Archives de Sciences Sociales des Religions n°184 d'octobre-décembre 2018, une recension de mon dernier livre consacré aux médiums signée par Régis Dericquebourg, professeur associé à la Faculté des études comparatives des religions et de l'humanisme de l’université d’Anvers (Belgique) et membre du groupe de sociologie des religions et de la laïcité (CNRS-Paris). En voici le texte (également publié ici) :
Christophe Colera. Les Médiums. Une forme de chamanisme contemporain. Paris. L’Harmattan. 2017. 171 pages.
La courte étude sociologique de Christophe Colera sur des médiums mérite d’être signalée car les travaux sur ce milieu ne sont pas légion. Celle-ci est dans la lignée de la thèse de Marc Antoine Berthod (Doutes, croyances et divination. Une anthropologie de l’inspiration des devins et de la voyance. Lausanne. Ed. Anthropos. 2007) que nous avons recensée dans le numéro 144 (oct.-déc. 2008) des ASSR et de l’étude de Christine Bergé (La voix des esprits, Paris. Métaillé. 1990). L’étude repose sur une observation participante jointe à une recherche documentaire et à l’administration de 8 entretiens semi-directifs réalisés entre 2014 et 2016 avec des « médiums de faible notoriété » et des personnes qui avouent avoir des intuitions médiumniques classée dans la catégorie : paramédiumnité (p .15). L’auteur se situe donc dans une sociologie qualitative qu’il relie à « l’anthropologie de l’étrange » (du nom de l’anthropologie du du « wonder » proposée par Michel W. Scott (p.14). L’implication de l’auteur dans son enquête est forte. En effet, en exposant le Sitz Im Leben dans celle-ci, l’auteur confesse que sa recherche a débuté en 2014 à l’occasion d’une dépression qui l’a conduit vers la thérapie médiumnique. L’élément déclencheur fut une voyance « exacte » qui enclencha ce qu’en psychanalyse, on appellerait un transfert à la thérapie médiumnique. A partir de cet évènement inducteur de transfert, CC établit une relation double avec les médiums : celle du patient, celle du sociologue et celle du philosophe qui analyse les pratiques spirites et les discours qui les légitimisent.
Le traitement des données recueillies visent à voir comment la médiumnité devient une religiosité clandestine, un « chamanisme underground », voire une philosophie de l’humanité et de l’histoire dans laquelle leur doctrine serait un « hégélianisme corporel » tel qu’il le développe dans son intéressant chapitre 5. Pour ce faire, le dépouillement des entretiens comporte trois rubriques : 1) les parcours de vie, 2) les pratiques et les rituels, 3) les visions du monde.
En dehors de l’inscription de la médiumnité dans une thèse philosophique, CG décrit un champ social avec ses réseaux de sociabilité, son imaginaire (mis en évidence grâce aux références livresques des acteurs sociaux et des objets dont ils s’entourent ou qu’ils utilisent comme outil de leur art), ses affinités avec des théories et des pratiques du développement personnel (la prise en charge suivie d’une personne par un médium qui devient une sorte de thérapeute et de mentor s’apparente à du développement personnel). D’autre part, l’auteur découvre une morale de base de la médiumnité. Il la trouve peu suivie par les praticiens puisqu’elle serait contrée par une « amoralité narcissique », un fantasme de toute puissance qui serait la conséquence de leur don et une volonté de prendre autorité sur les clients. Ces écarts (l’auteur ne parle pas d’éthique, ni de déontologie) seraient facilités par l’absence de théorie de la culpabilité dans cette morale. Certains médiums conscients de ces déviances utiliseraient des techniques que l’auteur ne détaille pas pour les éviter. Sur le plan de la relation à la société, l’opinion des médiums sur la société se limite à une thèse du complot. La politique est reléguée au « bas astral » bien que certains se fassent parfois « conseiller du prince ». Ils sont loin du spiritisme de la fin du 19 me siècle qui avait des affinités avec le socialisme et le mouvement ouvrier. Sur le plan religieux, les pratiques médiumniques étant condamnées par la plupart des Eglises établies et des groupes religieux minoritaires, les médiums se tournent donc les Eglises du courant Vieux-catholique. Ce choix nous avait été confirmé autrefois par un membre de l’Eglise libérale de Lille qui recevaient des médiums du Cercle spirite de cette ville. L’auteur examine aussi la « carrière des médiums » notamment la vocation (filiation, rencontres, expérience de « near death experience », « appel » d’un esprit).
CC rattache le phénomène qu’il observe au Nouvel âge que Séguy appelait « réseaux sapienzo-gnostiques ». Cela mériterait un débat car le spiritisme a une histoire antérieure (principalement depuis le 19 me siècle en occident) ainsi qu’une dynamique propre. Il se peut simplement que les spirites contemporains empruntent des éléments du discours du Nouvel Age (comme les « vibrations ») et s’approprient des conceptions occidentalisées et erronées du bouddhisme, du karma… communes dans cette mouvance sans y fondre. Nous nous demandons ce que l’auteur entend par psychanalyse comme « pensée magique » (p.96). La pensée magique est un mode de pensée décrit par la psychanalyse elle-même comme symptôme. Veut-il dire qu’elle n’est pas une science comme la psychologie académique qui est elle-même une « fausse science » (Cf Didier Deleule, La psychologie mythe scientifique, Paris, Laffont, 1969). De même nous nous demandons pourquoi il évoque la thèse de madame Tessier (p. 95) qui donna lieu en 2001 à une polémique lancée par des journalistes qui ne l’avait pas lue. Ces remarques n’entachent pas l’intérêt du livre qui a aussi le mérite de la clarté.
Régis Dericquebourg
La connexion Monty Python - Aleister Crowley
Cela peut surprendre, mais l'humour des Monty Python, très en vogue dans les années 1970-1980, n'est pas sans lien avec le mage sataniste Aleister Crowley, et par des voies inattendues. L'aspect le plus connu est la collaboration entre les comédiens et le chanteur des Beatles, George Harrison, adepte du Maharishi Mahesh et de Ravi Shankar, célèbre pour avoir insidieusement glissé un "Haré Krishna" au milieu d'une chanson apparemment chrétienne "My Sweet Lord". Les Beatles avaient rendu hommage à Crowley en incluant sa photo sur la pochette de leur album Sgt. Pepper et Harrison finança en 1976 le film jugé très anti-chrétien à l'époque "La Vie de Brian" (une parodie de la mission de Jésus en Palestine sous l'occupation romaine) - notez aussi qu'Harisson a financé la première tentative de la très occultiste Madonna de se lancer dans le cinéma en 1986 avec Shanghai Surprise...
Il y a aussi cette étrange confession de Terry Gilliam dans "Gilliamesque, mémoires pré-posthumes" p. 170 à propos du film Sacré Graal :
"Nous avions finalisé le mixage pour une première projection devant les "financeurs"... un groupe un peu moins collet monté que cette appellation ne le laisse entendre d'habitude, puisque Led Zeppelin, Pink Floyd, les labels Chrysalis et Charisma (ce dernier étant le producteur de nos disques) avaient tous mis la main à la poche, en partie pour nous soutenir et en partie comme une stratégie fiscale novatrice".
Le chanteur de Led Zeppelin (un groupe qui eut un succès phénoménal dans les années 1970), Jimmy Page voue un culte à Crowley. Il possède une des plus grandes collections d’écrits de ce médium et est aussi propriétaire d’une boutique d’objets occultes qui porte le même nom que la revue de Crowley: The Equinox. La fascination de Jimmy Page pour Aleister Crowley est telle qu’il a acheté l’ancienne propriété de ce dernier (Boleskine House), située sur le bord du Loch Ness, haut lieu de pratiques occultistes et de Poltergeist. Leur succès "Stairway to heaven" est une ode au dieu Pan (assimilé à Satan) dont on entend la flûte au début et toute la chanson appelle à suivre le "flûtiste", c'est-à-dire le diable. En 1982, le prédicateur évangéliste Paul Crouch a montré qu'en lecture inversée le morceau de musique fait l'éloge de Satan, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait que Crowley lui-même recommandait la lecture inversée, y compris pour ce qui concernait les disques sur les premiers phonographes.
Même fascination pour Pan chez les Pink Floyd (qui étaient très liés aux Beatles - voir ici) : Syd Barrett (1946-2006), fondateur du groupe en 1966 avait adhéré à un groupe qui pratiquait le Sant Mat (un mélange de sikhisme, hindouisme et soufisme dans la recherche de la chasteté), puis préféra la voie du LSD, avec des chansons cosmiques comme I ching, et l’album « The piper at the gates of dawn » qui fait référence au livre de Kenneth Grahame de 1908 « The wind in the willow » où le rat et la taupe rencontrent le dieu Pan (voir Bebergal à ce sujet). Les Pinkfloyd se produisirent au festival mythique de Monterey de 1967, où le maître de George Harrisson Ravi Shankar joua de la cithare. Le festival avait pour logo un satyre jouant de la flûte de Pan sur un lit de fleurs. Toujours le culte du dieu Pan, roi d'Arcadie assimilé à Satan par une longue tradition occultiste qui remonte à Nicolas Poussin et même plus loin...
Nick Mason, le batteur de Pink Floyd a composé la bande originale du film White of the Eye (1987), du réalisateur écossais Donald Cammell, fils de Charles Richard Cammell, biographe de Crowley, lequel Donald Cammell était lui-même fan de ce mage selon une interview du magazine Rolling Stone. Un spectacle a été monté aussi en 2016 entre un batteur qui a joué sur le tard avec le fondateur des Pink Floyd et Jon Povey, dévôt de Crowley. C'est un tout petit monde... Et c'est donc ce petit monde là qui finança "Sacré Graal"...
Dangers spirituels de la sylvothérapie
Le Magazine de la Santé sur la chaîne France 5 aujourd'hui faisait l'éloge de la sylvothérapie. La dernière médium chez qui j'ai attrapé une possession en 2015 (voir mon livre) était très adepte des "câlins aux arbres" en forêt. Il est vrai que les magnétiseurs disent avoir besoin de "recharger" leurs énergies au contact des arbres. Mais il peut fort bien s'agir de pure sorcellerie.
Le "Traité des Energumènes" de Pierre de Bérulle
Après la signature de l'édit de Nantes, la France est agitée par l’affaire de Marthe Brossier, la possédée de Romorantin. Les capucins et non des moindres (Benoît de Canfield) multiplient les exorcismes à Saumur et à Paris ; mais la possédée risque d’ameuter la population contre les huguenots, ce qui inquiète le Parlement de Paris. En avril 1599, l’évêque Pierre de Gondi désigne Pierre de Bérulle (1575-1629), alors jeune prêtre (il finira sa vie comme directeur de conscience de Descartes), comme exorciste à la place de son maître Canfield persécuté par le Parlement de Paris dans cette affaire. Certains dont le Dr Marescot estiment que Marthe Brossier simule. Ils s'opposent à la thèse de la possession qui repose sur quatre éléments "Que Marthe étant piquée bien avant d'une épingle, elle n'avait fait aucun semblant de la sentir ; qu'il étoit apparu en sa bouche une escume très-ténue et déliée ; qu'elle faisoit des mouvemens merveilleusement violens, sans aucune mutation ny en son pouls, ny en sa respiration, ny en sa couleur ; qu'elle avoit sinon parlé, au moins répondu à une interrogation et en anglois et en grec".
Contre eux, Pierre de Bérulle, hostile à l'édit de Nantes mais respectueux du roi, publie sous le pseudonyme "Léon d'Alexis" le Traité des Energumènes dont on va ici résumer le contenu dans sa version accessible sur Gallica en 1630 qui ne comprend pas le Discours sur la possession de Marthe Brossier qui normalement devait le suivre.
Bérulle y explique que la défaite de l'homme face au Serpent à donné à Satan le pouvoir sur la Terre, et, comme celui-ci autrefois entrait dans le corps du serpent, animé de la haine de l'homme il entre désormais dans le corps de l'homme. Il y assiège l'âme, saisit ses organes intérieurs et pervertit la nature. Il entre aussi chez les animaux (les porcs dans l'évangile de Luc 8, les chameaux chez st Jérôme). La victoire des gens d'Eglise sur les démons (p. 36) est une preuve pour les libertins du pouvoir de Jésus et de ce qui l'attend au jugement dernier (p. 36). "L'ange y témoigne par la voix du possédé comme par un organe emprunté l'excès de son tourment et la rigueur du jugement de Dieu sur le péché".
Ces pénétrations des démons dans l'homme sont communes. "Les prophétesses du paganisme étaient autant de possédées de l'esprit malin qui émouvait leur corps et empruntait leurs organes pour prononcer ses oracles" (p. 43) - Bérulle renvoie à Tertullien et aux classiques Varron, Sénèque etc. Il y avait, explique Bérulle, toute une série de préparatifs pour que non seulement le démon leur parle mais parle à travers elle, avec des altérations de leur personnalité (Bérulle cite un exemple pris dans Lucain).
Au début du christianisme et après, les possessions ont été maintenues par Dieu comme preuves de la vérité le foi. "Le concile de Carthage auquel assista St Augustin et celui de Laodicée en traitent comme d'un mal ordinaire" (p. 55).
Bérulle décrit l'ampleur du mal de la possession pour sa victime (l'énergumène), mais Dieu a doté l'Eglise d'un pouvoir particulier d'exorcisme que n'ont pas les Juifs (p. 84).
L'auteur examine les types d'esprits et de possession que décrit la Bible (esprit d'infirmité, esprit d'erreur, esprit de fornication etc). Le malin reçoit un droit de Dieu d'habiter et agir chez l'énergumène (p. 116). La cause peut être le péché originel ou un péché actuel comme cette fille "que Prosper (d'Aquitaine) raconte avoir été possédée d'un esprit immonde pour un regard impudique jeté sur l'image de Vénus (p. 123). Parfois le démon vient par l'action d'un magicien comme dans le cas du favoris de l'empereur Constance dont le démon explique comment il est entré en lui dès son enfance (p. 139). "Comme en l'Eglise chrétienne le saint Esprit est donné à l'homme par le moyen des hommes, ainsi Satan, singe de Dieu, chef de cette sienne milice des Magiciens, se complaît à voir en son Etat que les malins esprits soient appliqués aux hommes, par le moyen des hommes" (p. 141).
Satan ne s'unit pas au possédé pour lui ôter l'intelligence ou la puissance du corps, ni pour en ajouter comme il le fait aux magiciens, mais seulement pour le plonger dans la misère et la peine (p. 154), et sous le contrôle de DIeu qui "détermine la qualité, la quantité et les autres circonstances de cette altération, la réglant et la modérant selon les divers sujets pour lesquels il permet que ce mal arrive" (p. 155). Le mal peut être continu ou épisodique, aigu ou modéré.
Le diable est dépossédé par l'Eglise (p. 161) qui lui inflige une "plaga occulta, peona manifesta" dit Saint Cyprien. En représailles, le Malin "prend la peau du lion contre l'Energumène, et la peau de renard contre l'Eglise" (p. 163), car "Dieu a constitué l'Eglise avec autorité non seulement sur les hommes, mais aussi sur les diables. Devant elle Satan donc ne manifeste pas aisément son attentat, non plus que le criminel n'avoue son forfait sans contrainte" (p. 164). Ainsi s'est-il caché trois mois sous une apparente maladie d'épilepsie chez un gentilhomme que soignait le docteur Jean Fernel (1506-1558), selon le chapitre 16 de son De abditis rerum causis (p. 167).
Le démon peut ensuite user de la calomnie pour se défendre et faire croire qu'il n'était pour rien dans les maux qui travaillaient une personne.
Comme le note Houssaye en 1872 dans son "M. de Bérulle et les Carmélites de France, 1575-1611" (p. 176), Pour Bérulle, "Le remède que Dieu a préparé contre un mal si terrible (la possession) tire lui-même du mystère de l'Incarnation sa souveraine efficacité. Mais M. de Bérulle ne s'arrête pas à admirer son effet immédiat : le démon chassé, l'énergumène rendu à ses semblables et à lui-même ; il voit dans le pouvoir confié à l'Église sur les esprits mauvais, une autorité qui console l'humanité de sa chute et l'élève plus haut que le point d'où elle était tombée ; grandeur dont il ne peut trouver le principe que dans la consanguinité qui unit désormais l'homme à celui dont l'empire est universel, à Jésus-Christ. "
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PS : En ce moment spectacles déconseillés par diverses autorités du fait des risques de possession :
- Messmer le médium
- Viktor Vincent le "mentaliste"
- Eviter aussi tout ce qui est lié à Disney (films, chansons, y compris Ariana Grande), aux Beatles (donc aussi à Queen, M. Jackson etc liées aux Beatles), à Madonna, Beyonce, Rihanna, tout ce qui dans le rock ou le rap renvoie à Aleister Crowley.