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L'évangélisation de la Gaule
Une conférence d'Arnaud Boüan du Chef du Bos, de la congrégation des Petits frères du Sacré-Cœur, qui pose beaucoup de questions. Son site est ici.
En gros Arnaud Boüan, inspiré par les Petits Bollandistes, reprend toute l'histoire soi-disant légendaire de l'évangélisation des Gaules au Ier siècle à laquelle on a cru pendant longtemps (alors que les universitaires reportent maintenant cette évangélisation au IIIe siècle) et essaie de voir comment elle fait système et jusqu'à quel point dans sa logique intrinsèque elle peut être crédible.
On auraît parmi les premiers évangélisateurs du Nord au Sud : Saint Lucien à Beauvais, Drennalus à Morlaix, Exupère à Bayeux, Nicaise à Rouen, Denis à Paris, Memmius à Châlons en Champagne, Sixte à Reims, Cléments à Metz, Materne à Cologne, Euchère en Germanie inférieure, Clair à Nantes, Julien au Mans, Gatien à Tours, Aubin à Orléans, Ursin à Bourges, Andoche à Autun, Bénigne à Dijon, Lin à Besançon, Eutrope à Saintes, Martial à Limoges, Austremoine à Clermont, Pothin à Lyon, Amadour à Bordeaux, Front à Périgueux, Saturnin à Toulouse, Trophime à Nîmes, Ste Marthe à Tarascon, St Maximin à Avignon, St Lazare et Marie Madeleine à Marseille, Aphrodisius à Béziers, St Paul dans les Pyrénées.
St Pierre a envoyé 7 apôtres : Trophime, Saturnin, Maximin, Austremoine, Martial, Gatien, Materne. Ce premier envoi est raconté par Grégoire de Tours dans la Gloire des Martyrs, on est sous le règle de Claude, ce sont des disciples directs du Sauveur. Et il y eut ensuite un second envoi par Clément de disciples des apôtres.
Ces envoyés ont à nouveau leur filiation. Certains de ces saints ne sont pas connus. D'autres selon la tradition sont cryptés dans l'Evangile. par exemple Martial est le petit garçon qui apporte cinq pains au Sauveur (Matt 18:3). On le surnomme "l'apôtre des apôtres". Certains sont arrivés dès 72 ap JC, et il y a aussi des apparitions mariales dès le Ier siècle (ND du Puy, ND des Champs, ND de Bethléem - apparue à Saint Savinien à Sens - ).
La conversion des élites romaines est importante aussi. Par exemple Silanus, bourreau de Sainte Valérie, convertie par St Martial à Limoges. Valérie était la petite fille de Lucius Capreolus, héros de la guerre de Cantabrie, et la fille de Léocade et de Suzanne (nom d'inspiration judéenne), la fille de Manilius Armillus, ex-lieutenant du proconsul des Gaules dans le Berry (que bizarrement en minute 7'22, Arnaud Boüan qualifie Suzanne de "duchesse d'Aquitaine de l'époque", ce qui est un anachronisme). Junius Silanus, cousin de Claude, proconsul d'Aquitaine en 42, avait été proconsul d'Aquitaine et aurait participé à la campagne de Bretagne. A son retour, il découvre que sa promise, Valérie, est devenue une vierge consacrée. Il la fait décapiter en 46 (c'est une sainte céphalophore). Silanus s'est ensuite converti. Cela a fait un gouverneur romain converti.
Les éléments convergent dit Arnaud Boüan. Les évangélisateurs sont des très proches des apôtres. Crescent, premier évêque de Vienne est un proche de Paul (mentionné dans Tim 4), Sergius Paulus, proconsul à Chypre, premier évêque de Narbonne (il aurait accompagné Paul à Narbonne, puis revenu à Chypre, il reçoit après la persécution de 66 sous Néron l'apparition posthume de Paul qui lui dit de s'occuper de Narbonne tandis que Barnabé s'occupera de Chypre). L'Eglise de Lyon est liée à Jean.
Véronique (Bérénice) née à Bazas (Cossium) en Aquitaine, servante chez un centurion romain suivit celui-ci et son épouse à Jérusalem quand le soldat y fut nommé. Quand ses maîtres retournent en Aquitaine pour fuir des persécutions (car Véronique les a convertis), Elle accompagne Saint Martial dans son travail d'évangélisation. En 1140, Garcias, évêque de Bazas dans son Baptista Salvatoris a expliqué que Véronique avait recueilli le sang de Jean le Baptiste avant que la hache ne s'abatte sur son cou. Michel Bourrières, professeur au collège des Petits Carmes à Cahors et spécialiste de Rocamadour allait avancer en 1895 que Véronique avait sûrement des origines juives.
St Philippe a aussi évangélisé la Gaule selon Isidore de Séville dans l'expédition de 63, En 69, Saint Clair (l'abbé Travers disait que c'était un Romain venu à Nantes par l'Aquitaine) a été converti par Saint-Pierre. Bouan tient de soeur Maryvonne historienne au Carmel de Morlaix que Drennalus envoyé par Joseph d'Arimathie (d'origine britannique car il faisait du commerce entre cette île et la Judée, ce qui faisait sa fortune, ce qui explique qu'il évangélisât Gastonbury) avait le premier évangélisé à Morlaix. St Maximin évêque d'Aix-en-Provence pendant 40 ans a été envoyé avec Joseph d'Arimathie par Saint Pierre en 63 (il faisait partie des 12 disciples envoyés). Il se serait arrêté à Rennes (Condate) avec Saint Luc et Suffrenus pour fonder l'évêché de Rennes.
Sainte Marthe a été enterrée par Saint Front (qui lui avait rendu visite à Tarascon quelques années plus tôt). Front, israélite du Mont Carmel,peut-être ancien soldat d'Hérode, qui fut un des 72 disciples présents à la Pentecôte accompagna Pierre à Rome. Evêque de Périgueux(Vésone), il participa aux funérailles de Marthe par bilocation.
Léon Dubois (1873-1959) le raconte ainsi :
"Le corps de la Sainte était exposé dans l’église qu elle même avait fait construire. Tout était prêt pour la sépulture, lorsque le Pontife allait célébrer, à Vésone, le Saint Sacrifice. En attendant le peuple, il se tenait recueilli à sa place. Tout à coup Jésus lui apparaît et lui dit : « Mon « fils, venez et accomplissez la promesse que vous avez a faite d’assister aux obsèques de Marthe, mon hôtesse. » Il dit, et tous les deux, en un clin d’œil, sont transportés à Tarascon auprès du cadavre de la Vierge de Béthanie qu’ils mettent dans le tombeau, au grand étonnement de la foule".
Arnaud Boüan retient aussi cette bilocation (prouvée par le gant et l'anneau de St Front que les gens de Périgueux ont pu aller récupérer à Tarascon). (minute 14')
Pour lui le fait qu'on ait retrouvé en 1943 une statue de déesse romaine brisée près de ND de la Délivrande en Normandie prouve que le récit de la tradition sur le remplacement du culte de Démeter par Regnobert était authentique.
Le nom des cathédrale Saint Etienne, premier martyr mort en 35, est lé au fait que les premiers évangélisateurs de la Gaule, Saint Martial, Saint Front, Sainte Véronique ont assisté à sa lapidation.
Dans un sermon St Augustin dit qu'en Afrique du Nord il y a une pierre qui a servi à lapider le martyr à son coude droit. On trouve des églises qui disent avoir ce genre de pierre dans le Médoc et à Limoges. Les cathédrales de Limoges, Metz, Auxerre, Sens, Bourges, Toulouse, Châlons, Toul, Agen, Cahors, Saint-Brieuc sont dédiées à St Etienne.
Au moment du martyr de Saint André, Saint Martial est à Bordeaux en 62, il reçoit l'apparition de Saint Pierre qui lui dit que son frère André vient d'être crucifié et de la lui dédier (source le dominicain Bernard de la Guionie/Bernardus Guidonis, ou Bernard Guy, dominicain évêque de Lodève vers 1300, qui dit aussi que Martial avait amené en Gaule du sang d'Etienne).
Pour la cathédrale Saint Pierre, à Poitiers, Jean Bouchet, dans ses Annales d'Aquitaine de 1557, rapporte qu'un jour que Saint Martial distribuait au peuple de Poitiers la parole de Dieu, la voix du Sauveur se serait fait entendre tout à coup, et en lui annonçant le martyre de saint Pierre (en 64), consommé à l'heure même dans la ville de Rome, elle lui aurait ordonné de "faire cy une église" en son honneur; ce que Martial aurait entrepris aussitôt.
Saint Amadour, envoyé à Rome 2 ans avant cela pour rendre compte de la situation en Aquitaine assiste au martyre et revient ensuite à Limoges avec des reliques, notamment a ceinture de St Pierre au moment de sa mort, des cheveux et un des clous (19ème minute). Des cathédrales St Pierre viennent ensuite en second (à Nantes, Beauvais, Rennes, Troyes, Angoulême) correspondent à la 2ème évangélisation.
Une fresque du palais papal d'Avignon montre la prédication du Sauveur devant Martial (né en 15), enfant de la multiplication des pains, son père et sa mère. Ils font partie de la tribu de Benjamin comme Etienne. On voit aussi son baptême. Il y a des représentations de l’apposition de la main sur son crâne. Le reliquaire de Limoges du chef de Saint Martial porte la trace de cette main.
Les témoins de la passion comme Martial et Véronique n'ont pas subi le martyre. Martial eut Alpinien et Austriclinien comme co-adjuteurs.
Ste Bénédicte à Bordeaux est la femme d'un gouverneur (Sigisbert) qui persécuta en 44 St Front et qui alla trouver St Martial pour guérir son mari tombé malade. Martial (30ème minute), convertie selon les Actes d'Amadour aussi sous l'influence de Véronique et Amadour devenus ermites à Soulac (comme Marthe l'était à Tarascon). Elle reçut le bâton d'évêque de Martial avec lequel elle réalisa des miracles (ce bâton allait en permettre jusqu'à la Révolution).
Arnaud Bouan admet que la conversion de gouverneurs permettait l'entrée des autorités chrétiennes dans les villes (auparavant des prieurés étaient construits hors de la ville tant que des autorités païennes gouvernaient la province).
Le tombeau de Ste Véronique est à Bordeaux (le corps a été enlevé de Soulac au moment des raids vikings). A Bazas la décollation de Jean-Baptiste fait partie des armes de la ville. Des vitraux à Bordeaux du XIXe siècle racontent toutes ces histoires.
Zachée, le publicain des Evangiles, est identifié à Amadour ("Amateur du Roc") par les traditions locales, et fut compagnon de Martial en Gaule. Le corps d'Amadour fut retrouvé intact en 1166 au seuil de la chapelle ND de Rocamadour. Arnaud Bouan fait siennes toutes les légendes, même celle consignée par le carme Bonaventure de Saint Amable des lettres de Martial à Zachée retrouvées sur le corps d'Amadour. Pour lui tout comme la déesse mère de St Aubin authentifie l'histoire traditionnelle de ND de la Délivrande en Normandie, une stèle au musée de Bordeaux disant "Arula a fait ce présent à Jupiter ; Saint Martial l'a consacré avec le temple et le vestibule" serait la preuve de l'apostolat de Marial."
A noter que Bonaventure de Saint Amable dit aussi qu'après avoir converti le gouverneur de Bordeaux Saint Martial réduit le paganisme au Pays Basque et en Béarn sous le règne de Néron en étant passé par Agen, puis obtient la conversion d'Austris, fille du cruel gouverneur de Toulouse Marcel qui avait avait supplicié l'évêque Saint Saturnin. Arnaud Bouan ne va pas jusqu'à suivre les traditions jusque là.
Je ne pense pas que ce conférencier rende vraiment service aux traditions en tentant d'évincer tout regard universitaire laïque sur elles, mais il a le mérite de faire connaître les discussions qui ont duré pendant des siècles sur l'action des disciples directs de Jésus et des douze apôtres en Gaule, discussions qui ne reposaient pas forcément que sur du vent. Et surtout, sa conférence peut être le point de départ d'une puissante méditation sur la notion de "militia dei".
Eglises parallèles : encore un témoignage
Encore une tranche de vie narrée par une dame qui attendait avec moi dans ma chapelle préférée avant-hier, et qui montre les dangers de certaines églises parallèles
La dame attendait, cheveux très courts, visage buriné. Elle s'appelle Monique, née en 1946, comme le père Mathieu.
Je lui ai demandé comment elle avait connu la chapelle. Son histoire est étrange. Elle vient pour la seconde fois. Au départ, il y a quelques semaines, c'est une bénévole d'Emmaüs qui lui a indiqué la chapelle. Quand elle y est arrivée, elle a eu une étrange impression : elle connaissait déjà ce lieu. Et effectivement : elle avait déjà vu le P. Mathieu il y a plusieurs années, mais entretemps elle avait oublié cette rencontre. Mais le P. Mathieu, lui (probablement guidé par quelque force) a immédiatement retrouvé dans son fatras la lettre qu'elle lui avait envoyée à l'époque, avant de "partie dans le Sud", puis de revenir en dans sa région.
J'ai dit que moi j'étais venu sur les conseils d'une médium en 2015 et que j'y revenais fréquemment. J'ai voulu en savoir plus sur cette dame, parce que je soupçonne qu'on ne vient jamais complètement par hasard par ce genre d'église.
Voici ce qui pousse cette dame (Monique) à venir. Elle vient pour sa fille quadragénaire qui a un cancer. Mais elle ne le dit pas à cette fille qui n'aime pas la religion et "ne croit en rien".
Toujours en creusant davantage, on comprend pourquoi la fille "n'aime pas la religion" (on devrait plutôt dire, en rectifiant les propos de sa mère : elle n'aime pas les églises parallèles).
En évoquant devant la dame le cas de l'église Ste Marie de M*, celle-ci m'a révélé qu'elle avait eu un rapport très fort à ladite église dans sa jeunesse.
Voici son histoire. Monique s'est mariée à 16 ans, en 1962, avec un homme qui lui a fait deux enfants et qui est parti assez vite.
Elle a élevé ces deux enfants puis au début des années 1980, elle a rencontré un homme qui se disait le "fils spirituel de Mgr C*", le fondateur de l'égise Ste Marie. Ils se sont alors mariés (c'était des secondes noces pour elle), dans cette église et ont eu une fille (celle qui a aujourd'hui le cancer). Mais ce type (Christian) était louche. Violent, "bisexuel" (elle range tout ça dans la même catégorie apparemment). Monique a dû très vite le quitter et la fille n'a pratiquement pas connu son père.
Quelques années plus tard, Monique a appris en lisant le journal local que son Christian était mort assassiné au révolver par sa maîtresse, la secrétaire d'un avocat, qui finalement allait être acquittée (le mobile passionnel a été retenu, la meurtrière était enceinte et ne supportait pas d'être trompée). Triste fin pour un protégé de Mgr C*.
Depuis lors Monique vit seule. Elle a un peu peur des hommes qui l'ont beaucoup trahie, et puis elle pense aussi que quelque chose en elle les fait un peu fuir.
Mais son histoire avec les églises parallèles ne s'arrête pas là.
Il y a quelque temps (on ne sait pas quand), elle a commencé à fréquenter une autre église, près de B* où habite une de ses petites filles, au L* . C'est une chapelle mieux entretenue que celle du P. Mathieu tenue par un certain M. M* qui se vante d'avoir beaucoup de charismes.
Monique a beaucoup cru en lui et lui a fait un don. Et cependant ça n'a pas empêché un de ses fils de mourir il y a peu alors qu'il était censé devoir être guéri par ce M*. En outre "cerise sur le gâteau", ledit Q lui a donné un rendez-vous galant sur un parking !
C'est depuis cette série de cruelles déconvenues que la fille de Monique ne veut plus entendre parler de ce genre de "prêtre"... On comprend pourquoi...
Monique en a parlé au Père Mathieu qui connaît M* et celui-ci a dit : "On ne s'est pas vraiment rencontrés mais je sais qu'il ne m'aime pas. Il pense que je lui fais du tort. C'est un manipulateur".
Ce M* affiche dans son église des plaques d'ex-voto de gens qui le remercient pour ses bienfaits. Ce n'est pas un signe d'humilité. Monique soupçonne que, peut-être, il les fait fabriquer lui-même...
L'expérience de Jérémy Sourdril
Bien que je sois catholique et non évangélique (pour des raisons que je pourrais expliquer et qui sont bibliques), j'ai une dette personnelle depuis 2017 à l'égard de Jérémy Sourdril, qui est un vecteur privilégié particulièrement efficace, particulièrement béni, de la parole de Dieu (or c'est une parole dont nous avons tous particulièrement besoin aujourd'hui).
Ci-dessous (Conférence du 22 octobre 2016 à l'église Parole d'Espoir d'Arlon en Belgique) il explique (en minute 32) une expérience surnaturelle qu'il a eue le 1e janvier 2003 et qui ne m'étonne guère car il en porte vraiment le souffle dans son ministère. Il raconte : "J'étais dans ma voiture, et je me disais que je priais j'allais à l'église, je méditais la parole de Dieu, et j'étais plus fidèle que les jeunes de mon église, mais j'ai dit 'seigneur je veux te donner toute ma vie'. J'avais donné ma vie mais je l'avais reprise, comme beaucoup la reprennent à la moindre tribulation. J'ai vu sa présence, comme un manteau, comme une nuée, descendre dans ma voiture. Une présence d'amour extraordinaire. Et je me suis mis à pleurer, à demander pardon au Seigneur pour tous mes péchés, pour tout ce que j'avais fait de mal, et sa présence d'amour, je sentais Dieu qui me disait 'je t'aime, je t'aime, je t'aime' et à un moment je pleurais tellement, j'ai dû m'arrêter sur le bord de la route, et là je pleurais dans son amour, baptisé dans son amour. Et à un moment j'ai senti que c'est comme si Dieu repartait mais il avait laissé quelqu'un en moi. Je suis rentré chez moi à la maison et à ma mère qui était pourtant chrétienne je n'ai pas voulu parler. Je me suis dit 'elle va me prendre pour un fou' et la présence de Dieu était sur moi. Je suis entré dans ma chambre et là il y avait un parfum, le parfum de Jésus. Si nous sommes assis avec lui nous devrions sentir son parfum. Nous devrions le voir. Nous devrions le goûter".
Nephilim : les critiques contre Heiser
Dans mon livre sur les Néphilim, j'avais présenté les thèses de Michael Heiser décédé en 2023 et j'avais fait état aussi des critiques dont elles faisaient l'objet.
Dans ce montage de plusieurs vidéos publié cette semaine sur le site de Doreen Virtue cette semaine on apprend que celle-ci a bien connu Heiser, et qu'après avoir collaboré avec lui, elle s'en est distanciée.
Parmi les propos tenus par les différents intervenants, on peut retenir l'argument selon lequel le pluriel de majesté dans "Créons l'homme à notre image" ne renvoie pas nécessairement à la notion mésopotamienne de "conseil divin", l'idée que le "dieux "au pluriel dans les psaumes peut aussi renvoyer à des anges, que les "nephilim" éliminés par Josué sont des êtres humains, sans l'ombre d'un doute possible, de sorte que l'emploi du terme en Génèse 6 peut aussi désigner des êtres humains (ce que disaient déjà St Augustin et Luther), l'idée que Jésus n'a jamais cité mot pour mot le livre d'Hénoch 1, il a pu en emprunter le vocabulaire pour être compris par le public de sont temps et la référence des lettres de Jude et Pierre aux anges déchus dans le Tartare n'implique pas plus une validation canonique du livre que celle à Ménandre dans les épîtres de Paul n'encourage à adopter le paganisme de cet auteur.
Il est reproché à Heiser de s'être enfermé comme beaucoup de savants dans une seule hypothèse développée à partir de peu de verset, d'être devenu à son corps défendant une sorte de chainon manquant entre l'évangélisme et les tendances libérales du christianisme (notamment celles sensibles à l'historicisme critique qui font dériver le judaïsme du polythéisme). Pour les intervenants, l'hypothèse des Nephilim qui corrompent le sang humain est une thèse en phase avec le sensationnalisme et le complotisme ambiant qui nourrit une vision obscure et remplie de crainte de l'avenir. Il n'est pas étonnant que cela plaise aux new-agers et aux tendances charismatiques du protestantisme. Les invités de Doreen Virtue soulignent aussi que cela pousse beaucoup d'Américains vers l'orthodoxie russe, grecque ou éthiopienne qui a toujours reconnu le livre d'Hénoch comme canonique et qui est assez indulgente envers le gnosticisme. A titre personnel j'ajouterai que je ne suis pas étonné qu'en France le livre d'Hénoch soit promu par un ex-journaliste qui a déjà déclaré en public qu'il n'était pas catholique (son livre "Le grand mensonge universel" le démontre amplement) mais dont le gnosticisme sur les anges attire beaucoup de croyants. Naguère j'avais eu un échange avec lui par mail sur la stigmatisée Thérèse Neumann qui m'avait montré qu'il ne se souciait pas du tout de corriger les erreurs factuelles de ses propos même sur des sujets récents... a fortiori sur des thèmes historiques anciens; Les Nephilim sont devenus un des articles de vente des boutiquiers de la spiritualité assez étrangers à la recherche de la vérité.
Pour info cette vidéo a suscité une réponse assez longue (un live) qui accuse Virtue et ses invités de déformer les positions d'Heiser et de se méprendre sur le sens des mots en hébreu.
Naked Attraction (vu à Bath)
En zappant devant la TV de ma chambre d'hotel Macdonald Spa à Bath dans le Sommerset je suis tombé sur une émission anglo-saxonne dont je connaissais l existence mais sur laquelle je ne m étais jamais penché sérieusement su j ose dire "naked séduction " dont voici la présentation officielle :
"A chaque épisode, deux célibataires doivent choisir avec quel candidat ils souhaitent partir en rendez-vous. Mais si l'on commençait par la fin ? Dans Naked Attraction, oubliez le statut social, le compte en banque ou encore le style vestimentaire... Les candidats se mettent totalement à nu et ne vont être choisis que sur un seul critère : leur corps ! Suivez cette expérience hors du commun dans sa version floutée, puis dans sa version non-floutée à partir de 22h30. "
J'avoue que j'ai été tout de suite aidé à saisir le rapport de cette émission avec l occultisme par le fait qu une des candidats qui exhibaient leur pubis avaient un pentagramme inversé tatoué dessus.
La dame (dans l'épisode 4 de la série 12 minute 26) qui devait choisir était une personne de couleur "pansexuelle, polyamoureuse" qui disait si j ai bien compris avoir été éduquée dans une communauté "science chrétienne aux Etats-Unis" (minute 28) une secte hérétique moderniste qui elle-même prépare sans trop le savoir à l occultisme si on en croit Doreen Virtue qui en est issue. On a l impression dûment une mise en scène de la déchéance du christianisme. La dame devant le pentagramme inversé (satanique) prenait un air intrigué "c'est pour chercher la magie - minute 27 ".
En fait je trouve qu'on pourrait faire une lecture crowleysienne du principe "commençons par la fin" ( c'est du reading backwards).
A noter aussi l alibi communiste à l appui de tout discours antéchristique (notamment du wokisme) : c est pour éliminer les différences de capital économique et culturel qu on encourage les gens à se juger de se jauger sur la seule apparence de leur pubis.
L'ambassadrice de Sainte-Rita
Amandine Cornette de Saint-Cyr est une bourgeoise parisienne, fille de la galeriste et figure de la jet set Sylvana Lorenz et ex-belle-fille du commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr (1939-2023).
Née en 1976, diplômée d'une école de commerce (spécialité marketing), stagiaire dans des magazines, ancienne assistante du journaliste Stéphane Bern au Figaro Madame, elle a travaillé à la télévision pour Thierry Ardisson notamment, et a publié un premier roman en 2007. Formée dans une sorte de christianisme hédoniste pour autant que cette expression ne soit pas un oxymore, elle dit préférer "être une pècheresse joyeuse qu'une sainte dépressive" d'après ce qu'elle a écrit dans son livre sur Sainte Rita, comme l'a rappelé son interviewer sur Radio Notre Dame de le 25 juin 2024. Dans un roman de 2018 elle a évoqué ses mésaventures avec le présentateur TV Patrick Poivre d'Avor, thème sur lequel elle est revenue quand celui-ci a été poursuivi en justice.
En 2019 à la suite de violentes douleurs abdominales elle a fait une pèlerinage à Cascia en Ombrie, c'était son second pèlerinage, à 43 ans, le premier étant à 26 ans au début des années 2000. Le 5 juin 2024 elle a été interviewée par Cyril Hanouna sur C8, elle racontait qu'elle avait rencontré là-bas une femme dont la tumeur au cerveau a disparu grâce à la sainte, une autre dont le problème cardiaque s'est résorbé. Elle raconte aussi qu'elle a amené une de ses collègues musulmanes de 45 ans frustrée d'être célibataire sans enfant à cet âge à la chapelle Sainte Rita de l'église Saint-Augustin à Paris, et que quelques mois plus tard, sa collègue était mariée en congé de maternité.
Notons que la presse de Bolloré a bien aidé Mme Cornette de Saint-Cyr, puisque le 1er juillet dernier c'était aussi le Journal du Dimanche qui l'interviewait sur son livre, ainsi que Paris-Match le 13 juillet.
C'est par cette chapelle de l'église Saint Augustin que l'autrice a découvert Sainte Rita, puisque sa mère l'y a amenée à un moment où elle se sentait perdue. Elle lui a dit : "vas y, prie, demande à la sainte ce que tu as à lui demander". Elle dit qu'elle partage maintenant Sainte-Rita autour d'elle depuis 25 an (donc depuis 1999) en les amenant à St Augustin.
Lors de son pèlerinage (qui fut plus productives que ses neuvaines, dit-elle), l'écrivaine a demandé à la Sainte de devenir son ambassadrice.
Selon ce que lui a indiqué le sacristain du sanctuaire de Sainte Rita Nice, à ainsi qu'elle le détaille dans son livre "Au Secours Sainte Rita" Marie Laforêt, Mireille Mathieu, Amanda Lear, Raymond Barre, Mylène Demongeot, la James Bond girl Claudine Auger, Grace Kelly (qui y a déposé une photo des Grimaldi), et le maire de Nice (ex ou toujours franc-maçon) Christian Estrosi s'y sont rendus.
Christophe Mory sur Radio Notre Dame (5ème minute) pose la vraie question : "est-ce de la spiritualité ou de la superstition ?" L'artiste Ben (1935-2024), ami de Sylvana Lorenz, athée, a un autel pour Sainte Rita dans son jardin pour que ça lui porte chance, et avait fait pour le carnaval de Nice un char dédié à la Sainte demandant la libération des femmes et des minorités régionales françaises (les phrases sont écrites sur un cube noir, ce qui n'a pas une très bonne significations ésotérique). Yves Klein, natif de Nice (1928-1962) artiste et pionnier du judo, a été initié à Sainte Rita par sa tante Rose. L'ex-beau père de l'autrice (qu'elle ne mentionne pas dans ses interviews) rappelle (ici en min 30) que ce visionnaire aux tendances rosicruciennes qui a fait plusieurs fois le pèlerinage à Cascia s'accoudait toujours à la même fenêtre pour faire des pauses quand il faisait du judo à Fontenay-aux-Roses. Ultérieurement des religieux ont sans le savoir construit une chapelle en face de cette fenêtre avec une statue de Sainte Rita. En 1961, après un tremblement de terre Yves Klein a déposé à Cascia un ex-voto demandant à devenir invulnérable et que son exposition soit "celle du siècle" (Emmanuelle Dancourt il y a 12 ans rappelait déjà que cet ex voto été beaucoup critiqué).
Pierre Cornette de Saint Cyr (qui avait toujours une statue de la sainte sur lui) quant à lui avait eu une série de synchronicités étonnantes en lien avec Yves Klein le jour de la bénédiction des roses à la chapelle Ste Rita de Fontenay aux Roses qu'il a racontées sur KTO TV en 2012 ici. Pour être tout à fait franc, avec Klein on est dans une philosophie rose-croix liée à Max Heindel et, en fait, à la théosophie de Mme Blavatsky (luciférienne, ancêtre du New Age). Pierre Cornette de Saint Cyr gravitait au conseil d'administration du Palais de Tokyo, thématisait beaucoup la conquête de l'espace autour du saut dans le vide d'Yves Klein. Il rêvait d'ailleurs de faire une vente aux enchères depuis une station spatiale. On peut se demander si la promotion médiatique de Sainte Rita dans la mouvance Bolloré a un rapport avec ça. Je referme la parenthèse.
En 1985 après sa guérison du cancer, Roland Gerbeau (1919-2012) qui a écrit la célèbre "Douce France" lui a consacré une chanson.
Amandine Cornette de Saint-Cyr pense que les gens sont incités à redonner aux autres les bienfaits qu'ils reçoivent de Sainte-Rita.
En décembre, j'avais relevé sur ce blog en décembre la spiritualité très providentialiste qu'avait nourri chez la femme de Jean Guitton sa dévotion à Sainte-Rita. Voici donc le versant médiatique du culte, avec un livre qui s'est hissé dans le "top 10" des ventes de la Procure en juillet 2024. Le petit détour par Yves Klein, et la question posée par Emmanuelle Dancourt sur le lien avec la rose-croix (question que plus personne n'ose poser dans les interviews à Amandine Cornette de Saint-Cyr) doit quand même nous interroger sur les forces spirituelles à l'arrière-plan de cette "ambassade".
Les 12 pierres et les apôtres
Une histoire assez étonnante sur laquelle je suis tombée hier : selon Kateřina Rusoová (son mémoire universitaire p. 23, elle tire cela de Cibulka, Josef : Švabinského okno v katedrále svatovítské, Umění IX - La fenêtre Švabinský de la cathédrale Saint-Guy, Art IX, 1936, s. 203 – 215) Max Švabinský (1873-1962), quand il a représenté les douze apôtres dans le vitrail de la cathédrale Saint Guy à Prague (en 1924) consacré au Jugement dernier, les a affublé de tenues aux couleurs des douze pierres précieuses qui composent la Jérusalem céleste (Apocalypse 21, 19-20), dont chacune correspond à une vertu, comme sur le retable de l’Hôtel-Dieu de Beaune en Bourgogne - voir Auguste Dubois, Identification des Apôtres à l’aide des gemmes, Société d’histoire et d’archéologie de Beaune,1er janvier 1925, p. 129-139.
L’enseignante au Pensionnat de la Légion d’Honneur Félicie d'Ayzac (1801-1881) fut pionnière de la recherche sur ce sujet, avant d’en transmettre le « virus » à Joris-Karl Huysmans. Ce dernier dans La Cathédrale avait écrit : "l'Apocalypse donne un écrin des gemmes que les exégètes interprètent en attribuant chacune d'elles à une vertu, à un patriarche, et à un apôtre ; il existe un tableau des concordances des « pierreries, des patriarches, des apôtres et des vertus dressé par Mme Félicie « d'Ayzac, qui a écrit une sagace étude sur la tropologie des gemmes vers 1845".
Dans l'Apocalypse, les gemmes sont rangées dans l'ordre suivant : jaspe, saphir, calcédoine, émeraude, sardonix, sardoine, chrysolithe, béryl, topaze, chrysoprase, hyacinthe et améthyste.
Dubois déduit cet ordre de la juxtaposition de l'ordre des apôtres avec celui des pierres.
Je vous rappelle l'importance que Cohen Alloro accorde à cet ordre des apôtres.
Il y avait quelques différences entre Félicie d'Ayzac et Auguste Dubois sur le remplacement du sardonix par l'onyx et le Sardoine par le sarde, mais pour le reste il y a accord sur les couleurs correspondantes.
Etrangement Félice d'Ayzac avait dressé dans les Annales archéologiques de 1846 cette correspondance entre pierres et vertus qui surprendrait beaucoup sans doute les adeptes de la lithothérapie new-age :
La table s'inspire de Cornelus a Lapide...
On peut comparer cela aussi avec le commentaire de l'Apocalypse par le Père Charles-Auguste Auber (1804-1892) de 1871 (Histoire et théorie du symbolisme religieux) ici. Cette classification diffère encore de celle de Dubois, mais a le mérite de renvoyer à des sources plus anciennes sur la correspondance des vertus.
On peut se demander si le fait que le franc-maçon chrétien Švabinský en plein XXe siècle utilise encore ces codes n'a pas une signification profonde, qui serait de nature à nous faire réfléchir différemment à propos des pierres de ce qu'on lit le plus souvent dans la sous-littérature actuelle.