Les contacts avec les morts qui s'imposent à nous : Lytta Basset
J'ai souvent dit que, si le spiritisme était condamnable, l'Eglise catholique a souvent admis les contacts avec les morts qui s'imposent aux gens sans qu'ils le recherchent.
J'ai trouvé à cet égard le témoignage (Regards Protestants 27.19.2022) de Lytta Basset, théologienne protestante née en Polynésie, professeure à la Faculté de théologie de Neuchâtel en Suisse, assez instructif, parce qu'elle évoque un message de 2007 de son fils suicidé en 2001 délivré dans des circonstances vraiment atypiques où non seulement elle-même n'a rien choisi, mais où même la médium choisie n'avait jamais eu de contact de type spirite auparavant : "On m'a demandé d'assurer un cours sur la compassion, dit-elle, et à ce moment là il y a une personne qui ne souhaitait pas assister à ce cours a été sollicitée de tous côtés pour s'inscrire. Elle n'avait jamais entendu parler de moi (...) elle s'est inscrite un peu contrainte et forcée à ce cours, et dès le premier soir, elle sent une présence qu'elle ne s'explique absolument pas, très forte, très intense, et dans cette conférence inaugurale je parle du deuil. Et elle comprend très vite qu'en fait la personne qui manifeste sa présence c'est notre fils Samuel. Dès les premières phrases que nous transmettait cette personne, ça correspondait à la réalité, la manière dont il est mort, pourquoi il l'a fait". Mme Basset allait ensuite elle-même éprouver cette présence directement. Elle souligne que ce contact répondait à une nécessité précise, revêtait une signification particulière, et qu'en général cela n'arrive pas pour simplement "épater la galerie".
Ce genre de contact (VSCD -Vécu Subjectif de Contact avec un Défunt) non voulu concernerait un quart de la population, et plus de 50 % chez les veufs.
Mais le témoignage de cette femme en laisse plus d'un sceptique aussi bien dans la section "commentaire" sur You Tube et en commentaire de son livre sur Amazon, car cela la place en contradiction avec sa prédication biblique.
Pour ma part j'observe qu'elle va assez loin dans sa relecture de la Bible, mobilisant le New Ager Deepak Chopra, le père François Brune avocat du spiritisme, ou le visionnaire Swedenborg. Elle minimise la notion de Jugement final, réduit à un choix que l'âme ferait pour son propre destin etc. Il y a là un assouplissement intéressant de l'interdit biblique du contact avec les défunts (assouplissement qui est aussi chez Saint Augustin, et dans le catéchisme catholique), mais un assouplissement qui va peut-être un peu trop loin. Et en lisant son livre, on sent que la façon dont l'intermédiaire (surnommée Myriam) a été sollicitée par la présence du fils défunt, d'une manière très prolongée et complexe, avec des références bibliques, et qui font directement appel aux origines hébraïques de l'une et l'autre des protagonistes, mériterait d'être analysée beaucoup plus en profondeur à la lumière du vécu de ces deux femmes, et peut-être même de celui de leurs ancêtres, pour comprendre ce qui s'est vraiment révélé dans cette expérience de VSCD et en quoi les leçons que Lytta Basset en tire sont si généralisables qu'elle prétend. Bref il y aurait un travail complémentaire de discernement à fournir, me semble-t-il.
La côté le plus intéressant du témoignage me semble être (dans le livre, car dans la vidéo elle n'a pas le temps de l'exprimer), cette dimension de réparation de ce que l'âme du défunt à travers le VSCD. La mère fait une sorte de "tiqqun" de ce qui a pu être manqué dans le rapport affectif du vivant de l'enfant, et l'intermédiaire du contact participe aussi de ce travail par ses propres émotions. Cela pourrait permettre une activité de sortie du purgatoire si l'on veut (mot non prononcé par Mme Basset qui est protestante) un peu différente des prières pour les défunts classiques (mais je parle au conditionnel, car le travail émotionnel peut être exploité par des forces tierces suspectes, on ne peut pas encourager cela sans poser des limites).
En matière de VSCD, il semble y avoir aussi un livre intéressant de 2004 qui s'appelle "Karine après la vie", dont la médium parle Sophie Lafalize, adepte des "dream catchers" (cf cette vidéo - ustensile toujours un peu suspect à mes yeux), interviewée par Reynald Roussel (vidéo mise en ligne le 16 septembre 2023). Mais je ne peux pas en dire plus, je ne l'ai pas lu.
Stagnation
Les conditions dont les gens sont mis sur votre chemin en général sont assez mystérieuses. Des gens entrent en contact avec vous, puis disparaissent. On ne sait pas trop à quoi cela a servi. Je faisais un peu hier le bilan de mes rencontres au cours des huit dernières années, et il faut bien avouer que ce bilan était assez négatif. Les échanges que j'ai pu avoir avec les un(e)s et les autres ne m'ont pas apporté grand chose, à part me rendre sceptique sur beaucoup de sujets, et je n'ai pas non plus apporté beaucoup aux autres : je n'ai pas l'impression d'avoir fait avancer grand monde sur un plan spirituel, et encore moins sur un plan matériel. Il y en a même que j'ai sans doute fait reculer vu le ressentiment qu'ils/elles ont pu accumuler à mon égard. C'est bizarre parce qu'en 2014-2015 comme je le raconte dans mon livre sur les médiums, les rencontres avaient été très prometteuses. Il faut croire que la mécanique s'est grippée.
Le fouet des paillards (suite)
Il y a un an, je m'étais penché sur l'histoire terriblement embrouillée de la possession de Louviers, qui a un rapport direct avec la question de la nudité publique et qui fut traité avec une mauvaise foi incroyable par Michelet (mais pas seulement lui).
Le curé de Mesnil-Jourdain, Mathurin Picard ou Le Picard qui fut condamné (peut-être à tort) par le Parlement de Normandie à titre posthume (on brûla son cadavre le 21 août 1647) avait publié en 1623 "Le Fouet des Paillards", qui se lit encore fort bien sur Google Books (ironiquement la livre est dédié à Robert le Roux, président du Parlement de Normandie, dont Mesnil Journain relevait - son auteur était loin de se douter du sort que lui réserverait ce Parlement).
Je reprend ici la p. 216-217 un passage (que j'avais déjà cité l'an dernier) qui donne un avant-goût de certaines dérives new-age libertaires du protestantisme anglo-saxon, et qui expliquait aussi pourquoi déjà l'époque de Calvin des libertin se mêlaient au mouvement protestant (il faut peser ici au livre "Le mouvement du libre-esprit" de Raoul Vaneigem).
"Florimond de Raymond, écrit Le Picard, remarque que, entre les sectes anabaptistes, qui sont plusieurs en nombre, il y en avait une qui s'appelait les Libres, qui ne sont sujets,, disent-ils, à payer aucun tribut, ni obéir aux princes. Ce sont qui disent le mariage être spirituel, et mettent es femmes en commun, avec cette brutale opinion, que ce mélange est sans péché : ainsi faisaient les gnostiques, écrivait St Epiphane (...). Ces Libres enseignent que toute femme doit accorder par charité qu'un homme de sa religion lui demande, lorsqu'inspiré de Dieu, il lui dit : mon esprit convoite ta chair, viens donc et faisons merveille : et cite à ce propos un auteur nommé Feliciatius Captinonus, qui fait un plaisant conte de ces inspirés, lequel, à l'entrée de la maison de l'un de ses amis, lui dit : Le St Esprit m'a commandé que je couche avec ta femme : je le veux, dit-il, et sur l'heure commande à sa femme de lui obéir. Comme elle fait préparer le lit, il jette les yeux sur sa fille plus belle, et plus jeune : non, dit-il à la femme, le St Esprit veut que ce soit ta fille : l'un et l'autre obéissent à ce commandement. Le mari de retour le matin, il trouve ce rustre entre les bras de sa fille; Comment, dit-il, le St Esprit est-il trompeur ? Il a commandé de te donner ma femme, et tu prends ma fille ?Ce même St Esprit me commande de t'en faire porter la peine. Sur quoi il lui enfonce un poignard dans le sein et le tue".
(On notera aussi que p. 83 le prêtre trace un lien intéressant entre la femme impudique et les géants)
Physique quantique et loi d'attraction
On parlait sur ce blog de physique quantique il y a peu. Voici une vidéo récente de Doreen Virtue (une des "héroïnes" de mon livre sur les médiums convertie au christianisme) qui, dans ses 10 premières minutes évoque d'une façon très juste le lien artificiel que le New Age trace entre physique quantique et loi d'attraction universelle (notamment autour du "cas" Deepak Chopra, un autre nom que vous trouverez dans mon livre). Elle invite pour en parler un repenti du système de la loi d'attraction Jon Clash, auteur de“Law of Attraction: A Gateway Drug to Spiritual Heroin".
J'ajoute aussi en dessous une vidéo d'une youtubeuse un peu bébête qui, après s'être complètement trompée dans les folies de la médiumnité new-age est revenue à une forme de petit rationalisme "de bon sens", autant dire qu'elle aura effectué un voyage dans la spiritualité comme Fabrice à Waterloo (chez Stendhal) pour rien, sans avoir rien compris. Alors qu'au moins Doreen Virtue, elle, après être allée aussi loin que possible dans l'erreur New Age, a trouvé la Bible au bout de son chemin.
A propos de l'empathie de la médiumnité
Dans mon livre sur les médiums, je cite le moment où une magnétiseuse prit littéralement sur elle la toux que me procurait une entité néfaste qu'elle repérait dans ma rate.
Je trouve chez U. N Badaud (probablement un pseudonyme) dans son ouvrage " Coup-d'oeil sur la magie au XIXe siècle " paru en 1891 (p. 25 et suiv) :
"Je ne puis parler avec compétence de ce que je n'ai pas vu ; je me contente d'affirmer que dans la séance à laquelle j'ai assisté, la contradiction s'exprimait aussi librement que le comportait le savoir-vivre des gens bien élevés qui la formulaient.
Aussi, je dis aux incrédules: si parmi vos connaissances il se trouve un malade souffrant depuis plusieurs années d'une paralysie ou d'une affection des centres nerveux, si ce malade est abandonné des médecins, faute de remède efficace, si ce malade est assez facile à transporter pour être amené à Paris et de là à l'hôpital de la Charité qui est situé au coin de la rue des Saints-Pères et de la rue Jacob, à une petite demi-heure de la gare d'Orléans ; tentez l'épreuve II est fort probable que votre ami sera considérablement soulagé. Cela est probable ; car pourquoi cela lui réussirait-il moins qu'à la douzaine de malheureux que j'ai vus affirmer leur propre soulagement?
J'ajouterai autre chose : pour un médecin, il y a une épreuve concluante à tenter. C'est d'accompagner le malade, et d'entrer dans la salle de clinique en prononçant ces mots : « Voici un malade ! je désire ne pas faire connaître le genre spécial d'affection pour lequel il désire être guéri, afin d'éprouver la lucidité du médium. »
Je crois que le chef de clinique déférera aussitôt au désir du médecin son confrère et opérera volontiers le transfert de la personnalité du médium dans le corps du malade
Rien que par le diagnostic formulé par le médium, le médecin appréciera le degré d'exactitude avec lequel le médium ressent les souffrances et les sensations du malade
Et qu'on no dise pas que ce diagnostic est facile à formuler, parce que l'apparence même du malade permet de le présumer.
Rien n'empêche le médecin qui veut se faire une idée complète de ces opérations magiques de conduire à la clinique une personne bien portante, uniquement pour se faire une opinion en donnant le change au médium. Rien de plus aisé à un médecin curieux et sachant expérimenter, que de choisir parmi ses malades, une, deux, trois personnes dont les affections morbides soient des plus difficiles à deviner par l’œil le plus exercé. à l'expérience; toutefois, comme la chose en vaut la peine, l'expérience mérite d'être essayée
Notre médecin entre à la Charité. Il est conduit au deuxième étage, à la clinique du docteur Luys. Il expose sa requête. Cinq minutes après, deux de ses malades, sans avoir ouvert la bouche, seront placés en face de deux médiums. L'un recevra ce diagnostic bizarre de la part du médium incarné en lui : « Je sens une oppression énorme sur l'estomac, comme s'il était tiré en dedans ». L'autre entendra ces mots : « Je ne puis respirer du côté droit, j'ai un point de côté. » Chose curieuse, les deux médiums prendront des attitudes bizarres correspondant à leur genre spécial de souffrance.
Ou ces diagnostics n'auront pas de rapport avec l'état des deux malades, alors le médecin sera fixé ; ou bien ces diagnostics seront parfaitement exacts, alors le médecin sera encore fixé.
Il peut enfin se produire un cas intermédiaire Le médium ne peut préciser ce qu'il sent, après avoir envahi par sa personnalité le corps du malade. Alors, il faut recommencer l'épreuve avec un autre médium. Si, celte fois encore, le médium reste impuissant à ressentir la souffrance du malade, on est en présence d'un échec. Il n'y aurait pas lieu d'insister ; car il n'y a pas de règle sans quelque exception."
A l'époque on appelait cela donc une "incarnation du médium" dans un personnage.
On peut lire la critique de Badaud par un médecin catholique le Dr Georges Surbled ici.
Encore une pauvre dame...
Une pauvre dame, qui ment par omission en ne précisant pas (alors qu'elle l'avoue dans une vidéo d'une autre chaîne) qu'avant sa décorporation elle était déjà en contact depuis très longtemps avec des "esprits" (et fait donc croire à tort que ça peut arriver à n'importe qui comme ça), qui vante le fait d'être asservi à son idéologie new-age du "non jugement" et du "tout se vaut", qui fait comme s'il n'y avait pas d'enfer pour elle (et pour ceux qui la suivront) après la mort... et qui glisse quand même qu'elle a "peur de souffrir"... il est vrai que si sous le joug de Dieu la souffrance à un sens, sous celui de ses être de lumière a-moraux, elle risque bien d'être purement gratuite et dix fois plus cruelle que si elle acceptait de revenir à un sens plus profond de la vérité sur elle-même et sur le monde... Aveuglement des mystiques égocentrés qui "oublient" juste de comparer leur expérience spirituelle à celle des autres et relèguent leur sens de la réflexion aux oubliettes... Toujours le même blabla, toujours les mêmes erreurs... Il est vrai que cela leur procure du pouvoir. "Ha, parler à des milliers de gens sur le Net via You Tube, ha se poser en prophète et en sauveur grâce à la petite entité qui vous a fait ressentir tant d'amuuuuur", comme tout cela est délicieux... comme tout cela est pitoyable.
Un champ morphogénétique commun à Henri Bergson et William James
Il m'est arrivé de souligner la possibilité que des concordances temporelles révèlent l'existence d'un champ morphogénétique commun et j'avais cité à l'appui de cette hypothèse les intuitions concomitantes de Lacordaire et de Leroux sur la résurrection de Lazare.
J'en découvre une autre. Dans son livre sur Péguy, Romain Rolland relève (p. 38) les "curieuses similitudes" entre le psychologue américain William James et Bergson, avec sa notion de "stream of thought" (flot de pensée), dans ses Principles of Psychology de 1891, deux ans après l'Essai sur les données immédiates de la conscience en France au point qu'on a cru à tort qu'il pouvait y avoir une influence de Bergson sur James. L'humeur est alors à aller "aux choses mêmes" et à contester l'intellectualisme, le déterminisme rationaliste,la réduction du temps à une variable dans dans la mécanique newtonienne (sans verser pour autant dans la pure religiosité car, nous dit Rolland, Bergson qui venait des mathématiques aspirait à un déterminisme élargi qui intègrerait tout le savoir scientifique. Rolland crée un parallèle avec la découverte de la mécanique quantique, puis p. 46 avec la révolution de l'électricité (dans les années 1870) après celle de la machine à vapeur (notez que dans un débat Sangnier-Guesde de 1905, ce dernier décrit le prolétariat comme les enfants de la machine à vapeur).
Comme on ne peut postuler une causalité directe entre l'évolution des techniques et la pensée (la causalité est indirecte), il faut postuler la possibilité d'une Weltanschauung, dont les racines à la fois biologiques et spirituelles (les deux se tiennent) pourraient bien être dans des champs morphogénétiques.
Encore une absence totale de neutralité journalistique
Les nombreux journalistes qui m'ont interviewé sur la nudité publique au cours des dix dernières années n'avaient qu'une attente : que j'en dise du bien.
On retrouve hélas le même état d'esprit, aux antipodes de la nécessaire (mais de moins en moins accessible) neutralité et objectivité journalistique dans Le Monde hier sous la plume d'une attachée de presse dont il n'est même pas utile de recopier le nom dans un article intitulé "C’est quand même fou de se sentir mal sans habit dans un espace naturiste » : la fin de l’utopie « cul nu» ", un article qui se réjouit du fait que la France soit la première destination européenne du naturisme, qui classe au nombre des "bonnes nouvelles" le fait que " la « philosophie » naturiste se fraie un chemin dans les pages lifestyle des magazines féminins et en librairie, à équidistance du bien-être et du développement personnel (voir le récent livre de Margaux Cassan Vivre nu, Grasset, 216 pages, 19 euros)" (notez comme elle vous cite le prix et le nombre de pages, une incitation à vous le procurer - je suppose que dans 10 ans ce genre de journal vous obligera même à acheter des livres sous peine de vous exposer à des coupures d'eau courante chez vous ou à des stages en camp de rééducation). L'article est un éloge permanent de la nudité publique (il y a quelques années le même journal sous la plume d'une certaine Maïa Mazaurette recommandait la masturbation sur un ton tout aussi impératif) qui, du coup, fustige ceux qui dans les camps de naturistes gardent la culotte (au lieu de fustiger, ne serait-il pas plus subtil et opportun d'essayer de comprendre ?).
Depuis 25 ans Le Monde est devenu, sur tous les sujets, une nouvelle Pravda. Et cela se confirme hélas chaque jour.