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Impasses des hypothèses astronomiques et des suppositions évolutionnistes
L'astrophysicien David Elbaz, dans une récente conférence à l'association française d'astronomie, explique qu'il y a eu un pic de croissance des naissances d'étoiles et qu'elles sont moins nombreuses maintenant, on ignore pourquoi. Beaucoup de choses de ce type sont inexpliquées.
Le Big Bang a eu lieu il y a 13,5 milliers d'années. 380 000 ans après l'univers se refroidit et naissent les atomes. Il y a un proton et un électron qui se combinent. Quand les électrons sont piégés dans les atomes ils ne flottent plus dans l'espace. Avant, quand ils flottaient, l'univers était opaque., et l'on ne pouvait rien voir, c'était une mélasse de matière et de lumière dans laquelle régnait une musique primordiale, des sons (cela fait penser à Pythagore évidemment). A la naissance des atomes, la musique s'est arrêtée, les notes se sont cristallisées qui allaient donner des étoiles.
Mais ensuite il y a un âge sombre qui précède la naissance des étoiles. Au bout de 100 millions d'années naissent les premières molécules, grâce aux vibrations desquelles les étoiles vont naître. C'est l'aube de l'univers. Le 11 juillet 2022, Biden a présenté le "livre d'histoire de nos origines"
Puis les étoiles brillent tellement qu'elles brisent les atomes. Les électrons sont à nouveau libérés mais l'univers a tellement grandi qu'il ne peut plus être opaque.
Il y a presque 5 milliers d'années nait le soleil, on est déjà dans la décroissance de formation d'étoiles.
Cette recherche sur l'aube de l'univers, est menée grâce au télescope James Webb, téléscope à 10 milliards de dollars lancé le 25 décembre 2021. qui présente les premières galaxies cosmiques. Cela se décrypte en fonction de leurs formes, leurs couleurs (les rouges ont des étoiles vieilles, ou parfois simplement parce qu'elels s'éloignent et se décalent vers le rouge), sil elles brillent beaucoup elles ont beaucoup d'étoiles ; puis on décompose leur lumière pour analyser leur fécondité, si elles perdent de la matière.
Ces images ont bouleversé nos théories. Six galaxies aux confins de l'univers (dans les premières centaines de millions d'années après le Big Bang) sont trop massives. Il y en a aussi de trop nombreuses, et trop lumineuses. Pourquoi l'univers primordiale a-t-il eu une fécondité ? y a t il eu quelque chose avant le Big Bang ? Y a-t-il eu une énergie noire primordiale qui aurait créé ce sursaut ?
Les premières galaxies sont très petites, à peine plus grosses que des amas globulaires, très compactes. Les trous noirs sont formés trop tôt.
Ces incohérences pointées par Elbaz rappellent celles qu'avait repérées le prix Nobel Francis Crick, découvreur de l'ADN. Le vulgarisateur de mythes Graham Hancock en parle dans cette interview de début 2023 (min 27) : dans Life Itself (1989) il montre que la soupe primordiale qui s'est formée il y a 3,9 milliards d'années après les 600 premières années de trop forte température de la Terre n'a pas pu, en 100 millions d'années comme on le pense donner lieu à la naissance de la vie qui se serait répandue sur toute la Terre sous forme de bactéries, il a fallu que les molécules viennent d'ailleurs.
Un problème à rapprocher aussi de celui des sauts quantiques dans l'évolution naturelle que Graham Hancock pense que certains de ces sauts ont pu être favorisés par l'ergot de seigle... Thème à la mode. Sans grand intérêt, mais il fallait bien que j'en dise un mot.
Aspects peu connus des origines de la Californie
"En 1781, Fray Junipero Serra partit de Palma, pour fonder, en Californie, un ordre de Franciscains, de l’obédience de Mayorque. Sur un territoire presque désert alors, il créa, avec le colonel Pedro de Neve, une mission qui allait connaître — il ne l’ignorait pas — bien des difficultés, pour évangéliser toute la côte et l’arrière-pays. Mais il avait foi dans le succès. Il bâtit, d’abord une petite église : l’autel était fait d’un tronc d’arbre; et, au toit de la chapelle, il suspendit une petite cloche qu’il avait apportée des Baléares. Il appela sa fondation « Nuestra Senora, la Reina de los Angeles » Notre-Dame, reine des Anges.
L’église une fois terminée, avant d’y dire la première messe, il sonna, avec persévérance, durant près d’une heure, la petite cloche, qui, semblait-il, ne pouvait appeler personne au saint sacrifice, puisque, à plusieurs lieues à la ronde la population, très clairsemée pouvait à peine l’entendre. Comme un des soldats de la mission s’étonnait de cette insistance vaine, qui, selon lui, n’aboutirait qu’à fêler ou briser la cloche, Junipero Serra lui répondit, avec douceur : « Ya vendran ! Ya vendran !"
Hollywood devrait le succès de son nom au peintre français Paul de Longpré (1855-1911).
"En 1903, Hollywood était un coin de terre en friche à 20 kilomètres de la ville de Los Angeles. On aurait bien pu se construire là une maison, planter des pommes de terre et élever des bestiaux —- personne n’y pensait. En ce lieu il n’y avait guère autre chose que des pierres, du sable et d’affreux buissons de houx.
Mais voilà que le peintre français Paul de Longpré qui voyageait dans ces parages, s’arrêta devant ce paysage aride planté de houx. Il se construisit sur la terre en friche, une villa mauresque et se mit à peindre des houx sur un fond de roches rouges et de ciel très bleu. Mais sa femme se retira bientôt à Los Angeles. « Tu peux rester seul dans ta houssaie — en anglais «Hollywood» — quant à moi, je reste en ville. » Les infortunes conjugales de Longpré firent des gorges chaudes et le mot de « Hollywood » devint à la mode, en manière de plaisanterie. Dans le courant de l’année, Longpré eut de la compagnie. Quelques petites maisons s’élevèrent autour de la sienne. Vers 1910, il y en avait déjà plus d’une centaine. Les hommes d’affaires de Los Angeles, les businessmen épuisés par l’agitation de la grande ville, cherchaient aux environs un lieu paisible et reposant. A peu près à cette époque, le film faisait ses premières armes. Quelques malins « producers » songèrent déjà à tourner leurs films sous le climat ensoleillé de la Californie".
L'ancien ouvroir de Jurançon
L'ancien ouvroir Saint Ange de Jurançon (64), propriété du diocèse de Bayonne, désaffecté depuis très longtemps, est en travaux.
L'occasion pour moi ce matin d'interviewer une ancienne couturière jurançonnaise (née en 1934) qui y a fait son apprentissage (au premier étage du bâtiment qu'on voit à gauche sur la photo). Elle évoque ainsi ses souvenirs de sa formation en 1949 :
"Après mon certificat d'études j'aurais aimé poursuivre des études pour devenir pharmacienne, ou même devenir comédienne à Pars - j'adorais le théâtre et ma mère était bien partie à la capitale avec son premier mari dans les années 1920. Mais celle-ci était toujours malade, et comme mes trois frères étaient destinés à partir, elle avait besoin de moi près d'elle. Elle m'a donc inscrite en apprentissage comme couturière chez les bonnes soeurs. Ce n'était pas facile pour moi de m'y adapter car je venais de l'école publique.
Il y avait là six religieuses. Elles n'étaient pas de la région. On se moquait d'elles parce qu'elles parlaient pointu. La maison mère de leur congrégation était à Tours.
Elles étaient six religieuses. La mère supérieure, soeur Suzanne, soeur Johanna qui nous apprenait la couture ; soeur Félix qui allait soigner les gens : elle prenait le solex avec ses seringues pour aller soigner ma mère (son moyen de transport était très moderne) ; soeur Henri-Joseph qui enseignait à l'école des soeurs (école Notre Dame) adjacente ; soeur Bernadette qui faisait la cuisine. Toutes étaient trentenaires, sauf l'infirmière soeur Félix qui devait avoir 55 ans
Comme j'étais très bonne ouvrière, j'étais souvent chargée de superviser le travail des autres. Elles ne s'en sortaient pas toujours très bien. Parfois elles faisaient un faux mouvement avec la pédale et cassaient l'aiguille.
J'avais mauvais caractère et cela provoquait des tensions avec soeur Johanna, qui était pourtant d'un naturel assez timide, et d'une complexion physique fragile (elle était asthmatique). Elle devenait toute rouge quand je lui tenais tête. Un jour elle m'a envoyé chez la mère supérieure. Mais quand la mère supérieure m'a reçue, elle m'a seulement dit de ne pas m'inquiéter, de continuer à travailler comme ça, que Soeur Johanna était fragile.
Soeur Johanna avant d'être religieuse avait travaillé dans un atelier de grand couturier à Paris. Les six soeurs ne s'entendaient pas bien entre elles, elles se disputaient beaucoup.
J'ai effectué un pèlerinage à Lourdes avec elles une fois. On avait trempé nos pieds dans la piscine, puis on avait fait de la barque sur le lac de Lourdes. Les soeurs avaient peur de mouiller leurs cornettes et devaient relever leur tenue qui tombait jusqu'aux pieds".
Je trouve que ce témoignage révèle un peu les contradictions que provoquent l'ouverture au monde de femmes qui s'étaient en premier lieu consacrées à Dieu (la gestion des ouvrières, venues du monde laïque et même laïcard, les règles de décence quand elles prennent la baque avec des tenues qui n'étaient évidemment pas adaptées au tourisme).
Sur la vie quotidienne mon informatrice précise : "Nous étions une dizaine d'apprenties, dont sept jurançonnaises. Une venait d'Uzos, deux de Rontignon. La plupart avaient été instruites à l'école publique. Néanmoins on devait suivre les rituels religieux. Le matin on offrait la journée à Dieu, à midi on récitait l'angelus, l'après midi une partie des complies et des vêpres. Ca me pesait. On allait aussi à la messe à la chapelle qui était à l'endroit où les soeurs logeaient. C'était un véritable atelier et très renommé. Des gens de Pau et de la région venaient faire faire des robes sur mesure. Ils apportaient le tissu. Soeur Johanna se faisait payer la façon. J'y ai ainsi confectionné la robe de mariage de la femme de mon frère ainé".
La Société Ouvroir Saint Ange existe encore avec une numéro de SIREN et est signalée comme ayant été fondée le 1er janvier 1900. L'école Notre-Dame à l'asile Saint-Ange a célébré sa dernière fête le 15 juin 1991. Au fond il y avait là une sorte de complexe de bienfaisance. Le Patriote des Pyrénées du 8 août 1906 y signalait une attribution de primes en ces termes :
"Dimanche, a eu lieu à Jurançon, à l’asile Saint-Ange, la première distribution des primes de la Caisse dotale fondée l’année dernière sous l’initiative de M. le Curé. Il n’est peut-être pas inutile de dire deux mots de cette intéressante œuvre, fondée sur le modèle de celle qu’a organisée A Pithiviers l’abbé Le Sècheroux, bien connu des catholiques qui s’occupent d’action sociale. Elle a pour but de développer et de récompenser chez les jeunes filles le goût de l’économie : les jeunes filles sont encouragées à faire des économies et à les verser à la Caisse : celle-ci les leur place d’abord en livrets de caisse d’épargne, puis, au bout de l’exercice annuel, elle leur attribue une prime proportionnelle à leurs versements et constituée par des cotisations de membres fondateurs, bienfaiteurs et honoraires.
M. le curé de Jurançon, désireux de ne pas moins stimuler la pratique des devoirs religieux que les habitudes de prévoyance matérielle, a institué, parallèlement A cette prime, une prime d’assiduité au cathéchisme de persévérance. L’accumulation de ces primes, que l’on replace aussi au fur et à mesure et qui portent à leur tour intérêt, fournit aux titulaires le moyen de se préparer une petite dot, dont elles auront la satisfaction de toucher le montant au moment de leur mariage qui leur permettra d’entrer en ménage dans des conditions bien plus favorables que si elles ne s’étalent pas appliquées à songer à l'avenir et à épargner.
Ainsi s'accroîtra A Jurançon le nombre des foyers où l'aisance rend plus facile à la famille la pratique des vertus chrétiennes, dont elle est en même temps comme une première récompense. L'œuvre, établie à la fin du mois de novembre dernier, a parfaitement réussi. Si jeune encore, elle compte déjà 64 membres participantes, et le chiffre des économies réalisées en ce court laps de temps 549 fr., est tout-à-fait encourageant ; celui des primes accordées, grâce à l’abondance relative des ressources assurées à la caisse cette première année ne l’est pas moins : 440 fr. et la lecture détaillée de ce palmarès d’un nouveau genre faisait hier, à ce double point de vue, vraiment plaisir à entendre.
Cette lecture avait été précédée par celle d'un rapport, rédigé par la dévouée secrétaire de l’œuvre, Mme Bergeron, qui expliquait à merveille le mécanisme de la Caisse dotale et ses avantages matériels et moraux et indiquait très clairement les résultats d'ensemble obtenus pendant ses huit premiers mois d’existence , , Avant, entre et après ces deux lectures, on a entendu plus d’une demi-douzaine de chansons, chansonnettes, monologues et saynettes , dont le nombreux auditoire a paru enchanté."
Laroin-Saint-Faust-Lasseube (Première partie)
Il y a seize ans, j'étais dans les recherches généalogiques sur mes ancêtres paternels en Aragon.
Hier, j'étais dans les recherches sur mes aïeux du côté du père de ma mère en Béarn. Après avoir identifié leurs noms grâce à la collaboration d'une généalogiste, je suis allé avec elle et son mari explorer les lieux.
Ils sont presque tous concentrés jusqu'à Louis XIV dans l'actuelle paroisse de Saint-Michel des Coteaux.
Commençons donc par évoquer le village le plus près en voiture de Jurançon : Laroin, qui fut notre première étape.
L'église y est récente. Cela se voit notamment au fait que les fondations sont en galets du gave.
Elle se situe à côté de l'ancienne école qui est maintenant un restaurant.
L'ancienne église et le cimetière étaient un peu plus loin dans ce qu'on appelle "le jardin", ce qui est fréquent car on évitait de construire sur les fondations de lieux consacrés. Sa présence est matérialisée par une croix.
Toutefois, il reste dans l'actuelle église, un bénitier qui est un ancien chapiteau gallo-romain, et un fonds baptismal de 1679.
Ont été baptisés dans ce fonds baptismal mes ancêtres :
- Jeanne Salaberthe, née le 18 septembre 1733
- et probablement sa mère Anne de Seignouret qui s'y était mariée en 1732.
Puis nous avons enchaîné avec Saint-Faust, où est né le 22 décembre 1902 mon grand père (Jean-Baptiste Commenges). Voici son église (Saint Faust de haut) récente avec clocher métallique.
A noter que l'église de Saint Faust de Bas qui se situe sur une motte de terre qui rappelle les mottes féodales, place Maluquer. Construite en 1561 elle portait le nom de Saint Jean Baptiste, et c'est le jour de ce saint, le 24 juillet, que Saint Faust est aussi célébré.
Cette église, couverte d'un "crépis DDE", entourée de quelques herbes où se trouvaient sans doute des tombes, était fermée.
Y furent baptisés :
- Pierre Commenges, grand père paternel de mon grand père (né le 1er mars 1836)
- Magdelaine Navaillez la mère de celui-ci, née le 6 janvier 1797
- Marie Poumaret, mère de Magdelaine, née le 24 janvier 1777
- Bernard Poumaret, le père de celle-ci, né le 27 avril 1741
- Jacques Poumeret, né vers 1695
A propos des slows
J'écoutais hier une interview de l'écrivain Frédéric Beigbeder datant de 2022 dans l'émission de Patrick Simonin sur "France 5" "L'invité". Il y déclarait à propos du slow dans les années 1980 en minute 4'47 :
"Avec les slows, on pouvait aller voir une fille qu'on ne connaissait pas et être serré contre quelqu'un, contre une inconnue pendant trois minutes, quatre minutes, quelle merveille ! (...) et en fait comme on était contre quelqu'un pendant la durée de la chanson, et que la musique est tellement... les slows c'est quelque chose de déchirant, on en tombait amoureux en fait... on pouvait tomber amoureux plusieurs fois en une heure... c'était quelque chose d'étrange... c'est quelqu'un qu'on ne connaît pas, et on le serre contre soi. C'est l'antithèse de la distanciation (de l'époque du Covid). On est là à avoir ce cadeau merveilleux. Et alors quand il y avait le quart d'heure américain c'était encore mieux car on était invité par une femme".
Cela m'a évidemment rappelé le slow le plus marquant de toute ma vie, que j'ai vécu dans nuit du dimanche 1er au lundi 2 novembre 1987.
J'en ai facilement retrouvé la trace dans mon journal de l'époque (2/11/1987).
"Hier soir, écrivais-je, au club Clan Campbell, j'ai obtenu deux slows avec M***. Deux slows exquis, l'un contre l'autre, le rêve d'une semaine. Si j'avais une définition à donner du paradis terrestre, je dirais : une vie entière à danser un slow avec M***.
Cette attitude de ma cavalière sur la piste de danse, sa tendresse docile, répondait à mes attentes. En dehors de cela, plus ou moins ostensiblement elle me fuyait. Je trouvais son attitude ambiguë à mon égard, mais l'était-elle vraiment ?
Quoi qu'il en fût, il fallait que j'en eusse le coeur net, et, lorsque la première série de slows s'acheva, je me retrouvai à nouveau bêtement dans l’effroyable doute, comme l'avais été tant de fois dans ma vie. Il n'est rien de pire que d'être entre chien et loup, d'avoir peur des éclaircissements autant qu'on les désire, et de ne voir aucune circonstance débrouiller la situation.
Le slow était notre seul point de rencontre, de communion même; Je priai donc pour que les rythmes de cette discothèque ralentissent, et que j'eusse le courage d'inviter une dernière fois M***. Je méditais, et l'idée que je réussisse à sortir avec elle n'avait aucune prise sur moi. Il fallait obtenir un 'non' sans appel, et l'obtenir dans les règles de l'art sans avoir rien à se reprocher comme maladresse ou lâcheté. Les autres qui me voyaient seul me croyaient triste, certains savaient cependant vers qui je tournais mes pensées. Je remercie Dieu pour l'élan de courage que vers 1h30 il me donna. Lorsque vint le dernier slow, je requérais M** qui consentit.
Par bonheur, elle avait envie de parler. Elle retirait par intervalles la tête de contre mon épaule. Elle commença par me parler des relations entre les gens de la classe. Elle dit que sans moi ce soir pour danser avec elle, elle eût été bien délaissée".
Je passe la suite du récit qui raconte comment la fille, au delà de sa "tendresse docile" au moment du slow, finalement m'attira plutôt sur le terrain de l'amitié alors que tous mes petits camarades étaient persuadés que nous "sortions ensemble", comme on disait. Le texte comporte aussi ensuite une sorte de "flashback" sur les premières heures de la soirée où je raconte les premières danses endiablées (ce fut une des rares fois où je me suis vraiment "lâché" sur une piste de danse dans l'ambiance bon-enfant du Béarn qui me mettait en confiance), et les filles un peu éméchées qui dissertaient sur le "cogito" de Descartes (nous étions une classe de Terminale littéraire qui découvrait la philosophie depuis peu) ce qui éclaire un peu ce qui s'est ensuite mis en place quand la musique a ralenti...
On aura compris qu'il y avait dans ce récit toute l’ambiguïté sensuelle qu'évoquait Beigbeder, laquelle fait qu'on tombe amoureux, mais seulement le temps d'une chanson. J'ai déjà évoqué l'action de la musique sur l'âme à propos de Hildegarde de Bingen. C'est un thème très connu depuis Pythagore et qui commence depuis peu à être mieux compris sur le plan scientifique, à défaut de l'être du point de vue spirituel, j'y reviendrai un jour. En fait, les slows (il me semble qu'il y avait notamment eu parmi les deux ou trois que j'ai dansés avec M*** Careless Whisper de George Michael, mais c'est très loin dans mes souvenirs maintenant) étaient conçus pour provoquer cet effet d'envoûtement qui faisait que, enlacés, nous ne savions plus vraiment qui nous étions ni ce que nous ressentions au-delà de l'instant partagé et que cela n'avait à nos yeux pas vraiment d'importance, au moins sur la piste de dans (même si ensuite, comme on le voyait, il allait falloir, à la fin de la musique, tirer une ou deux choses au clair). On pourrait probablement soutenir que cette "communion", au delà du rapport intersubjectif avec la personne avec qui l'on dansait, était peut-être aussi tournée vers autre chose, vers les entités qui ont présidé à la conception de ces musiques et dont les paroles parfois célèbrent les pouvoir "magiques" - je vous renvoie à toute la littérature sur l'occultisme dans la pop music et à mes remarques de 2014 sur un morceau peu ou prou lié au vaudou comme Let the music play de Shannon.
La question que je me pose aujourd'hui est la suivante : si l'on admet que les corps ont une dimension éthérique qui fait que leur union a son double dans les plans invisibles (ce qui fait dire à Saint Paul dans 1 Cor 6:16 que celui qui s'unit à une prostituée ne fait qu'un avec elle, et c'est ce qui fait que beaucoup de masseuse ont des expériences paranormales ou doivent recourir à des purifications rituelles après le contact tactile), se peut-il que les personnes qui ont dansé des slows ensemble à la fin du siècle dernier aient gardé aujourd'hui des scories de cette union éthérique (même en l'absence de rapport sexuel) dans les plans invisibles (ce que le New Age appelle le "plan astral") ? ou bien tout ceci était-il soumis à un régime de péremption de quelques jours, de sorte que les slows d'autrefois ne seraient plus que des curiosités archéologiques inoffensives dans un passé lointain ? A l'inverse si les scories existent, celles-ci doivent-elles être nettoyées ?
Des nouvelles des bords de la rivière Matarraña
Il y a seize ans de cela, je vous parlais de la procession de la semaine sainte à Alcañiz, dans la comarque du Bas Aragon. Comme je prenais un verre avec mon cousin germain le plus jeune aux halles de Pau ce matin, il me disait que cette pratique venait d'être importée pour la semaine sainte à Valdeltormo dans la comarque voisine, celle du Matarraña/Matarranya...
Apparemment il n'y a plus de phénomènes paranormaux dans ce village, comme ceux que j'avais évoqués dans mon billet de juillet 2019, pas même au Tossal de Sainte Barbe. Mon cousin vient d'y reprendre l'exploitation des terres de ses grands-parents maternels. Il choisit l'agriculture entièrement biologique, avec couvert végétal naturel. "C'est mal vu là-bas, me disait-il, celui qui ne laboure pas passe pour un fainéant". Il a des amandiers, des oliviers. Il s'est lancé dans la chasse aux subventions européennes et cherche à acheter un tracteur. "Tout le monde en perçoit, mais ils sont cachotiers. Ils ont du beau matériels mais ils ne refilent pas de tuyaux pour savoir à quel guichet s'adresser pour avoir de l'argent".
La région change par rapport à ce qu'elle était du temps de mes ancêtres paternels (cf ici), et même à l'égard de ce que j'en ai connu il y a vingt ou trente ans. Selon son témoignage, "Valdeltormo est maintenant dirigé par une coalition PAR-PSOE (régionalistes et socialistes) et des slogans pour la défense des droits des femmes sont écrits sur les bancs publics". On lui a proposé la tête de liste aux prochaines élections municipales pour le parti socialiste, il a décliné l'invitation.
Quand on cherche "Matarraña" sur Gallica, on ne trouve que des récits de guerre, de 1839 dans Le Journal des Débats, ou d'avril 1938 dans Le Temps et bien d'autres journaux français. La région a payé un lourd tribut aux guerres civiles. Elle mérite sans doute les progrès économiques dont elle bénéficie aujourd'hui. Pourtant je ne suis pas sûr qu'avec ses implantations d'éoliennes et d'architectures en forme de cercles magiques comme du côté de Cretas elle soit nécessairement sur le meilleur chemin possible...
Les femmes disciples de Jésus
Hier la chaîne Histoire rediffusait le documentaire de 2018 déjà diffusé le 9 août 2021 : " Les femmes disciples de Jésus" (2018) d’Anna Cox avec les historiennes Helen Bond et Joan Taylor (cf ci-dessous en anglais).
Helen Bond est historienne spécialisée dans les origines du christianisme et chef de la Divinity School à l’Université d’Édimbourg et sa collègue Joan Taylor enseigne au King’s College.
Des éléments intéressants : une crypte supposément dédiée à Sainte Salomé près de Beit Lehi avec un graffiti implorant sa protection ; la fresque (découverte en 1971) du Ve siècle de Cerula dans les catacombes de Naples qui pourrait (sous réserve des éléments techniques de nuance que fournit ce site) représenter une femme évêque susceptible d'avoir officié au IIIe siècle ; l'expression étrange dans Marc 6:7 qui laisse entendre que Jésus a envoyé ses disciples en binômes mixtes (un homme une femme) dans les villes pour pratiquer les exorcismes ; la démonstration sur l'effacement progressif des femmes dans les représentations de la résurrection de Lazare sur les sarcophages au musée du Vatican entre 280 et le IVe siècle.
Un quart des sarcophages du National Treasures Storehouse de Beit Shemesh en Israël (datant de l'époque de Jésus) porteraient Marie comme nom (min 6'44). Marie-Madeleine, Marie de la Tour, est retenue comme étant la première des disciples, mais selon les historiennes, Joanna la femme de Chuza intendant d'Hérode (Luc 8:2-3) était probablement celle qui finançait les apôtres. Tous ces éléments sont instructifs et à ajouter à notre dossier sur la Sainte-Baume (et à nos remarques dans notre livre sur Lacordaire sur la réhabilitation de la féminité chrétienne après le saint-simonisme, voire à nos découvertes sur le traité sur Marie-Madeleine de Demoulins de Rochefort à l'époque de François Ier).
L'assemblée des anciens du lycée Louis Barthou de Pau
Ambiance agréable au lycée Louis Barthou de Pau ce matin, réunion annuelle de l'association des anciens élèves. Je n'avais pas remis les pieds dans cet établissement depuis mes 18 ans en 1988. J'y étais avec mon complice Laurent Trouvé, aujourd'hui professeur des écoles, avec qui j'avais partagé la plupart des manifestations liées aux grèves de 1986. Je leur ai d'ailleurs remis un document sur ces grèves (un ensemble de tracts, d'articles, et d'extraits de mon journal de l'époque, assorti de photos). Ce fut l'occasion d'évoquer avec les plus âgés (les quatre cinquièmes des 60 participants étaient de promotions antérieures à 1972, d'où la faible présence de femmes, car c'était alors un lycée de garçons) un autre mouvement social, celui de mai 1968, où le chanteur Daniel Balavoine et le rugbyman Paparemborde avaient marqué les esprits. Partage entre les générations, hors de l'espace (très loin des régions où je vis le plus souvent), et hors du temps. Laurent Trouvé multipliait les remarques : "Tu as vu, dans la cour, ils ont ajouté ci et ça. Tu te souviens qu'on appelait une partie du gymnase 'la piscine' ?" Sa mémoire des détails de cette époque m'impressionne. Il est vrai que lui, palois depuis l'âge de 6 ans, n'a pas connu l'exil, et les violences que celui-ci inflige aux souvenirs.
Le direction de l'association, qui passe la main après 21 ans de mandat, nous réunissait sous cette belle chaire où nous faisions toutes nos photos de classe.
J'ai retrouvé la statue de Louis Barthou devant laquelle le censeur du collège Gilbert Longhi en juin 1988 m'avait conduit avant de passer l'épreuve de philosophie du concours général en disant solennellement : "L'honneur du lycée est dans ta plume". Quelques semaines plus tard, je décrochais un premier accessit (alors qu'aucun deuxième prix n'était attribué), sur le thème "y a t il une unité sous-jacente par delà la diversité des langages" (j'ai raconté cet épisode dans mon livre "Incursion en classes lettrées", un sujet qui allait rebondir bizarrement ensuite en 2014, en Provence, mais c'est une autre histoire...).
Le président de l'association, Marc Bourdat a évoqué un autre buste de Barthou, qui se trouve dans la cour, et qui a pu être réalisé plus récemment avec la collaboration de l'ambassade de Serbie, car il en existe deux autres, un à l'ambassade de ce pays à Paris et un autre à l'ambassade de France à Belgrade. J'avoue que je n'aime pas le personnage de Barthou, ce qu'il représente, mais son rôle dans l'amitié franco-yougoslave, dont il fut le martyr face au fascisme, est touchant et me renvoie au souvenir de mon propre engagement, sur les bords du Danube, en 1999 et 2000.
Dans l'assemblée il y avait un homme qui racontait que son père militaire est mort en Algérie en 1957 alors qu'il avait 3 ans. La famille de sa mère ne lui a donné aucune nouvelle de ses ascendants paternels, et, lors d'une réunion de l'association des anciens du lycée, il a rencontré une dame qui s'est trouvée être la soeur de feu son père, donc sa tante, qui a pu lever pour lui le voile de bien des mystères sur ce père presque inconnu.
Il y avait aussi là quatre ou cinq jeunes gens qui avaient eu leur bac après 2000. Dont un avait participé au marathon de Pyongyang. De la génération entre 1972 et 2000 il n'y avait que Laurent Trouvé et moi... De temps en temps, assis sur ma chaise à écouter les uns et les autres, je repensais à Pierre Bourdieu avec qui je correspondais dans les années 1990, à son beau texte sur les internes du lycée Louis Barthou en 1945-48, dans Esquisse pour une auto-analyse (2004). Personne n'a connu le lycée de son époque. Lui-même aurait 92 ans maintenant s'il n'était mort du cancer en 2002, deux ans de moins que Chomsky qui, lui, vit encore. Son ami d'enfance qui me l'a fait rencontrer est mort il y a quelques mois.
J'ai bien apprécié la conférence de Claude Laharie, qui fut professeur d'histoire dans ce lycée avant d'être connu dans le département comme le spécialiste du camp de Gurs. Il présentait son dernier livre sur les Basses Pyrénées en 1939-1945. Portrait étonnant d'un département où il y eut plus de justes qu'ailleurs (en pourcentage de la population), où les collaborationnistes étaient plus maréchalistes que pro-allemands, et où les résistants furent assez peu communistes, tandis que l'épuration fut modérée. Toujours un département dans les tons pastels sur le plan politique, depuis la Révolution, en retrait par rapport aux excès parisiens. Après son intervention l'orateur me parla quelques minutes de mon grand père paternel, qui avait été actif parmi les associations d'anciens internés de Gurs.
Si la qualité du repas au restaurant fut des plus décevantes (quoique l'excellence de l'armagnac in fine rattrapât pour ainsi dire les insuffisances du reste) au moins les émotions ont été belles, presque irréelles. On ne peut certes taire la vague mélancolie qui sous-tendait tout cela. Le fond de l'air est froid, les feuilles jaunissent, et les ombres de nos chers disparus sont maintenant légion. Un homme à table, qui écrivait sur son aïeul résistant, me disait : "nos petits enfants ne s'intéressent pas à ce que nous pouvons leur apporter". Grave erreur, ce conclave d'anciens, auquel Laurent et moi nous mêlions de bon coeur, bien que nous n'ayons pas encore atteint le troisième âge, avait un mérite extraordinaire. Il traçait une permanence dans le temps, elle posait une borne, le genre de repère sans lequel le cours du monde ne serait qu'instabilité et folie.