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Mon nouveau livre : Les Nephilim

26 Août 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Publications et commentaires, #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Alchimie, #Médiums

Vient de paraître chez L'Harmattan

Christophe Colera : Les Nephilim, une lecture biblique de l'histoire des Géants

Parmi les thèmes surnaturels bibliques marginalisés par la théologie académique figure celui des Nephilim, êtres hybrides issus de l'union narrée par le Livre de la Genèse entre les mystérieux « Fils de Dieu » et les femmes humaines. Selon certaines traditions ce sont des Géants, et leurs pères étaient des Anges déchus. L'ufologie et les réseaux sociaux, dans les milieux chrétiens, notamment aux États-Unis, confèrent à cette thématique un regain d'intérêt dans une optique apocalyptique. Cet ouvrage présente les thèses actuelles de ces chrétiens, ainsi que la manière dont ils projettent cette croyance dans leur lecture du monde contemporain, et en cherchent des preuves dans des domaines comme la possession psychique, la voyance, ou les énigmes archéologiques.

Vous pouvez le commander chez l'Editeur, sur Amazon, ou chez un libraire.

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Cité dans "Elle"

17 Août 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Interviews en rapport avec mon livre "La nudité"

Cité ce jour dans l'article "Pourquoi l’utilisation de la nudité comme geste d’émancipation continue de diviser les féministes ?" de Marine Revol dans le magazine "Elle" en ligne ici.

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Sainte Marie au Mont Carmel

15 Août 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète

La présence angélique de Marie (qui donne lieu à bien des spéculations New Age) est très prégnante dans la tradition mystique du Carmel dont j'avais déjà dit un mot il y a cinq ans lors d'une de mes passages à Lisieux. Comme l'a expliqué Kilian Healy (1912-2003), prieur général de l'Ordre des Carmes, dans "Elie, Prophète de Dieu" (Editions Parole et Silence, 2006), il faut partir du verset de la Bible dans 1 Rois 18:44 quand le prophète Elie sur le mont Carmel face aux prêtres de Baal fait tomber la pluie sur la terre sainte asséchée (et infestée par le paganisme) : " la septième fois, il dit: Voici un petit nuage qui s'élève de la mer, et qui est comme la paume de la main d'un homme. Elie dit: Monte, et dis à Achab: Attelle et descends, afin que la pluie ne t'arrête pas." "Dans le nuage, écrit le prieur général p. 130, suivant la tradition, Elie vit la figure de Marie immaculée, Mère du Dieu incarné". Un blason de l'ordre du carmel, le plus ancien connu, qui figure sur ses Constitutions de 1499, sur une vie de Saint Albert publiée la même année, et sur des missels des années ultérieures se présente comme un ovale soutenu par des anges et traversé par une ligne horizontale. Au dessous un triangle figurant le mont Carmel, au dessus la Vierge à l'enfant auréolée de 12 étoiles, le croissant sous ses pieds, avec la mention "luna sub pedibus eius". Deux bannières indiquent qu'Elie et Elisée, chefs du Carmel, conduisent à Marie "mater et decor Carmeli" (mère et splendeur du Carmel). Ce blason officiel allait être abandonné remplacé pendant la Contre-Réforme qui allait élider complètement l'image de Marie.

Jean-Baptiste Étienne Pascal (1789-1859). dans un ouvrage sur l'art chrétien, explique que le 16 juillet est la fête de Notre Dame du Carmel qui remit un scapulaire brun foncé à Simon Stock,  général des Carmes le 16 juillet 1251. Un article de 1930 décrit une icône libanaise d'Harissa montrant une "Notre Dame du Mont-Carmel" "portant l'habit carmélitain" qui sort de la mer (ce qui évoque un peu Isis et Vénus) pour féconder la terre. Elle s'élève dans les airs pour féconder la Terre, un scapulaire à la main...

ND du Mont Carmel a joué un rôle important dans l'histoire de notre pays. En 1252, on vit saint Louis, gravir le mont en Palestine pour offrir à Marie le tribut de sa royale piété à la suite d'un voeu après avoir réchappé de peu à une tempête en mer. Il voulut,à son retour de France, emmener avec lui une colonie de religieux du Carmel pour l'établir dans son royaume. Il en revêtit le scapulaire. Cette montagne devint ainsi le berceau de ces couvents de Carmes qui se propagèrent au sein de l'Europe. La dernière apparition de Marie à Lourdes (la dix-huitième) fut un 16 juillet.

Voyez aussi RP Amédée de Damas (1821-1903), Voyage en Orient, 1883 p. 229 et suiv  

Le bienheureux Simon, issu de l'illustre famille des barons de Stock, naquit au château d'Hestefort, dont son père était gouverneur, dans le comté de Kent, s'il faut en croire certains chroniqueurs; il fut, selon d'autres historiens, le fils d'un pauvre paysan de la Grande Bretaghe; mais, quelle que soit son origine, il se fit remarquer par les témoignages non équivoques d'une vertu précoce.

A peine âgé de douze ans, il se retira dans une vaste forêt où il n'eut pour logement que le tronc d'un vieux chêne dont la cavité lui offrit un asile. 11 y dressa un oratoire, l'orna d'un crucifix, d'une image de Marie, d'un psautier de David; et il y retraça, dans sa vie toutes les" austérités des anciens solitaires. L'eau du rocher était sa boisson, des herbes et des racines sa nourriture.

Il y avait vingt ans qu'il menait la vie d'un reclus, lorsque deux seigneurs anglais, revenant de la TerreSainte, amenèrent avec eux quelques Religieux du mont Carmel. Le bienheureux Simon fut extrêmement touché de la piété des nouveaux Religieux et de leur dévotion à la Reine du ciel, et il les pria de l'admettre dans leur société. Il fit sa profession vers l'année 1213. Ensuite il partit pour l'Orient, resta six ans dans la Palestine, et, ayant mérité d'être nommé supérieur général de son ordre, il revint en Occident pour l'y affermir et l'y développer d'avantage. Invité à passer en France, il s'embarqua pour Bordeaux où il mourut le 16 juillet 1265.

Or, il était au moment d'expirer lorsque la Reine du ciel lui apparut, environnée d'une multitude d'esprits célestes, tenant en main cet objet béni connu sous le nom de scapulaire du mont Carmel, et lui adressa ces paroles : « Reçois, mon fils, ce scapulaire de ton Ordre, comme le signe distinctif de ma confrérie et la marque d'un privilège glorieux. Celui qui mourra, pieusement revêtu de cet habit, sera préservé des flammes éternelles. C'est un signe de salut, une sauvegarde dans les périls, le gage d'une protection ppôciale, jusqu'à la fin des siècles ».

Pour mieux confirmer sa promesse, la sainte Vierge voulut bien ensuite apparaître au pape Jean XXII et lui en raconter les détails. Vingt-deux souverains Pontifes reconnurent successivement la vérité du fait et approuvèrent la dévotion par des jugements solennels.

Depuis lors, la Vierge du Carmel eut ses chevaliers comme le Saint-Sépulcre avait les siens. On porta l'habit de Notre-Dame,comme on avait porté la Croix rouge. La croisade de Marie se perpétua même au-delà de celle de la Palestine, et le dix-neuvième siècle compte parmi les chrétiens un grand nombre de chevaliers du Scapulaire.

Mais pourquoi demander au passé les marques de la prédilection de la sainte Vierge pour le Carmel ?

Aujourd'hui encore, elle se plaît à être honorée sur la sainte montagne; et la preuve en est dans ce couvent magnifique, dont les proportions grandioses attirent mes regards. Son existence est une sorte de miracle.

Voici le fait. Je le raconterai à la suite de Mgr Mislin. Il y a plus de quarante ans, en 1824, Abdallah-Pacha, le fameux gouverneur de Saint-Jean d'Acre, sous un prétexte menteur, renversa de fond en comble l'antique séjour des serviteurs de Marie. Avec leurs matériaux dispersés, il se construisit un palais, où il venait chercher la fraîcheur en été. Rome s'émut de ce désastre.

Le frère Jean-Baptiste de Frascati, carme déchaussé, fut envoyé en Orient par ses supérieurs pour étudier la situation. Il gravit la montagne, il s'assit sur la dernière pierre de son couvent renversé et demeura pensif. H pleura beaucoup et longtemps. Tout à coup, il se leva, réveillé comme par une illumination subite. Il courut à la sainte grotte d'Élie, où reposait la statue miraculeuse de la Vierge, se prosterna devant elle, lui adressa une ardente prière, et, se relevant, il prit la statue, l'emporta dans le pli de son scapulaire et revint-en Europe.-

On le vit aborder à Marseille. Il présenta à la France étonnée l'image de Notre-Dame du Mont-Carmel, et annonça le projet de promener partout cette divine solliciteuse, jusqu'à ce qu'elle eût obtenu la réédification de son couvent.

Ce fut pour l'Europe étonnée comme une apparition du moyen âge.

L'entreprise était gigantesque.

Il ne s'agissait de rien moins que de faire désavouer la conduite d'un pacha tout-puissant auprès du grand seigneur ; d'obtenir un acte de protection de la Porte, en faveur d'un monastère catholique ; de recueillir dans cette Europe qui détruit ses propres couvents, des sommes immenses afin d'en rebâtir un en Asie, de trouver un architecte, des ouvriers de toute espèce, des pierres de construction, des matériaux, du bois, de l'eau, sur une montagne où il n'y a rien

La statue de Notre-Dame du Mont-Carmel opéra ce miracle.
Sur les réclamations de la France, le sultan rétablit les carme: dans leurs anciens droits.

Le frère Jean-Baptiste se mit à parcourir l'Europe, portant avec lui son précieux trésor. Il ne sait que l'italien ; n'importe 1 avec cela, il ira à Paris, à Londres, à Vienne, à Berlin ; il sera accueilli dans les palais des souverains, chez les grands et chez les pauvres ; comblé de politesse et de présents.

Nos contemporains furent témoins de la merveille.

Pour le pauvre frère, les poètes faisaient des vers ; les premiers artistes, des tableaux ; les compositeurs, des morceaux inédits ; les romanciers, des réclames ; les grandes dames brodaient, organisaient des loteries et des concerts.

J'ai rencontré le frère Charles, compagnon et successeur du frère Jean-Baptiste, il m'a montré ses listes de souscriptions, et j'ai lu des noms bien étonnés de se trouver associés à l'oeuvre d'un religieux carme, comme celui de la reine d'Angleterre et du roi de Prusse; d'autres noms plus étonnés encore de leur rapprochement, M. de Rothschild et le primat de Hongrie, un cardinal et un curé de village, l'archevêque do Paris et Réchid-Pacba. Tous les pays, tous les rangs, toutes les religions viennent y rendre hommage à la Vierge du Carmel. Le roi de Prusse avait même ordonné qu'il fût accordé au frère Jean-Baptiste une place gratuite dans les diligences et sur les chemins de fer pour faciliter la quête dans ses États protestants

On prête différents miracles à Notre Dame du Carmel, y compris la victoire française de 1918 car l'offensive victorieuse fut conçue le 16 juillet 1918 après un dédicace du Maréchal Foch des armées au Sacré Coeur de Jésus.

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L'Okhrana, les Harting et l'occultisme

12 Août 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Histoire secrète

Dans mon livre "Le complotisme protestant contemporain" publié l'an dernier, j'avais rappelé qu'à la fin des années 1980, la plupart des professeurs d’histoire, notamment à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (« Sciences Po »), enseignaient que le « Protocole des Sages de Sion » était un faux forgé en 1901 par la police secrète du Tsar de Russie (l’Okhrana), et, plus précisément, il a été révélé ultérieurement que l’auteur du document était l’agent provocateur de cette police Matveï Golovinski sur ordre du chef du bureau de l’Okhrana à Paris, Ratchkovsky.

Ce texte présente un plan de conquête du monde par les Juifs et les Francs-maçons. Selon les historiens académiques, il plagie le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, pamphlet satirique décrivant un plan fictif de conquête du monde par Napoléon III.

J'avais fait remarquer qu'en revanche dans les milieux conspirationnistes, au contraire, circule l’idée que ce protocole est authentique. Par exemple Henry Makow estime que les Protocoles des Sages de Sion ne sont que des « extraits condensés » de textes plus anciens qui remontent peut-être aux conspirations de Weishaupt. Il en veut pour preuve le fait qu’il manque des lignes à ce texte. Il renvoie à ce sujet aux déclarations du rabbin Mordecai Ehrenpries (1869-1951) grand rabbin de Suède.

Avant Makow, dans les années 1930, l’Anglaise Edith Starr Miller (Lady Queenborough) avait soutenu que les Protocoles provenaient d’une loge de Misraïm à Paris, exfiltrés en 1884, par  un certain Joseph Schorst. Ce transfuge, qui fut plus tard assassiné en Egypte, l’aurait offert à Yuliana (alias « Justine ») Glinka, fille d’un officier et ambassadeur franc-maçon russe. Cette Mademoiselle Glinka était elle-même initiée de la sorcellerie caribéenne et proche d’Helena Blavatsky. Les Protocoles, affirmait déjà Miller, ont été plagiés par Maurice Joly (Joseph Lévy). Joly était un protégé de l’avocat Adolphe Moïse Crémieux (1796-1880), célèbre juriste de l’époque, dirigeant de la loge de Misraïm, président de l’Alliance israélite universelle et dont Gambetta notamment fut la créature en 1870. Le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu imiterait donc les Protocoles et non l’inverse. Certains en ont même attribué la paternité (par l’imagination ou la canalisation), à Yuliana Glinka elle-même, qui aurait déjà tenté de le vendre sous un autre titre dès 1893, voire à Mme Blavatsky…

Je lisais hier "Le mystérieux docteur Martin" de Pierre Péan et trouvais p. 150, la mention d'Arkadi Mikhaïlovitch Harting, baron balte responsable de l'Okhrana à Paris semble-t-il seulement après 1905, mais qui aurait dès 1901 organisé la fabrication des Protocoles.

La revue L'Univers israélite du 13 mai 1921 impute l'origine de l'idée de ces Protocoles au Général Orgevsky mais ne dit rien de Harting. L'Humanité du 15 juillet 1909 signale que ce Harting a travaillé avec Ratchkosvky à Genève, mais je n'ai rien trouvé sur sa participation à l'élaboration des Protocoles. On ignore donc d'où Péan tenait l'information sur sa participation à l'élaboration de ce texte, mais on peut admettre qu'elle ne soit pas entièrement fausse puisque Harting en tout état de cause était haut placé dans la section française de l'Okhrana quand celle-ci a travaillé sur ce texte.

Péan braque le projecteur sur le fils de ce Harting, Pierre de Harting, qui avait épousé la propriétaire de la librairie Honoré Champion à Paris, qui avait travaillé pour le renseignement français en 1914-1918. Il le désigne comme "haut en couleur, féru d'ésotérisme, imbattable sur la franc-maçonnerie" et précise qu'il "possédait la plus belle collection de Paris d'ouvrages consacrés... au phallus". Jacques de Place, membre de la Cagoule dit de lui : "La première fois que je l'ai vu, je me suis complètement trompé sur lui. Je l'ai pris pour un Bouddha introverti... J'étais un petit jeune. En fait, c'était un homme incroyablement intelligent. Il connaissait des gens dans tous les milieux politiques, les milieux les plus secrets. Harting, qui fait partie de la Cagoule, était aussi lié avec le deuxième bureau. il avait des liens avec les émigrés russes, mais aussi, j'en sui convaincu, avec des gens du Komintern". Après-guerre Harting est proche de Ribière, patron du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (ancêtre de la DGSE) - cf Péan p. 374.

On peut se demander ce qui se cache derrière cette expression "féru d'ésotérisme" et si Pierre de Harting ainsi que son père n'ont pas appartenu eux aussi à des cercles occultistes qui pourraient avoir un rapport avec la théosophie (la collection de livres sur le phallus peut faire penser à une pratique de la "magie sexuelle" répandue dans plusieurs cercles au début du XXe siècle, notamment dans les milieux d'extrême droite). Mais ce n'était pas le genre de sujet qui intéressait Pierre Péan, qui n'en dit rien, et je ne trouve sur Internet aucun élément là dessus. La question reste donc en suspend. Elle est pourtant peut-être d'une certaine importance pour comprendre mieux la généalogie (historique et spirituelle) des Protocoles...

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