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Articles avec #otium cum dignitate tag

Un chemin dans le monde

11 Juillet 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate

Il y a quinze ans, avant ma conversion, je publiais un livre sur mon itinéraire intellectuel et professionnel "Incursion en classes lettrées" (eds du Cygne).

J'avais 39 ans et je pensais qu'il fallait écrire ses mémoires avant la vieillesse, comme le dernier empereur de Chine. Et c'était juste car, à l'époque, je croyais encore avoir un avenir, notamment du côté de la politique alors que je m'engageais pour une maire récemment élue en Seine-Saint-Denis.

Tout le mécanisme s'est enrayé vers 2013-2014. Aujourd'hui mon "chemin dans le monde" comme dirait Naipaul n'est plus qu'un sentier couvert de ronces : supporter des supérieurs hiérarchiques médiocres, des dénonciations calomnieuses, une routine professionnelle souvent sans intérêt.

Et je sais que ce pourrait être bien pire. Même si j'avais été accepté dans la caste universitaire comme j'avais tenté de le faire après mon doctorat je n'aurais été que plus entravé encore par les rivalités médiocres, le conformisme intellectuel etc. Cela faisait partie de mes configurations astrales, je suppose (je n'ai fait faire mon thème astral que jusqu'en 2019 pour ne pas avoir à connaître mon avenir à ce sujet).

Le plus frustrant est que, si j'ai appris beaucoup de choses dans le domaine spirituel et celui de l'histoire "cachée", depuis 2014, je n'ai pas vraiment pu en faire profiter les gens. Mes livres ne se sont vendus qu'à 70-75 exemplaires, personne ne m'a proposé de donner des cours. Encore une fois sans doute est-ce une affaire de "mana". A certains toutes les portes sont ouvertes, et pas à d'autres. Si seulement cela m'avait rempli d'attention et d'empathie envers les plus faibles en compensation de toute la sévérité avec laquelle j'étais traité.... Mais je ne suis même pas sûr de cela. Dans le meilleur des cas, la grisaille m'a motivé à travailler encore plus, pour mes blogs, pour mes livres. Mais pas toujours. Aujourd'hui je suis assez tenté de tout laisser filer, de ne même plus trop retenir ce que j'ai lu, d'avoir des idées approximatives. L'hiver de la vieillesse qui se profile est lourd de tentations de paresse et de lâcheté, comme la jeunesse était chargée de tentations de luxure et de cruauté. Espérons que je ne tomberai pas trop dans ces pièges.

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Déclin intellectuel

9 Juillet 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate

Nous en sommes au point où un intervenant au Collège de France en 2024 Salikoko S. Mufwene  en 43ème minute de son exposé ose dire et publier avec Power Point que Cicéron était un empereur romain.

Une telle bévue eût été impensable il y a vingt ans.

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Le Grand Sommeil

28 Avril 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #Médiums

 

Extrait de "Les mystères du sommeil et du magnétisme ou Physiologie anecdotique du somnambulisme naturel et magnétique : songes prophétiques, extases, visions" (1854)

"Dans le Journal de médecine, chirurgie et pharmacie de 1754, on trouve parmi plusieurs observations celle -d'un homme surnommé le dormeur de la Charité. Son sommeil durait exactement la moitié de l'année ; on avait beau crier à ses oreilles, l'agiter, le secouer ; il dormait toujours : l'immersion dans l'eau froide ne put le réveiller.

Van-Swieten rapporte un cas à peu près semblable pour la durée. Le dormeur dont il parle ne voulut pas croire, en se réveillant, que la nuit eût été si longue ; cependant il se laissa persuader, car il se rappelait s'être endormi à l'époque des semailles, et le temps de la récolte commençait.

Une femme de la campagne dormait régulièrement toute la semaine et ne se réveillait que le dimanche au matin : alors elle faisait sa toilette, prenait quelques aliments et se rendait à l'église ; à son retour, elle se rendormait jusqu'au dimanche suivant.

Un homme, glouton de son naturel et qui ne mangeait qu'une seule fois le jour, s'endormait aussitôt qu'il avait avalé le dernier morceau et vidé la dernière bouteille. Il se réveillait le lendemain à la même heure, pour recommencer exactement ce qu'il avait fait la veille."

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Impasses des hypothèses astronomiques et des suppositions évolutionnistes

10 Février 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #down.under, #Anthropologie du corps

L'astrophysicien David Elbaz, dans une récente conférence à l'association française d'astronomie, explique qu'il y a eu un pic de croissance des naissances d'étoiles et qu'elles sont moins nombreuses maintenant, on ignore pourquoi. Beaucoup de choses de ce type sont inexpliquées.

Le Big Bang a eu lieu il y a 13,5 milliers d'années. 380 000 ans après l'univers se refroidit et naissent les atomes. Il y a un proton et un électron qui se combinent. Quand les électrons sont piégés dans les atomes ils ne flottent plus dans l'espace. Avant, quand ils flottaient, l'univers était opaque., et l'on ne pouvait rien voir, c'était une mélasse de matière et de lumière dans laquelle régnait une musique primordiale, des sons (cela fait penser à Pythagore évidemment). A la naissance des atomes, la musique s'est arrêtée, les notes se sont cristallisées qui allaient donner des étoiles.

Mais ensuite il y a un âge sombre qui précède la naissance des étoiles. Au bout de 100 millions d'années naissent les premières molécules, grâce aux vibrations desquelles les étoiles vont naître. C'est l'aube de l'univers. Le 11 juillet 2022, Biden a présenté le "livre d'histoire de nos origines"

Puis les étoiles brillent tellement qu'elles brisent les atomes. Les électrons sont à nouveau libérés mais l'univers a tellement grandi qu'il ne peut plus être opaque.

Il y a presque 5 milliers d'années nait le soleil, on est déjà dans la décroissance de formation d'étoiles.

Cette recherche sur l'aube de l'univers, est menée grâce au télescope James Webb, téléscope à 10 milliards de dollars lancé le 25 décembre 2021. qui présente les premières galaxies cosmiques. Cela se décrypte en fonction de leurs formes, leurs couleurs (les rouges ont des étoiles vieilles, ou parfois simplement parce qu'elels s'éloignent et se décalent vers le rouge), sil elles brillent beaucoup elles ont beaucoup d'étoiles ; puis on décompose leur lumière pour analyser leur fécondité, si elles perdent de la matière.

Ces images ont bouleversé nos théories. Six galaxies aux confins de l'univers (dans les premières centaines de millions d'années après le Big Bang) sont trop massives. Il y en a aussi de trop nombreuses, et trop lumineuses. Pourquoi l'univers primordiale a-t-il eu une fécondité ? y a t il eu quelque chose avant le Big Bang ? Y a-t-il eu une énergie noire primordiale qui aurait créé ce sursaut ?

Les premières galaxies sont très petites, à peine plus grosses que des amas globulaires, très compactes. Les trous noirs sont formés trop tôt.

Ces incohérences pointées par Elbaz rappellent celles qu'avait repérées le prix Nobel Francis Crick, découvreur de l'ADN. Le vulgarisateur de mythes Graham Hancock en parle dans cette interview de début 2023 (min 27) : dans Life Itself (1989) il montre que la soupe primordiale qui s'est formée il y a 3,9 milliards d'années après les 600 premières années de trop forte température de la Terre n'a pas pu, en 100 millions d'années comme on le  pense donner lieu à la naissance de la vie qui se serait répandue sur toute la Terre sous forme de bactéries, il a fallu que les molécules viennent d'ailleurs.

Un problème à rapprocher aussi de celui des sauts quantiques dans l'évolution naturelle que Graham Hancock pense que certains de ces sauts ont pu être favorisés par l'ergot de seigle... Thème à la mode. Sans grand intérêt, mais il fallait bien que j'en dise un mot.

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Viminacium

16 Novembre 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Otium cum dignitate

On oublie souvent que la Serbie, sur laquelle j'ai écrit au début de ma carrière de sociologue il y a 20 ans, fut un grand centre de romanité. L'empereur Constantin et 17 autres empereurs y sont nés.

Cette semaine encore on nous expliquait que des archéologues ont retrouvé récemment sur le site de Viminacium un "tintinnabulum" (carillon à vent magique) surmonté d'un phallus apotropaïque qui était à l'entrée d'une boutique. On trouve sur Gallica des compte rendus de recherches archéologiques à Viminacium, ex-capitale de la Mésie supérieure (en 85), depuis le XVIIIe siècle.

Dans la revue Comoedia du 22 avril 1931, je lis :

"Une Vénus yougoslave résoudra-t-elle le problème de l'attitude de la Vénus de Milo ?

Un paysan yougoslave vient de découvrir dans le village de Kostolac, situé sur le Danube, aux environs de Pozarevac, cinq tombes romaines datant de l'époque où florissait la ville de Viminacium, dans laquelle les empereurs Caracalla et son frère Geta firent leurs études.

L'une de ces tombes contenait un sarcophage pesant près de cent kilos où furent retrouvés les ossements d'une fillette, une paire de boucles d'oreilles en or,des pierres noires et quelques objets de toilette.

Mais une trouvaille attire surtout l'attention des archéologues: c'est celle d'une petite Vénus en os sur laquelle on compte beaucoup pour résoudre le problème de l'attitude de la Vénus de Milo.

Un peu plus loin on a trouvé un monument funéraire pesant environ 2.000 kilogrammes, et richement orné de figurines, avec inscriptions disant que cette tombe est celle de Cornélius Rufus, édile de la ville autonome de Viminacium, qu'il a vécu 70 ans et que ce monument lui a été élevé par sa femme Ulpia Fufina et ses héritiers.

Le monument portait également le buste de ce magistrat, mais la tête manque.

On a également trouvé un très beau chapiteau de grandes dimensions.

Toutes ces pièces, qui sont d'un intérêt primordial, seront transportées au Musée national de Belgrade que dirige, on le sait, un savant éminent, le professeur Petkovitch"

Comoedia fait bien de préciser que Caracalla qui était né à Lyon en 188 y fit ses études. La fiche Wikipedia de cet empereur omet ce détail. A Viminacium stationnaient deux légions dont les symboles étaient le taureau et le lion qu'on retrouve aussi sur les monnaies frappées dans cette ville.

Au XVIe siècle un historien du Beaujolais, le chanoine Guillaume Paradin, racontait que l'empereur Probus (232-282), qui était pannonien, avait nommé une petite ville de Gaule (où il avait combattu Proculus *) juste en face du Mont d'Or près de Lyon à Rome du nom de Viminacium en hommage à la capitale de la Haute Mésie et fit de même près de Valence en Espagne. Paradin se réclame à ce sujet de l'autorité de Flavius Vopiscus de Syracuse. Il affirme que ces libéralités qui consistaient à autoriser les peuples à planter des vignes, et nommer des villages du nom de son terroir natal allaient de pair et constituaient des marques d'affection. Voilà un étrange téléscopage entre le Beaujolais et la Mésie supérieure...

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* "Après la mort de Proculus, on fit à Lyon une médaille où la tête de cet aventurier est attachée à un croc; au-dessus est le buste de Probus devant une Victoire; on y voit encore les lettres P. T. qui signifient sans doute Proculus tyrannus"

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Le chapeau de Liane de Pougy

18 Octobre 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate

Lu dans Gil Blas du 3 mai 1910 à propos d'un personnage qu'on a découvert il y a peu.

Le petit "béquin" et le petit prince de Mme LIANE DE POUGY devant le juge de paix de Saint Germain

C'est un petit, tout petit chapeau, un tout petit « béguin », mais il est déjà grand dans l'histoire.

Simple tulipe en paille noire à la corolle épointée et bordée d'un ruban de dentelle blanche, il occupe depuis de longs jours l'attention du monde.

Mme Liane de Pougy le portait le lundi de Pâques dans les rues de St-Germain, où elle villégiature souvent, et le petit chapeau eut le. malheur de déplaire à un groupe d'autochtones: Deux femmes s'en moquèrent, et leurs maris eurent Ia faiblesse de les approuver. Alors le petit prince Ghika, chevalier servant de dame Liane, rappela les rieurs au respect que l'on doit à tout petit chapeau lorsqu'une jolie femme le porte.

En guise de réponse, l'un des maris, irascible le gifla. Puis, comme, les oreilles rouges, le petit prince levait le bras dans un geste de parade, le mari exaspéré, lui lança un vigoureux coup de poing sur les mâchoires et enfin, de plus en plus convaincu qu'il combattait pour la logique et la morale, étendit le bras une deuxième fois et te prince chancela. Entre temps, tel un guerrier grec pour s'exciter au courage, M. Martet, car c'était lui, invectivait le prince, La princesse Liane et jusqu'à leur compagne de promenade et amie, Mme d'Arvilly !

Attroupement La police accourt. Tout Je monde va au commissariat Le prince Ghika et Mme Liane de Pougy déposent une plainte, et Le petit chapeau, victime muette mais séduisante, vient demander justice.

* *

Le juge de paix de Saint-Germain, il y a quinze jours, s'offrit déjà à le venger. Mais les avocats qui le défendent voulurent des assignations en règle et rendez-vous fut pris alors pour hier après-midi.

a Tout le monde y fut exact. La rue, d'ordinaire si paisible, où se trouve l'entrée du prétoire, avait pris un aspect d'émeute. Les indigènes y criaient et sifflaient. Toutes les fenêtres encadraient trois, quatre, cinq curieux penchés vers la chaussée, prêts à tomber s'il le fallait. Le service d'ordre était débordé, c'était émouvant et splendide. Enfin, une automobile apparut. Sur le siège, près du mécanicien, un carton blanc : c'était le petit chapeau 1 On le descendit avec précaution. Mme de Pougy le suivit, accompagné du prince Ghika, de Mme d'Arvilly et de deux membres du barreau parisien, Me Bonzon et Périnne.

On s'empila dans l'étroite salle et les débats commencèrent.

* *

Le premier, le prince fut invité à refaire le récit de l'agression. Il s'avança pâle, livide. Sur un front d'ivoire les ondulations noires de ses longs cheveux rejetés en arrière lui donnaient un visage de fillette, de fillette bien ennuyée de se trouver là. Le souvenir de ces scènes violences l'affecte encore.

Après lui, Mme Liane de Pougy parla :

- Et puis M. Martet m'a donné des noms d'oiseau.

— Quel oiseau ? questionne, imposant, le juge de paix, M. Quesnel, transformé en président de tribunal de simple police.

— Un oiseau avec de grandes pattes,

— Une grue ?

— Oui, avoue Mme de Pougy, dans un souffle.

— Très bien, très bien, et après ?

Après ? mais, M. Martet a proféré dans la rue à l'adresse de la plaignante des injures graves et Ie prince a été victime de coups et violences ayant causé des blessures assez sérieuses.

 Les témoins l'affirment. Mme Journet, pâtissière devant le magasin de qui se passait la scène, sa jeune employée, de simples passants, tout le monde a vu la colère terrible de M. Martet -

Aussi, son avocat, Me Morel, n'essaie-t-il pas de discuter les faits, mais, pour donner à son client au moins l'attitude du courage, il cherche à représenter le prince Ghika, si petit, si pâle, si frêle, comme un matador dangereux. Et deux témoins cités par Me Morel viennent raconter une histoire vieille d'un an !

— Oui,, un jour sur la terrasse de Saint-Germain, le fox-terrier d'un officier de cuirassiers, au lieu de courir le museau aux fers du pur sang que montait son maître, alla faire un crochet sur le gazon et mordre, au passage, la levrette de Mme de Pougy. Le prince Ghika, toujours généreux, alla au secours de la petite chienne et, croyant ; les témoins propriétaires du fox, proféra à leur : égard des menaces de mort.

Quand les clercs de notaire, domiciliés dans le vertueux Saint-Germain, ont terminé leurs dépositions, le président fait placer entre eux le prince sanguinaire. Il apparaît doux, timide et grêle : comme devait être la levrette en face du fox-terrier,et les témoins ont l'air de bulls trapus et querelleurs. La cause est entendue.

*

Le président va juger quand Me Bonzon et Me Perinne, les avocats du prince Ghika el de Mme dé Pougy, le prient de se déclarer incompétent !

Comment ! lui qui avec tant de bonne humeur, d'esprit et de parfaite courtoisie a dirigé tes débats, il n'aura pas la joie de prononcer le jugement définitif ? Le coup est dur. L'excellent magistrat va s'enfermer dans la pièce voisine pour réfléchir. Il est six heures.

Des groupes sympathiques et animés se forment.

Les habitants de Saint-Germain qui, au cours des débats, ont souvent, par la voix des témoins ou les murmures dont ils soulignaient certaines dépositions, réclamé la qualité de « provinciaux », entourent le brave M. Martet, défenseur des modes assagies et de la morale des foyers réguliers aux joies chastes.

Ceux qui sont sensibles à la beauté, au charme et à la grâce s'empressent auprès de Mme Liane de Pougy.

Souriante et alanguie, un peu fatiguée peut-être par les émotions de cette journée, elle a besoin de s'épancher.

Elle glisse aux confidences :

— Certainement, elle va se marier, elle épousera le prince.

— A Saint-Ferdinand des Ternes, dans un mois, à une heure du matin,précise aimablement Mme d'Arvilly. La robe est déjà commandée l

— N'est-ce pas prince ?

Mais le prince est de plus en plus pâle. Ce procès le préoccupe. Ses parents, là-bas, en Roumanie, J'apprendront ; ils lui couperont tes vivres.

- Pauvre petit. Comment va-t-il faire ?

- Liane a cent mille francs de rente, explique Mme d'Arvilly.

Sur cette phrase (un quiproquo et non urne réponse), le pauvre président rentre. Il est résigné.

Il regarde cette belle salle qu'il ne retrouvera pas, les agents qui con-tiennent la foule, les jolies femmes, les modistes accourues de Paris, il regarde Mme Liane de Pougy, il regarde le petit chapeau, et enfin, d'une voix navrée, consomme le sacrifice : il se déclare incompétent !

Le petit chapeau va partir pour Versailles, la ville du grand roi, pour plaider en correctionnelle.

Je me suis procuré son "Mes Cahiers bleus". Le 17 décembre 1919, Liane de Pougy raconte les comment cela s'est passé. Le lundi de Pâques vers 4 heures, ayant fait le tour des Antiquaires avec son mari et une femme qu'elle appelle La Gigolette, elle s'en va prendre un chocolat chez Jousset, 18 rue au Pain.  

"Je portains un petit chapeau noir garni de grosse dentelle blanche, très simple, à la mode d'aujourd'hui, mais cela se passait en 1910, époque des derniers tromblons, des larges bords, etc. Nius croisons eux grosses bourgeoises empanachées d'autruche qui me désignent, éclatent de rire et disent à haute voix : "Oh, ce chapeau ! - C'est Liane de Pougy, une grue de Paris." Grue désignait les prostituées mondaines à l'époque.

Le prince Georges les dévisage et leur dit : "On devrait se regarder dans la glace avant de se moquer des autres !". Les deux maris suivaient, le "père Martet lui assène un coup de poing dans le menton. Georges qui a deux "salières ravissantes de la Compagnie des Indes" dans une main et "deux jolies miniatures Directoire" dans l'autre ne peut se défendre. On appelle un agent. Un procès verbal est dressé au poste. Le père Martet habitué à boire était éméché.

Liane de Pougy ne mentionne pas la procédure à Versailles mais insiste sur le fait que cet incident dont une presse malveillante s'accapara eut le mérite de hâter son mariage. "Au fond cette Liane tant décriée, vilipendée, prise à partie, avait en elle tout ce qu'il fallait pour faire une bonne épouse, mérite que je veux d'ailleurs partager avec mon petit compagnon si calomnié également".

Contrairement à ce qu'en disaient Jean Dutourd et son préfacier dominicain, je pense que la plus grande partie du journal de Mme de Pougy est bon pour le bûcher des vanités - le récit de ses dîners avec Cocteau, ses savantes démonstrations, contre Ramon Gomez de Serna, sur la sensibilité des seins des femmes etc. Rien de très édifiant dans tout cela.

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Stagnation

15 Septembre 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate

Les conditions dont les gens sont mis sur votre chemin en général sont assez mystérieuses. Des gens entrent en contact avec vous, puis disparaissent. On ne sait pas trop à quoi cela a servi. Je faisais un peu hier le bilan de mes rencontres au cours des huit dernières années, et il faut bien avouer que ce bilan était assez négatif. Les échanges que j'ai pu avoir avec les un(e)s et les autres ne m'ont pas apporté grand chose, à part me rendre sceptique sur beaucoup de sujets, et je n'ai pas non plus apporté beaucoup aux autres : je n'ai pas l'impression d'avoir fait avancer grand monde sur un plan spirituel, et encore moins sur un plan matériel. Il y en a même que j'ai sans doute fait reculer vu le ressentiment qu'ils/elles ont pu accumuler à mon égard. C'est bizarre parce qu'en 2014-2015 comme je le raconte dans mon livre sur les médiums, les rencontres avaient été très prometteuses. Il faut croire que la mécanique s'est grippée.

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Sardou

20 Août 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Les tubes des années 1980, #Otium cum dignitate

Cette année le mois d'août a été marqué par une polémique entre "progressistes" et "conservateurs" autour de la chanson "Les Lacs du Connemara" de Michel Sardou.

Quand j'avais 8-10 ans, entre 1978 et 1980, et encore quand j'eus 11 ans, alors que je venais d'entrer en 6ème au collège, mes parents et moi allions regarder la TV chez mon grand père maternel, veuf, pour le distraire un peu, le samedi soir. C'était la soirée variété devant les émissions de Marity et Gilbert Carpentier, puis celle de Michel Drucker, et même la série Dallas. C'était un univers étrange, car mes parents s'asseyaient à côté d'une cuisinière en fonte des années 1940, le carrelage au sol était de la même époque, et les décennies semblaient se télescoper alors que la télévision diffusait Goldorak et Droit de Réponse.

Tout était ritualisé. Mon grand père faisait chauffer du café dans une vieille casserole et moi, assis à la table de cuisine sur une toile cirée, je dessinais en regardant l'écran du téléviseur posé devant moi. Déjà créatif, en 1979 j'achetai un magnétophone et commençais à enregistrer des chansons (à défaut de magnétoscope qui n'allait arriver dans les foyers qu'à la décennie suivante). Je crois que c'est vers ce moment-là que j'enregistrai une émission spéciale de Drucker sur Sardou, avec des chansons comme "En chantant", "Musica", "La Pute"... Dans le milieu populaire où je vivais, en Béarn, nous n'étions pas intéressés par les polémiques gauche/droite qui existaient autour de ce chanteur. Il me semble que j'ai toujours su que sa chanson sur le "France" passait pour nationaliste, qu'il était pour la peine de mort etc, et j'ai lu vingt cinq ans plus tard un article de sociologie sur la polémique entre lui et Bernard Lavilliers qui disait de lui "Sardou c'est fasciste et puissant". Tout le monde savait que Sardou était de droite comme Yves Duteil et bien d'autres personnalité du petit écran, comme Dalida et Charles Trenet. Des pétitions qui ont circulé pour la présidentielle de 1981 qui se chargèrent de nous le faire savoir, mais peu importait. Ma mère, qui avait voté Mitterrand, accordait seulement de l'importance au fait qu'il avait une belle voix. Et moi j'ai appris ses chansons. Quand j'ai eu un dictionnaire français-anglais je me suis même amusé à traduire "Les lacs du Connemara" en anglais. C'est une chanson qui me faisait penser au "Monstre du Loachness" dont parlait Pif Gadget... J'y percevais quelque chose d'assez sombre, mais, à l'époque, l'obscurité faisait partie intégrante de beaucoup de productions culturelles qu'on nous servait sans discernement à des heures de grande écoute.

J'ai été surpris de voir ressurgir cet été la polémique sur les choix politiques de Sardou. Je ne puis m'empêcher d'y voir une sorte d'article de consommation, comme toute sorte d'autre débat pré-fabriqué absurde, uniquement destiné à "augmenter l'audimat" comme on disait jadis, provoquer des discussions absurdes sur les réseaux sociaux, mobiliser des énergies pour rien et détourner les gens des vrais sujets de leur vie.

Mais ce qui m'a plus étonné encore, ce fut de voir que des gens plus jeunes que moi voire carrément de la génération suivante connaissaient "Les lacs du Connemara" et même le chantaient dans des karaokés. Je suppose que c'est pour eux comme ce qu'étaient pour moi "Oh Catarinetta bella", "Le dimanche au bord de l'eau" et "La mer qu'on voit danser" que je fredonnais toujours, à 10-12 ans, avec un petite dose d'amusement attendri, comme on ressortirait de vieux articles auxquels nos aïeux accordaient quelque prix pour des raisons aujourd'hui inexplicables.

En ce qui me concerne, je n'ai plus maintenant aucun attachement aux chansons de Sardou. Son "Afrique adieu" que je passais à fond sur ma "chaîne stéréo" nouvellement achetée à Pau en 1982 est une apologie épouvantable de la sorcellerie africaine, qui plus est bourrée de clichés façon XIXe siècle sur le continent noir (à une époque pourtant où l'Angola, le Mozambique, le Burkina et la Tanzanie menaient des combats méritoires pour l'émancipation et la justice sociale). Tout l'imaginaire que ce chanteur mobilisait fait de sexe, d'alcool et de désespoir à deux balles, me paraît très brutal, et je n'accorde pas un centime à la nostalgie de pacotille dont il a fait son fond de commerce.

Il y a peu une Bigourdane qui a des dons de médiumnités me disait qu'elle avait vu des flammes et des formes très sombres apparaître à ses concerts. Je sais que ce genre de vision révèle des choses très profonds (mon fils, du temps où il avait aussi ce genre de don, qu'heureusement il n'a pas cultivé) avait perçu la même chose devant un clip de Mike Oldfield. Ce n'est pas le fruit de l'imagination, et il suffit de faire une analyse de texte des chansons balancées au public pour y trouver la confirmation des intuitions de cette Bigourdane. Je m'étonne même que Sardou n'ait pas balancé à son public des symboles liés au 666 comme le faisaient dans les années 1970 Johnny Hallyday, Queen ou Led Zepplin. Du coup, je suis assez enclin à croire ce que disait le "dealer des stars" Gérard Fauré à son sujet.

Cela ne veut nullement dire que les "progressistes" auxquels il s'oppose valent mieux que lui. Sur le plan des inspirations spirituelles, ce sont les deux  faces d'une même pièce. Sardou est simplement utilisé comme la marionnette incarnant artificiellement le "boomer de droite" dans un exercice rituel de haine façon 1984 (ou de punition publique façon société secrète), mais tout cela est absolument fake, et il faut simplement rester totalement en dehors des manipulations d'émotions auxquelles les débats sur son compte peuvent donner lieu.

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