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L'assemblée des anciens du lycée Louis Barthou de Pau
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Ambiance agréable au lycée Louis Barthou de Pau ce matin, réunion annuelle de l'association des anciens élèves. Je n'avais pas remis les pieds dans cet établissement depuis mes 18 ans en 1988. J'y étais avec mon complice Laurent Trouvé, aujourd'hui professeur des écoles, avec qui j'avais partagé la plupart des manifestations liées aux grèves de 1986. Je leur ai d'ailleurs remis un document sur ces grèves (un ensemble de tracts, d'articles, et d'extraits de mon journal de l'époque, assorti de photos). Ce fut l'occasion d'évoquer avec les plus âgés (les quatre cinquièmes des 60 participants étaient de promotions antérieures à 1972, d'où la faible présence de femmes, car c'était alors un lycée de garçons) un autre mouvement social, celui de mai 1968, où le chanteur Daniel Balavoine et le rugbyman Paparemborde avaient marqué les esprits. Partage entre les générations, hors de l'espace (très loin des régions où je vis le plus souvent), et hors du temps. Laurent Trouvé multipliait les remarques : "Tu as vu, dans la cour, ils ont ajouté ci et ça. Tu te souviens qu'on appelait une partie du gymnase 'la piscine' ?" Sa mémoire des détails de cette époque m'impressionne. Il est vrai que lui, palois depuis l'âge de 6 ans, n'a pas connu l'exil, et les violences que celui-ci inflige aux souvenirs.
Le direction de l'association, qui passe la main après 21 ans de mandat, nous réunissait sous cette belle chaire où nous faisions toutes nos photos de classe.
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J'ai retrouvé la statue de Louis Barthou devant laquelle le censeur du collège Gilbert Longhi en juin 1988 m'avait conduit avant de passer l'épreuve de philosophie du concours général en disant solennellement : "L'honneur du lycée est dans ta plume". Quelques semaines plus tard, je décrochais un premier accessit (alors qu'aucun deuxième prix n'était attribué), sur le thème "y a t il une unité sous-jacente par delà la diversité des langages" (j'ai raconté cet épisode dans mon livre "Incursion en classes lettrées", un sujet qui allait rebondir bizarrement ensuite en 2014, en Provence, mais c'est une autre histoire...).
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Le président de l'association, Marc Bourdat a évoqué un autre buste de Barthou, qui se trouve dans la cour, et qui a pu être réalisé plus récemment avec la collaboration de l'ambassade de Serbie, car il en existe deux autres, un à l'ambassade de ce pays à Paris et un autre à l'ambassade de France à Belgrade. J'avoue que je n'aime pas le personnage de Barthou, ce qu'il représente, mais son rôle dans l'amitié franco-yougoslave, dont il fut le martyr face au fascisme, est touchant et me renvoie au souvenir de mon propre engagement, sur les bords du Danube, en 1999 et 2000.
Dans l'assemblée il y avait un homme qui racontait que son père militaire est mort en Algérie en 1957 alors qu'il avait 3 ans. La famille de sa mère ne lui a donné aucune nouvelle de ses ascendants paternels, et, lors d'une réunion de l'association des anciens du lycée, il a rencontré une dame qui s'est trouvée être la soeur de feu son père, donc sa tante, qui a pu lever pour lui le voile de bien des mystères sur ce père presque inconnu.
Il y avait aussi là quatre ou cinq jeunes gens qui avaient eu leur bac après 2000. Dont un avait participé au marathon de Pyongyang. De la génération entre 1972 et 2000 il n'y avait que Laurent Trouvé et moi... De temps en temps, assis sur ma chaise à écouter les uns et les autres, je repensais à Pierre Bourdieu avec qui je correspondais dans les années 1990, à son beau texte sur les internes du lycée Louis Barthou en 1945-48, dans Esquisse pour une auto-analyse (2004). Personne n'a connu le lycée de son époque. Lui-même aurait 92 ans maintenant s'il n'était mort du cancer en 2002, deux ans de moins que Chomsky qui, lui, vit encore. Son ami d'enfance qui me l'a fait rencontrer est mort il y a quelques mois.
J'ai bien apprécié la conférence de Claude Laharie, qui fut professeur d'histoire dans ce lycée avant d'être connu dans le département comme le spécialiste du camp de Gurs. Il présentait son dernier livre sur les Basses Pyrénées en 1939-1945. Portrait étonnant d'un département où il y eut plus de justes qu'ailleurs (en pourcentage de la population), où les collaborationnistes étaient plus maréchalistes que pro-allemands, et où les résistants furent assez peu communistes, tandis que l'épuration fut modérée. Toujours un département dans les tons pastels sur le plan politique, depuis la Révolution, en retrait par rapport aux excès parisiens. Après son intervention l'orateur me parla quelques minutes de mon grand père paternel, qui avait été actif parmi les associations d'anciens internés de Gurs.
Si la qualité du repas au restaurant fut des plus décevantes (quoique l'excellence de l'armagnac in fine rattrapât pour ainsi dire les insuffisances du reste) au moins les émotions ont été belles, presque irréelles. On ne peut certes taire la vague mélancolie qui sous-tendait tout cela. Le fond de l'air est froid, les feuilles jaunissent, et les ombres de nos chers disparus sont maintenant légion. Un homme à table, qui écrivait sur son aïeul résistant, me disait : "nos petits enfants ne s'intéressent pas à ce que nous pouvons leur apporter". Grave erreur, ce conclave d'anciens, auquel Laurent et moi nous mêlions de bon coeur, bien que nous n'ayons pas encore atteint le troisième âge, avait un mérite extraordinaire. Il traçait une permanence dans le temps, elle posait une borne, le genre de repère sans lequel le cours du monde ne serait qu'instabilité et folie.
Dépayser le regard
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Cette semaine, avant de m'endormir, je regardais, sur une chaîne de télévision thématique, documentaire sur Botticelli, un de ces documentaires américains à la Discovery Channel doublés en français. C'était idiot et brutal, comme tout ce que l'on propose au grand public maintenant. Les soi-disant universitaires interrogés se répandaient en inepties racoleuses et stériles du genre "Botticelli était un influenceur", "il était malin", "il savait ce qu'il voulait" etc.
Vous savez que dans mon dernier ouvrage sur Lacordaire je suis loin d'avoir adhéré inconditionnellement au point de vue de cet auteur. Et cependant je dois dire que je suis heureux d'avoir pu approfondir le regard que lui et sa génération (celle de Stendhal, de Montalembert) ont porté sur la Renaissance italienne, un regard qui n'est pas plus exact que celui des autres époques mais qui au moins m'aide à échapper à la barbarie de celui de notre siècle.
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De même en ce moment je lis en traduction automatique, grâce au site Google Translate, la Chronique d'Henri de Livonie écrite à la fin des années 1220 sur la christianisation des Pays Baltes. Je crois que je n'aurais jamais eu la patience d'en éplucher les chapitres, de me plonger dans cette ambiance étrange qui n'est pas sans évoquer celle du Far-West au XIXe siècle, des moines et chevaliers germains face aux peuples païens (toujours fourbes et renégats) sans avoir lu auparavant les pages enthousiastes de Lacordaire sur les missionnaires dominicains au Pérou et en Chine. Le clergé n'a pas eu entièrement raison dans sa lecture du passé, ses opposants non plus. Mais il faut lire son point de vue (ce qu'on ne fait plus guère), comme il faut lire les autres, et une des portes d'accès commodes, peut-être plus proches de nous que celle des écrivains du Grand Siècle par exemple, à l'heure où l'on construisait les premières lignes de chemin de fer entre Paris et Saint-Germain-en-Laye et entre Avignon et Marseille, se trouvent bien chez ces auteurs des années 1840. Un peu revenus de la candeur médiévale autant que des critiques cyniques de l'époque des Lumières, tentant de préserver une certain objectivité sans pour autant brider le sentiment et l'imagination, ils sont pour moi une clé excellente de dépaysement du regard. Remarquez d'ailleurs que tous les écrivains d'après 1880, en assimilant Victor Hugo et Lamartine, ne faisaient rien d'autre que de toujours tremper leur sensibilité dans les lacs de cette génération-là, ce qui confirme bien son importance pour la construction de notre propre approche, de ce qu'on ose encore appeler "notre culture".
Fin de vacances
Je m'amuse devant le silence embarrassé de toutes les personnes (notamment les intellectuels dominicains et le curé de Saint-Maximin) devant mon livre sur Lacordaire, que je leur ai adressé par la poste au printemps. Cela n'a de toute façon aucune importance. On n'écrit pas en fonction d'un lectorat.
Le romancier Grégory Bernard m'ayant récemment encouragé à retourner à ma biographie de Leroux que je fais traîner en longueur depuis plusieurs mois, je m'y suis un peu remis aujourd'hui, et suis tombé sur un charmant article de Clemenceau en "une" du Journal de 1896 que l'on peut lire ici. Il y a comme une nostalgie du futur "tigre" alors quinquagénaire, à l'égard du temps de Leroux, comme il y en avait chez Leroux à l'égard du temps de Saint-Just. Clemenceau insiste sur l'intégrité de Leroux et son absence d'égoïsme. Ses vertus n'allaient effectivement pas trouver d'égal à gauche sous la IIIe République...
Je découvre aussi une délicieuse préface de Leroux aux fables de Lachambeaudie.
Chaumont, Chambord, Saint-Sébastien
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Les châteaux de la Loire sont plus marqués par l'histoire des familles qui les restaurèrent au XIXe siècle que par les personnages qui les occupèrent à la Renaissance. Tel est le cas de Chambord qui a conservé le souvenir du virtuel Henri V "enfant du miracle", dont la mère s'était illustrée dans une épopée que j'avais évoquée en 2020. Chaumont, le château de Catherine de Médicis, aussi entre dans cette catégorie qui doit beaucoup à la famille du successeur de Lacordaire à l'Académie française, le prince de Broglie.
Après quelques jours dans un éco-village dictatorial comme toute la société le sera bientôt si elle suit les préceptes de Greta Thunberg, j'ai filé vers Saint-Sébastien (Pays-Basque espagnol). Petite excursion à la bibliothèque municipale, au sous-sol de la mairie, endroit calme loin du caquetage des estivants sur la plage. Je jette un oeil aux nouvelles acquisitions : à côté des bêtises à la mode sur la féminisme, le développement personnel, le yoga, un bouquin de Chomsky, un de Frantz Fanon, des titres sur l'histoire de l'extrême gauche européenne, et même Le Monde Diplo en castillan, peut-être un reste du temps où la municipalité fut contrôlée par la gauche abertzale (Bildu) entre 2011 et 2015. Le journal de voyage d'Unanumo de 1889, l'auteur basque y raconte ses émois parisiens et même sa traversée des Landes.
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Et puis la revue culturelle navarraise Nabarralde, que je découvre, qui fait une belle publicité au livre de José Luis Orella Unzué "Cuatro reinas navarras" qui a la Marguerite des Marguerites soeur de François Ier sur sa couverture. On n'y échappe pas décidément. Et cela tombe bien : Chambord n'avait pas mentionné son nom.
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Atelier d'écriture en banlieue
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Assisté à une restitution d'atelier d'écriture de femmes hier dans un centre social de la banlieue parisienne. Discuté avec une écrivaine parisienne née yougoslave qui "va au peuple" au delà du périphérique de temps en temps dans le cadre de ce genre d'action subventionnée. Nous avons discuté pendant 10 mn de la question de savoir si le conflit yougoslave était une guerre civile ou pas, ce qui me ramenait au temps où je publiais un livre sur les Serbes.
L'ambiance de la restitution était émouvante, mais un peu gâchée, selon moi, par le fait que l'illustratrice de la brochure qui concluait le travail de l'année ait proposé aux participantes de composer un tableau de peinture au pendule pour terminer en beauté. Quand on sait quelles forces occultes peuvent se glisser dans ce genre d'ustensile on ne peut que regretter que des femmes en souffrance se voient imposer ce type de pratique dans un cadre institutionnel. Pour ma part j'ai préféré m'éclipser plutôt que de m'associer à cette invocation collective qui ne disait pas son nom (et dont celle qui l'a proposée ignorait sans doute la nature profonde)...
La dictature de Sylla (82-81 av JC)
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Je regardais hier sur You Tube ce sympathique film en langue anglaise "Julius Caesar" (d'Uli Edel, 2002). Il n'est pas d'un réalisme historique irréprochable. Pour ne parler que de son début, il montre à tort un Caton d'Utique siégeant au Sénat pendant la dictature de Sylla, alors que le futur héros des Républicains stoïciens n'était alors en fait qu'un adolescent, un Pompée qui exfiltre César chez Nicodème (ce qui est faux), et assiste à la mort du dictateur (ce qui est aussi inexact). La question de la captivité du futur père de Césarion chez les pirates dissimule ou, disons, embellit la façon dont il les achète. Mais on peut choisir d'être indulgent avec ces licences romanesques, saluer certains clins d'oeil érudits à Plutarque (par exemple la citation sur le soleil levant et le soleil couchant) et même apprécier cette mise en scène comme, vers la fin du film, celle qui montre la présentation par César et Cléopâtre de leur fils sur le forum romain...
En regardant les premières scènes du film, je me rappelais les phrases brillantes de Saint-Augustin sur la tyrannie de Sylla dans la Cité de Dieu, livre 3 ch XXVIII et XXIX :
"Sylla, qui vint tirer vengeance de ces cruautés au prix de tant de sang, mit fin à la guerre ; mais comme sa victoire n’avait pas détruit les inimitiés, elle rendit la paix encore plus meurtrière. À toutes les atrocités du premier Marius, son fils Marius le Jeune et Carbon en ajoutèrent de nouvelles. Instruits de l’approche de Sylla et désespérant de remporter la victoire, et même de sauver leurs têtes, ils remplirent Rome de massacres où leurs amis n’étaient pas plus épargnés que leurs adversaires. Ce ne fut pas assez pour eux de décimer la ville ; ils assiégèrent le sénat et tirèrent du palais, comme d’une prison, un grand nombre de sénateurs qu’ils firent égorger en leur présence. Le pontife Mucius Scévola fut tué au pied de l’autel de Vesta, où il s’était réfugié comme dans un asile inviolable, et il s’en fallut de peu qu’il n’éteignît de son sang le feu sacré entretenu par les vestales. Bientôt Sylla entra victorieux à Rome, après avoir fait égorger dans une ferme publique sept mille hommes désarmés et sans défense. Ce n’était plus la guerre qui tuait, c’était la paix ; on ne se battait plus contre ses ennemis, un mot suffisait pour les exterminer. Dans la ville, les partisans de Sylla massacrèrent qui bon leur sembla ; les morts ne se comptaient plus, jusqu’à ce qu’enfin on conseilla à Sylla de laisser vivre quelques citoyens, afin que les vainqueurs eussent à qui commander. Alors s’arrêta cette effroyable liberté du meurtre, et on accueillit avec reconnaissance la table de proscription où étaient portés deux mille noms de sénateurs et de chevaliers. Ce nombre, si attristant qu’il pût être, avait au moins cela de consolant qu’il mettait fin au carnage universel, et on s’affligeait moins de la perte de tant de proscrits qu’on ne se réjouissait de ce que le reste des citoyens n’avait rien à craindre. Mais malgré cette cruelle sécurité, on ne laissa pas de gémir des divers genres de supplices qu’une férocité ingénieuse faisait souffrir à quelques-unes des victimes dévouées à la mort. Il y en eut un que l’on déchira à belles mains, et on vit des hommes plus cruels pour un homme vivant que les bêtes farouches ne le sont pour un cadavre. On arracha les yeux à un autre et on lui coupa tous les membres par morceaux, puis on le laissa vivre ou plutôt mourir lentement au milieu de tortures effroyables. On mit des villes célèbres à l’encan, comme on aurait fait d’une ferme ; il y en eut même une dont on condamna à mort tous les habitants, comme s’il se fût agi d’un seul criminel. Toutes ces horreurs se passèrent en pleine paix, non pour hâter une victoire, mais pour n’en pas perdre le fruit. Il y eut entre la paix et la guerre une lutte de cruauté, et ce fut la paix qui l’emporta ; car la guerre n’attaquait que des gens armés, au lieu que la paix immolait des hommes sans défense. La guerre laissait à l’homme attaqué la faculté de rendre blessure pour blessure ; la paix ne laissait au vaincu, à la place du droit de vivre, que la nécessité de mourir sans résistance.
Quel acte cruel des nations barbares et étrangères peut être comparé à ces victoires de citoyens sur des citoyens, et Rome a-t-elle jamais rien vu de plus funeste, de plus hideux, de plus déplorable ? Y a-t-il à mettre en balance l’ancienne irruption des Gaulois, ou l’invasion récente des Goths, avec ces atrocités inouïes exercées par Marius, par Sylla, par tant d’autres chefs renommés, sur des hommes qui formaient avec eux les membres d’un même corps ? Il est vrai que les Gaulois égorgèrent tout ce qu’ils trouvèrent de sénateurs dans Rome, mais au moins permirent-ils à ceux qui s’étaient sauvés dans le Capitole, et qu’ils pouvaient faire périr par un long siège, de racheter leur vie à prix d’argent. Quant aux Goths, ils épargnèrent un si grand nombre de sénateurs, qu’on ne saurait affirmer s’ils en tuèrent en effet quelques-uns. Mais Sylla, du vivant même de Marius, entra dans le Capitole, qu’avaient respecté les Gaulois, et ce fut de là qu’il dicta en vainqueur ses arrêts de mort et de confiscation, qu’il fit autoriser par un sénatus-consulte. Et quand Marius, qui avait pris la fuite, rentra dans Rome en l’absence de Sylla, plus féroce et plus sanguinaire que jamais, y eut-il rien de sacré qui échappât à sa fureur, puisqu’il n’épargna pas même Mucius Scévola, citoyen, sénateur et pontife, qui embrassait l’autel où on croyait les destins de Rome attachés ? Enfin, cette dernière proscription de Sylla, pour ne point parler d’une infinité d’autres massacres, ne fit-elle point périr plus de sénateurs que les Goths n’en ont pu même dépouiller ? "
Au livre 2 chapitre XXIV , le saint a expliqué ce que cette barbarie devait aux démons, c'est-à-dire à l'esprit des Nephilim, si l'on reprend la terminologie de certains débats théologiques actuels.
Montaigne admirait les Romains du Ier siècle av J.-C., Augustin n'y voyait qu'une République aveuglée par les forces des Ténèbres. Je penche pour l'avis du second. Les quelques restes de la vertu initiale de la Rome républicaine et les quelques éclats de sagesse que lui conférait un peu la philosophie grecque (à l'école de laquelle toute la noblesse latine s'était mise) ne compensent pas l'aveuglement moral dans lequel le paganisme plongeait cette cité. Ni le film d'Uli Edel qui glorifie César, ni la Pharsale de Lucain qui idéalise Pompée dans un goût d'ailleurs très discutable (voyez par exemple le récit "gore" de la bataille de Marseille) ne me persuadent du contraire.
Afghanistan : le puits temporel et le vimana
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Dans mon livre sur les Nephilim j'ai parlé de l'histoire des Géants de Kandahar (Afghanistan). Voici une autre histoire qui se rapporte au même pays.
Un article étonnant sous la signature d'un certain Sathish Ramyen en 2016 racontait cette histoire sur Medium.com : à l'été 2012 Obama, Cameron, Sarkozy et Merkel se sont rendus en Inde. Sarkozy à l'époque aurait quitté précipitamment l'Inde pour l'Afghanistan. Pourquoi ? parce que l'US Air Force a fait savoir qu'une ancienne machine volante d'environ 5000 ans appelée Vimana dans les écrits hindous (voir ici), a été trouvée dans l'une des grottes de la chaîne de montagne. Huit militaires américains auraient disparu en essayant de l'extraire.
Pas de chance. Nicolas Sarkozy n'était pas en Inde en 2012 (date aussi reprise dans cette vidéo) mais en 2010. Il faudrait donc rectifier la date de leur visite : décembre 2010 (mais l'article qui propose cette nouvelle date n'est pas plus crédible puisqu'il présente Mahmadsaid Ubaidulloev, auteur d'une déclaration sur les extraterrestres, comme un membre du gouvernement afghan alors qu'il s'agit du président de la chambre haute du Tadjikistan, ce n'était pourtant pas difficile à vérifier).
A l'origine de cette nouvelle, selon le très sensationnaliste site Whatdoesitmean.com de 2011 (qui signe du nom d'une mystérieuse congrégation irlandaise), il y aurait un rapport des Service russe de renseignement extérieur selon lequel non pas 8 mais 50 soldats américains auraient été anéantis dans un puits temporel en cherchant un Vimana. L'article très précis indique que les Américains qui avaient découvert l'existence du puits le 2 mai 2011 en perdant un appareil lors de l'opération pour éliminer Ben Laden et qu'ils ont perdu leurs 50 hommes en tentant, le 5 août suivant, de déplacer le "puits temporel" qui protégeait le Vimana (notons que cette fois-ci on n'est plus en 2010 ni 2012, mais 2011...).
De toute évidence, l'histoire, vu ses multiples déclinaisons et incohérences, est aussi peu crédible que celle selon laquelle, il y a quelques années, les Chinois auraient découvert des documents sanskrits à Lhassa, au Tibet et les auraient envoyés à l'Université de Chandrigarh pour être traduits où le Dr Ruth Reyna y aurait trouvé des instructions pour la construction de vaisseaux spatiaux interstellaires en utilisant le "laghima" qui permet à une personne de léviter. Cette dernière histoire est sérieusement mise en doute par le site "The Sangha Kommune".
Je crois qu'on tombe à nouveau ici dans les légendes inconsistantes destinées seulement à attirer les "clics" et commentaires des esprits rêveurs. Des thèmes à éviter.
Passage chez les Antoinistes
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Le médium Reynald Roussel ayant dit sur YouTube récemment qu’il allait de temps en temps se recueillir chez les antoinistes (une "Eglise parallèle" de guérisseurs), cela m’a rappelé que Régis Dericquebourg, le préfacier de mon avant-dernier livre, avait enquêté sur leur compte. J’ai alors songé que pourrais peut-être moi aussi, leur rendre visite, et par exemple, puisque c’est une Eglise de guérison, leur soumettre une vieille tendinite que je traîne depuis des années. Je sais après mes expériences chez les médiums que ce genre d’aventure n’est jamais complètement « gratuit », il peut avoir des conséquences graves parfois, mais je n’aime pas vivre dans la peur, et puis j’ai tenté après tout des choses tout aussi périlleuses en février dernier lorsque je suis retourné voir en Béarn une magnétiseuse étrange qui avait été initiée chez les Tziganes…
J’ai donc saisi l’occasion de ma pause déjeuner pour me rendre en bus à l’église antoiniste de ma ville, qui se trouve dans un quartier un peu excentré.
Au bout d’une demi-heure, j’étais aux abords d’un bâtisse des années 1930 ou 50. L’affiche à l’entrée indiquait généreusement que l’église était ouverte tout le temps. Je pousse la porte, elle est fermée à clé. Un mot écrit en petit indique de sonner si tel est le cas. Je sonne. Au bout de deux minutes une voix féminine me répond : « C’est pourquoi ? » « Pour une guérison », dis-je. « Vous êtes qui vous ? » ajouta la voix désagréable comme une employée de la Sécurité sociale. « Je croyais que l’Eglise est ouverte à tout le monde » dis-je. « - Oui, c’est vrai mais je ne vous vois pas bien à la caméra. Pouvez-vous reculer svp ?
Bon, je vous ouvre, mais ça va prendre 5 minutes le temps que j’arrive. »
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Enfin la voix ouvrit. C’était une petite dame sexagénaire, au cheveux assez courts frisés. Plus aimable qu’à travers l’interphone, elle me dit « entrez frère », puis commença à m’expliquer : « J’habite dans la partie arrière du temple. Je suis officiante avec mon mari. On peut dire bonne sœur. Vous venez pour quoi ? une prière ? Attendez je vais mettre ma tenue d’officiante. Entrez là en attendant, voici un dépliant que vous pouvez lire. C’est la première fois que vous venez ? La salle de prière est là à gauche. Et là à droite il y a les deux pièces où l’on reçoit les gens ». J’entre donc seul dans la partie gauche où je suis censé me recueillir. Cela ressemble à un temple protestant. En style dépouillé. Il y a au mur un portrait du père Antoine, le fondateur du mouvement dans les années 1900, portrait un peu gauche, et un de sa femme, ainsi que des écriteaux dont j’ai oublié le contenu. Au bout de quelques minutes, la dame ouvre la porte. Elle est vêtue de noir avec une coiffe sombre. Elle me présente son mari qui revient des courses, du même âge qu’elle, enrobé, qui me dit deux mots de leur « culte ». Il me dit qu’ils acceptent toutes les religions. « Nous ne sommes pas une secte » ajoute-t-il. « Oui, dis-je, c’est bien spécifié sur Wikipedia, la Mivilude ne vous classe pas parmi les sectes ». « Oui, surenchérit-il, tout le monde est libre de faire ce qu’il veut ici, on ne demande rien. Mais attention à Internet, il y a à boire et à manger sur ce qu’ils disent sur nous. Donc, oui, on accepte tout le monde. On reconnaît que chaque prophète a été utile à son époque : Moïse, Jésus, Antoine pour notre époque ». « - Il était médium, non ? » « Oui, au début » insiste-t-il comme pour laisser entendre que son envergure avait dépassé celle d’un médium par la suite. « Vous croyez que Jésus est ressuscité ? » demandé-je à tout hasard. L’homme est embarrassé. « Qu’il est ressuscité… heum… non, enfin chacun croit ce qu’il veut, mais nous pensons que c’est un prophète" "- Vous pensez que c'est un prophète comme les Musulmans" fis-je. Il ne relève pas et reprend "Un prophète qui a aidé l’humanité à avancer à son époque, comme Moïse avant lui. D’ailleurs il n’a pas renié Moïse n’est ce pas. Après chaque époque a cru sur lui ce qui lui était nécessaire. Et puis tout le monde évolue. L’Eglise catholique elle-même aussi non ? » « Oui, et pas toujours en bien » dis-je (évidemment je situais parfaitement le propos de mon interlocuteur qui du point de vue chrétien est antéchristique, puisque selon a Bible est Antéchrist quiconque ne croit pas que Jésus est ressuscité, et cela rappelle l’évolutionnisme du Dr Rozier (voyez mon billet de 2017 là dessus).
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La dame parut embarrassée de nous voir disserter de la sorte : "Oh ! moi pour un premier échange je ne dis jamais tout ça. Je suis plus terre à terre, plus pratique. Venez dans la pièce d'accueil (je ne sais plus comment elle appelait cette pièce) vous verrez les questions théoriques plus tard." On se retrouve dans une petite pièce avec là encore des portraits, des écriteaux. La dame fait préciser ce que je veux soigner. Je lui demande si je peux demander pour deux choses. Elle me répond "oh tout ce que vous voulez, vous pouvez même demander de gagner au loto. De toute façon le Père Antoine vous a pris dans son amour à partir du moment où vous avez franchi cette porte, maintenant vous allez voir il va se produire des choses étonnantes vous allez vois. Il y a une dame récemment qui est venue pour un cancer. Dans la foulée tout s'est combiné pour que ses rendez vous médicaux soient annulés et que tout s'arrange." Elle m'explique : "Je vais prier à voix haute. Mon mari, le frère officiant lui ne parle pas, mais moi je parle.
L'Eglise tient à l'anonymat pour que tout le monde se sente libre. Elle me demande quand même comment je les ai connus, ce qui me conduit à parler de mon livre sur les médiums.
Cela ne la fait pas réagir plus que cela. Elle me demande si je viens loin. Je dis le nom de mon quartier. Elle ne le connaît pas. Cela ne fait pas longtemps que le couple vit dans ma ville. Et l'église n'est ouverte en permanence que depuis juillet. Avant la dame a vécu à Auxerre, à Paris, à Valras, et même, toute petite, à Eaux Bonnes en Béarn. Elle a été comptable pour le magazine l'Express. "Vous avez été catholique ?" allais-je lui demander. "Oui" "- Vous avez donc quitté cette Eglise ?" "Non je ne l'ai pas quittée, je le suis encore différemment" allait-elle répondre. Chez les antoinistes on assume toujours le passé tout en le dépassant.
Mais pour l'heure elle fait la prière. Elle a dû briser un morceau d'anonymat en me demandant mon prénom. Donc devant la photo du fondateur elle dit "Voilà Christophe, qui n'est pas venu par hasard puisqu'il a cherché cette Eglise". Elle expose mon problème de tendinite. Puis termine sa prière avec "qu'il lui soit donné selon sa foi et son mérite". A la fin elle se tourne vers moi elle me dit : "Vous devriez aller voir une posturologue, pas une podologue, une posturologue. Comme on ne se connaît pas je ne peux pas vous en conseiller mais parmi les gens qui fréquentent le temple il y en a qui ont eu recours à ça". "C'est un message intérieur que vous avez reçu ?" demandé-je. "Je ne sais pas si l'on peut appeler ça comme ça, fait-elle, disons que ça m'est venu pendant la prière". Et comme elle a été aussi intuitive en songeant que j'avais peut être une jambe un peu plus courte que l'autre, elle ajoute "oh mais ici il n'est pas question de voyance, j'ai pensé à ça c'est tout".
Puis elle va me dire un mot sur leur Eglise devant une photo où l'on voit tous les temples de France (une trentaine peut-être). Leurs cérémonies, leurs prières. Il y a sept ou huit personnes qui y viennent régulièrement. Cela sent la religion sur le déclin. La dame, qui s'appelle Gabrielle je crois, dit qu'il n'y a pas assez de célébrants pour maintenir les temples ouverts. Comme j'ai demandé sur quoi portaient leurs lectures le dimanche, elle me montre deux livres noirs et un vert. Le vert est en vente. C'est la biographie "romancée" (précise-t-elle) du fondateur (ce culte de la personnalité fait vraiment penser au Cercle de Bruno Gröning. Les deux noirs sont les écrits du Père Antoine. Ils ne se vendent pas, mais les gens peuvent les avoir chez eux quand ils "montent" spirituellement en s'étant bien imprégné de l'esprit de leur Eglise. Voilà, elle me conseille de passer encore deux minutes en recueillement dans leur grande salle pour augmenter les chances de guérison. Elle insiste beaucoup sur leurs prochaines réunion de lecture, il y en a une ce soir si je veux. Trois ou quatre fois elle aura fait remarquer qu'on pouvait faire des dons mais que ce n'était pas obligatoire, qu'on était libre, même si enfin il fallait bien que l'Eglise vive, mais bon, de toute façon ils ne veulent rien savoir, tout est anonyme, donc soit on glisse dans la boîte aux lettres, mais ce n'est pas obligatoire.
Je suis parti en glissant discrètement 10 euros. Pas sûr que j'y retourne, sauf si ma curiosité de sociologue me poussait à vouloir en savoir plus sur les gens qui assistent aux lectures et aux "opérations" comme ils appellent leurs cérémonies dominicales. La tendinite est toujours sensible. Mais personne ne m'avait promis que je pourrais "gambader tout de suite comme un lapin" pour reprendre les mots de la dame.
L'ingratitude des enfants
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Je lis dans un hommage de Mgr Fougerat, évêque de Grenoble, à Mgr Blanchet (dont il fut le vice-recteur à l'Institut catholique de Paris), que celui-ci s'adressant aux "Enseignants chrétiens" vers 1959-1960 avait dit : "Il est bon que chacun retrouve dans ses fils la part d'ingratitude qu'il a lui-même témoignée à ses pères, pour communier enfin au parfait désintéressement de Dieu" (Nouvelles de l'institut catholique de Paris, 1er janvier 1967 p. 6)
Gaston IV le Croisé et Mifaget en Béarn
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Je profite de mon séjour à Mifaget en Béarn, dans le quartier du Verger, pour me renseigner sur la saga de Gaston IV le Croisé, Vicomte de Béarn, qui fut coordinateur des armées chrétiennes lors de la prise de Jérusalem (ce qui lui a valu de devenir le héros d'un opéra de Verdi), puis qui mena une première Reconquista héroïque aux côtés d'Alfonse Ier d'Aragon qui le conduisit jusqu'aux portes de Grenade... Une "superstar de son temps" comme on dit... Mifaget est une commanderie qu'il a créée, comme celle de Lacommande, à quelques années d'intervalle. Dans les écoles depuis des décennies on ne nous enseigne plus ce qu'étaient les commanderies, mais, pour faire simple, disons que c'étaient des complexes économiques organisés autour d'un monastère de moines-soldats destinés à protéger les pèlerins - ici il s'agissait des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle, au milieu d'une grande forêt de hêtres (un faget) particulièrement dangereuse.
Puisque les chiens en liberté des petits bourgeois du village empêchent le jogging et même les promenades sereines, je suis aussi allé me recueillir au dernier vestige de la commanderie : l'église Saint Michel qui comporte encore quelques chapiteaux de l'époque romane et une crypte. Les pèlerins remplissent un livre d'or qui félicite la paroisse de laisser l'église ouverte.
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Gaston IV (mort en 1131) aurait été (je suis prudent car le site qui l'affirme semble reconstituer l'histoire à l'image de Pierre Plantard jadis avec son Prieuré de Sion) le premier Grand Maître de l’Ordre équestre du Saint Sauveur du Mont réal (OESSM), ex ordre du Chêne fondé par les rois de Navarre. J'ai évoqué dans mon ouvrage sur le complotisme protestant les spéculations qui existent sur les activités occultes des libérateurs de Jérusalem. J'y trouve un écho dans ce texte du "chevalier Vicomte Mourey de Marboz" qui invite à enquêter sur le compagnonnage propre à l'OESSM et sur le savoir secret qu'il a développé parallèlement à celui des Templiers. Mifaget n'en porte pas la trace en surface. Je ne pense pas non plus qu'il y en ait dans son sous-sol, mais allez donc savoir...
L'élamite linéaire déchiffré par le français François Desset
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L’archéologue français François Desset, du Laboratoire Archéorient à Lyon, a annoncé le 27 novembre 2020 qu’il avait réussi à déchiffrer des inscriptions en élamite linéaire vieilles de 4 400 ans dans le Royaume d'Elam au sud-ouest de l'Iran actuel. Contrairement au cunéiforme mésopotamien (apparu semble-t-il au même moment), qui est un système d’écriture mixte alliant des phonogrammes (signes transcrivant un son) à des logogrammes (signes transcrivant une chose, une idée, un mot), l’élamite linéaire présente quant à lui la particularité, unique au monde au 3ème millénaire avant J.-C., d’être une écriture purement phonétique (avec des signes notant des syllabes, des consonnes et des voyelles). Le magazine Sciences et Avenir précise que le "déclic" du déchiffrement s’est produit en 2017, après dix ans de recherches, lors de l’analyse d’un corpus de 8 textes rédigés sur des vases en argent, qualifiés de "vases gunagi", datés vers 2000-1900 avant J.-C. et venant de tombes de la région de Kam-Firouz (à l’heure actuelle conservés dans une collection privée à Londres). Comme ces vases présentaient des séquences de signes très répétitives, standardisées à vrai dire, l’archéologue a pu ainsi repérer les signes servant à noter les noms de deux souverains, Shilhaha et Ebarti II (ayant régné tous les deux vers 1950 avant J.-C.) et de la principale divinité vénérée alors dans le sud-ouest de l’Iran, Napirisha.
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François Desset devient donc la troisième gloire française du déchiffrement après l’abbé Barthélémy (1716-1795) qui a en 1753 décrypté l’alphabet palmyréen, puis, en 1754, l’alphabet phénicien et Jean-François Champollion (1790-1832) qui a déchiffré les hiéroglyphes égyptiens.
il coiffe sur le poteau notamment (en utilisant sa base de données) Jacob Dahl de l'université d'Oxford qui en 2012 se disait sur le point d'arriver au même résultat.
L'élamite est considéré par la grande majorité des linguistes comme un isolat linguistique , car il n'a pas de lien démontrable avec les voisins langues sémitiques , les langues indo-européennes , ou sumérienne , bien qu'ayant adopté sur le tard l'écriture cunéiforme akkadienne . Divers chercheurs russes ont cru trouver une souche commune avec le dravidien (Inde du Sud) mais cela est contesté. De même on n'a pas d'idées précises du rattachement ethnique des Elamites, d'autant que plusieurs types de peuplements semblent s'être succédés dans le royaume d'Elam. Certaines représentations ont pu laisser penser qu'il s'agissait d'une population à peau noire. Enrique Quintana Cifuentes de l'université de Murcie (Espagne) note que ce fut probablement le cas sous la dynastie d'origine indienne des Simashki (1930-1880 av. JC, c'est à dire juste après Shilhaha et Ebarti II et les vases gunagi ou juste à la même époque à quelques décennies près, quelques décennies avant le règne de Sesostris III en Egypte dont on parlait ici), bien que la Bible en Génèse 10:22 situe Elam dans le lignage de Sem (et des sémites).
Les traces de la présence de Jacob et Joseph en Egypte selon Douglas Petrovich
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Si vous avez lu mon livre sur les Nephilim, vous avez remarqué qu'on y parle, entre autre, d'archéologie, principalement babylonienne, mais on y parlait un peu aussi de l'Egypte, et j'y mettais en valeur les travaux impressionnants de l'américain Michael S. Heiser. L'heure est venue maintenant de présenter les recherches d'un autre historien Douglas Petrovich (Doug Petrovich). Je précise que mon propos n'est pas de dire s'il a raison ou s'il a tort, ou s'il faut partager toutes ses convictions (par exemple sur le créationnisme) ou seulement une partie. Je vous présente simplement ses travaux, ou ce que, pauvre Béotien, j'en comprends, et je réserve tout jugement pour plus tard (pour dans quelques années).
Un des intérêts immédiats pour moi est de m'aider à concevoir sur un mode plus concret, plus matériel, le rapport possible entre la culture proto-israélite et la culture égyptienne, même si un jour il pourra s'avérer que les interprétations de Petrovich à ce sujet étaient complètement fausse (cela dit il n' y a peut-être jamais de démenti définitif en matière d'archéologie, même laïque, lorsqu'il s'agit de périodes très reculées). C'est comme une béquille à l'imagination, non pas une béquille subjective qui peut partir dans tous les sens comme celle de ces ésotéristes qui finissent par nous faire arriver chez les "civilisations extra-terrestres", mais une béquille armée d'objectivité, puisque Petrovich, pourvu d'une formation de théologie a, comme Heiser, fait l'effort d'obtenir un doctorat d'histoire ancienne dans une université "laïque" et aujourd'hui fait l'effort d'intégrer des instruments rationnels à la confrontation avec les textes sacrés inspirés.
Je vais ici résumer le contenu des deux conférences ci-dessous qui portent sur la présence des patriarches de l'Ancien testament en Egypte : Jacob, Joseph, Manassé (Genèse 41:50) et Ephraim. Lorsque le sujet mérite quelques éclaircissements, je procèderai à quelques ajouts.
Jacob est mort en Egypte. Selon D. Petrovich il est arrivé à Avaris (Tell El-Dab'a, à l'entrée du delta du Nil en venant de Canaan) en 1876 av JC selon la chronologie biblique à l'époque de la grande famine de 7 ans. Il y est resté jusqu'en 1859, soit 17 ans (Genèse 47:11). En 1859, on est dans la phase de transition où le pharaon de la XIIe dynastie Sesostris III Khakaourê qui régnait depuis 1878 porte son fils Amenemhat III au statut de co-régent.
Dans les fouilles du site d'Avaris, la phase H (strate D2) est celle qui correspond à la XIIe dynastie. Elle est celle de la première occupation de peuples en provenance du Levant (Palestine-Phénicie).
Au nord d'Avaris (cf carte ci dessous) se trouve le temple d'Amenamhat Ier, fondateur de la dynastie, où les Hébreux construisirent une digue comme cela est indiqué dans la Bible.
Tandis que les Hébreux vivaient au sud-ouest (cf les zones explorées en noir).
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Les tombes dans cette zone sont des superstructures élevées car la nappe phréatique relativement superficielle empêchait d'enterrer les morts en profondeur. On a trouvé une maison d'architecture typiquement lévantine. C'est une maison tripartite avec quatre pièces qu'on retrouvera en Israël à partir de 950 av. JC - voir ici. D. Petrovich n'a aucun doute sur le fait qu'il s'agit de la maison du patriarche Jacob. Ce style architectural aurait été conservé pendant mille ans. L'historien envisage même d'explorer le véritable site de Béthel (il semble que les archéologues hésitent entre plusieurs sites) et espère y découvrir une maison de même plan, celle où vivait Jacob avant de venir en Egypte, ce qui pourrait tendre à prouver selon lui que les fondations retrouvées à Avaris sont bien celles de la nouvelle maison de Jacob.
Joseph a pris pour nom en Egypte Sasobek, "fils du dieu qui procure la prospérité du Nil" et aussi "Hohemhat Junior" ("Le roi des dieux est au premier rang" - ce qui correspond à la parole de Joseph dans Genèse 41:16 "ce n'est pas en moi"). Les deux noms auraient été contractés : Sobekemhat.
Le nom de Sobekemhat est connu par une mastaba trouvée à Dahchour (dans la vallée du Nil) où se trouvent plusieurs tombes de la XIIe dynastie, juste à côté de la pyramide de Sesostris III. Joseph a grandi en pays de Canaan au moment où régnait le pharaon de l'abondance Sesostris II (1897-1878) et sa fonction de vizir décrite dans la Bible peut avoir correspondu à la totalité du règne de Sesostris III.
On trouve sur la tombe de Sobekemhat le titre qui ne revient nulle part ailleurs dans les vestiges égyptiens de "contrôleur/commandant de tout le pays", ce qui est le titre que le pharaon donne à Joseph dans Genèse 41:41. Ce titre (encadré en vert ci dessous) n'a jamais été donné à aucune autorité égyptienne, c'est pourquoi les égyptologues se sont carrément abstenus de le traduire quand ils reproduisent toute la formule, en estimant que c'est une erreur de scribe. Le titre dans le rectangle rouge aussi correspond mot pour mot à ce que dit la Bible de l'autorité de Joseph.
Les Français qui ont découvert cette mastaba au début du XXe siècle, ont indiqué que le sarcophage a été enlevé. Or selon la Bible, son corps fut ramené en Canaan en 1446 av JC. Il a donc pu être enterré là à sa mort (en 1805 selon certaines datations) et amené près 350 ans plus tard en Terre Promise (min 36 de la première vidéo).
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A la mort de Jacob, quand son fils Joseph lui amène ses deux fils Manassé et Ephraim (fils d'une mère égyptienne) pour les faire bénir par son père, Jacob dit dans la Bible que Dieu lui était apparu à Luz et lui avait dit que ces deux enfants nés en Egypte (de mère égyptienne) seraient à lui (Genèse 48-5), ce qui signifiait qu'il fallait égyptianiser la culture hébraïque.
Selon D. Petrovich, les deux chambres retrouvées au dessus de la maison tripartite peuvent être celles de Manassé et Ephraim, qui se sont installés dans la maison de leur grand père à Avaris puis l'ont agrandie jusqu'à lui donner une dimension palatiale : la forme en rouge ci-dessous représente la maison tripartite originelle, les traits noirs ceux de l’agrandissement palatial (20 mn de la seconde vidéo).
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Une autre preuve de l'implantation d'une culture proto-israélite à Avaris est, pour Doug Petrovich, le fait qu'on y ait retrouvé une hache à bec de canard (duckbill axe) typiquement cananéenne de cette période. On y a aussi trouvé (F/1-p/19 tombe 1) la sculpture d'une tête, dont la coiffure est typique du Levant de cette époque. Dans la même tombe un morceau de la statue d'un homme correspondant à l'épaule droite avec des restes de pigmentation rouge, noir et blanc, ce qui, selon la reconstitution d'un artiste, pouvait correspondre aux motifs ci-dessous et peut donner une idée de la tenue d'apparat des hommes de la famille de Joseph.
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Sur le fragment de piédestal de la statuer figure le mot qui signifie en égyptien "encens" ce qui indique qu'elle a été faite en l'honneur d'un mort. L'égyptologue Dorothea Arnold a montré que le style de cette statue correspond exactement à celui des productions statuaires du règne d'Amenemhat III contemporain de Joseph (qui est mort après le règne de ce pharaon). Cela plaide dans le sens que la statue représente Jacob (mort en 1859 av JC) et non Joseph.
Ont été retrouvées dans le Sinaï (à Sarabit al-Khadim près d'une mine de turquoise) les premières lettres d'un alphabet qui est sémitique et conçu à partir des hiéroglyphes. Dans les années 1920, un égyptologue allemand a affirmé que c'était de l'hébreu. Il a été méprisé pour cela. Il est vrai que certaines de ses interprétations étaient fausses. D. Petrovich a examiné divers mots non élucidés jusqu'à comprendre toutes les lettres et les images qu'il y avait derrière. Fin 2016 il a publié "The World's oldest alphabet", qui lui a valu avant même sa publication, avant même d'avoir pu lire son argumentaire, une dénonciation par trois pontes (tout cela est cité dans le site Patterns of Evidence et le film du même nom). Une des inscriptions tardives de la série (Sinaï 361) mentionne Moïse (Mem-shin). Une de ces inscription sur des stèles, Sinaï 115 (qu'on date de 1842 av JC, année 18 du règne d'Amanemhat III), renvoie à la deuxième phase d'occupation cananéenne d'Avaris. On repère en haut à gauche une plume (cf ci dessous), à gauche de la plume une bouche, et au milieu une boîte non identifiée. Il y a aussi une sorte de sablier. Il a interrogé un spécialiste des langues sémitiques retraités, il a estimé que le sablier était un syllabique cananéen bien connu correspondant au son "oui". La boite est appartient au plus ancien alphabet. Le mot avec la plume est "Itchenoui", mot par lequel les Lévantin se désignent (équivalent de Rétjénou quand il est vu par les Egyptiens). Un autre terme peut se traduire par "maison du dieu de la terre" soit Bethel, qui a pu marquer ces Lévantins qui s'identifiaient à cette ville. Cela ferait une référence à Israel plus ancienne que le mot "Israel" trouvé sur la stèle de Merenptah de 1219 av JC ou celui du piédestal de Berlin de 1446 av JC (la période de l'exode).
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Si l'on regarde cette deuxième phase d'occupation asiatique d'Avaris (d/1), elle correspond à la vie de Manassé et Ephraim. Dans la nécropole au sud du complexe palatial (ou de la villa, puisqu'il n'y a pas de salle du trône) correspondant à cette période (F/1-m/18), plus précisément dans la tombe 3 la plus grande de celle de la zone, où furent découverts aussi des restes de moutons, chèvres et ânes, se trouvait la trace du principal occupant de la tombe, dont sa hache à lame étroite, qui est aussi cananéenne et non égyptienne, contre son fémur. La tombe comprend un bracelet en or, un bracelet en argent, un récipient en albâtre. Autant de signes de richesse. et surtout une bague dorée avec un scarabée en améthyste qui servait de sceau. Il est écrit dessus "the ruler of Retjenu Di-Sobek-em.hat", "le dirigeant de Rétjénou Di-Sobekemhat". Rétjénou est la région du Levant. L'inscription pourrait se lire comme le dirigeant "qui vient du Levant". Di-Sobekemhat veut dire qu'il a été nommé par Sobekemhat. Ce peut donc être la tombe d'Ephraim.
Si l'on se reporte à l'inscription égyptienne sur la stèle 112 du Sinaï (cf ci dessous), on y voit une scène représentant deux personnages, un intendant avec, sur un âne, son maître, "frère du chef de Rétjénou, Hebeded, qui est un participe passé: "celui qui a été défavorisé".
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Dans Genèse 48 quand Jacob bénit les deux fils de Joseph, il pose sa main droite sur le plus jeune Ephraim et lui accorde donc la priorité dans l'héritage. La même représentation sur la stèle 405 où les personnages portent un kilt qui évoque un lien avec la culture cananéenne fait figurer pour l'homme devant l'âne à la lance sur l'épaule (un personnage qui grandit d'une stèle à l'autre, comme un enfant), le nom de "Skm", qui se lit Shekam, mot qui figure dans Josué 17:2 en hébreu sous la forme de francisé de Sichem (Sekem en anglais), désignant un des fils de Manassé, ce qui est une raison de plus de penser que le "défavorisé" sur l'âne, qui fut chargé de gouverner cette petite ville du Sinaï est Manassé, et l'homme à la lance son fils.
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Identifying Joseph and Early Hebrew. November 12, 2019
Conférence de 2017 : "Is There Evidence for Manessah and Ephraim in Egypt? "
Le prince de Montpensier à Pau
Extrait de S. A. R. monseigneur le duc de Montpensier dans le département des Basses-Pyrénées (23-28 août 1843) :
(p. 15 et suiv). La ville de Pau présentait hier un de ces spectacles qui font époque dans les souvenirs d'une population. Après dé longs jours d'attente, elle voyait enfin arriver le jeune Prince qui va livrer à son amour une image dont la vénération s'est transmise de génération en généralion dans le Béarn ; elle venait assister à ces fêtes qui inaugureront si brillamment notre monument le plus populaire, le plus national,
Dès le matin, un grand nombre" de maisons avaient été pavoiséés des couleurs nationales ; on entendait battre lerappel: les tambours, les clairons, les musiques militaires, se répondaient d'une rue à l'autre, et à ce bruit, des masses d'habitans se portaient sur le passage du cortège.
La garde nationale et la troupe de ligne étaient échelonnées depuis la place Henri IV, jusqu'au milieu du pont de Jurançon, limite de la ville. Des détachemens d'infanterie stationnaient sur différents points, et notamment sur la place Henri IV. La garde nationale à cheval, chargée d'escorter la voiture du Prince, la gendarmerie, l'escadron de chasseurs étaient allés à la rencontre de S. A. R. précédés, d'un nombreux étatmajor à là tête duquel se faisait remarquer notre brave et illustre compatriote, M. le lieutenant-Général Harispe, entouré de MM. les maréchaux-de-camp baron Jacobi, commandant le département des Basses-Pyrénées , Rachis, commandant le département des Landes, Simon Lorière, commandant le département des Hautes-Pyrénées, et de plusieurs autres officiers-généraux.
M. le Préfet, qui était allé, comme nous l'avons
annoncé, recevoir S. A. R. aux Eaux-Bonnes, sur les limites du département, faisait aussi partie, de ce cortège.
Nous ne saurions donner trop d'éloges à la tenue parfaite et au zèle des gardes nationaux qui étaient venus répondre à l'attente de la cité.
Les gardes nationales des communes voisines étaient aussi accourues. Elles marchaient précédées de leurs autorités municipales, les maires et adjoinds ceints de leurs écharpes. Chacune d'elles avait sa bannière tricolore portant le nom de la commune et ses tambours ou sa musique rustique. Ce n'était pas là le coup d'oeil le moins pittoresque de la fête.
Le corps municipal de Pau et MM. les officiers en retraite s'étaient rendus à l'entrée de la ville pour attendre S. A. R.
A 11 heures et demie, des, cris d'allégresse ont annoncé que le Prince traversait le village de Jurançon, et quelques instans après on a vu déboucher le cortège à la tête duquel s'avançait M.gr le duc de Montpensier, monté sur un cheval blanc et en costume de Capitaine d'artillerie. — Aussitôt, le Prince s'étant arrêté, les cris de vive le Roi, ont éclaté, et M. le Maire a dit :
« Monseigneur,
« Henri de Béarn entrait dans Nérac. Désolées par la guerre civile, les campagnes s'étaient appauvries ; de nombreux agriculteurs, chassés par la faim, racontaient leur misère aux portes de la ville. « — Suivez-moi, dit le jeune Prince. » Il s'enquiert de la somme destinée aux solennités qui l'attendent, et, compatissant, la fait verser dans la main nécessiteuse. — Plus heureuse que Nérac, sauvée, comme le Pays, d'affreuses luttes par une haute sagesse, la ville de Pau peut à la fois vous offrir un hommage et soulager l'infortune. Oui, Prince, c'est ici la fête de tous, et ce rêve de votre Aïeul, à la simple et touchante formule, la poule au pot, est au-
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jourd'hui du moins , une réalité. Le pauvre le sait déjà. — Henri avait vingt ans alors ; Monseigneur, c'est votre âge. Laissez-nous dire que nous aimons à pressentir une heureuse ressemblance. Oui, vous aurez son humanité, l'exemple vous en vient chaque jour de bien près. Comme en lui, l'égalité vous sera une facile règle. Votre éducation libérale, cet accueil à tous dont nos Pyrénées garderont le récent souvenir, garantissent en vous ce sentiment. Vous aurez enfin ses vertus, guerrières; votre sérieux apprentissage de l'art militaire vous y prépare; et n'êtes-vous pas d'ailleurs de ce faisceau de jeunes et nobles Princes qui se battent en soldais et commandent en généraux ? — Entrez, Monseigneur, dans la Ville de votre Aïeul ; ses portes vous sont ouvertes ; nous vous y serrerons de près. »
Nous regrettons, de n'avoir pû recueillir toutes les réponses pleines de bonheur et d'à-propos, que le Prince a faites à chacun des discours qui lui ont été adressés. Nous croyons du moins pouvoir reproduire avec fidélité le sens des paroles du Prince, en réponse à la harangue de M. le Maire :
« C'est avec le plus grand plaisir, Monsieur le Maire, que je viens au milieu de vous assister à l'inauguration du Roi Béarnais, que je suis fier de compter parmi mes ancêtres. Ces souvenirs si vivans parmi vous que vous venez de me retracer avec bonheur, me causent une' émotion profonde. — J'espère que les habitans de ce beau pays voudront bien reporter sur les Fils une partie de l'affection qu'ils conservent loujours pour la mémoire d'Henri IV. — Je vous remercie, M. le Maire, de tous les voeux que vous venez de m'exprimer au nom duconseil municipal de la ville dé Pau. »
Pendant ce temps, une salve de 21 coups de canon annonçait l'entrée du petit fils d'Henri IV dans la cité Béarnaise ! L'effet de cette marche lente et solennelle présentait
quelque chose d'imposant ; l'émotion était grande à la vue de ce jeune rejeton du Béarnais s'avançant au milieu des flots pressés de la population vers l'antique demeure de son Aïeul. — Le Prince saluait de la manière - la plus gracieuse, la foule avide de contempler ses traits, sa taille svelte et élégante, sa tournure aisée, son air affable comme celui d'Henri. Il paraissait éprouver une vive satisfaction de se voir l'objet d'un pareil empressement.
Certes, M.gr le duc de Montpensier ne pouvait choisir pour faire son entrée à Pau , une route qui pût mieux réveiller en lui les souvenirs du grand-Roi. Bien avant la Croix du Prince , où il a quitté sa voiture pour monter à cheval, sa vue a dû se porter constamment sur le Manoir de Gaston-Phoebus. Delà, cet édifice se présente dans toute sa majesté. Le vieux donjon s'était paré pour le recevoir des couleurs tricolores. Un immense drapeau flottait à son sommet et de larges banderoles ondulaient sur ses murs. — L'entrée de Pau , par celle route, offre un aspect très-pittoresque} et jamais assurément cet aspect n'avait été pins beau qu'hier, avec toutes les terrasses chargées de spectateurs , des milliers de dames aux croisées et le bruit retentissant et continuel des symphonies militaires.
Le Prince a traversé ainsi la partie de la ville qui s'étend sur les terrains formant autrefois les dépendances du Château, et est allé meure pied à terre au lieu où naquit son Aïeul, il y a 290 ans.
Les autorités ont été admises quelque temps après à lui présenter leurs hommages.
Les présentations ont eu lieu dans l'ordre suivant :
Le lieutenant-général Harispe , commandant la division, avec son état-major. — La Cour Royale. — Le Préfet.— Le Conseil-général. — L'Evêque et le clergé. — L'Etat-major de la garde-nationale. — L'Etat-major
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de la division et les officiers du génie. — Les SousPréfets des arrondissemens et les conseillers de préfecture. — Le tribunal de première instance. — Le tribunal de commerce. — Le Conseil-Municipal. — Les officiers en retraite. — L'Université et le Collège. — Les Consuls, étrangers. — MM. les ingénieurs. — Les administrations des Forêts ; — des Finances ; — de l'Enregistrement ; — des Postes ; — Du Haras ; — Des Contributions directes et indirectes. — MM. les officiers de la garde nationale de Lescar. — M. le secrétaire-général de la HauteGaronne. — M. le Sous-Préfet de S.t-Gaudens.
Discours de M. Amilhau, premier présidant de la Cour royale.
« Monseigneur,
» Après les révolutions profondes qui renouvellent la face des nations, les peuples éprouvent le besoin de faire un retour vers le passé et de consacrer par les Lettres et les Arts les grandes époques de leur histoire.
» Placé entre deux mondes que séparent la Réforme et la Renaissance, un Prince né dans ces contrées fut élevé au trône par l'élément, moderne luttant au seizième siècle, La politique habile qui lui en fraya le chemin, contribua plus que tout autre cause à la chute du moyen-âge. Le vainqueur de Mayenne, le héros de la bataille d'Ivry, cette âme noble et fière sut allier au courage les vertus les plus généreuses ; il sut vaincre et pardonner, et fut de ses sujets et le Père et le Roi.
» Associé à tous les intérêts, à toutes les gloires de la France, le Roi ne pouvait céder qu'à ses fils l'honneur d'inaugurer la statue d'Henri le Grand ; dominant, à son exemple, les événemens par sa sagesse au milieu des troubles et des malheurs de la Patrie, il a eu, comme lui, le bonheur de rétablir l'ordre et d'assurer les bienfaits de la paix.
» Dans ce Palais fut le berceau de votre famille, Monseigneur ;
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chacun de vos pas foule une terre pleine de glorieux et brillans souvenirs. Deux Princes, vos frères, la parcoururent naguère au milieu des plus nobles et des plus vives sympathies. Dieu a rappelé à lui une puissante intelligence ; la France s'en est émue, l'histoire redira sa douleur et ses regrets. Là haute raison, et les qualités éminentés du Prince qui lui survit, nous donnent une légitime confiance dans notre avenir.
» Vous êtes mêlé à toutes nos espérances, Monseigneur ; animé de l'amour de la patrie, vous portez son drapeau et vous vous préparez à verser votre sang pour elle. Aux qualités de vos frères, vous joignez la bonté de votre aïeul ; vous êtes tout à nous, et dans ce solennel tribut payé par les Béarnais à la mémoire de leur Roi, vous retrouvez une fête de famille.
» La Cour Royale vient toute entière vous offrir son respectueux hommage. Dites au Roi, Monseigneur, que le plus jeune de ses Fils n'a trouvé au sein de ces populations loyales et fidèles que des sentimens d'admiration , d'amour et de reconnaissance. Dites-lui que la Magistrature , dont je suis l'organe , ne forme qu'un voeu , celui de lui exprimer plus dignement ces pensées dans le palais de son Aïeul. »
Discours de M. le comte de S.t-Cricq, Pair de France, président du Conseil-général.
« MONSEIGNEUR ,
« Le Conseil Général de ce département est heureux de se trouver appelé dans ce moment à ses travaux annuels, puisqu'il lui est ainsi donné d'apporter à V. A. R. l'hommage de son respect et de son dévouement. Il lui est doux de saluer l'un des premiers votre entrée dans cet antique palais de vos pères, restauré par une munificence toute filiale , et dont vous semblez venir reprendre aujourd'hui possession au nom de votre royale maison.
» C'est toujours pour, les Béarnais une fête de famille que la présence de leurs Princes : la vôtre, Monseigneur, nous
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devient plus chère en ce jour, par la mission que vous venez accomplir au milieu de nous.
« Le Roi, nous, le savons de lui-même, aurait vivement
désiré de présider en personne à la solennité qui se prépare. Retenu par les devoirs, si souvent amers, de la Couronne, il
a voulu être représenté par le plus jeune de ses fils , comme pour nous dire: celui-là aussi sera digne de sa race !
» Et nous, Monseigneur, témoins heureux, avec tous les Français, des brillants services déjà rendus à la Patrie par vos nobles frères ; charmés de cette ardeur que vous faites paraître, de cette grâce" chevaleresque qui déjà vous a fait aimer dans nos contrées, nous . disons avec Votre Auguste Père : tous, ils sauront continuer notre Henri. »
Discours de Monseigneur l'Evêque.
« Monseigneur,
» Votre présence dans la cité d'Henri IV et dans le palais de ce bon Roi, fait tressaillir tous les coeurs Béarnais. Le Clergé s'associe avec empressement à cette manifestation de voeux et de sentimeus dont vous êtes l'objet, car il sait ce que promettent à la Religion et à la Patrie les éminentes qualités de Votre Altesse. Elle a reçu du Ciel, comme le premier des bienfaits, un esprit élevé, un coeur noble et généreux ; la sagesse du Roi l'a entourée de ses conseils, et par les soins d'une Mère auguste, modèle de douceur et de piété , elle a connu de bonne heure le prix de la foi et la pratique des vertus. La voix publique n'a pas tardé à nous apprendre , parce qu'une épreuve solennelle et rigoureuse l'avait constaté, combien vos progrès dans les sciences humaines ont été brillants et rapides. Ce sont là , Prince , comme de belles fleurs au printemps de votre âge; déjà elles portent leurs fruits, et la France les recueille avec bonheur. Honorez toujours la Religion comme elle vous honore ; aimez noire beau Pays comme vous en êtes aimé ! que l'Ange du Seigneur qui a délivré le Roi de tant de périls, veille sur vos destinées ,
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et qu'il sbit donné à Votre Altesse de voir jusqu'aux limites les plus reculées de la vie, la France toujours en paix et toujours heureuse ! »
Le Prince a remercié M.gr l'Évêque et s'est recommandé aux bonnes prières de sa Grandeur et de tout son Clergé. Puis, il à ajouté avec une grâce parfaite. « Le Roi m'a chargé de vous remettre ce témoi» gnage de son estime : Je suis heureux de m'acquitler » de cette mission. » Et en disant ces mots, Son Altesse déposait dans les mains du Prélat la Croix de la Légion-d'Honneur.
Discours de M. Puyào, commandant de la garde nationale.
« Chaque fois que nos Princes honorent la ville de Pau de leur présence, nous nous empressons de leur offrir nos hommages et l'expression de notre dévouement et de nos sympathies pour le Roi.
» C'est avec le même bonheur aujourd'hui que nous prions V. A. R. d'agréer la nouvelle et plus vive expression de ces mêmes sentimens qui animeront toujours la garde nationale de Pau.
» Je me sens heureux et fier d'être son interprête auprès de vous, Monseigneur, dans une circonstance aussi mémorable pour la cité qui a vu naître notre bon et grand Roi Béarnais. »
Discours de M. Lacortiade, au nom du tribunal de première instance.
« Monseigneur,
» Le tribunal de première instance de Pau vient s'associer avec empressement au sentiment général d'allégresse, et de sympathie qu'inspire la présence dé votre Altesse Royale dans nos contrées.
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» Nous sommes heureux et fiers de présenter nos hommages, auprès du Berceau du Grand Henri, à un descendant de ce bon Roi , dont le nom, cher à tous les coeurs Français, réveille dans cette enceinte de si doux , souvenirs, à un de ces jeunes Princes qui sont l'orgueil de la Patrie, la joie, la consolation de leur auguste Père, et se montrent dignes, chaque jour, de marcher à la tête d'une grande nation.
» La solennité que vous venez célébrer en l'honneur de la plus grande gloire du Béarn, a remué ici trop profondément tous les coeurs, pour ne pas y laisser des traces ineffaçables.
» Chacun de nous se rappellera avec bonheur le Prince qui en aura été le plus bel ornement, et ne , cessera de l'accompagner, de ses voeux et de son amour, dans la brillante carrière qu'il est destiné à parcourir.
» Nous n'oublierons pas, Monseigneur, que votre présence au milieu de nous, pendant ces jours de fête, est une insigne faveur, qui met le comble à toutes celles que la bienveillance Royale se plaît à répandre sur cette Cité.
» Daignez, Monseigneur, mettre aux pieds du trône, la respectueuse expression de notre reconnaissance, ainsi que les protestations bien sincères de notre fidélité et de notre dévouement. »
Discours de M. Bégué, président du tribunal de commerce.
Monseigneur ,
« Le Béarn a vu enfin ériger la Statue du plus grand de ses Rois.
» Puissant homme de guerre , négociateur heureux et habile, plus grand administrateur, Henri IV, né Roi d'un pays libre, se montra digne de gouverner une grande nation ; il comprit que le bonheur des peuples ne se consolide que par la paix, la concorde et la tolérance.
» Habitans du Midi, nous n'avons pas oublié que sous
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l'égide de son édit de Nantes, nous eûmes d'immenses prospérités, que long-temps alors nous avons été en possession de la suprématie commerciale et industrielle. » Nous n'avons pas oublié qu'après la révocation de cette sage et grande mesure, notre pays fut couvert de ruines douloureuses et imméritées.
» Retirer dé l'oubli la mémoire du grand, du bon Henri, était digne du Roi, qui, lui aussi, a su ne rien préférer à la paix que l'honneur.
» De ce Roi, qui , protecteur éclairé du travail, apprit à ses fils que s'ils sont les premiers dans l'Etat, ils ont aussi envers lui les plus grands devoirs.
» Monseigneur , dites au Roi notre profonde gratitude pour la munificence qui dota notre ville, de l'image du plus illustre de ses enfans.
» Dites-lui qu'à côté du souvenir que nos coeurs garderont de ce don, vivra tout aussi impérissable celui du Prince qu'il envoya présider à cette grande solennité. »
Discours de M. Balencie, inspecteur de l'Académie. « Monseigneur,
» Le corps Académique et les fonctionnaires du Collége royal de Pau viennent vous présenter l'hommage de leur respect et de leurs voeux.
» La présence si désirée de votre Altesse Royale dans là cité qui se glorifie d'avoir vu naître le meilleur de, nos rois, a excité , parmi ses habitans, des élans d'amour et des transports d'allégresse.
» Le malheur des temps nous avait ravi l'image chérie, de ce prince vaillant. Son digne et immortel descendant nous l'a rendue , et pour ajouter encore à notre bonheur , Sa Majesté a délégué à un de ses augustes Fils la, pieuse mission de l'inaugurer, comme si elle avait voulu nous montrer , par cette double faveur, ce que déjà nous savions tous, qu'elle a pris pour modèle son illustre aïeul, ce Roi si connu pour sa paternelle
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sollicitude pour le, peuple, et dont le peuple reconnaissant a gardé la mémoire.
» Le premier bienfait, je dirai plus , Monseigneur, la première dette de tout Gouvernement envers le peuple, c'est l'instruction primaire; qui a pour objet de le rendre meilleur, et, par conséquent, plus heureux.
» La loi qui a fait pénétrer cette instruction jusques dans les plus petits hameaux du Royaume , est une loi éminemment morale et philantropique. Elle suffirait, à elle seule , pour immortaliser le règne de Louis-Philippe.
» Je me félicite, Monseigneur, de pouvoir annoncer à V. A. R. que, dans notre contrée, cette loi a déjà porté ses fruits, au-delà de toute espérance.
» Dans, une région plus élevée , l'instruction secondaire, sous la sainte influence de la religion , sous les lois d'une sage et ferme discipline, suit aussi, parmi nous, le mouvement progressif que l'Université imprime chaque jour de plus en plus aux études classiques.
» A mesuré que les lumières s'étendent et se propagent, le besoin des études se fait vivement sentir. Aussi, jamais la nombreuse jeunesse de nos écoles ne montra tant d'émulation et d'ardeur pour le travail ; jamais elle ne fut si sérieusement préoccupée de son avenir.
Et comment n'en sérait-il point ainsi, lorsqu'on voit les dignes fils de notre Roi, après avoir reçu avec elle, au sein de l'Université , la même éducation nationale, se soumettre à la loi commune, et ne vouloir tenir un grade , dans la carrière des armes, que du mérite personnel et des épreuves publiques d'un concours.
» Je m'estime heureux, Monseigneur, qu'il m'ait été donné , en l'absence du chef de l'Académie , de rendre devant V. A. R. , ce public et juste témoignage , que dans les trois départemens du ressort, élèves et maîtres, tous rivalisent de zèle et d'efforts, pour répondre dignement à l'attente du Roi et du Pays. »
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Le général Larriu, en présentant MM. les officiers retraités au Prince, s'est exprimé en ces termes :
« Monseigneur, les officiers retraités vous présentent leur respect et prient Votre Altesse de recevoir , par mon organe, la nouvelle assurance de leur dévoûment sans borne à votre auguste famille.»
Le Prince a répondu :
« Je la reçois avec plaisir de votre bouché. »
Ensuite M. le lieutenant-général Harispe a présenté au Prince MM. les colonels Oiivet et Lèbre.
Immédiatement après les réceptions , le Prince s'est rendu aux Courses, dans une calèche escortée par la garde nationale à cheval. A sa rentrée au Château , S. A. R. a présidé un banquet offert par Elle aux principaux fonctionnaires et notabilités du Département.
A 9 heures du soir, le Duc de Montpensier a assisté au Concert et au Bal donnés, par la ville.
C'était dans la vaste enceinte de la Halle que le Concert avait été disposé. Une immense estrade en gradins avait été dressée pour l'orchestre. Près de trois cents exécutans, choristes et instrumentistes, conduits par M. Habeneck, étaient là attendant le signal. L'auditoire se composait d'environ dix mille personnes.
Tout l'intérieur de la Halle était éclairé comme une salle de théâtre. Un lustre occupait le milieu de la voute. Les murs étaient tapissés de guirlandes de feuillage ; c'était partout de la verdure, de la lumière. Les personnes invitées pour le bal occupaient les galeries et les escaliers. Au bas se pressait une foule innombrable. C'était un océan de têtes !
Deux transparens , représentant les portraits en pied d'Henri IV et du Roi des Français, occupaient le fond de ce tableau.
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A l'arrivée du Prince, des acclamations enthousiastes, et répétées à dix ou douze reprises différentes, par ces dix mille spectateurs, ont salué le descendant du Béarnais. S. A. R. témoignait par des gestes d'affectueuse reconnaissance toute sa satisfaction, son bonheur, et les cris de vive le Roi ! vive le Duc de Montpensier ! retentissaient aussitôt avec plus de force.
Un roulement de tambour a donné le signal du concert. L'orchestre a exécuté d'abord la Bataille d'Ivry. Puis les voix et les instrumens ont dit avec un magnifique ensemble le choeur de Judas Macchabée et la Cantate de MM. Liadières et Auber.
L'effet de ces deux derniers morceaux a été surtout admirable. Nous en appelons à M. Habeneck lui-même, et nous sommes persuadés que ce sera là un des souvenirs les plus précieux de sa vie artistique,
La Cantate est, sons le rapport musical, digne de l'auteur de tant de chefs-d'oeuvre. Elle porte le cachet de son style. Les paroles sont dignes de la circonstance ; on voit qu'elles partent du coeur d'un véritable Poëte, d'un bon Béarnais. Les strophes en ont été chantées avec une chaleureuse énergie par M. Lafage, de Tarbes, lauréat du conservatoire de Paris.
Le Bal du Cercle offrait un coup-d'oeil magnifique ; mais les salons,, décorés avec autant de goût que d'élégance, étaient tellement encombrés , il y avait tant d'empressement pour suivre les pas du Prince, que la chaleur était accablante.
A 10 heures, les quadrilles se sont formés.
Le Bal a été ouvert par un quadrille dans lequel figuraient : LE PRINCE ; M.lle Azevedo, — M. le Préfet ; M.me Mezin. — M. Daguenet, député ; M.me Lamothe-d'In-
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camps. — M. Pèdré La Caze, ancien député ; M.lle d'Uhart. — M. Lacoste, sous-préfet d'Orlhez ; M.llee Viard. — M. le général Janin ; M.lle La Gaze.
Lé Prince a ensuite dansé plusieurs contredanses avec M.lle Drouin de Luiz , M.me Pardeilhan-Mezin ; M.lle Lamarque; M.lle Pèdre La Caze ; M.lle Lavielle.
S. A. R. s'est retirée à une heure.
Le portique de la Halle était orné avec beaucoup d'élégance. De belles illuminations, que le vent a malheureusement contrariées, décoraient cette façade. On lisait sur un transparent : Vive M. le Prince de Montpensier !
Dans l'après-midi, des orchestres et des tréteaux de bateleurs avaient été dressés à la Haute-Plante et à la Porte-Neuve.
Lorsque le Conseil municipal a été admis au Château à, présenter ses hommages au Prince-, S. A. R. lui a témoigné à plusieurs reprises toute la satisfaction que lui faisait éprouver l'accueil cordial et sympathique de la Cité Béarnaise. Le Prince s'est fait ensuite présenter M. Raggi, et il l'a félicité sur la beauté de son oeuvre. C'est M. Raggi qui a sculpté la Statue. M. Latapie, architecte du département, lui ayant été présenté ensuite, S. A. R. l'a complimenté sur sa participation à l'érection dé ce monument, ainsi que sur les magnifiques travaux exécutés aux établissemens des Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes.
La Garde nationale à cheval d'Oloron est venue se joindre à celle de Pau, pour servir d'escorte au Prince durant les fêtes de l'inauguration.
Le Prince est parti ce matin pour Coarraze.
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JOURNEE DU 26.
Excursion a Coarraze. — Nay. — Gelos.
Le Prince est parti vers les 9 heures pour aller parcourir la belle plaine de Nay, et déjeuner au Château de Coarraze, chez M.Dufau, procureur-général de la cour royale. S. A. R. était escortée de la garde nationale à cheval , qui l'a constamment accompagnée dans toutes ses courses, et suivie de plusieurs voitures.
En passant à Bizanos, le prince s'est détourné de sa route pour visiter la fabrique à la Jacquart et la blanchisserie de M. Bégué. Tous les ouvriers étaient à leur poste ; le Prince a tout examiné avec la plus grande attention , et après avoir témoigné toute sa salis-, faction, à M. Bégùé , il s'est retiré en lui disant qu'il serait charmé de pouvoir dire au Roi qu'il avait vu dans tous ses détails la fabrique qui fournissait le plus beau linge de sa table.
Le Prince a continué sa route rapidement au milieu des flots empressés des populations, en traversant ces jolis villages à l'entrée desquels ou avait élevé des arcs de triomphe de verdure ; S. A. R. à remarqué surtout là forme élégante de: celui de Coarraze, autour duquel était rangée la garde nationale avec le conseil municipal, et une affluence encore plus considérable. M.gr le duc de Montpensier avait exprimé le désir de déjeuner à dix heures ; il est arrivé à l'heure précise ; il a été reçu au bas du perron par M. et M.me Dufau.
Entré un moment au Château, le Prince en est ressorti presqu'aussitôt pour examiner les environs; il s'est informé avec empressement de la vieille-tour , et a voulu y monter; parvenue sur la plate-forme, S. A. R. a té-
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moigné toute son admiration à plusieurs reprises sur la beauté dit paysage; profondément émue à la vue de ces lieux tout remplis des souvenirs de la jeunesse de son Aïeul, elle ne se lassait pas d'entendre les moindres particularités, et sa piété filiale se manifestait par les expressions les plus touchantes.
Le Prince a dû s'arracher à ces douces contemplations, lorsqu'on est venu lui, annoncer que le déjeûner était servi. — S.A. R. avait à sa droite M.me Dufau, et à sa gauche M. le général Harispe. — M. Dufau était vis-àvis le Prince , ayant à sa droite M. le comte de S.tCricq, et à sa gauche M. Amilhau , premier président de la cour royale. — La table était de 25 couverts. On y comptait : M. Azevedo , préfet du département ; — M. le général Jacobi, commandant du département des BasSesPyrénées ; — MM. La Gaze et Daguenet, députés du département ; — M. Fould, député des Hautes-Pyrénées ; — M. le général Rachis ; — M. de Latour, secrétaire des commandemens ; — M. le vicomte Daru , député ; — M. Manescau, maire de Pau ; — M. de Boisle-Comte , aide-de-camp de M. le général Harispe ; — M. Puyoo , commandant de la garde nationale de Pau ; — M. le baron Bernadotte, commandant de la garde nationale à cheval de Pau ; — M. Palengat, maire de Coarraze ; — M. Pujoulet, curé de Coarraze.
A une autre table, se trouvaient avec les fils de M. Dufau, les officiers de service et les gardes nationaux à cheval de l'escorte.
M. et Mme Dufau ont fait les honneurs de leur château avec une magnificence splendide ; le Prince leur en a témoigné tous ses remerciemens, de la manière la plus aimable. — il s'est ensuite rendu à Nay.
Là, S. A. R., après avoir été reçue par M. le maire , à la tête du conseil municipal, est allée à l'hôtel-de-
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ville, où M. le curé l'a complimentée. Elle a visité ensuite la fabrique de calicot de M. Lombré ; la fabrique de berrets béarnais de M. Fouard, et celle de MM. Lussagnet et Fould pour la filature du coton. — Le Prince s'est long-temps entretenu avec ces honorables industriels , a examiné avec le plus grand soin les produits de ces divers établissemens, et a prouvé par des paroles pleines de bienveillance tout l'intérêt que sa famille prend aux progrès du commerce.
Le Prince s'est ensuite retiré par la rive gauche du Gave; il a trouvé partout sur son passage les mêmes préparatifs et le même empressement. Arrivé au haras départemental de Lezons, M. de Perpigna, directeur de cet établissement, a fait passer sous ses yeux nos belles jumens et quelques-uns de leurs produits. S. A. B. a mar nifesté tout ce qu'une pareille fondation pouvait exercer d'influence pour la régénération de la race Navarrine ; il a surtout remarqué Valetine qui a déjà remporté de si beaux triomphes.
De là, le Prince s'est rendu au dépôt d'étalons de Gelos, qu'il a examiné dans les mêmes détails. Il a paru satisfait de la tenue de cet établissement, et a fait espérer qu'il contribuerait de toute son influence à lui faire obtenir d'autres beaux chevaux qui, réunis à ceux que nous avons obtenu depuis quelque temps, auront pour résultat de placer bientôt ce dépôt à là hauteur qu'il mérité d'occuper dans nos contrées.
Rentré à Pau vers trois heures après-midi, S. A. R. après s'être reposée pendant quelques instans, a fait prévenir M. le Proviseur du Collége que la distribution des Prix pour laquelle on l'avait attendue, pouvait commencer, qu'elle ne tarderait pas à s'y rendre. Aussitôt, M. le Proviseur a prononcé d'une voix ferme et sonore
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un discours élégamment écrit, où se trouvent ramenées, avec un rare' bonheur de pensées, les principales considérations qui doivent graver à jamais, dans le souvenir de la jeunesse Béarnaise, le souvenir des journées mémorables dont notre Pays vient d'être le témoin. — M. le Proviseur venait à peine d'achever une allocution aux élèves, lorsqu'un mouvement électrique qui s'est manifesté dans l'assemblées annoncé l'approche de Monseigneur. Aussitôt la musique du régiment a fait entendre une marche mititaire, les principaux chefs du Collége sont allés audevant du Prince , et bientôt il a paru accompagné du même cortège de notabilités, auxquelles était venu se joindre M. le duc Decazes , qui a voulu venir de Bordeaux pour assister à nos solennités. S. A. R. a dû être agréablement surprise, après des courses si fatigantes, de se trouver, sous la voûte d'un grand bosquet de chênes séculaires, où l'on avait ménagé, avec beaucoup de goût, une salle d'un nouveau genre, pour la distribution. Plus de douze cents dames, des pères de famille, s'y trouvaient commodément assis. Toute l'assemblée s'est levée à l'arrivée de S. A. R. , et l'a saluée des cris de vive le Roi ! Parvenue à la place qui lui avait été préparée, le Prince a. daigné décerner de sa main le Prix d'honneur de Philosophie. D'autres élèves ont été couronnés par les, principaux dignitaires qui accompagnaient le Prince. Après avoir assisté à la distribution des prix jusqu'à la 3.e, et témoigné toute sa satisfaction de ce qu'il avait vu, le Prince s'est retiré avec le même cérémonial.
Son Altesse est allée ensuite visiter l'Hospice, et là, elle a donné de nouvelles preuves, auprès du lit des malades, de sa générosité, de la bonté de son coeur. C'est surtout dans cet asile des souffrances, en s'entretenant avec les soeurs respectables de St-Vincent de Paule, qu'on a pu reconnaître un petit-fils d'Henri IV.
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Une dernière visite: restait à faire à celui qui vient nous rendre son image vénérée ; c'était l'humble maisonriette où ce grand : prince suça d'une paysanne de Bilhère le lait des héros. Après avoir rempli ce devoir religieux avec tout le respect que peut inspirer la piété filiale ; S. A. R. s'est rendue à la caserne et enfin est rentrée pour dîner à la Préfecture, pouvant dire qu'elle n'avait pas perdu sa journée.
Dans la matinée, M. Castetnau, adjoint, avait réuni au Cercle tous les enfans des Ecoles de la ville, afin de distribuer aux 4 sujets de ces écoles reconnus les plus mérilaus , les livrets de la caisse d'épargne accordés par le Conseil Municipal. Cette cérémonie a été fort intéressante. M. Gastetnau a adressé à ces enfans une touchante allocution, dans laquelle il leur a donné de: sages conseils, d'excellens préceptes, qui certainement ne seront pas perdus pour l'avenir.
Dans raprès-midi, il y a eu spectacle gratis, orchestres de danse à la Porte-Neuve et à la Haute-Plante, exercices de saltimbanques, mât de cocagne sur la place Henri IV, et ascension de ballon, dans. la. soirée. Tous ces divertissemens avaient attiré de nombreux spectateurs.
Bal du Château.
Parmi les fêtes brillantes auxquelles l'inauguration de là statue d'Henri IV vient de donner lieu, celle-ci a été une des plus magnifiques.
Quand on songe au délabrement dont le Château de Pau donna pendant tant d'années l'affligeant spectacle, et à la riche transformation qu'il a subie, grâce à la munificence d'un Roi, protecteur éclairé de tout ce qui
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se recommande au culte des souvenirs nationaux, on est amené à une bien respectueuse reconnaissance envers le souverain qui a déjà tant fait: pour notre ville.
C'était en 1787 , que fut donnée au Château la dernière dès: fêles qui précédèrent la révolution. Elle avait eu lieu à la rentrée d'exil du Parlement de Navarre. Entre cette fête et celle offerte aux habilans de Pau par le prince de Montpensier, 60 ans s'étaient écoulés , toute une génération s'était éteinte.
La duchesse du Berry et Dieppe

Récit du baron d'Haussez (ancien député, préfet et conseiller d'Etat) sur le départ de la duchesse du Berry de France en 1830 (dont feu Jean Raspail a immortalisé le rocambolesque retour deux ans plus tard) :
"La Révolution marchait : elle s'était organisée sous la protection de lois insuffisantes pour en arrêter les progrès, et de tribunaux qui refusaient ouvertement de faire l'application de leurs dispositions, toutes précises qu'elles fussent. Elle éclata enfin.
Trois jours d'attaques préparées de longue main et habilement dirigées, trois jours d'une défense faible et mal combinée suffirent à renverser une dynastie de huit siècles 1 Dans ce trouble universel, dans la confusion d'idées et d'irrésolution que produisait cet événement terrible, une tête conservait du calme, de la détermination, de l'énergie; une tête jugeant le mal, son étendue, les moyens d'y remédier, une tête qui avait une volonté : c'était celle de la duchesse de Berry. Tout n'eût peut-être pas été perdu pour la monarchie, si l'on avait suivi la conduite que traçait cette princesse dont le courage semblait se réserver pour les grandes circonstances où il devait être mis à l'épreuve, et se montrait, en juillet 1830 comme en février, en septembre 1820, supérieur à l'adversité.
Calme dans la délibération, chaleureuse dans les conseils qu'elle donnait en raison des obstacles qu'ils rencontraient, on devinait tout ce qu'elle aurait été capable de faire, si elle eût eu la faculté d'agir. Confiante dans la générosité du peuple, elle proposait d'aller lui montrer son fils. Ce projet, qui se recommandait par la hardiesse plus que par la prudence, dut être abandonné. Les autres avis qu'elle ouvrit ne furent pas mieux accueillis ; et cette force d'âme qu'elle voulait employer au salut de la monarchie, à la conservation du trône, il lui fallut la faire servir à dominer sa volonté de résister, ses regrets, ses douleurs.
Elle suivit avec soumission la route de Cherbourg, au milieu d'une garde fidèle qui, des yeux, semblait lui demander le signal d'une désobéissance à des ordres qui l'humiliaient, d'une population dont, tout comprimés qu'ils étaient par une faction enivrée de son triomphe, les sentiments se manifestaient d'une manière non équivoque. Il lui fallut quitter cette France qu'elle aimait tant, où elle était tant aimée, où elle avait fait tant de bien ; il lui fallut abandonner des amis qu'elle s'était créés dans toutes les classes, des pauvres qu'elle secourait partout où ils sollicitaient ses bontés ; ces fêtes auxquelles elle ne manquait jamais d'associer la bienfaisance, ce Rosny et tous les genres d'enchantements qu'elle y avait rassemblés. Le souvenir de ce qu'elle avait fait la soutenait, et ce souvenir, ce n'était pas dans son cœur seul qu'il se trouvait; elle en acquit la preuve, au moment même où son pied cessait de fouler le sol de la France.

A peine montée sur le bâtiment qui devait emporter la famille exilée, elle s'aperçut que sa chienne favorite n'était plus près d'elle. Quel fut son étonnement en la voyant passer de main en main parmi les matelots de l'équipage et recevoir leurs caresses I Le nom de la pauvre bête leur était connu. — « Ne craignez rien pour Foolish, dit un matelot; ne craignez rien pour vous », ajouta-t-il en baissant la voix. Et en pressant de sa main rude le bras délicat de la princesse : « Nous sommes presque tous de Dieppe ; dites un mot, et nous faisons passer par dessus bord nos officiers et tous ceux qui voudraient nous résister. Nous vous conduirons ensuite. où vous voudrez aller. »
Cette preuve d'affection, cette marque de reconnaissance fut la première des rares consolations que la Providence réservait à la duchesse de Berry. Le nom de Dieppe lui rappelait une ville embellie, enrichie par ses soins ; où sa présence attirait un concours inaccoutumé d'étrangers ; où ses secours pénétraient dans les plus pauvres maisons pour y soulager le malheur ; où son exemple et ses largesses avaient plus d'une fois procuré le salut des marins menacés du naufrage. Sans doute elle se rappelait ce jour où, bravant les horreurs de la tempête et les torrents d'une pluie glacée qui avait pénétré ses vêtements, son chapeau enlevé par le vent, et cramponnée à l'un des canons de la jetée, elle excitait les matelots à porter à leurs frères en péril des secours qui eussent été vainement réclamés si Madame n'avait été là pour communiquer son courage parmi ceux qui en manquaient.
Quelque temps après le départ de Cherbourg, Dieppe, la ville fidèle, vit arriver les voitures de sa bienfaitrice. Cette fois, elles étaient vides. Les habitants voulurent les traîner jusqu'au bâtiment qui devait les transporter : hommage désintéressé qu'ils rendaient à la bonté malheureuse ; pieuse fiction qui leur rappelait les époques où ils couraient à la rencontre de celle qui, chaque année, leur apportait le bonheur ! ! !"
La duchesse pleine de joie de vivre avait introduit en France la mode des bains de mer et avait fait de Dieppe en 1820 la première ville balnéaire de l'histoire de notre pays.
Occupations du moment
Je regarde en ce moment des vidéos du médium Reynald Roussel et de l'hindouïste Sadhguru, qui eut la même expérience que Jiddu Krishnamurti, le gourou jadis poussé par la théosophe Annie Besant.
Quant à Reynald Roussel, que j'ai cité dans mon livre sur les médiums, et dont j'ai aussi évoqué en 2019 le témoignage concernant Mademoiselle Bouvier et le Padre Pio, je vous recommande sa discussion avec feu la journaliste Sylvie Simon en 2006 ici à propos de la mystique Marthe Robin. On retombe sur cette très grande "ouverture doctrinale" des mystiques catholiques (j'en avais dit un mot à propos des phrases aimables de Marthe Robin sur Simone de Beauvoir), qui me fait penser aussi aux rapports très étranges de Thérèse Neumann avec le gourou Yogananda. Evidemment dans cette logique là, on glisse vite vers la religion primordiale universelle que recherchait René Guénon, religion devant laquelle les textes sacrés pour ainsi dire s'effacent. Ce n'est pas seulement un danger pour les Eglises institutionnelles. Cela pose la question de la "boussole" que tout un chacun doit suivre, sans perdre le Nord, car tout le monde n'est pas "choisi" pour vivre une vie mystique.
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Le verbatim de l'interview réalisée par Christian Urvoi sur ArkTV "Millechemins" (production Ark Alliance Morgana 2006) - passages importants :
Sylvie Simon (à propos de sa rencontre avec Marthe Robin en 1980 - elle dit que Marthe Robin avait 79 ans, mais celle-ci est morte avant son 79e anniversaire, et l'on voit dans l'interview que Sylvie Simon calcule depuis 1980) : 7'30 "Quand je suis entrée dans la chambre, j'ai senti que mes jambes se sont mises à trembler, mon coeur s'est mis à battre très fort et j'ai senti que je passais comme dans une autre dimension (...)". Sylvie Simon évoque la réponse de la mystique à la question sur sa mission pour l'information de l'humanité (une réponse prémonitoire très positive, mais aussi très claire sur les embûches qu'elle rencontrera), puis elle lui fait prier la Vierge Marie. 9'16 "Je suis repartie dans un état d'euphorie totale (...) Après que mon ami l'a vue aussi, nous sommes parties toutes les deux après (...) on a décidé de marcher dans la nature plutôt que de prendre le car tellement on sautait de joie. Et à partir de ce moment là j'ai vu les auras de tout le monde. Ce qui est très curieux et ça a duré à peu près six mois. Elle a dû élever mes vibrations. Après je suis retombée dans la matière comme tout le monde. Et le soir même, j'étais avec ce garçon et avec un autre ami qui avait perdu la vue, et nous sommes partis tous les trois nous promener. Il pleuvait, nous sommes sortis dans la nature. Tout d'un coup il s'est mis à pleuvoir très fort. Nous nous sommes retournés pour rentrer et il y avait au milieu ce garçon qui était aveugle et mon ai de l'autre côté, on le tenait chacun par un bras pour qu'il ne trébuche pas. On était vraiment dans la campagne et on ne voyait rien. Et tout d'un coup on a vu comme une sorte d'objet bizarre devant nous qui ressemblait à une espèce de gyrophare de voiture et je ne pourrai jamais dire s'il était à 50 mètre et s'il était de la taille d'une maison ou s'il était de l'autre côté de la vallée parce qu'on était devant une vallée qui descendait et il y avait la côte de l'autre côté et qu'il était gigantesque. On n'a pas su. Et à ce moment là, on s'est dit qu'est ce que c'est, est ce que c'est un OVNI, on en parlait à l'époque. On est revenus très vite et j'ai dit à l'autre garçon, Philippe, courez vite là bas à la fondation (on n'était pas très loin encore) pour essayer de trouver des témoins. Nous on ne le quittait pas des yeux et mon coeur battait fort, mon ami aveugle à côté le sentait. Au moment où Philippe est sorti avec trois jeunes novices, l'objet s'est éteint. Alors on a attendu deux trois minutes et on est partis. Au moment où nous entrions dans la maison, l'objet s'est allumé à à peu près 45 degrés. Et tout le monde l'a regardé, moi je n'ai rien dit. Philippe non plus. Et une des jeunes novices a dit "ah c'est un OVNI". Je lui ai dit "ce n'est pas moi qui vous ai dit le mot". Et puis ça s'est éteint après, et j'ai appris par une novice qui était restée à la fenêtre en haut qu'au moment où ça s'est éteint - on ne pouvait pas le voir parce qu'il y avait une verrière qui nous abritait de la pluie et qui nous empêchait de voir au dessus - ça a fait comme un feu d'artifice au dessus au point de vue lumière. Et donc on a parlé de ça toute la soirée. (...) J'ai fait la vaisselle pour la communauté, et je me suis trouvée aidée par une jeune novice. Et je lui ai dit 'quand même c'est extraordinaire ce qu'on a vu hier'. Et elle m'a dit 'on n'a rien vu hier il n'y avait rien'. J'ai dit 'mais on en a parlé jusqu'à 3 h du matin'. 'Non non c'est une vue de notre esprit' a-t-elle dit. Je me suis dit 'bon ben les prêtres sont passés par là' et le fameux Philippe m'a dit 'c'est bizarre j'étais à côté d'une novice qui m'a dit la même chose' et les trois ont refusé de reparler de tout ça. Mais le lendemain trois de nos amis ont été reçus (par Marthe Robin), y compris ce garçon qui était aveugle... et une de mes amies qui a été reçue le lendemain lui a dit 'Marthe est-ce que vous croyez aux OVNIs ?' Et elle lui a répondu 'oui, je sais qu'il y en avait un sur la fondation hier, et deux de vos amis l'ont vu', donc elle était parfaitement au courant.(...) Et depuis j'ai appris par des amis qui sont spécialistes de la question, qui sont des médecins que beaucoup de rencontres avec des saints sont mêlées à des phénomènes d'OVNIs. Moi j'ai des amis qui ont vu Padre Pio et qui après ont vu des objets volants non identifiés."
A la 18ème minute Reynald Roussel raconte comment il fut guéri d'un mal de dos. La mystique lui a dit "En contrepartie vous aiderez beaucoup de gens par la suite. Ce ne sera pas facile, ce sera dur, mais vous aiderez." Elle lui a ensuite demandé de revenir l'année suivante. "J'étais dans une chambre qui n'était pas de ce monde, qui était pleine d'amour. Il y avait une odeur merveilleuse". "Je suis ressorti c'était en plein mois d'août, il faisait 39 dehors. J'ai traversé la cuisine j'étais gelé. Je suis arrivé dehors je ne savais pas où j'étais". Depuis, je prie, je m'adresse à Marthe, je lui parle, et j'ai la foi.