CR d'un ouvrage de référence sur la révolution néolithique
On trouvera en suivant le lien http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=4&ida=12401 mon compte-rendu de lecture de Naissance des divinités, naissance de l'agriculture - La révolution des symboles au Néolithique, de Jacques Cauvin, un ouvrage de référence.
Quelques remarques sur le sondage IFOP-TENA de 2009
Le sondage IFOP-TENA de l'an dernier sur la nudité féminine dont j'ai déjà parlé, ne laisse pas de m'interroger. On peut le lire in extenso sur Internet (ce qui est rare).
Adepte d'une sociologie plutôt "qualitative", je ne crois pas trop aux agrégats quantitatifs, mais ils peuvent s'avérer utiles malgré tout, quelles que soient les réserves qu'on peut éprouver à l'égard de certaines questions.
On eût aimé que ce genre de sondage existât à d'autres époques, et dans d'autres sociétés.
Je lis : la nudité pour les femmes c'est d'abord le naturel, puis la beauté, ensuite la liberté (mais beaucoup moins), le désir. Plus on est vieux plus la nudité c'est le naturel. Plus on est jeune plus c'est le désir (30 %). Beaucoup de nudité-désir chez les ouvrières aussi (34%), fort peu chez les professions intellectuelles et les retraitées...
Pour plus de la moitié des femmes la nudité partielle est déjà une nudité. Surtout chez les plus jeunes. Mais dans l'ensemble les chiffres sont assez homogènes d'une catégorie à l'autre.
Le maquillage est un vêtement pour 30 % des femmes (mais le chiffre tombe sous les 30 % chez les ouvrières et les employées... pourquoi ?). La nudité partielle dérange : les seins nus dans les jardins publics 57 % (et même 65 % des moins de 30 ans, et plus de 60 % en région parisienne, chez les femmes qui se trouvent laides, chez celles qui ont des fuites urinaires - intéressant que l'interviewer ait retenu ce paramètre), de même les femmes nues sur les plages naturistes dérangent 48 % des femmes (dont 66 % des 18-25 ans, une moitié des ouvrières et des employées, les pudiques, les plus libérales en revanche étant de loin les femmes du Sud-Ouest...). Sur cette dernière question les chiffres sont très homogènes, seuls 66 % des 18-25 ans se distinguent (celles-là même qui lient la nudité au désir). On peut s'étonner que la "territorialisation" de la nudité sur des plages répertoriées ne suffise pas à en neutraliser les effets. La nudité féminine dérange aussi la majorité des femmes de 18 à 24 ans dans les vestiaires de sport (contre 40 % de l'ensemble des interviewées, ce qui est tout de même beaucoup). La nudité publicitaire, elle, dérange le plus les deux extrêmes de la pyramide d'âge (les 18-25 et les plus de 60 ans) mais pas dans des proportions majoritaires. La gène n'est majoritaire que dans les professions libérales et chez les cadres supérieurs (et là encore Paris se distingue du reste de la France). Les seins nus sur les plages et l'allaitement sont les seuls (avec le nu pictural) à ne guère gêner le regard des femmes.
Une majorité relative de femmes veulent voir moins de nudité (masculine ou féminine), ou à la rigueur plus de nudité masculine pour équilibrer (sans différence significative selon les catégories). Les femmes plébiscitent la nudité de Laetitia Casta et d'Emmanuelle Béart là encore d'une façon assez homogène d'une catégorie à l'autre.
Les chiffres de pratiques de la nudité révèlent une banalité devant le conjoint (98 %), un partage 40-60 sur la nudité devant les enfants, et 37-63 devant les amies,une pratique beaucoup plus rare devant les parents, dans un jardin ou sur une plage naturiste. Le tabou de la pratique devant les enfants dépasse les 60 % dans les classes populaires et en région parisienne (contre 59 % pour l'ensemble des interrogées), avec un pic à 89 % chez les 18-24 ans. Sans surprise les femmes qui se déclarent "impudiques" sont majoritaires dans toutes les catégories de pratique de la nudité, sauf toutefois la pratique devant les parents ou les amis masculins, la nudité au jardin, le naturisme (pratique dans laquelle les femmes du Sud-Ouest se distinguent - 6 points au dessus de la moyenne qui est à 13 %). Les cadres supérieurs et professions libérales sont toujours au dessus de la moyenne pour toutes les pratiques.
Sur les pratiques sexuelles,on note que l'acceptation de la lumière (64 %) est plus forte dans les classes supérieures. La nudité intégrale est plébiscitée par 76 % des femmes, notamment les plus jeunes, avec une échelle de fluctuation qui n'est pas énorme suivant les catégories.
88 % des femmes se disent pudiques sans grande fluctuation suivant les catégories (avec sans surprise un pic chez celles qui n'aiment pas leur corps). Un peu moins de la moitié des femmes aiment leur corps (seulement 5 % "oui tout à fait" mais 11 % chez les 25-34 ans). Un chiffre qui culmine chez les 18-24 à 62 % et chez les cadres supérieurs pour chuter à 37 % chez les ouvriers. C'est dans le monde rural et chez les 25-49 ans qu'on aime le moins son corps (44 %).
Evidemment il faut être très prudent avec tous ces chiffres. L'impression qu'on peut dégager c'est au fond une assez grand homogénéité des réponses d'une catégories à l'autre. Des réflexes de pudeur assez persistants (ce qui recoupe ce que j'ai écrit dans La Nudité, pratiques et significations). Un lien fort entre nudité et désir qui peut nourrir une gêne à ce sujet chez les plus jeunes et les classes populaires, avec cependant une nuance : les jeunes femmes conjuguent souvent leur gêne avec un amour de leur corps, alors que les ouvrières et les employées versent plus souvent dans le désamour (désamour tout de même relatif puisque les réponses sont concentrées dans le "plutôt oui" "plutôt non" au lieu du "tout à fait" ou "pas du tout"). Les plus à l'aise étant plutôt dans les classes sociales supérieures.
C'est affaire de nuance. La question ensuite étant de savoir si l'homogénéité prédominante est affaire de conditionnement social ou de dispositions hormonales naturelles, ce qui devrait être discuté question par question.