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Articles avec #mediums tag

Un précurseur des églises parallèles : Bernard-Raymond Fabré-Palaprat

23 Mars 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Médiums

Depuis quelques années, je m'intéresse aux Eglises parallèles (cf Luz : Le Soufre et l'encens) et à leur prétention à poursuivre une tradition "johannique" à côté de l'Eglise de Pierre. Le phénomène est bien documenté pour le XXe siècle (et était même évoqué sur les plateaux de télévision jadis).

Je trouve un écho à cela aussi dans la presse du XIXe siècle à propos d'un fondateur d'une Eglise dissidente nationale qui se nommait Ferdinand Châtel. Le Figaro du 5 mai 1837, nous raconte qu'il lui fallait un évêque susceptible de le nommer lui-même évêque (cela fonctionne encore de la même façon de nos jours, cela permet ensuite à l'hérétique de nommer à son tour des prêtres) et qu'il alla, pour ce faire, trouver un certain Fabré-Palaprat, après avoir été ordonné prêtre par un ancien évêque constitutionnel (républicain) d'Autun.

Voici le récit : "Ce personnage, nommé l'abbé Poulard, ancien évêque d'Autun (Autun a eu du malheur en fait d'évêques) fit entrer les aspirans dans son arrière-boutique, et, sans plus de façon, leur confia tous les sacremens qu'ils voulurent moyennant quelques menus achats faits dans son établissement. (...). Que fit M. Châtel ? Il s'en alla trouver M. Fabré-Palaprat, pédicure, grand-maître des Templiers; il feignit de vouloir entrer dans son ordre (voyez la malice), et demanda à M.Palaprat de le sacrer évêque selon le rite de saint Jean; le grand maître, dit la biographie, tomba dans le piège, et l'abbé Châtel fut sacré évêque par le successeur in partibus de Jacques Molay. "

La référence au "rite de Saint Jean" m'a intrigué. En lisant la fiche Wikipédia sur Fabré-Palaprat (décédé à Pau en 1838, à l'hôtel d'Esperbaque, rue royale), on découvre qu'en effet ce docteur en médecine podologue, né dans le Tarn, franc-maçon néo-templier, était fondateur d'une sorte d'Eglise johannique (quoique cela ressemblât plutôt à un ordre maçonnique).

On lit dans son Lévitikon (p. 63) :

Ce Lévitikon est une réécriture de l'Evangile de Jean qui fait de Jésus un grand maître ésotérique initié en Egypte comme Moïse.

Entre les nombreuses curiosités qui entouraient ce fondateur de secte, il y avait le fait qu'il arborait la croix de cuivre qui avait été dérobée en 1831 à la dépouille mortuaire du célèbre prêtre révolutionnaire l'abbé Grégoire. Il administrait aussi des traitements de malades par électro-puncture (sic), ce qu'il présentait à ses pairs scientifiques tout en s'en vantant au service de ses ambitions religieuses (n'oublions pas qu'on est à une époque où l'on expérimente beaucoup sur les fluides, notamment le magnétisme, souvent d'ailleurs à tort et à travers - voyez mon billet sur la phrénologie -, avec des fantasmes confus de réconciliation entre spiritualité et science, dans la veine saint-simonienne notamment). On dit encore qu'il s'était fait peindre en costume de pape avec une tiare. Il nomma Châtel primat des Gaules. Son groupe, comme ensuite l'Eglise de Châtel, sur le plan politique fut très bonapartiste, ce qui cependant ne l'empêcha pas de désigner un amiral anglais qui avait combattu Napoléon, Sidney Smith, comme son successeur.

Si Châtel est présenté comme précurseur de Joseph-René Vilatte évêque de l'Eglise vieille-catholique dont je parle dans mon livre sur les médiums, on peut a fortiori en dire autant de Fabré-Palaprat. On voit ainsi que l'inspiration johannique est pour le coup très liée à l'héritage maçonnique. Mais on a le sentiment que cela a un peu ressurgi ex-nihilo à la faveur d'une soi-disant redécouverte de manuscrits de l'Ordre des Templiers dans les années 1790.

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Sur la notion de passeurs d'âmes dans le langage des "thérapeutes"

27 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Alchimie, #Anthropologie du corps, #Spiritualités de l'amour, #Pythagore-Isis

J'ai raconté dans mon livre "Les Médiums" la première canalisation qui fut faite pour moi le 1er décembre 2014 au nom d'une entité qui se faisait appeler Isis et qui disait :

« Nous te connaissons. Nous savons que tu as été guérisseur, homme médecine, car tu as été égyptien. Tu as suivi les âmes. Tu as su aider les âmes également. Tu as mis ta médecine au service du peuple. Tu as le droit maintenant, dans ce siècle, de rééditer cette expérience merveilleuse qu’est la médecine. Elle peut-être apportée, à travers le monde végétal, animal et minéral. En tant que médecin égyptien, tu as su pratiquer des médecines dites ésotériques, ce qui t’a valu la foudre du roi. Maintenant ton âme est prête à accueillir cet enseignement qui est cristallisé dans ton âme et ton ADN. Continue tes recherches dans ce domaine pour que tu puisses communiquer avec ton âme. Lâche prise sur le quotidien – aide toi de la méditation. Cristallise ce qui se trouve au niveau de ton plexus solaire. Tu as cette capacité d’appeler les défunts, d’être en communication avec eux. Tu es ce qu’on appelle un passeur d’âmes. Cette capacité aide les âmes à passer sur leur plan originel quand *est déplacé son terme* mais aussi à ce que tu puisses être une passerelle entre le monde invisible et le monde visible. Accepte cette capacité qui est omniprésente en toi, d’où ta dualité. »

Après ma conversion catholique en 2015, je n'ai plus attaché trop d'importance à ce "channelling", y voyant plutôt une sorte d'incitation au spiritisme qui ne me paraissait pas du tout saine. Cependant mon travail sociologique sur les médiums me poussait à continuer d'écouter de temps en temps les "praticiens" de la médiumnité qui continuaient à parler le langage du New Age, je me souviens avoir entendu Stéphane Allix de l'INREES (un institut qui boycotte largement mes travaux, mais c'est normal, vu leurs présupposés dogmatiques), dire que beaucoup de gens étaient assez embarrassés par le fait qu'on leur avait dit qu'ils étaient passeurs d'âmes sans savoir quoi en faire.

Au fil du temps depuis huit ans, j'ai appris à faire un peu le "tri" entre le bon et le mauvais rapport aux morts, à travers le témoignage de Saint Augustin ou les phénomènes concernant le Padre Pio notamment. Et, comme une conversion n'empêche pas de continuer à tenter de se connaître soi-même (même si c'est désormais par l'intermédiaire de Dieu et de ses révélations), je me suis interrogé sur les moments de ma vie où j'ai pu aider des gens au seuil de la mort, ou recevoir "quelque chose" de personnes défuntes (ne serait-ce que sous forme de synchronicités), ce qui ne va pas forcément à l'encontre des dogmes sur l'existence de l'Enfer, du Paradis et du Purgatoire (lequel n'est d'ailleurs pas forcément un lieu). Et j'ai aussi pu continuer à examiner (avec si posisble du discernement bien sûr) ce que j'avais ou non comme don dans les mains, dans le plexus solaire etc,, à travers des rencontres qui m'incitaient à le faire (y compris des rencontres dangereuses d'ailleurs car tout cela n'est pas un long fleuve tranquille).

Hier j'écoutais cette interview de cette dame, Valérie, ancienne élève d'école de commerce qui a grandi dans le catholicisme (le catéchisme jusqu'à 18 ans), a travaillé dans la com', l'audit financier et la RH, avant de s'initier aux mondes subtils par la radiesthésie (elle raconte ici comment dans ce cadre elle a découvert à la suite d'un de ses rêves qu'elle avait pu aider un de ses camarades de formation dont le frère était décédé récemment), puis a choisi une voie de "coach thérapeute" en cochant de nombreuses cases de l'ésotérisme et des pratiques à la mode dans le New Age (même si elles ne sont pas exclusivement New Age) : qi qong, yoga Iyengar, kundalini yoga, PNL, géométrie sacrée, sophrologie, chromothérapie, sonologie etc (elle fait aussi référence à l'alchimie, mais je suppose sur un plan seulement métaphorique).

Je trouve intéressante la manière dont elle définit ce que peut être une fonction de "passeur d'âmes" ici bas, indépendamment du rapport aux défunts, dans le sens d'aider les gens à franchir des caps (et je crois que même la guérison physique des personnes est principalement une façon parmi d'autres de leur permettre de franchir des caps, de passer à d'autres phases de leur vie). La manière dont elle esquisse, semble-t-il sur une base empirique, un profil-type du passeur d'âmes comme une personne qui a vocation à fédérer les gens, les mettre en réseau, et quelqu'un qui a beaucoup de dons, mais peut avoir peur de ces dons, ou les utiliser de façon maladroite et avoir tendance à se mettre beaucoup en retrait est aussi instructive. Et il est aussi très bon qu'elle mettre en garde les gens attirés par cela contre la tentation qu'ils peuvent avoir de se sentir "obligés" de devoir sauver, voire même aider les autres, et que cette polarisation sur un mot "vous êtes un passeur d'âmes", n'entrave en fait leur réalisation spirituelle, ce qui diminue leurs aptitudes à agir sur d'autres plans, voire sur tous les plans.

Cependant j'ai le sentiment qu'elle ne tient pas correctement l'équilibre entre le divin et le terrestre. Précisément parce qu'elle pense la problématique à partir d'une vocabulaire issu d'un mélange de théosophie, de bouddhisme etc, qui fait l'impasse sur 2 000 ans de Révélation qui ont forgé l'Europe. Simplement "parce qu'on serait passé à l'Ere du Verseau", elle "zappe" ce que précisément cette Révélation apporte de plus puissant à l'âme que ce bricolage païen antique sur la numérologie, la géométrie sacrée ou que sais-je encore. Bref, l'héritage spirituel est insuffisant. Bien sûr, le travers inverse qui consiste à abdiquer ses dons en se noyant dans la régurgitation des textes sacrés ou la récitation incessantes de prières vides n'est pas non plus recommandable et se révèle totalement stérile. C'est un excès opposé. Mais dans son cas, c'est son enlisement dans les catégories du Nouvel Age qui me paraît problématique.

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L'enseignement gnostique de Manjir Samanta-Laughton sur Marie-Madeleine

23 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Sainte-Baume, #Pythagore-Isis, #Spiritualités de l'amour, #Médiums, #Christianisme

En général les New Agers/New Ageuses complètement évaporés, les artistes jouisseurs qui font semblant de s'intéresser à l'alchimie et autres doux rêveurs ne m'intéressent guère. Ils ne savent qu'étaler les délires de leur égo narcissique et ajouter à la confusion de notre époque. J'aurais classé le Dr Manjir Samanta-Laughton dans la même catégorie si je ne l'avais entendue ici dans une vidéo d'il y a dix ans fournir une critique sérieuse du livre de Lomas et Knight "The Second Messiah".

En l'entendant, je me suis dit qu'au moins elle était capable de faire fonctionner sa raison, son logos, et que donc, à supposer même qu'il y ait 80 % de mensonge dans son propos, je pourrais y trouver quelques vérités vérifiables, ou du moins des thèses dont je pourrais retrouver la "traçabilité historique".

Or, il se trouvait que cette chercheuse s'intéressait à Marie-Madeleine à l'égard de laquelle, comme le savent les lecteurs de mon livre "Les Médiums", j'ai une dette (qui que soit ou quelle que soit la mystérieuse entité qui agisse sous ce nom à la Sainte-Baume).

Parlons donc un peu de cette Manjir Samanta-Laughton, ancienne médecin généraliste, devenue bioénergéticienne.

Elle raconte dans cette vidéo "The Magdalene Prophecies 1" (un titre qu'elle a reçu par canalisation, qui doit aussi devenir celui de son livre) qu'en 2001,  au Nouveau Mexique (Etats-Unis) où elle s'était rendue pour la conférence "Science and Consciousness" d'Alburquerque qui réunissait mystiques et scientifiques, elle a rencontré une certaine Jenna Shulman qui l'invitée chez elle dans les collines de Santa Fé. "Tout d'un coup raconte-t-elle, cette fille juive et la fille hindoue que j'étais nous sommes d'un coup transformées en Marie-Madeleine et la femme qui allaient à la tombe de Jésus". A l'époque Madeleine ne représentait qu'une figure vague pour elle. "Toute la nuit il y eut une énergie qui me traversait, et nous savions toutes les deux de quelle énergie il s'agissait (...) Je devais prendre mon avion à 5 heures, mais à 3 heures nous étions encore éveillées, et toute la nuit je n'ai cessé d'avoir des visions tout le temps. Je voyais la mère de Jésus, très différente des représentations que j'en avais vues jusque là". "Un peu plus tard dans cette année, à la fin de l'automne, comme je rendais visite à une amie, elle eut un appel téléphonique et me laissa seule dans son salon avec une musique de Hildegarde de Bingen. Cette musique me fit partir en transe. Je commençai à avoir des visions Dans une j'étais avec  un groupe de gens et j'étais un jeune garçon avec des cheveux blonds bouclés qui attaquait un soldat romain. Et j'avais l'impression d'avoir déjà vu cela dans un film." Son amie eut la même vision en même temps. "Mon bras gauche est resté tendu en l'air pendant deux minutes,je ne pouvais pas le contrôler, comme si le soldat romain le tenait en l'air, ce qui me fit très mal au bras comme si ça avait duré longtemps". "Je changeai de pièce, mais dansl a cuisine de mon amie, je fus à nouveau transportée, avant la crucifixion, dans une école de mystères, celle de Marie Madeleine".  Manjir Samanta-Laughton  vante alors les pouvoirs de connaissance de cette sainte, et se perçoit comme le jeune garçon qui connaît bien Marie-Madeleine.

Puis elle a laissé cette expérience initiatique de côté, a écrit "Punk Science" et" Genius Group".

En 2003, après la sortie du Da Vinci Code (mais il n'était pas encore très connu), alors qu'elle va se coucher, elle est transportée dans la conscience de Marie-Madeleine, "quand elle accouchait" (sic)... Elle entendait ses pensées directement traduites en anglais. "Je sentais ce qui se passait dans son corps quand elle poussait le bébé, ce qui se passait dans ses hanches et tout". Elle voit un homme de 22 ans avec une barbe fine qui la regarde. Elle se dit "ce n'est pas le père de l'enfant, mais il est très proche d'elle pour être accepté dans la pièce juste après la naissance du bébé". Manjir Samanta-Laughton s'endort puis elle se réveille avec une autre vision, antérieure à cette scène : c'est le désert, avec des tentes, les femmes ont des tenues brunes et parlent un langage qu'elle ne connaît pas. Marie-Madeleine sort d'un bateau et marche vers ces tentes. Elle est enceinte et vient faire enregistrer "spirituellement" (sic) le bébé. Une femme qui ressemblait à Madonna (resic) - Samana-Laughton parle ailleurs de Katy Perry, on voit à quel imaginaire sataniste cela renvoie - lui tend un papier d'enregistrement avec des hiéroglyphes dessus.

L'homme venu à l'issue de l'accouchement, dit-elle, c'est Thomas le jumeau de Jésus. La conférencière admet que tout cela était étrange pour elle qui venait d'un univers hindouïste sans rapport avec le christianisme. Elle s'intéressa alors aux évangiles gnostiques dont celui de Jean. L'enseignement principal, dit-elle, c'est que le Dieu de l'Ancien Testament n'est pas le vrai Dieu. Sophia a créé ce monde.

Yaldabaoth, créateur du monde matériel (que Samanta-Laughton  écrit de travers Yaldaboath, et le prononce aussi de travers, ce qui ne fait pas très sérieux), est le démiurge, dieu du chaos, YHWH, qui a oublié sa mère Sophia, mais celle-ci a placé l'étincelle divine dans l'humain.

Les êtres reptiliens comme le serpent à plume existent dans toutes les civilisations, comme des initiateurs mais aussi ennemis potentiels des hommes. Elle se réfère aussi, à l'écossais Graham Hancock, défenseur de l'ayahuasca, sur les neter dieux qui gouvernèrent l'Egypte par le passé. Elle défend l'idée de cycles des âges 26 000 de l'âge d'or à l'âge sombre qui revient suivant une courbe sinusoïdale.

Elle dit qu'elle a voyagé dans des "dimensions lémuriennes" qui sont en fait encore là. 2012 était la fin d'un cycle selon les Mayas. Il y a un effet d'accordéon qui fait que le voile va devenir fin à nouveau et les dieux vont devenir physiques à nouveau. L'Ancien Testament lui aussi témoigne de cette évolution sinusoïdale (elle dit "en spirale" mais ce n'est pas ce que montrent ses illustrations), et de l'intervention d'êtres d'autres dimensions. Manjir Samanta-Laughton parle aussi des "anciens astronautes" qui pour elle sont des anciens êtres interdimentionnels (voir mon livre sur les Nephilim : au fait je précise que Michael Heiser, que mon livre sur les Nephilim citait beaucoup, est mort le 20 février dernier d'un cancer du pancréas). Elle aborde le thème de la vente de l'âme au diable à travers cette problématique d'une transaction avec des énergies transdimensionnelles qui sont "hidden in plain sight" dans la culture et les représentations qui nous entourent.

A la lumière de ses théories sur les trous noirs et les dimensions interdimensionnelles, elle va expliquer dans une conférence sur le Suaire de Turin ici, que le Christ a émergé d'un "jet bipolaire", avec une collision de la matière avec l'anti-matière (à1h51 de la vidéo), ce qui a pu créer une image en négatif de son corps, l'anti-matière a pu l'emporter sur la matière créant une antigravité, à un moment où s'inversait le mouvement sinusoïdal du périgée de la chute dans l'Age sombre. Selon les gnostiques Jésus venait du royaume de Barbelo, royaume de la conscience. Il aurait par sa mort et sa résurrection traversé un jet bipolaire de trou noir envoyant une information dans l'univers holographique (voir le livre du Père Brune sur cette notion) provoquant une ascendance vers un nouvel Age d'Or.

Evidemment pas d'Apocalypse dans ce dispositif, pas de fin des temps, pas de pardon des péchés. Ca a un vernis scientifique un peu plus élaboré que les youtubeuses New Age ordinaires (vernis que je ne peux pas juger, mais que sans doute les vrais scientifiques contesteraient) et c'est un peu plus construit que le Manuscrit de Marie-Madeleine. Mais personnellement je ne suis pas convaincu du tout, et je n'ai pas (encore) trouvé d'aspects réellement exploitables ou à retenir dans cet enseignement. Le Père Brune qu'on citait plus haut avait lui au moins le mérite, tout en s'ouvrant aux considérations "quantiques" de maintenir le message moral du christianisme qui chez Samanta-Laughton est complètement élidé, pour laisser place à une attente sans discernement du contact avec des créatures de l'au-delà (avec le lot de tromperies et de possessions que cela implique). Bref, selon moi c'est du pur égarement.

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Un cas de télépathie arrivé à Goethe

3 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Anthropologie du corps

Goethe se promenait un soir d'été pluvieux avec son ami K., revenant avec lui du Belvédère, à Weimar. Tout à coup le poète s'arrête, comme devant une apparition, et allait lui parler. — M. K. ne se doutait de rien. — Soudainement, Goethe s'écria :« Mon Dieu I si je n'étais sûr que mon ami Frédéric est en ce moment à Francfort, je jurerais que c'est lui !... » Ensuite il poussa un formidable éclat de rire. — « Mais, c'est bien lui... mon ami Frédéric I Toi ici, à Weimar? Mais, au nom de Dieu, mon cher, comme te voilà fait, habillé de ma robe de chambre... avec mon bonnet de nuit... avec mes pantoufles aux pieds, ici, sur la grande route ? ... » K. ne voyait absolument rien de tout ceci, et s'épouvanta, croyant le poète atteint subitement de folie. Mais Goethe, préoccupé seulement de sa vision, s'écria, en étendant les bras: « Frédéric I Où as-tu passé... Grand Dieu !... mon cher K... n'avez-vous pas remarqué où a passé la personne que nous venons de rencontrer? »... K., stupéfait, ne répondait rien. Alors le poète, tournant la tête de tous les côtés, s'écria d'un air rêveur : « Oui! je comprends... c'est une vision... Cependant, quelle peut être la signification de tout cela? Mon ami serait-il mort subitement?... serait-ce donc son esprit ? »

Là-dessus Goethe rentra chez lui, et trouva Frédéric à la maison... Les cheveux se dressèrent sur sa tête : « Arrière, fantôme I » s'écria-t-il en reculant, pâle comme un mort. — Mais, mon cher, est-ce là l'accueil que tu fois à ton plus fidèle ami ?... — Ah l cette fois, s'écria le poète, riant et pleurant tout à la fois, ce n'est pas un esprit, c'est un être de chair et d'os », et les deux amis s'embrassèrent avec effusion. Frédéric était arrivé au logis de Goethe, trempé par la pluie, et il s'était revêtu des vêtements secs du poète; ensuite, il s'était endormi dans son fauteuil et avait rêvé qu'il allait à la rencontre de Goethe et que celui-ci l'avait interpellé avec ces paroles (les mêmes que celles qu'avait prononcées le poète) : « Toi ici, à Weimar?... Quoi?... avec ma robe de chambre... mon bonnet de nuit... et mes pantoufles, sur la grande route ?... » De ce jour, le grand poète crut à une autre vie après la vie terrestre.

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La lévitation selon Alphonse Primot

2 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Histoire des idées

Une analyse intéressante d'Alphonse Primot (chef de service au ministère des finances à la retraite, natif de Poligny dans le Jura en 1846, et positiviste repenti  converti au catholicisme *) en 1914 qui, après avoir cité les lévitations du curé d'Ars, des possédées de Louviers, et des médiums, écrit :

"Ainsi que je l'ai fait remarquer supra, n°328, si les lévitations du corps humain ne se produisaient que dans l'extase, telle que je l'ai définie, avec son caractère essentiellement religieux, et n'apparaissaient ainsi que comme une conséquence de cette puissante attirance que le monde divin parait exercer sur l'extatique, on pourrait être, dans une certaine mesure, fondé à admettre que cette attirance et l'intense désir d'union avec Dieu, qu'elle suppose, sont la cause déterminante du phénomène qu'on vient d'étudier.

Même dans ce cas, d'ailleurs, et en supposant cette interprétation fondée, il resterait encore à savoir comment cette influence divine s'exerce, quelle force physique elle met en jeu dans l'organisme do l'extatique pour le soulever dans les airs et l'attirer, au mépris des lois connues de la pesanteur, vers les régions supérieures où, dans sa pensée, il place l'objet de son désir divin. Car Dieu, ou les puissances spirituelles qui s'associent à son œuvre, doivent en général, pour agir (c'est la conviction de beaucoup de théologiens), suivre les voies de la nature, et ils ne s'en départissent par une action véritablement miraculeuse, dans le sens strict du mot, que très exceptionnellement et lorsque les voies normales leur font défaut ou sont impuissantes à accomplir leur volonté.

Dès lors, l'intervention divine dans les lévitations fùt-elle démontrée, ne dispenserait pas de chercher en dehors d'elle la cause et le processus physiologique de ce phénomène. A plus forte raison est-il nécessaire de tenter cette recherche pour les lévitations d'un autre ordre que celle de l'extase et dans lesquelles le caractère divin fait complètement défaut.

339. — Après les explications fournies supra (nos 217 et s.) sur l'extériorisation psychique en général et, spécialement, sur l'extériorisation d'une force motrice et organisatrice dans l'hypnose et dans le médiumnisme, il semble bien que c'est précisément cette force — à laquelle sont dus, comme on l'a vu, tous les phénomènes plus ou moins extraordinaires (mouvements des tables, déplacements d'objets sans contact, écriture automatique, écriture directe, apports, phénomènes lumineux, matérialisations, etc.) observés dans les séances de médiumnisme — qui, en s'extériorisant, produit, sous certaines conditions physiologiques difficiles, sana doute, à réaliser, la lévitation du corps humain d'où elle se dégage, aussi bien d'ailleurs les lévitations de l'extase proprement dite que celles du somnambulisme, de l'hystérie et du médiumnisme.

Cette force, William Crookes a pu la mesurer au  moyen d'appareils d'une grande précision, et lui a donné, faute de mieux, le nom de force psychique. — Voir la description de ces expériences dans les ouvrages déjà cités : 1° de l'expérimentateur lui-même, Recherches sur les phénomènes du spiritualisme, pp. 22 à 27 et 55 à 72; 2° et de M. de Rochas, l'Extériorisation de la motricité, pp. 475 à 487 de la 4e édition.

Le grand savant autrichien, Reichenbach, dont j'ai, résumé les travaux sous mon chapitre IV (V'. supra, nos 84 et s.), en a fait une étude des plus approfondies et lui a donné le nom de force odique qui, aujourd'hui, semble avoir prévalu.

Et c'est enfin cette force qui joue le rôle capital, essentiel, dans la savante et lumineuse hypothèse au moyen de laquelle l'auteur du Traité de la Magie, l,e partie : la Physique magique 1, le grand psychologue allemand, Carl du Prel, a précisé les causes et analysé le processus physiologique du phénomène de la lévitation.

Je ne saurais me dispenser de donner à mes lecteurs un aperçu de cette étude magistrale, qui occupe les pages 159 à 205 du volume précité; on peut ainsi la résumer :

340. — Le mot pesanteur exprime un rapport entre deux corps, et non la propriété de l'un d'eux. Dire qu'une pierre est pesante, c'est constater l'action exercée sur la pierre par la terre, et non pas énoncer \\\w cause, une propriété résidant en elle.

Ce rapport entre la terre et la pierre, qui crée la pesanteur, est modifiable. Evidemment, on ne peut supprimer la terre, et, par conséquent, aucun corps ne peut être soustrait à son attraction. Mais « peut-être sa force d'attraction pourrait-elle être annulée par la mise en jeu de forces capables de transformer, sous des conditions données, la gravitation en lévitation »- De ces forces, il en existe certainement: par exemple,, celle que l'on constate dans le magnétisme minéral, et qui explique l'action exercée par l'aimant sur d'autres corps en un sens contraire à la loi de gravitation. Or, dès l'instant qu'une exception à cette loi est constatée, d'autres apparaissent comme possibles. Par exemple, si l'on admet, et de sérieuses considérations nous y autorisent, que la gravitation est identique à l'attraction électrique, il suffirait de supposer un changement dans la nature (positive ou négative) de l'électricité d'un corps, pour que la terre le repousse, au lieu de l'attirer, et que la gravitation se transforme pour lui en lévitation .

Aujourd'hui, on en est encore, dans la science, A nier le phénomène de la lévitation, parce qu'on le déclare impossible, comme étant contraire à la loi de gravitation. Mais il suffit de supposer un instant que la gravitation rentre dans les lois fondamentales de l'électricité, pour que la lévitation devienne aussitôt une des possibilités les plus nettes et que, par conséquent, l'objection disparaisse. Dès lors, en présence de faits établissant nettement la réalité du phénomène, comme ceux qui viennent d'être mis sous les yeux du lecteur, il semble permis et à propos, plutôt que de les nier, d'en rechercher la cause dans la mise en jeu des lois de polarisation du magnétisme animal, si bien étudiées par Reichenbach, et dont les multiples applications paraissent démontrer l'existence d'une force, la force odique, capable, sous diverses influences qui la renforcent ou l'extériorisent, telles que les passes magnétiques, les suggestions et auto-suggestions, et certaines dispositions physiologiques du sujet, de seconder ou de neutraliser, dans l'organisme humain, les effets de la loi de gravitation."

--- *il décéda en 1920.

Emmanuel Besson qui l'a connu personnellement dans la revue Le Domaine du 1er avril 1932 reliait sa conversion (vers 1891) à l'entrée du défilé de Montcy dans la forêt des Ardennes près d'un lieu dans lequel certains ont cru identifier les ruines d'un temple de Vénus-Cythérée. Primot s'y promenait chaque jour avec sa femme.

Primot raconte ainsi l'histoire dans son livre :

"Un jour, au cours d'une de nos promenades habituelles dans les environs de Mézières, nous rencontrâmes une dame de cette localité avec laquelle ma femme était entrée en relations et qu'elle me présenta. La conversation s'engagea et je fus surpris de lui entendre émettre des idées élevées sur la destinée de l'homme et sur son immortalité. Elle avait sur ces mystérieux problèmes des solutions précises, très indépendantes de celles que fournit la foi religieuse, bien qu'elle fût pratiquante, et qui dénotaient en elle une conviction profonde et inébranlable. Je lui demandai d'où elle tenait ces certitudes; elle me répondit qu'ayant perdu un enfant tout jeune, elle avait eu la preuve réelle et sensible de sa survivance ; elle me parla de médiums, et, sur ma demande, m'expliqua qu'on entendait par là certaines personnes douées d'aptitudes spéciales qui leur permettent de servir d'intermédiaires entre les vivants et les morts et qui assurent ainsi, dans des circonstances et sous des conditions déterminées, la communication du monde visible avec l'invisible.

J'avoue que j'eus peine à dissimuler un sourire sceptique, tant ce langage était nouveau pour moi. Elle s'en aperçut et me dit qu'elle ne pouvait en quelques instants de conversation, mettre en évidence les éléments de sa conviction et les preuves sur lesquelles elle s'appuyait; mais elle m'offrit du me prêter quelques ouvrages qu'elle avait en sa possession et qui, s'ils ne parvenaient pas à me faire partager sa foi, ne manqueraient pas de m'intéresser et de m'ouvrir des aperçus nouveaux sur un monde dont je paraissais ne pas soupçonner l'existence.

J'acceptai son offre et je lus les quelques volumes qu'elle m'envoya. Cette lecture et quelques timides expériences que, sur ces entrefaites, je tentai dans l'intimité d'un groupe d'amis, et qui donnèrent dos résultats suffisants pour que mon incrédulité fût ébranlée, éveillèrent en moi le désir de pénétrer plus avant dans ce domaine mystérieux qui jusque-là m'était resté complètement fermé."

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Personnellement je ne suis pas sûr qu'éclairer une réalité obscure (la lévitation) par un concept obscur (la "force odique") soit très utile. Mais je relève l'argument pour justifier qu'on applique une grille d'analyse scientifique à une réalité religieuse : Dieu utilise autant qu'il le peut les lois naturelles... donc on est légitimé par la théologie même à explorer selon la méthode des sciences naturelles, le plus loin possible, les phénomènes apparemment surnaturels...

Pour le reste je conseille la lecture de ce livre qui montre combien au moment où Freud et Jung creusaient la notion de "subconscient" la notion de "subconscience" était déjà très largement explorée en France parmi les psychologues qui s'intéressaient au paranormal, qu'ils tentaient de ramener à l'action d'énergies psychiques.

 

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A propos du documentaire : Des médecines parallèles aux pires dérives

31 Janvier 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Spiritualités de l'amour

En tant qu'auteur d'un livre sur les médiums, je continue de suivre le discours des médias sur les médecines parallèles. Ceux-ci ne m'invitent jamais (à part une interview dans Madame Figaro il y a trois ans), mais je ne m'en plains pas, le petit chemin que mon livre se fraie dans les milieux universitaires me suffisant.

Je regardais avant hier ce documentaire d' "Investigations parallèles", une chaîne You Tube qui compte plus de 2 millions d'abonnés (le documentaire lui même a été vu 157 000 fois en un an). Il s'intitule "Des médecines parallèles aux pires dérives"

Le discours que tient ce documentaire est le suivant : il existe de mauvais guérisseurs, qui vous empêchent de recourir à la médecine scientifique, des sectaires qui vous coupent de votre famille et vous laissent crever de votre cancer en vous soutirant le plus d'argent possible, et puis, peut-être, des guérisseurs plus utiles, comme les rebouteux et les magnétiseurs, qui ont des dons hérités de père en fils et de mère en fille, dans les campagnes notamment.

Ceux qui ont lu mon livre sur les médiums savent que j'ai eu un vécu dans ce milieu intense et qui est allé très loin en 2014-2015. L'analyse que j'en ai fait après beaucoup de lectures et d'interviews est quelque peu différente. Je vais essayer de la synthétiser ici.

Tout d'abord, dans cette affaire tous les mots sont piégés : qu'est-ce que le magnétisme ? que signifie guérir ? qu'est-ce qu'une maladie ? etc

Essayons de reprendre les choses à la base. Toute souffrance, même légère, peut être le symptôme d'un début de maladie, qu'il s'agisse d'une souffrance morale ou d'une souffrance physique. Il y a un continuum entre la légère brûlure d'estomac et l'ulcère, par exemple. Et toute personne à ce stade a un pouvoir de guérison sur autrui. Le physicien Yves Rocard avait montré que beaucoup de gens ont de la magnétite dans les mains, donc beaucoup de gens sont potentiellement magnétiseurs, ce qui ne signifie pas pour autant que, si ces personnes dont les mains magnétisent essaient de guérir autrui elles obtiendront des résultats (et d'ailleurs il y a des sortes de fluides très différents qui passent par les mains des magnétiseurs : des chauds, des froids etc). Cela ne marchera pas sur tous les types et sur tous les degrés de pathologie. Cela peut marcher une fois et ne plus jamais marcher etc.

Si l'on comptabilise toutes les personnes qui ont du magnétisme dans les mains, cela fait beaucoup de guérisseurs potentiels. Mais il faut élargir le propos. En réalité vous pouvez guérir aussi, aux stades premiers des symptômes, par la parole. En faisant plaisir à un de vos proches ou à un inconnu dans la rue, par un sourire, une parole particulièrement libératrice et pertinente etc. Comme me l'avait dit une entité en 2014 dans une canalisation par la voix d'un médium : "tes livres guérissent les gens". J'avais trouvé cela un peu exagéré, mais si l'on parle des touts premiers symptômes de la maladie, un texte, une parole, un regard même peuvent guérir en donnant des forces à autrui pour combattre des embryons de dégénérescence ou des pathologies. En ce sens il y a des milliards d'actes de guérison tous les jours dont nous n'avons pas conscience (et je ne parle même pas des prières, et actes tournés vers le monde invisible, immanent ou transcendant, qui eux aussi modifient des équilibres subtils - il faudrait ici évoquer les travaux de Sheldrake sur les champs morphiques).

Quelle est la valeur de ces guérisons ? faut-ils (comme l'a décidé le conseil scientifique du sanctuaire de Lourdes) qu'elles soient définitives dans la durée pour être valorisées (je repense à cette évangélique qui guérit par ses prières une tendinite que j'avais depuis 4 ans, mais cela ne dura qu'un quart d'heure, et la tendinite, 3 ans après sa prière, est toujours là) ? Faut-il qu'il y ait intervention de phénomènes inexplicables par les lois naturelles comme la  reconstitution "miraculeuse" de tissus ? etc.

Ce qui est absolument certains, c'est que, parmi les milliards de gens qui peuvent réaliser des micro-guérisons chaque jours, il en est qui en réalisent de plus spectaculaires et beaucoup. Quelle est l'origine de ce don ? Est-ce une décision souveraine du Créateur de ce monde ? Les positivistes aiment imaginer qu'il y a quelque hérédité là dedans. Ils le mettent en avant concernant notamment les guérisseurs/rebouteux. A supposer que ce soit vrai, cela ne fait que déplacer la question dans le temps : comment l'ancêtre, si cela vient de lui, a-t-il pu recevoir le don au début ?

Je l'ai dit dans mon livre : parfois le don a des origines très singulières - par exemple une expérience de mort imminente. Et beaucoup quand on les travaille un peu avouent que c'est une présence, un être invisible qui s'est manifesté en leur conférant cela. D'autres fois on entrevoit quelque chose de très suspect, dans pouvoir vraiment dire de quoi il s'agit, comme cette magnétiseuse de l'agglomération paloise qui m'avait avoué qu'elle avait contracté son "pouvoir" en fréquentant des familles tziganes quand elle était petite, milieu où la pratique de la sorcellerie est tout à fait monnaie courante.

Si certains exagèrent la portée de leurs pouvoirs ou leur côté surnaturel, d'autres au contraire le dissimulent pour ne pas effrayer leur clientèle rationaliste, préférant dire que tout est purement naturel et sera un jour sans doute expliqué par la science. Mais qu'il y ait quelque chose de réellement surnaturel qui accompagne le pouvoir magnétique est souvent incontestable, comme dans le cas du premier médium que j'ai fréquenté qui pouvait dire avec précision quand mon grand père maternel était décédé, en se faisant le porte-parole, disait-il, des "esprits".

A l'aune de ces paramètres étranges qui touchent au monde invisible et au paranormal, il est assez difficile de trancher entre le bon et le mauvais guérisseur. Contrairement à ce qui est dit dans ce documentaire, il n'y a pas d'un côté l'escroc manipulateur et de l'autre le brave paysan qui veut aider de bon cœur son prochain. Le guérisseur altruiste peut se muer en escroc sans s'en rendre compte (en surestimant ses pouvoirs, en faisant trop confiance à sa petite voix intérieure sans se demander si elle vient vraiment de Dieu), le paysan bien intentionné peut être la dupe de forces qui le dépassent. Il n'y a pas de règle de discernement générale, on sent rapidement que tout dépend du positionnement du patient lui-même, son aptitude à s'inscrire dans un système de foi à la fois avisé et positif, sans verser lui-même dans l'orgueil. Bref, cela devient rapidement très complexe, et fait intervenir aussi le rapport aux révélations religieuses multi-millénaires (les religions monothéistes) que, n'en déplaise aux médias, on ne peut pas écarter comme ça d'un revers de main en faisant "comme si" elles n'avaient jamais rien dit de pertinent sur le sujet. Ces révélations nous font notamment nous interroger sur l'opportunité de confier notre santé à un être de chair et de sang, en faisant comme si ce n'était pas à notre créateur dans décider. Bref, cela nous fait entrer rapidement dans des interrogations philosophiques et spirituelles sur le sens général de l'existence individuelle, dont la problématique de la guérison n'est qu'un aspect, peut-être à la limite secondaire. Le bon alignement avec le Créateur (ou si l'on veut ses forces cosmiques), devient ainsi plus important que le bien-être (ou la guérison), lequel vient par surcroît quand la bonne direction est trouvée, et les mains du guérisseur deviennent alors peut-être inutiles, de même qu'éventuellement ses prières rituelles auxquelles tout un chacun peut trouver des substituts bien plus efficaces par une bonne connexion à la transcendance.

 

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Encore un mot sur Richard Bentley

30 Janvier 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Médiums, #Sociologie des institutions

Dans mon livre sur les services juridiques de l'Etat (p. 298) j'ai parlé de l'histoire du principe du contradictoire ("audi alteram partem" : il faut écouter le point de vue de l'autre, entendre sa défense) et, encore il y a cinq ans,  je rappelais qu'une mésaventure survenue à Richard Bentley en 1723 fut à l'origine de l'invention en Angleterre de ce principe du contradictoire, transposé par les libéraux en France au XIXe siècle (notamment par les tendances anglomanes du Conseil d'Etat au XIXe siècle, ceux que Leroux appelait "la France carthaginoise". Finalement le principe s'est introduit dans toutes les procédures administratives en France et dans les autres pays européens)

Notons que Bentley fut par ailleurs auteur de "La friponnerie laïque des prétendus esprits-forts d'Angleterre, ou Remarques de Phileleuthere de Leipsick sur le Discours de la liberté de penser" qui fut traduit en français par Armand Boisbeleau de La Chapelle, écrivain protestant français exilé qui avait tout intérêt à faire cause commune avec Bentley. C'est une réaction à la parution sous couvert d'anonymat en 1713 du Discours sur la liberté de penser d’Anthony Collins qui avait mis Londres en ébullition et affaibli le parti Whig au pouvoir en Angleterre. Le livre allait si loin dans l'athéisme qu'il affaiblissait les défenseurs de la liberté en les faisant passer par ses excès pour des bandits anarchistes, et jetait l'opprobre sur le protestantisme capable de devenir un tel nid de vipères.

Collins avait, outre ce discours, fait paraître aussi en 1710 "Priestcraft in perfection" traduit en français par "La friponnerie ecclésiastique portée à son comble", que La Chapelle décrit comme une entreprise "don quichottesque" contre toute forme de cléricalisme auquel il finit par donner une portée totalement antichrétienne.

Parmi les réponses à cette provocation, celle de Bentley, nous dit La Chapelle, fut la plus impérieuse car à la fois elle démontait la lecture historique que Collins faisait des autorités ecclésiastiques et discréditait l'honnêteté intellectuelle de l'auteur (alors, nous dit le traducteur, que les déistes ont tendance à se draper dans la pureté morale).

Vous savez que depuis mon passage par les magnétiseurs, je prête une certaine attention à la question de la sorcellerie (cf mon livre). J'observe que la question n'est pas absente du livre. On se souvient que dans les années 1660 en Angleterre sous la plume notamment de Glanvill dont on a déjà parlé, la question était d'une certaine importance, alors qu'en France Louis XIV allait encore affronter une affaire de sorcellerie, et Colbert ne mettra fin à la condamnation des sorciers qu'en 1682.

Collins, note Bentley, attribuait aux progrès de la liberté de penser un mérite : celui d'avoir fait déchoir en Grande-Bretagne "le pouvoir que l'on attribue au diable dans les possessions, et dans les sortilèges" (p. 78 de la traduction). Le théologien répliquait que c'était faux car les prêtres anglicans estimaient que les sortilèges existaient, et que c'est la loi votée en 1562 à l'initiative de la chambre basse qui avait qualifié d'acte de félonie "l'usage et la pratique des enchantements, de la magie et des sortilèges" de sorte qu'on ne pouvait en imputer le responsabilité aux ecclésiastiques.

A propos de la loi sur les sorcières, La Chapelle se réfère à John Stype, et cite ce passage en note de bas de page : "La raison qui fit porter ce Projet, vint du grand nombre d'Enchanteurs, de Sorciers & de gens qui invoquent le malin Esprit, qui s'accréditèrent dès les premiers momens de l'Avénement de la Reine à la Couronne, & peut-être auparavant. Ces gens-là se mêlaient des Affaires de l'Etat, & se servaient de Sortilèges, & de la Magie noire, pour ôter le Royaume à cette Princesse (Elizabeth Ie). On remarquait d'ailleurs qu'il régnait beaucoup de Maladies extraordinaires, qu'il y avait beaucoup „ de gens qui perdaient la parole, ou l'usage des sens, qui tombaient en langueur, ou dont la chair pourrissait ; ce que l'on crut avec raison, „ être les effets des Conjurations & des Enchantemens. Aussi est-ce ce que l'on dit dans le préambule de l'Acte" (Strype Annales t 1, ch 2 p. 61).

En réponse à Bentley, Collins allait d'ailleurs reconnaître que le clergé anglican n'était pas responsable des excès de la lutte contre la sorcellerie, notamment dans le procès d'Hertford de 1712 (dernière condamnation de sorcière en Angleterre).

Bentley poursuit son propos sur la sorcellerie en estimant qu'avant la Renaissance et la Réforme c'est une faiblesse générale de l'esprit humain et non une "friponnerie ecclésiastique" qui faisait imputer au diable beaucoup de problèmes aux causes naturelles : "les délires, les convulsions, les envies de manger" etc.  Seules les "lumières de la philosophie et de la médecine" ont eu le mérite de régler le problème, il revient donc "aux Boyles, et aux Newtons, aux Sydenhams, et aux Ratcliffs". "Lorsque ce peuple vit que des ordonnances de médecins guérissaient des maux qu'il imputait au Sortilège, il n'en fallut pas davantage pour le guérir lui-même de ses préjugés". Bentley salue d'ailleurs le travail contre la superstition de pasteurs comme le hollandais Balthazar Becker (1634-1698) et l'archevêque d'York Samuel Harsnet (1561-1631).

La Chapelle précise ceci  en note de bas de page à propos de Harsnett : "En 1586 , un jeune homme nommé Darrel s'érigea en Exorciste, & fit imprimer des Relations de quelques-unes de ses prouesses. La prétendue guérison d'un garçon de 14 ans faite à Barton en 1596, fit un grand bruit. A cette occasion Harsnet, qui n'était encore que Chapelain de l'Evêque Bancroft, écrivit un Ouvrage, intitulé, Découverte des Pratiques frauduleuses du Ministre".

Bentley était donc un théologien aux tendances rationalistes (à la différence de ce qu'allait être un Wesley par exemple), tout en étant très opposé au déisme.

Pour ma part, en tout cas, je compte appliquer le principe "audi alteram partem" dans un billet que j'écrirai dans quelques semaines sur le Suaire de Turin.

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Auctoritas universitaire

22 Décembre 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Publications et commentaires

Un professeur de sociologie m'écrit :

"Bonjour
Je suis en train d'évaluer une thèse de l'université de Montréal sur la médiumnité qui cite votre ouvrage sur les médiums, un chamanisme chez l'Harmattan.

Comme quoi , les écrits finissent par atteindre leur public.
Félicitations

Bon Noël"

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Natalie Saracco et le problème de la vérité

1 Décembre 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Sur You Tube une "chrétienne" façon Alexandra Henrion-Caude. Très "love love love", "amour amour", "j'aime Jésus, Jésus nous aime", la cinéaste Natalie Saracco.

Quand le journaliste de TV LIbertés (ci dessous) lui demande à juste titre (minute 14'12) "Cette sensibilité au surnaturel au divin, vous dites que c'est comme si Dieu avait ses têtes. Comment vous expliquez qu'il y a des personnes qui sont plus ou moins sensibles au surnaturel ?"

Elle répond : "Non Dieu n'a pas du tout ses têtes (...)
Le journaliste insiste :  "Il y a des gens qui sont totalement bloqués à ça"
Elle : "Ils sont bloqués, mais en même temps à eux aussi de se donner les moyens. Si je veux bronzer je vais me mettre sous le soleil, je ne vais pas me mettre dans une cave, ou sous un parasol enfermée quoi".

Cette dame est sans doute pleine de bonnes intentions (comme l'enfer en est pavé), mais on sent un brin de condescendance dans cette recommandation aux athées de "se donner les moyens" de la spiritualité.

Evidemment son expérience de mort imminente fonctionne pour elle comme une légitimation, et peut-être l'aveugle un peu, et personnellement j'avoue que j'apprécie davantage l'ex new-ageuse Doreen Virtue (malgré les limites aussi de sa position) qui refuse l'autorité des expériences de mort imminentes parce qu'elles sont contradictoires entre elles, et refuse même l'autorité de sa propre vision de Jésus-Christ qu'elle a eue juste après sa conversion. Doreen Virtue pousse l'exigence de vérité plus loin, me semble-t-il, ce qui fait plus honneur à Dieu. Car si l'on en reste à "je veux qu'on s'aime, Jésus m'est apparu", on n'a rien à répondre à celui qui dira : "le chanteur Freddie Mercury qui avait passé un pacte avec une entité obscure - et s'en était vanté - avait aussi des apparitions, et voulait aussi officiellement qu'on s'aime". On affaiblit les critères de la vérité spirituelle et morale.

Ainsi la dame s'enferme sans s'en rendre compte dans un cercle "d'illuminés" heureux de leur rapport privilégié à Jésus, enivrés d'un sentiment d'amour d'autant plus facile à proclamer qu'on se sent supérieur aux "pauvres gens" qui restent "enfermés dans leur cave"... Elle ne risque de ne convaincre ainsi que ses semblables...

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Les églises parallèles et l'amour de Jésus

19 Septembre 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Une dame s'est assise derrière moi alors que j'attendais dans ma chapelle préférée (d'une église parallèle). Nous avons un peu causé. Elle m'a dit que le prêtre du lieu avait été jadis dirigé une chapelle ailleurs dans la ville. Mais elle avait été brûlée par des gens malveillants qui lui en voulaient. Une bonne partie du local avait été consumée mais les bouteilles d'eau bénite étaient restées intactes.

Elle m'a parlé de sa nièce aussi, renversée par une voiture en 1998 dans le coma. "Elle sera un légume si elle se réveille" avaient pronostiqué les médecins. "Elle va te donner un signe aujourd'hui même" avait au contraire prophétisé le prêtre. Effectivement l'après-midi même elle bougeait une jambe et quelques jours plus tard s'éveillait. Elle dit aussi devoir à la Sainte Vierge (avec l'aide du prêtre) une réconciliation avec sa fille unique qui habite près de Lourdes l'an dernier, pour ses 60 ans, après trois semaines de fête avec deux personnes qui ont aussi connu sa fille après. Catholique un peu tradi, elle croit que le prêtre "dépend de Pie XII" (sic) parce qu'il fait une communion sous les deux espèces. Mais je doute qu'elle soit au fond si "tradi" que cela car elle s'est séparée de son mari qui habite dans le Gers. Elle a dû garder simplement quelques réflexes un peu conservateurs car elle dit que du temps où elle vivait à Boulogne-Billancourt, elle avait eu des tensions avec un curé qui tenait à la faire communier à la main.

En tout cas n'est pas "tradi" son souci de "laisser l'ego de côté" (c'est du vocabulaire New Age). Elle m'a aussi cité deux histoires qu'on retrouve sur des sites de médiums sur Internet : le poème de Margaret Fishback Powers et celui de Stickland Gillilan.

Son amour très souriant pour Jésus et la Sainte Vierge, son besoin de témoigner de sa foi avaient quelque chose d'étrange. "Il faut de la confiance, ayez confiance" disait-elle avant que j'eusse ouvert la bouche. A la fin, elle m'a remercié pour ce témoignage et "pour (mon) sourire" (sic).

On peut songer parfois que les églises parallèles détournent de l'amour de Jésus ou de Marie en orientant des gens vers leur "gourou". Cette dame était la preuve vivante du contraire.

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La parapsychologie en 1989

9 Septembre 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Histoire secrète

Une émission (Stars à la barre, mai 1989) dans le style foire d'empoigne comme en produisait la TV spectacle dans les années 80-90, mais qui a le mérite de donner un petit aperçu du monde de la voyance de l'époque spécialement l'année où j'ai eu la mauvaise idée de participer à une séance de spiritisme à Montreuil.

Le présentateur Daniel Bilalian y explique au vu du livre justement paru en 1989 d'Edouard Brasey "Sorciers" que le chiffre d'affaire de la voyance selon les Cahiers de la Chirurgie serait de 21,3 milliards de F (3 fois plus que les consultations de généralistes), à Paris 25 000 voyants et parapsychologues (60 000 en France), et 500 sorciers noirs (30 000 en France), 10 millions de Français consulteraient un voyant chaque année. Bien sûr on n'est pas obligé de croire en ces chiffres sortis d'on ne sait où.

Sur le plateau Didier Derlich, 24 ans, qui le 30 mars 1989 sur Média Médium (RTL) a commis un gros impair en annonçant en direct à tort à une femme que son fils n'était pas mort.

Gérard Majax, illusionniste, censé intervenir pour démystifier la "parapsychologie". Il est, comme Philippe Bouvard et Cavanna sur le plateau dans le camp des sceptiques mais on apprend incidemment par le "spirite" Sieber qu'il aurait un don pour connaître le passé des gens en face de lui sans les connaître (1h13) et serai donc un médium qui prétend que la médiumnité n'existe pas. Sieber l'accuse (1h 12) aussi d'avoir fait passer pour un illusionniste Jean-Pierre Girard, qui tordait les barres de fer (Majax soutient qu'il était à l'association française des prestidigitateurs pour démystifier Uri Geller (sauf que la question de savoir si Geller est un imposteur ou pas est elle-même délicate). On ne sait plus qui est le magnétiseur et qui est l'illusionniste.

Le voyant Gilbert Duquesnoy alias Nathaniel, qui mourra assassiné en octobre 1990 par un accro du minitel rose homo de 33 ans. Il s'essaya (mais avec une majorité d'erreurs) pour l'émission à prévoir le résultat des Molières. En minute 16'48, la comédienne Monique Tarbès (à l'époque fort populaire) raconte à son sujet : "Un soir j'ai vu Nathaniel, je n'allais pas bien. Il m'a dit : dans 3 semaines à Pâques, tu vas rencontrer un homme de 47 ans qui est grisonnant, qui a les yeux clairs, son métier commence par un A, il est en rapport avec ton métier, et tu vas l'épouser. Résultat 3 semaines après j'ai rencontré un homme grisonnant qui les yeux clairs qui est architecte, qui avait 47 ans et que j'ai rencontré en rapport avec mon métier". Apparemment Monique Tarbès ne l'a pas épousé. Son histoire rejoint point par point celle que m'a racontée en 2016 l'actuelle rédactrice en chef d'un magazine d'astrologie.

Il dit qu'il a été confronté pour Paris-Match à Marie-Thérèse de Brosses et Charles Hirsch (qui ont assuré l'édition de Manifeste de la nouvelle Gnose chez Gallimard en 1989)

Yves Lignon, de l'Institut Parapsychologique de l'université Toulouse-Mirail que je cite bien sûr dans la bibliographie de mon livre sur les médiums. Il allait un peu plus tard tenter une expérience avec Maud Kristen (voyante à laquelle j'ai eu affaire en 2015).

Rémy Chauvin, biologiste de la Sorbonne à la retraite, qui s'est penché sur le paranormal, lui aussi présent dans ma biblio évidemment. En 1984, au contact d'Yves Rocard (physicien, père du premier ministre de l'époque, et qui avait écrit sur le magnétisme) a découvert qu'il pouvait entraîner des phénomènes de psychokinèse.

 Le mage Alexis, qui est présenté comme le mage de Brigitte Bardot et Eric Wolinski, voyant Les deux travaillent pour la société Divinitel (cofondé par Claude Naisse et Alexis) qui fait des voyances sommaires sur Minitel sur la base de la numérologie et de l'astrologie à partir de la date de naissance. Ils répondent à des appels téléphoniques surtarifés (300 appels par jour), mais aussi pratiquent des désenvoutements ou retour d'affection à plus de 5 000 jusqu'à 100 000 F.

 Un documentaire de la RTBF sur Franck Schaffner exorciste dans le midi en 1981, primat de l'église catholique gallicane de France.

Un autre désenvouteur en tenue pittoresque est invité à la barre (minute 40), le Mage Hermarès qui se dit "docteur de la loi", kabbaliste, chargé d'aider les médiums. Il explique que son poignard l'aide à couper l'influence des mauvais esprits sur le plateau.

Octave Sieber présenté comme "spirit" qui réussit à faire fuir (provisoirement) R. Chauvin du plateau en 47eme minute. Il n'eut pas l'occasion de dire grand chose à part invectiver les rationalistes. Il n'est pas exclu que ces deux derniers intervenants soient de simples comédiens embauchés pour les besoins de la cause, ou en tout cas des spirites de bas étage, les vrais désenvouteurs étant quand même peu susceptibles de se prêter à ce genre de spectacle.

Une "voyante spirite", Mme Francquie, prend aussi la parole dans le public pour dire que toutes les catégories sociales sont représentées parmi ses clients.

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Bruno Gröning dévoyé ?

6 Juillet 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Anthropologie du corps, #Christianisme

Vous vous souvenez peut-être qu'en mars 2020 je vous avais livré un compte-rendu d'entretien avec une responsable du Cercle Bruno Gröning en France. Le 6 juin dernier j'ai eu une conversation téléphonique de plus de deux heures avec une lectrice de ce blog de 47 ans qui avait un témoignage intéressant à fournir sur le sujet. Comme j'avais insisté dans mon billet sur le côté "New Age" des cercles B. Gröning, elle a tenu à souligner que Gröning, lui, s'en référait à Jésus, non pas le "maître ascensionné" des new-agers, mais le vrai "fils de Dieu", et elle a attiré mon attention sur une vidéo d'un certain Thomas Busse, disciple de cette mouvance, qui racontait comment la famille du maître avait systématiquement gommé les références chrétiennes de Gröning, y compris le crucifix qu'il portait au cou, pour donner une portée universelle à son culte, et notamment ne pas heurter les sensibilités en Israël où le cercle a aussi une antenne.

On peut remarquer d'ailleurs que cette dame avait aussi eu une expérience forte avec le martinisme et les fidèles de Maître Philippe de Lyon, qu'elle connaissait beaucoup de choses sur l'alchimie, le reiki et la Sainte Baume, et qu'elle avait une dette spirituelle à l'égard de Saint Païssios, ce qui en faisait sur bien des points une interlocutrice idéale pour moi à la confluence de nombreuses recherches qui me tenaient à coeur. N'était que, dotée de dons spirites de naissance (dont elle avait fait preuve notamment quand elle avait travaillé comme archéologue), frappée d'une maladie neurologique grave due à des antibiotiques et amplifiés par une piqûre de guêpe à l'Assomption de 2016, elle développait une sorte de méfiance généralisée (avec toutes les inspirations invisibles qui vont avec) qui ne permettait pas un dialogue fructueux. J'ai trouvé personnellement utile son insistance sur le christianisme de Gröning et sur la nécessité qu'il y avait de se demander "pourquoi l'apparition de ce guérisseur à grande échelle dans l'Allemagne terriblement meurtrie de l'après-guerre?".

Je sais qu'il y a parfois des entrelacements complexes entre le christianisme et diverses formes de magnétisme, de médiumnité, voire de spiritisme. A preuve cet épisode étrange de la rencontre du Padre Pio avec la médium spirite Madame Bouvier évoqué par le spirite Reynald Roussel (j'ai eu d'ailleurs un échange de courriel avec lui dans lequel il me confirme avoir eu la preuve de la rencontre, mais pas évidemment du contenu des propos tenus). Il me trotte dans l'esprit que peut-être (je l'avance avec beaucoup de prudence) les guérisseurs, comme d'ailleurs les spirites, peuvent être des sortes d' "antichambres" de la vraie foi, et, dans cette mesure, ne doivent pas être totalement condamnés ; qu'il faudrait peut-être simplement inciter leurs clients à "passer à autre chose", franchir un pallier au dessus, avant que cela ne les tire plus bas. La lectrice du blog reconnaissait que, quand bien même elle restituait à Gröning sa dimension chrétienne, elle reconnaissait que le principe même de l'adhésion aux cercles orientait plus vers le culte de Gröning lui-même que vers l'adhésion à Jésus-Christ. J'ajouterais pour ma part que le fait que les cercles acceptent des dons (ce que par exemple Saint Païssios, lui, refusait) ou qu'ils promeuvent l'enlacement des arbres n'est pas très bon signe non plus. On conçoit que quand on a une maladie grave et que les prières ne servent à rien, on finisse par se tourner vers des guérisseurs. C'est d'une certaine façon ce que j'ai fait en 2014. Cependant, avec le recul, j'inciterais plutôt tout un chacun, pour se guérir, à surtout se repentir de ses péchés, et notamment des péchés instillés par la culture du monde actuel (par sa musique par exemple, par ses médias etc), apprendre à mortifier sa chair, à reprendre une place humble dans une Eglise (protestante, orthodoxe, catholique), mener une vie de famille ordinaire et scrupuleuse (éventuellement même se livrer à des activités manuelles comme le préconise St Paul), respecter le décalogue, plutôt que d'aller chercher des secours "magnétiques" ou "spirites" dont le contenu reste suspect.

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Atelier d'écriture en banlieue

29 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #Médiums

Assisté à une restitution d'atelier d'écriture de femmes hier dans un centre social de la banlieue parisienne. Discuté avec une écrivaine parisienne née yougoslave qui "va au peuple" au delà du périphérique de temps en temps dans le cadre de ce genre d'action subventionnée. Nous avons discuté pendant 10 mn de la question de savoir si le conflit yougoslave était une guerre civile ou pas, ce qui me ramenait au temps où je  publiais un livre sur les Serbes.

L'ambiance de la restitution était émouvante, mais un peu gâchée, selon moi, par le fait que l'illustratrice de la brochure qui concluait le travail de l'année ait proposé aux participantes de composer un tableau de peinture au pendule pour terminer en beauté. Quand on sait quelles forces occultes peuvent se glisser dans ce genre d'ustensile  on ne peut que regretter que des femmes en souffrance  se voient imposer ce type de pratique dans un cadre institutionnel. Pour ma part j'ai préféré m'éclipser plutôt que de m'associer à cette invocation collective qui ne disait pas son nom (et dont celle qui l'a proposée ignorait sans doute la nature profonde)...

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Léon Bloy et le magnétisme

12 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums

Extrait de Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (p. 43-44)  : "Rencontré chez le curé un hypnotiste, spiritiste ou occultiste, je ne sais comment nommer l'animal, qui se déclare bon chrétien et dégaine volontiers son chapelet. J'apprends avec effroi, avec horreur, que l'autorité ecclésiastique, loin de rejeter violemment l'ordure, prétend que les prêtres l'étudient avec le plus grand soin sous le prétexte mille fois sot qu'ils doivent être armés contre une erreur qui pourrait bien n'être pas absolue. Cela nous met loin des Martyrs qui aimaient mieux s'asseoir à une table de feu, la tête coiffée d'une marmite rouge que de faire la moitié d'un pas vers les démons. Bougrement loin, si j'ose le dire !

Occasion de citer une page très-belle de la voyante fameuse de Dulmen (Vie d'Anne-Catherine Emmerich par le Père Schmœger, tome 1er, page 485):

'La pratique du magnétisme confine à la magie seulement, on n'y invoque pas le diable, mais il vient de lui-même. Quiconque s'y livre prend à la nature quelque chose qui ne peut être conquis légitimement que dans l'Église de Jésus-Christ et qui ne peut se conserver avec le pouvoir de guérir et de sanctifier que dans son sein. Or la nature, pour tous ceux qui ne sont pas en union vivante avec Jésus-Christ, par la vraie foi et la grâce sanctifiante, est pleine des influences de Satan. Les personnes magnétiques ne voient aucune chose dans son essence et dans sa dépendance de Dieu; elles voient tout isolé et séparé, comme à travers un trou ou une fente. Elles perçoivent un rayon des choses par le magnétisme, et Dieu veuille que cette lumière soit pure, c'est-à-dire sainte. C'est un bienfait de Dieu de nous avoir séparés et voilés les uns devant les autres et d'avoir élevé des murs entre nous, depuis que nous sommes remplis de péchés et dépendants les uns des autres il est bon que nous soyons forcés d'agir préalablement avant de nous séduire réciproquement et de nous communiquer l'influence contagieuse du mauvais esprit. Mais, en Jésus-Christ, Dieu lui-même fait homme nous est donné comme notre chef dans lequel, purifiés et sanctifiés, nous pouvons devenir une seule chose, un seul corps, sans apporter dans cette union nos péchés et nos mauvais penchants. Quiconque veut faire cesser d'une autre manière cette séparation établie par Dieu s'unit d'une façon très-dangereuse à la nature déchue, dans laquelle règne avec ses séductions celui qui l'a entraînée à sa chute.

Je vois l'essence propre du magnétisme comme vraie; mais il y a un larron qui est déchaîné dans cette lumière voilée. Toute union entre des pécheurs est dangereuse ; la pénétration mutuelle l'est encore davantage. Mais quand cela arrive pour une âme tout à fait ouverte quand un état qui ne devient clairvoyant que parce qu'il implique la simplicité et l'absence de calcul, devient la proie de l'artifice et de l'intrigue; alors une des facultés de l'homme avant la chute, faculté qui n'est pas entièrement morte, est ressuscitée d'une certaine manière, pour le laisser plus désarmé et dans un état plus mystérieux, exposé intérieurement aux attaques du démon. Cet état est réel, il existe mais il est couvert d'un voile, parce que c'est une source empoisonnée pour tous, excepté pour les saints etc'. "

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Quand L'Humanité faisait l'éloge d'Arthur Avalon et de la déesse-mère

18 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Alchimie, #Shivaïsme yoga tantrisme, #Médiums, #Spiritualités de l'amour, #Histoire des idées, #Histoire secrète

J'ai déjà rappelé ici que le socialisme révolutionnaire de Pierre Leroux et des saint-simoniens était très attaché à la figure de la déesse-mère. On oublie aussi souvent qu'un grand alchimiste, Jollivet-Castellot, fut un des fondateurs du Parti communiste français (et l'on sait le lien entre l'alchimie et la Terre-mère, Gaïa). On est là dans la tradition maçonnique (et médiumnique) du Nord-Pas-de-Calais (cf Facon).

On ne devrait donc peut-être pas être si surpris que cela de lire dans le célèbre journal communiste français L'Humanité du 3 février 1924, sous la plume de Maurice Parijanine (Maurice Donzel), journal pourtant en théorie principalement inspiré par le matérialisme dialectique de Marx, un éloge d'un poème d'Arthur Avalon dédié à la "Mère des Védas" et "Reine des Serpents". "Le culte de la mère, observe Parijine est très ancien, il appartenait déjà a la civilisation méditerranéenne la plus reculée" pour que ses lecteurs ne réduisent pas cela à une bizarrerie indienne. Puis il ajoute à l'intention des admirateurs de Lénine : "Nous avons encore beaucoup à apprendre de l'Asie. Certains révolutionnaires russes ont dit de leur pays qu'il est une Eurasie, une alliance foncière des deux continents. Il y a du vrai là dedans ; et, si nous persistons dans notre décadence occidentale, il se pourrait bien que le foyer de la civilisation dérivât lentement à l'opposé du soleil, vers les sources primitives des générations. Des poètes s'écrient l'Europe n'est plus. L'Asie seule contient l'avenir dans ses vallées sécrètes. Pour nous, engagés dans une lutte quotidienne, ces prévisions à lointaine portée ne semblent avoir qu'un intérêt relatif. Cependant, nous pouvons déjà compléter notre culture, rendre notre pensée largement humaine par l'observation des Orientaux. Des spécialistes nous ouvrent le trésor de leurs antiquités. Des écrivains d'envergure mondiale, tels que Romain Rolland et Rabindranath Tagore nous révèlent la conscience d'une Asie toute moderne. Entre les deux extrémités des temps connus, nous discernerons des traditions fécondes et notre désir d'Universalité spirituelle pourra s'assouvir". On est là encore assez proche de l'indophilie de Pierre Leroux, et pas très loin de sa religion de l'humanité, antichambre de la religion unique mondiale qui se met en place sous nos yeux.

Arthur Avalon (Sir John George Woodroffe), dans la Puissance du Serpent (The Serpent Power), fut le premier à mettre à la sauce occidentale de la Théosophie les chakras et la kundalini comme réalités énergétiques tangibles qu'il avait expérimentées dans le tantrisme indien.

Bien sûr Parijanine, s'il est en un sens représentatif d'un certain courant de la gauche révolutionnaire française, ne l'est probablement pas de l'ensemble du mouvement communiste. Traducteur de Trotsky il rejoignait cette dissidence à la fin des années 1920 et en 1929  polémiquait contre l' "écrivain officiel" (et membre de la fraternité des Veilleurs de Schwaller de Lubicz) Henri Barbusse. Son rapport à Avalon est peut-être inspiré de son propre vécu : il s'était en effet imprégné des campagnes russes entre 1917 et 1920 qui ont peut-être gardé à l'époque quelque choses du chamanisme initial, comme le shivaïsme.

Pour autant son goût pour la Terre-mère ne relève pas de l'idiosyncrasie, et d'ailleurs même si cela avait été le cas, le statut de chroniqueur littéraire qu'eut Parijanine à l'Humanité de 1923 à 1928 donnait une portée importante à ses particularités. On voit qu'il rattache le travail d'Avalon à celui de Romain Rolland, célèbre pacifiste socialiste, qui diffusa en Occident la pensée de Rabindranath Tagore et de Gandhi... On peut penser aussi au surréalisme qui avait aussi à l'époque le regard porté vers l'Orient. Tous ces courants convergeaient pour élargir les brèches antichrétiennes ouvertes par Mme Blavatsky et qui allaient trouver un boulevard à leur service dans le New Age. Et cela ressort à nouveau aujourd'hui, à la faveur du succès des thématiques écologistes (elles-mêmes très soutenues au sein de l'ONU par des sectes new age dans les années 1990) aussi bien à travers les "unes" que L'Humanité Dimanche consacre à des sorciers ou que des clins d'oeil à la santeria cubaine d'un Jean Ortiz.

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