Le grand monarque côté espagnol

Lu dans la Gazette d'Almeria du 5 février 2019 "Prophéties sur l'Espagne" :
"L'Espagne est le pays qui va mener la révolution spirituelle de la planète car elle est criblée de vortex d'énergie pour se connecter avec l'esprit de la Terre Mère Gaia, selon Ana Isabel de la Fuente.
De son côté, le Dr Gobelas, dans son ouvrage «Garabandal Hora X», a transcrit les révélations d'une âme sainte qui dit: «Oui, ça arrivera, si cela vient un nouveau roi pour régner. C'est un prince de souche lointaine; lointaine et déjà oublié e... Oui il va venir : c'est proche! Ce sera un grand guerrier : le vrai défenseur de l'Espagne, avec sa tradition. Celui-là, Espagnols, ne vous trahira pas!"
Il y a aussi les prophéties de saint François de Paule sur le Grand Monarque, un ermite du XVe siècle, fondateur de l'Ordre des Minimes, qui a dit: «Ce saint homme sera un grand pécheur dans sa jeunesse et plus tard il se convertira au grand Dieu. Dans son enfance et son adolescence, il sera un saint, dans sa jeunesse un grand pécheur, mais plus tard, il se convertira et fera une grande pénitence."
TERRE DE CAUDILLOS
L'Espagne a toujours été une terre de dirigeants, de dirigeants charismatiques qui, imprégnés d'un patriotisme ardent, ont su diriger l'esprit de lutte et de résistance des Espagnols contre les menaces extérieures ou intérieures à leur survie, en guidant les armées ou en dirigeant les mobilisations populaires.
Des visionnaires de toute l'Europe ont prophétisé il y a des siècles au sujet de l' apparition d'un Grand Monarque dans let futur en Espagne, et avec lui la destruction du système et sa transformation pour un monde meilleur commenceraient.
L' offensive contre l'Espagne a déjà commencé, depuis longtemps, puisque les forces du Mal tentent de l'affaiblir, détruisant son intégrité territoriale, séparant le Pays basque et la Catalogne, qui, en raison de sa forte immigration islamique, servirait de cinquième colonne.
LE CAUDILLO DU TAGE
L'exposition la plus détaillée de la prophétie sur l'avènement d'un Caudillo en Espagne est due à Bug de Milhas, un ermite français du village de Milhas du Comminges (Pyrénées françaises), décédé en 1846 à près de cent ans.
Bug a prédit l'apparition de ce caudillo - le Caudillo du Tage -, avec des mots catégoriques: «Iberia, Iberia, je vois votre puissance grandir, rien ne peut arrêter l'élévation de votre destin. Sept cents ans de guerre formés à partir de t í le plus grand empire jamais connu. Combattu par la tempête des partis et l'ambition des étrangers, vous combattrez, cela vous coûtera du sang, des trésors, des bâtiments ... mais le jour de la paix viendra, vous retrouverez votre pouvoir et vos pertes antérieures, votre splendeur se répandra dans les régions les plus reculées. "
Une guerre européenne annoncée par de nombreux prophètes, accompagnée de peste et d'autres fléaux, porterait partout ses ravages et sa terreur. Les chrétiens se réfugieraient en Ibérie, augmentant leur pouvoir. Ensuite, le Tage produira un guerrier, courageux comme El Cid, qui, avec la bannière de la foi, rassemblera une grande armée et rencontrera le redoutable géant qui conquerra la péninsule.
La guerre européenne qu'il évoque fait référence à une prétendue troisième guerre mondiale , dans laquelle d'autres prophéties donnent également un rôle particulier aux musulmans, qui envahiront l'Europe du Sud, en particulier l'Espagne, pour revendiquer l'ancien empire d' Al- Ándalus.
LE GRAND MONARQUE
Cette prophétie coïncide avec celle du chercheur hispano-allemand Alberto Canosa qui prétend être le Grand Monarque des prophéties et être destiné à retirer l'Arche d'Alliance et à entrer dans la mythique Grotte d'Hercule à Tolède comme son découvreur, ce qui provoquerait une révolution spirituel en Espagne et sur toute la planète. Il est également convaincu qu'il va extraire des tonnes d'or pur d'Ophir que Salomon a laissé dans cette grotte et que cela permettrait à l' Espagne d'être sauvée de la crise économique et de l'enrichissement de tous les Espagnols.
Mais actuellement, l'Espagne ressemble plus à une dictature féodale qu'à une démocratie avec liberté d'expression, car il n'y a pas de personnage plus censuré par l'élite économique qui manipule le pays qu'Alberto Canosa, au point de voir son apparence interdite à la télévision ou dans les médias. Social.
LES VISIONS DE GLOIRE
Une autre prophétie sur l'Espagne est celle de la dame écossaise Catherine Brown, voix prophétique respectée et internationalement reconnue, qui assure que l' Espagne écrasera le terrorisme et les fausses façades religieuses. Voici un extrait:
" La gloire de Dieu a commencé à se déchaîner sur toute l'Espagne, déchaînant le Royaume de Dieu sur terre tel qu'il est au Ciel, et conduisant le Royaume d'Espagne à la renaissance."
«Je suis sur le point de lancer un mouvement de Mon Esprit en Espagne, qui aura un impact spirituel impressionnant sur les nations. Ce prochain mouvement de mon Esprit écrasera le terrorisme et les façades religieuses. Le mouvement continu de Mon Esprit provoquera un réveil sur cette terre. »
« Ma parole à l'Espagne est« ACCÉLÉRATION ». Sortez du désespoir et entrez dans votre destin . Sortez de votre lassitude et de votre découragement. Passez de la passivité à la recherche passionnée de votre roi et enfilez les vêtements de louange. Vous ferez l'expérience d'un réveil dans vos cœurs alors que vos oreilles s'ouvriront à cet appel de trompette du Ciel.
" Il existe l'onction de Daniel Je veux la verser sur la génération de Jacob en Espagne. Cette onction s'accompagne d'une grande faveur, de grandes richesses et ressources, ainsi que d'une onction révélatrice énorme , accompagnée de sagesse et de compréhension.
«Des lieux d'enseignement spirituel seront créés. Des bandes de centres de formation et d'équipement émergeront d'Espagne. Attendez le feu de ma présence, car mon feu est un lieu de raffinement et de sainteté. Des preuves viendront pour démontrer votre foi. N'ayez pas peur, car les cœurs purs brilleront alors que leur foi se manifestera comme de l'or pur.
"Séville porte une onction pour la vitalité du Royaume. Je déchaîne le son des flûtes, du tambour et du tambourin, et je rapproche les peuples celtique et basque"."
Vous noterez le côté "new age" des références de cet article ("terre mère", les vortex). Aucun des prophètes cités n'a eu la moindre reconnaissance de l'Eglise catholique, sauf le calabrais François de Paule, lequel n'a pas vraiment parlé de l'Espagne. L'article cite des auteurs dont l'existence même prête à débat comme ce Bug de Milhas ou de Milhaus soit disant du Comminges français dont la Toile ne dit à peu près (quelques sites américains le disent espagnol - ce site dit même que le personnage est un canular, un hoax).
La plus drôle des références de cet article est sans doute Alberto Canosa, qui prétend être le grand monarque, et qui connaît bien les propos bibliques sur les Géants (je vous renvoie à mon dernier livre à ce sujet) - voir ici.
Le volet espagnol du dossier des prophéties sur le Grand monarque est sans conteste beaucoup plus pauvre que le volet français.
L'apparition de la Vierge Marie à Lipa

Je lisais ce weekend divers documents sur l'apparition de la Vierge Marie à la carmélite Teresita Castillo (1927-2016) à Lipa aux Philippines en 1948. Il existe aussi un excellent documentaire en plusieurs parties à ce sujet ici ou là. Il est clair que, lorsqu'on se penche sur le détail des événements et des témoignages, on ne peut pas aboutir aux conclusions qu'en ont tirées les athées d'une part et le Vatican d'autre part. Pour autant, évidemment, le sujet des apparitions mariales, canoniques ou "diaboliques" est très complexe, comme tout ce qui touche au paranormal, et il est toujours téméraire de vouloir émettre un jugement : dans ce domaine comme dans d'autres, en rester au stade du questionnement peut s'avérer toujours plus fécond (tout en gardant à l'esprit tous les paramètres d'appréhension du phénomène, aussi bien les textes sacrés, que les différentes théories scientifiques ou spiritualo-scientifiques - physique quantique, théorie des champs morphogénétiques etc).
Je vous avais parlé il y a quelques années du Dr Ricardo Castañón Gomez, expert bolivien attaché au Vatican pour l'examen des hosties qui exsudent du sang. Il faudrait que, dans le même esprit que lui, des savants honnêtes (il n'y en a pas tant que cela), se penchent sur les pétales de rose qui sont tombés en pluie en 1948, au moment des apparitions, puis à nouveau dans les années 1990. Certains ont été examinés par une université américaine avec les moyens de l'époque, mais nous avons aujourd'hui des moyens d'observation et d'expérimentation bien plus sophistiqués. Or, si la hiérarchie catholique a fait confisquer et brûler de nombreux pétales (ces pétales tombés du ciel qui, dit-on, ne se rattachent à aucune espèce connue et sur lesquels étaient imprimées naturellement des scènes liturgiques), diverses personnes en ont conservé à travers le monde (par exemple la famille de la championne de golf Juliet Hughes, née en 1920). Il faudrait les faire analyser.
De même d'ailleurs qu'il faudrait examiner davantage les éléments liés aux expériences mystiques de la Syrienne Myrna Nazzour, ainsi que tous les phénomènes à travers le monde liés d'exsudation d'huile des reproduction de l'icône qu'elle a toujours chez elle (Notre Dame de Kazan).
Le marronnier du topless : interview de BFM TV

Comme tous les ans, difficile d'y échapper sur ce sujet : j'ai été interviewé par BFM TV sur le topless (voir leur article ici). J'ai parlé de la Bretagne et de la Charente...
Ils ont mentionné par erreur mon statut de chercheur associé que je n'ai plus depuis 2014, je leur ai demandé de bien vouloir le corriger ce point.
A propos de sociologie du corps, notez l'étonnant sondage IFOP-Xcams du 15 juillet que BFM TV cite par ailleurs dans un autre article - cf ci dessous.


L'Evangile selon Thomas

J'étais tombé la première fois sur un éloge de l'Evangile de Thomas (apocryphe) quand j'avais lu "Pourquoi je suis chrétienne" de Ghislaine de Montangon dont on a parlé ici. J'ai essayé de creuser un peu le sujet depuis lors, intrigué par trois aspects 1) une tradition syriaque fait de Thomas le jumeau de Jésus 2) certains affirment que cet évangile pourrait être plus proche du message originel de Jésus que les quatre synoptiques 3) le christianisme a manqué de peu de conquérir toute l'Asie avant l'apparition de l'Islam, et St Thomas serait à l'origine de ce mouvement.
J'ai donc parcouru les commentateurs non académiques de cet évangile : Emile Gillabert, Pierre Bourgeois, Yves Haas d'une part, et Pierre Mestdagh, d'autre part. Mais je ne suis pas convaincu. D'abord parce qu'il y a chez ses "disciples" beaucoup de parti pris. Ils tiennent absolument à voir dans ses énoncés une condamnation du messianisme, qui ne s'y trouve pas : l'évangile en question ignore certes l'eschatologie, et, comme celui de Jean, insiste sur la dimension intérieure du "Royaume", mais on ne peut en déduire une hostilité à l'eschatologie. En outre, ils plaquent beaucoup d'orientalisme (la condamnation de l'Ego, du "mental" etc) rendus populaires sous nos latitudes par le New Age, mais d'une façon purement gratuite, là où l'Evangile en question parle seulement de "retour à l'Un".
La partie la moins convaincante est d'ailleurs pour l'instant celle qui tient à en faire un évangile originel. Les auteurs se plaisent à nous expliquer (comme Wikipédia) qu'on l'a découvert à Nag Hammadi en décembre 1945 mais il eut été plus honnête de préciser que des extraits en étaient déjà connus eu XIXe siècle, et surtout que le texte est en copte, car le manuscrit trouvé est du IIIe siècle. Cela laisse la place à toutes les spéculations sur l'écriture da la première version...
Graham Hamer de l'université d'Oxford en 2015 avait fait un point sur le traitement universitaire de la question. Pour lui, si une majorité des historiens étatsuniens en font un évangile premier comparable au "Q" qui aurait inspiré Matthieu et Luc, les Européens resistent à cette hypothèse. Pour Mark Goodacre et Simon Gathercole le texte est bien du IIe siècle car il peut être démontré qu'il utilise les canoniques et n'a pu être écrit sur la base d'une seule transmission orale. Aucun moyen donc d'accéder à un "Jésus originel" à travers ce texte.
Je ne suis pas un inconditionnel des recherches universitaires sur les sujets religieux, loin s'en faut, mais je préfère cela à des spéculations que des gens plaquent sur des textes antiques au sortir d'une séance de yoga ou de méditation. Donc jusqu'à nouvel ordre il semble bien que les chercheurs de vérité n'aient rien à trouver de ce côté là, du moins s'ils attendent une vérité spécifique de "premières paroles de Jésus" qui seraient antérieures à ce qu'en disent les synoptiques.
Théophile de Bordeu à propos de Sévignacq

Théophile de Bordeu, né en vallée d'Ossau en 1722, ancien élève des Jésuites à Pau (le lycée Louis Barthou), puis de la faculté de Montpellier, médecin de Louis XV (ses deux frères et son père furent médecins aussi), franc-maçon, encyclopédiste (ami de Diderot), vitaliste dans ses Lettres sur les eaux minérales du Béarn (p. 83) : " je ne dois pas oublier que vous avez dans Sévignac deux petites sources minérales, l'une est souffrée et l'autre est ferrée; on s'en sert quelquefois dans des tumeurs, des ulcères et des obstructions." Pas de mention en revanche de Sévignacq-Meyracq dans ses Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées qui s'intéressent plus aux Eaux bonnes, aux Eaux chaudes, à Barèges, à Cauterêts. Dommage car dans ce village un Spa repris il y a deux ans par deux jeunes femmes vous installe dans des baignoires qui datent de l'époque de Théophile de Bordeu, les robinets aussi, et l'on y retrouve les deux sources que mentionnait le médecin béarnais.
Bordeu fut surpris par la mort dans son lit en 1776. Sévignacq lui doit sa notoriété. Mais Bordeu a manqué les ondines des eaux de Sévignacq dont une masseuse m'a parlé en décembre 2018. Pour lui ces contes mythologiques eurent le tort de détourner la médecine de l'intérêt pour les eaux, et il savait gré à la reine Marguerite de Navarre et à sa fille Jeanne à la suite des vicomtes de Béarn d'avoir su réconcilier les lettrés avec les eaux "des sorcières".
"Le 25 février de l'année 1754 que Théophile de Bordeu,. dans une longue dissertation sur les eaux minérales de l'Aquitaine , soutint aux écoles de médecine de Paris, avec une supériorité de moyens peu commune, sa doctrine sur la nature, la marche , le traitement et la terminaison des maladies chroniques , dans le but de déduire de ; cet intéressant examen les effets généraux des eaux minérales de sa province. Les observations de Descaunets , ses propres observations, celles de son père, médecin de l'hôpital militaire dé Barèges et intendant des eaux minérales de la vallée, et -de son frère François de Bordeu, adjoint aux travaux de leur père commun, lui fournirent des matériaux propres à discuter de grandes et fameuses questions ,. et à terminer à 'l'avantage des parties les plus intéressées, des débats dont l'objet pouvait être regardé comme une affaire de famille de la plus haute importance.
Bordeu penchait vers le solidisme ; il était partisan de l'antique doctrine de Thémison (de Laodicée) et d'Asclépiade (de Bithynie), qui réduisaient presque toutes les maladies aux vices de relâchement et de resserrement. Il avait cru reconnaître dans les propriétés des sources minérales des Pyrénées des différences qui cadraient très-bien avec ce que lés anciens observateurs nous avaient transmis du .striction. et du laxum, comme causes des maladies ; et.c'est sur ces différences qu'il fonda , dans la dissertation dont nous venons de parler , son grand système des. eaux minérales de Bigorre et du Béarn.
Dans son but, Bordeu dût célébrer dans les eaux sulfureuses des vertus diaphorétiques , relâchantes, adoucissantes, émollientes, propres à diminuer les étranglemens , les grippes ; les irritations ,. les spasmes des différentes parties ; et il dût établir la nécessité . de leur emploi dans les maladies où les divers organes péchaient par trop d'action , de roideur , de sécheresse, et de sensibilité.
Mais d'une autre part, contraint par la nature même du plan qu'il s'était tracé , de reconnaître des maladies absolument différentes du vice de resserrement, et d'en indiquer les vrais remèdes , il. se vit obligé de signaler dans-des eaux de Bagnères , des propriétés entièrement opposées à celles de Barèges , et il conclut, tant de leurs qualités intérieures et extérieures , que des effets qu'elles produisaient sur le corps vivant, qu'elles étaient purgatives , diurétiques, et sur-tout toniques ou propres à augmenter le ressort de toutes les parties ,et notamment celui de l'estomac et de ses dépendances ; qu'enfin, elles étaient comme spécifiques dans les affections entretenues par la mollesse , l'engourdissement, le relâchement, et le trop d'inaction des différens organes , etc. , etc. "
Bizarrement Bordeu avait été accusé d'avoir volé une montre sur le poignet d'un de ses patients morts (le Parlement de Paris le déclara innocent mais ne punit pas les accusateurs)... Le bonhomme, quoique de brillante conversation, n'était peut-être pas si fréquentable que ça... Faut-il voir un trait de licence dans le fait qu'il eût écrit son Traité sur le pouls, et il pressentait bien des maux, rien qu'en baisant la main de ses clientes ? Et quid de son penchant pour la poésie en langue gasconne ?
Dans la même veine (mais humoristique) un soir, au bal de l'Opéra, un spadassin lui vint chercher querelle à de Bordeu. Celui-ci lui répond : — Allez, allez, mon ami, lui dit Bordeu, vous n'êtes point de taille : j'ai tué plus de gens que vous ! Le marquis de Ségur précise qu'il déplaisait à Melle de Lespinasse à cause de ses paradoxes et du cynisme de ses propos.
Pure diffamation selon certains. On lit dans la préface à l'édition de 1833 de ses Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées :" L'envie, qui s'attache à toutes les illustrations, devait être une compensation à cette gloire. Elle fatigua la vie de Bordeu ; elle s'acharna contre lui avec une incroyable audace ' et une dévorante opiniâtreté. Elle attaqua ses moeurs si pures et si douces, sa probité si sévère, son désintéressements! réel. Il était tel, qu'après la pratique la plus active, au milieu de la clientelle la plus riche, Bordeu ne laissa qu'une fortune modeste, déposée chez son compatriote de Laborde, le banquier de la Cour." C'est aussi l'avis d'un Jean-Michel Guardia dans son Histoire de la Médecine (1884) qui en fit une sorte de "professeur Raoult" de son temps, qui, à partir d'une formation "sudiste" à Montpellier, avec son vitalisme, va renverser les certitudes d'une médecine parisienne trop axée sur la chimie. Même avis chez Barbillion.
Quant aux sources aux nymphes dont la masseuse faisait l'apologie, je vous laisse juges... Pour mémoire les conciles d'Arles (452), de Tours (567), de Nantes (658), de Tolède (681), un édit de Charlemagne (789) ont interdit et condamné les croyances populaires qui vénéraient l'esprit de ces pierres, ou des arbres ou des fontaines.
Recherche sur la nudité : appel à témoignage

Il y a douze ans, j'ai publié une recherche en anthropologie "La nudité, pratiques et significations" (éditions du Cygne).
J'aimerais reprendre les interrogations posées dans ce livre à partir d'une autre perspective. Mais j'aurais besoin de témoignages. Si vous êtes facilement enclin à vous dénuder, y compris dans les endroits publics ou si vous connaissez des personnes qui ont ce penchant, svp n'hésitez pas à me contacter au moyen de ce formulaire. Merci.
Encore un mot sur la communication à distance
J'écoutais tantôt une vidéo de Sadghuru qui est un disciple de Shiva ou plutôt pourrait-on dire un "possédé" de Shiva puisque cette déité s'est littéralement emparé de lui dans un sanctuaire dans sa jeunesse ainsi qu'il le raconte quelque par (j'observe qu'il devient si influent que même la chaîne Russia Today en anglais l'interviewe, et cela est diffusé en version traduite sur l'équivalent français).

Les propos qu'il tient sur le tantrisme ont attiré mon attention parce que vous vous souvenez peut-être qu'en 2016 je m'étais intéressé à la communication à distance entre Sainte Geneviève et Siméon le Stylite ou encore, cette notion d'unanimitas, de communion d'âme, que Pauline de Nole évoque dans une lettre à Saint Victrice de Rouen et que les historiens Janine Desmulliez et Cédric Vanhems ont étudiée ou encore ce thème de Montaigne : "Les Stoïciens disent bien, qu'il y a si grande colligence (alliance) et relation entre les sages que celui qui dîne en France repaît son compagnon en Egypte". Problématique de l'union des âmes à distance, de leur télépathie etc.
Saghuru évoque la chose d'une façon assez intéressante. Il estime dans sa vidéo sur le tantrisme que la technologie moderne et l'occultisme ne sont pas très différents et que la première a rendu le second en partie obsolète. Il en veut pour preuve justement le cas de la communication à distance : un sage du sud de l'Inde pouvait ramasser une fleur de jasmin qui ne pousse pas dans le Nord de l'Inde et l'envoyer à un sage de Bombay (au Nord) par communication à distance rendue possible par l'occultisme du Shambhavi Mahamudra. Pour lui il ne s'agit là que de technologie sans ustensiles. On ne sait pas ce qu'il en était pour les stoïciens païens, mais pour les saints chrétiens, ce genre "télé-communication", comme d'ailleurs la bilocation, ne semblent requérir, à la différence du tantrisme, aucune méthode, aucun rituel.
La Sainte Ampoule et la question de l'élection divine de la France

A la faveur du déclin de l'Eglise catholique romaine, il est facile de trouver sur You Tube des "Evangéliques" intrépides qui tenteront de reléguer toutes les prophéties sur le destin providentiel de la France au rang des superstitions diaboliques. Quelques difficultés textuelles cependant entravent leur audace comme cette prophétie de Zacharie 4 qui mentionnent deux oints dans lesquels la tradition catholique voient le binôme du "Grand roi" et du "Grand prophète/pontife/sacrificateur" de la fin des temps juste avant ke règne de l'Antéchrist : "12 J'ai repris la parole: «Que signifient les deux rameaux d'olivier qui sont près des deux conduits d'or d'où découle l'or?»13 Il m'a répondu: «Ne sais-tu pas ce qu'ils signifient?» J'ai dit: «Non, mon seigneur.» 14 Et il a dit: «Ce sont les deux hommes désignés par onction qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre.»
Michée 5,1-4 et Isaie 32,1-5 parlent d'un grand roi, même s'il est vrai qu'André Lesage dit "Le Marquis de la Franquerie" dans La mission divine de la France (éditions Saint Michel 1955) eut tort de dissocier le roi du sacrificateur dans Zacharie 6:13. L'ascendance davidique des roi de France dont on a déjà parlé ici pourrait justifier une assimilation des descendants des Capétiens à la Tribu de Juda.
La lignée des prophéties sur le grand monarque français est impressionnante comme l'a relevé encore récemment Taylor Marshall. De la Franquerie voyait dans le miracle de la Sainte Ampoule une confirmation de l'élection divine de la monarchie française. Il se produisit le jour de son baptême à Noel 496 selon l'archevêque Hincmar : "Dès qu’on fut arrivé au Baptistère, le clerc qui portait le chrême, séparé par la foule de l’officiant, ne put arriver à le rejoindre. Le Saint-Chrême fit donc défaut. Le pontife leva ses yeux en larmes au ciel et supplia le Seigneur de le secourir en cette nécessité pressante. Soudain apparaît, volant à portée de sa main, une colombe blanche tenant en son bec une ampoule d’huile Sainte dont le parfum embauma toute l’assistance. Dès que le prélat eut reçu l’ampoule, la colombe disparut". Auparavant à minuit Dieu avait baigné de lumière l'assemblée et annoncé que le royaume de France prédestiné par Dieu embrasserait tout l'empire romain.
De la Franquerie précise qu'à cause de ce miracle la monarchie française précédait les autres en rang protocolaire comme cela ressort d'un décret de la République de Venise de 1558.
Il impute aux partisans de la monarchie austro-espagnole et aux jésuites (puis aux bollandistes) d'avoir tenté de discréditer l'histoire du miracle de la sainte ampoule. Par exemple l'érudit franc-comtois Jean-Jacques Chifflet, médecin du roi d'Espagne, avec la complicité du flamand Bollandus, dans De Ampulla Remensi nova et accurata disquisitio (1651) n'y voyait qu'une légende et soutenait d'ailleurs que Clovis avait été baptisé à Tours et non à Reims. Les jésuites arrachèrent quatre page du livre d'Etienne Forcadel (un juriste de Béziers, Desailly dira par erreur "de Bordeaux") publié en 1580 "De Gallorum imperio et philosophiae" qui prouvait l'authenticité de la Sainte Ampoule. Le bénédictin Dom Mabillon a souligné au contraire dans ses Annales de Saint Benoît qu'Hincmar, contemporain de Charles le Chauve (IXe siècle) confirma à ce souverain que l'ampoule était venue directement du Ciel (d'ailleurs c'est de cette époque que remontent les plus anciennes représentations du miracle que nous ayons).
De la Franquerie reprend là un propos banal qu'on retrouve aussi au XIXe siècle, par exemple dans l'opuscule d'un anonyme rémois en 1825 : "Sacre du roi, détail général des fêtes et cérémonies", qui dénonce aussi le rôle d'un autre rémois, l'abbé Antoine Pluche (1688-1761), janséniste et ennemi personnel de l'archevêque de Reims qui dans une "Lettre sur la Sainte Ampoule et le sacre" du 3 février 1719 expliqua que lorsqu'on cherchait le chrême pour baptiser un malade, Saint Rémi "fit mettre sur l'autel les ampoules vides... alors une céleste rosée répandit le don béni du Saint Chrême". Aimé Bonnefin dans Le Sacre des rois de France en 1982 dira que Pluche eut un auditoire restreint, mais que cette façon de tourner le "miracle" vers les hommes et non vers le roi était le début d'un recul du récit catholique. Néanmoins Bonnefin saluait, comme l'anonyme du de 1825, le rôle du père dominicain Marlot Dorigny dans sa Vie de Saint Rémi (et dans Metropolis Remensis historia, 1666), ou de l'abbé Vertot. Bonnefin valorise aussi les écrits du jésuite Jacques Longueval (Histoire de l'Eglise gallicane) là où De la Franquerie ne voyait dans la Compagnie de Jésus que des ennemis de la Sainte Ampoule.
Il était dit que les rois tenaient leurs dons de guérison de la Sainte Ampoule. Et elle ne fut préservée en France que grâce aux habitants du Chesne-Populeux qui la soustrayèrent aux Anglais après leur défaite d'Orléans en 1429. Bonnefin démonte la légende britannique selon laquelle ils n'auraient laissé en France qu'un leurre et leur roi Henri VI aurait été sacré avec le Saint Chrême. Louis XI en 1482-1483 se la fit apporter au Louvre avec l'accord du Pape pour guérir sa maladie mortelle, mais il n'y eut aucun miracle. L'ampoule ne quitta plus Reims par la suite. Pour une description du rituel du sacre avec le Saint Chrême voir ici.
Le commissaire de la Convention Philippe Rhul qui était allé la chercher à Reims brisa l'ampoule place royale le 7 octobre 1793 sur le piédestal de la statue de Louis XV - il allait se suicider un an et demi plus tard après avoir été condamné par une commission militaire thermidorienne.
Un officier municipal M. Hourelle note de la Franquerie "s'entendit avec l'abbé Seraine, curé-intrus de la paroisse et dépositaire des clefs du tombeau; et, ne pouvant substituer à la fiole du reliquaire une autre Hôte, ils enlevèrent avec l'aiguille d'or quelques parcelles du baume brun foncé qui adhérait à ses parois et les conservèrent avec soin. En 1819, le 11 juin, sous l'épiscopat de Mgr de Coucy, les possesseurs, tant de ces précieuses parcelles que de deux éclats de la fiole, les déposèrent, après enquête préalable, entre les mains de leur archevêque qui renferma provisoirement le tout dans un modeste reliquaire, et le fit porter à l'église de Saint-Rémi, où il resta jusqu'au mois de mai 1825."
L'enjeu autour de la Sainte Ampoule est aussi important que celui de l'authenticité du Testament de Saint Rémi, pour déterminer si le roi de France a vocation à être empereur du monde avant la venue de l'Antéchrist.

J'ajoute donc à ce petit exposé la vidéo ci-dessous trouvée sur le Net récemment. Elle a été postée en mars dernier. C'est l'interview par un médium voyant (Yannick) d'un gérant dans la restauration de 52 ans (né à Paris le 22 février 1968) de parents italiens des Pouilles, André de Biase (son visage a été révélé dans cette interview), père de famille. Voici le résumé de ce que celui-ci raconte. L'homme porte une tache hémorragique qui a la forme d'un poisson, il l'a contractée du 22 au 23 septembre 1968 (nuit de la mort du Padre Pio auquel sa famille était dévouée - Padre Pio qui avait eu des visions sur la royauté française) à l'hôpital Necker à l'issue d'une méningite bactérienne peu de temps après sa naissance. Le 29 mars 1981 à Alzo di Pella en Lombardie, au soir l'homme (qui a 13 ans) voit apparaître devant l'église San Filiberto des lumières qui tourbillonnent verte, blanche, et bleue. Il entend des mots en français. Dans la lumière bleue à sa gauche une forme féminine lui dit en français "tu es André", l'entité dans la lumière verte à droite (une entité masculine) récite des phrases. L'homme s'approche de la lumière blanche, est aspiré, reçoit des particules. Il voit un homme en blanc, Jésus-Christ (alors qu'il n'était pas croyant) qui lui dit : "Je t'ai choisi, tu es venu pour vaincre et tu vaincras". Puis il voit le pape Jean Paul II qui lui tend la main. Il a l'impression que la femme dans la lumière bleue le retient d'être absorbé. Quand il saisit la main, il ressent une immense douleur crie. La lumière lui tend une pierre blanche, sa main est ensanglantée. L'homme dans la lumière verte lui demande de noter "N I A" sur la pierre avec son sang (il l'interprète comme Non à l'Intelligence Artificielle). La pierre tombe. Il la perd. La lumière blanche est partie. Plusieurs fois ce restaurateur s'est vu l'enterrer près de l'église. La lumière blanche disparaît, la verte rentre dans le mur de l'église. Reste la bleue dans laquelle se trouve la Sainte Vierge qui allait ensuite disparaître sur le mur d'une maison voisine (appartenant à une dame pieuse), mur sur lequel allait apparaître en octobre 1984 une tache en forme de Sainte Vierge (des milliers de pèlerins allaient y affluer - seul le mur allait être conservé après la construction par la mairie d'un nouveau bâtiment). Arrivé chez lui André allait laver sa main ensanglantée sans en parler à ses parents mais allait ensuite se confier au curé du village.
Fin 1985, Joaquin Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II, vient le rencontrer à Gentilly. Quand le pape se rend à Paray-le-Monial en octobre 1986, André, qui a 18 ans, le rencontre. Contre toute attente le pape s'agenouille devant lui, touche ses cheveux, lui dit "c'est bien toi". Il répond "oui c'est moi". Jean Paul II aurait ajouté que lors de l'attentat de 1981, la Vierge aurait dévié la balle avec l'aide d'un enfant symbole de la pureté et que c'est cet André qui aurait été choisi pour ce faire. Celui-ci aurait ensuite été mis en contact avec le Henri d'Orléans (comte de Paris) et il sera en relation secrètement avec lui pendant dix ans. Il allait lui verser de l'argent provenant de sa Fondation . Le pape aurait voulu que le comte prenne en main André. Henri d'Orléans aurait eu une vision en 1965 qu'on lui présentait un enfant "illégitime" (non issu d'une lignée héréditaire royale) mais auquel il faudrait porter assistance. Le comte confie à Edouard Stern (banquier assassiné en 2005) de l'argent (300 millions de francs) pour la future royauté d'André. Dans les messages reçus en 1981, André avait appris que le 8 avril 2022 quelque chose d'important se passerait (voir plus loin). Après la mort du comte de Paris, André fait faillite. Il voit Edouard Stern à la sortie de l'hôpital Necker, descend de sa camionnette en bleus de travail et l'interpelle. Stern lui dit de revenir le lendemain au même endroit mais ne reviendra pas. L'argent des rois de France est perdu sur des comptes suisses.
A la demande du comte, André a rencontré le rabbin Rebbe (rabbi de Loubavitch) à New York qui avait demandé à le voir. Le rabbin lui demande en guise de test : "as tu soif" puis lui dit "peux tu me servir un verre d'eau ?" alors qu'en 1981 André a vu un homme avec une carafe d'eau derrière Jésus qui remplissait complètement un verre et le faisait déborder. Le rabbin demande pourquoi il ne le remplit pas. André répond sans réfléchir "parce que ce qu'il reste à remplir c'est ce qui reste à vivre à l'humanité". Le rabbin se retourne vers lui les larmes aux yeux et lui dit "tu es donc bien là". André le prend dans ses bras. Il y a une odeur désagréable. Le rabbin lui donne un dollar et lui dit de planter un olivier quand il ira en Israël. Il ne l'a pas fait pour l'instant.
Jésus avait été annoncé à André que la mère de ses enfants lui rappellerait le 8 avril 2022 (elle est née un 8 avril, et lui un 22-02). Cette date sera le jour du premier tour de l'élection présidentielle en France.
En 1987 à son domicile rue de Bièvre Mitterrand avait rencontré, par l'intermédiaire de Gilles Ménage son directeur de cabinet, André, pour étouffer l'affaire des transferts de fonds de la Fondation Henri d'Orléans à son bénéfice. Le président lui aurait dit : "vous avez été béni, mais vous n'êtes pas assez instruit pour le comprendre". Il a aussi rencontré en 1987 à son domicile à Arcueil (banlieue parisienne) Dulcie September militante de l'ANC (assassinée en 1988), qui lui avait parlé de la vision de Martin Luther King en 1968 sur un enfant qui naîtrait en France et serait un sauveur. Mandela en visite à Arcueil le 14 juillet 1996, a dit à André : "tu sais, un jour on te mettra en prison et c'est là que tu comprendras que tu es libre".
Un des messages de 1981 disait que "lorsque le temps des roses sera fini, ton règne sera venu". André l'interprète en lien avec l'incendie de Notre Dame où toutes les portes se sont fermées en même temps, ce qui a protégé les roses.
L'intéressé fera une conférence le 15 août prochain à Sougraigne dans l'Aude.
Je ne me prononce pas sur l'authenticité du récit, mais c'est une illustration intéressante des questionnements (ou des inspirations) qu'a suscités en France à diverses époques la thématique du Grand Monarque.
La duchesse du Berry et Dieppe

Récit du baron d'Haussez (ancien député, préfet et conseiller d'Etat) sur le départ de la duchesse du Berry de France en 1830 (dont feu Jean Raspail a immortalisé le rocambolesque retour deux ans plus tard) :
"La Révolution marchait : elle s'était organisée sous la protection de lois insuffisantes pour en arrêter les progrès, et de tribunaux qui refusaient ouvertement de faire l'application de leurs dispositions, toutes précises qu'elles fussent. Elle éclata enfin.
Trois jours d'attaques préparées de longue main et habilement dirigées, trois jours d'une défense faible et mal combinée suffirent à renverser une dynastie de huit siècles 1 Dans ce trouble universel, dans la confusion d'idées et d'irrésolution que produisait cet événement terrible, une tête conservait du calme, de la détermination, de l'énergie; une tête jugeant le mal, son étendue, les moyens d'y remédier, une tête qui avait une volonté : c'était celle de la duchesse de Berry. Tout n'eût peut-être pas été perdu pour la monarchie, si l'on avait suivi la conduite que traçait cette princesse dont le courage semblait se réserver pour les grandes circonstances où il devait être mis à l'épreuve, et se montrait, en juillet 1830 comme en février, en septembre 1820, supérieur à l'adversité.
Calme dans la délibération, chaleureuse dans les conseils qu'elle donnait en raison des obstacles qu'ils rencontraient, on devinait tout ce qu'elle aurait été capable de faire, si elle eût eu la faculté d'agir. Confiante dans la générosité du peuple, elle proposait d'aller lui montrer son fils. Ce projet, qui se recommandait par la hardiesse plus que par la prudence, dut être abandonné. Les autres avis qu'elle ouvrit ne furent pas mieux accueillis ; et cette force d'âme qu'elle voulait employer au salut de la monarchie, à la conservation du trône, il lui fallut la faire servir à dominer sa volonté de résister, ses regrets, ses douleurs.
Elle suivit avec soumission la route de Cherbourg, au milieu d'une garde fidèle qui, des yeux, semblait lui demander le signal d'une désobéissance à des ordres qui l'humiliaient, d'une population dont, tout comprimés qu'ils étaient par une faction enivrée de son triomphe, les sentiments se manifestaient d'une manière non équivoque. Il lui fallut quitter cette France qu'elle aimait tant, où elle était tant aimée, où elle avait fait tant de bien ; il lui fallut abandonner des amis qu'elle s'était créés dans toutes les classes, des pauvres qu'elle secourait partout où ils sollicitaient ses bontés ; ces fêtes auxquelles elle ne manquait jamais d'associer la bienfaisance, ce Rosny et tous les genres d'enchantements qu'elle y avait rassemblés. Le souvenir de ce qu'elle avait fait la soutenait, et ce souvenir, ce n'était pas dans son cœur seul qu'il se trouvait; elle en acquit la preuve, au moment même où son pied cessait de fouler le sol de la France.

A peine montée sur le bâtiment qui devait emporter la famille exilée, elle s'aperçut que sa chienne favorite n'était plus près d'elle. Quel fut son étonnement en la voyant passer de main en main parmi les matelots de l'équipage et recevoir leurs caresses I Le nom de la pauvre bête leur était connu. — « Ne craignez rien pour Foolish, dit un matelot; ne craignez rien pour vous », ajouta-t-il en baissant la voix. Et en pressant de sa main rude le bras délicat de la princesse : « Nous sommes presque tous de Dieppe ; dites un mot, et nous faisons passer par dessus bord nos officiers et tous ceux qui voudraient nous résister. Nous vous conduirons ensuite. où vous voudrez aller. »
Cette preuve d'affection, cette marque de reconnaissance fut la première des rares consolations que la Providence réservait à la duchesse de Berry. Le nom de Dieppe lui rappelait une ville embellie, enrichie par ses soins ; où sa présence attirait un concours inaccoutumé d'étrangers ; où ses secours pénétraient dans les plus pauvres maisons pour y soulager le malheur ; où son exemple et ses largesses avaient plus d'une fois procuré le salut des marins menacés du naufrage. Sans doute elle se rappelait ce jour où, bravant les horreurs de la tempête et les torrents d'une pluie glacée qui avait pénétré ses vêtements, son chapeau enlevé par le vent, et cramponnée à l'un des canons de la jetée, elle excitait les matelots à porter à leurs frères en péril des secours qui eussent été vainement réclamés si Madame n'avait été là pour communiquer son courage parmi ceux qui en manquaient.
Quelque temps après le départ de Cherbourg, Dieppe, la ville fidèle, vit arriver les voitures de sa bienfaitrice. Cette fois, elles étaient vides. Les habitants voulurent les traîner jusqu'au bâtiment qui devait les transporter : hommage désintéressé qu'ils rendaient à la bonté malheureuse ; pieuse fiction qui leur rappelait les époques où ils couraient à la rencontre de celle qui, chaque année, leur apportait le bonheur ! ! !"
La duchesse pleine de joie de vivre avait introduit en France la mode des bains de mer et avait fait de Dieppe en 1820 la première ville balnéaire de l'histoire de notre pays.
Pourquoi l'histoire hypothétique est anti-biblique

L'histoire hypothétique est très à la mode. Les médias et You Tube accordent une popularité imméritée à l'uchronie "Civilisations" de Laurent Binet (par exemple ici et là).
Ayant moi même cédé à la folie jadis d'écrire un livre d'histoire hypothétique, publié chez L'Harmattan, je dois préciser aujourd'hui quels sont les présupposés spirituels anti-chrétiens de cette démarche :
1) Cela part du principe que l'histoire n'a pas de sens, qu'elle est soumise aux aléas des rapports de forces et qu'il n'y a donc pas de plan de Dieu derrière, Dieu à supposer qu'il existe est sans pouvoir sur elle (ce qui est contraire à ce que dit la Bible).
2) Cela laisse entendre aussi souvent que les vaincus auraient mieux fait que les vainqueurs. C'est patent dans la thèse de Binet : si les Incas avaient conquis l'Europe ils auraient été plus tolérants sur le plan de la religion et des moeurs, on aurait mieux respiré en Europe etc. Le présupposé est que la liberté sexuelle (très relative), l'intérêt pour le corps, qui prévalaient chez les Incas sont meilleurs pour l'âme que la discipline. Evidemment ce point est indémontrable. On passe aussi par pertes et profits les sacrifices humains, notamment ceux des enfants, qui deviennent purement anecdotiques dans ce genre de spéculation. De même que toutes sortes d'autres formes d'oppression à l'oeuvre dans cet empire.
3) On fait notamment l'apologie de la soi-disant tolérance religieuse des païens : s'ils envahissent l'Europe ils ne chercheront pas à éradiquer le catholicisme. L'hypothèse est purement gratuite. Evidemment selon la logique rationnelle on devrait plutôt parier que si les Incas avaient gouverné notre continent, ils auraient persécuté le christianisme. La Rome païenne étaient tolérante envers toute forme de paganisme tant qu'il ne cherchait pas à compromettre les sacrifices à l'empereur. Elle devint impitoyable pour le christianisme assez tôt. De même les Incas n'auraient pas accepté que les Chrétiens refusent le culte de l'empereur et y auraient vu une menace politique. Les paganismes (l'hindouisme par exemple) s'accommodent des formes abâtardies de christianisme (comme le New Age aujourd'hui) qui font du Christ un simple maître de sagesse, nient sa divinité, nient le salut par la résurrection, nient l'Apocalypse comme horizon de disparition de ce monde et acceptent les compromis avec toute idolâtrie. Un christianisme bien axé sur les vérités bibliques est incompatible avec tout paganisme et durement rejeté par lui. Il l'aurait été par un Empire inca victorieux comme par toute autre autorité païenne.
En somme ces spéculations sur l'Empire inca ne sont que des réhabilitations du mythe hérétique du bon sauvage. Un apitoiement sur le sort des vaincus qui ne sert en fait qu'à tenter de disqualifier les valeurs morales (chrétiennes occidentales) qui ont dominé le monde (et l'ont en grande partie libéré, sur le plan éthique, même si évidemment, ceux qui les instrumentalisaient dans un cadre colonial les ont souvent dévoyées). Il vaut mieux ne pas être dupe du sens profond de ce genre de démarche et de l'idéologie qui l'inspire.