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A propos de Cioran

4 Juin 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie, #Christianisme, #Histoire des idées

Un correspondant m'écrit à propos de Cioran : "Dans ses veines coulait le sang des Bogomiles (des hérétiques gnostiques). Les Roumains ont subi l’influence de la latinité comme celle du monde  slavophile. Il suffit de  ne voir que son attrait pour Dostoïevski .Bog signifie Dieu dans les langues slaves. Cioran détestait Sartre qu’il rencontrait souvent au café de Flore durant la guerre où Sartre écrivait « l’être et le néant » Avec Sartre nous rencontrons vraiment le « nihilisme » C’est un gauchissement de la phénoménologie selon la pensée de Edmund Husserl.  Cioran, dont le père était prêtre orthodoxe, prétendait avoir écrit le livre religieux de Roumanie avec des « larmes et des saints »... Il mettait ses amis en « recherche spirituelle » avec les personnes aptes à répondre à leur interrogation métaphysique. Pour vous donner un exemple, il amena son ami George Balan tourmenté religieusement (il fut un temps anthroposophe) à la rencontre de (l'existentialiste chrétien) Gabriel Marcel. A l’issue de l’entretien, Balan alla jusqu’à baiser les mains de Gabriel Marcel. Cioran est ambigu, pratique l’humour de dérision comme système de défense contre la douleur du monde Dans la lecture du livre de Tobie (ou Tobit), j’ai entendu cette semaine à la messe mercredi 2 juin : « ne détourne pas de moi ta face Seigneur car pour moi mieux vaut mourir que connaître tant d’adversités à longueur de vie ».  Cela m’a fait penser à Baudelaire dans « Semper eadem » : « vivre est un mal c’est un secret de tous connu ». Pour en revenir à Cioran, son frère Aurel, aujourd’hui décédé, parlait d’une sensibilité mystique. Et disait : « il est tout à fait absurde de coller l’étiquette d’athée sur le dos de mon frère ». Cioran parle par exemple  de Jacob Boehme dans sa correspondance avec Samuel Beckett.

Ma carrière professionnelle fut si incroyablement désastreuse que j'ai trouvé mon réconfort dans la lecture de Cioran. J’assistai aux obsèques de ce dernier en juin 1995 à l’Eglise roumaine des Saints Archanges où se trouvait le gratin littéraire de l’époque : François Nourricier, Gabriel Matzneff, Jean d’Ormesson, Jean Edern Hallier et bien d'autres Sans doute, je vous écris cela car j’ai l’esprit un peu noir moi-même. Cioran a cette citation : « l’histoire est l’histoire du mal ». C’est très juste."

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