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Thérapies occultistes : l'affaire Ece Güren en Turquie
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Un étrange fait divers a agité les réseaux sociaux turcs le weekend dernier. La semaine dernière, une architecte paysagiste de 36 ans, Ece Güren, qui se sent maltraitée dans son boulot où on la traite comme une boniche et qui se dispute avec sa famille, poste sur le Net un message annonçant qu'elle s'exile dans la forêt de Belgrade, une étendue boisée sur plusieurs kilomètres près d'Istanbul. Elle précise même qu'elle va vers "le barrage". On ne sait pas si c'est un symbole ou pas. Certains comprennent aussi qu'elle va y réaliser une "thérapie par le cri" ou on ne sait trop quoi.
On la retrouve au bout de 4 jours (le 7 mars), en hypothermie. Elle meurt au bout de quelques heures à l’hôpital.
Pour pimenter les choses une "thérapeute" quinquagénaire Hale Nur Özen, déclare sur YouTube qu'Ece a été son élève en ligne, et qu'elle a suivi un module de cours de sorcellerie depuis septembre (mais elle connaissait sa prof depuis deux ans : "Elle a commencé par suivre des cours de lancer de plomb, de tarot et de chamanisme"). Özen vit à Bursa et est l'auteure du livre Witchcraft, Breaking the Rules. Elle se présente comme la fondatrice d'une science de « l'astronomie » et partage du contenu astrologique sur les réseaux sociaux.
Il n'en faut pas plus pour lancer des débats sur le Net turc à propos des nouvelles thérapies, de l'envoûtement etc. On fantasme sur les pouvoirs paranormaux de la forêt de Belgrade.
Les autorités arrêtent Özen et l'interrogent sous le chef de « contredire la vérité concernant la sécurité intérieure et extérieure du pays, l'ordre public et la santé générale, et de fraude qualifiée , dans le seul but de créer l'anxiété, la peur ou la panique parmi la population ». Devant la police elle déclare que ce qu'on nomme "witchcraft" dans son enseignement est purement psychologique et logique, basé sur l'étude des émotions, et qu'Ece était pleine d'obsessions tristes. Elle reste sous contrôle judiciaire. Özen, qui signe des autographes deux fois par semaine, n'a plus le droit de voyager à l'étranger.
On découvre aussi qu'Ece Gürel avait participé à un concours télévisé intitulé « Super Puzzle » il y a 10 ans. Gürel a déclaré dans l'émission que même si elle voulait devenir architecte paysagiste, elle avait étudié dans une "troisième université" en raison des difficultés qu'elle rencontrait dans le secteur, a également déclaré qu'elle était très intéressée par l'astrologie et que son plus grand rêve était d'aller en Australie.
Le père d'Ecce, lui, se défend contre l'accusation de sorcellerie portée contre sa fille : elle était terre à terre, et surtout elle pratiquait le jeûne du Ramadan, donc elle ne pouvait pas être sorcière. Cependant sa fille a bel et bien laissé sur le Net des traces de sa passion pour l'astrologie et les tarots et son suivi des cours de sorcellerie est avéré.
Une amie d'enfance d'Ece qui a grandi près de chez elle, Güfte Keskin, précise : " Mon amie était une personne très accomplie et saine. Son frère aîné était mon ami de collège. Nous avons grandi dans le même quartier. Pendant qu'elle allait à l'école, j'allais au travail. Nous revenions ensemble. C'était une personne très positive et joyeuse qui ne pensait pas à la négativité. D'après ce que j'ai entendu dans les médias, elle avait des problèmes au travail. Elle s'est intéressée aux tarots et j'en ai même plaisanté avec elle. Elle a reçu une formation à ce sujet . C'était une personne pleine de vie et il n'a jamais rien dit de négatif. " D'autres amis le confirment... comme quoi on peut être occultiste et joyeux, au moins pendant un temps.
L'écrivaine new age Sibel Uzun, y va de son hypothèse : la jeune femme sous l'influence des tarots avait peut-être fait "un tour astral" et avait disparu "en réinitialisant son énergie".
La prof de sorcellerie, Özen, pour sa part, a livré à la presse quelques infos sur les hypothèses avancées pour expliquer l'accident :
Sur la méditation "Lorsque nous méditons, nous mettons de la musique relaxante à côté d'elle. Si elle méditait, le téléphone portable d'Ece serait dehors, pas dans son sac. J'ai regardé la vidéo. Le téléphone était dans son sac."
Sur la possible consommation d'ayahuasca : "L'Ayahuasca est devenue populaire en 2014. Tout le monde se posait la question. Le prix d’une tasse était alors de 1 500 dollars. Ils disent qu'elle a fait une retraite. Les salles de retraite sont également construites à des prix très élevés. Ece et son mari n’avaient pas de tels moyens financiers. Ece n’est même pas quelqu’un qui peut allouer un budget pour cela. Il ne lui donnera pas non plus autant d'argent. Une fille jeûnante et fidèle. L'idée de « planer, d'utiliser quelque chose de différent » n'était pas du tout quelque chose qui convient à Ece"
Il y a fort à parier qu'on ne connaîtra jamais le fin mot de cette sombre histoire. A supposer même que la police découvre un jour que l'architecte aurait été entraînée dans la forêt par un être de chair et d'os qui avait de mauvaises intentions à son égard, cela ne dira rien des causes spirituelles de ce qui lui est arrivé. Il est intéressant en tout cas que beaucoup de commentateurs le relie aux dangers de la pratique des tarots. On relève aussi que les réactions en pays musulmans sont les mêmes que chez les Chrétiens : si elle pratique le ramadan elle ne peut pas être sorcière, quand on pratique mieux la religion on ne va pas au devant de ce genre de mésaventure, etc.
Mouny, Petit, Facon, et les aides surnaturelles de l'humanité
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En 2021, puis deux ans plus tard, j'ai fait référence à Didier Coilhac le chercheur en architecture ésotérique dont je suis loin d'approuver toutes les spéculations, mais il est vrai que parfois il met le doigt sur des sujets qui posent question comme la présence subliminale de l'Atlantide dans le décorum du château de Versailles. Dans un enregistrement de mai 2023 (min 40), il rendait hommage à l'ufologue Guy Claude Mouny et Guy Gruet (fabricants d’appareils à effet Kirlian qui mesurent les énergies, j'en ai parlé dans mon livre sur les médiums, il avait dirigé le service photo d'IBM-Europe et prétendait que l'ankh égyptienne était une diode) qui pratiquaient le pendule pour savoir si l'Arche d'Alliance était à Feigneux.
Guy-Claude Mouny, membre de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, l’I.H.E.D.N avait analysé l'ankh égyptienne et découvert qu'elle fonctionnait comme une diode. et mettait en rapport les hiéroglyphes avec l'électromagnétisme. Il pensait que les Égyptiens étaient tombés sur des locaux souterrain issus de civilisations plus élaborées. et auraient transmis les savoirs de ces civilisations dans leur écriture et leur art. Toujours cette théorie des anciens astronautes que j'évoquais dans mon livre sur les Néphilim.
Cela me fait penser à Jean-Pierre Petit, physicien du CNRS qui prétend avoir eu 40 ans d'avance dans ses recherches en magnétohydrodynamique (MHD), recherches dont certaines sources lui viendraient de mystérieux "ummites". Jadis il avait collaboré avec les Russes. D'aucuns vont jusqu'à en conclure que grâce aux "aliens" nos gouvernants extrémistes assoiffés de guerre aujourd'hu échouent à conduire le monde trop au bord du précipice : la dissuasion technologique russe dérivée des "ummites" les empêche de pousser trop loin leurs rêves napoléoniens...
On peut aussi songer aux ouvrages de Facon, sur ces alchimistes qui reçurent des messages de "grands initiés" invisibles pour sauver le monde de l'abîme spécialement en temps de guerre. Fantômes, aliens, "entités" qui entrent dans l'Histoire pour aider l'humain, puis disparaissent.... Étrange métaphysique. Les preuves objectives ne sont jamais là, mais il y a des récits d'expériences personnelles étranges, et des messages "chiffrés" laissés de ci de là, qui, dit-on, ne devraient pas tomber entre les mains de n'importe qui sans quoi cela provoquerait des catastrophes (d'où le codage, et la discrétion des "entités"). Le sociologue doit enregistrer ces témoignages sans les juger. Le philosophe et l'homme de foi, eux, se demandent quels systèmes de croyance ou quelles éthiques cela peut bien servir. Mme de Kochko de l’association CERO me disait le 26 octobre dernier au téléphone que les "abductés" devenaient souvent chrétiens après leurs expériences. De quel christianisme ? Je ne sais. Parfois les étiquettes religieuses deviennent des mots-valises.
Massages et alchimie du coeur
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J'étais ce soir chez une praticienne du massage de bien être dont la bienveillance m'a favorablement impressionné. La dame, qui vient d'être grand mère (elle a un fils de 31 ans) reçoit chez elle depuis trois ans, dans une sorte de pavillon de province où elle vit depuis dix ans (pour situer le niveau social : son mari est informaticien, elle l'a rencontré au collège à l'âge de 15 ans) pour déployer des soins de bien-être en complément de son activité d'animatrice sportive.
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On en apprend un peu plus sur sa vie avant son installation en Béarn en regardant Copains d'Avant. D'origine peut-être kabyle, née en 1968, elle a grandi à Lille et à Wattignies dans les années 1970.
Elle raconte même qu'au collège elle était un peu forte (on l'appelait "Bouboule"). Avec son bac et son BTS en poche, elle devient vendeuse dans une confiserie du Nord, puis exerce encore des métiers commerciaux entre la région parisienne et l'Artois. En 2003 elle s'installe à Limoges comme employée administrative. Elle y garde des enfants, et fait une formation en alternance pour devenir animatrice sportive en 2009 qui lui permettra de travailler dans un club de gym à partir de 2011.
Elle pratique entre 2003 et 2009 la salsa, le merengué, la cumbia, la danse du ventre orientale, s'initie au Tai Chi Chuan en 2009. On peut supposer que c'est à ce moment-là que les esprits de l'ésotérisme oriental ont commencé à s'intéresser à elle et à la mettre sur la voie de ses recherches "spirituelles" actuelles, à moins qu'ils n'aient déjà agi sur elle dès sa plus tendre enfance, alors pourtant qu'elle affichait une croix chrétienne derrière elle sur la photo qu'elle a publié sur Internet...
J'avoue que je suis resté sceptique quand j'ai vu sur sa table "Oracle sorcière de la lune" et devant la grosse tête de Bouddha, mais j'ai essayé de dépasser cet obstacle.
On a parlé de ses massages de bien-être Chi Nei Tsang, Shirotchampi, mais aussi de sa dimension énergétique : soins au diapason, et "la trame", une invention de P. Burensteinas, un auteur dont on parle sur ce blog depuis 2015. Du coup la dame m'a confessé son goût pour l' "alchimie du coeur", les lettres hébraïques et la kabbale (alors que le reiki ne l'a jamais attirée, fort heureusement). J'ai évoqué Prague, elle a évoqué Bourges. Nous avions des références communes. Une thèse en sciences socialesd'un certain Misha Schroetter, soutenue en 2023 à Lyon (ville ésotérique) qu'elle m'a passé permet de creuser le sujet de "la Trame qui joue sur le manque ou les excès de soufre, de sel et de mercure (au sens alchimique) du corps humain.
La dame a insisté sur le fait qu'elle n'était pas magnétiseuse. Elle vibre beaucoup, y compris quand elle parle des abeilles de Maubourguet. Mais elle ne transmet pas de "fluide". Et elle sépare bien "dans son intention" (mais cela suffit-il ?) le massage de bien-être des pratiques de régulation énergétique censées "défaire les cristaux émotionnels". Elle est encore en formation... Sait-elle bien ce qu'elle fait ?
Les 12 pierres et les apôtres
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Une histoire assez étonnante sur laquelle je suis tombée hier : selon Kateřina Rusoová (son mémoire universitaire p. 23, elle tire cela de Cibulka, Josef : Švabinského okno v katedrále svatovítské, Umění IX - La fenêtre Švabinský de la cathédrale Saint-Guy, Art IX, 1936, s. 203 – 215) Max Švabinský (1873-1962), quand il a représenté les douze apôtres dans le vitrail de la cathédrale Saint Guy à Prague (en 1924) consacré au Jugement dernier, les a affublé de tenues aux couleurs des douze pierres précieuses qui composent la Jérusalem céleste (Apocalypse 21, 19-20), dont chacune correspond à une vertu, comme sur le retable de l’Hôtel-Dieu de Beaune en Bourgogne - voir Auguste Dubois, Identification des Apôtres à l’aide des gemmes, Société d’histoire et d’archéologie de Beaune,1er janvier 1925, p. 129-139.
L’enseignante au Pensionnat de la Légion d’Honneur Félicie d'Ayzac (1801-1881) fut pionnière de la recherche sur ce sujet, avant d’en transmettre le « virus » à Joris-Karl Huysmans. Ce dernier dans La Cathédrale avait écrit : "l'Apocalypse donne un écrin des gemmes que les exégètes interprètent en attribuant chacune d'elles à une vertu, à un patriarche, et à un apôtre ; il existe un tableau des concordances des « pierreries, des patriarches, des apôtres et des vertus dressé par Mme Félicie « d'Ayzac, qui a écrit une sagace étude sur la tropologie des gemmes vers 1845".
Dans l'Apocalypse, les gemmes sont rangées dans l'ordre suivant : jaspe, saphir, calcédoine, émeraude, sardonix, sardoine, chrysolithe, béryl, topaze, chrysoprase, hyacinthe et améthyste.
Dubois déduit cet ordre de la juxtaposition de l'ordre des apôtres avec celui des pierres.
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Je vous rappelle l'importance que Cohen Alloro accorde à cet ordre des apôtres.
Il y avait quelques différences entre Félicie d'Ayzac et Auguste Dubois sur le remplacement du sardonix par l'onyx et le Sardoine par le sarde, mais pour le reste il y a accord sur les couleurs correspondantes.
Etrangement Félice d'Ayzac avait dressé dans les Annales archéologiques de 1846 cette correspondance entre pierres et vertus qui surprendrait beaucoup sans doute les adeptes de la lithothérapie new-age :
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La table s'inspire de Cornelus a Lapide...
On peut comparer cela aussi avec le commentaire de l'Apocalypse par le Père Charles-Auguste Auber (1804-1892) de 1871 (Histoire et théorie du symbolisme religieux) ici. Cette classification diffère encore de celle de Dubois, mais a le mérite de renvoyer à des sources plus anciennes sur la correspondance des vertus.
On peut se demander si le fait que le franc-maçon chrétien Švabinský en plein XXe siècle utilise encore ces codes n'a pas une signification profonde, qui serait de nature à nous faire réfléchir différemment à propos des pierres de ce qu'on lit le plus souvent dans la sous-littérature actuelle.
L'ésotérisme "chrétien" du Hiéron du Val d'Or
Je ne suis pas très fan de la saga de Rennes-le-Château, même si je m'y suis un peu intéressé en 2014 et par la suite. Mais il faut reconnaître que c'est une porte d'entrée commode pour comprendre certaines recherches des ésotéristes du XXe siècle, car l'énigme de l'abbé Saunière a été au croisement de plusieurs courants, plusieurs sociétés secrètes.
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C'est ce que rappelait dans une conférence du 18 mai dernier à Paray-le-Monial Christian Doumergue (lequel hélas oublie de payer sa dette, si je ne me trompe, à Gino Sandri, mais bon...). Je n'en dirai que quelques mots. Dans cette conférence Doumergue rappelle le souvenir du baron Alexis de Sarachaga, catholique qui reçut sa mission mystique en voyant un enfant mort de froid à Saint Petersbourg (ce qui rappelle le Bouddha). Pris en charge par un Jésuite à Paray-le-Monial, fief de l'héritage de Marguerite Alacoque, il fonde une société (le Hiéron d'Or) qui voit dans le Christianisme le nom actuel de la religion primordiale comme le faisait déjà Saint Augustin quand il écrivait dans Rétractationes I,13,3: " la réalité même qu’on appelle maintenant la religion chrétienne existait jadis […] ; dès les origines, elle n’a pas fait défaut au genre humain jusqu’à ce que vienne le Christ dans la chair ; et c’est alors que la vraie religion, qui existait déjà, a commencé à prendre le nom de chrétienne ". Voir aussi "Le catholicisme avant Jésus-Christ" du chanoine Jallabert.
Marthe de Noaillat décédée le 6 février 1926, poursuivit l’œuvre de ce groupe, qui réunissait, avec l'approbation du pape Léon XIII (qui voulait réintégrer le surnaturel dans la science), archéologues, géologues, et qui était censé former des professeurs agrégés.
Le Hieron du Val d'Or recherchait les restes de la civilisation antédiluvienne comme l'Atlantide ou la Lémurie censée être directement en connexion avec le savoir de Dieu. Précurseur des travaux actuels de Grimault, ils voient chez les Egyptiens et les Aztèques les dépositaires de ces héritages. Ils estiment que les pyramides ont été construites par Hénoch avant le déluge, et sont alignées avec d'autres monuments à travers le monde (ils ont même enquêté au Venezuela). Des historiens de l'art, des archéologues, des théologiens en faisaient partie et même l'ésotériste Henri Favre.
Ils voient dans Isis (min 36) qui est une sorte de messagère de Dieu qu'on trouve en Gaule pour instruire les druides. Jusqu'en 1514 il y aurait eu, selon le Hiéron, une statue d'Isis à St Germain des Près. Issoire, Issy-l'Evêque, Chartres, la grotte de Massabielle à Lourdes. Isis serait apparue à Eve chassée de l'Eden et lui aurait révélé une voie de restauration du paradis perdu. Les Celtes sont des initiés "aoriques" d'après leurs symboles et leur culte solaire. Le culte de l'eau chez les Chrétiens (les sources des églises romanes) prolonge ce savoir celte. Ils ont beaucoup travaillé sur les mégalithes celtiques.
Jeanne Lépine-Authelain, collaboratrice des époux Noaillat, secrétaire de l'Association du Hiéron, expliquera que Paray-le-Monial fut le lieu où l'incendie des Pyrénées fut éteint par l'invocation d'Isis.
Elle fut l'initiatrice de Paul Le Cour, fondateur le 24 juin 1926, du Groupe d'Etudes atlantéennes (devenu ensuite Atlantis). Le Cour, en quête de sens pour sa vie, fut aiguillé en 1923 vers Paray-Le-Monial par le libraire Pierre Dujols, frère de celui qui se disait descendant des Valois. La rencontre entre Lépine et Le Cour fut d'ailleurs providentielle (récit à 1h29). Ils vont s'écrire 2 à 3 lettres par mois. Une lettre de Le Cour en 1925 pensait que derrière le Hiéron se trouvaient les supérieurs inconnus porteurs de l'Ere du Verseau comme il y a les templiers derrière les Jésuites. Lépine-Authelain lui explique certains aspects de l'architecture secrète, le feu sacré vers lequel elle pointe. En 1923 elle le félicite de ne plus s'égarer vers la théosophie et lui promet d'être bientôt prêt pour l'initiation à la combinaison de l'Evangile et de la Tradition.
Le Cour eut une grande influence sur l'homme qui braqua les projecteurs sur Rennes-le-Chateau, Pierre Plantard. Parmi les apocryphes qu'il a déposés à la Bibliothèque nationale, il y a "Les dossiers secrets " d'Henry Lobineau". On y trouve des extraits d'ouvrages de Paul Le Cour, avec en plus une référence au Hiéron du Val d'Or et à Paray-le-Monial.
Doumergue estime que Pierre Plantard et les gens qu'il inspira comme Gérard de Sède ou Henry Lincoln co-auteur de Holy Blood, Holy Grail, sont des artistes qui mêlent le vrai au faux parce qu'ils ne peuvent pas tout dire. Plantard dans diverses revues (notamment la revue Vaincre de la médium Geneviève Zaepffel) a confié croire que dans des endroits secrets se trouvent des savoirs transcendants antédiluviens. Il cherchait la tradition primordiale comme le Hiéron (et comme Guénon au même moment).
Gérard de Sède dans "L'Or de Rennes" écrit (min 1h09) "Les découvertes de quelque poids modifient toujours profondément l'univers mental de ceux qui les font. A plus forte raison l'auteur d'une trouvaille stupéfiante sera s'il en peut la révéler prisonnier d'une contradiction presque intolérable entre l'orgueil qui le pousse à publier et la crainte qui le contraint à se taire. Qu'on l'imagine obsédé sa vie durant par ce qu'il a vu qui était peut-être effrayant, mais dont il ne peut se délirer auprès de quiconque. Pour un tel homme la seule issue serait ainsi de parler en prenant soin qu'on ne puisse le comprendre ou de se faire comprendre en veillant à ne pas parler mais pour ce faire le langage commun n'est d'aucun secours. Il lui faudra donc forger un autre langage, créer une mer pour y jeter sans trop de risque le message qu'il tient en bouteille c'est-à-dire en futile ignorant réinventer l'hermétisme".
Tous les thèmes sur le trésor et sur la descendance de Jésus et Marie-Madeleine ne seraient que des devantures d'une recherche plus profonde sur la transmission de la tradition atlantéenne. Le conférencier dira même que Plantard a agi sur ordre en suivant des instructions d'initiés anonymes. Il remarque aussi que le travail sur Rennes-le-Chateau pourrait conduire à déplacer le regard vers Rennes-les-Bains, la commune voisine, dont le curé était passionné par les Celtes.
Doumergue remarque que l'abbé Saunière est lié au photographe de Toulouse Clovis Lassalle. Or celui-ci est mentionné dans des documents émanant de l’AMORC (Ancien et Mystique Ordre de la Rose Croix) américaine dont le fondateur Harvey Spencer Lewis a été initié dans le Sud de la France. Dans Voyage d'un pèlerin, ce dernier raconte avoir été conseillé à Toulouse par un photographe (dont il ne dit pas le nom) qui l'orienta vers un lieu secret d'initiation.
Gino Sandri, lui, précisait en 2018 qu'il était ancien membre de la société Atlantis de Jacques d'Arès, présenté comme un fils adoptif de Paul Le Cour. Je renvoie à sa vidéo pour mieux comprendre l'inspiration du Hiéron.
Ce mouvement millénariste a l'air très lié à la déesse mère (d'ailleurs Sarachaga aurait transmis à Le Cour via la succession de sa secrétaire une bague d'intronisation qui portait le portrait de Cybèle). A moins que la connexion à la Terre-mère soit purement allégorique.
Lapis Exilis et Rennes le Château.
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Nous parlions il y a peu (et il y a plus longtemps dans mon livre sur le complotisme protestant) de la Lapis Exilis. Le guénonien Jean Robin en parle aussi ici, à propos de Rennes-le-Château. En minute 19, il rappelle que "toutes les déesses antiques avaient leur pierre noire, Cybèle par exemple, Isis..." Ces pierres seraient des météorites. La Lapis exilis, en 1328, après l'abolition de l'ordre du temple, n'avait plus sa place dans une France régie par les "forces obscures". Elle a été soustraite à leur maléfice et aurait pu migrer vers l'Orient (l'Argartha par exemple), mais après la dissolution alchimique dans le chaos actuel (solve et coagula) elle réapparaîtra. Il explique aussi que la contre-initiation (satanique) qui tire l'humain vers le bas est née dans l'Atlantide (voyez ce qu'on en disait l'an dernier à propos de Versailles) et aurait investi Rennes-le-Chateau (Corruptio optimi pessima).
L'alchimie en Bohème
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En 2019, on pouvait lire dans la revue Talanta (journal international de chimie analytique pure et appliquée), que Gleb Zilberstein et le chimiste Pier Giorgio Righetti, ont découvert des quantités très importantes de métaux – notamment d’or, d’argent, de mercure et de plomb – dans les pages d’un manuscrit de Kepler relatif à la lune, catalogué sous le nom d’« Hipparque » aux archives de l’Académie des sciences de Russie. L'astronome danois au nez d'or (qui avait perdu son nez dans un duel pour défendre Pythagore) Tycho Brahe, décédé en 1601, l’avait fait venir à la cour de Rodolphe II en 1600, un an avant sa mort et l’aurai instruit dans cet art dans son laboratoire sur l’île de Ven. Lorsque le corps de Tycho Brahe a été exhumé en 2010, l’analyse d’échantillons de poils a révélé qu’ils contenaient des quantités d’or « jusqu’à 100 fois supérieures à celles d’une personne normale aujourd’hui » . Son observatoire était situé dans la ville de Benátky nad Jizerou ( Venise sur l'Iser, ex Benatek) près de Prague avant qu'en 1600 Rodolphe II ne l'oblige à s'installer au belvédère du chateau de Prague.
Le fait ne devrait surprendre personne : Prague était la capitale européenne de l'alchimie. On dit qu'à l'époque elle comptait 200 alchimistes.
Au même moment le roi de Pologne Sigismond III (1566-1632) avait pour alchimiste Michał Sędziwój (Michael Sendivogius) qui était en lien avec Edward Kelley l'alchimiste de Rodolphe II. Il fit d'ailleurs des allers-retours Cracovie-Prague en partie pour des missions de renseignement.
En 1604 Sendivogius reçut de l'écossais Alexandre Sethon qu'il avait aidé à fuir les geôles de l'électeur de Saxe Christian II Wettin (comme Kelley avait été prisonnier de Rodolphe II) et obtint de lui une once de pierre philosophale qui lui permit de réaliser une belle transformation devant Sigismond III. "Je pourrais, écrit-il dans son traité "Cosmopolite" traduit en français, rapporter plusieurs auteurs renommés pour témoins incontestables de la certitude de cette Science. Mais les choses que vous voyons sensiblement et dont nous sommes convaincus par notre propre expérience, n'ont pas besoin d'autres preuves. Il n'y a pas longtemps, et j' en parle comme savant, que plusieurs personnes de grande et petite condition , ont vu cette Diane toute nue." Selon la revue Eon qui le republia en 1925 ce traité avait Alexandre Sethon comme auteur véritable. Voir le portrait de Séthon ici.
La même année 1604 paraissaient à Prague les douze traités de Seindivogius "sur la pierre du Saga" qui allaient nourrir le courant rosicrucien (en 1616 quelques écrits rosicrusiens étaient vendus à Prague pour 16 000 thalers, et en 1641 en Bohème deux rose-croix qui avaient fait connaître leurs richesses sont mis à la torture jusqu'à en mourir pour arracher leurs secrets).
Sendivogius condamnait l'utilisation de l'or qu'il jugeait être une matière morte comme tous les autres métaux pour la recherche de la pierre philosophale. Lui-même eut assez vite de nombreux ennuis comme Sethon avant lui.
Revenons à Kepler, protestant, fils naturel d'un jésuite et d'une herboriste qui fut poursuivie pour sorcellerie (il la défendit en justice). La journaliste cinéaste Henriette Chardak, fille et petite fille d'inventeurs, racontait en 2004 à Radio Ici et Maintenant comment elle en est venue à travailler sur lui. Un 1er avril, elle était chez un ami musicien pour une musique de film et elle regarda la pleine lune, et découvrit ses lacunes sur les astres. Elle a travaillé sur lui à partir de 1983. Pour elle Kepler est à la fois un génie, un clown, un prophète et un homme bon, bon mari, bon père (ce qui est rare chez les savants).
"Tout est incertain ici, Tycho est un homme avec lequel on ne peut pas vivre sans être sans cesse exposé à de cruelles insultes. La solde est brillante, mais les caisses sont vides, et on ne paie pas. " écrivait-il en 1600 à Prague. Joshua et Ann-Lee Gilder ont accusé Kepler d'avoir empoisonné accidentellement ou volontairement Tycho avec du mercure. Owen Gingrich, professeur émérite d'astronomie à Harvard l'a démenti. Peter Andersen de la fac de Strasbourg pense que le criminel fut Eric Brahe, cousin de Tycho et diplomate suédois au service du Danemark (qui lui disait en public "tu es bâtard comme ton dieu et maître Pythagore"). pour se venger de la relation de Tycho avec sa mère. On dit que la mort de Tycho Brahe inspira l'Hamlet de Shakespeare.
H. Chardak pense que Brahe se méfiait de Kepler parce qu'il avait été toute sa vie spolié (c'est pourquoi sur son lit de mort il suppliait Kepler de ne faire en sorte qu'il n'ait pas vécu en vain).
Tycho Brache faisait des horoscopes pour se détendre. Kepler aussi sans trop y croire. A la veille de son mariage Kepler a fait son horoscope en y projetant sa personnalité. Astrologie et alchimie vont généralement de pair.
Pour ma part je suis très réservé à l'égard de l'un et l'autre art;
Le néo-platonisme kabbaliste anglais à l'époque de Leibniz
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Revenons d'un mot sur les interlocuteurs kabbalistes et néo-platoniciens de Leibniz. Celui-ci dans ses Nouveaux Essais sur l'entendement humain évoque rapidement "ceux qui ont logé vie et perception en toutes choses comme Cardan, Campanella, et mieux qu'eux feu Mme la comtesse de Connaway platonicienne, et notre ami feu M. François Mercure van Helmont (quoique d'ailleurs hérissé de paradoxes inintelligibles) avec son ami feu M. Henri Morus" pour leur opposer "comment les lois de la nature ( dont une bonne partie était ignorée avant ce système) ont leur origine des principes supérieurs à la matière, en quoi les auteurs spiritualisants que je viens de nommer avaient manqué avec leurs archées" pour conclure que les animaux ont une âme immortelle (ce qui fait échapper aux craintes de la métempsychose
Jérôme Cardan (1501-1576), de Pavie, médecin, mathématicien et philosophe, dont les doctrines sont un mélange d'illuminisme et de matérialisme.
Campanella (1568-1639) était dominicain. Adversaire d'Aristote, auteur d'une célèbre utopie communiste réfugié en France.
"Van Helmont (François Mercure) (1618-1699), fils de J.-B. van Helmont, célèbre alchimiste. Comme son père, il admettait des archées, espèces d'âmes vitales pénétrant le corps entier et y accomplissant les fonctions de nutrition, de digestion, etc." (écrira un annotateur du XIXe siècle)
Henri Morus (ou More) (16141687), théologien et philosophe de l'école de Cudworth, mais avec un mélange de mysticisme. Il croyait aussi aux archées.
En notre siècle Tristan Dagron, directeur de recherche au CNRS, dans Toland et Leibniz (2009), apporte un éclairage intéressant sur le rapport de Leibniz à la Kabbale, en rappelant que, si Leibniz réfutait sa dette à l'égard de la kabbale (et à la manière dont autour d'elle se pose la question de la divisibilité de la substance), le philosophe irlandais John Toland (1670-1722), lui, l'y ramenait, et que ce n'était pas complètement infondé car Leibniz lui-même "face à ses interlocuteurs anglais, se réfère très fréquemment au platonisme anglais, et surtout aux Principia philosophiae antiquissimae et recentissimae d’Anne Conway qui propose un système largement inspiré des traductions de Knorr".
En 1677-1678 a lieu la publication des traductions latines par Christian Knorr von Rosenroth de textes issus de la tradition juive, d’extraits du Zohar et des plus récents développements de la Cabale de l’école d’Isaac Louria.
En 1662 Henry More (Henri Morus) avait publié les Conjectura Cabbalistica dans laquelle il cherchait à montrer à partir de la Kabbale (conçue comme étant la tradition mosaïque) comment la leçon du mécanisme cartésien ne saurait entrer en contradiction avec le platonisme qui pose la nécessité d’un plus haut principe, l’esprit pour « dresser un rempart exotérique ou une fortification extérieure autour de la théologie ». De cette kabbale il prétendait faire une lecture rationnelle, sans inspiration surnaturelle. Elle est pour lui convergente avec la tradition philosophique héritée d'Egypte via Pythagore et Platon, notamment sur la numérologie. L'une et l'autre sont pour More des piliers solides de la modernité qui d'ailleurs avaient anticipé sur l'héliocentrisme et le mécanisme.
En découvrant la traduction du Zohar et de Louria par Knorr von Rosenroth, More tombe sur un immanentisme qui fait de Dieu « l’essence de toutes choses » et nie par conséquent la possibilité de la création, au risque de faire de Dieu et des anges des êtres matériels. Pour s'y opposer, il propose un exposé de l’arbre séfirotique qui écarte le modèle émanatiste. Seules les trois premières Sefiroth signifient des déterminations immanentes au divin, la trinité chrétienne et platonicienne : Kether, ou la Couronne est ainsi le « symbole de l’unité » qui correspond à la "première hypostase de la triade platonicienne". Hochmah, ou la Sagesse est interprétée comme le nous, la sophia ou le logos, correspondant à la « seconde hypostase de la trinité chrétienne », mais aussi de la « triade platonicienne ».Binah, ou la Prudence, et en tant qu’elle est constituée par la relation entre les deux premières hypostases, désigne « l’ardeur pure, immuable et infinie de l’amour divin, née de la perception de la perfection divine » : il s’agit ainsi de la psyché platonicienne, à laquelle répond l’Esprit saint des chrétiens. Les sept Sefiroth suivantes correspondent, elles, à des « émanations » en tant qu’elle se rapportent essentiellement aux réalités créées.
L’unique substance est l’esprit (« Quicquid vero est, spiritum esse », § 5). Cet esprit est « incréé, éternel, intellectuel, sensible, vital, se mouvant par soi-même et existant nécessairement par soi » (§ 6). Cet esprit est alors « l’essence divine » elle-même (§ 7), qui seule « peut exister par soi » (§ 8). Par conséquent, si tout est engendré de cette essence divine, de la division actuelle que l’on découvre dans les choses s’ensuit la divisibilité de l’essence divine elle-même. De l’essence divine se déduisent donc une infinité de « particules singulières » qui peuvent s’étendre et avoir de l’extension (§ 10), mais aussi se contracter ou se comprimer (§ 11). La contraction de ces particules constitue « le monde dit matériel ». Or puisque l’esprit est la substance unique, ce monde sera composé « d’esprits divisés ou de particules de l’essence divine contractées ou comprimées en monade ou points physiques »
Cet état de contraction correspond au « sommeil » de ces particules divines, et leur expansion, à « l’état de veille » (§ 13), suivant une terminologie que More emprunte aux textes traduits par Knorr. Il existe en outre différents états de veille, qui correspondent aux différentes facultés ou fonctions de l’âme (l’état végétatif, sensitif ou rationnel), et dans ces états de veille, s’étendant en orbes de dimension et de vertu presque infinies, les particules divines ou les esprits particuliers peuvent fabriquer ce monde et ses parties. De l’unité substantielle de toutes choses, note Dagron, s’ensuit que les espèces peuvent se convertir les unes dans les autres, et que l’esprit qui était de la poussière de marbre peut se transformer en plante, puis de plante en bête, de bête en homme, d’homme en ange et d’ange en un Dieu créateur d’une nouvelle terre et d’un nouveau ciel (§ 15). Autrement dit, l’essence divine actuellement divisée en esprits sera tout entière dans chaque partie, qui, du fait de sa puissance et de sa faculté d’extension, pourra devenir elle-même une divinité créatrice, réellement distincte et séparée des autres (§ 16). La doctrine de l’unité de la substance conduit ainsi à poser une pluralité réelle de dieux. Conséquence absurde à laquelle échappe la doctrine de la création ex nihilo.
On est là dans des discussions typiquement internes au platonisme sur les conséquences de la théorie des émanations de l'être.
A partir de 1671, le cercle de Lady Conway (celle que Leibniz appelle par erreur Connaway) s'ouvre aux Quakers sous l'influence de François Mercure Van Helmont.
La Kabbala denudata, à la suite de la Confutatio de More, comprend un bref Dialogue apologétique entre le Compilator (Knorr) et un « Cabaliste cathéchumène » (vraisemblablement Van Helmont). Le cabaliste y critique alors la définition « formelle » de la création comme production ex nihilo. Dieu est cause du monde comme le soleil de ses rayons. Toutes les Sefiroth sont ici conçues comme des relatifs ou des « genres » métaphysiques qui expriment la relation du créateur avec l’ordre du créé.
Dans la seconde moitié des années 1670 Anne Conway écrira les Principia philosophiae antiquissimae et recentissimae que Van Hermont publiera à titre posthume en 1690 qui spécule sur la rétractation de Dieu dans le mouvement de création dans laquelle prend place le Messie (ou l'Adam Kadmon), première créature émanée de l'infini, comme Verbe. La médiation du Christ présent en toutes choses est immanente est une doctrine solidaire de la théologie quaker (un point très important à mon avis pour comprendre le Christ cosmique du New Age).
Si les créatures émanent de leur principe, avançait Henry More, elles seront de même nature ou substance que leur créateur et il s’ensuivra que l’essence divine elle-même sera divisible et identique aux réalités corporelles ainsi produites, de sorte que l’on aurait un Dieu « transformé en argile et en pierre ». Mais s'il y a la médiation du Verbe comme idée de Dieu, répond Van Hermont, il peut se diviser sans atteindre l'unité de Dieu. Ann Conway renvoie à Actes 17:29, la source de l'humanité en Christ primogenitus fonde la fraternité humaine et la philanthropie quaker. Tous sont fils de ce premier né de Dieu. Les natures créées peuvent « dégénérer » de cet état de perfection originel, dans lequel toutes sont d’une même espèce. C’est cette possibilité qui fait la différence entre l’esprit médiateur, l’idée de Dieu, et la multiplicité des esprits engendrés par elle et nous pouvons cependant revenir à la filiation première après la déchéance par voir d'adoption en ressemblant au Christ. Le modèle est le Parménide platonicien, au moins tel que Ficin l’expose dans son commentaire, que la comtesse de Connway récupère à travers le travail de platonisation de la kabbale de Louria opérée par Abraham Cohen Herrera.
Je ne développerai pas ici les implications de ces problèmes sur la question de la divisibilité ultime de la matière (problème auquel Kant mettra un point final). Mon propos était seulement de montrer cette face cachée (ésotérique et théologique) de la philosophie européenne du XVIIe siècle que la philosophie de nos cours de Terminale ont eu trop tendance à faire passer à la trappe.