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Une question de Cléopâtre au rabbin Meïr
Voici un point amusant que relève Voltaire dans son Dictionnaire philosophique :
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Selon la tradition talmudique la célèbre reine Cléopâtre a un jour demandé au Rabbin Meïr si les morts ressusciteraient nus ou avec leurs vêtements. Il répondit : « Nous apprenons cela du grain de blé, en concluant a minori ad majus : Si déjà ce grain semé nu germe avec diverses enveloppes, combien plus les justes ensevelis avec leurs vêtements ne ressortiront-ils pas de leurs tombeaux avec les mêmes vêtements »
L'épisode se trouve dans le Traité Sanhédrin , 90b, du Talmud de Jérusalem (une autre source dit : celui de Babylone). Le rabbin Meïr enseignait au IIe siècle, 200 ans après la mort de la dernière reine d'Egypte. On peut se demander s'il n'y a pas quelque allusion scabreuse dans le fait qu'on prête à une séductrice renommée ce genre de question.
L'interprétation juive l'exclut - voir par exemple cette page qui explicite de cette façon la question de l'amante d'Antoine :
"Si Cléopâtre accepte que les morts ressuscitent, quelle différence cela fait-il pour elle que les morts ressuscitent avec ou sans vêtements?
Ce qu'elle voulait savoir, c'est si les gens seront alors comme Adam et Eve avant le péché, qui étaient si purs et si élevés qu'ils n'avaient pas besoin de vêtements, ou s'ils seront comme l'homme après la faute."
Apparemment les textes cosmogoniques zoroastriens (Bundahišn) posent aussi la question de Cléopâtre...
L'incohérence chronologique de la scène du Talmud a fait dire à l'exégète W. Bacher en 1890 que la question fut plutôt posée par un patriarche des Samaritains (au vu des diverses versions qu'il a pu consulter).
On notera aussi que Voltaire en son temps trouvait la réponse rabbinique aussi spécieuse que l'argument du bénédictin Dom Augustin Calmet (qu'il qualifie avec ironie de "profond philosophe") lequel voyait dans l'existence des vampires qui sortent des cimetières la preuve de la possibilité de la résurrection...
Mollitia : quelle morale sexuelle ?
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Il y a dix ans, je m'étais beaucoup intéressé à l'Ane d'Or d'Apulée, un conte que le préfacier de la version Folio des années 1980 présentait comme une farce mais qui est en réalité un manuel d'initiation isiaque et pythagoricienne. Je ne sais plus qui dans la littérature du XXe siècle s'était demandé comment les monastères chrétiens n'avaient jamais censuré ce livre dont certains passages sont profondément érotiques. Il en avait conclu que les moines y cherchaient sans doute de une distraction sexuelle, ce qui me paraît bien peu probable (il est incroyable que nos universitaires laïcards aient été aussi superficiels dans leur lecture de la tradition occidentale, à moins qu'ils n'aient fait les idiots à dessein pour détourner les lecteurs des vraies questions). A moins bien sûr qu'une certaine tradition pythagoricienne n'ait survécu dans nos monastères (à travers la numéralogie notamment, que bizarrement notre époque appelle maintenant numérologie).
Je relisais La Société Romaine de Paul Veyne. C'était une de mes lectures de jeunesse, que j'ai d'ailleurs citée dans mon livre sur la nudité (d'ailleurs j'avais envoyé mon livre à ce célèbre auteur, qui n'avait pas manqué de me répondre aimablement depuis son Gard natal, ce qui m'avait touché car beaucoup de sous-intellectuels à qui j'ai adressé mes ouvrages n'ont pas eu cette politesse). Paul Veyne comme prof du collège de France avait le mérite de mettre au jour des faits intéressants en les enveloppant d'un style élégant et les insérant dans une perspective culturelle très large, mais l'inconvénient d'être un proche de Foucault et de faire ainsi passer en contrebande une idéologie assez sulfureuse. En p. 117 de l'édition de 1991 (Seuil) il fait référence à cette scène où, en Thessalie (terre des magiciens), le héros va faire l'amour avec un sorcière qui va le transformer en âne. Tous ceux qui ont lu ce passage ont sans doute été frappé par le fait que la femme chevauche sexuellement le héros comme sur les fresques de Pompéi, position qu'on appelle equus eroticus. Veyne remarque à ce propos : "Apulée ou les peintures de Pompéi montrent bien que cette posture était le fin du fin de l'amour". Il ajoute cependant que, si notre époque valorise cette posture parce que, dit-il, elle a voulu "décoloniser la femme" en lui permettant de chevaucher l'homme ("l'homme, ce colonisateur repenti, ne veut pas se réserver l'exclusive d'un spasme agréable ; il veut que la femme l'ait aussi, que cette ancienne colonisée devienne pareille à son maître et qu'elle ait, sous le nom d'orgasme, le même spasme que son colon" ; l'equus eroticus "était non moins valorisé chez les Romains, mais pour des raisons exactement opposées : la servant vient sur son maître, mollement étendu sur le lit, parce qu'elle est au service du plaisir de l'homme". Du coup, l'equus eroticus est devenu honteux à partir des Antonins parce que, la femme étant désormais un peu moins inférieure à l'homme qu'au début de l'Empire (elle devient désormais l'épouse chargée d'élever des enfants), on la suspectera, à travers l'equus eroticus d' "abuser de sa qualité de personne humaine" en jouant à être l'égale de l'homme (jusqu'au point où le psychiatre Kraft-Ebing verra dans la pratqiue de l'equus eroticus féminin un symptôme de masochisme masculin).
Je ne chercherai pas à savoir davantage, au moins pour l'instant, si chez Apulée la pratique féminine de l'equus eroticus est réellement un geste de soumission et de "service" (d'officium), venant d'une sorcière dont je ne me souviens plus si elle est esclave ou libre. Ce qui m'intéresse dans ce passage, c'est que Veyne rattache cette thématique à celle de la mollitia, la mollesse. Pendant longtemps (et, encore une fois, jusqu'aux Antonins), la mollitia désignait la pratique sexuelle qui faisait déroger un citoyen de sa virilité masculine et de son rang dans la hiérarchie sociale. C'est une notion qui a un sens très spécifique.
Or, comme l'ont relevé des historiens de la sexualité comme Thomas Laqueur, encore aujourd'hui l'Eglise font dériver sa condamnation de l'onanisme, non pas d'un verset précis du Nouveau Testament (puisque la notion n'y figure pas, même par synonymie), mais du verset de Saint Paul sur la mollitia (1 Cor 6:9).
Or Saint-Paul est très ancré, sur le plan des moeurs, dans la philosophie gréco-latine de son temps. Par exemple Michael Heiser en se fondant sur l'article de Troy W Martin Paul's argument from nature for the veil in 1 Corinthians 11:13-15 : a testicle instead of a head covering, Journal of Biblical Litterature 123/1 (2004) 75-84 montre que les théories de Saint-Paul sur les longs cheveux des femmes et leur voilement étaient directement liées aux théories d'Hypocrate sur le rapport entre chevelure et fécondité.
On peut se demander s'il est légitime de fonder une morale sexuelle actuelle sur une philosophie aussi datée.
J'avais discuté en 2019 avec une chamane initiée à la médecine aztèque qui se disait ouverte au catholicisme (elle était dévote de la Sainte Vierge et de Vézelay) après que je lui eusse exposé ce que je savais des démons qui se cachaient derrière l'onanisme avait admis que ceux-ci existaient bien derrière l'onanisme articulé au visionnage de la pornographie qui est une source d'addiction, mais non derrière par exemple un acte de masturbation auquel on cèderait dans le cadre d'un échange de mail avec un être aimé. J'avoue que cette casuistique me laisse perplexe. Mais le caractère très historiquement situé de celle de Saint-Paul est aussi très problématique.
Si vous voulez connaître le fond (provisoire) de ma pensée, il faut intégrer à notre philosophie de la nature la théorie des champs morphogénétiques de Sheldrake qui présuppose une capacité d'apprentissage collectif de toute espèce et même de tout l'univers (de sorte qu'il n'y a pas de constante même dans la vitesse de la lumière) qui fait que des entités peuvent exploiter de nouvelles formes de vices (qui n'étaient pas des vices dans les formes anciennes de l'organisation sociale), et donc une profonde historicité du péché, même s'il y aurait tout de même aussi des constantes (le tabou de l'assassinat, du vol, du mensonge, de la transgression de la séparation des sexes - je pense à l'utilisation constante de l'androgynie dans la sorcellerie, mais il faut reconnaître que la définition de cette androgynie elle-même n'est pas totalement constante d'un siècle à l'autre, ni d'une culture à l'autre).
Rita Cadillac
En regardant une vidéo de Karl Zéro hier je recroisais (après des années sans avoir traité le sujet de la nudité ) le nom de l'effeuilleuse du Crazy Horse des années 1950 Rita Cadillac/Nicole Yasterbelsky (1936-1995). Souvenir des Mythologies de Roland Barthes.
Comme beaucoup ce genre de femme commence sa vie avec Vénus et la termine dans l'occultisme - sa fiche Wikipedia nous apprend qu'elle ouvrit un cabinet d'astrologie et de thérapie de groupe à Deauville (Le Monde 15.5.91).
Jean Charvil, dans un ouvrage de 1969 (p. 129) la décrit ainsi : "longue, souple, élégante, cette rousse aux yeux verts apporta au neuvième art une note de distinction assez remarquable dans une discipline où, à l'époque, sévissaient l'inexpérience et parfois la vulgarité". Elle était née dans le quartier de la goutte d'Or, son père était russe, sa mère polonaise. Selon un article du Monde du 12.11.1976 (Paul Morelle : "La vérité ne tient qu'à un fil") rapportant les propos de Paul Alt, professeur de strip-tease, son père "occupait un poste important dans l'édition".
Elle voulut être dessinatrice de mode, puis manucure, puis vendeuse, bien qu'elle eût dès 1944 à 8 ans remporté un concours d'accordéon. Elle se mit à faire du nu pour "embêter ses parents", selon la version officielle. Elle fut recrutée par petites annonces, donna des spectacles au Brésil. L'Evening Star de Washington du 1.10 1961 la présentait comme la "Gypsy Rose Lee de Paris". Son mari en 1960 était un certain Jean-Claude Terrade, directeur de cabaret à Pigalle arrêt par la brigade mondaine pour menaces de mort et tentative d'extorsion de fonds sur un fils de diplomate qui aurait frappé une danseuse des Folies Bergères amie de Rita Cadillac : Alicia Marquez (Le Monde 11 avril 1960).
Elle fit aussi carrière dans la chanson, ce qui dans ses tournées internationales lui donnait encore un prétexte pour se dénuder en public. A partir de 1973, selon Le Monde du 8 avril 1995 elle dirigea le night club du casino de Trouville. J'aimerais bien me renseigner un peu plus sur la seconde moitié de sa vie.
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Rita Cadillac - Ne Comptez Pas Sur Moi (1960)
A cantora e atriz francesa Rita Cadillac canta Ne Pas Sur Moi. Se gostou, curta a página Memória Cinematográfica no Facebook: http://migre.me/vOl5b
Naked Attraction (vu à Bath)
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En zappant devant la TV de ma chambre d'hotel Macdonald Spa à Bath dans le Sommerset je suis tombé sur une émission anglo-saxonne dont je connaissais l existence mais sur laquelle je ne m étais jamais penché sérieusement su j ose dire "naked séduction " dont voici la présentation officielle :
"A chaque épisode, deux célibataires doivent choisir avec quel candidat ils souhaitent partir en rendez-vous. Mais si l'on commençait par la fin ? Dans Naked Attraction, oubliez le statut social, le compte en banque ou encore le style vestimentaire... Les candidats se mettent totalement à nu et ne vont être choisis que sur un seul critère : leur corps ! Suivez cette expérience hors du commun dans sa version floutée, puis dans sa version non-floutée à partir de 22h30. "
J'avoue que j'ai été tout de suite aidé à saisir le rapport de cette émission avec l occultisme par le fait qu une des candidats qui exhibaient leur pubis avaient un pentagramme inversé tatoué dessus.
La dame (dans l'épisode 4 de la série 12 minute 26) qui devait choisir était une personne de couleur "pansexuelle, polyamoureuse" qui disait si j ai bien compris avoir été éduquée dans une communauté "science chrétienne aux Etats-Unis" (minute 28) une secte hérétique moderniste qui elle-même prépare sans trop le savoir à l occultisme si on en croit Doreen Virtue qui en est issue. On a l impression dûment une mise en scène de la déchéance du christianisme. La dame devant le pentagramme inversé (satanique) prenait un air intrigué "c'est pour chercher la magie - minute 27 ".
En fait je trouve qu'on pourrait faire une lecture crowleysienne du principe "commençons par la fin" ( c'est du reading backwards).
A noter aussi l alibi communiste à l appui de tout discours antéchristique (notamment du wokisme) : c est pour éliminer les différences de capital économique et culturel qu on encourage les gens à se juger de se jauger sur la seule apparence de leur pubis.
Du temps où l'on m'écrivait....
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Mail reçu le 16 septembre 2013 :
Bonsoir Monsieur Colera,
Par curiosité j'ai regardé les liens et articles ayant trait à l'ouvrage dont vous parlez. C'est la raison pour laquelle je me permets de vous envoyer un message afin de vous encourager.
La manière dont vous parlez de cette "nudité" rétablit ce qui était si beau et qui malheureusement, comme beaucoup d'autres choses, a été sali par une société avide de rapidité et de richesse bien souvent tout autre que celle de notre âme.
Il n'est pas simple de défendre nos convictions lorsque celles-ci s'attaquent à des sujets délicats qui sont au coeur de la société. Toutefois cette démarche me semble utile pour contribuer à un certain "éveil" des consciences.
La jeunesse d'aujourd'hui est notre avenir, celui de l'humanité. Il est même de notre devoir de contribuer à cet éveil si nous en avons la possibilité, dans la mesure où nous sommes convaincu du message à faire passer... "C'est une nudité qui veut faire passer un message".
Je retiens une phrase que vous avez citée dans un article: "Sans me presser, je les laisse se décanter...", concernant les divers thèmes philosophiques ou socio-culturels que vous abordez. Prendre suffisamment de temps pour que les informations remontent "en surface", comme une évidence... Mais comment le pouvons-nous? La loi actuelle semble basée sur le "Toujours plus vite, stress, pression", " Le temps c'est de l'argent!"...
J'ai beaucoup aimé le commentaire suivant qui ouvre sur une multitude d'idées à développer.
"Et en même temps, ça permettait de se confronter à un sujet qui fascine notre époque, qui l’envahit même, dans les images et dans les pratiques. La mort de Dieu, la dé-spiritualisation des institutions, tout ça renvoie chacun à son corps, à la volonté de le mettre au centre des rapports sociaux. Un corps qui veut exprimer de plus en plus son dépouillement, son animalité."
Ne pensez-vous pas qu'en dépassant de plus en plus les dogmes instaurés au fil du temps par une interprétation erronée de certains messages, finalement en étant de plus en plus à l'écoute de ce que nous dicte "notre intérieur", là où prennent naissance nos émotions et certainement nos convictions qui en sont une résultante, de ce que nous portons en nous, nous ne nous rapprochons pas au contraire d'une spiritualité vraie, quelquefois à l'opposé de ce que certaines institutions veulent nous faire croire?
Au plaisir de vous lire,
Encore une absence totale de neutralité journalistique
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Les nombreux journalistes qui m'ont interviewé sur la nudité publique au cours des dix dernières années n'avaient qu'une attente : que j'en dise du bien.
On retrouve hélas le même état d'esprit, aux antipodes de la nécessaire (mais de moins en moins accessible) neutralité et objectivité journalistique dans Le Monde hier sous la plume d'une attachée de presse dont il n'est même pas utile de recopier le nom dans un article intitulé "C’est quand même fou de se sentir mal sans habit dans un espace naturiste » : la fin de l’utopie « cul nu» ", un article qui se réjouit du fait que la France soit la première destination européenne du naturisme, qui classe au nombre des "bonnes nouvelles" le fait que " la « philosophie » naturiste se fraie un chemin dans les pages lifestyle des magazines féminins et en librairie, à équidistance du bien-être et du développement personnel (voir le récent livre de Margaux Cassan Vivre nu, Grasset, 216 pages, 19 euros)" (notez comme elle vous cite le prix et le nombre de pages, une incitation à vous le procurer - je suppose que dans 10 ans ce genre de journal vous obligera même à acheter des livres sous peine de vous exposer à des coupures d'eau courante chez vous ou à des stages en camp de rééducation). L'article est un éloge permanent de la nudité publique (il y a quelques années le même journal sous la plume d'une certaine Maïa Mazaurette recommandait la masturbation sur un ton tout aussi impératif) qui, du coup, fustige ceux qui dans les camps de naturistes gardent la culotte (au lieu de fustiger, ne serait-il pas plus subtil et opportun d'essayer de comprendre ?).
Depuis 25 ans Le Monde est devenu, sur tous les sujets, une nouvelle Pravda. Et cela se confirme hélas chaque jour.
Nudité et masculinité sacrée dans un groupe religieux
Comme vous le savez, j'ai publié il y a bien longtemps un livre sur la nudité et je me suis aussi intéressé aux médiums New Age il y a quelques années. Cette semaine Le Point publie un article intitulé "Nudité, jeûne et « cercle magique » : 48 heures à la recherche de ma « masculinité sacrée »", un rapport d'infiltration dans la secte "Mankind Project" de Louis Chahuneau.
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Le groupe a été fondé en 1985 quand les trois membres fondateurs de The ManKind Project, Rich Tosi, Bill Kauth et Ron Hering, ont entraîné avec eux 18 hommes dans un "Wildman Weekend", à Haimowoods, Wisconsin. Aujourd'hui, les retraites s'appellent The New Warrior Training Adventure, et cela regroupe plus de 60 000 hommes. L'organisation est née issue du «mouvement des hommes mythopoétiques», inspiré par la psychanalyse de Carl Jung, et le poète Robert Bly, dont le livre à succès Iron John : A Book About Men fait l'apologie de la masculinité. Le groupe aux USA souligne qu'il n'est pas exclusivement hétéro, mais aussi ouvert aux LGBT. L'ensemble a des relents très New Age et occultistes, avec chez eux des cercles magiques (comme les "néo-sorcières" féministes). Une confirmation du rapport de la nudité au monde invisible...
Adamisme et théorie des champs morphiques
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J'ai déjà évoqué sur ce blog la théorie des champs morphiques de Rupert Sheldrake, qui explique comment, lorsqu'une mésange apprend à décapsuler une bouteille de lait sur le pas du porte en Angleterre, d'autres mésanges ailleurs dans le monde vont se mettre à faire de même alors qu'elles n'ont pas réellement bénéficié d'une transmission ou d'un apprentissage. Cette théorie, qui ne cadre pas avec les cadres rigoureux de la science objectivable, permet d'expliquer pourquoi diverses inventions chez l'être humain apparaissent à divers endroits du Globe au même moment.
On a vu qu'en France dans les années 1620 à 1640 des phénomènes adamites ont été constatés dans un couvent franciscain de Louviers (avec le cordelier Pierre David) puis à Toulouse (avec le jésuite Jean de Labadie) On sait aussi que les quakers firent de même en Angleterre dans les années 1660, mais avant eux, dans ce même pays, il y eut, dans les années 1630-1640, un mouvement adamite que les Eglises chrétiennes n'identifiaient à aucun courant connu. En attestent des opuscules comme The Adamite sermon d'Obadiah Couchman (1641) ou A new sect of religion descryed, called Adamites deriving their religion from our father Adam de Samoth Yarb/ Thomas Bray (1641).
La transmission directe d'un "penchant" pour le nudisme entre des couvents catholiques et l'Angleterre anglicane ou réformée est peu probable. On peut bien sûr soutenir que les uns et les autres ont pu "baigner" dans l'ambiance de la Réforme qui a pu favoriser le Mouvement du Libre Esprit, plaisamment caricaturé d'ailleurs par l'archevêque d'Avignon (voyez Le Fouet des Paillards) - et l'on se souvient d'ailleurs de la protection accordée par Marguerite de Navarre à Poque et Quintin chez qui on voit des préfigurateurs du libertinage). Mais pourquoi est-ce que ce "Mouvement du Libre Esprit" aurait pris spécifiquement la forme de l'adamisme, c'est-à-dire un retour à la nudité qui se veut ordonné au christianisme (et non pas un mouvement pur et simple vers la débauche comme précédemment) la vague idée d'un simple "imprégnation" dans toute l'Europe d'un esprit d'innovation lié à la Réforme ne permet pas d'en rendre compte...
Si l'on admet la théorie des champs morphiques, et l'idée que le sursaut de l'adamisme dans un couvent français peut rejaillir sur des protestants dissidents en Angleterre, alors cela peut avoir de très fortes implications pour la responsabilité individuelle de chacun. Car à la fois cela signifie que les pensées et comportements de chacun d'entre nous sont profondément influencés par des représentations et phénomènes qui sont "dans l'air du temps" (et je crois qu'à la base de notions philosophiques comme Weltanschauung, epistémé, etc il y a de cela) mais aussi que chacune de nos pensées ou chacun de nos comportements, comme la première initiative de la mésange pour percer une capsule de bouteille de lait, peut avoir des résonances ailleurs dans le monde. Un peu comme un signal que l'on envoie dans la matrice culturelle humaine qui enveloppe la planète, et qui trouvera des échos les plus inattendus, sous une forme purement mimétique ou déformée par d'autres influences.
Je crois que le phénomène de renoncement au monde que décrit en ce moment Pascal Bruckner pour la période actuelle dans "Le Sacre des Pantoufles" par exemple participe aussi potentiellement d'un champ morphique, même si celui-ci peut être plus visiblement renforcé par des messages médiatiques planétaires qui n'existaient pas quand l'adamisme bourgeonnait de façon sporadique en Europe. Pour moi le culte de Marie-Madeleine au XIXe siècle qui fait que la même année (1858-59) où le RP Lacordaire écrit sur cette sainte "à qui beaucoup a été pardonné parce qu'elle a beaucoup aimé", le socialiste Pierre Leroux en exil dans La Grève de Samarez écrit à peu près le même chose. Par delà les "petits cailloux" qu'avait semé le saint-simonisme autour de Marie-Madeleine dans les années 1820-1830, il y a peut-être quelque chose qui relève des champs morphiques dans la manière spécifique dont le thème "surgit" à l'esprit de ces personnages très différents au seuil de leur vie.