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Articles récents

Empédocle enlevé par un OVNI ?

25 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Sainte-Baume, #Philosophie

La première fois que je suis monté à la Sainte Baume en 2014, j'étais un peu obsédé par l'expression "Les Catharmes" recueil poétique du philosophe-chamane pythagoricien Empédocle.

Ce soir, en lisant  Vie et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce, je tombe sur ce récit de sa mort qui pourrait donner du grain à moudre aux ufologues de tout poil (mais je dois dire que l'ufologie, du moins telle qu'elle est développée sous un angle hyper-technocratique par des gens comme Coilhac et d'autres, constitue un système d'interprétation spirituellement trop pauvre, même si les faits qu'elle recense peuvent être parfois intéressants) :

"Héraclide, parlant de l’« apnoun » et expliquant comment Empédocle tira une grande gloire d’avoir sauvé une femme morte, raconte qu’il accomplit un sacrifice près du territoire de Peisianax. Il réunit là quelques-uns de ses amis, entre autres Pausanias. Le festin achevé, les convives se retirèrent à l’écart, les uns sous des arbres proches du champ, les autres où il leur plaisait, mais Empédocle resta où il était couché pour le repas. Quand, au matin, les convives se réveillèrent, Empédocle fut le seul qu’on ne pût trouver. On le chercha, on interrogea les serviteurs, qui déclarèrent ne rien savoir, un seul déclara qu’il avait entendu au milieu de la nuit une voix très forte qui appelait Empédocle, qu’il s’était levé, et qu’il avait vu une lumière céleste, et des torches allumées, mais rien d’autre. Les convives en étaient tout ahuris, quand Pausanias descendit et envoya des gens pour le chercher. Mais par la suite, il défendit d’y apporter tant de soin, disant qu’Empédocle avait obtenu la fin qu’on devait souhaiter et qu’il fallait désormais lui faire des sacrifices comme à un homme devenu dieu."

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Sur la bisexualité de l'âme

25 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Quand j'étais jeune, je lisais la Bisexualité Psychique du psychanalyste Christian David (1919-2013). Aujourd'hui, en écoutant cette brève vidéo du Rav Zamir Cohen ci-dessous, je me demandais si la psychanalyse, comme scientia iudaica, ne faisait pas tout simplement descendre les caractéristiques de la neshama au niveau du nefesh.

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Saint Seraphim de Sarov et les animaux

24 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

A propos d'un saint orthodoxe très connu, contemporain du curé d'Ars, saint thaumaturge, et, qui plus est, luminescent. Extrait du livre  "Le Bestiaire des sages : De la fourmi au yéti" de Sabine et Eric Edelmann :

 

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France Inter, pour ceux qui n'ont rien entre les oreilles

24 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Interviews en rapport avec mon livre "La nudité"

J'étais invité à cette émission sur France Inter, mais n'ai même pas répondu au message de l'assistante de production sur ma boîte vocale. Et franchement je ne l'ai pas regretté. Je ne souhaite plus participer à ce genre d'opération psychologique annuelle à deux balles dont le seul but est de pousser un maximum de gens dans l'abîme. Évidemment, s 'y trouvait l'inévitable Margaux Cassan (il suffit de parcourir une page de son dernier livre en librairie pour savoir quel genre de nourriture elle peut nous servir, nous sommes là dans une bien piètre cantine...). Fuyez les médias, surtout ceux qui sont financés avec nos impôts.

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Aspects peu connus des origines de la Californie

18 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #down.under, #Histoire des idées

"En 1781,  Fray Junipero Serra partit de Palma, pour fonder, en Californie, un ordre de Franciscains, de l’obédience de Mayorque. Sur un territoire presque désert alors, il créa, avec le colonel Pedro de Neve, une mission qui allait connaître — il ne l’ignorait pas — bien des difficultés, pour évangéliser toute la côte et l’arrière-pays. Mais il avait foi dans le succès. Il bâtit, d’abord une petite église : l’autel était fait d’un tronc d’arbre; et, au toit de la chapelle, il suspendit une petite cloche qu’il avait apportée des Baléares. Il appela sa fondation « Nuestra Senora, la Reina de los Angeles » Notre-Dame, reine des Anges.

L’église une fois terminée, avant d’y dire la première messe, il sonna, avec persévérance, durant près d’une heure, la petite cloche, qui, semblait-il, ne pouvait appeler personne au saint sacrifice, puisque, à plusieurs lieues à la ronde la population, très clairsemée pouvait à peine l’entendre. Comme un des soldats de la mission s’étonnait de cette insistance vaine, qui, selon lui, n’aboutirait qu’à fêler ou briser la cloche, Junipero Serra lui répondit, avec douceur : « Ya vendran ! Ya vendran !"

Hollywood devrait le succès de son nom au peintre français Paul de Longpré (1855-1911).

"En 1903, Hollywood était un coin de terre en friche à 20 kilomètres de la ville de Los Angeles. On aurait bien pu se construire là une maison, planter des pommes de terre et élever des bestiaux —- personne n’y pensait. En ce lieu il n’y avait guère autre chose que des pierres, du sable et d’affreux buissons de houx.

Mais voilà que le peintre français Paul de Longpré qui voyageait dans ces parages, s’arrêta devant ce paysage aride planté de houx. Il se construisit sur la terre en friche, une villa mauresque et se mit à peindre des houx sur un fond de roches rouges et de ciel très bleu. Mais sa femme se retira bientôt à Los Angeles. « Tu peux rester seul dans ta houssaie — en anglais «Hollywood» — quant à moi, je reste en ville. » Les infortunes conjugales de Longpré firent des gorges chaudes et le mot de « Hollywood » devint à la mode, en manière de plaisanterie. Dans le courant de l’année, Longpré eut de la compagnie. Quelques petites maisons s’élevèrent autour de la sienne. Vers 1910, il y en avait déjà plus d’une centaine. Les hommes d’affaires de Los Angeles, les businessmen épuisés par l’agitation de la grande ville, cherchaient aux environs un lieu paisible et reposant. A peu près à cette époque, le film faisait ses premières armes. Quelques malins « producers » songèrent déjà à tourner leurs films sous le climat ensoleillé de la Californie".

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L'ancien ouvroir de Jurançon

14 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #down.under

L'ancien ouvroir Saint Ange de Jurançon (64), propriété du diocèse de Bayonne, désaffecté depuis très longtemps, est en travaux.

L'occasion pour moi ce matin d'interviewer une ancienne couturière jurançonnaise (née en 1934) qui y a fait son apprentissage (au premier étage du bâtiment qu'on voit à gauche sur la photo). Elle évoque ainsi ses souvenirs de sa formation en 1949 :

"Après mon certificat d'études j'aurais aimé poursuivre des études pour devenir pharmacienne, ou même devenir comédienne à Pars - j'adorais le théâtre et ma mère était bien partie à la capitale avec son premier mari dans les années 1920. Mais celle-ci était toujours malade, et comme mes trois frères étaient destinés à partir, elle avait besoin de moi près d'elle. Elle m'a donc inscrite en apprentissage comme couturière chez les bonnes soeurs. Ce n'était pas facile pour moi de m'y adapter car je venais de l'école publique.

Il y avait là six religieuses. Elles n'étaient pas de la région. On se moquait d'elles parce qu'elles parlaient pointu. La maison mère de leur congrégation était à Tours.

Elles étaient six religieuses. La mère supérieure, soeur Suzanne, soeur Johanna qui nous apprenait la couture ; soeur Félix qui allait soigner les gens : elle prenait le solex avec ses seringues pour aller soigner ma mère (son moyen de transport était très moderne) ; soeur Henri-Joseph qui enseignait à l'école des soeurs (école Notre Dame) adjacente ; soeur Bernadette qui faisait la cuisine. Toutes étaient trentenaires, sauf l'infirmière soeur Félix qui devait avoir 55 ans

Comme j'étais très bonne ouvrière, j'étais souvent chargée de superviser le travail des autres. Elles ne s'en sortaient pas toujours très bien. Parfois elles faisaient un faux mouvement avec la pédale et cassaient l'aiguille.

J'avais mauvais caractère et cela provoquait des tensions avec soeur Johanna, qui était pourtant d'un naturel assez timide, et d'une complexion physique fragile (elle était asthmatique). Elle devenait toute rouge quand je lui tenais tête. Un jour elle m'a envoyé chez la mère supérieure. Mais quand la mère supérieure m'a reçue, elle m'a seulement dit de ne pas m'inquiéter, de continuer à travailler comme ça, que Soeur Johanna était fragile.

Soeur Johanna avant d'être religieuse avait travaillé dans un atelier de grand couturier à Paris. Les six soeurs ne s'entendaient pas bien entre elles, elles se disputaient beaucoup.

J'ai effectué un pèlerinage à Lourdes avec elles une fois. On avait trempé nos pieds dans la piscine, puis on avait fait de la barque sur le lac de Lourdes. Les soeurs avaient peur de mouiller leurs cornettes et devaient relever leur tenue qui tombait jusqu'aux pieds".

Je trouve que ce témoignage révèle un peu les contradictions que provoquent l'ouverture au monde de femmes qui s'étaient en premier lieu consacrées à Dieu (la gestion des ouvrières, venues du monde laïque et même laïcard, les règles de décence quand elles prennent la baque avec des tenues qui n'étaient évidemment pas adaptées au tourisme).

Sur la vie quotidienne mon informatrice précise : "Nous étions une dizaine d'apprenties, dont sept jurançonnaises. Une venait d'Uzos, deux de Rontignon. La plupart avaient été instruites à l'école publique. Néanmoins on devait suivre les rituels religieux. Le matin on offrait la journée à Dieu, à midi on récitait l'angelus, l'après midi une partie des complies et des vêpres. Ca me pesait. On allait aussi à la messe à la chapelle qui était à l'endroit où les soeurs logeaient. C'était un véritable atelier et très renommé. Des gens de Pau et de la région venaient faire faire des robes sur mesure. Ils apportaient le tissu. Soeur Johanna se faisait payer la façon. J'y ai ainsi confectionné la robe de mariage de la femme de mon frère ainé".

La Société Ouvroir Saint Ange existe encore avec une numéro de SIREN et est signalée comme ayant été fondée le 1er janvier 1900. L'école Notre-Dame à l'asile Saint-Ange a célébré sa dernière fête le 15 juin 1991. Au fond il y avait là une sorte de complexe de bienfaisance. Le Patriote des Pyrénées du 8 août 1906 y signalait une attribution de primes en ces termes :

"Dimanche, a eu lieu à Jurançon, à l’asile Saint-Ange, la première distribution des primes de la Caisse dotale fondée l’année dernière sous l’initiative de M. le Curé. Il n’est peut-être pas inutile de dire deux mots de cette intéressante œuvre, fondée sur le modèle de celle qu’a organisée A Pithiviers l’abbé Le Sècheroux, bien connu des catholiques qui s’occupent d’action sociale. Elle a pour but de développer et de récompenser chez les jeunes filles le goût de l’économie : les jeunes filles sont encouragées à faire des économies et à les verser à la Caisse : celle-ci les leur place d’abord en livrets de caisse d’épargne, puis, au bout de l’exercice annuel, elle leur attribue une prime proportionnelle à leurs versements et constituée par des cotisations de membres fondateurs, bienfaiteurs et honoraires.

M. le curé de Jurançon, désireux de ne pas moins stimuler la pratique des devoirs religieux que les habitudes de prévoyance matérielle, a institué, parallèlement A cette prime, une prime d’assiduité au cathéchisme de persévérance. L’accumulation de ces primes, que l’on replace aussi au fur et à mesure et qui portent à leur tour intérêt, fournit aux titulaires le moyen de se préparer une petite dot, dont elles auront la satisfaction de toucher le montant au moment de leur mariage qui leur permettra d’entrer en ménage dans des conditions bien plus favorables que si elles ne s’étalent pas appliquées à songer à l'avenir et à épargner.

Ainsi s'accroîtra A Jurançon le nombre des foyers où l'aisance rend plus facile à la famille la pratique des vertus chrétiennes, dont elle est en même temps comme une première récompense. L'œuvre, établie à la fin du mois de novembre dernier, a parfaitement réussi. Si jeune encore, elle compte déjà 64 membres participantes, et le chiffre des économies réalisées en ce court laps de temps 549 fr., est tout-à-fait encourageant ; celui des primes accordées, grâce à l’abondance relative des ressources assurées à la caisse cette première année ne l’est pas moins : 440 fr. et la lecture détaillée de ce palmarès d’un nouveau genre faisait hier, à ce double point de vue, vraiment plaisir à entendre.

Cette lecture avait été précédée par celle d'un rapport, rédigé par la dévouée secrétaire de l’œuvre, Mme Bergeron, qui expliquait à merveille le mécanisme de la Caisse dotale et ses avantages matériels et moraux et indiquait très clairement les résultats d'ensemble obtenus pendant ses huit premiers mois d’existence , , Avant, entre et après ces deux lectures, on a entendu plus d’une demi-douzaine de chansons, chansonnettes, monologues et saynettes , dont le nombreux auditoire a paru enchanté."

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Laroin-Saint-Faust-Lasseube (Première partie)

14 Juillet 2023 , Rédigé par CC Publié dans #down.under

Il y a seize ans, j'étais dans les recherches généalogiques sur mes ancêtres paternels en Aragon.

Hier, j'étais dans les recherches sur mes aïeux du côté du père de ma mère en Béarn. Après avoir identifié leurs noms grâce à la collaboration d'une généalogiste, je suis allé avec elle et son mari explorer les lieux.

Ils sont presque tous concentrés jusqu'à Louis XIV dans l'actuelle paroisse de Saint-Michel des Coteaux.

Commençons donc par évoquer le village le plus près en voiture de Jurançon : Laroin, qui fut notre première étape.

L'église y est récente. Cela se voit notamment au fait que les fondations sont en galets du gave.

Elle se situe à côté de l'ancienne école qui est maintenant un restaurant.

L'ancienne église et le cimetière étaient un peu plus loin dans ce qu'on appelle "le jardin", ce qui est fréquent car on évitait de construire sur les fondations de lieux consacrés. Sa présence est matérialisée par une croix.

 

Toutefois, il reste dans l'actuelle église, un bénitier qui est un ancien chapiteau gallo-romain, et un fonds baptismal de 1679.

Ont été baptisés dans ce fonds baptismal mes ancêtres :

- Jeanne Salaberthe, née le 18 septembre 1733

- et probablement sa mère Anne de Seignouret qui s'y était mariée en 1732.

Puis nous avons enchaîné avec Saint-Faust, où est né le 22 décembre 1902 mon grand père (Jean-Baptiste Commenges). Voici son église (Saint Faust de haut) récente avec clocher métallique.

A noter que l'église de Saint Faust de Bas qui se situe sur une motte de terre qui rappelle les mottes féodales, place Maluquer. Construite en 1561 elle portait le nom de Saint Jean Baptiste, et c'est le jour de ce saint, le 24 juillet, que Saint Faust est aussi célébré.

Cette église, couverte d'un "crépis DDE", entourée de quelques herbes où se trouvaient sans doute des tombes, était fermée.

Y furent baptisés :

- Pierre Commenges, grand père paternel de mon grand père (né le 1er mars 1836)

- Magdelaine Navaillez la mère de celui-ci, née le 6 janvier 1797

- Marie Poumaret, mère de Magdelaine, née le 24 janvier 1777

- Bernard Poumaret, le père de celle-ci, né le 27 avril 1741

- Jacques Poumeret, né vers 1695

 

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Louis XIV, Raguet et l'Atlantide

26 Juin 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète

Je veux ici reprendre les remarques récentes (2022) de Didier Coilhac sur Versailles et l'Atlantide en y ajoutant une mention des travaux de l'abbé Raguet sur la Nouvelle Atlantide de Bacon qui complètent ce que j'ai déjà écrit sur la Nouvelle Atlantide dans mon livre "Le Complotisme protestant". La juxtaposition de la vidéo de Coilhace et du livre de Raguet permet de comprendre l'importance du thème de l'Atlantide à l'époque de Louis XIV, même s'il est impossible pour l'heure d'en tirer des conclusions pour une compréhension plus profonde de cette époque.

                                                                                      *

Le point de départ des interrogations de Coilhac est le suivant : les statues des jardins du château de Versailles sont des allégories qui pour certaines représentent des caractères, pour d'autres des continents, pour d'autres des éléments (terre, air, feu, eau), pour d'autres des saisons, pour d'autres enfin des arts. Si on examine leur répartition (figure ci-dessous), il n'y a apparemment aucune cohérence, ce qui est contradictoire avec les idéaux de l'époque classique.

Même du point de vue de la répartition par sexe (homme/femme), il n'y a pas de cohérence.

Toutefois, si, comme Coilhac en avait déjà fait le pari à propos de Chambord, si les ruptures de symétrie ne sont là que pour attirer notre attention et coder un secret, on peut rapidement arriver à des observations très constructives. Prenons la statue qui représente l'Amérique : personnage féminin qui porte des plumes sur la tête, et un arc, avec un alligator à ses pieds et qui regarde vers l'Ouest.

Si on invertit la statue de l'Amérique avec celle du Mélancolique, on obtient ceci.

Cela aboutit à restaurer au moins une symétrie : celle des statues masculines et féminines par rapport à la ligne centrale rouge ci-dessous.

Ce qui nous y incite aussi, c'est la présente de la tête masculine à ses pieds, qui indique qu'elle a coupé le masculin et que donc il y avait là une erreur à corriger.

Et cette permutation des statues permet de rétablir aussi, de rétablir, par rapport à cette ligne rouge, de rétablir la symétrie des tempéraments humains (minute 14 de la vidéo).

Quel est le message dans cette inversion ? Le Mélancolique représente l'Initié. Il lit un livre (il a le savoir). Mais il le taira : il a un bandeau sélectif sur la bouche (cf à gauche). Sous son pied droit il y a un bloc de pierre, pour indiquer qu'il est le bâtisseur.  Il tient une bourse à la main droite, qui renvoie à celle que tient aussi un peu plus bas le dieu Mercure, dieu du commerce et de l'hermétisme.

En 1627, Francis Bacon (1561-1626) a publié la Nouvelle Atlantide. L'Amérique à Versailles, comme chez Bacon, représente d'Atlantide. Elle porte un drap symbole d'une destruction à venir comme dans beaucoup d'autres statues (le drap est un linceul). Dans la Galerie des glaces, un tableau de Lebrun représente Louis XIV tenant son code (qui veut dire aussi "encodage") entouré de deux Atlantes, vêtus d'un drap comme s'ils sortaient de leur tombeau et ressuscitaient.

Louis XIV est aussi représenté en roi atlante selon Coilhac dans "Le Rétablissement de la navigation" tableau de 1663 (il a alors 25 ans). Il porte le trident de Neptune, que l'on retrouve dans la statue de Neptune et Amphitrite. C'est lui qui détruira l'Atlantide. Dans la salle des Gardes la civilisation antédiluvienne de l'Atlantide est aussi représentée.

Dans le jardin, on voit Platon, le philosophe qui parla de l'Atlantide. Platon se tient la barbe ("barber" en vieux français veut dire tromper). Il est tourné vers deux vases dont un représente le char de Neptune, dieu de l'Atlantide, et un vase au trident. Un peu plus loin au carrefour des philosophes, se trouvent des statues qui ne sont pas des philosophes. Coilhac a étudié leur configuration d'origine au moment de la création des jardins. Pourquoi Ulysse est-il au carrefour des philosophes. Ulysse au Nord-Est fait face à Circé, la magicienne, au sud-ouest. Si on inverse Ulysse et Platon, Ulysse se retrouve à côté de Circé. Et Platon serait au carrefour des philosophes.

L'inversion est délibérée.

Si l'on distribue sur les petits bosquets l'alphabet, Sur l'axe Ulysse-Circé on a les lettres AEILN qui donnent "alien" (en vieux français étranger). Et si l'on inverse Platon et Ulysse, sur l'axe Platon-Ulysse on trouve ADELINST, lettres utiles pour former Atlantides au pluriel. Coilhac reconnaît que ce point est critiquable, et annonce qu'il y reviendra plus loin.

Tous les personnages du carrefour des philosophes ont connu l'exil, point censé attirer l'attention sur l'exil de Platon qui n'est pas dans le carrefour. Et le mot "exil" est écrit sur la ligne.

Ulysse parle aussi de l'Atlantide (minute 45) car Ogygie, l'île de Calypso, peut faire penser à ce continent. L'hypothèse de 'inversion des statues pourrait être contrée par la position de Diogène, situé en symétrie avec Platon, qui n'est pas non plus au carrefour des philosophes. Mais en réalité Diogène est inclus au codage. Il est exclu du carrefour en raison de son côté solitaire. Si on met Ulysse à la place de Platon c'est lui qui est en symétrie avec Diogène, ce qui est cohérent puisque celui-ci avait pris le héros d'Homère comme modèle. Avec l'inversion, Platon arrive à côté de Lysias, ce qui est logique parce que dans le Phèdre Socrate commente un discours de cet orateur.

Dans le groupe statuaire "La Renommée du Roi", le personnage ailé regarde la statue de Platon pour écrire quelque chose. Le personnage qui représente l'envie terrassée mordant un coeur peut faire penser à un Socrate condamné à boire la cigüe. Platon porte une flamme sur la tête. Si on inverse Platon avec La Renommée du roi, il ferait face à Neptune, le feu face à l'eau. La Renommée du roi est tournée vers Cronos, le dieu de l'Age d'Or. Pour mémoire pour Ignatius Donelly les dieux furent des personnages réels, et l'océan Atlantique était l'océan chronien,

Le château de Versailles compte 34 fenêtres sur chaque aile et 17 sur la façade. 17 revient souvent (comme 1717 la fondation de la maçonnerie en France ?). Il y a 102 statues (6X17). Il y a 6 statues au 1er étage. Et quand on distribue les lettres comme à l'a fait plus haut, c'est la lettre Q,la 17e qui se trouve en saillie. La galerie des glaces a 17 fenêtres, 17 arches sur le mur en face avec des miroirs. 17 est le nombre entre 16 et 18, présents dans le nombre d'or phi 1,618. Atlantide en guematrie fait 105, 17/105 donne 0,1619 très proche du nombre d'or. Dans la lettre 34 (2X17) Diogène se réfère à Ulysse.

La Galerie des glaces compte 27 tableaux, autant que des lettres distribuées dans le jardin. Nicolas Milovanovic a remarqué deux tableaux en symétrie que Coilhac va exploiter pour aussi mettre en valeur l'importance de 28 dans la composition, qui est le double de 14 (de Louis XIV).

Coilhac estime avoir ainsi révélé l'importance de l'Atlantide pour comprendre la logique de la composition de Versailles. Mais on ignore pourquoi il en est ainsi. Lui estime que plus on avancera dans le décodage de Versailles et de Chambord et plus cela risque de mener vers la découverte de caches secrètes de savoirs technologiques laissées par des civilisations antédiluviennes (ou des visiteurs d'autres planètes), mais c'est une réduction technocratique du problème à laquelle personnellement je ne souscris pas. Toutefois l'existence du code et son rapport avec l'Atlantide est ici montrée d'une façon intéressante.

                                                                              *

Je voudrais maintenant compléter cette approche purement architecturale de Didier Coilhac en présentant le contenu de la réédition de la Nouvelle Atlantide de Francis Bacon, éditions de 1702 approuvée par Louis XIV et dédiée au marquis de Magny, conseiller du roi et intendant de Basse-Normandie...

Cette édition est en fait présentée et établie par l'abbé Gilles Bernard Raguet (1668-1748). Raguet est un sulpicien belge, diplômé de la faculté de théologie de Toulouse qui allait treize ans plus tard enseigner la géométrie au futur Louis XV. Son protecteur le marquis de Magny (1643-1721), juriste, avait une riche bibliothèque dont les principaux exemplaires ont depuis lors été transférés en Angleterre et fut assez érudit pour découvrir en 1704 des ruines antiques à Vieux près de Caen (même si la fiche Wikipedia oublie de le  mentionner).

Ceux qui ont lu mon livre sur le complotisme protestant savent que Saint-Sulpice recèle des savoirs secrets. Il n'est pas besoin d'adhérer aux fantaisies de Dan Brown pour le constater. Et c'est un ordre très tourné vers l'Amérique. Rappelez vous par exemple qu'en 1781, le père John Carroll, un Américain issu d’une riche famille du Maryland, qui a enseigné à Bourges en France (une ville chargée d’occultisme) fonda le Séminaire des Sulpiciens à Baltimore et, en 1789, année de l'entrée en vigueur de la Constitution américaine, créa l'Université de Georgetown, une institution jésuite gérée par l'Ordre des Sulpiciens (selon la prédicatrice Barbara Aho).  Son frère Daniel Carroll (1730-1796), lui aussi élevé chez les Jésuites et par ailleurs franc-maçon, profita du droit ouvert aux catholiques en 1776 de devenir représentant du Maryland, et fut signataire des articles de la Confédération en 1781. Barbara Aho précise qu’il participa au rituel catholique de pose de la pierre de touche du Capitole à Washington en tant que représentant de la loge de son Etat. Tout cela dessine un lien entre jésuites, sulpiciens et futurs francs-maçons, et aussi avec la Rosecroix, car Francis Bacon est souvent présenté comme le père de ce mouvement.

En guise de préface à cette édition,  l'abbé Raguet propose un entretien entre deux amis, Philarque et Cléon, qu'il situe à Louvain, en Belgique. Le premier, anglais ("trinobante") catholique a été envoyé en France (Eleuthérie). Il est retourné en Angleterre lors du sacre de Jacques II (Josias), puis a travaillé pour Louis XIV. Cléon est le double de l'auteur (l'abbé Raguet), car il est né à Namur (Aduatica) comme lui. Il raconte que lui a voulu voyager dans sa jeunesse, mais a hésité entre l'Allemagne (Adelphie) et la France. Le raffinement de ce second pays lui fit préférer de s'y rendre. N'ayant plus son protecteur philosophe à Paris, il voyagea entre les Pyrénées (monts Cétubales) et les Alpes. Il fut finalement dissuadé de se rendre à Rome et rester en France pour traduire Bacon.

Raguet clôt ce dialogue introductif en expliquant que le livre de Bacon est de la pure fiction. On peut ensuite lire le roman de Bacon, ou sa présentation dans cet article de 2006. A partir de la p. 234, l'auteur reprend le dialogue entre Philarque et Cléon à propos du modèle de connaissance que présente Bensalem dans La Nouvelle Atlantide. On peut supposer que le fait que les noms des personnages et des pays soit codé, et la référence insistante à Mercure dans leur propos fasse signe vers quelque sens caché, mais nous n'avons pas été en mesure de le percer.

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