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Publicités et publications

19 Mars 2025 , Rédigé par CC

Je condamne la décision unilatérale de la plateforme Overblog de truffer mon blog de publicités en violation des conditions générales d'utilisation auxquelles j'avais adhéré lors de la création de ce blog.

Pour ne pas les voir, téléchargez un logiciel Adblock.

J'ajoute au passage que je renie toutes mes publications aux Editions du Cygne. Seuls mes livres parus chez L'Harmattan s'inscrivent dans la continuité de mes idées actuelles.

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17h17 et Imamiah

17 Mars 2025 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Histoire secrète

Dans mon livre sur les médiums j'ai raconté comment une fanatique des heures miroirs à la fois m'a aidé à sortir d'un abîme, en 2014 (voyez notamment ce qu'elle me dit de l'heure qui s'affichait quand un voyant parlait de mon passé), et, en même temps, se fourvoyait dans cette forme de religiosité. Toute l'ambivalence de cette attention aux affichages de nos appareils électroniques est à mes yeux réunie dans ce souvenir (mine de rien tous mes développements de ce blog sur Doreen Virtue, l'ex décrypteuse New Age des heures mirois a quelque chose à voir avec cela).

Le mois dernier quand j'étais à Gourette (Béarn), je voyais souvent 17h17, j'en ai même fait la remarque à quelqu'un de mon entourage, et, à peine le lui avais-je fait remarquer que mon cousin, venu me rendre viste, posait sur la table d'un café de la station un téléphone portable bien lumineux qui affichait en grand "17h17". A l'évidence "on" voulait me montrer quelque chose.

La personne de mon entourage a décrypté en lisant ChatGPT le message positif qu'était censé délivrer cette heure. Et j'avoue que depuis lors ces prédictions positives ont plutôt tendance à se réaliser (même si je reste médiant à l'égard des promesses des "entités" ayant été gavé de messages erronnés - ou mal compris -en 2015 notamment).

Cet après-midi un commentateur rappelait que c'est manquer de respect aux anges que de dénigrer les bienfaits qu'ils veulent nous offrir. Je suppose qu'un monothéiste rigoureux que j'essaie d'être peut transposer le raisonnement en remplaçant le mot "anges" par Dieu (qui est leur chef).

J'ai tenté de comprendre un peu mieux. 17h17. Les commentaires sur le Net le rattachent à l'ange de la kabbale Imamiah (qui signifie "Dieu élevé au dessus de toute chose"), 52ème - des 72 anges gardiens (ou génies, porteurs du nom de Dieu, schemhamphoras ou Shem HaMephorash), ange de résilience et de clairvoyance, ange libérateur, associé au Sagittaire, à la quête de la vérité.

Cornelius Agrippa en son temps expliquait comment les noms des ces anges étaient composés avec des versets bibliques.

On part d'Exode 14:19-21

"10. L'ange de Dieu, qui allait devant le camp d'Israël, partit et alla derrière eux; et la colonne de nuée qui les précédait, partit et se tint derrière eux.

20 Elle se plaça entre le camp des Égyptiens et le camp d'Israël. Cette nuée était ténébreuse d'un côté, et de l'autre elle éclairait la nuit. Et les deux camps n'approchèrent point l'un de l'autre pendant toute la nuit.

21 Moïse étendit sa main sur la mer. Et l'Éternel refoula la mer par un vent d'orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent."

On les lit en boustrophédon c'est-à-dire comme une écriture dont le sens alterne d'une ligne à l'autre, à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ, allant de droite à gauche puis de gauche à droite, pour produire 72 noms de trois lettres, ainsi que l'a montré par exemple Rachi de Troyes.

Soixante-douze, comme les degrés sur l'échelle de Jacob. Soixante-douze, comme le nombre moyen de pulsations du coeur humain à la minute.

Le Liber Semamphoras qui existait déjà à l'époque de Roger Bacon qui en parle (13e siècle) synthétisait le Sefer HaRazim (livre de secrets) hébreu censé avoir été donné par un ange à Noé puis transmis à Salomon. Les 72 noms deviennent des supports d'alliance mystique avec Dieu et de magie.

Le kabbaliste chrétien du XVe siècle Reuchlin explique (résumé par le philologue allemand Bernd Roling) ainsi la signification métaphysique des noms : " Une fois que l'adepte est aux commandes d'un canon de termes traditionnel et fixe (les 72 noms), c'est son intonation spirituelle pure qui lui permet d'éviter les séductions sensuelles et qui alimente sa compréhension, jusqu'à finalement l'unification de ses hommes avec le monde angélique. Les noms des anges sont des produits de la volonté de Dieu. Ils sont essentiellement basés sur le tétragramme, et grâce à cette connexion, ils illuminent et améliorent l'esprit de l'homme - retour réel à Dieu. Naturellement, comme on pouvait s'y attendre, cette relation est essentiellement ontologique. Avec l'insertion de noms divins tels que « El » ou « Yah », les noms angéliques deviennent prononçables, et Dieu lui-même (étant la nature) est la base. de l'individuation angélique. Comme on l'a dit de l'être humain parfait, Dieu se rapporte aux anges comme l'unité se rapporte à la dualité, l'unité de Dieu étant exprimée une fois de plus dans la totalité des 72 noms angéliques. Le macrocosme angélique dans son ensemble peut être vu comme une manifestation corporelle de Dieu. Lorsqu'on le lit dans le contexte de l'ouvrage de Reuchlin mentionné précédemment, cet aspect extérieur de Dieu peut être compris comme l'âme messianique, c'est-à-dire la nature humaine du Christ, dont la participation implique l'accomplissement de la mens humana.(...)

Le travail de Reuchlin se termine par une discussion sur l'influence angélique sur le monde sublunaire et avec la question des actions magiques. Comme le confirme le système aristotélicien, les intelligences se voient attribuer des planètes à travers lesquelles les anges détiennent une influence sur les choses sublunaires. Par conséquent, dans certaines limites fixées par Dieu, on peut à juste titre dire que des intelligences individuelles exercent une influence, en ce qui concerne l'application des talismans et des amulettes, comme la pratique des kabbalistes le montre."

"La pureté de l'intention" signifie qu'il ne faut rien vouloir pour soi même quand on a affaire à ces messages (les vidéos de YouTube sur les heures miroir) et je déconseillerais à quiconque de chercher à canaliser ou invoquer les entités qui se manifestent à travers eux.

En outre ajoutons une dernière remarque : beaucoup de YouTubeurs New Age traitent cet ange en fait comme un démon : ils recommandent en effet aux auditeurs de savoir saisir la chance que donne cet ange, sans quoi cette chance se retournerait en malchance. Cette ambivalence de l'action de l'ange est typique de l'action des divinités de l'Antiquité qui pouvaient aussi bien aider que punir. Or ces divinités ont été identifiées par le catholicisme comme des démons. Le propre d'un ange de Dieu est de n'apporter que du bien et de façon inconditionnelle. Il ne peut pas le retourner en mal. Les kabbalistes new agers en menaçant leur public d'un possible retournement négatif montrent ainsi que l'entité qu'ils identifient (au terme d'une canalisation par exemple) comme venant de Dieu ne provient pas du tout de là.

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Rencontres

16 Mars 2025 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Philosophie

Dans une vie de blogueur, comme d'ailleurs dans la vie courante aussi, il y a des tas de gens qui rentrent et qui sortent de votre espace, comme ça, sans raison. Souvent, dans l'intervalle entre leur apparition et leur effacement, ils n'ont eu le temps que de vous laisser le souvenir d'une phrase, d'une idée, qui semblait leur tenir à coeur, ou du moins les caractériser à vos yeux plus que toute autre chose.

Par exemple il y a eu cette youtubeuse qui mettait un point à mettre son âme au dessus de tous les conditionnements et de tous les démons, mais qui racontait des histoires sordides sur un kyné franc-maçon de sa région qui avait abusé en bande et sous hypnose d'elle et de ses deux filles (chose bizarre, une autre nana qui prétendait avoir enduré du MK Ultra dans son enfance fut totalement indifférente à ce témoignage), un peu comme si son fantasme d'autonomie de l'âme n'était que la dérisoire compensation de traumatismes profonds (et cependant elle en faisait son fond de commerce "thérapeutique" sur You Tube). Il y eut cette évangélique "guérisseuse de rue" de la Côte d'Azur, elle aussi traumatisée (elle avait été utilisée comme femme objet à Monaco) : elle était capable de guérir par l'invocation de Jésus (j'en ai été témoin), mais son égotisme était digne de celui des new-ageur et cela lui avait valu d'être détestée dans toutes les églises de sa mouvance. Plus  récemment une lyonnaise clouée au lit nuit et jour depuis des années, et pourtant pas vieille, loin s'en faut, qui en voulait beaucoup aux martiniste, à la mouvance qui se réclamait de Maître Philippe, et en parlait avec éloquence. Plus près de nous encore une certaine Eira Wulfnothsson, autrice de livres et youtubeuse, luciférienne repentie devenue adepte de la messe en latin. Je ne sais pas trop dans quelle mesure elle n'avait pas gardé des "pactes" un peu obscurs en elle, en tout cas elle croyait dur comme fer que le savoir caché offert aux hommes par les Beni Elohim selon Genèse 6 (et surtout selon le livre d'Hénoch) est le vrai savoir divin, qu'il suffit juste de savoir "remettre à l'endroit" en quelque sorte, comme Marx voulait le faire d'Hegel.

Je retourne de temps en temps dans ma tête le souvenir de ces personnes, leur rapport au monde invisible, leurs expériences, font partie de mon paysage, comme en fait partie le souvenir de mes expériences propres. Ces personnes ont disparu de mes écrans, mais elle sont dans mon dispositif mental, comme des repères de chair et d'os associés à des idées, et leur témoignage est un grain à moudre et à remoudre que j'associe toujours implicitement, en arrière-plan, à toutes mes réflexions sur les sujets métaphysiques.

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Thérapies occultistes : l'affaire Ece Güren en Turquie

10 Mars 2025 , Rédigé par CC Publié dans #Alchimie, #Médiums

Un étrange fait divers a agité les réseaux sociaux turcs le weekend dernier. La semaine dernière, une architecte paysagiste de 36 ans, Ece Güren, qui se sent maltraitée dans son boulot où on la traite comme une boniche et qui se dispute avec sa famille, poste sur le Net un message annonçant qu'elle s'exile dans la forêt de Belgrade, une étendue boisée sur plusieurs kilomètres près d'Istanbul. Elle précise même qu'elle va vers "le barrage". On ne sait pas si c'est un symbole ou pas. Certains comprennent aussi qu'elle va y réaliser une "thérapie par le cri" ou on ne sait trop quoi.

On la retrouve au bout de 4 jours (le 7 mars), en hypothermie. Elle meurt au bout de quelques heures à l’hôpital.

Pour pimenter les choses une "thérapeute" quinquagénaire Hale Nur Özen, déclare sur YouTube qu'Ece a été son élève en ligne, et qu'elle a suivi un module de cours de sorcellerie depuis septembre (mais elle connaissait sa prof depuis deux ans : "Elle a commencé par suivre des cours de lancer de plomb, de tarot et de chamanisme"). Özen vit à Bursa et est l'auteure du livre Witchcraft, Breaking the Rules. Elle se présente comme la fondatrice d'une science de « l'astronomie » et partage du contenu astrologique sur les réseaux sociaux.

Il n'en faut pas plus pour lancer des débats sur le Net turc à propos des nouvelles thérapies, de l'envoûtement etc. On fantasme sur les pouvoirs paranormaux de la forêt de Belgrade.

Les autorités arrêtent Özen et l'interrogent sous le chef de « contredire la vérité concernant la sécurité intérieure et extérieure du pays, l'ordre public et la santé générale, et de fraude qualifiée , dans le seul but de créer l'anxiété, la peur ou la panique parmi la population ». Devant la police elle déclare que ce qu'on nomme "witchcraft" dans son enseignement est purement psychologique et logique, basé sur l'étude des émotions, et qu'Ece était pleine d'obsessions tristes. Elle reste sous contrôle judiciaire. Özen, qui signe des autographes deux fois par semaine, n'a plus le droit de voyager à l'étranger.

On découvre aussi qu'Ece Gürel avait participé à un concours télévisé intitulé « Super Puzzle » il y a 10 ans. Gürel a déclaré dans l'émission que même si elle voulait devenir architecte paysagiste, elle avait étudié dans une "troisième université" en raison des difficultés qu'elle rencontrait dans le secteur, a également déclaré qu'elle était très intéressée par l'astrologie et que son plus grand rêve était d'aller en Australie.

Le père d'Ecce, lui, se défend contre l'accusation de sorcellerie portée contre sa fille : elle était terre à terre, et surtout elle pratiquait le jeûne du Ramadan, donc elle ne pouvait pas être sorcière. Cependant sa fille a bel et bien laissé sur le Net des traces de sa passion pour l'astrologie et les tarots et son suivi des cours de sorcellerie est avéré.

Une amie d'enfance d'Ece qui a grandi près de chez elle, Güfte Keskin, précise : " Mon amie était une personne très accomplie et saine. Son frère aîné était mon ami de collège. Nous avons grandi dans le même quartier. Pendant qu'elle allait à l'école, j'allais au travail. Nous revenions ensemble. C'était une personne très positive et joyeuse qui ne pensait pas à la négativité. D'après ce que j'ai entendu dans les médias, elle avait des problèmes au travail. Elle s'est intéressée aux tarots et j'en ai même plaisanté avec elle. Elle a reçu une formation à ce sujet . C'était une personne pleine de vie et il n'a jamais rien dit de négatif. " D'autres amis le confirment... comme quoi on peut être occultiste et joyeux, au moins pendant un temps.

L'écrivaine new age Sibel Uzun, y va de son hypothèse : la jeune femme sous l'influence des tarots avait peut-être fait "un tour astral" et avait disparu "en réinitialisant son énergie".

La prof de sorcellerie, Özen, pour sa part, a livré à la presse quelques infos sur les hypothèses avancées pour expliquer l'accident :

Sur la méditation "Lorsque nous méditons, nous mettons de la musique relaxante à côté d'elle. Si elle méditait, le téléphone portable d'Ece serait dehors, pas dans son sac. J'ai regardé la vidéo. Le téléphone était dans son sac."

Sur la possible consommation d'ayahuasca : "L'Ayahuasca est devenue populaire en 2014. Tout le monde se posait la question. Le prix d’une tasse était alors de 1 500 dollars. Ils disent qu'elle a fait une retraite. Les salles de retraite sont également construites à des prix très élevés. Ece et son mari n’avaient pas de tels moyens financiers. Ece n’est même pas quelqu’un qui peut allouer un budget pour cela. Il ne lui donnera pas non plus autant d'argent. Une fille jeûnante et fidèle. L'idée de « planer, d'utiliser quelque chose de différent » n'était pas du tout quelque chose qui convient à Ece"

Il y a fort à parier qu'on ne connaîtra jamais le fin mot de cette sombre histoire. A supposer même que la police découvre un jour que l'architecte aurait été entraînée dans la forêt par un être de chair et d'os qui avait de mauvaises intentions à son égard, cela ne dira rien des causes spirituelles de ce qui lui est arrivé. Il est intéressant en tout cas que beaucoup de commentateurs le relie aux dangers de la pratique des tarots. On relève aussi que les réactions en pays musulmans sont les mêmes que chez les Chrétiens : si elle pratique le ramadan elle ne peut pas être sorcière, quand on pratique mieux la religion on ne va pas au devant de ce genre de mésaventure, etc.

 

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L'assassinat de Pretextat

8 Mars 2025 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #Christianisme, #Histoire secrète

Les Britanniques ont la mort de Saint Thomas Beckett à la cathédrale de Cantorbéry, assassiné sur ordre du roi, à l'origine de la Magna Carta. Les Francs ont celle de Saint Prétextat à la cathédrale de Rouen le 14 avril 586 sur ordre de la reine mérovingienne Frédégonde (Rouen avait été capitale de province romaine au Bas-Empire et à la pointe de la christianisation deux cents ans plus tôt comme on l'a vu dans les échanges épistolaires entre Victice et Polin de Nole).

En 1866, un prêtre rouennais anonyme, A. D., écrivit une petite synthèse édifiante sur la vie de Prétextat avec des passages du genre : "Sa conversation était agréable, sa parole forte et féconde; sa doctrine, toujours empreinte de pieux sentiments de modération, de piété et de vertu, ravissait tous les cœurs, sans charger les esprits de mille questions inutiles. A l'exemple de notre Seigneur Jésus-Christ, son divin maître, il était rempli de douceur et d'humilité; il prenait un soin particulier des pauvres malades, rendait une prompte justice à tous ceux qui étaient victimes d'une injuste violence, visitait avec une tendre sollicitude les affligés et tous ceux qui avaient des infirmités et des peine".

Le roi Chilpéric de Soissons (un des 4 héritiers de Clotaire) en fit le parrain de son fils ainé Mérovée. Puis il fut pris dans la querelle entre Chilpéric et Sigebert animée par la rivalité entre la belle princesse wisigothe Brunehaut épouse du second, et la jolie roturière franque Frédégonde deuxième femme du premier, qui avait fait étrangler la soeur de Brunehaut, première femme de Chilpéric. Ce dernier poussé par Frédégonde ravagea les terres de son frère et se comporta en Dioclétien.

Une étape importante de la guerre civile fut l'assassinat de Sigebert en 575 et l'arrestation de Brunehaut et de son fils de 5 ans. Elle fut emmenée en captivité à Rouen. Mérovée premier fils de Chilpéric, amoureux de sa tante Brunehaut captive, l'épousa dans la future capitale normande. L'union fut célébrée par Prétextat son parrain.

Chilpéric marcha sur Rouen dont s'échappa Brunehaut pour ensuite aller régner sur l'Austrasie au nom de son fils, rejointe par Mérovée qui y périt assassiné. Chilpéric ensuite retourna son ressentiment contre Prétextat qu'il fit juger par 45 évêques réunis en concile à Paris. Malgré la défense de Grégoire de Tours, Prétextat crut habile d'avouer les charges pesant sur lui après les avoir d'abord révoquées en espérant que cela lui éviterait la mort, Il fut banni à Jersey dans le diocèse de Coutances, tandis que Dieu punissait Frédégonde, "le Néron de la France"(titre aussi attribué à Chilpéric), de ses péchés en faisant mourir de ses fils du feu Saint Antoine.  Celle-ci trouvait encore la force de faire périr le dernier fils de Brunehaut, Clovis. En 584 Chilpéric de retour de la chasse mourrait près de Chelles (à l'instigation de sa femme ?).

Prétextat put demander au nouveau roi Gontran son retour à Rouen tandis que l'évêque de Paris plaidait que son exil de 7 ans n'avait été qu'une pénitence. Gontran y fit droit. Ayant repris ses fonctions Prétextat siégea au concile de Mâcon en Bourgogne pour y acter une remise en ordre des églises locales. Frédégonde se retira au château de Vaudreuil/Val de Reuil (dans l'Eure) d'où elle pilotait encore à distance des assassinats. En compagnie de Mélaine-Mélantius-Mélance, qui avait remplacé Prétextat sur son trône épiscopal pendant 7 ans, elle paya un meurtrier.

A la messe de Pâques 586, Prétextat "demeura constamment appuyé sur une forme ou prie-Dieu; et tel était son recueillement dans la prière, qu'il ne s'aperçut pas qu'un homme qui était entré avec précipitation dans l'église cherchait à pénétrer et à s'avancer, malgré les flots pressés de la foule silencieuse et recueillie, jusque sur les degrés de l'autel, où il se tenait agenouillé, le regard attaché sur le tabernacle où repose la personne adorable du Sauveur. Cet esclave, qui a pu s'approcher ainsi du saint évêque, brandit tout à coup un poignard qu'il tenait caché sous son manteau, et, avec la rapidité de l'éclair, le plonge dans le sein du- pontife, et prend la fuite".

Pour dissimuler son crime Frédégonde vint lui rendre visite sur son lit d'agonisant. Le prélat eut encore la force de dénoncer son forfait puis expira après avoir reçu l'extrême onction de l'évêque de Coutances.

Le tableau la Mort de Prétextat d'Edouard Cibot (1799-1877), composé en 1832, est au musée des beaux arts de Rouen.

Le hollandais Lawrence Alma Tadema a peint Frédégonde visitant Prétextat sur son lit de mort.  Il existe aussi une gravure sur le même thème dans un livre de Gustave Demoulin.

En 1896 et 1897 on joua à Paris au Théâtre français Frédégonde drame historique en cinq actes et en vers d'Alfred Dubout, achevé en 1885. Paul Mounet, 49 ans, y jouait Prétextat. Un des décors était la cathédrale de Rouen, pour son assassinat. C'était une pièce mélodramatique assez grossière d'après les critiques qui mettait en scène diverses parties imaginaires dont une confession de Frédégonde à Prétextat. La franco-belge Adeline Dudlay jouait Frédégonde.

Dans le style d'une histoire un peu romancée on peut aussi se reporter au Récit des temps mérovingiens qu'Augustin Thierry dans les années 1840  consacrait à Prétextat (Pretextatus). On y trouve un détail intéressant sur le lieu et les circonstances du procès de l'archevêque. Il y explique aussi les raisons psychologiques de la persistance de la haine de Frédégonde contre le pontife de Rouen quand elle se rendait dans sa ville (Thierry reprend fidèlement Grégoire de Tours à ce sujet). Il situe le meurtre au dimanche 24 février, qui est l'ancienne date de la Saint Prétextat, déplacée depuis lors au 14 avril.

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Carême

5 Mars 2025 , Rédigé par CC

Début du jeune avec Jean Climaque "L'Echelle sainte"

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Jeux et harmonies : la sphéristique de Nausicaa

2 Mars 2025 , Rédigé par CC Publié dans #Généralités Nudité et Pudeur, #Histoire secrète

Comme l'anthropologie dans des forêts lointaines, le voyage dans le temps est toujours un moyen de retrouver des gestes, des sons, reflets de présences au monde possibles dont nous avons perdu le sens (et que bien sûr nous ne pouvons plus reproduire le terreau culturel en ayant disparu). Et bien sûr à cela le voyage chez les Grecs anciens, qui nous ont laissé plus de traces écrites et picturales de cela que la plupart des autres cultures, est particulièrement propice.

Je tombe aujourd'hui sur les considérations de Louis-Aimé-Victor Bec de Fouquières dans les "Jeux des Anciens" de 1869 à propos de ce passage de l'Odyssée où laprincesse Nausicaa et ses servantes, après avoir lavé leur linge, l'étendent à terre et, en attendant qu'il soit sec, prennent leur repas et folâtrent sur la rive. « Lorsqu'elles furent rassasiées, dit Homère (Odyss. vr, 100), elles se débarrassèrent de
leurs voiles et se mirent à jouer à la balle. Nausicaa aux bras blancs conduisait le jeu  »

"Le voile que portent Nausicaa et ses servantes, écrit l'auteur, était une coiffure assez semblable aux coiffures égyptiennes, et venait se rattacher sous le menton en couvrant les épaules et les seins.
Elles s'en débarrassent pour être plus libres dans leurs mouvements  et aussitôt, voyez le génie plastique des Grecs, c'est une statue qu'Homère dresse à nos yeux, Nausicaa aux bras blancs. D'un mot il la dessine, désignant à nos regards la forme ravissante du haut du bras voilé jusqu'alors. Nous touchons la évidemment à une époque de plus grande liberté dans les mœurs, où la jeune fille ne craint pas de se découvrir hors de la maison, coutume qu'on retrouve à Sparte dans les exercicesgymnastiques, auxquels participaient les jeunes filles comme les jeunes garçons. Nausicaa prend ses ébats avec ses servantes et non pas, comme Europe, avec ses hétaires. Ce n'est pas ici comme à Lesbos, à Cio, à Sparte, une troupe de jeunes filles amies de coeur qui partagent leurs plaisirs, c'est une jeune fille au milieu de ses servantes, de femmes qui lui sont soumises .

C'est Nausicaa qui dirige le jeu, mais ce n'est pas le « jeu », que dit Homère, c'est plutôt le divertissement, ce que les anciens appelaient la molpée. Quand on n'entend pas par molpée le chant proprement dit, et c'est le cas dans ce passage, on désigne par ce mot bien hellénique tout ensemble de mouvements cadencés et harmonieux qu'accompagne toujours la voix. Or si les Grecs assimilaient le jeu à une danse mêlée de chants, c'est que pour eux la grâce et le goût devaient régler les gestes comme les paroles. Là où nous disons sauter et crier, ils se plaisaient à dire, par un euphémisme qui n'était pas exagéré, danser et chanter. En effet, dans ses jeux quels qu'ils fussent, la première préoccupa tion d'une jeune fille grecque était de régler, de mesurer chacun de ses gestes, chacune de ses intonations, afin que l'ensemble du jeu présentât une belle ordonnance et un ordre harmonieux. Nous avons peine aujourd'hui à bien comprendre ce sentiment exquis que les Grecs portaient en toutes choses, ce rien de trop qui faisait leur préoccupation constante. Il y a cependant quelque chose  de cela dans ce qu'en Europe on appelle la politesse française, dans cette grâce légère et dégagée que le français déploie au bal
comme au combat.


Ainsi, si Homère appelle molpée le jeu auquel Nausicaa se livre avec ses compagnes, il désigne par ce seul terme une série de conditions essentielles aux yeux de tout grec, et qui étaient un des objets les plus sérieux de l'éducation antique. Il n'est pas permis à la jeune fille d'offrir aux regards un visage empourpré et par suite enlaidi, d'exécuter un mouvement qui ne puisse plaire à l'oeil, de proférer un éclat de voix qui puisse blesser l'oreille tout doit être justement mesuré aux forces, et l'essoufflement même ne doit pas aller jusqu'à la perte de la respiration, mais seulement jusqu'à cette légère émotion qui soulève comme en cadence la juvénile poitrine de la vierge. C'est par la réalisation seule de ces conditions que les jeux chez les Grecs méritent d'être comparés à une danse qu'accompagne le chant et que sous le nom de molpée ils font partie intégrante des arts.

Ce que nous venons de dire ne surprendra pas les personnes tant soit peu familiarisées avec les monuments de l'art antique.

Quand on examine les peintures sur vases, où souvent est figuré l'exercice de la balle, et j'en citerai une entr'autres qui décore un vase de la collection Lamberg (t, p. 62, pl. xvm), où des jeunes filles jouent, l'une ù la balle céleste, les autres à la balle au rebond,quand on examine, dis-je, ces peintures, on est vivement frappé des mouvements mesurés et cadencés de tous les personnages. Rien de violent, ni d'excessif; les gestes n'y dépassent jamais une certaine limite convenue de bienséance. Pas d'agitation dans les vêtements; ils sont drapés avec une grâce modeste et les plis accompagnent et indiquent les mouvements.Devant ces peintures on est frappé de l'harmonie générale qui règne dans ces scènes antiques. Dans la marche et dans les gestes tout est rythmé. C'est là évidemment un jeu qui ne s'éloigne pas de la danse et dont la représentation, telle que l'ont comprise les artistes anciens, nous parait expliquer parfaitement ce que nous venons de dire sur l'éducation des jeunes filles grecques."

J'avoue que j'ai été surpris et très intéressé par cette définition d'un au delà de la catégorisation du jeu et de la danse.

Le docteur Clairian en 1802 n'avait pas cette subtilité quand il parlait de "La princesse Nausicaa nue, dans la sphéristique avec ses femmes" (peut-être en confondant avec la gymnopédie de Sparte ou la pyrrhique athénienne dont je parlais ici il y a 12 ans).

La discipline interdisant " à la jeune fille d'offrir aux regards un visage empourpré et par suite enlaidi, d'exécuter un mouvement qui ne puisse plaire à l'oeil, de proférer un éclat de voix qui puisse blesser l'oreille" et qui avait son pendant chez les hommes nous est étrangère. On ne peut cependant douter qu'elle contribuait à l'époque à l'élévation morale de toute la société.

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Un symposium sur l'IA et les "intelligences non-humaines" de la scolastique médiévale

28 Février 2025 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées

Un écho à ce qu'on disait récemment sur les enjeux spirituels de l'intelligence artificielle (et le rapport avec le thème de la possession) :

Un symposium universitaire international d'une journée coordonné par Dr. Denisa Reshef Kera "Design & Policy Lab" Maître de conférences Programme Science, technologie et société à l'Université Bar Ilan, Israël, aura lieu à Enschede aux Pays-Bas le 1er juillet 2025.

Titre du symposium : "Agents IA : intelligence artificielle, angélique ou antagoniste ?" Avec pour illustration de l'invitation, une scène d'exorcisme extraite du Rituale Romanum.

Présentation du symposium (traduction française) : "Les agents IA contemporains illustrent-ils ou réinterprètent-ils les débats oubliés sur les fonctions ontologiques et éthiques des intellects angéliques, des adversaires démoniaques et des phantasmata (machines) ? Ce symposium présente l’intelligence artificielle (IA) comme un catalyseur qui relance les discussions fondamentales sur l’agence, l’ontologie, l’épistémologie et l’éthique. Les débats sur les formes radicalement externalisées, affectives, distribuées, simulées ou émergentes de l’agence sont après tout enracinés dans les recherches scolastiques médiévales sur les intelligences non humaines. Revisiter ces paradigmes historiques nous permet de nous demander si l’IA fait revivre les ontologies prémodernes ou force leur reconfiguration radicale dans les conditions technologiques, éthiques et philosophiques contemporaines.

Nous accueillons avec plaisir des articles qui abordent de manière approfondie et créative la philosophie classique, la théologie et la recherche contemporaine en IA dans les sciences sociales et les disciplines connexes. Les soumissions doivent aller au-delà des dialogues simplistes avec l'IA pour offrir des engagements théoriques rigoureux sur l'agence, l'intelligence et l'éthique non humaines. Nous encourageons les contributions de domaines tels que les études médiévales, la philosophie de l'esprit, l'éthique de l'IA et les études sur la science, la technologie et la société (STS), entre autres. De plus, nous invitons les informaticiens et les chercheurs dans des domaines techniques qui souhaitent explorer ces questions interdisciplinaires.


En replaçant l’IA dans les traditions historiques et philosophiques, ce symposium vise à éclairer la manière dont l’agence, l’intelligence et la responsabilité morale sont redéfinies. Nous invitons les chercheurs à contribuer à cette conversation critique en examinant l’IA non seulement comme une extension de la cognition humaine, mais aussi comme un défi aux hypothèses fondamentales sur la connaissance, l’autonomie et l’existence partagée. Les articles doivent analyser de manière critique le statut ontologique et épistémique de l’IA, ses implications éthiques et son rôle dans la refonte des conceptions historiques et contemporaines de l’agence et de l’intelligence."

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