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Articles récents

L'humilité selon Isaac le Syrien

19 Mars 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Absolument fondamental. On peut trouver qu'il manque à ce texte une petite dose de charité (c'est le reproche souvent adressé à l'hésychasme). Mais s'il est vrai que la charité est indispensable, je crois qu'elle doit toujours être précédée par un moment d'ascèse tel que le décrit cette page, sans quoi la charité n'est qu'erreur et ostentation.

 

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Le Santo Daime et le christianisme

15 Mars 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Anthropologie du corps

Je lisais dans la revue Nova Religio il y a peu ce compte rendu d'un livre qui analyse la diffusion de la religion brésilienne du Santo Daime en Europe, Christ Returns from the Jungle de Marc G. Blainey.

Cette religion est un culte amérindien syncrétique fondé sur une utilisation sacramentelle d'une drogue enthéogène, l'ayahuasca.

Dans la revue britannique rationaliste New Humanist on lit aussi : "L'objectif du Santo Daime est fondamentalement chrétien. Boire de l'ayahuasca a la même signification pour les membres du Santo Daime que l'Eucharistie pour les catholiques : ils croient qu'ils boivent en Jésus-Christ. Les cérémonies se déroulent selon le calendrier officiel du Santo Daime, avec des « travaux », ou cérémonies, qui ont lieu environ trois fois par mois. Ceux-ci ont tendance à fonctionner du coucher du soleil jusqu'à l'aube. Le thé hallucinogène est administré tout au long, afin que les membres puissent traverser leur vie et revoir leurs erreurs avec une nouvelle compréhension".

On lit aussi dans une page plus favorable à cette religion (sur le site du groupe Chacruna) extraite du livre de Blainey que "certains daimistas façonnent des croix de Caravaca (en forme de croix de Lorraine) à partir de la vigne Banisteriopsis caapi qui est utilisée pour fabriquer l'ayahuasca, ce qui implique qu'en buvant la boisson Daime, on prend le bois de la croix de Jésus dans son corps.". "Le Santo Daime, ajoute Blainey, est une forme « pérenne » de christianisme qui considère les enseignements du Christ comme complémentaires et harmonieux avec la spiritualité indigène et les idées mystiques des autres religions." Evidemment cela rappelle un peu le Christ cosmique du New Age. On lit encore : "la théologie de guérison par la foi de Santo Daime représente l'appropriation stratégique du christianisme par les traditions afro - brésiliennes et indigènes de l'ayahuasca. Pour les daimistas européens, le Santo Daime est en fait un moyen de guérir les maladies de l'égocentrisme arrogant et de l'ethnocentrisme au cœur du projet occidental... Pour eux, le calice du Christ qui arrive maintenant de la jungle amazonienne a été purifié des pollutions colonialistes, un antidote au désespoir égoïste, retournant en Europe à travers le liquide Daime et les enseignements de Mestre Irineu".

Certains initiés de ce culte font pression pour que les agences gouvernementales brésiliennes reconnaissent l'ayahuasca comme "patrimoine culturel immatériel" de ce pays. Évidemment le souci de "désenclaver" la figure du Christ du giron institutionnel ecclésiastique (et peut-être du giron égotique qui façonne sa perception) est intéressante mais l'usage de l'ayahuasca peut être très dangereux, et entraîne des décès chaque année, notamment chez les touristes imprudents... et ce peut être aussi, au niveau spirituel, une erreur de plus semblable à celle du mouvement du Libre-Esprit au Moyen-Age...

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Une enquête à approfondir sur les Modern Talking

12 Mars 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Les tubes des années 1980, #Histoire secrète

J'ai déjà parlé sur ce blog et dans mon livre sur les Nephilim de l'engagement de beaucoup d'artistes de pop music dans l'occultisme, un phénomène qui  se révèle dans les symboles utilisés, et qui à mon avis va au delà des inclinations personnelles : nous avons de bons indices du caractère systémique de la chose.

Récemment une série de quatre vidéos latino-américaines sous-titrées en anglais "Modern Talking : un secreto muy turbio de sus musica" est sortie dénonçant les bidonnages du groupe à succès dans les années 1980 "Modern Talking" et les profits économiques qu'en a tirés le producteur Dieter Bohlen. Mais on peut se demander si ce focus sur l'aspect financier des choses (comme dans l'affaire du contrôle des populations par Big Pharma sur le volet sanitaire) n'est pas encore une forme d'écran de fumée pour ne pas aller au fond des choses.

Quand on regarde le clip de  Cheri Cheri Lady on ne peut pas ne pas être frappé par la profusion des damiers maçonniques au début, puis la présence de la pyramide en 25e seconde.  Celui de"You can win if you want" s'ouvre sur une pyramide avec un oeil omnivoyant à la base (qu'on retrouve aussi à la fin du clip), à la 45e seconde une femme fait un signe ésotérique avec les mains qui est souvent repris par des artistes qui imitent des divinités égyptiennes. "Geronimo's Cadillac" met en scène la Cadillac rose dont j'ai décodé le sens ici, etc.

On ne peut pas dire qu'il s'agit d'une simple "esthétique", car même les paroles des chansons ont des connotations qui renvoient aux sociétés secrètes. "You're my heart you're my soul" renvoie à la flamme éternelle (aussi chantée par les Bangles dans "Eternal Flame" après leur chanson très chargée de références pyramidales "Walk like an Egyptian") ; "La cadillac de Geronimo" a été acquise par la famille Bush (celle de deux ex-présidents américains liés à la société secrète "Skulls and Bones") après toute une histoire très étrange qu'il y avait eu autour des ossements de ce chef indien ; "Atlantis is calling" est une référence claire à l'Atlantide ; et l'on ne peut pas s'étonner que Dieter Bohlen ensuite ait rendu hommage à Lucifer dans le cadre du groupe "Blue System" après bien d'autres (voyez "Lucy in the sky with diamond" des Beatles que Bohlen disait admirer, "The Girl of Lucifer" de Monte Kristo etc).

Je ne sais pas si l'on peut aller jusqu'à dire, comme le laissait entendre jadis John Todd, que des sorts étaient lancés à travers la musique lors de la production des disques, mais ce que l'on sait c'est que tous ces groupes, qu'ils aient été fake comme les Modern Talking ou plus authentiques comme par exemple New Order (dont le nom est aussi significatif) composaient une musique, des images et des images qui agissaient comme une trame dans les années 1980 à travers la TV, les radios et les chaînes hi fi qui les diffusaient. Et il y avait une trame aussi derrière la production de tout ça. Ainsi on ne peut pas dire que ce fut un hasard si le groupe allemand Propaganda dans "Duel" (titre qui évoque la dualité par homonymie) chante sur un sol maçonnique et met en scène une histoire violente où se manifeste l'apparition d'esprit dans un miroir, puis a enchaîné sa carrière avec un titre dystopique qui évoquait le Nouvel Ordre Mondial (P. Machinery), quand on sait qu'a collaboré à ce groupe un musicien de Led Zeppelin, groupe occultiste fanatique du sataniste Aleister Crowley... La trame était constituée dans la production comme dans la réception de ces musiques. Cela prenait des airs d'insouciance et de plaisanterie, mais à l'arrière plan il y avait quelque chose de très sombre, dont l'escroquerie financière n'est que la partie émergée. La jeunesse des années 1980 était prise à ce piège-là (comme la jeunesse actuelle l'est au piège de Beyonce, Rihanna, Billie Eilish etc), et c'est cela que j'aimerais bien voir traiter dans des enquêtes démystificatrices un peu sérieuses.

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Nudité et masculinité sacrée dans un groupe religieux

10 Mars 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Généralités Nudité et Pudeur

Comme vous le savez, j'ai publié il y a bien longtemps un livre sur la nudité et je me suis aussi intéressé aux médiums New Age il y a quelques années. Cette semaine Le Point publie un article intitulé "Nudité, jeûne et « cercle magique » : 48 heures à la recherche de ma « masculinité sacrée »", un rapport d'infiltration dans la secte "Mankind Project" de Louis Chahuneau.

Le groupe a été fondé en 1985 quand les trois membres fondateurs de The ManKind Project, Rich Tosi, Bill Kauth et Ron Hering, ont entraîné avec eux 18 hommes dans un "Wildman Weekend", à Haimowoods, Wisconsin. Aujourd'hui, les retraites s'appellent The New Warrior Training Adventure, et cela regroupe plus de 60 000 hommes. L'organisation est née issue du «mouvement des hommes mythopoétiques», inspiré par la psychanalyse de  Carl Jung, et le poète Robert Bly, dont le livre à succès Iron John : A Book About Men fait l'apologie de la masculinité. Le groupe aux USA souligne qu'il n'est pas exclusivement hétéro, mais aussi ouvert aux LGBT. L'ensemble a des relents très New Age et occultistes, avec chez eux des cercles magiques (comme les "néo-sorcières" féministes). Une confirmation du rapport de la nudité au monde invisible...

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Un témoignage à propos du chapelet

2 Mars 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Une Chrétienne hérétique, adepte du pseudo-évangile de Thomas, Ghislaine de Montangon, racontait ceci dans son avant dernier livre (p. 84) à propos de la récitation du chapelet :

Inspirée par le christianisme hindouïste et panthéiste d'Arnaud Desjardins explique que la récitation en groupe "a le pouvoir de déclencher une force énergétique importante, ressentie ou non par les participants" et "rejoint un égrégore". Elle ajoute que cela permet d'accéder à "un autre niveau vibratoire" du fait que c'est une prière récitative, qui aide à couper avec le mental. L'explication n'est peut-être que partiellement juste car la dimension énergétique ne doit pas occulter la dimension purement transcendante qui est sans doute plus déterminante.

"Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens" a dit le Christ  (Matthieu 6,7) mais en précisant que ce propos s'adresse à ceux qui prient pour obtenir quelque chose. Il ne faut pas en élargir la portée. J'ai expérimenté moi-même le pouvoir du rosaire à Medjugorje en 2016 bien que j'aie des doutes sur l'authenticité des révélations mariales qui s'y produisent (et que le Covid avait fait taire). Il est possible que j'aie participé à l'époque à un égrégore, comme en leur temps les soldats de Lépante qui le prièrent. Les apparitions mariales de Lourdes et de Fatima avaient insisté sur l'importance de cette prière

Il y a sur Internet l'enregistrement d'un exorcisme du Père Ambrosio du diocèse de Milan où un démon confesse son aversion du rosaire...

Beaucoup de gens dans la section commentaire de ces vidéos de YouTube témoignent en espagnol des bienfaits du rosaire pour eux. Beaucoup de catholiques estiment qu'on ne peut prétendre appartenir à cette religion sans le réciter tous les jours.

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Sur la notion de passeurs d'âmes dans le langage des "thérapeutes"

27 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Alchimie, #Anthropologie du corps, #Spiritualités de l'amour, #Pythagore-Isis

J'ai raconté dans mon livre "Les Médiums" la première canalisation qui fut faite pour moi le 1er décembre 2014 au nom d'une entité qui se faisait appeler Isis et qui disait :

« Nous te connaissons. Nous savons que tu as été guérisseur, homme médecine, car tu as été égyptien. Tu as suivi les âmes. Tu as su aider les âmes également. Tu as mis ta médecine au service du peuple. Tu as le droit maintenant, dans ce siècle, de rééditer cette expérience merveilleuse qu’est la médecine. Elle peut-être apportée, à travers le monde végétal, animal et minéral. En tant que médecin égyptien, tu as su pratiquer des médecines dites ésotériques, ce qui t’a valu la foudre du roi. Maintenant ton âme est prête à accueillir cet enseignement qui est cristallisé dans ton âme et ton ADN. Continue tes recherches dans ce domaine pour que tu puisses communiquer avec ton âme. Lâche prise sur le quotidien – aide toi de la méditation. Cristallise ce qui se trouve au niveau de ton plexus solaire. Tu as cette capacité d’appeler les défunts, d’être en communication avec eux. Tu es ce qu’on appelle un passeur d’âmes. Cette capacité aide les âmes à passer sur leur plan originel quand *est déplacé son terme* mais aussi à ce que tu puisses être une passerelle entre le monde invisible et le monde visible. Accepte cette capacité qui est omniprésente en toi, d’où ta dualité. »

Après ma conversion catholique en 2015, je n'ai plus attaché trop d'importance à ce "channelling", y voyant plutôt une sorte d'incitation au spiritisme qui ne me paraissait pas du tout saine. Cependant mon travail sociologique sur les médiums me poussait à continuer d'écouter de temps en temps les "praticiens" de la médiumnité qui continuaient à parler le langage du New Age, je me souviens avoir entendu Stéphane Allix de l'INREES (un institut qui boycotte largement mes travaux, mais c'est normal, vu leurs présupposés dogmatiques), dire que beaucoup de gens étaient assez embarrassés par le fait qu'on leur avait dit qu'ils étaient passeurs d'âmes sans savoir quoi en faire.

Au fil du temps depuis huit ans, j'ai appris à faire un peu le "tri" entre le bon et le mauvais rapport aux morts, à travers le témoignage de Saint Augustin ou les phénomènes concernant le Padre Pio notamment. Et, comme une conversion n'empêche pas de continuer à tenter de se connaître soi-même (même si c'est désormais par l'intermédiaire de Dieu et de ses révélations), je me suis interrogé sur les moments de ma vie où j'ai pu aider des gens au seuil de la mort, ou recevoir "quelque chose" de personnes défuntes (ne serait-ce que sous forme de synchronicités), ce qui ne va pas forcément à l'encontre des dogmes sur l'existence de l'Enfer, du Paradis et du Purgatoire (lequel n'est d'ailleurs pas forcément un lieu). Et j'ai aussi pu continuer à examiner (avec si posisble du discernement bien sûr) ce que j'avais ou non comme don dans les mains, dans le plexus solaire etc,, à travers des rencontres qui m'incitaient à le faire (y compris des rencontres dangereuses d'ailleurs car tout cela n'est pas un long fleuve tranquille).

Hier j'écoutais cette interview de cette dame, Valérie, ancienne élève d'école de commerce qui a grandi dans le catholicisme (le catéchisme jusqu'à 18 ans), a travaillé dans la com', l'audit financier et la RH, avant de s'initier aux mondes subtils par la radiesthésie (elle raconte ici comment dans ce cadre elle a découvert à la suite d'un de ses rêves qu'elle avait pu aider un de ses camarades de formation dont le frère était décédé récemment), puis a choisi une voie de "coach thérapeute" en cochant de nombreuses cases de l'ésotérisme et des pratiques à la mode dans le New Age (même si elles ne sont pas exclusivement New Age) : qi qong, yoga Iyengar, kundalini yoga, PNL, géométrie sacrée, sophrologie, chromothérapie, sonologie etc (elle fait aussi référence à l'alchimie, mais je suppose sur un plan seulement métaphorique).

Je trouve intéressante la manière dont elle définit ce que peut être une fonction de "passeur d'âmes" ici bas, indépendamment du rapport aux défunts, dans le sens d'aider les gens à franchir des caps (et je crois que même la guérison physique des personnes est principalement une façon parmi d'autres de leur permettre de franchir des caps, de passer à d'autres phases de leur vie). La manière dont elle esquisse, semble-t-il sur une base empirique, un profil-type du passeur d'âmes comme une personne qui a vocation à fédérer les gens, les mettre en réseau, et quelqu'un qui a beaucoup de dons, mais peut avoir peur de ces dons, ou les utiliser de façon maladroite et avoir tendance à se mettre beaucoup en retrait est aussi instructive. Et il est aussi très bon qu'elle mettre en garde les gens attirés par cela contre la tentation qu'ils peuvent avoir de se sentir "obligés" de devoir sauver, voire même aider les autres, et que cette polarisation sur un mot "vous êtes un passeur d'âmes", n'entrave en fait leur réalisation spirituelle, ce qui diminue leurs aptitudes à agir sur d'autres plans, voire sur tous les plans.

Cependant j'ai le sentiment qu'elle ne tient pas correctement l'équilibre entre le divin et le terrestre. Précisément parce qu'elle pense la problématique à partir d'une vocabulaire issu d'un mélange de théosophie, de bouddhisme etc, qui fait l'impasse sur 2 000 ans de Révélation qui ont forgé l'Europe. Simplement "parce qu'on serait passé à l'Ere du Verseau", elle "zappe" ce que précisément cette Révélation apporte de plus puissant à l'âme que ce bricolage païen antique sur la numérologie, la géométrie sacrée ou que sais-je encore. Bref, l'héritage spirituel est insuffisant. Bien sûr, le travers inverse qui consiste à abdiquer ses dons en se noyant dans la régurgitation des textes sacrés ou la récitation incessantes de prières vides n'est pas non plus recommandable et se révèle totalement stérile. C'est un excès opposé. Mais dans son cas, c'est son enlisement dans les catégories du Nouvel Age qui me paraît problématique.

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Le Calice de Marie-Madeleine

25 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Christianisme

 

Robert  de Boron est l'auteur dans les années 1190 d'une Histoire du Graal et d'une trilogie Didot-Perceval (Joseph d'Arimathie, Merlon, Perceval) raconte le Graal est arrivé miraculeusement dans la prison de Joseph d'Arimathie et le nourrit pendant quelques années, l'ami  de Jésus l'amena dans l'ouest de l'Angleterre, à Glastonbury dans le Somerset, où il fonda la chapelle Ste Marie Madeleine de Beckery où le roi Arthur aurait eu, selon la légende, une vision de la Vierge Marie  (et non de Marie Madeleine comme le disent certains articles) et de l'enfant Jésus qu'il plaça ensuite sur sa bannière à la place d'un dragon. Il y a aussi des légendes selon lesquelles Joseph d'Arimathie aurait amené avant de mourir le Graal à Montserrat en Catalogne ou à Montségur. On a précisé dans notre précédent article sur le livre "The Second Messiah" dans quels ouvrages du XIIe siècle se trouvaient ces différentes théories avant Robert de Boron et la dette de celles-ci à l'égard de l'Evangile apocryphe de Nicodème.

Le journaliste Graham Philipps, mis en valeur par les auteurs de "The Second Messiah" en 2016 a cherché la tombe d'Arthur à Baschirch dans le Shropshire, tandis qu'un archéologue entamait des fouilles pour dater la chapelle de Beckery.

A noter cette bizarrerie : pendant la seconde guerre mondiale le nazi Otto Bahn sur ordre d'Himmler chercha le graal et le flacon d'albâtre de Marie Madeleine contenant le sang de Jésus que les cathares auraient été susceptibles de cacher à Montségur. Il y mourut mystérieusement. L'officier SS Otto Skorzeny y fut envoyé à son tour.  Selon un témoin il aurait amené des reliques à la forteresse d'Himmler (à Wewelsburg), puis au Tibet (il y a aussi une hypothèse sur l'Antarctique).

Une tradition byzantine via Olympiodore parle aussi d'un "Graal marial" ou "calice marial", trouvé par les envoyés de l'impératrice Hélène. G. Philipps, qui a écrit un livre sur le sujet, estime que cette coupe aurait été amenée à Caer-Guricon (Wroxeter), dont le roi Arthur aurait été le gardien.  Une ballade du XIIIe siècle affirme que le Graal est hébergé dans sa la chapelle privée de Sir Fulk FitzWaryn dans son Chateau de Whittington dans le Shropshire pour finalement se retrouver sous une statue à Hawkstone Park où un pot à parfum d'onyx romain a été retrouvé en 1934. Mais le point prête à controverse.

De nombreux érudits du Graal estiment plutôt que le calice marial serait la coupe Nanteos, qui est un récipient en bois d'olivier, plus susceptible d'avoir servi à boire à l'époque de Jésus qu'une tasse faite de métal ou pierre. Elle serait actuellement détenue par la famille Powel du Pays de Galles.

Un autre calice qui pourrait être la coupe de Marie-Madeleine est le Grand Calice d'Antioche qu'on peut voir au New York Metropolitan Museum of Art mais sa datation pourrait être trop récente.

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Knight et Lomas sur le Graal, Joseph d'Arimathie et les Templiers

25 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

J'ai abordé le Saint Suaire il y a six ans à travers les travaux d'Upinsky, récemment confirmés par une synthèse plus complète de JC Petitfils. Je pensais confronter cela aux affirmations de Christopher Knight et Robert Lomas dans "The Second Messiah: Templars, the Turin Shroud and the Great Secret of Freemasonry" paru 1997, mais le propos de leur livre sur le Suaire  étant surtout axé sur une datation au carbone 14 totalement fausse, c'est à un autre aspect de leur recherche que je vais m'intéresser ici : celui du rapport du Graal à Joseph d'Arimathie et aux Templiers.

J'avais déjà évoqué dans "Le Complotisme protestant" leur thèse sur le fait que les Templiers entretenaient un culte du divin féminin. Le père spirituel de leur ordre, Saint Bernard de Clairvaux, rappellent-ils, a écrit 300 sermons consacrés au Cantique des Cantiques dont le verset 1:5 dit "Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem", ce qui renverrait au culte de la Vierge noire, mais aussi de Marie-Madeleine la "papesse" du tarot (arcane II) et dont l'Evangile de Marie et celui de Philippe (apocryphes) nous disent qu'elle surpassait Pierre en sagesse. Knight et Lomas voient dans le tarot une arme pédagogique secrète des Templiers contre le pape.

Les auteurs de la saga du Graal proches des Templiers sont entrés en scène dans les années 1130. En 1136, 8 ans après la formation des Templiers, le gallois Geoffroy de Monmouth ré-invente le roi Arthur dans "The Matter of Britain" sur un mode très différent du seigneur Arthur cité par Nennius au VIe siècle (p. 105). Il prétendait tenir cette version de son oncle archidiacre d'Oxford dont personne n'a su retrouver la trace. Sa version de la fin d'Arthur blessé grièvement puis transporté à Avalon au delà des mers ouvre sur d'autres traditions. En effet, l'existence du pays idéal à l'Ouest au delà des mers, selon Flavius Josèphe, était enseignée par les Esséniens (et donc, ajoutent Lomas et Knight, par l'Eglise de Jérusalem, ce qui est peut-être une déduction un peu rapide)... Cela se retrouve chez les Mandéens, pour qui ce pays des bonnes âmes est marqué par l'étoile Merica (et c'est ce pays, le pays de "la Merica", que les Templiers allaient rechercher après leur dissolution).

Arthur est le bâtard d'une femme mariée qui n'avait pas fauté car elle était envoûtée. Il rassemble douze chevaliers comme les douze apôtres, il est blessé mais ne meurt pas. Il est le Rex Deus des Nasoréens. Sa bataille finale est celle de la chute de Jérusalem en 70. Selon les confidences de l'historien Tim Wallace-Murphy à Robert Lomas, à l'issue d'une conférence à Londres en 1994 un Français qui se disait descendant d'Hugues de Payen lui aurait expliqué que les partisans de Jacques (p. 78), successeurs de Jésus, qui se faisaient appeler le groupe "Rex deus"auraient placé ses ossements sous le temple de Jérusalem. De Payen et les autres initiateurs de la première croisade seraient des descendants de ces Juifs nazoréens dont le but était de récupérer ces reliques que, de fait, ils cherchèrent pendant neuf ans à Jérusalem.

Payen de Montdidier, un des 9 premiers chevaliers du Temple, est devenu Grand Maître d'Angleterre en 1128, et a construit une commanderie à Oxford sur une terre offerte par la princesse Mathilde. Il n'est pas impossible qu'il ait alors révélé certains savoirs de documents anciens trouvés à Jérusalem à Geoffroy de Monmouth...

Chez ce dernier, il n'y a pas de mention du Graal. Elle n'apparaît que sous la plume de Guillaume de Malmesbury, en 1140... Il fut le premier à affirmer que Joseph d'Arimathie serait arrivé à Glastonbury dans l'Ouest de l'Angleterre en 73 avec le Graal et l'arbre à épines de la couronne du Christ qu'il y planta. Son abbaye se trouvait à 40 km d'une commanderie de Payen de Montdidier. Il y eut des controverses entre Guillaume et Geoffroy, controverses sur lesquelles se sont penchés en détail Lomas et Knight (p. 109).

Mathilde, 26 ans, issue des lignées normande, anglo-saxonne et écossaise, veuve d'Henri V empereur d'Allemagne épousa en secondes noces en 1128 Jeoffroy IV d'Anjou, petit fils du roi de Jérusalem Baudouin II, et fils de Foulque V d'Anjou, sponsor des templiers. Empêchée d'accéder au trône d'Angleterre en 1135, dans sa résistance au nouveau roi, elle avait tout intérêt à attaquer Geoffroy de Monmouth qui pouvait servir l'idéologie de son rival Etienne de Blois...   

Le journaliste Graham Philips a souligné dans The Search of the Grail qu'en faisant de Perceval le descendant de Joseph d'Arimathie, la saga du Graal ouvre une voie particulière de succession apostolique. Dans les romans du Graal c'est à lui que Jésus donne la coupe à la Cène et non à Pierre. Il n'est pas impossible que, parmi les 619 qu'il y avait dans le Temple selon le rouleau de cuivre 3Q15, les templiers auraient pu en utiliser un qu'ils auraient identifié au Graal, selon Lomas et Knight.

Chrétien de Troyes qui fut central dans le conte du Graal disait le tenir du comte des Flandres, lié par sa famille à Payen de Montdidier, et aux fondateurs des Templiers. Après lui des cisterciens allaient normaliser le récit en le christianisant.

Je laisse de côté les considérations sur le Suaire et sur l'hypothèse que le dernier grand maître de l'Ordre des Templiers, Jacques de Molay, aurait été enterré dans ce suaire, hypothèse tirée très abusivement d'une datation au carbone 14 de toute façon fausse, comme cela fut démontré postérieurement.

Restons en à cette étrange théorie du groupe "Deus Rex" qui aurait été à l'origine de la première croisade - une théorie partiellement reprise par Barbara Aho dans sa démonstration que j'ai exposée dans "Le Complotisme protestant".

L'Américain Jason Colavito sur son blog a fait une critique intéressante de cette théorie en soulignant à juste titre qu'elle repose entièrement, au fond, sur le témoignage de ce Français en 1994. Colavito fait remarquer qu'il est un peu court d'estimer, comme le font Lomas et Knight, que ce narratif est plausible du seul fait qu'un Français entre deux âges était peu susceptible de forger un "hoax" (canular) par lui-même. Après tout Pierre Plantard ne l'avait-il pas fait avec son Prieuré de Sion ? Wallace-Murphy a présenté la thèse du "Français" en 2000, puis a récidivé en 2008  dans "Custodians of the Truth", mais cette fois en transformant ce Français en Anglais et en le nommant "Michael Monkton". Il a reconnu avoir lancé cette histoire après avoir lu "The Holy Blood and the Holy Grail", et son contenu variait sur certains points concernant la soi-disant fécondation de Marie par un prêtre du Temple qui figurait dans la première version.

Calavito rappelle aussi à juste titre le rôle de H. Blavatsky dans la diffusion de l'idée que les Templiers pouvaient vénérer une déesse-mère et convoyer une connaissance secrète.  Pour lui, rien dans cette histoire n'est à conserver.

Pour ma part, je me demande tout de même si le volet concernant la succession apostolique de Joseph d'Arimathie vers laquelle pointerait la saga de Perceval, n'est quand même pas une piste à creuser pour en savoir plus sur quelque tradition ésotérique qui aurait pu survivre en France et en Angleterre au bas-Moyen-Age autour de l'héritage de Marie-Madeleine.

En ce qui concerne le Graal en Grande-Bretagne, notons que dans son Histoire de France (tome 3, p. 392 et suiv), en 1833, Henri Martin estimait que le succès de la figure de Joseph d'Arimathie en Angleterre peut être dû à la lecture dans les premières communautés chrétiennes de l'île de l'Evangile de Nicodème, selon lequel Joseph détacha Jésus de la croix et fut ainsi au dessus de Pierre et des autres. "Une légende extraordinaire se construisit sur cette base, explique-t-il. A côté du néo-druidisme ou druidisme mêlé de christianisme, il s'était établi, dans l'église galloise, un christianisme modifié par le druidisme, anti-augustinien, anti-romain. Dans un coin de ce christianisme gallois, à une époque que nous ne saurions déterminer, fut couvée la légende en question. Toute la religion reposait là sur une forme particulière et toute symbolique du mystère eucharistique. Joseph d'Arimathie avait recueilli le sang des plaies du Sauveur dans le vase qui avait servi à la Cène : Jésus lui-même avait confié à perpétuité la garde de ce vase à Joseph et à sa race, et le neveu de Joseph, Allan (Alain, en français), l'avait porté dans l'île de Bretagne. Ce vase avait des propriétés incomparables : il assurait à ceux qui le contemplaient la compagnie du Seigneur Jésus et es joies indicibles du ciel ; il les nourrissait d'un aliment délicieux et intarissable ; il les mettait à couvert de l'injustice et de la violence des hommes. Mais on ne pouvait le contempler sans être en état de grâce. Il disparaissait aux regards des pécheurs, et les initiés à ses mystères devaient être muets devant les profanes."

Pour Martin, les Celtes christianisaient ainsi leur culte du bassin sacré, comme d'Eckstein et de la Villemarque en leur temps avaient aussi souligné que le culte germanique de la force se projetait dans celui de la lance sacrée qui avait percé le coeur de Jésus.

"Les premiers introducteurs des traditions bardiques et du cycle d'Arthur en France, ajoute Martin, Geoffroi de Monmouth, Wace, l'auteur quel qu'il soit, de la Vie de Merlin en vers latins, l'auteur ou les auteurs des fragments de Tristan en vers français, et même Chrestien de Troies, dans le Chevalier au Lion et le Chevalier de la Charette, n'avaient pas dit un mot de cette légende. Elle paraît être arrivée parmi les clercs et les trouvères de la cour de Henri II (1133-1189) quelques années après la rédaction du Brut de Wace". En France la saga arthurienne est totalement tournée vers le Graal et tous les chevaliers de la Table Ronde sont de la race de Joseph d'Arimathie (p. 396).  Perceval est le plus ascétique, Merlin perd sa nature diabolique. Le cycle du Graal devient une arme pour christianiser la chevalerie et la rendre ascétique, mais pas dans une veine romaine puisque c'est toujours sous les auspices de Joseph d'Arimathie et non de Pierre.

Wolfram d'Eschenbach (1170-1220), templier souabe, finalement placera le Graal dans la perspective des templiers, en disant s'inspirer de Guyot de Provins, bénédictin de Cluny hostile à la papauté. Il invente le héros Titurel qui construit en Gaule du Sud un temple pour le Graal, sous la direction du prophète Merlin initié par Joseph d'Arimathie qui se calque sur le temple de Salomon (mais finalement Perceval  récupèrera le Graal et construira le temple pour lui en Inde).

Cette chevalerie du Graal, ascétique, nous dit Martin, voulait remplacer la chevalerie amoureuse, mais elle échoua. L'Eglise romaine qui condamnait le culte de la créature était elle aussi hostile à la chevalerie courtoise, et tente d'en endiguer les excès (notamment avec les tournois), Mais elle est elle-même sous la coupe des femmes mystiques comme Hildegarde ou Julienne de Mont-Cornillon. Et le culte marial ne cesse de prendre de l'importance. Alors l'Eglise choisit donc la voie du culte de Marie (et de son Immaculée conception, à laquelle Bernard de Clairvaux était hostile) plutôt que la religion du Graal de Joseph d'Arimathie que préférait la papauté. Dominicains et franciscains seront les chevaliers de cette voie.

On voit que, à la différence de Knight et Lomas, Henri Martin, lui, n'attribuait pas aux Templiers un "savoir secret" dont ils auraient hérité depuis la chute du second temple par des familles qui l'auraient conservé jusqu'au lancement de la première croisade. La "lignée apostolique" de Joseph d'Arimathie, à supposer même que l'on doive aller jusqu'à employer ce terme, serait plutôt une fiction née du croisement entre l'Evangile de Nicodème et le culte celtique des bassines sacrées. Elle aurait servi à contrer l'amour courtois en christianisant la quête chevaleresque, et n'aurait finalement été "adaptée" à l'imaginaire templier que tardivement, en 1200, sous la plume de Wolfram von Eschenbach, avant d'intégrer la franc-maçonnerie, mais ce ne serait nullement une fabrication templière. On notera aussi que chez Henri Matin Marie-Madeleine ne joue aucun rôle dans cette filiation de Joseph d'Arimathie, pas plus d'ailleurs que la dimension féminine du Graal, qui n'est pas abordée...

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