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Articles avec #pythagore-isis tag

Retour sur la question des pyramides

16 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Pythagore-Isis, #Histoire des idées, #Histoire secrète

En juillet dernier, un article dans le Journal of Applied Physics,  révélait les résultats d'une étude faite par un équipe russe sur le comportement des ondes électro-magnétiques la Grande Pyramide de Gizeh. Tout en posant comme présupposé (nécessaire à la fiabilité des conclusions) "qu’il n’existait aucune cavité inconnue à l’intérieur, et que le matériau du bâtiment aux propriétés d’un calcaire ordinaire était distribué uniformément à l’intérieur et à l’extérieur de la pyramide", les chercheurs ont pu démontrer que les champs électromagnétiques se trouvent concentrés en plusieurs points de la construction antique, situés à sa base mais aussi au niveau des chambres aménagées en son cœur.

Evidemment nos revues de vulgarisation à l'instar de Maxisciences se sont hâtées de préciser que "cela ne signifie pas pour autant que les bâtisseurs de pyramides maîtrisaient déjà toutes les subtilités de l’électromagnétisme… Il s’agirait plutôt d’un heureux hasard qui pourrait amener à des découvertes inédites". Le hasard "Dieu des imbéciles" comme disait Léon Bloy : surtout n'allez pas croire que les Egyptiens ont fait exprès de construire une pyramide qui justement concentre les champs magnétiques aux bons endroits !

Cette découverte recoupe le fait que la pyramide ait été construite avec des matériaux conducteurs (en granite) qui conduit l'électricité des aquifères souterrains. Le champ électromagnétique qui se forme à la base de la pyramide est conduit vers le sommet où se trouvait un dispositif en or qui transférait les ions négatifs dans l'ionosphère, ce qui produisait du courant électrique. NiKola Tesla l'inventeur du courant alternatif, du laser, du moteur électrique, du radar etc construisit aussi sa tour sur un aquifère sur le même modèle que la pyramide. Les Egyptiens maîtrisaient donc l'énergie sans fil.

Cette nouvelle me donne envie de relancer les recherches que j'ai commencées à ce sujet en août 2014 (tandis que j'enquêtais sur les médiums). J'avais alors été impressionné par un documentaire sur les travaux de Grimault sur La Grande Pyramide alignée sur le pôle nord, et sur les quatre points cardinaux située au milieu géométrique des terres émergées, à la latitude 30 par rapport à l'équateur, dont les faces sont légèrement concaves (en réalité elle a huit faces) pour permettre des jeux de lumière au solstice  et dont la température intérieure est constante et égale à la température moyenne de la terre, 20 degrés Celsius (68 degrés Fahrenheit).

L'ingénieur Christopher Dunn, qui ne croit ni aux extraterrestres, ni à l'Atlantide, dans le sillage de William Flinders Petrie, confirme que les Egyptiens avaient des outils que nous ignorons.

Aucune fresque ni aucun papyrus égyptienne ne représentent la construction des pyramides ou du sphynx, ce qui peut laisser penser que celle-ci est très antérieure aux périodes admises par l'égyptologie classique qui ne raisonne que d'après l'environnement de ces monuments (puisque le carbone 14 ne permet pas de dater les constructions ne pierre). Pour mémoire, l'hypothèse de l'érosion du sphinx par l'eau défendue notamment par Robert Schoch soutient que le principal type d'altération évidente sur les murs d'enceinte du Grand Sphinx a été causé par une exposition prolongée et importante aux précipitations qui auraient été antérieures au règne de Djédefrê et Khéphren, les pharaons auxquels les égyptologues les plus modernes attribuent la construction du Grand Sphinx et de la Deuxième Pyramide de Gizeh autour de 2500 avant notre ère. Or Robert Schoch estime qu'une structure plus ancienne que la grande pyramide, notamment celle des sous-terrains, plus ancienne que l'époque dynastique, se trouve à l'intérieur de la pyramide, ce qui autoriserait à remonter très loin dans le temps.

Robert Temple et quelques autres (Robert Bauval par exemple) défendent l'idée que les pyramides furent construites en lien avec Orion, ce qui encourage des hypothèses autour des néphilim (chez les chrétiens) ou des extra-terrestres chez les néo-païens (voir la Théorie des anciens astronautes - l'alignement des pyramides sur Orion situerait la construction vers - 2450).   

J'avais rapproché l'été dernier les travaux sur les pyramides d'Egypte de ceux du chrétien américain L. A. Marzulli qui a analysé les crânes de squelettes géants du Pérou et les constructions mégalithiques de Huaytara sous l'église catholique Saint Jean le baptiste qui sont un ancien temple inca. Ces pierres, conductrices d'électricité, sont agencées au millimètre près alors que les Incas étaient censés ne pas avoir la roue.

Marzulli évoque une connexion énergétique entre les divers sites mégalithiques comme le faisait Klaus Dona interviewé en 2009 à Vienne par Bill Ryan et Kerry Cassidy du Projet Camelot.

Celui-ci mettait en relation 1) la pyramide mégalithique découverte en 1984 au Japon à 25 mètres au dessous du niveau de la mer sur l’île Yonaguni (archipel des Ryukyu) où Pr Masaaki Kimura,géologue de l’université de Ryukyu a trouvé aussi une énorme tortue et des aigles de pierre ; 2) la Pyramide à l’œil à 13 degrés de La Maná munie d'un œil phosphorescent dans la lumière noire avec sur le font de la pyramide la constellation d’Orion et quatre signes incrustés en langue inconnue traduits par le Pr Kurt Schildmann (1909-2005) et d'artéfacts qui brillent dans le noir ; 3) l'Atlantide, 4) les découvertes du Pr Pitoni .

Le rapprochement avec les sumériens donne aussi à réfléchir. Graham Hancock, auteur de Fingerprints of the Gods, sur les sages anté-diluviens avec leurs sacs à main, qu'il connecte à ceux de Gobekli Tepe qui ont 11 000 ans, et d'autres l'assimilent à l'ankh (d'où l'assimilation d'Osiris et d'Enki).

Andrew Collins pour sa part, dans The Cygnus Key la relie à la musique des sphères pythagoricienne : la doctrine de Pythagore des harmonies célestes, explique-t-il, se reflète dans chaque mesure de la Grande Pyramide et du complexe de Gizeh. Ce dernier utilise les triangles de façon à refléter l'influence de deux intervalles musicaux spécifiques : la quarte parfaite et la quinte parfaite. La grande pyramide a aussi beaucoup à voir avec les nombres sacrés. Le périmètre de la base mesure 921,45 mètres. Si on multiplie ce chiffre par 43 200 (le nombre de secondes qu'il y a dans 12 heures), on trouve, à 1, 4 mètre près, le rayon de courbure de la Terre à l'équateur (on suppose que les Egyptiens connaissaient déjà le mètre). Ce qui ferait de la pyramide une représentation en miniature de la planète. Et si l'on mesure la hauteur de la pyramide multipliée par 43 200, on a la longueur du rayon polaire (celle du méridien). La représentation est donc en trois dimensions.

On n'a jamais rencontré de momie à l'intérieur, ni aucune fresque. Le coffre trouvé à l'intérieur était vide alors que l'entrée avait été obturée par d'énormes blocs de granite qui n'ont été mis à jour que par les ouvriers du calife Al-Mamoun eu IXe siècle. 

Sur un plan scientifique, il est en tout cas peu probable que la pyramide ait servi de centrale électrique car elle était recouverte de calcaire non conducteur et n'était reliée à rien. A quoi donc sa fonction énergétique servait-elle ?

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La chamane Corine Sombrun

3 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Pythagore-Isis, #Anthropologie du corps

Vous vous en doutez : je ne suis pas du tout fan du discours transhumaniste de la chamane française formée en Mongolie qui s'exprime ci-dessous sous un angle utilitariste. Elle fait référence à des expériences sous LSD des années 1960 dont on sait qu'elles intéressaient de très près la CIA, puis dans l'autre vidéo à l'ayahuasca qui intéresse beaucoup la famille Bronfman dont on a parlé autour du scandale NXIVM, et on sent bien derrière cette volonté de réduire le spirituel à du scientifique un risque de se prostituer aux firmes pharmaceutiques. Pas sûr que les "esprits" qui ont choisi cette dame pour l'initier au chamanisme voulaient cela, ou alors ce sont les mêmes esprits que captent nos financiers internationaux dans leurs rituels nocturnes d'Halloween, au sein de leurs sociétés secrètes. Rien de bien recommandable (pas étonnant d'ailleurs que la dame se soit exprimée en 2012 aux conférences de TED l'organisation de la Fondation Chris Anderson, tout comme la sataniste Marina Abramovic). Néanmoins, par delà cette utilisation potentiellement très dangereuse de ses dons, le propos de cette dame est intéressant pour comprendre un peu ce qu'il se passe quand le "troisième oeil" est ouvert, ou lorsque quelque chose de comparable se passe (la transe, qui ressemble à une ouverture provisoire du troisième oeil) dans le corps et l'esprit d'un être choisi par des forces dont on ne sait si elles sont du deuxième ciel ou du troisième.

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Quelque part sur une aire d'autoroute en Picardie...

2 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Pythagore-Isis

L'occultisme omniprésent...

 

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Saint Paul, les "stoicheia", l'astrologie et la Déesse-Mère

26 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Pythagore-Isis, #Anthropologie du corps

Il y a quelques mois, on avait parlé ici de l'astrologie "chrétienne"(à supposer que ce ne soit pas un oxymore...) médiévale et contemporaine à propos d'un livre de Denis Labouré. Il me faut maintenant vous parler d'un texte de 2008 d'un certain Kevin von Duuglas-Ittu, un publiciste qui se présente aujourd'hui sur les réseaux sociaux comme un "écrivain spinoziste". Ce texte, très dense, à la fois évoque la question de l'astrologie, mais aussi ouvre intelligemment des pistes de réflexions sur le rapport du message christique à la sorcellerie de l'époque romaine, et de notre époque (qui paraît très pressée de retourner aux ombres d'il y a 2000 ans...).

Le texte, publié ici en anglais, s'intitule "The Condensation of Specificity: Paul’s Use of “stoicheia”" (la condensation de la spécificité, l'usage par Paul de 'stoicheia'). Je vais vous en exposer le contenu en ajoutant mes remarques personnelles et quelques ponts avec d'autres lectures.

Commençons tout d'abord par préciser que ce monsieur von Duuglas-Ittu, "spinoziste" n'est pas chrétien, ou, en tout cas, ce n'est pas en tant que chrétien qu'il a écrit sur Paul. Tout comme l'historienne française Renée Koch-Pètre dont j'ai souvent cité l'article d'il y a quinze ans sur Paul devant les philosophes de l'aréopage, l'auteur admire Paul l'intellectuel pharisien (celui qui a connu les écoles philosophiques de Tarse), et ses "stratégies discursives". Evidemment nous autres chrétiens savons que tout don intellectuel vient de Dieu, il a été façonné par lui avant notre naissance, parfois lui-même nous a encouragé à la cultiver, ou le diable s'en est emparé à certains moments de nos vies, mais, dans le cas de Paul, après sa conversion sur le chemin de Damas et son abandon total à Dieu et à Jésus-Christ dont il persécutait les disciples, par son intelligence l'Esprit saint lui-même parle, du moins la plupart du temps (il est des moments précis dans les épîtres où il annonce que les intuitions qu'il formule ne viennent pas de Dieu mais de lui-même, mais ce sont des cas très rares), et donc les "belles réussites" rhétoriques de Paul sont autant des accomplissements de l'Esprit saint en lui, que le résultat de la mise en oeuvre de dispositions antérieures à ses conversion. Ce sont des réussites "inspirées", qui sont donc riches d'enseignements pour les situations que nous mêmes devons affronter (puisqu'elles sont en tant que telles intemporelles) autant que pour comprendre en quoi l'apôtre a pu rapidement convertir les masses dans le bassin méditerranéen en son temps.

En prenant les choses seulement sous l'angle humain (avec tout le décodage que nous mêmes devons appliquer sur le volet surnaturel), la démonstration de von Duuglas-Ittu s'attache surtout à montrer que sur un mot, l'apôtre parvient à cristalliser de nombreuses significations et couvrir un panel sémantique très large, qui touche plusieurs publics à la fois, et plusieurs plans existentiels dans la vie des gens (de son époque - et, ajouterons nous, de la nôtre). Les deux termes grecs qui l'intéressent ici sont Nomos (la Loi) et Stoicheia (les Eléments naturels).

Le texte où se déploie l'assimilation entre les deux termes est le chapitre 4 de la lettre aux Galates, qui fait immédiatement suite au passage "il n'y a ni Juif ni Grec", ce qui interdit de n'y voir qu'un texte destiné à des Juifs. Il commence comme ça :

"01 Je m’explique. Tant que l’héritier est un petit enfant, il ne diffère en rien d’un esclave, alors qu’il est le maître de toute la maison ;

02 mais il est soumis aux gérants et aux intendants jusqu’à la date fixée par le père.

03 De même nous aussi, quand nous étions des petits enfants, nous étions en situation d’esclaves, soumis aux forces qui régissent le monde (ou les principes élémentaires du monde - stoicheia).

04 Mais lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi (nomos) de Moïse,

05 afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi (nomos) et pour que nous soyons adoptés comme fils.

06 Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !

07 Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu.

08 Jadis, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez esclaves de ces dieux qui, en réalité, n’en sont pas.

09 Mais maintenant que vous avez connu Dieu – ou plutôt que vous avez été connus par lui – comment pouvez-vous de nouveau vous tourner vers ces forces inconsistantes et misérables, dont vous voulez de nouveau être esclaves comme autrefois ?

10 Vous vous pliez à des règles concernant les jours, les mois, les temps, les années !

11 J’ai bien peur de m’être donné, en vain, de la peine pour vous.

12 Frères, je vous en prie, devenez comme moi, car moi je suis devenu comme vous."

Ce texte fait suite à la tentation qu'ont eue certaines églises galates d'Asie mineure de rétablir en leur sein la circoncision. Comme le résume Kevin von Duuglas-Ittu, "en cherchant à se circoncire, les Galates risquent de retomber dans leur enfance sous le joug des stoicheia, des gardiens et domestiques du domaine"." Mais quels sont, ou qui sont les 'stoicheia' de Galatie ?" ajoute l'auteur qui ainsi va ouvrir une réponse assez vertigineuse.

Le terme a été controversé nous dit-il. Le théologien Eduard Schweizer (1913-2006), au vu de l'utilisation du vocable par la philosophie grecque et romaine, d'Empédocle à Plutarque en passant par Philon d'Alexandrie estime qu'il s'agit des éléments du monde naturel (par exemple, le feu, l'eau, la terre et l'air) et, ce ne seraient donc que des puissances «craintes mais non vénérées», bien distinctes d'un «groupe de démons» ou d'esprits susceptibles de gouverner le monde. Clinton Arnold, de l'université d'Aberdeen, a pour sa part repéré le sens très spécifique de stoicheia dans la magie et l'occultisme gréco-romains. Il se fonde notamment sur les Papirii magiques grecs (PGM IV .40-41), dans lesquels ce mot désigne les démons (mais oui !) qui régnaient sur chacun des 36 décans astraux du zodiaque et auxquels correspondaient une lettre (*)...  Cette signification technique du terme était répandue dans les textes occultes de l'empire romain et se retrouve même dans le texte de magie juive "Le Testament de Salomon.comme se référant aux mêmes «36 décans également appelés« démons »".

Personnellement je me suis déjà un peu arrêté à la lecture de ce passage, parce qu'il ne m'était même pas venu à l'esprit qu'on puisse appeler les décans du zodiaque des "démons", même si on laisse à ce terme le sens un peu neutre qu'il avait dans l'Antiquité (comme le démon de Socrate ou celui de Marc-Antoine). Même les prédicateurs les plus hostiles à l'astrologie sur You Tube se hasardent à assimiler les décans à des démons. Pour ma part j'ai découvert le mot stoicheia à travers une conférence du prédicateur suisse évangélique Pierre Amey, dans un contexte où il parlait d'astrologie (nombreux sont donc ceux qui rattachent les stoicheia au zodiaque), mais je ne l'avais pas du tout compris au sens de "démons".

Von Duuglas-Ittu propose de ne pas séparer ces deux niveaux de compréhension du terme. Pour un esprit antique, le feu peut être lié à un démon astrologique qui l'anime, et donc le terme stoicheia vaut pour l'élément naturel comme pour sa cause spirituelle.

Il encourage aussi à avoir une conception large de la Loi et des traditions auxquelles Paul rattache ces stoicheia. Comme on l'a souligné plus haut, le texte fait suite à une exhortation à ne plus distinguer Juifs et Grecs, il serait donc peu approprié de n'entendre la loi que comme celle de la Torah juive imposant la circoncision. En Galatie, observe von Duuglas-Ittu,  région peuplée de Celtes hellénisés, à l'époque de Paul le culte dominant est, depuis mille ans, celui d'Agdistis, que les Romains appellent Cybèle, la Grande Déesse Mère, qui inspira l'Artèmis d'Ephèse, et (voyez mon livre sur la Nudité) la première représentation d'une déesse nue par Praxitèle (dont on a reparlé ici en 2016), ce qui n'est pas sans importance pour notre compréhension de l'importance du nu féminin à la Renaissance et jusqu'à la pornographie contemporaine, bref, pour la compréhension de l'esthétique moderne : il faut remonter à Cybèle, et même à la nudité terrifiante d'Ishtar/Inanna qui régnait sur Israël à l'époque des prophètes. Comme l'écrivait en 1999 Susan Elliott (dans une étude biblique spécifique sur la Lettre aux Galates "Choose Your Mother, Choose Your Master: Galatians 4:21-5:1 in the Shadow of the Anatolian Mother of the Gods,"), «la région de Phrygie et de Galatie »(Actes 16: 6, 18:33) était dense en représentations locales de la Mère des Dieux. La liste des lieux de Phrygie qui attestent de la dévotion à la Mère des Dieux couvre de fait toute la carte »(673) (η). Toute référence à la loi, à la coutume et aux pouvoirs renvoie nécessairement, observe von Duuglas-Ittu, à cette divinité omniprésente : le public de Paul ne pouvait pas ne pas avoir cela à l'esprit.

Cybèle, la déesse mère, était très associée à la conservation de l'autorité civique. Elliott a expliqué que son temple (le Metroion - la "maison de la mère", je rappelle au passage qu'on nommait ainsi également la maison de Pythagore à Cortone, car tous ces aspects de l'occultisme se tiennent) était souvent le lieu de stockage des lois (et notamment les lois de propriété, les testaments, ce qui "colle" parfaitement au propos de Paul sur l'hériter, propriétaire de la ferme), notamment à Athènes...

Pour les Galates, un enfant esclave dans une maison dominée par la loi est forcément sous l'emprise de la Cybèle.

Or, dans le temple de la déesse mère à Pessinonte, le centre national du culte de la déesse où l'on vénérait une pierre de foudre de la déesse, écrit Elliott, des adorateurs, après avoir revêtu une robe qui les féminisait, sous l'empire de la possession de la déesse, se castraient, et devenaient hiérodules, c'est à dires esclaves de la divinité. 

Lorsque Paul écrit au chapitre 5 verset 12 de la même lettre" Quant aux agitateurs, qu'ils s'émasculent eux-mêmes" (c'est ainsi qu'Elliott traduit la version très édulcorée de nos Bibles), les lecteurs galates de la lettre de Paul comprennent parfaitement ce que signifie l'équivalence tracée entre loi de circoncision et castration, qui renvoient au domaine des esclaves de Cybèle émasculés, travaillant pour des Temples où l'on archive les lois.

A titre personnel, je verrais tout autant le lien entre cet univers circoncision-déesse mère-loi, et le monde de l'astrologie. "Vous vous pliez à des règles concernant les jours, les mois, les temps, les années !" Qui ne voit pas qu'il s'agit là d'une référence aux cycles cosmiques et à la lecture des astres qui règlent l'organisation quotidienne de la cité et le travail de chacun ? Vous savez ce que dans le monde romain notamment - voir le livre de Schiavone sur l'invention du droit romain, et nos remarques sur la voyance étrusque chez Lucain).

Très justement von Duuglas Ittu en conclut que le propos de Saint Paul n'est pas de dire si les stoicheia, ces démons qui gouvernent les décans du zodiaques, et les éléments naturels, sont réels ou pas. Ce n'est pas une question d'ontologie. C'est une question d'éthique. On choisit d'être l'esclave de la loi et des stoicheia (et donc du système démoniaque de la déesse mère) ou celui de Jésus-Christ, et il n'y a pas de troisième option possible. C'est un choix entre deux univers dont toutes les connotations sont remarquablement condensées par la rhétorique paulinienne mais à laquelle nous qui ne connaissons pas la Galatie du Ier siècle de notre ère ne comprenons que très partiellement.

J'avoue que je ne m'attendais pas à trouver à cet endroit de la Bible un texte qui parle d'astrologie (c'est davantage l'Ancien testament qui la condamne en des termes non équivoques). Il le fait dans une résonance étrange avec le culte de la déesse-mère, avec le dispositif des lois gréco-romaines, et... avec la circoncision et la Torah... Cela me fait un peu penser à ce livre rempli de coquilles mais intriguant "Le quatrième royaume de Daniel selon l'Evangile" de l'anonyme Fidelis Verax qui voit dans la prophétie de Daniel l'annonce de l'alliance entre le Sanhédrin juif et la puissance romaine. Voilà un autre lien étrange qui se joue ici entre circoncision et loi impériale. La thèse de Barbara Aho que j'évoque dans mon dernier livre sur la dette de la kabbale juive à l'égard de la déesse-mère (et Lilith...) trouve aussi dans ce texte de Paul "raffraîchi" par Susan Elliott et par Kevin von Duuglas-Ittu un écho intéressant.

Il y a quelque chose de très édifiant dans cette féminisation de la Loi, qui n'est pas le "Non dupe erre" façon Lacan (ici au contraire de la psychanalyse le père donne l'Esprit et non la loi), mais une férule féminine. On n'est qu'à moitié surpris par les liens symboliques qui unissent astrologie, occultisme féminin (j'ai parlé de ses prolongements dans le féminisme de "Je suis Cute" en 2018) et par l'andogynisme auquel l'esclavage de la loi conduit (à rapprocher  de l'agenda "transgenre", "gender neutral" de l'ordre antéchristique actuel). Tout l'enjeu est de devenir fils du père (et cela vaut aussi pour les femmes puisque Paul a dit plus haut qu'il n'y avait pas d'hommes et de femmes en Christ) pour pouvoir régner sur la ferme ou sur le "ranch", et non pas soumis à la loi maternelle : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !

Il faut crier au père et non à la mère, et c'est le plus dur pour ces "baby christians" galates saturés d'effigies de la déesse-mère (leurs voisins d'Ephèse bientôt dans un concile resté célèbre dans les anales catholiques allaient proclamer Marie "mère de Dieu"). Sortir du zodiaque et de ses petits démons ensorceleurs, de ces dames qui vous font votre horoscope, des temples de la loi dédiés à Mère nature, et à ses cycles saisonniers funestes (et pour notre époque de l'obsession écologique pessimiste), pour devenir fils de Dieu maître en sa demeure, c'est à dire futur administrateur du royaume céleste qui vient, de la "Jérusalem d'en haut qui est libre" comme Paul le dit un peu plus loin dans la même lettre aux Galates (Gal 4-26)...

Un peu plus loin Paul (Gal 4:21 et suiv) dira aux Galates que s'ils veulent vraiment une loi (sous-entendu une mère), ils n'ont qu'à se mettre dans la filiation de celle qui enfante pour la liberté, non pas l'esclave d'Abraham, Agar ("le mont Sinaï en Arabie, elle correspond à la Jérusalem actuelle" sic) mais la Jérusalem céleste promise à la liberté. Je ne développe pas davantage sur cette Jérusalem actuelle assimilée à Agar (comme les musulmans !... lesquels eux aussi vénèrent leur bétyle à la Mecque...). Cette lettre aux Galates est une mine de réflexion !

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(*) On comprend mieux l'application du mot "stoicheia" à la succession des lettres des décans du zodiaque quand on lit dans le Grand Dictionnaire Larousse du XIXe siècle à la rubrique "élément" :

" Le mot élément vient directement du latin elementum, dont la signification propre et primitive était probablement lettre de l'alphabet. On a supposé, mais nous doutons fort qu'on l'ait fait sérieusement, que ce mot a une origine purement alphabétique et qu'il était formé de trois lettres l.m.n, comme le mot alphabe,- o alphabêtos,– ou comme nous disons l'ABC. Dans tous les cas, ta signification étymologique d'elementum n'est rien moins que claire, et l'on n'a pas encore donné une explication satisfaisante du grec stoicheion, qui en latin est rendu par elementum. On nous dit que stoicheion est un diminutif de stoichos, petite verge ou tige dressée, spécialement le style du cadran solaire ou l'ombre qu'il projette. Sous stoichos, nous trouvons la signification de rangée, d'enceinte de toiles de chasseurs, et on nous dit que le mot est identique avec stichos, ligne, et avec stochos, but. Comment la voyelle radicale a pu se changer d'i en o et en oi, c'est ce qu'on n'explique pas. On peut se demander, du reste, pourquoi ce nom de stoicheia a été donné par es Grecs aux éléments ou parties primordiales et constitutives des choses. C'est un mot qui a eu une longue histoire. De la Grèce il a passé dans presque toutes les parties du monde civilisé, et il mérite, par conséquent, que l'étymologiste s'arrête pour en retracer la généalogie, d'autant plus que l'origine de ce mot pourra nous servir à retrouver plus facilement celle de son analogue elementum. Le grec stoichos d'où vient stoicheion, signifie une file ou rangée, comme stix et stichos dans Homère. Le suffixe eios est le même que le latin eius, et signifie ce qui appartient à quelque chose ou en a la qualité. Stoichos signifiant rangée, stoicheion signifierait donc ce qui appartient à une rangée ou constitue une rangée. Est-il possible de rattacher ces mots à stochos, but, soit pour -la forme, soit pour le sens? Assurément non. Les racines formées de i peuvent subir le changement régulier de cet i en oi ou ei, mais non pas en o. Ainsi, la racine lip, que nous voyons dans elipon, prend les formes leipô et leloipa, et la même échelle de changements de voyelles peut être observée dans liph, aleiphô, êloipha, et dans pith, peilhâ, pepoitha. Stoichos présuppose donc une racine stich, et cette racine expliquerait en grec les dérivés suivants stix, stichos, rangée, ligne de soldats; stichos, rangée, ligne, et distichon un distique steichô estichon marcher en ordre, pas à pas, monter; stoichos, rangée, file; stoichein, marcher en ligne. En allemand, cette même racine donne steigen marcher, monter, et en sanscrit nous trouvons stigh, monter. Tout autre doit être la racine de stochos. Comme tomos présuppose une racine tam,temno, etamon, ou bolos une racine bal, belos, ebalon, ainsi stochos présuppose une -racine stach. Cette racine n'existe pas en grec sous forme de verbe, et n'a laissé après elle, dans la langue classique, que ce seul dérivé stochos, marque, point, but que l'on vise; d'où sont venus stochadzomai je vise, et antres dérivés analogues. Une racine semblable se trouve dans le gothique stiggan, l'anglais to sting, piquer. Une troisième racine étroitement apparentée à stach, dont elle est cependant distincte, a été plus féconde dans les langues classiques, c'est stig, piquer. Elle a donné en grec slizô, estigmai je pique, et ses dérivés en latin in-stigare stimulus et stilus pour stiglus; en gothique stikan, piquer; l'allemand stechen; l'anglais to stick. Le résultat auquel nous arrivons de cette manière est que stoicheion n'a aucune connexion avec stochos, et par suite qu'il n'a jamais pu avoir, ainsi que le prétendent les dictionnaires, la signification primitive de petite verge ou tige dressée ou de style du cadran solaire. Quand stoicheion est employé en parlant du cadran solaire, comme dans l'expression dekapoun stoicheion, c'est-à-dire midi, il signifie les lignes de l'ombre qui se suivent en succession régulière, ou, pour nous exprimer autrement, les rayons qui composent la série complète des heures décrites par le mouvement diurne du soleil. Ceci nous explique comment stoicheion est venu à signifier élément. Stoicheia sont les degrés qui conduisent d'une extrémité à une autre les parties constitutives d'un tout qui forment une série complète, ces parties étant soit les heures, soit les lettres, soit les nombres, soit les parties du discours, soit les éléments physiques, pourvu toujours qu'un ordre systématique unisse ces éléments les uns aux autres. C'est là le seul sens dans lequel Aristote et ses prédécesseurs ont pu se servir de ce mot dans le langage ordinaire et dans le langage technique. Nous appelons élément, stoicheion, disait Aristote ce qui compose quelque chose et qui en est la première substance, cette substance étant indivisible quant à la forme; par exemple, les éléments du langage, les lettres, dont le langage se compose, et dans lesquelles, comme étant ses dernières parties constitutives, il est possible de le résoudre, tandis qu'on ne peut pas résoudre les lettres en sons qui diffèrent par la forme mais si on les résout, les parties que l'on obtient sont homogènes, comme une particule d'eau est de l'eau; il n'en est pas ainsi des parties d'une syllabe. Ce sens s'accorde bien, du reste, avec l'explication de stoicheion, qui nous est fournie par la respectable autorité de Denis le Thrace. Voici cette étymologie telle que nous la lisons dans l'auteur de la première grammaire grecque Ta de auta kai stoicheia kaleitai aia to echein stoichon tina kai taxin; ces mêmes caractères sont aussi appelés stoicheia, parce qu'ils ont un certain ordre et arrangement. Pour quel motif les Romains, à qui l'idée d'élément fut sans doute révélée pour la première fois par leur commerce avec les philosophes et les grammairiens de la Grèce, ont-ils traduit stoicheia par elementa? C'est ce qu'il est plus difficile de déterminer. "

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Le Christ annoncé par la Sibylle

6 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Pythagore-Isis, #Alchimie

Il y a peu je vous parlais de ces ponts étranges entre paganisme et christianisme comme l'hommage de Saint Paul à Epiménide ou la mention des Dioscures dans les Actes des Apôtres.

Il en est un autre qui a fait couler de l'encre dans l'histoire. C'est l'idée que la Sybille de Cumes aurait annoncé la naissance de Jésus-Christ, comme en porte la trace l'Eglogue IV des Buccoliques de Virgile (les églogues sont des poêmes bucoliques) :

"Muses de Sicile, élevons un peu nos chants : tout le monde n'aime pas les arbrisseaux et les humbles bruyères ; si nous chantons les forêts, que les forêts soient dignes d'un consul.

II est venu ce dernier âge prédit par la sibylle de Cumes ; le grand ordre des siècles épuisés recommence : déjà revient Astrée, et avec elle le règne de Saturne ; déjà du haut des cieux descend une race nouvelle.

Cet enfant dont la naissance doit bannir le siècle de fer et ramener l'âge d'or dans le monde entier, daigne, chaste Lucine, le protéger ! déjà règne Apollon, ton frère. Ton consulat, Pollion, verra naître ce siècle glorieux, et les grands mois commencer leur cours. Sous tes lois, les dernières traces de nos crimes, s'il en reste encore, pour toujours effacées, affranchiront la terre d'une éternelle frayeur. Cet enfant vivra de la vie des dieux ; il verra les héros mêlés parmi les Immortels ; ils le verront lui-même partager leurs honneurs. Il gouvernera l'univers pacifié par les vertus de son père.

Bientôt, divin enfant, la terre, féconde sans culture, t'offrira pour prémices le lierre rampant avec le baccar, et la colocase mariée à la gracieuse acanthe. D'elles-mêmes, les chèvres rapporteront à l'étable leurs mamelles gonflées de lait ; les troupeaux ne craindront plus les lions terribles ; ton berceau, de lui-même, se couvrira des plus belles fleurs. Désormais, plus de serpents dangereux, plus de plantes aux perfides venins ; en tous lieux croîtra l'amome d'Assyrie.

Mais dès que tu pourras lire les exploits des héros et les hauts faits de ton père, et sentir le prix de la vertu, tu verras les champs se couvrir peu à peu de moissons jaunissantes, la grappe rougir, suspendue aux buissons sans culture, et la dure écorce du chêne distiller une rosée de miel.

Cependant quelques vestiges de l'ancienne perversité subsisteront encore : ils forceront les mortels à braver, sur une nef fragile, les fureurs de Thétis, à entourer les villes de remparts, à creuser dans la terre un pénible sillon : un autre Tiphys conduira, sur un autre Argo, l'élite des guerriers ; de nouvelles guerres éclateront, et aux rivages d'une nouvelle Troie descendra un nouvel Achille.

Mais lorsque l'âge, en te fortifiant, t'aura fait homme, le nautonier abandonnera les mers ; le pin navigateur n'échangera plus les marchandises ; toute terre produira tout. Le sol ne sentira plus la dent de la herse, ni la vigne le tranchant de la serpe. Le robuste laboureur affranchira du joug le front de ses taureaux. La laine n'apprendra plus à se farder de couleurs menteuses ; le bélier, couché dans la prairie, verra sa toison, d'elle-même, se changer en pourpre de la nuance la plus suave,tantôt en un safran doré ; un vermillon naturel teindra l'agneau des pâturages.

Tournez, fuseaux ; filez ces siècles fortunés, ont dit les Parques avec l'ordre immuable des destins.

Les temps approchent ; monte aux honneurs suprêmes, enfant des dieux, noble rejeton de Jupiter ! Vois, sur son axe ébranlé, se balancer le monde ; vois la terre, les mers dans leur immensité, le ciel et sa voûte profonde, la nature tout à l'espérance du siècle à venir.

Ah ! puissé-je conserver assez de vie, assez de force, pour célébrer les belles actions ! Non, je ne craindrais ni Orphée le Thrace, ni Linus, fussent-ils inspirés, Orphée par Calliope, sa mère, Linus par son père, le bel Apollon. Pan lui-même, s'il prenait l'Arcadie pour juge de nos combats, Pan, au jugement de l'Arcadie, s'avouerait vaincu.

Commence, jeune enfant, à connaître ta mère à son sourire : ta mère ! elle a, pendant dix mois, souffert bien des ennuis ! commence, jeune enfant ; celui à qui n'ont pas souri ses parents ne fut jamais admis à la table des dieux, jamais au lit d'une déesse."

C'est un thème si classique (voir le Dies Irae) que par exemple la cathédrale romane Notre-Dame de Sède de Saint-Lizier dans l'Ariège représente douze Sibylles (pour mémoire Varron en comptait dix de divers pays, celle de Cumes en Italie n'étant que la septième, la tradition en a retenu deux de plus). Notre Dame de Sède est un endroit, bizarre, à la fois charmant et terrifiant (comme Lourdes), un siège d'évêché abandonné. Quand j'y étais en 2018 avec un de mes proches qui a le don de voir par moments les démons sous forme de serpents il en décelait un peu partout sur les fresques murales jusqu'à en avoir la nausée, on verra un peu plus loin pourquoi.

Rappelons que la Sibylle qui oeuvrait dans la vieille cité italo-grecque de Cumes est une prêtresse d'Apollon (comme la Pythie de Delphes) qui est censée avoir vendu au roi étrusque Tarquin le Superbe les trois livres de divination dont elle disposait après en avoir brûlé six - Virgile dans l'Enéide dresse un portrait saisissant de ses possessions par le dieu dans ses moments prophétiques, à rapprocher de ce que Lucain dit de la Pythie dans sa Pharsale.

Les livres sybillins, qui jouèrent un rôle important dans la vie civique romaine, ont été progressivement enrichis de fausses prophéties que César Auguste fit expurger en stabilisant leur "canon".

J'ai déjà relevé à propos du Pasteur d'Hermas (ici et - quand on pense qu'un Irénée de Lyon pourtant estimé même par les protestants a pu y voir un livre canonique !) tout ce que cette connivence entre le christianisme et l'imaginaire sibyllin pouvait avoir de pervers (au passage je note à nouveau que le théologien Daniel Voelter y voit une sorte de "révélation privée" de la Sibylle comme la Vierge Marie peut en faire à diverses personnes en ce bas monde de nos jours..).

J'ai trouvé sur cette semaine sur Google-Books un livre peu connu du père jésuite François-Joseph Terrasse Des Billons (1711-1789) qui révèle encore à quelles erreurs conduit une trop forte valorisation de l'oracle sibyllin. Le livre s'intitule "Nouveaux éclaircissements sur la vie et les ouvrages de Guillaume Postel". Il évoque (en p. 61) les travaux de Postel (1510-1581), un kabbaliste chrétien normand, ami de Saint François Xavier et conseiller de François Ie (par l'entremise de la pieuse Marguerite de Valois, qui s'est beaucoup trompée - voyez son soutien aux libertins quintinistes). 

Desbillons (ou des Billons, les deux orthographes sont admises) y écrit qu'il a en sa possession un livret rare de six feuillets composé par Postel intitulé "Sybyllinorum Versuum A Virgilio inquarta Bucolicorum versuum Ecloga transcriptorum Ecsrasis, commentarii instar, Gulielm Postello Autore", daté de 1553,dédié à Guillaume De Prat, évêque de Clermont. Je vais recopier largement ce qu'il en dit pour les amateurs de recherche sur la "traçabilité des livres", puisqu'aucun autre site ou blog n'en parle.

"L'auteur dit que cette Eglogue contient une Prophétie, qui regarde le Sauveur du monde, et qu'elle a été indignement et très sacrilègement profanée par l'application que Virgile a osé faire à l'avorton romain. Il prétend que cette prophétie est un abrégé de l'ancienne théologie sur l'avènement du roi céleste, promis d'abord à Eve, ensuite à Noé ; annoncé enfin et publié dans le monde par les enfants de Japhet.

J'ai cru, dit [Postel] devoir éclairer ce précieux monument ; et si je vous le dédie, ce n'est pas tant à cause de l'amitié que vous avez pour moi, que parce que vous êtes le premier qui ayez protégé dans notre France une Compagnie [les Jésuites], née dans le sein de ce beau royaume""Notre interprète, poursuit des Billons, donne pour un fait certain que Noé, appelé Janus par les Latins, a régné en Italie et qu'il est le même que le Janus des Latins. Il prétend qu'il fut aussi nommé Saturne, et que l'Age d'Or se maintint dans cet heureux pays tant qu'il y régna. Il suppose que la religion pure et sainte, qui avait fait le bonheur des peuples de ce temps là, fut corrompue par les Saturniens, méchante postérité de Saturne fécond, qu'il dit avoir été un des fils de Cham ; que cependant la tradition des promesses divines qui avaient annoncé le Rédempteur du monde, se conserva parmi un petit nombre de personnes sages et fidèles aux lumières de la droite raison ; qu'elle se conserva de la même manière chez les Japhétiens, à qui appartenait de droit l'administration temporelle de l'univers ; que les Sémiens ou descendants de Sem, avaient les mêmes promesses, mais annoncées moins clairement que chez les autres nations.

Il n'est pas étonnant que Postel parle ainsi, puisqu'il veut qu'on regarde comme authentiques, et de l'antiquité la plus reculée, les Livres Sibyllins. Il a en vue les livres Sibyllins tels que nous les avons aujourd'hui. Tout le monde convient qu'ils ne sont pas moins qu'authentiques et qu'il y a des choses qui n'ont pu y être insérées qu'après la naissance du christianisme. Postel dit enfin que les prédictions de la Sibylle de Cumes, copiées par Virgile, annoncent la dernière restitution ou régénération des hommes, et le rétablissement de l'Age d'or dans le monde entier : ce qui est justement le grand ouvrage, pour lequel il croyait que le Ciel l'avait vu naître. 

Après cette interprétation générale vient le commentaire, qui commence en page septième". Des Billons résume ce commentaire ainsi : pour Postel, il y a deux Saturnes, celui qui est Janus et celui, corrupteur, qui est fils de Cham et dont le nom est Sabbathius Sanga (un emprunt au faux Bérose, de l'imposteur Annius de Viterbe). La Sibylle aurait annoncé le retour du premier Saturne. Quand Virgile écrit "Tuus jam regnat Apollo", déjà Apollon règne, il évoque l'agent universel dont les rayons divins donnent le mouvement à tout, c'est le Verbe incarné, le roi des rois, dont Cicéron parle dans le second Livre des dieux. Selon Des Billons, ce n'est pas dans le second Livre des dieux, mais dans le le livre second du "De la Divinisation", au chapitre 54, que Cicéron dit que "Certain bruit s'était répandu qu'un interprète des vers sibyllins (le quindecimvir Lucius Cotta) allait déclarer en plain Sénat, que si nous voulions échapper à notre perte, nous devions appeler roi celui (Jules César) qui l'était en effet. Quorum (Versuum Sibyllae) interpres nuper, salsa quaddam hominum fama, dicturus senatu putabatur, eum, quem revera regem habebamus, appellandum quoque esse regem, si salvi esse vellemus. Si cela est dans les Livres Sibyllins, ajoute-t-il, je demande quel homme et quel temps cela regarde. Hoc si est in libris, in quem hominem et in quod tempus est? Postel parlant du Messie, le signe plusieurs fois par ces seuls mots : Rex appellandus. Il fait sans doute allusion à ce passage qu'il se souvenait d'avoir lu dans Cicéron et il veut faire entendre que le temps est venu, où Jésus-Christ doit être appelé de toutes parts le Roi des Rois, Roi de l'Univers;. "

Puis, Postel s'attarde sur le mot colocasia au 20e vers : ""mixtaque ridenti colocasia fundet acantho"(et la colocase mariée à la gracieuse acanthe). La colocase est inconnue à Rome, et très connue en Syrie, ce qui prouve bien que l'enfant sera juif. La colocase ne fut en effet connue que sous Pline. Mais des Billons estime que Virgile a pu la connaître. Pour Postel seuls les onze derniers vers sont de Virgile. Postel en déduit que l'âge d'or et le retour à la raison viendront sous un monarque puissant.

L'admiration de Postel pour les textes sibyllins était solidaire de son culte d'Eve et de la puissance féminine, qu'il exprime notamment dans son traité "Les très Merveilleuses femmes du Nouveau Monde" dans lequel il n'hésite pas à affirmer qu'à travers la Sibylle la puissance féminine gouvernait Rome. Ce culte de la féminité allait jouer des tours au théologien puisqu'à Venise il allait, en 1555, voir dans une vieille femme la "nouvelle Eve", ce qui allait conduire l'Inquisition dans la ville à faire brûler ses livres, sans toutefois le tuer lui, le jugeant trop fou pour pouvoir être vraiment hérétique.

Postel est un kabbaliste, rappelons le ; la kabbale est très tournée vers la femme et d'ailleurs sa théologie plairait bien au féminisme actuel lequel est lui-même en est souvent inspiré (voir Me Too, "God is a woman" etc). Et le fait que le théologien évoque beaucoup Noé évoque la Sibylle hébraïque "bru de Noé" des gnostiques (je renvoie à Barbara Aho sur la présence kabbaliste dans la Gnose). Tout cela sent le culte de Lilith - la femme de Satan. 

Pourtant rappelons que le poème de Virgile, à supposer même qu'il se rapporte à un oracle sibyllin authentique, garde un rapport très éloigné au message évangélique. Récemment dans les milieux eux aussi sulfureux qui entourent les visions de Maria Valtorta, un certain Vittorio Messori en 1978 n'hésitait pas à faire une fausse citation (voir ici) de l'églogue de Virgile pour la rendre plus précisément conforme à la théologie chrétienne...

Messori en revanche à juste titre rapprochait la prophétie sibylline d'une autre prêtée aux druides à propos de l'enfantement du sauveur par une vierge, dont on a parlé sur ce blog en 2017 à propos de Chartres. Et c'est là, je crois, une collusion tout aussi périlleuse que la symbiose du christianisme avec les livres sibyllins.

Le député bourguignon Henri Le Mulier (1803-1872) dans sa "Vie de la Très Sainte Vierge" de 1854, raconte qu'en septembre 1833, dans une maison place du Grail à Chalons, à 8 pieds de profondeur furent trouvés 30 squelettes humains. A quelques pieds au nord de ces ossements, des fractions de chapiteaux à volutes.Non loin de cet endroit et du palais des gouverneurs de Chalons sous Claude et Néron, une chapelle souterraine consacrée par les druides à la Vierge des sectateurs d'Hésus. Là les prêtres de Jupiter de d'Apollon se rendaient en grande pompe le premier de chaque mois, pour faire des oblations et réciter des vers autours d'un autel, sur lequel était élevée la statue d'une jeune fille, tenant un enfant entre ses bras. Au bas était cette inscription en lettres d'or "Virgini pariturae Druides" (les Druides à la Vierge qui doit enfanter).

Adrien Péladan (le frère du célèbre Joséqhin le "Sar", occultiste de renom) dans La France littéraire, artistique, scientifique, allait reprendre cette nouvelle dans son n°49 du 5 septembre 1864 (p. 779) tout en remarquant avec malice qu'il y avait une pierre égyptienne dans la statue de Marie au Puy-en-Velay, et en ajoutant qu'Elias Schedius (1615-1641) a écrit qu'en Germanie et en Angleterre aussi "Les Druides avaient dans l'intérieur de leurs sanctuaires une statue consacrée à Isis ou à la vierge qui devait enfanter le libérateur du monde" (De Diis germanis, c. XIII p. 346). Isis ou la Vierge... Effectivement à ce niveau les deux cultes s'entremêlent. Saint Jérôme aussi avait en son temps recensé tous les cultes des vierges mères. Ils ont probablement pavé la voie au culte marial, mais ont-ils ouvert le chemin d'une compréhension profonde de la Bible ? ça c'est une autre histoire...

A propos de la naissance du fils de la Vierge, je vous signale aussi cet excellent article de l'universitaire Gérard Gertroux ici qui démontre qu'un recensement a bien été organisé par le gouverneur de Syrie en l'an 2 av JC date de la naissance de Jésus, comme le disent les Evangiles. Un point important dans le sens de leur vérité historique...

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La voyance étrusque chez Lucain

3 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Histoire des idées, #Pythagore-Isis

Le dernier article de Larissa Bonfante sur les Grecs et les Etrusques m'a donné envie de revenir à cette histoire un peu étrange que j'évoquais en 2015. Quand, au Ie siècle de notre ère, dans sa Pharsale Lucain qui était, selon toute vraisemblance, un initié néo-pythagoricien (je vous renvoie à ce sujet sur l'hypothèse d'une "église pythagoricienne secrète" chez les républicains romains), décrit le moment où, César ayant franchi le Rubicon le 11 janvier 49 av JC, la panique s'empare de Rome, il met en scène trois figures prophétiques : l'haruspice étrusque Arrun de Lucques, qui lit dans le mouvement des oiseaux et le foie des animaux (et qui ordonnera les rituels d'expiation), le sénateur Nigidius Figulus, fondateur du néo-pythagorisme, qui prophétise par les astres et les nombres, et une patronne pythonisse, possédée par l'esprit d'Apollon.

L'étrusque vient en premier dans cette chaîne d'évocations. Ce qui n'est peut-être pas un hasard.

Dans "Ius, l'invention du droit en Occident", Aldo Schiavone (que j'avais évoqué dans ce blog en 2009), on peut lire (p. 81) que les Etrusques ont contribué à désacraliser la royauté à Rome ainsi que l'autorité du grand pontife en introduisant un système hoplitique  : "des troupes de fantassins armés, recrutés sur la base d'une appartenance civique progressivement construite sur l'identité entre guerrier qui combat, citoyen qui participe à l'assemblée et propriétaire terrien qui produit" (d'où la polysémie du mot "centurie" qui couvre les trois registres). "Dès lors, écrit Schiavone, le mécanisme unique roi-prêtres, exalté et protégé par l'enveloppe magico-sacrée, allait perdre de son poids, tout en demeurant un élément de premier plan". L'auteur y voit même "peut-être l'apport le plus important de la présence étrusque" (p. 82). L'armée centuriate introduit de la coopération en plus de la discipline, et un pouvoir croissant des assemblées au sein desquelles le pouvoir magique des pontifes d'apporter des réponses inspirées (responsa) va constituer un "ius" sédimenté ancêtre du "droit" romain.

Dans "Les sources de Lucain" en 1912, le professeur de Normale Sup'-Sèvres René Pichon estimait qu'il y avait une progression entre Arruns, Nigidius Figulus, et la matronne. Il note p. 187 : "Arruns se sert de procédés matériels routiniers, tels que l'inspection du foie de la victime ; Figulus interroge les astres, qui, d'après les stoïciens, sont des êtres divins; enfin, la matrone est directement inspirée par Phébus, qui, ainsi qu'on le sait, n'est pour Lucain qu'une incarnation ou une émanation de l'âme du monde." 

A la lumière des remarques de Pichon, on a l'impression que, comme dans la structure politique de la République romaine, les Etrusques fournissent une sorte de "base" des dispositifs prophétiques romain (lesquels sont tout aussi indispensables au fonctionnement de la République et de ses rituels), des dispositifs dont la forme la plus achevée est la possession mystique (avec tous les dangers de folie et de mort qu'elle comporte, Pichon développe cela à propos de la consultation de la Pythie à Delphes par Appius et du risque de mort qu'elle encourt, d'où son refus de répondre au départ), l'occultisme pythagoricien (via l'astrologie notamment) n'étant qu'une étape intermédiaire dans ces effrayants processus.

 

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Pageau, Buck, Horn et Putnam, Petit, De Witt, lectures diverses...

8 Septembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Alchimie, #Médiums, #Christianisme, #Histoire des idées, #Pythagore-Isis

J'écoutais hier cette vidéo de l'orthodoxe américain Johnathan Pageau. L'exposé qu'il y fait est à double tranchant car en montrant combien l'orthodoxie cultive les mêmes symboles que l'occultisme (le double serpent, le "as above so below" etc) il cautionne tout à fait les théories des évangéliques (comme celle dont j'examine l'eschatologie dans mon dernier livre) selon lesquelles les Eglises catholique et orthodoxe sont de héritières de Babylone...

Et pourtant on peut se demander si des spiritualités sans symboles ne sont pas appauvrissantes et vouées à la stérilité. Je dialogue dans ma tête en ce moment avec le livre  du catholique Roger Buck "Cor Jesu Sacratissum" dans lequel il fait l'éloge de l'ésotérisme chrétien de l'ex-anthroposophe Valentin Tomberg. Buck est un ancien gourou new-age de Cambridge. Les Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot l'ont sorti de son paganisme. Certains chrétiens diraient qu'ils ne l'en ont pas sorti complètement, mais après tout on peut en dire autant de chrétiens non hermétistes mais charismatiques mais charismatiques comme Jean-Luc Trachsel dont j'ai découvert d'existence le mois dernier. Le baptiste dispensationnaliste californien Gene Kim dans ses cours n'hésite pas à dire que les charismes étaient réservés aux apôtres et au peuple juif et que, puisque l'Eglise après l'accomplissement de la révélation biblique ne doit marcher que par la foi et par la Parole, les charismes sont forcément du diable. Allez savoir...

J'ai un peu laissé cette problématique de côté pour l'instant. De même qu'après mon échange avec un mien cousin sur les extra-terrestres pendant les vacances, j'ai aussi mis entre parenthèse la problématique de l'ufologie. J'avais pourtant bien avancé en août ma lecture d'Exo-Vaticana dans lequel Horn et Putnam se penchent sur le positionnement théologique du Vatican et sur l'observatoire international du mont Graham (Arizona) et son grand télescope binoculaire (LBT) équipé d'un système Lucifer. J'en suis resté à leur interview de  Redfern qui reprenait les propos qu'il a recueillis en 2007 auprès de Ray Boeche, prêtre anglican ancien directeur du Mutual UFO Network, sur un groupe de hauts fonctionnaires qui souscrivent à l’idée que les Ovnis sont démoniaques, le "Collin Elite". Je trouve que la piste crowleysienne sur les Ovnis reste quand même très sérieuse, même si on ne peut jamais affirmer que tous les phénomènes d'enlèvement, de mutilation du bétail etc soient démoniaques. 

J'en saurai plus quand j'aurai lu le bouquin de Jean-Pierre Petit sur les armes secrètes américaines et les Ovnis. Le rapport des services secrets aux Ovnis a l'air aussi étrange que celui qu'ils entretiennent à l'occultisme. Je ne sais pas ce que valent les thèses de Petit sur la matière noire, ni les rêves qu'il eus sur l'égyptologie mais il me semble injuste que la communauté scientifique refuse de débattre avec lui. Il existe une pétition ici à signer pour défendre le débat contradictoire autour de ses thèses. En tout cas il a le mérite de suivre de près ces phénomènes assez insaisissables qui de toute évidence embarrassent les pouvoirs en place.

Il faut être très prudent sur ces sujets. Et les grands savants ne sont pas forcément plus éclairés que les autres. En 2015, feu le polytechnicien Francis de Witt rappelait dans une interview que les grands inventeurs de la physique quantique - Bohr, Heisenberg, Schrodinger - ont tous fini dans le mysticisme asiatique. Dans cette interview il a aussi le mérite de pointer les rapports entre l'âme et l'affect, ce qui aide aussi à comprendre pourquoi les phénomènes paranormaux  ont lieu dans les moments de crise psychologique (voir mon livre sur les médiums). Tomberg dit aussi la même chose dans sa défense de l'hermétisme chrétien quand il appelle à dépasser l'intellect par exemple dans l'hésychasme ou la récitation du rosaire. Le plus difficile est d'arriver à le faire sans s'égarer...

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Qui était derrière le lobbying pour la nudité publique en 2015 ?

29 Avril 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Généralités Nudité et Pudeur, #Nudité-Pudeur en Europe, #Pythagore-Isis, #Histoire secrète

Le grand public ne l'a peut-être pas su, mais, en 2015, les partisans de la nudité publique ont voulu profiter de l'ouverture de la garde des sceaux Christiane Taubira au thème des réformes sociétales (le mariage homosexuel avait été adopté en mai 2013) pour promouvoir une dépénalisation de la promenade publique en tenue d'Adam ou d'Eve. A cette fin la journaliste escort girl ex-Femen Eloïse Bouton lançait un colloque sur ce thème à l'assemblée nationale sous la houlette du député EELV  Sergio Coronado. L' association pour la promotion du naturisme en liberté (Apnel), ainsi que Me Tewfik Bouzenoune, avocat à la Cour (défenseur d'un randonneur nu à Périgueux en 2013 puis en 2017 de l'artiste Déborah de Robertis, mais aussi de Cécile Duflot, ) étaient présents aux côtés de la Fédération française de naturisme (FFN) à laquelle l'Apnel appartient. Le colloque s'est tenu le jeudi 18 juin 2015 de 9h30 à 12h à l'assemblée en salle Colbert.

Etaient intervenus Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche au CNRS, ancienne déléguée interministérielle aux droits des femmes et ancienne députée européenne, Me Tewfik Bouzenoune, avocat à la Cour, l'artiste nudiste Déborah De Robertis, Rachel Mulot, membre de La Barbe (et Cheffe du service Enquêtes au magazine Sciences et Avenir), groupe d’action féministe, Philippe Colomb, membre de la Vélorution et organisateur de la manifestation cyclo-nudiste de Paris (il se présente sur Twitter comme un "bibliothécaire engagé, écolo politique, internationaliste pro-migrants").

L’artiste américaine féministe Rhiannon Schneiderman (qui comme De Robertis aimait se montrer nue sur ses photos) avait réalisé une série de photos intitulée "Exhibitionist" "en soutien au colloque" (sic).

Pour continuer à faire avancer cette cause, l'Apnel adressait le 20 juin une invitation (dont j'étais destinataire car à l'époque les médias m'interviewaient souvent sur la nudité publique)  "à l’adresse de personnalités, associations et partis politiques pouvant contribuer, par leur action, à la  dépénalisation complète de l’état simple de la nudité humaine" le 4 juillet, à 9 heures au siège de la FFN à Pantin. Elle annexait à cette invitation un projet de Proposition de Loi portant diverses dispositions tendant à dépénaliser l’état de nudité et clarifier l’article 222-32 du Code Pénal sur l’exhibition sexuelle. Je n'ai pas pu me rendre à cette réunion pour savoir ce qui s'y disait.

Le 23 juillet 2015 un naturiste m'écrivait " je ne crois pas trop à la voie législative, trop lourde, ni même réglementaire. Je pense que l'évolution sera plutôt jurisprudentielle, quelques arrêts de relaxe bien médiatisés, ou, comme pour les seins  nus il y a 40 ans, une circulaire aux procureurs leur enjoignant de ne plus poursuivre. Mais je ne suis pas devin, on verra bien."

Il semble que la proposition de loi n'ait jamais abouti. Peu de gens en France étant partisans de la liberté d'aller et venir nu. Les lobbyistes ont peut-être estimé qu'une action discrète à coup de circulaires serait politiquement moins risquée. Ils ont aussi investi dans les expériences municipales locales comme le parc naturiste de Vincennes.

Pour ma part je me suis demandé après coup s'il n'y avait pas des lobbies occultes derrière l'initiative de Bouton. A la fin des années 2000 une responsable de centre naturiste avait attiré mon attention sur le fait que les francs-maçons avaient tout au long du XXe siècle encouragé le développement du naturisme, tout comme ils avaient été à l'origine des lois sur la sécurité sociale (en Angleterre et en France), sur la contraception, sur l'avortement...

Éloïse Bouton a été condamnée en février 2017 pour exhibition dans l'église de la Madeleine, ce qui a été confirmé en appel. Le 20 décembre 2013 dans l'église de la Madeleine, à Paris, elle avait avait mimé un simulacre d'avortement de l'enfant Jésus avec des morceaux de foie de veau devant l'autel de l'église de la Madeleine. Sur sa poitrine, on pouvait lire «Christmas is canceled» («Noël est annulé») et «344e salope», en référence au manifeste des 343 femmes qui avaient signé un appel en 1971 pour la dépénalisation de l'avortement. Par cet acte, elle entendait dénoncer les prises de position de l'Église, alors que des restrictions sur l'avortement étaient envisagées en Espagne. L'action n'est pas sans rappeler celle de certains lobbies pro-avortement aux Etats-Unis dont les actions mobilisent parfois des rituels occultistes (voir photo). On peut se demander s'il n'y avait pas une dimension rituelle aussi dans son geste à la Madeleine.

Eloïse Bouton tirant argument de ce qu'une Femen qui avait mené une action au Musée Grévin en 2014 avait été relaxée s'est pourvue en cassation mais ce pourvoi fut rejeté le 9 janvier 2019, la condamnant définitivement à un mois de prison avec sursis. Un an plus tôt elle avait sorti un documentaire co-écrit avec le rappeur "Dr de Kabal" dont le nom à lui seul évoque la kabbale et l'occultisme (son premier maxi en 1992 était dédié à la secte des Assassin, à l'origine de certaines traditions templières). Elle multiplie les conférences à ses côtés depuis lors, par exemple à l'université de Villetaneuse les 29 janvier et  9 avril derniers avec une affiche illustrée par un damier maçonnique. Son association "Madame Rap" mobilise beaucoup l'imagerie du poing levée issu de la galaxie du milliardaire Soros (Otpor, Canvas, la Women March de 2017 aux USA etc) dont Wikileaks a montré les liens avec les milieux occultistes proches d'Hillary Clinton. Tout cela pourrait plaider pour une implication maçonnique (ou du moins celle de l'aile la plus anti-chrétienne de la maçonnerie) derrière le colloque de 2015, mais évidemment cela ne sera jamais tout à fait démontrable.

Sergio Coronado, qui avait défendu des positions très pro-LGBT sous la précédente législature après avoir fait son "coming out" sur Twitter en 2012, est maintenant candidat mélenchonien aux européennes. Il n'est pas évident qu'il ait impliqué les LGBT dans le soutien au projet de loi. Son soutien au colloque semble avoir été ponctuel mais il serait intéressant de faire une généalogie de son lien avec E. Bouton.

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