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Compagnons du Tour de France
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Au printemps dernier j'avais lu à la médiathèque municipale de Pau le livre Raoul Vergez - Béarnais écrit par la fille du célèbre charpentier médiatique compagnon du devoir. Je croyais y trouver des prolongements du livre "Les Géants et les mystères des origines", qui évoque un peu Raoul Vergez mais j'ai été déçu. Soit l'autrice n'a pas reçu les enseignements de son père, soit ceux-ci étaient pauvres.
Rien ne m'a vraiment marqué du personnage sauf cette remarque sur ses obsessions numérologiques :
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Il est d'ailleurs mort le 7.7.77.
J'ai aussi retenu ce passage bizarre sur un ami "Le Baron" qui allait faire des strip-tease à chaque fête des compagnons pour la Saint-Joseph. Il montrait son tatouage de la faucille et du marteau au pied droit, la croix de Lorraine sur le gauche, la danseuses espagnole avec son peigne et ses castagnettes à l'épaule gauche, Cortez découvrant le Pacifique en bas du dos, les caravelles de Colomb, des mousmées et geishas sur les cuisses. Au moment de montrer son sexe, les enfants quittaient la salle (p. 133).
Je me dis aujourd'hui que si je travaille à nouveau sur le socialiste Pierre Leroux, comme je voudrais le faire, il faudrait que j'explore un peu plus le compagnonnage, qui a joué un certain rôle dans ma propre découverte du monde invisible en 2014 comme je l'ai raconté dans mon livre sur les médiums. D'ailleurs Vergez dans une de ses interviews dit qu'à son arrivée à Paris dans les années 1920 il avait été marqué par la culture charbonnière (celle des carbonari) qui imprégnait le prolétariat parisien, ce qui a aussi influencé Leroux en son temps.
Peut-être devrais-je commencer par me pencher sur le cas du menuisier député de l'assemblée constituante de 1848 Agricol Perdiguier (1805-1875) qui inspira George Sand.
Je trouve un passage étonnant de Perdiguier dans son discours de 1848 contre les 12 heures de travail :
"M. Buffet a dit que les idées que M. Pierre Leroux a émises à propos du décret du 2 mars ne sont pas nouvelles ; non elles ne sont pas nouvelles on les retrouve dans Moïse dans Confucius, dans Socrate et dans Jésus; mais les idées que M. Buffet et plusieurs autres émettent ne sont pas nouvelles non plus on les trouve dans Aristote, dans Xénophon et dans Platon. Il est sans doute beau pour ces messieurs de marcher sous la bannière de si grands philosophes, qui ont brillé dans les académies ; mais il ne l'est pas moins de se placer sous celle de Moïse, de Confucius, de Socrate, philosophes populaires, et de Jésus, l'homme-dieu. "
Il a publié un Livre du compagnonnage en 1840 qui, écrivit Lucien Buis, juge a tribunal civil d'Arbois en 1910, "propose certaines chansons destinées à remplacer les refrains violents populaires dans les différents devoirs et termine en donnant certains détails techniques sur l’art de la menuiserie. Tel qu’il était, cet ouvrage eut un certain retentissement parmi les ouvriers. Mais s’il eut quelque influence sur les mœurs querelleuses des « dévoirants », il n’eut pas pour effet de resserrer les liens existants. Il tendit plutôt, à l’encontre du but proposé par son auteur, à les faire disparaître."
Dans sa préface à son propre "Compagnon du Tour de France", George Sand écrit :
"On peut de cette façon les justifier en principe sans attaquer pour cela la société générale. Les idées régnantes ayant toujours engendré de nombreuses sectes, et la doctrine officielle ayant toujours tenté d'étouffer les doctrines particulières, il est évident que toute dissidence d'opinions, soit dans la foi, soit dans la politique, a dû se manifester en société secrète, en attendant le grand jour, ou l'anéantissement de l'oubli. De là, je le répète, cette multitude de ténébreux conciles, de conspirations avortées, de sciences occultes, de schismes et de mystères, dont les monuments sont encore enfouis pour la plupart dans un monde souterrain, s'ils n'y sont ensevelis à jamais. Leur découverte serait pourtant bien précieuse, sinon à cause de ces choses en elles-mêmes, du moins à cause du jour qu'en recevraient celles qui ont surnagé. La filiation qui s'établirait entre toutes les sociétés secrètes serait une clef nouvelle pour pénétrer dans les arcanes de l'histoire, et les grands principes de vérité y puiseraient une autorité immense. Mais il est bien difficile, j'en conviens, de rassembler les fils de ce vaste réseau. Nous avons de la peine même à établir la véritable parenté des sociétés secrètes contemporaines, telles que l'IlIuminisme, la Maçonnerie et le Carbonarisme. Il en est d'autres qui règnent aujourd'hui même dans toute leur vigueur sur une portion considérable de la société, et dont la généalogie sera plus incertaine encore. Je veux parler des associations d'ouvriers connues sous le nom générique de Compagnonnage.
Tout le monde sait qu'une grande partie de la classe ouvrière est constituée en diverses sociétés secrètes, non avouées par les lois mais tolérées par la police, et qui prennent le titre de Devoirs. Devoir, en ce sens, est synonyme de Doctrine. La grande, sinon l'unique doctrine de ces associations, est celle du principe même d'association. Peut-être que dans l'origine ce principe, isolé aujourd'hui, était appuyé sur un corps d'axiomes religieux, de dogmes et de symboles inspirés par l'esprit des temps. Les différents rites de ces Devoirs remontent, en effet, selon les uns au moyen âge, selon d'autres à la plus haute antiquité. Le symbole du Temple de Salomon les domine pour la plupart, ainsi qu'on le voit aussi dans la Maçonnerie. Au reste, le besoin de se constituer en corps d'état et de maintenir les privilèges de l'industrie a pu, dans les temps les plus reculés, faire éclore ces associations fraternelles entre les ouvriers. Elles ont pu, par le même motif, se perpétuer à travers les âges, et se transmettre les unes aux autres un certain plan d'organisation. Mais la division des intérêts a amené des scissions, par conséquent des différences de forme. En outre, les institutions de ces sociétés ont subi l'influence des institutions contemporaines. Chez quelques-unes, néanmoins, certains textes de l'ancienne loi se sont conservés jusqu'à nous, et se retrouvent dans les nouveaux réglements. Ainsi le Devoir de Salomon prescrit, de par Salomon, à ses adeptes d'aller à la messe le dimanche. Plusieurs antiques Devoirs se sont perdus, au dire des Compagnons celui des tailleurs, par exemple. D'autres se sont formés depuis la Révolution française. Différents corps d'état, qui jusque-là ne s'étaient point constitués en société, ont adopté les titres, les coutumes et les signes des Devoirs anciens. Ceux-ci les ont repoussés et ne tes acceptent pas tous encore, s'attribuant un droit exclusif à porter les glorieux insignes et les titres sacrés de leurs prédécesseurs. Le Compagnonnage confère à l'initié une noblesse dont il est aussitôt fier et jaloux jusqu'à l'excès. De là des guerres acharnées entre les Devoirs toute une épopée de combats et de conquêtes, une sorte d'Eglise militante, un fanatisme plein de drames héroïques et de barbare poésie, des chants de guerre et d'amour, des souvenirs de gloire et des amitiés chevaleresques. Chaque Devoir a son Iliade et son Martyrologe. M. Lautier a publié à Avignon, en 1838, un poême épique très-bien conduit sur les persécutions au sein desquelles le Devoir des cordonniers s'est maintenu triomphant. Il y a de fort beaux vers dans ce poëme; ce qui n'empêche pas te barde prolétaire de faire des bottes excellentes, et de chausser ses lecteurs à leur grande satisfaction.
Il y aurait toute une littérature nouvelle à créer avec. les véritables mœurs populaires, si peu connues des autres classes"...
C'est en effet un monde à explorer...
A propos des questions posées par "Bâtisseurs de l'ancien monde"
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RMC Story diffusait le 9 novembre dernier le documentaire en trois parties "Bâtisseurs de l'ancien monde" (BAM), qui avait été diffusé au studio Galande à Paris le 11 septembre 2018.
Du temps où j'étais sous l'influence des médiums en 2014, j'avais commencé à m'intéresser au débat à propos des travaux des travaux de Jacques Grimault et son documentaire "La Révélation des Pyramides" (LRDP - voyez la discussion qu'en fait le blog Taiknologie). J'avais ensuite détaillé les recherches scientifiques complémentaires qui permettaient d'élargir la problématique, tout en la mettant en perspective avec l'approche chrétienne de LA Marzulli (cf mon point là-dessus en novembre 2019). Mon livre sur les Nephilim a repris cela.
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Maintenant la perspective est encore élargie par Patrice Pouillard dans ce nouveau documentaire, sur un ton plus humble que LRDP. Le documentaire commence par les moai de 80 tonnes des Rapa Nui, sur l'île de Pâques : comment ont-ils été déplacés ? Pourquoi les "ahu" (plateformes de pierre) n'ont-elles pas toutes été construites avec la précision de l'Ahu Vinapu tourné vers le solstice d'hiver ? La construction fait penser aux Incas. A Cuzco le chamane Mallku Aribalo y développe le thème d'un empire pacifique, dont le documentaire va aussi chercher la preuve dans la ville sans fortification de Caral-Supe (en - 3 000). Le documentaire examine les points communs avec le Machu Picchu, en attirant toutefois l'attention, sur ce dernier site, sur les blocs d'andésite plus anciens qui se rejoignent parfaitement sans ciment. Les formes polygonales y ressemblent à celles de l'île de Pâques, et à celles de la vallée du site de Ghizeh en Egypte (22 ème minute). Sacsayhuaman et Ollantaytambo présentent aussi les mêmes caractéristiques. On ne comprend pas la cohabitation de ce style avec des assemblages de petites pierres moins bien assemblées construites dessus pour réparer les constructions.
Tiahuanaco en Bolivie est censée ne pas dater de la même époque puisque la ville aurait été une capitale eu IXe siècle. Le site n'est qu'une reconstitution. A 1 km de là Puma Punku, site pré-inca aurait été détruit à cause d'un différend entre chamanes. Le géologue Erik Gonthier met en valeur la capacité humaine pour ne pas retomber facilement dans la théorie des "anciens astronautes". Tout est fait avec une lamelle de cuivre, ce que pense aussi Pouillard. Avec un rugosimètre sur un bloc, Gonthier mesure 31, 653 microns d'écart entre le point le plus haut et le point le plus bas de la surface.
A propos de Puma Punku, il y a un dossier intéressant que n'aborde pas le documentaire concernant les monuments en forme de H et le fait qu'il s'agit de géopolymères, donc des roches moulées et non taillées. Cette découverte a été faite par Joseph Davidovits qui avait fait le même constat à Guizeh (sauf qu'en Egypte les géopolymères sont faits à base de calcaire, à Puma Punku c'est de l'andésite). On a parlé sur ce blog de Joseph Davidovits à propos de ses travaux sur le patriarche Joseph.
Notez que le site Archéologie rationnelle en mai 2020 a essayé de "debunker" le passage sur Puma Punku ici. Sur la question de l'ancienneté, il estime que ce n'est pas parce que les gros blocs se situent à la base qu'ils sont plus anciens, et que des cultures incas très différentes ont pu contribuer à l'archéologie des sites observés. Sur le rugosimètre, il précise : "qu’un rugosimètre de par la taille de son diamant peut mesurer la rugosité d’une surface de seulement quelques millimètres et non de toute la surface d’un pan d’un bloc... Or, la planéité ne se mesure pas sur juste quelques millimètres. "
Le site reproche la même erreur à l'ingénieur Christopher Dunn qui a appliqué la même méthode à l'égyptologie, dont j'avais cité les travaux en 2019. La question du biais cognitif que pose l'utilisation du rugosimètre constitue une hypothèque importante qui pèse sur l'ensemble du documentaire...
Le débat est assez technique sur la faisabilité à la main des surfaces planes et les conditions de déplacement des blocs. Erik Gonthier soulève le même problème un peu plus loin dans la région du Bihar en Inde (Lomas Rishi, Sudama, Karan Chopar, Visva Zopri, Vapiyaka, Vadathika, Gopika). Il s'y ajoute le problème celui de la brillance et celui de l'évacuation des poussières car les constructions sont dans des grottes. Là encore la question suscite quelques sarcasmes, par exemple sur ce site qui s'exclame "On parle d’un souterrain là, pas d’aller sur la Lune ! C’est complètement con comme questions, les caveaux souterrains ne sont certes pas bien ventilés mais on y respire très bien, personne n’a besoin d’un scaphandre pour s’y balader ! "
"Pourquoi ce besoin de précision ?" poursuit le documentaire.
Au Sérapéum de Saqqarah se pose à nouveau la question du transport des coffres massifs en granite depuis les carrières d'Assouan. Là encore la question suscite des polémiques sur Internet parce que l'évaluation du poids des coffres à boeufs n'est pas sourcée (voir ici).
Les blocs de Puma Punku ont des dimensions ont des valeurs rondes en centimètres (22 cm, 60 cm, 100 cm). Puisque le mètre fut calculé à partir de la circonférence de la Terre le documentaire avance que les Incas devaient avoir des informations à ce sujet.
Phi, le nombre d'or (1,618) se trouve dans les végétaux, les minéraux, les animaux. La coudée royale égyptienne 0,5236 mètres un sixième de pi (que les Egyptiens ne connaissaient pas). Pascal Waringo, maître artisan, explique que le pied fait 32,36 (vingt fois phi). La hauteur de la grande pyramide par les deux côtés de sa base en mètres fait pi, et cette dimension moins celle-ci donne pi fois cent. L'ingénieur Robert Vincent a expliqué dans un de ses livres que la coudée royale médiévale française avait la même valeur que la coudée royale égyptienne.
L'empan fait 20 cm. Le mètres et un 40 millionième de la circonférence de la Terre. Quentin Leplat fait valoir que beaucoup de portes d'églises mesurent 1 mètre, de même que les portes qui font circuler d'une tour à l'autre à Chambord. Dans un des sites ce chercheur explique que Les mesures romaines sont issues d'une connaissance géodésique bien antérieure. Le pied romain existe chez les Ibères entre -5000 et -3000. Pied Romain, coudée de Nippur, Coudée Royale, Yard mégalithique et bien sur le mètre sont des mesures reliées à une époque qui est bien antérieure au plus ancien textes dont nous disposons : on trouvera en commentaire de cette page une contestation de ses assertions par un spécialiste des mesures lui-même contesté ici.
Tout cela fait déboucher sur l'hypothèse de legs de civilisations antédiluviennes qui auraient transmis un savoir supérieur. O nous dit qu'il a existé une période appelée le Dryas récent pendant laquelle il y a eu des changements climatiques importants. La température a chutée de 7°C puis est remontée de 10°C, ce qui a entrainé une montée des océans de l'ordre de 120m.
On retrouve d'ailleurs des vestiges engloutis. Notamment dans l'océan Indien. Le tsunami de 2004 a eu pour effet de découvrir pendant 30 minutes des vestiges proches des côtes.
Un vestige possible du mythique continent de Kumari Kandam dont parle la tradition Tamoule, et souvent souvent associé à la Lémurie (cf le livre Graham Hancock).
Je n'en dis pas plus dans ce billet déjà trop long. Il s'agissait seulement d'exposer ici les pistes de réflexion du documentaire, source de discussions nombreuses. On y reviendra peut-être à l'occasion.
Ptolémée et le colosse de Sinope
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Tout le monde connaît l'anecdote de Carl Gustav Jung voyant en rêve un mandala sans en connaître l'existence dans la vie éveillée. Plutarque dans son traité sur Isis et Osiris (Moralia, Traité 23§28) raconte une histoire semblable à propos de Ptolémée (368-283), général d'Alexandre, premier souverain de la dynastie lagide en Egypte : "Ptolémée Sôter vit en rêve le colosse de Pluton qui se trouvait à Sinope, sans savoir ni avoir jamais vu auparavant à quoi il ressemblait, et la statue lui donna l'ordre de la faire transporter au plus vite à Alexandrie. Le roi ignorait et se voyait bien en peine de découvrir où elle se trouvait. Mais comme il racontait sa vision à ses amis, il se trouva un homme du nom de Sosibios qui avait beaucoup voyagé et qui déclara avoir vu à Sinope un colosse semblable à celui du rêve. Ptolémée envoya alors Sotélès et Denys qui, au prix de longs et pénibles efforts, et non sans le recours de la providence divine, parvinrent à dérober et à emporter la statue. A son arrivée en Egypte, elle fut examinée, et l'exégète Timothée ainsi que Manéthon de Sébennytos conclurent, en se fondant sur le Cerbère et le serpent qui y étaient figurés, qu'il s'agissait d'une statue de Pluton, et persuadèrent Ptolémée qu'elle ne représentait aucun autre dieu que Sarapis : c'est à Alexandrie, après son transfert, qu'elle reçut le nom qu'on donne en Egypte à Pluton, 'Saraîs'. Bien entendu, on utilise pour confirmer cette identification la phrase du physicien Héraclite : 'Hadès et Dionysos, qu'on célèbre par le délire et les fêtes du pressoir ne font qu'un' ".
Apportons ici quelques précisions. L'anecdote se passe sous Ptolémée Ier "sauveur" (sôter) qui a plus de 60 ans. Sinope du Pont est sur les bords de la Mer Noire au nord de la Turquie actuelle. On retrouve ici Manéthon, prêtre égyptien, et Timothée, un membre athénienne de la famille des Eumolpides, qui était l'une des familles de prêtres d'Eleusis qui dirigeaient les mystères sacrés, deux personnages importants dont je vous avais déjà parlé il y a sept ans à propos de l'instauration du culte isiaque dans l'ensemble du bassin méditerranéen.
Le professeur Christian Froidefond, professeur émérite à l'université de Provence, en 2004, soulignait qu'une tradition exégétique prétend que l'anecdote de Plutarque (que l'on retrouve aussi chez Tacite) serait apocryphe et attribuerait l'origine de Sérapis à la religion autochtone de Memphis, mais il ne voit pas bien pourquoi Ptolémée, du coup, en aurait fait un dieu gréco-égyptien. Il souligne que les colons rhodiens d'Argos avaient déjà identifié Apis à Epaphos et Isis à Io, de sorte qu'il y a une composante dorienne forte dans Serapis. Plutarque est enclin à voir dans les divinités égyptiennes des démons, et, défend une identification Hadès-Sarapis (Osiris mort) et Osiris-Dionysos. Il est à noter qu'à Sinope, le colosse de Zeus-Hadès barbu et chevelu était flanqué de Proserpine (ce qui facilita l'identification d'Isis à Perséphone). Tacite (Histoires 4§84) ajoute que la statue fut identifiée par Timothée qui consulta le collège des mystères d'Eleusis qu'il avait installé à Alexandrie (c'est dans un second temps que le voyageur Sosibios confirmera le fait, et que Ptolémée, versatile, dut avoir un rappel menaçant des dieux pour se décider à envoyer Denys et Sotélès auprès du roi pontique Scydrothemis (301-280). Ceux-ci surmontèrent une tempête avec l'aide d'un dauphin, et le miracle les persuade d'aller consulter l'oracle de Delphes sur leur chemin. L'oracle dit "de rapporter la statue de son frère, mais de laisser celle de sa soeur" (celle de Proserpine, dont ils ne prirent sur instruction d'Apollon qu'une empreinte). Scydrothemis selon Tacite alléché par les présents de Ptolémée mais intimidé par le peuple qui tient à sa statue atermoie pendant trois ans, et un dieu lui apparaît en songe le menaçant de châtiment. Le peuple résiste, des fléaux se déchaînent, et la statue se déplace d'elle-même jusqu'au bateau égyptien. Le Cerbère tricéphale entouré du serpent est une image fréquemment associée à Serapis/Sarapis.
Eustathe de Thessalonique, moine byzantin du XIIe siècle, a perpétué le récit de cette aventure synopique dans la lignée semble-t-il de l'écrivain byzantin du VIe siècle Etienne de Byzance. Jacob Krall, dans Tacitus Und Der Orient: Sachlicher Commentar Zu Den Orientalischen Stellen in Den Schriften Des Tacitus (1880) estime que ce Zeus-Hadès de Sinope peut être une transposition du Zeus babylonien. Une rationalisation a posteriori fait penser que Ptolémée aurait trouvé à Sinope un moyen d'helléniser le culte de Asar-Api à Memphis, et sa fille Arsinoé, épouse de Lysimaque, qui avait une principauté à la frontière de Synope du Pont aurait été à l'origine de l'idée. Auguste Bouché-Leclercq (1842-1923) dans son La politique religieuse de Ptolémée Sôter et le culte de Sérapis (1902) écarte l'idée parfois avancée par des historiens antiques que Synope ait pu être un site près de Memphis.
La disqualification de l'anecdote de Plutarque eut pour origine l'archéologue français Jean-Antoine Letronne (1787-1848) qui fit autorité dans notre pays tout au long du XIXe siècle. Mais l'historiographie allemande (Julius Kaerst, Otto Gruppe, E. Petersen) a défendu son historicité (ou du moins l'historicité de l' "importation" du culte de Sérapis de Synope).
On note que le rêve de Jung a servi à la construction de sa religion psychanalytique qui a ensuite intégré pour partie celle du Nouvel Age. Le rêve de Ptolémée servit à créer la religion méditerranéenne (hellénistique) de Sérapis et Isis.
Encore un mot sur Doreen Virtue, et la question des énergies naturelles
Beaucoup de gens viennent sur ce blog pour lire mon billet de 2018 sur la conversion de Doreen Virtue au christianisme. On comprend que cette conversion continue à susciter des réflexions chez les disciples zélés du New Age, notamment ceux qui ont comme elle des dons de médiumnité. Cette conversion est une belle histoire de renoncement, et même, devrait-on dire, de renoncements à répétition car, en épousant une forme de protestantisme toujours plus scripturaire, sur une base luthérienne, Doreen Virtue en est même venue à désavouer la vision de Jésus qui l'avait poussée à se convertir, au motif que Jésus, qui est au Ciel ne peut plus apparaître sur Terre sauf en tant que démon déguisé, ce qui est tout de même, me semble-t-il pousser un peu loin l'orthodoxie biblique (même si personnellement je ne suis pas très fan des visions et n'encouragerais pas mes lecteurs à cultiver le penchant pour les apparitions).
Pour ma part, si je trouve légitime la critique par cette prédicatrice américaine du "développement personnel" (trop marqué par le luciférisme), ou du yoga (trop marqué par l'idiosyncrasie hindouiste, même dans ses versions occidentalisées), je suis plus sceptique sur son rejet de tout le potentiel énergétique humain et naturel: le fluide qui passe par les mains de certains, la lithothérapie etc. Il est dangereux de verser dans le luciférisme, la fantasme d'une émancipation humaine sans connexion à la transcendance du créateur, mais ne l'est-il pas tout autant de trop "rogner" ses talents naturels comme le fait la prédicatrice ?
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J'écoutais hier soir une "YouTubeuse" comme on dit, E** d'E**e, sectatrice d'Isis, fille d'un radiesthésiste. Ses premières vidéos ne différaient en rien de celles de beaucoup d'autres magnétiseurs proposent : initiation au ressenti des énergies dans les mains, à la manière dont on peut faire passer l'énergie d'une main à l'autre, y compris en la faisant transiter par le plexus solaire. Il n'y avait là rien d'inquiétant, du moins en apparence. L'affaire se gâte ensuite quand la médium part dans des discours anti-chrétiens que j'ai moi-même bien connus chez les médiums que j'ai rencontrés, puis explique que notre destin est de nous réincarner indéfiniment, qu'il n'y a pas de mal à tenter d'acquérir des connaissances auprès d'entités invisibles, pourvu que cela n'aille point jusqu'aux pactes de sang... Surtout il ne faut pas, estime-t-elle, se sentir dépendant(e) d'un Dieu créateur, les religions sont mensongères etc. Bref on tombe alors dans le luciférisme le plus "décomplexé"... Inutile de trouver ensuite de ce côté là la moindre incitation à la charité, au sacrifice, ni la moindre philosophie de l'histoire susceptible de nous faire comprendre, par exemple, les parfums antéchristiques de l'époque actuelle (même si on peut lui reconnaître - sur Twitter - une salutaire méfiance à l'égard de l'establishment médical)...
La dame explique qu'elle a passé six années à refuser ses dons de magnétiseuse, et qu'elle en avait payé un prix élevé car cela l'avait coupée de tous ses amis... On peut se demander si c'est vraiment un mal d'être coupé de tout le monde. Les saints chrétiens n'ont-ils pas enduré des épreuves bien plus difficiles en terme d'isolement, d'humiliation etc ? Elle a finalement cédé aux injonctions de ces forces (sans doute héritées de son père) qui l'ont poussée sur la voie de la magie. Etait-ce aussi inéluctable qu'elle le prétend ? Peut-être l'était-ce parce qu'elle n'avait aucun antécédent chrétien dans sa famille, ni des personnes susceptibles d'invoquer pour elle le "nom au dessus de tous les noms" qui l'eût libérée des stoicheia.
On comprend que Doreen Virtue ait voulu éviter cette pente dangereuse qui enchaîne l'âme à des entités très suspectes "déguisées en anges de lumière"... Après, il faut seulement se demander comment doser la chose... Est-ce que mettre un seul doigt dans le magnétisme et les "énergies subtiles", de nos jours, c'est nécessairement prendre le chemin de l'isiacisme ?
Jumeaux

Toute ma vie, jusqu'à ma découverte de l'existence du monde invisible en 2014, je me suis demandé pourquoi il y avait deux saints le jour de ma naissance Côme et Damien. Ma mère qui n'y connaissait rien disait : "on aurait dû t'appeler Côme-Damien". Mais un voile est souvent jeté sur nos yeux qui ne peut être levé qu'en son temps. Dès que je me suis retrouvé entre les mains des médiums, je suis aussi tombé sur une BD de Manara qui m'apprit qu'à la Renaissance on invoquait les Saints Guérisseurs pour guérir les gens : les jumeaux Côme et Damien... Une médium m'a aussi dit que j'étais issu d'une grossesse gémellaire : elle l'avait annoncé avec une certaine solennité - "est-ce que j'ai l'autorisation de vous le dire ? oui, alors je vous le dis" - et m'avait recommandé la lecture du livre "Le syndrome du jumeau perdu" d'Alfred et Bettina Austermann. C'était une époque où je n'accordais plus un crédit automatique à la parole des médiums, et notamment de celle-là, et je n'ai pas pris spécialement au sérieux son propos sur ce thème.
Ensuite quand j'ai emprunté la voie chrétienne, j'ai plutôt identifié ces recherches du jumeau perdu comme des pièges. Mais j'ai pu constater aussi que les soi-disant spécialistes de la Bible (les évangéliques, les théologiens etc) étaient incapables de m'expliquer cette étrange remarque qu'il y a à la fin du verset 11 du chapitre 28 des Actes des Apôtres : "Après un séjour de trois mois, nous nous embarquâmes sur un navire d'Alexandrie, qui avait passé l'hiver dans l'île, et qui portait pour enseigne les Dioscures."
Jamais dans la Bible aucun auteur ne précise quelle enseigne porte un bateau ou de quelle couleur sont les voiles. Peut-on supposer que Saint Luc dans ce passage-là ait "gratuitement" fait une référence aux Dioscures (les jumeaux Castor et Pollux). D'autres lectures du Nouveau Testament m'avaient montré qu'il arrive que les apôtres ne rejettent pas purement et simplement les références païennes : par exemple quand Saint Paul à Athènes fait l'éloge d'Epiménide le Crétois qu'il qualifie même de "prophète".
Cette année divers détails me ramènent aux jumeaux. Mes travaux sur les géants dans la Bible, à travers Michael Heiser, me révèlent l'importance d'une comparaison entre les récits de l'Ancien Testament et les mythes sumériens (à vrai dire je le savais déjà, mais qu'un chrétien convaincu le dise, voilà qui a du poids) début avril dans ce cadre j'ai découvert les travaux de Raymond Kuntzmann dont j'ai acheté le livre le plus connu "Le symbolisme des jumeaux au Proche-Orient ancien : Naissance, fonction et évolution d'un symbole" (1983).
Divers événements du printemps sont venus aussi relancer la thématique de la gémellité. J'ai travaillé sur le livre d'un Abkhaze, or je ne pouvais ignorer que leur capitale, Soukhoum, est l'antique Dioskourias, la ville des Dioscures. Et puis, le 11 juin mon attention était attirée sur un texte un peu curieux sur le rapport de Nietzsche à la thématique de l'âme soeur. Les médiums très souvent "titillent" votre psyché avec la thématique du double. La voyante Maud Kristen n'avait pas hésité à la faire en janvier 2015 quand je l'avais consultée, et je pense que ce n''est pas forcément pour le meilleur... Ce n'est pas là le meilleur aspect du problème.
Sur un plan psychologique à la mode dans les années 1980, Kuntzmann dans la conclusion de son livre notait à propos de Jacon et Esaü ou de Gilgamesh et Enkidu que "le symbole des jumeaux part de l'expérience angoissante de l'homme devant la divinité ou son destin. L'angoisse naît du fait de l'infifférencié, du manque de limites et de contours ou du flux constant qui marquent la divinité, le destin individuel ou l'histoire du groupe. Quand l'homme s'y affronte, ces réalités ne lui renvoient aucune image nette : au contraire, elles le font douter sur lui-même. Le symbole des jumeaux vient alors à point pour introduire les ruptures nécessaires à l'instauration de la différence rassurante". Et il ajoutait qu'il y a aussi une dimension initiatique à la victoire d'un héros sur son jumeau qui est une victoire contre soi-même.
Mais puisque nous parlons un peu de physique quantique sur ce blog depuis quelque temps (voyez ma remarque sur Dozulé), disons un mot sur l'intrication. Je vous renvoie par exemple à cet article de Sara Ducci. Elle écrit : "L’intrication est une des propriétés les plus fascinantes de la mécanique quantique ; quand deux particules sont intriquées, la mesure des propriétés de l’une permet de connaître instantanément les propriétés de sa jumelle, quelle que soit la distance les séparant. Après avoir été démontrée expérimentalement sur différents systèmes, l’intrication est aujourd’hui au cœur de plusieurs domaines de recherche, comme les communications, le calcul et la métrologie." En juillet 2017 un test avec des paires de photons intriqués émis depuis l'espace vers le sol a permis de battre un record en montrant, dans un premier temps, que l'intrication subsistait sur une distance de 1.200 km, et, dans une seconde expérience, qu'il permettait une téléportation jusqu'à 1.400 km via le satellite chinois Mozi. Mais ce genre d'application technique ne m'intéresse pas trop.
Plus profondes sont les implications spirituelles : l'action à distance sur les particules jumelles participe de la structure holographique de l'univers. Jack Sarfatti : "Tous les systèmes de conscience, indépendamment de leur localisation spatio-temporelle par rapport à l'appareillage expérimental, contribuent à l'ensemble du potentiel quantique ressenti par les photons ou les électrons individuels" (cité par Michael Talbot dans Mysticisme et physique nouvelle, Mercure de France, 1984 p. 53 et par le père Brune).
Les Mille et Une Nuits : une ode à l'Islam
Je lisais hier un passage des Mille et Une Nuits, livre dans lequel je ne m'étais pas replongé depuis plus de vingt ans. J'étais sur ce passage où un prince musulman est prisonnier de mages dans une ville païenne et se fait torturer tandis que son frère, parti à sa recherche, se fait séduire par une femme dans la rue.
Cela vous étonnera mais je trouve que ce récit est le plus grand éloge qui puisse être fait de l'Islam. Les protagonistes n'y sont pourtant pas vertueux : ils suivent leurs passions, et boivent même de l'alcool. Mais ils invoquent sans cesse la grandeur de Dieu et s'en remettent à elle. D'une mésaventure à l'autre (toutes étant plus rocambolesques les unes que les autres) jamais ils ne cessent de mentionner la toute puissance du Dieu unique et se confient à elle.
Vous allez trouver que j'ai des idées fixes. Mais je comparais cela au conte païen L'Ane d'Or d'Apulée. Dans ce récit romain le héros aussi endure les pires mésaventures entre les mains d'une "mage" (d'une sorcière) qui l'a transformé en équidé. Mais lui n'a pas de Dieu unique pour le soutenir. Il ne trouve Isis qu'à la fin, et, du coup, subit les outrages sans grandeur.
Le prince musulman, lui, a trouvé son Isis plus forte que la Fortune en la forme du Dieu d'Abraham, et son frère aussi. Et cela favorise toutes leurs audaces. Le frère cède aux charmes d'une fille dans la rue, et pour elle rentre par effraction dans la première maison qui se présente. Certes il s'inquiète, mais la toute puissance de Dieu fonctionne comme une garantie de dernier ressort. L'éthique n'est pas absente, mais elle est secondaire. Et l'homme finira même par couper la tête d'une belle un peu trop impulsive, mais peu importe puisque tout, en dernière analyse, est garanti par Dieu.
C'est un positionnement étonnant par rapport au pouvoir de Fortuna. Le Musulman, à la différence du païen, se sait quelque part au dessus d'elle, même dans ses pires souffrances, par son abandon même à Dieu. Un Chrétien; lui, se serait situé très différemment. Se sachant lui aussi au dessus de la Fortune par le sacrifice de Dieu fait homme, il aurait néanmoins senti qu'il se devait de participer à ce sacrifice dans une surenchère de charité envers tous les êtres situés sur sa route - ce qui bien sûr interdit non seulement de couper la tête d'une femme, mais même de regarder sa beauté. Mission impossible si l'Esprit saint n'est pas de la partie - ou sinon on est dans la pure censure légaliste, la pharisaïsme.
Pas de risque d'hypocrisie chez le héros musulman médiéval pour qui l'abandon total à une Miséricorde, une Puissance, et une Sagesse lointaines qui ne se sont jamais incarnées fait, en soi, par lui-même, office de vertu. Quelque chose qui n'est pas sans évoquer, à certains égards, le quiétisme, dont j'ai souvent posé la problématique sur ce blog. Cela a pour avantage de laisser plus facilement couler le flot de la Fortune et de la Vie dont le sens est confié au jugement de Dieu. Le temps ainsi ne s'arrête pas. Il n'y a pas d'arrêt sur image, pas de fixation morale, ça coule avec fluidité. Et on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve.
Au lendemain de la super-lune éclipsée en sagittaire les astrologues sur Internet recommandent de se garder d'agir et de simplement observer sans trop s'en tenir aux principes du passé. "De tes yeux seulement du regarderas" (Psaume 91). Les lecteurs des Mille et Une Nuits ont pour ce faire une longueur d'avance.
Les rituels de nettoyage
Je progresse difficilement sur mon chemin de compréhension des choses du monde invisible et de l'esprit. Vous vous souvenez que je vous avais parlé en 2018 des streethealers charismatiques américains. J'en ai rencontré une sur Internet le 1er mars. Elle a spontanément proposé de me téléphoner, et de guérir une douleur bizarre que j'ai à la cheville gauche depuis trois ans. Sa "guérison", à ma grande surprise a parfaitement fonctionné pendant une heure, le mal disparaissant, puis semblant se localiser dans le mollet, avant finalement de reprendre sa place à mesure, que, en discutant avec elle, je découvrais peu à peu la méchanceté profonde de cette dame, si perceptible qu'elle semblait donner consistance à la parole de l'Evangile (Matt 7:22-23) : "Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité."
L'impression que cette chrétienne charismatique n'était pas purement personnelle. Elle-même me racontait qu'elle avait été rejetée par toutes les églises, s'était fait des ennemis partout, avait eu des tas de phénomènes paranormaux chez elle, et une paralysie qu'aucun médecin ne savait soigner, des symptômes qui "sentaient le soufre"...
Cela n'a fait que confirmer la mauvaise impression que j'avais retirée de prédicateurs/exorcistes évangéliques qui donnent des conférences d'Interner, mais plus généralement cela me rappelait toutes les fois où j'ai découvert beaucoup d'intolérance et de sècheresse de coeur chez les chrétiens, à l'encontre de la parole de Paul selon laquelle quand on n'a pas l'amour on n'a rien. Certes l'amour est principalement obéissance aux commandements, il va d'abord à Dieu et non à autrui dans l'ordre des commandements, et il est vrai aussi que l'apologie de l'amour dans la culture dominante (ténébreuse) est en fait destinée à couvrir le relativisme moral en laissant tout passer sous couvert de tolérance.
Oui, cela ne fait aucun doute, on ne doit pas chercher à tout prix à s'aimer les uns les autres dans une ambiance lénifiante qui fait le jeu des forces obscures, mais on ne peut pas accepter pour autant que l'héritage évangélique enferme dans l'intolérance et la méchanceté. Il y a cela à l'arrière plan du débat sur la conversion de Doreen Virtue, qui pour sa part heureusement évite l'écueil de la méchanceté, mais "gère" mal le conflit entre la douceur de son tempérament naturel et les positions très tranchantes que la Bible l'oblige à prendre comme on l'a vu dans un billet récent.
Cette problématique remet en selle celle du "nettoyage". Faut-il nettoyer l'âme autrement que par un abandon abstrait (quoique sincère à Dieu) ? Ou risque-t-on par ce biais de réintroduire forcément de la sorcellerie ? C'est la question que posait déjà de façon à peine esquissée mon livre sur les médiums en 2017. La question revient sans cesse. Quand j'ai vu tous les problèmes que j'attrapais au plexus solaire dès que j'allais recevoir un massage de bien être, je voyais bien que l'on ne peut pas ouvrir ses centres énergétiques n'importe comment à n'importe qui. Donc il y a toujours un danger à s'exposer à des "nettoyages énergétiques" dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Pour autant peut-on en faire l'économie ? Et la Bible les proscrit-elle ? Qu'est-ce que le baptême de feu dont parlait Jésus-Christ, si le baptême d'eau de Jean Baptiste, n'est qu'une des formes du mikvé judaïque comme le disait je crois André Chouraqi ? J'entendais ce matin le gourou indien Sadhguru recommander le nettoyage par le feu Klesha Nashana Kriya. Est-ce que le baptême par le feu promis par Jésus-Christ après le baptême d'eau de Jean peut être de cette nature là ? Certes Paul a souligné que le christianisme se vit en esprit et non dans les rituels, au point que les protestants l'ont complètement intériorisé et "dé-ritualisé" à un point que les catholiques n'ont pas pu suivre. Faut-il re-ritualiser ? Dé-ritualiser ? Ritualiser en croisant avec des spiritualités orientales (comme le fit le New Age) au risque que le mélange produise des monstruosités ?
La guérisseuse de rue évangélique dont je parlais plus haut me disait le 1er mars "tu as acquis le discernement spirituel il te faut maintenant le baptême d'eau. Elle me recommandait celui du groupe "La dernière réforme/Last reformation" (parce qu'il est délivré rapidement et sans préparation soulignait-elle)... un mouvement que certains milieux chrétiens jugent complètement hérétique et dangereux... Une médium qui aujourd'hui recommande de fuir toute référence religieuse, Maude, dans une interview par Skype le 1er mai dernier : "le baptême c’est de la magie noire". Alors, avec ce genre de rituel est-ce qu'on se "nettoie" ou est-ce qu'on importe des entités ?
Certains diraient : ne vous posez pas de question là dessus, posez la à Dieu et laissez vous guider. Sauf qu'à avancer "au feeling" comme ça, on se retrouve souvent dans des endroits très sombres. Ne pas trop réfléchir, certes, mais réfléchir un peu quand même. Ne partageons-nous pas un Logos en Christ selon Saint Jean ? Donc il y a bien une part de raison à suivre, même si elle reste forcément modeste dans ces processus. Alors Klesha Nashana Kriya ou pas ? En un sens la question ne se pose pas vraiment puisque cela ne se pratique pas en France. Mais bon, si un jour elle se posait, je serais sans doute bien embarrassé pour y répondre. En 2015, une médium avait voulu m'appliquer des moxas tibétains (procédés de combustion à base d’armoise censés purifier). Compte tenu des cochonneries qui me sont arrivées par la suite, et de l'incompétence de ladite médium pour les régler, je suis bien content que cela ne se soit pas fait. Mais la question de la légitimité de ces pratiques reste ouverte, me semble-t-il.
A propos de Marthe Robin
Dialogue entre un internaute et le prédicateur catholique Arnaud Dumouch sur la page YouTube de celui-ci à propos de la visionnaire stigmatisée française Marthe Robin (1902-1981) :
L'Internaute (I) (30 novembre 2019) : L' enseignement de Marthe Robin sur le salut dans un "processus final de mort" est absolument anti-biblique. Dans la Bible il y a une notion de persévérance tout au long de la vie qui elle seule sauve "celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" (Matth 10:22), et le fait qu'il ne suffira pas de dire "Jésus Jésus" à la fin pour être sauvé. Matth 7:21 "Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux." Bien sûr il y aura des exceptions, car la miséricorde du Seigneur est grande. Mais en déduire qu'il y a aura une majorité de sauvés est diabolique. "Car il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus" (Matth 22:14)
Arnaud Dumouch (AD) : C'est parce que vous ne regardez pas TOUTE la Bible. Par exemple, la parabole des ouvriers de la 11° heure. Mais regardez ces deux textes Ils montrent que l'homme droit qui entre dans l'évangile jusque face à sa venue est sauvé. Au contraire le chrétien qui fait des miracles mais dont le coeur est méchant peut se perdre : Matthieu 25, 34 Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde.Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus me voir.
Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, Matthieu 25, 39 malade ou prisonnier et de venir te voir ? Et le Roi leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. Alors il dira encore à ceux de gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Matthieu 7, 23 Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons ? En ton nom que nous avons fait bien des miracles ? Alors je leur dirai en face : Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité. "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.
I : Arnaud, je lis ceci dans "Portrait de Marthe Robin" par Jean Guitton p. 74 de la version en livre de poche : "Je lui parlais de mes collègues. Oserai-je dire qu'elle avait une préférence pour Jean-Paul Sartre ? Elle exigeait des détails sur 'Madame Simone de Beauvoir', dont elle ne savait rien, si ce n'est ce qu'elle a raconté elle même dans ses livres. De celle-ci, elle me disait : 'Je prie pour elle, car elle n'a pas achevé son oeuvre'. " Me direz vous Arnaud en quoi l'existentialisme athée et le féminisme révolutionnaire ont servi la cause de notre Seigneur ?
AD : C'est uniquement au terme, lorsque sera manifesté la victoire de l'amour, que vous verrez que tout ce que permet le Seigneur a été utile.Pour la génération de Jean-Paul Sartre, regardez : http://eschatologie.free.fr/contes/tome_2_la_fin_des_generations/19_la_generation_de_mai_68.html
I : Je sais bien qu'il faut aimer nos ennemis et persécuteurs, mais de là à faire l'éloge de leur oeuvre ! Imagine-t-on les chrétiens dans l'arène faisant l'éloge de la politique de Néron et de Dioclétien ? Notre Seigneur en Luc 13:32 a traité Hérode de "renard", il n'a pas dit qu'il se réjouissait de le voir développer son oeuvre, même si cette oeuvre du point de vue de la fin des temps était peut-être utile... Avec ce genre de "modèle chrétien" on ne s'oppose à rien, et, comme le pape, on invite des conseillers proches du financier occultiste George Soros au synode sur l'Amazonie...
AD : On fait honneur à Dieu qui met des préparations au salut dans tout ce qu'il se passe en ce monde (sauf le blasphème contre l'Esprit).
I (4 décembre 2019) : A mon humble avis Marthe Robin est inspirée par l'Antéchrist, parce qu'elle annonce un renouveau de l'Eglise de France alors que notre Seigneur lui nous disait de faire comme si la fin était proche et de nous préparer aux persécutions du règne de l'Antéchrist. En promettant un renouveau catholique français, elle cherche à démobiliser les chrétiens, à les désarmer face à l'Antéchrist. D'après la Bible, le vrai renouveau sera seulement avec le règne de notre Seigneur Jésus-Christ sur Terre.
AD : Pourquoi un renouveau pourrait-il nous démobiliser ?
I (6 décembre) ! Parce que les chrétiens vont se dire : "Pas la peine d'être trop vigilants aujourd'hui même puisqu'il va y avoir encore une ou deux générations de renouveau catholique en France - le règne de l'Antéchrist et les temps de la fin ne sont pas pour demain".