Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #philosophie tag

Le shivaïsme chez Michel Onfray

22 Décembre 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Shivaïsme yoga tantrisme, #Philosophie, #Anthropologie du corps

Avant de retourner au shivaïsme de Daniélou synthétisons la façon dont Onfray synthétise le sujet (j'en ai parlé déjà il y  deux ou trois ans sur ce blog.

  onfray.jpg

Dans son Souci des plaisirs, Onfray aborde le shivaïsme après une condamnation de l'érotisme de Bataille qu'il juge morbide. Son intérêt pour le shivaïsme et l'Asie lui serait venue du temple de Khajurâho dont la photo trônait en couverture de l'édition chez 10-18 de L'Erotisme. Pour Onfray Khajurâho est un anti-Vézelay (haut lieu de l'ordre de Cluny où Bataille est enterré).

Suivons pas à pas les paragraphes d'Onfray. Che lui, je l'ai déjà dit, je trouve beaucoup d'approximations énervantes. Quand Onfray parle de "la pratique inchangée du culture shivaïte depuis dix mille ans" je ne le crois pas. Pas plus que je ne crois à son hypothèse selon laquelle le "point rouge" des hindous "ornait probablement (sic) le front des gymnosophistes qui ont généré la pensée grecque avant Socrate" (p. 123 - gloups! ). Parce que les gymnosophistes sont les sages indiens qui auraient initié Pyrrhon d'Elis ne sont cités qu'à l'époque hellénistique, Pyrrhon lui-même si je me souviens bien fut un soldat d'Alexandre et c'est à ce moment là qu'eut lieu la grande Rencontre Orient-Occident qui allait donner l'art du Gandhara, les grands royaumes grecs bouddhistes de Bactriane etc. Mais même si on suit MacEvilley sur les influences indiennes sur l'Inde et réciproquement à l'époque classique, celui-ci est très loin d'affirmer que des sages hindous aient pu "former" des présocratiques. Encore moins qu'on ait pu à ce moment là les qualifier de "gymnosophistes". Veut-il, lorsqu'il se réfère aux "soixante siècles avant les pyramides" se référer aux premiers indo-européens qui formeraient le substrat commun aux Grecs et aux indiens Aryens ? Mais alors au nom de quoi dire qu'il y avait parmi eux des "gymnosophistes", et comment savoir qu'ils avaient déjà adopté le "point rouge" ? Tout cela ressemble à un petit rêve de professeur de collège qui extrapole un délire à partir de deux ou trois notions "point rouge" "gymnosophistes" "pyramides" qu'il a vaguement croisées dans ses livres.

Onfray "déduit" de la forme architecturale de Khajurâho que "derrière la multiplicité des dieux du panthéon indien se trouve toujours Shiva", puis se livre sur deux pages à une apologie des gros seins et des hanches généreuses des figures féminines du temple (pour les opposer systématiquement aux corps "tristes" de l'iconographie chrétienne). Puis quand il en vient aux scènes de zoophilie et au rire des touristes devant elles (il pense que les touristes n'y voient que l'aporie solipsiste de la sexualité masculine), Onfray quitte la solitude (sollipsiste elle aussi) de ses déductions pour faire un détour par un regard tiers, celui du "spécialiste mondial du tantrisme" (p. 129) qu'il a rencontré en compagnie d'une équipe de reporters espagnols qu'il connaissait. Le philosophe repose à ce "gourou" de vouloir "verrouiller" toute interprétation possible à partir d'une connaissance ésotérique de la symbolique tantrique que seul ce spécialiste aurait (mais Onfray reconnaît quand même que le spécialiste a écrit un livre là dessus, ce qui n'est donc pas si ésotérique).

Onfray ne citera pas son nom. Son texte va viser avant tout à discréditer l'interprétation du gourou. Dans un premier temps (p. 130) il va s'attacher à montrer que le tantrisme n'est pas ce qu'on croit. Que ce mot peut s'appliquer à toute "pratique métaphysique - corporelle - dans laquelle les exercices spirituels permettent la transmission ésotérique". Il pense donc à partir de là que le tantrisme remontait aux Dravidiens avant l'invasion aryenne de l'Inde (en soulignant à nouveau que leur shivaïsme fut en fait le père de l'hindouisme, du bouddhisme... et de la philosophie grecque ! of course). Ensuite c'est finalement la scène zoophile qui va lu permettre de s'éloigner définitivement de l'interprétation du spécialiste, le "gourou" ayant eu un peu rapidement tendance à expliquer la zoophilie uniquement par le "réalisme" de la scène qui montre des soldats en campagne confrontés à la pénurie de femmes (p. 133).

A partir de là, le philosophe va reprendre cette scène de zoophilie pour affirmer que l'homme en pénétrant la jument reproduit le geste fécondant de Shiva, puis développe une apologie du shivaïsme comme refus de la rupture du continuum entre hommes et animaux qu'instaure le christianisme. Du coup dans le holisme shivaïque se  réconcilieraient "les parties de la nature dans une grande Unité spinoziste" (p. 139), ce qu'Onfray va encore retrouver dans la conception du corps en Inde où le dualisme n'existerait pas, une conception qu'il va s'empresser en quelques phrases rapides (qui tiennent plus du slogan que de la démonstration) à rapprocher du "conatus" de Spinoza, de la volonté de Schopenhauer (pas très enthousiaste pour la sexualité pourtant) et des "machines désirantes" de Deleuze... pour enchaîner sur le Kamasûtra (sans démontrer non plus quel continuum existe réellement entre le shivaïsme et cette oeuvre, autrement que par une hypothétique prégnance de Shiva dans toute la pensée indienne).

Voilà l'état du dossier en ce qui concerne Onfray. Je reviendrai sur tout cela prochainement.

Lire la suite

Eric T. Olson

29 Septembre 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie

La revue française Terrain de mars 2009 publie un article de Eric T. Olson. Une occasion de découvrir la philosophie de ce théoricien matérialiste américain qui défend une définition strictement animale de l'identité humaine.
Lire la suite

Wittgenstein sur le débat naturalisme/constructivisme

27 Septembre 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie


Selon Bouveresse chez Wittgenstein "Aucun fait de la nature et aucun fait de la nature humaine n'a rendu inévitable (ni, d'ailleurs, non plus impossible en soi) l'adoption de telle ou telle structure grammaticale, mais l'a seulement rendue tout au plus particulièrement naturelle (ou, au contraire, pas du tout naturelle)"


J. Bouveresse, La force de la règle. Wittgenstein et l'invention de a nécessité, Paris, Minuit, 1987, p. 63 cité par Etienne Anheim, Stéphane Gioanni, La Nature, la construction sociale et l'histoire, Remarques sur l'oeuvre de Ian Hacking, in Naturalisme versus constructivisme ? Paris, Editions de l'EHESS, 2007 p. 311

Lire la suite

"Ius, l'invention du droit en Occident" d'Aldo Schiavone

18 Juillet 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Notes de lecture, #Histoire des idées, #Philosophie

Je voudrais dire un mot ici du livre "Ius, l'invention du droit en Occident" d'Aldo Schiavone publié en décembre dernier chez Belin et que je commence à peine à parcourir.

Le livre n'est pas toujours très limpide et donne plus souvent l'impression de régler des problèmes ou de démontrer quelque chose que de le faire réellement. Toutefois, il a le mérite de s'attaquer à un problème d'une envergure immense : celui de l'invention du droit à Rome (et non pas en Occident) car pour moi Rome n'est pas l'Occident.

Je suis très intéressé par certaines remarques de Schiavone : son refus d'avoir une appoche évolutionniste des origines de Rome (ce qu'il appelle la genèse interdite - p. 62) pour lui substituer une approche structurale (avec un hommage rendu à Dumézil) puisque rien n'est connu avant le 550 av JC. Sa vision d'une société de chefs guerriers (la proto-aristocratie romaine) qui se coalisent sans homogénéité ethnique, l'aventurier en leur sein qui a pu fonder la ville en rompant les liens de sang (Romulus), le lien de réciprocité entre les pères de famille et leur attache directe au divin. L'auteur évoque comment le culte du divin est en lien étroit avec les prescriptions (dans un rapport d'échanges réciproques) et se demande comment la séparation de l'un et de l'autre (du cultuel et du prescriptif) débouche sur une autonomisation de la sphère de l'éthique au Proche-Orient, du politique en Grèce, et du droit à Rome. Le droit, nous explique Schiavone, naît d'une appropriation du prescriptif par des savants (notamment dan un premier temps les pontifes) qui, tout en l'ayant laïcisé, ne l'abandonnent pas à la société.

Pourquoi cette particularité romaine ? Schiavone la fait dériver d'un "syndrome prescriptif" qui enferme le rapport aux dieux dans un réseau de rituels obsessionnels (la cohorte de dieux et de pratiques qui leur sont associées alors que les Grecs ont préféré des inventions cosmogoniques qui donneraient naissance à la philosophie). Il s'agit de recevoir une garantie divine à chaque instant, symptôme de la crainte permanente des voisins (Sabins, Latins, Etrusques) (p. 70). Cet ensemble de gestes sacrés (la main qui prend, qui donne, le bâton du pouvoir, le pas en arrière, le mot du serment. Le ius porterait la notion indoeuropéenne de yaos, soumission aux rites.

Schiavone trace un parallèle entre le syndrome ritualo-prescriptif de Rome et celui d'Israël. Pour lui, le droit en est devenu le réceptacle à Rome, comme la morale l'est devenue dans la culture judéo-chrétienne. 

Les démonstrations sont parfois un peu rapides et gagneraient  à mobiliser davantage de comparaisons anthropologiques. Mais les hypothèses faites dans les premiers chapitres sont intéressantes. Je reviendrai peut-être sur ce livre quand j'aurai parcouru les chapitres suivants.
 
 

Lire la suite

Ce qu'il faudrait faire en philosophie

9 Avril 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie

Les philosophes professionnels, académiques, qui vivent de leur art sont donc condamnés à écrire des tonnes de livres d'histoire de la philosie ou des plagiats des anciens auteurs sans vraiment chercher à faire de la vraie philosophie, une philosophie qui réponde aux besoins réels de l'humanité à son stade actuel d'évolution.

Un correspondant me parlait ce soir d'Agamben en ces termes : "Un "philosophe" italien néo-nietzschéen prétentieux post-moderne assez creux mais bavard". L'Italie n'est pas un pays de philosophes, précisément parce que la culture y est trop bavarde. J'ai lu il y a quelques années son livre "L'ouvert de l'animal", c'était assez pathétique parce que ça travaillait l'animalité (un sujet qui me préoccupe) dans le prolongement de Heidegger  mais dans l'ignorance complète de l'éthologie animale et de ce que la science peut vraiment savoir des instincts.

Je n'ai rien contre le fait qu'on reprenne certaines problématiques heideggériennes (la dimension "existentiale" de sa philosophie).

La philosophie heideggerienne a des côtés très intéressants. J'aime bien chez Heidegger son côté vieux paysan allemand bourru. Il l'a cultivé. Il avait raison.

Sa façon de s'opposer à l'intelligentsia néokantienne (qu'a si bien décrite Bourdieu) en s'appuyant sur les présocratique. Son idée, de génie, de ressortir ce vieux mot allemand archiplouc, Dasein, contre les pédants qui utilisaient le mot d'origine latine d'Existenz.

C'était une belle façon d'enraciner la pensée dans un vécu "terrien".

En revanche, je réfute l'être-pour-la-mort. C'est de la morbidezza. Je préfère ce passage spinozien (et épicurien) de Nietzsche où il observe que tout le monde vit dans l'ignorance de la mort, et qu'en cela tout le monde a raison. (Il le dit dans son plus beau livre d'ailleurs la Gaya Scienza si je me souviens bien, un livre qui parle italien jusque dans le titre, un livre solaire, où il dit qu ela mort suit les gens comme une ombre mais qu'ils ne la voient pas). Il a raison. La possibilité du jeu social, et du jeu du désir est à ce prix.

Il y a une erreur d'Heidegger de se concentrer sur la mort, et, du coup, une façon de jeter le bébé avec l'eau du bain (le jeu social, la science, toute forme d'objectivation du savoir).

Je parle ici de sa philosophie avec des mots très terre à terre, pour ompre un peu avec de mauvaises habitudes que m'avait données la Sorbonne il y a 15 ans. Comme Hume maintenant je crois qu'il faut parler de philosophie avec le langage de Monsieur tout le monde, le langage du "common sense" comme il disait

Je n'ai donc rien contre le fait que l'on reprenne quelques problématiques heideggériennes (la dimension "existentiale" de sa philosophie) pourvu qu'on le fasse dans un esprit d'échange avec la science (ce qui suppose de ne plus poser de la même façon l'opposition être/étant dessinée par Heidegger).

De même je crois aussi qu'il est possible de faire dialoguer le deleuzisme avec la science.

On ne pourra pas éviter cette espèce de dialogue ternaire Heidegger-Deleuze-Sciences. C'est à dire au fond confronter la philosophie comme expérience intime et esthétique de la condition humaine (qui a été poussée de la façon la moins métaphysique qui soit dans le nietzschéisme et l'heideggérianisme), au savoir objectif sur cette même condition.
Lire la suite

Match de philo Allemagne-France (Monthy Python)

19 Février 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie

En anglais sous-titré (il faut passer en accéléré le long sketch du milieu) :



En italien :

Lire la suite

Universalité de la morale

30 Janvier 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie

Extrait de Pour en finir avec Dieu de Dawkins (p. 232 - 235) :

"Si notre sens moral, comme notre désir sexuel, est profondément enraciné dans notre passé dawrwinien, antérieurement à la religion, on devrait s'attendre à ce que la recherche sur l'esprit humain mette au jour des universaux moraux, au delà des barrières géographiques et culturelles, et aussi, c'est crucial, des barrières religieuses. dans son livre Moral Minds : How nature designed our universal sense of right and wrong, le biologiste de Havard Marc Hauser a exploité à fond un thème fructueux d'expériences de pensée suggéré à l'origine par des philosophes moralistes (...). On présente un dilemme moral hypothétique, et notre difficulté à y répondre nous renseigne sur notre sens du bien et du mal. (...) Les dilemmes moraux typiques de Hauser sont desvariations sur le thème du camion fou, ou du "wagonnet" fou sur des rails de chemin de fer, qui menace de tuer un certain nombre de personnes. Dans la version la plus simple, on imagine une personne, Denise, à côté d'un aiguillage et susceptible de détourner le wagonnet vers la voie de délestage, sauvant ainsi la vie de cinq personnes coincées en amont sur la voie de délestage. Malheureusement, un homme est coincé sur la voie de délestage. Mais comme il est seul, en infériorité numérique par rapport aux cinq de la voie principale, la majorité des personnes interrogées s'accordent à dire qu'il est moralement permis, sino obligatoire, que Denise actionne le levier pour suver les cinq en tuant celui qui est seul. Nous ne prenons pas en considération des possibilités hypothétiques, comme le fait que l'homme sur la voie de délestage pourrait être Beethoven ou un ami proche.

Les élaborations de cette expérience de pensée présentent une série de cas de plus en plus aigus. Et s'il est possible d'arrêter le wagonnet en faisant tomber (...) un énorme bonhomme assis sur le pont (...). Ce que veut montrer Hauser, c'est que ces intuitions morales ne procèdent souvent pas d'une rélexion bien élaborée, mais qu'elles se font quand même forteùent sentir du fait de notre héritage dans l'évolution.

Dans une curieuse incursion dans l'anthropologie, Hauser et ses collègues ont adapté leurs expériences sur la morale aux Kuna, une petite tribu d'Amérique centrale n'ayant guère de contacts avec les Occidentaux et pas de religion formelle (...) on observe chez les Kuna les mêmes jugements moraux que chez nous."
Lire la suite

Petite précision sur la philosophie morale

9 Septembre 2008 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie

En réponse aux remarques de Laurent dans mon précédent post ci dessous, je dois préciser ceci : la philosophie morale a toujours été une des sous-parties de la philosophie, mais elle s'articulait toujours à une ontologie (même chez les stoïciens et les épicuriens). Avant Kierkegaard, personne n'aurait jamais songé définir une éthique sans avoir d'abord avancé une hypothèse sur la place de l'humain dans le cosmos et ce qu'on croyait être les "lois de la nature".

Laurent affirme que Kant n'aimait pas la métaphysique, mais c'est tout le contraire. Kant à ses débuts, dans ses premiers traités, était un métaphysicien dogmatique frénétique. Un leibnitzien convaincu. Le problème c'est qu'il était confronté au scepticisme de Hume (et aussi à l'irrationnalisme d'un mage si l'on en croit certains ouvrages) qu'il devait réfuter. Si bien que sur ses trois ouvrages majeurs (les trois critiques), le premier ("La Critique de la Raison pure"), est tout entier consacré à la métaphysique (ou si l'on veut à l'ontologie).

L'oeuvre de Kant est, d'une certaine façon, tout entière une tentative de restaurer la possibilité d'une ontologie. Mais, face aux crises du savoir (et de la religiosité) de son temps (une crise dont Hume "est le nom", si l'on veut, pour parler comme Badiou), il lance l'idée originale de "sauver" la métaphysique par la pratique, c'est à dire de montrer que les options métaphysiques (l'existence de Dieu, la spiritualité de l'humain, les vérités théologiques sur le cosmos etc) peuvent être validées par la possibilité même qu'a l'humain d'introduire de l'inconditionné dans sa pratique morale (Critique de la raison pratique) et dans sa production artistique (Critique de la faculte de juger). Entreprise identifée comme une trahison (ou un moment sceptique) de la métaphysique par Hegel. Tout un existentialisme catholique, et protestant ensuite allait s'inspirer de critiques plus ou moins rationnelles de la métaphysique classique pour réhabiliter les Mystères de la religion chrétienne, tandis que l'existentialisme athée allait, lui, mettre l'accent sur les options politiques que la fin de la métaphysique offre à l'être humain.

Aujourd'hui je ne sais pas trop à quoi sert cette philosophie morale qui n'a ni l'ambition de fonder la possibilité d'une quelconque ontologie, ni celle d'ouvrir la voie à une rédemption du sens par la politique. Il est tout à fait exact que la philosophie morale à diverses époques a pu fonctionner comme un supplétif de la religion (de la religion civique en faillite chez les Grecs et les Romains, du christianisme ou de l'Islam ensuite, du républicanisme sous Jules Ferry) auprès des "classes moyennes" qui ne pouvaient se consacrer à plein temps à la lecture. Aujourd'hui elle rend service à beaucoup de gens, et à beaucoup d'institutions : par exemple au marché de l'art, en poussant les gens à "soigner leur subjectivité" en allant visiter des galeries et des musées. Mais je trouve qu'elle n'est pas à la hauteur des vrais enjeux de notre temps. La science nous pose mille questions sur le statut de la matière, ses lois, les lois de l'esprit "adapté", suivant la sélection darwinienne, au fonctionnement de la matière. Ce sont là des questions ontologiques qui doivent être pensées, et qui doivent être prolongées par une réflexion éthique et politique sur l'animalité de l'humain, la manière dont celle-ci doit être comprise, organisée par les institutions, et l'avenir collectif que notre espèce doit s'assigner en relation avec les autres espèces, en relation aussi avec les machines, la technologie, des questions à repenser radicalement et de la façon la plus iconoclaste possible, ce que ne fait pas la philosophie morale des supermarchés.

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>