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"Ne jamais accepter de boissons ni des mouchoirs.. des stylos..."
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Une dame originaire de la Martinique m'écrit ce matin : "Oh ! la la ! Les filles des Iles sont vindicatives...et très portées sur tout ce qui est magie. En Martinique, Guadeloupe..Haïti.. bref.. elles sont fortes...avec une mèche de cheveux, des vêtements...n'importe quels articles qui nous appartiennent....
A ma fille je disais de ne jamais accepter de boissons ni des mouchoirs.. des stylos...rien qui ne lui appartenait pas, de tout refuser ..mais vous savez les jeunes n'écoutent pas les parents...elles sont rebelles"
Le quiz du mois
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(1) Depuis la Christelle Laffin, de Madame Figaro, aucun journaliste ne m'a jamais plus interviewé sur les médiums. Pourquoi ?
(2) M. Prolongeau écrit sur la nudité, puis sur les chamanes (et le spiritisme) ; la rabbine Horvilleur écrit sur la nudité, puis sur nos rapports avec les morts ; Christophe Colera écrit sur la nudité puis sur les médiums - pourquoi ce schéma commun à ces trois auteurs ?
(3) Pourquoi le possédé dans l'Evangile (Marc 5,1-20) qui ne supporte pas les vêtements vit-il dans les cimetières ?
A propos d"une déclaration des Bananarama après leur tournage du clip "Venus"
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Dans mon livre sur les Nephilim, j'ai un peu évoqué la thématique des artistes de la pop et du rock qui avaient vendu leur âme à des entités ou pratiqué l'occultisme. C'était un peu ma façon de me racheter des erreurs de mon précédent livre "Les Tubes des années 1980" dans lesquels j'avais pris sans suffisamment de recul les enjeux spirituels de ce genre musical. Je l'ai aussi fait sur ce blog à propos de l'Italodance, ou de Belinda Carlisle.
Je me penche ce matin, en parcourant la revue britannique Smash Hits du 18 juin 1986 (p. 14) les déclarations des Bananarama après la sortie de leur single "Venus" :
Slobhan Maire Fahey (déguisée en diable dans le clip) déclare à propos du personnage qu'elle joue : "c'était une image classique d'un certain type de femme que l'on retrouve toujours dans les contes de fées, comme la méchante sorcière. En fait à 11 ans j'ai vraiment été la méchante socière dans La Belle au Bois Dormant. Le problème est que je me suis laissée emporter par le mal et que j'ai juré devant le professeur" ( "it was a classic image of a certain kind of woman that you always get in fairy stories, like the old wicked witch. In fact when I was 11 I was the wicked witch in Sleeping Beauty. The trouble is I got carried away with being evil and swore in front of the teacher"). Il est étonnant qu'elle relie son rôle de 1972 à un penchant pour le mal qu'elle aurait ensuite développé.
Sarah Dallen (déguisée en ange, ou en ange déchu...) précise : "L'une des tenues était comme Morticia de la famille Addams ... j'ai aimé être Morticia " ("One of the outfits was like Morticia of the Addams Family... I enjoyed being Morticia").
Keren Jane Woodward (déguisée en vampire française dans le clip) explique que le cercueil dans lequel on la voit dans le clip a une histoire chargée : "En fait, le cercueil dans lequel j'étais couchée a été utilisé dans l'un des films de Christopher Lee" ("Actually the coffin which I laid in was used in one of Christopher Lee's films").
Il est curieux que les milieux artistiques réutilisent sans cesse les mêmes objets comme des fétiches. Par exemple les membres du groupe Queen enregistrèrent le célèbre morceau Bohemian Rhapsody (un morceau qui a été créé par canalisation et qui comprend du contenu occultiste) sur le piano de Paul McCartney (qui a un passé maçonnique et ésotérique très chargé).
Dans le cas de Christopher Lee, l'utilisation d'un cercueil qui a servi au tournage d'un de ses films d'horreur n'est pas forcément anodine. Celui-ci a expliqué dans une interview de 1975 alors qu'il jouait "Dracula père et fils" que dans un film il joue un prêtre qui préside une cérémonie blasphématoire. "Ces cérémonies (de baptême sataniste) doivent être blasphématoires pour être efficaces" explique-t-il, après avoir précisé que selon lui la magie noire est réelle. "Je les préside au nom du seigneur obscur dans une église véritable. Je suis un acteur, je joue un rôle de même que les autres personnes devant la caméra font partie de la cérémonie avec moi. Je demande aux parents du vrai bébé que je baptise, dans une véritable église, sur un mode blasphématoire, si ça ne les inquiète pas ". Il admettait ainsi que le tournage de scènes dans lesquelles des incantations blasphématoires n'ont rien d'inoffensif : des effets spirituels se produisaient sur les scènes de tournage. Utiliser un cercueil qui a servi dans ce genre de cadre pouvait être pour le moins risqué...
Shocking Blue, le groupe psychédélique néerlandais, qui avait chanté pour la première fois "Venus" repris par les Bananarama avait interprété par ailleurs une chanson, Devil's Suite, dont les paroles laissent entendre un possible investissement dans l'occulte : "It hurts me so to be/Under your spell/Ain't no heaven for me, but a hell/But after all, I can't let you go/Cause I love you so, demon lover". La source de "Venus" remonte aux Beatles : "En 1988, Cor van der Beek a avoué que «Venus» «avait été volée aux Beatles»." (car il est en partie inspiré de "Get Back"). Ce groupe dont la chanteuse était gitane a aussi fait l'éloge du vaudou, de la magie du nombre 7, de la danse des scorpions... Rien de très sain sur le plan métaphysique, et les Bananarama ont hérité de ça... pour le transmettre à leur public, soi-disant sur un mode humoristique et au second degré...
Un mot sur le père Bernard Vignot
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Hier j'ai eu à connaître incidemment d'une "église parallèle" de guérison qui se trouve dans ma ville. J'ai pensé interroger à ce sujet M. Bernard Vignot, ancien recteur pour la France des vieux-catholiques d’Utrecht, et chanoine de la cathédrale anglicane de Paris, auteur du livre "Le phénomène des Églises parallèles". Je viens d'apprendre son décès, à l'âge de 83 ans, le 12 septembre 2019 après lui avoir envoyé un courriel qui m'est revenu. Ne pouvant donc poursuivre le dialogue avec lui, je publie ici le mail qu'il m'avait adressé, le 10 décembre 2018, à propos de mon livre "Les médiums", paru chez L'Harmattan en 2017. Je suis largement en désaccord avec son approche qui est liée à l'orientation moderniste de l'Eglise qu'il servait, et qui fait selon moi, la part trop belle aux sciences humaines au détriment de la spiritualité, mais, comme il y parle d'un "prêtre-guérisseur" (le "père Mathieu" - pseudonyme) que j'évoque dans le livre, je me suis dit que son point de vue pouvait intéresser certains de mes lecteurs. En outre, même si j'étais en désaccord avec beaucoup de ses rationalisations, je dois préciser que sa distance critique et son recul historique par rapport au phénomène des églises crypto-catholiques me fut à certains égards utile ne serait-ce que comme stimulant de mon sens de l'investigation. Et donc voici ce qu'il m'écrivait :
"Je comprends votre souhait de connaître mon avis…C’est un grand honneur que vous me faites. En suis-je capable ? On va essayer.
D’abord j’ai voulu lire soigneusement votre livre. C’était nouveau pour moi. Je connais bien sûr le sujet mais la manière dont vous décrivez est nouvelle pour moi. Il est difficile de tirer le vrai du faux, car dans ce monde, il y a beaucoup de « faux semblants » et de tromperies. C’est pourquoi les médiums relèvent parfois de la supercherie. Vous allez penser tout de suite que je rejoins les gens incrédules qui portent peu d’intérêt à cette vision des choses, ce n’est pas exact. Je suis prudent voilà tout et j’ai une bonne expérience derrière moi. Tout être humain cherche au-delà de sa vie à retrouver la vérité… Alors on voit parfois les doctrines les plus farfelues surgir un peu partout. Chacun essaie de donner un sens à sa vie… La médiumnité n’est pas plus mauvaise que d’autres expériences. Après tout Victor Hugo et Camille Flammarion faisaient tourne des tables ! C’est très respectable mais c’est tout.
Vous savez que je suis chrétien et que ma foi s’enracine à la fois dans l’expérience et dans l’étude. Vous désirez savoir, et je ne demande à personne de suivre mon expérience. Chaque expérience est unique. Vous voulez savoir quels furent mes rapports avec "le père Mathieu". C’est certainement un brave homme. J’ai été quelquefois dans sa chapelle. Rien de bien transcendant. Il fait du culte, un culte populaire qui convient aux gens simples qui gravitent autour de lui. Lorsqu’il rencontre des gens tels que vous, il adapte son discours et il est possible qu’il essaie de trouver des idées qui correspondent aux vôtres. J’ai passé une grande partie de ma vie à étudier ces "petites Eglises" (qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec les vieux-catholiques – cela fait plus sérieux de s’affubler de ce titre). C’est d’un point de vue sociologique que j’ai toujours vu ces groupes.. ;
Voilà une faible participation à votre travail. Bien sûr on peut se rencontrer pour mieux en parler".
Les enthéogènes
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On parle beaucoup depuis quelque temps de l'ayahuasca qui est un enthéogène, c'est à dire une substance (illégale en France, mais d'usage courant en Amazonie) qui provoque des états modifiés de conscience de nature à mettre en contact avec des entités de l'au-delà, dont les effets ont été étudiés de façon expérimentale dans les années 1990 par le psychiatre Rick Strassman et qui a même sa propre église, fortement soutenue par une des membres du clan Bronfman qui, en Amérique du Nord, s'est par ailleurs distingué par son rôle au service de la secte sexuel NXIVM.
Le dossier des entheogènes est très fourni. Pour l'heure je n'en traiterai qu'un aspect qui est un livre d'anthropologie écrit en anglais que j'avais lu en version espagnole du temps où je vivais à Madrid, en 1994 : "Persephone's Quest: Entheogens and the Origins of Religion", de Robert Gordon Wasson, Carl A.P. Ruck, Stella A. Kramrisch.
R. Gordon Wasson journaliste du Herald Tribune s'est consacré à partir de 1927 avec son épouse russe le docteur Valentina Pavlovna à l'étude du rôle des champignons dans la culture. Il étudia à partir des années 1950 les enthéogènes de la région d'Oaxaca au Mexique, puis en 1963 avec Roger Heim, directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Paris ceux du peuple kuma en Nouvelle Guinée, et en 1968 le putka en Inde (le soma des indo-européens).
Il a identifié avec l'indianiste Stella Kramrisch, le soma indo-européen bu par les brahmanes comme provenant de l'amanite tue-mouche (amanita muscaria). Puis il a estimé que l'utilisation du claviceps purpurea (ergo du seigle) avec du paspalum distichum (paspale distique) a pu jouer un rôle dans les mystère d'Eleusis en Grèce. En août 1953 il put vérifier l’acuité des prévisions que donnaient les enthéogènes auprès d'un chamane mexicain.
En France des dictons relient les truffes aux tonnerre qui aide à les faire pousser, de même Pline l'Ancien à propos des tuber (truffes et terfezia), Plutarque dit la même chose de l'hydnon, équivalent du tuber, ainsi qu'Athénée (dans ses Deipnosophistes) de son équivalent thrace, l'oiton. Dans l'est de la France on dit même que les bolets prolifèrent où tombe la foudre. Dans le piémont aujourd'hui, le lactaire sanguin est appelé champignon-tonnerre. Chez les Bédouins (p.107) les banaturrad, "filles du tonerre" qui se ramassent après les orages diluviens pourraient être les Helianthemum lippii (terfezia). On a là donc l'idée que le champignon peut faire système avec le tonnerre, et je vous renvoie là dessus au très intéressant cours de Gene Kim du 15 janvier dernier (en anglais) sur l'électricité dans la Bible : ici sur You Tube.
Je ne développerai pas les autres aspects intéressants de cet ouvrage collectif et me contenterai pour l'instant de terminer sur cette observation : une des nombreuses preuves du fait que ces enthéogènes ne sont pas de simples hallucinogènes mais bien des entheogènes qui font rencontrer des entités clairvoyantes se trouve en p. 37 de la version espagnole du livre. Le samedi 15 août 1953 au soir, à Huautla de Jimenez village de l'État de Oaxaca au Mexique, Wasson se trouve en présence de l'anthropologue Roberto Weitlaner à discuter avec le boucher borgne-chamane Aurelio Carreras. Carreras a fourni des champignons enthéogènes. Soudain, Weitlaner demande au chamane s'il veut bien l'aider. Le chamane hésite puis leur donne rendez-vous à 9 heures. Pendant la nuit il mange lentement les champignons sans incantation, puis parle (en mazatèque) dès que les champignons "parlent" en lui. Wasson et son épouse disent qu'ils veulent avoir des nouvelles de leur fils Pierre, 18 ans, qui n'est pas entré en contact avec eux depuis plusieurs jours. Le chamane Carreras leur demande où il se trouve. Ils répondent qu'il est près de Boston. Au début le chamane a du mal à le localiser car c'est pour lui une ville grande et étrange. Au bout d'un moment il dit : Peter est vivant mais "ils" essaient de l'envoyer à la guerre. Après une heure de silence il dit que Peter est chez lui à New York, que ses pensées sont avec ses parents jusqu'aux larmes. Vers 1h45 le chamane annonce à Wasson qu'un de ses parents sera gravement malade pendant l'année.
A leur retour les Wasson trouvent dans leur appartement à New York les restes d'une fête dont Peter put confirmer qu'il l'avait bien organisée là le 15 août au soir (alors que les Wasson le croyaient encore à Boston), ce que les factures des repas confirmaient. Ils n'avaient pas trop cru le chamane qui avait parlé d'un appel à la guerre car le jeune à 17 ans avait déjà fait son service militaire dans la garde nationale ce qui devait l'exempter de tout autre enrôlement. Mais, le 3 octobre, l'ethnologue recevait, à Genève, un télégramme de son fils lui annonçant qu'il s'engageait pour trois ans dans l'armée suite à une crise affective (une histoire de coeur) qui avait culminé quand ses parents avaient été au Mexique (ces pensées jusqu'aux larmes vues par le chamane) mais dont il ne leur avait rien dit. Enfin, en janvier 1954 un cousin de Wasson (qui n'avait qu'une famille très réduite car la génération précédente était morte), mourut d'une crise cardiaque alors qu'il était en pleine forme. Wasson y a vu la preuve que lorsque les champignons avaient "parlé", ils avaient fait bien autre chose que simplement provoquer une hallucination ou révéler une invention de la psyché du chamane.
Je précise que, de mon point de vue, ces entités, comme celles qui parlent aux voyants dans les taros (j'en ai parlé dans mon livre sur les médiums), ne connaissent pas l'avenir mais embrigadent dans des pactes ceux qui ne prennent pas de distances à l'égard de ce qu'ils annoncent. Mais cette anecdote, avec ses éléments de vérification externe, montre bien en tout cas que des entités s'exprimaient là, et non pas la psyché d'Aurelio Carreras.
Une histoire de médiumnité qui implique le Maharal de Prague
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Le Maharal de Prague, Juda Lœw ben Bezalel (1512-1609) est l'inventeur du Golem, créature qui, selon la tradition juive qui inspira Goethe, protégeait les Juifs de la ville contre les persécutions, une tradition sur laquelle on reviendra...
Il y a une histoire qui implique le Maharal de Prague l'inventeur du Golem que racontait le rav Menahem Berros en 2017 ici. Maria, chrétienne tchèque, est orpheline à l'âge de 10 ans. Devenue jeune fille elle est employée comme nourrisse chez Rabbi Avraham. Elle y reste dix ans et se passionne pour l'étude de la Torah et de ses commentaires. Elle doit cependant accepter de se marier avec un tanneur du bourg, Pawel, qui souvent sous l'empire de l'alcool la bat. Elle finit par s'enfuir, et, se faisant passer pour une pauvre juive et s'être rasé la tête, sous un faux nom elle se rend à Prague. Elle est employée chez un riche juif nommé Moshe. A la veille de sa mort l'épouse de Moshe lui demande de se marier avec celui-ci ce qu'elle accepte et elle aura deux enfants avec lui. Mais voilà que Pawel est parti à la recherche de son épouse légitime. Il a recours à des mages-astrologues qui en vertu de leur médiumnité la repèrent à Prague et la voient, à distance, écrire un livre en hébreu. Il s'y rend. Marie ayant vu passer Pawel à Prague, elle se rend chez le Maharal dont elle suit les cours à la grande synagogue pour lui demander conseil. Celui-ci sait que c'est par les médiums-astrologues que Pawel retrouve sa trace. Il lui dit : "celui que ton mari consulte à Prague en ce moment pour te retrouver ne pourra travailler ce soir avec les astres car il y a des nuages, reviens me voir demain". Quand Maria revient le lendemain, le Maharal lui dit : "Demande à une femme juive d'aller prendre de la terre d'une tombe juive où le corps est enseveli et mêlé à la terre (Genèse 2:7), de la mettre dans un sac, et de placer son sac sous ton oreiller sur lequel tu dormiras la nuit suivante". La nuit suivante le médium que Pawel consulte pour retrouver Maria lui dit : "je la vois allongée, mais elle a de la terre sur la tête, elle est morte". Pawel dépité accepte alors de quitter Prague, convaincu que sa femme est décédée.
L'histoire fait un peu penser à celle du comte Potocki (un chrétien polonais lui aussi converti au judaïsme) à qui au XVIIIe siècle le Gaon de Vilna aurait proposé d'échapper à la prison par téléportation. Elle est utilisée à plusieurs fins pédagogiques par les rabbins, à la fois pour montrer que la conversion au judaïsme est valable dès lors qu'elle est sincère, ainsi que les actes religieux qui en découlent comme le mariage, quand bien même ils sont pratiqués sous couvert de mensonge et de dissimulation (comme le mariage avec Moshe), mais aussi pour montrer que le Maharal de Prague, en vertu de son application très rigoureuse de la Torah (tout comme celle de Marie la Chrétienne), pouvait tenir en échec les opérations de divination des sorciers. On peut aussi relever que l'usage qu'il fait de la terre d'un cimetière fait penser à celui qu'il fit de l'argile pour composer son propre golem. Un sujet sur lequel on approfondira peut-être à l'occasion.
Les Cercles qui se réclament du Padre Pio
On a évoqué il y a six mois sur ce blog les Cercles Bruno Gröning (1906-1959) qui organisent une sorte de présence du grand médium guérisseur dans les assemblées qui se réclament de lui et par lesquelles le fondateur mort poursuit son oeuvre de guérison. Sans doute les chrétiens diraient-ils que les hérétiques ne font qu'imiter les oeuvres de Dieu, mais j'ai été surpris d'apprendre hier en écoutant une émission sur You Tube de l'association "Le Sentier de la Croix Glorieuse" (lié à Dozulé) que, dans le giron de l'Eglise catholique il existe autour de Padre Pio (1887-1968), le même genre de cercle très discret et confidentiel qui se réunit dans les monastères de capucins à travers le monde (par exemple, à date fixe à Paris, le deuxième samedi de chaque mois dans l'après midi, 32 Rue Boissonade, dans le 14ème arrondissement et le 3ème vendredi de chaque mois à St Nicolas des Champs).
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L'émission renvoyait au livre "Le Secret de Padre Pio", paru en 2013, que je me suis empressé d'acheter.
Comme le met en exergue la quatrième de couverture du livre, «le 13 mai 1981, Ali Agca tire sur Jean-Paul II. C'est un excellent tireur et pourtant cet assassinat échoue. Le tueur turc révèle alors : " (...) à côté de moi, il y avait une sœur qui, à un certain moment, m'a pris le bras droit, c'est pourquoi je n'ai pu continuer à tirer. Autrement, j'aurais tué le Pape."
Antonio Socci, en lisant ces mots, est saisi : qui est cette sœur ? Il mène alors l'enquête et remonte à sœur Rita, fille spirituelle de Padre Pio. Comment obtint-elle le « salut » d'un grand pape ?».
Antonio Socci, journaliste à la RAI, rappelle qu'une des deux premières balles, celle qui a touché le pape, a filé en zigzag dans le ventre et a évité de très peu l'aorte du pape. Ce que le pape a attribué à l'intervention de Notre Dame de Fatima, dont on célébrait l'anniversaire de la première apparition.
Socci s'est intéressé à la religieuse qu'Agca a vue à côté de lui au moment où il tirait. En rangeant des dossiers, il tombe sur l'histoire de Cristina Montella (soeur Rita Montella), "la petite fille du Padre Pio", stigmatisée en 1935, décédée en 1992 et qui avait le même âge que le pape. Il a enquêté en Toscane auprès du père Franco d'Anastasio, recteur du sanctuaire de Saint Gabriel de l'Addolorata (le saint patron des Abruzzes, mort en 1862). Tout de suite après 1981, soeur Rita confia au père Franco, lors d'un entretien - en lui faisant promettre d'en garder le secret jusqu'à sa mort), qu'elle avait été présente, en bilocation, sur la place Saint-Pierre, le 13 mai 1981. Elle avait ajouté : "Avec la Sainte Vierge, je déviai le coup de l'auteur de l'attentat contre le pape". Ce témoignage a déjà été cité dans 3 livres en Italie dans les années 2000).
Une autre fois soeur Rita dit à son amie Gabriella Panzani : "Comme il me fut difficile de faire en sorte que ce ne soit pas plus grave." Socci l'interprète ainsi (p. 18) : c'est à force de prières et de lourdes pénitences que soeur Rita obtint de pouvoir empêcher l'assassinat du pape, parce que la souffrance volontaire peut "faire violence à la justice de Dieu" (Mt 11:12, Romains 12:1).
Ali Agca a parlé de cette soeur qui retenu son bras, et Adriano Sofri dans la revue Panorama en 1997 a aussi évoqué cette religieuse qui s'est ensuite volatilisée.
Dans l'Echo de Bergame du 10 janvier 2006, Soeur Lucia Giudici, la soeur qui a arrêté le tueur et que Socci a pu interviewer en 2007, a confirmé qu'elle était à 10 m derrière lui quand il a tiré et que donc ce n'est pas elle qui a retenu son bras.
L'histoire de Soeur Rita permet de mieux comprendre la postérité du Padre Pio et son secret. Lucia Forentino, tertiaire franciscaine, morte en 1934 à 45 ans, qui avait des locutions intérieures et s'était offerte comme victime pour l'apostolat de Padre Pio a témoigné que Jésus en 1923 lui a dit que Padre Pio était l'arbre qui recouvrirait le monde entier qu'il lui avait annoncé en 1906. Maria Francesca Foresti (1878-1953), franciscaine qui connut Padre Pio en 1919, affirme que Jésus en rêve lui dit qu'il sauva l'Italie d'une révolution communiste grâce à la prière de Padre Pio (qu'il qualifie de "parfait imitateur" de sa vie) en 1920 (p. 27). Padre Pio lui-même a fait savoir à Giovanni Bardazzi (un ancien communiste qui amenait toutes les semaines des gens au Padre Pio) qu'il donnerait plus après sa mort. Le rôle de Soeur Rita s'explique d'autant plus qu'en avril 1948, Padre Pio avait dit à Wojtyla, 30 ans avant qu'il ne devînt pape : "Tu deviendras pape, mais je vois aussi sur toi du sang et de la violence".
Avant sa disciple Rita, Padre Pio avait été un habitué des bilocations. Il avait même précisé ceci à ses frères en 1922, veille de la fête de St Antoine : sans savoir si c'est le corps ou l'âme qui se déplace (bilocation objective/subjective), ils se sentent se déplacer. Resté à San Giovani Rotondo, en méditation, il avait été vu ailleurs et des gens avaient parlé avec lui. Le 18 janvier 1905, alors qu'il est étudiant en philosophie dans un couvent de Pianisi, vers 23 h tout en discutant avec un frère il est transporté das une maison seigneuriale où un père meurt et une enfant nait. La Sainte vierge la lui confie en disant que cette enfant très pure ira vers lui à Saint Pierre de Rome. Le Padre Pio le note dans son journal un mois plus tard (que le père Agostino de San Marco allait conserver).
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C'est la marquise Rizzani Boschi. Sa mère lui raconta qu'effectivement quand elle accoucha dans la cour de leur château en 1905 avant le dernier soupir de son mari, elle aperçut un capucin. La marquise chercha à se confesser en vain auprès d'un capucin (qui était Padre Pio mais elle l'ignorait) en 1922 à Saint Pierre de Rome puis alla le voir à San Giovani Rotondo. Quand elle devint franciscaine tertiaire Padre Pio la nomma Jacopa du nom d'une femme qui avait vu mourir St François d'Assise, et lui annonça qu'elle assisterait à sa mort, ce qui se passa en septembre 1968 (puisqu'elle entendit la voix du père, ce qui la poussa à se rendre à San Giovani Rotondo, puis le 22 septembre elle eut la vision de la mort du capucin, avec les gens qui y étaient présents, elle se réveilla brusquement, se rendit à sa cellule et apprit qu'il était mort. Elle avait donc assisté elle aussi à son décès par une forme de bilocation.
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Le Padre Pio avait fait plusieurs bilocations à Lourdes sans jamais sortir de son couvent, et pouvait en décrire le sanctuaire. Il priait fréquemment en bilocation avec soeur Rita Montella. Il apparut au général Cardona, chef d'Etat major catholique de l'armée italienne en Vénétie quand celui-ci voulut se suicider après la défaite de Caporetto. A partir de 1949 il assista aussi le primat de Hongrie incarcéré par les communistes dans sa geôle et lui apporta ce qui était nécessaire pour qu'il dise sa messe.
Les disciples du Padre Pio partagent les mêmes charismes. Mais à la différence des cercles de Bruno Gröning, ils le paient d'un prix élevé : ils se font "victimes" expiatoires pour le reste de l'humanité, comme Antonietta Vona (1886-1949) qui vivait allongée sur un lit, le corps recouvert de multiples plaies, ou une certaine "Laura" (pseudonyme), née en 1988, future mère de famille que le journaliste a rencontrée en 2005. Ces charismes se payent au prix fort : des souffrances horribles notamment au moment des célébrations des messes où les "victimes" revivent les souffrances de Jésus-Christ sur la croix.
A l'été 1994, une femme "victime", et employée d'un hôpital, qui était sous la guidance spirituelle du père Gabriele Amorth (1925-2016), exorciste du diocèse de Rome, annonça qu'aux portes de Rome une statuette de la Sainte Cierge (celle qu'avait achetée à Medjugorje le curé de Pantano et qu'il offrit à une famille de Civitavecchia en septembre 1994) pleurerait des larmes de sang, ce qu'elle fit à plusieurs reprises à partir du 2 février 1995, mais qu'avec des prières l'Italie éviterait la guerre civile. Selon Socci, le sacrifice de ces victimes joue un rôle cosmique spécial pour l'Italie, la papauté, et le monde. C'est, à n'en pas douter, un des aspects les moins connus de l'histoire contemporaine, et même de celle qui s'enseigne dans les milieux catholiques.
Les "guides" qui interdisent les doutes...
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Il y a peu je signalais que Saint Augustin sur certains points mettait en doute le fait que les expériences spirites puisse procéder uniquement de simulacres créés par des "esprits familiers", du moins lorsqu'elles sont involontaires.
En revanche pour ceux qui en font leur métier (les médiums) le soupçon à ce sujet peut quand même être maintenu, semble-t-il. Je crois que le dernier message du médium Reynald Roussel à ce sujet plaide dans ce sens.
A la minute 5'27 de la vidéo intitulée "Le contact spontané du médium" posé le 12 septembre 2020 (cf ci-dessous), il explique : "A un moment donné de ma vie, il y a pas très longtemps j'ai douté, je me suis dit est-ce que tout ça ça sert vraiment à quelque chose, est-ce que tout ça ce n'est pas fait exprès ? Et comme j'ai douté, je me suis fait rappeler à l'ordre par mes guides. Ha ! Ils m'ont dit 'on va tout te couper. Tu n'auras rien plus rien du tout, ça va te manquer'. Mais j'ai eu une période de doute, ça veut dire que je suis humain. Voilà".
Des "guides" qui menacent le médium qui ne croit pas que les morts qu'il voit sont vraiment des morts et qui soupçonne une mise en scène... Peut-on croire en une "vérité" imposée sous la menace ?