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Occultisme et dédoublement
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Deux ans après mon passage chez les médiums divers phénomènes en rapport avec le dédoublement me sont arrivés, notamment il y a quelques années deux personnes à mon travail étaient prêtes à témoigner que j'étais entré dans leur bureau pour solliciter une tâche, alors qu'en réalité à ce moment là je potassais mes dossiers à 150 km de là. Les bilocations furent fréquentes chez les saints catholiques, et avant eux celle de Pythagore fut célèbre. Mais elles sont aussi liées à l'occultisme. Une de mes correspondantes m'écrivait hier : "Au moment où j'utilisais les tarots de ma grand-mère, il y a quelques années plusieurs personnes ont dit m'avoir vue ailleurs, parfois dans des situations surprenantes. Je me rappelle entre autres, de l'une d'entre elle qui n'a jamais démordu de m'avoir vu à cheval en vallée de Bagnères-de-Bigorre, alors que j'étais dans le Gers et que l'équitation n'était plus qu'un lointain souvenir." Ces tarots avaient fini par lui jouer un mauvais tour (une décorporations aux conséquences effrayantes).
Théosophie, occultisme et caodaïsme au Sud-Vietnam
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En 2010, Jérémy Jammes, aujourd'hui professeur d'anthropologie et d'études asiatiques à l'IEP de Lyon, dans Thông thiên học ou la société théosophique au Sud du Vietnam s'était penché sur un sujet original : le rôle de la théosophie dans l'émergence du caodaïsme, mouvement politico-religieux de Cochinchine à la fin de l'époque coloniale française. Pour ce faire, il avait comparé des entretiens contemporains (auprès d’autres théosophes, d’adeptes Minh et caodaïstes vietnamiens) avec des documents scientifiques et confessionnels (théosophique, bouddhiste, Minh et caodaïste), tout en relevant que des archives théosophiques vietnamiennes expédiées en France par la Russie au début des années 2000 ne sont toujours pas disponibles.
Il y explique que dans le premier tiers du XXe siècle, le confucianisme et le bouddhisme ont perdu de leur autorité dans la société indochinoise. Dans ses Notes sur le caodaïsme du 1er janvier 1952 au 1er juin 1954 (Archives Nationales, Section d’Outre-Mer), le commandant Savani reprend les propos de ses prédécesseurs aux affaires politiques et administratives cochinchinoises, Lalaurette et Vilmont, qui mentionnent que « les ouvrages de Flammarion, Allan Kardec, Léon Denis et du colonel Olcott sont introduits en Indochine, lus, traduits et publiés ». Parallèlement se développe la Société Théosophique d'Helena Blavatsky se développait dans la région comme ailleurs et favorisait la réhabilitation d'un certain patrimoine culturel oriental. En Inde par exemple elle ouvre des écoles de pāli et de sanskrit, traduit et publie d’anciens textes indiens, forme des exégètes locaux, rédige un catéchisme bouddhiste, crée un Comité général des affaires bouddhiques, instaure la fête de Wesak (j'en avais parlé dans mon livre sur les médiums). Le colonel Olcott, théosophe américain, invente "l’étendard aux cinq couleurs brandi encore aujourd’hui par toutes les communautés affiliées au bouddhisme".
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Au Vietnam à partir de 1923, un mouvement de rénovation du bouddhisme se développe qui s’applique à ce que la pagode devienne un lieu de culte et de réunion, redéfinit les pratiques individuelles et le lien d’appartenance communautaire par l’élaboration d’une communauté religieuse homogène et unifiée qui laisse de plus en plus de place au rôle des femmes et des associations d’entraide internationale.
Dans les années 1920 Phạm Ngọc Đa (de son nom de plume Bạch Liên), directeur de collège dans la ville reculée de Châu Đốc, frontalière d’avec le Cambodge intègre la Société théosophique (ST) de France tandis que Georges Raymonde, employé à la Compagnie franco-asiatique des pétroles crée la branche théosophique dite « branche de Cochinchine », puis s'en retourne assez vite en France. Cette église théosophique va donner des conférences sur le bouddhisme. Elle recrute dans la petite et moyenne bourgeoisie coloniale (pharmaciens, professeurs etc.) français et indigènes.
En 1929, les théosophes cochinchinois reçoivent la visite de Mgr Charles Webster Leadbeater (1854-1934) qui passait pour "le plus grand voyant du monde. Il développa en particulier un système extraordinaire d’arbre généalogique des réincarnations des membres les plus connus de la ST, s’étendant sur des milliers d’années." Il donnera son nom à une branche de la ST à Saïgon.
Les théosophes sud-vietnamiens pâtiront de la répression de la franc-maçonnerie par le régime de Vichy qui identifie la ST à la FM (en réalité les deux sont souvent liées mais pas identiques), puis allaient renaitre de leurs cendres dans les années 1950 et même avoir des membres dans la haute administration du Sud-Vietnam, jusqu'à sa dissolution par le régime communiste en 1975.
A l'Ouest de la Cochinchine, région où vivent beaucoup d'ermites, en 1849 un paysan du delta du Mékong Đoàn Minh Huyên a atteint l'illumination et prend le titre de Phật Thầy Tây An, il annonce la venue d'un "roi éclairé". Au même moment en Inde A. Besant et l’ex-pasteur C.W. Leadbeater, voient en la personne d’un jeune indien, Jiddu Krishnamurti (1895-1986), fils de brahmane, un nouveau Messie. Ses textes sont traduits en Cochinchine. Dans une écriture vietnamiennes latinisée (et non plus des caractères chinois) les théosophes cochinchinois comme Phạm Ngọc Đa (ou Bạch Liên) réinterprètent à la lumière de la théosophie d’anciennes notions bouddhiques (Luân hồi ou Roue de la réincarnation, Quả báo ou Rétribution ou loi du karma, etc.), tout en introduisant les idées messianiques et le syncrétisme du récit initiatique de Krishnamurti. "De nouvelles méthodes d’apprentissage laïques de la méditation contemplative (tham thiền), écrit Jérémy Jammes, sont rendues accessibles lors de ces canaux de communication, réorganisant les rapports de maître à disciple qui prévalaient jusqu’alors sur ce thème. De même, les écrits théosophiques choisiront nettement le ton didactique et moralisateur, agissant parfois sur la peur des Enfers, pour enseigner « Le Chemin qui conduit aux maîtres de la sagesse »". Le rapport corps-esprit est indianisé et prend des couleurs scientifiques ("taux vibratoire", "corps éthérique" "corps astral" etc). "Le merveilleux scientifique constitue ainsi, ajoute-t-il, une composante cruciale de la ST, faisant de la science à partir de sujets mystiques ou religieux."
Elle procède aussi à une "laïcisation de la méditation" : "Jusque-là, une telle pratique ascétique était traditionnellement définie comme une affaire hasardeuse, dans laquelle le novice a constamment besoin d’être supervisé par un professeur expérimenté, gage de sérieux progrès et de sécurité, et ceci sur plus d’un an. À cette méditation « traditionnellement » transmise de façon informelle, d’un bonze à un autre, la large diffusion de la pratique de la méditation dans des traductions théosophiques a provoqué un énorme changement (... )Une fois les cours de méditation donnés (quotidiennement, de façon hebdomadaire ou lors de stages), dans des centres théosophiques ou chez les particuliers, les méditants repartent chez eux et pratiquent seuls, cherchant à « entrer en contemplation »".
Parallèlement à cette histoire de la théosophie vietnamienne, il y a celle du caodaïsme, qui s’est en partie nourrie de la première, au moins de la relecture qu'elle faisait du bouddhisme. Tout commence dans les années 1920 quand le fonctionnaire colonial Ngô Văn Chiêu (1878–1932) qui a été formé au spiritisme par un maître taoïste, canalise l'esprit de l'empereur Jade, grand maître du taoïsme - un phénomène qui s'inscrit dans un arrière-plan de pratiques spirites développées par des sociétés secrètes chinoises Minh au Vietnam depuis 300 ans à partir de techniques d'écriture automatique (voyez dans la Revue caodaïste de septembre 1930 le récit sur la conversion d'un entrepreneur qui à l'invitation d'un membre d'une secte Minh-Ly assiste à la manifestation d'un esprit qui lui révèle sa mission caodaïste). Jérémy Jammes revient dans Exploring Caodai Networks and Practices in France, paru en 2023 rappelle qu'en 1927, un jeune employé des douanes coloniales cochinchinois, Phạm Công Tắc est muté à Phnom Penh au Cambodge. On se méfie de lui car un an plus tôt il a été nommé chef des médiums spirites du clergé caodaïste, presque tout dans cette religion reposant sur l'invocation (sur ce côté très simplifié de cette religion, voyez cet article de l'Echo annamite du 8 mars 1929). L'esprit de Victor Hugo lui est apparu pour protéger la Mission étrangère du caodaïsme, et allait continuer à "parler" à la secte jusqu'aux années 50. Et il n'est pas le seul. Tac a aussi canalisé Jésus, Jeanne D'Arc, La Fontaine, Aristide Briand etc.
Le spirite Gabriel Gobron (1895-1941) fut appointé par un employé du musée de Phom Penh et bras droit de Tac Trần Quang Vinh comme porte parole du caodaïsme en France. En 1986 un temple caodaïste à été instauré à Alfortville puis à Vitry-sur-Seine.
Selon Jérémy Jammes il doit exister une diaspora de 15 000 ou 20 000 caodaïstes, dont quelques centaines en France, des descendants de boat people. Il brosse le portrait de la spirite Diệu Thê (1913–2000) fondatrice du temple d'Alfortville, entraînée dans le caodaïsme par ses parents à Saïgon dès le plus jeune âge, et qui, à Paris, reçut instruction de l' "esprit" d'une femme qu'elle avait connue à Strasbourg pour fonder ce temple. Elle chercha un lieu pendant des années et fut aussi encouragée par le politicien nationaliste caodaïste réfugié aux USA Đỗ Vạn Lý (1910–2008) qui rendit visite à la communauté à Paris. Jammes décrit ainsi les temples : "Le temple de Vitry a été fondé par par une commerçante, Nam, qui est une visionnaire. l'intérieur de la maison de Vitry recréait l'atmosphère d'un temple dans chaque salle, au décor abondant, une statuaire éclairée électroniquement au rez-de-chaussée et au premier étage, nombreux rideaux colorés, etc. Tandis que a statuaire d'Alfortville se veut minimale et limitée aux principales divinités du panthéon, une caractéristique remarquable de ce temple de Vitry était l'abondance d'icônes, provenant non seulement du panthéon Caodai mais aussi du religion populaire bouddhiste et vietnamienne"
La fondatrice du temple d'Alfortville avait en 1989 ramené du Vietnam un cơ bút, instrument de communication spirite comme le oui-ja mais en forme d'une corbeille à bec, qu'elle avait obtenu d'une autre médium là bas, dans un temple de Tay Ninh, mais que les adeptes s'accordent à ne pas utiliser car les conditions de pureté ne sont pas réunies. Le temple de Vitry lui utilise cet instrument.
Au Vietnam même il y aurait encore entre un et sept millions d'adeptes au Vietnam qui seraient attirés par les oracles sur cơ bút (voir le récit d'une séance par Germain Ross dans l'Ere nouvelle du 23 mars 1929). La branche de Ben Tre (ville de 140 000 habitants) fait exception. Elle a été fondée par un homme dont le fils fut communiste, ce qui a contribué à ce qu'elle ne soit pas trop persécutée. Mais surtout la bienveillance du régime à son regard est qu'elle a renoncé au cơ bút, le maître de cette branche régionale, Nguyen Ngoc Tuong ayant inventé sa propre technique de méditation pour sortir seul de son corps et entrer en contact avec les "immortels".
Cette religion caodaïste est peu connue, mais je crois qu'il est utile de se pencher sur son cas pour mieux comprendre l'ampleur sociale que peut prendre de nos jours la médiumnité.
Les contacts avec les morts qui s'imposent à nous : Lytta Basset
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J'ai souvent dit que, si le spiritisme était condamnable, l'Eglise catholique a souvent admis les contacts avec les morts qui s'imposent aux gens sans qu'ils le recherchent.
J'ai trouvé à cet égard le témoignage (Regards Protestants 27.19.2022) de Lytta Basset, théologienne protestante née en Polynésie, professeure à la Faculté de théologie de Neuchâtel en Suisse, assez instructif, parce qu'elle évoque un message de 2007 de son fils suicidé en 2001 délivré dans des circonstances vraiment atypiques où non seulement elle-même n'a rien choisi, mais où même la médium choisie n'avait jamais eu de contact de type spirite auparavant : "On m'a demandé d'assurer un cours sur la compassion, dit-elle, et à ce moment là il y a une personne qui ne souhaitait pas assister à ce cours a été sollicitée de tous côtés pour s'inscrire. Elle n'avait jamais entendu parler de moi (...) elle s'est inscrite un peu contrainte et forcée à ce cours, et dès le premier soir, elle sent une présence qu'elle ne s'explique absolument pas, très forte, très intense, et dans cette conférence inaugurale je parle du deuil. Et elle comprend très vite qu'en fait la personne qui manifeste sa présence c'est notre fils Samuel. Dès les premières phrases que nous transmettait cette personne, ça correspondait à la réalité, la manière dont il est mort, pourquoi il l'a fait". Mme Basset allait ensuite elle-même éprouver cette présence directement. Elle souligne que ce contact répondait à une nécessité précise, revêtait une signification particulière, et qu'en général cela n'arrive pas pour simplement "épater la galerie".
Ce genre de contact (VSCD -Vécu Subjectif de Contact avec un Défunt) non voulu concernerait un quart de la population, et plus de 50 % chez les veufs.
Mais le témoignage de cette femme en laisse plus d'un sceptique aussi bien dans la section "commentaire" sur You Tube et en commentaire de son livre sur Amazon, car cela la place en contradiction avec sa prédication biblique.
Pour ma part j'observe qu'elle va assez loin dans sa relecture de la Bible, mobilisant le New Ager Deepak Chopra, le père François Brune avocat du spiritisme, ou le visionnaire Swedenborg. Elle minimise la notion de Jugement final, réduit à un choix que l'âme ferait pour son propre destin etc. Il y a là un assouplissement intéressant de l'interdit biblique du contact avec les défunts (assouplissement qui est aussi chez Saint Augustin, et dans le catéchisme catholique), mais un assouplissement qui va peut-être un peu trop loin. Et en lisant son livre, on sent que la façon dont l'intermédiaire (surnommée Myriam) a été sollicitée par la présence du fils défunt, d'une manière très prolongée et complexe, avec des références bibliques, et qui font directement appel aux origines hébraïques de l'une et l'autre des protagonistes, mériterait d'être analysée beaucoup plus en profondeur à la lumière du vécu de ces deux femmes, et peut-être même de celui de leurs ancêtres, pour comprendre ce qui s'est vraiment révélé dans cette expérience de VSCD et en quoi les leçons que Lytta Basset en tire sont si généralisables qu'elle prétend. Bref il y aurait un travail complémentaire de discernement à fournir, me semble-t-il.
La côté le plus intéressant du témoignage me semble être (dans le livre, car dans la vidéo elle n'a pas le temps de l'exprimer), cette dimension de réparation de ce que l'âme du défunt à travers le VSCD. La mère fait une sorte de "tiqqun" de ce qui a pu être manqué dans le rapport affectif du vivant de l'enfant, et l'intermédiaire du contact participe aussi de ce travail par ses propres émotions. Cela pourrait permettre une activité de sortie du purgatoire si l'on veut (mot non prononcé par Mme Basset qui est protestante) un peu différente des prières pour les défunts classiques (mais je parle au conditionnel, car le travail émotionnel peut être exploité par des forces tierces suspectes, on ne peut pas encourager cela sans poser des limites).
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En matière de VSCD, il semble y avoir aussi un livre intéressant de 2004 qui s'appelle "Karine après la vie", dont la médium parle Sophie Lafalize, adepte des "dream catchers" (cf cette vidéo - ustensile toujours un peu suspect à mes yeux), interviewée par Reynald Roussel (vidéo mise en ligne le 16 septembre 2023). Mais je ne peux pas en dire plus, je ne l'ai pas lu.
Physique quantique et loi d'attraction
On parlait sur ce blog de physique quantique il y a peu. Voici une vidéo récente de Doreen Virtue (une des "héroïnes" de mon livre sur les médiums convertie au christianisme) qui, dans ses 10 premières minutes évoque d'une façon très juste le lien artificiel que le New Age trace entre physique quantique et loi d'attraction universelle (notamment autour du "cas" Deepak Chopra, un autre nom que vous trouverez dans mon livre). Elle invite pour en parler un repenti du système de la loi d'attraction Jon Clash, auteur de“Law of Attraction: A Gateway Drug to Spiritual Heroin".
J'ajoute aussi en dessous une vidéo d'une youtubeuse un peu bébête qui, après s'être complètement trompée dans les folies de la médiumnité new-age est revenue à une forme de petit rationalisme "de bon sens", autant dire qu'elle aura effectué un voyage dans la spiritualité comme Fabrice à Waterloo (chez Stendhal) pour rien, sans avoir rien compris. Alors qu'au moins Doreen Virtue, elle, après être allée aussi loin que possible dans l'erreur New Age, a trouvé la Bible au bout de son chemin.
A propos de l'empathie de la médiumnité
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Dans mon livre sur les médiums, je cite le moment où une magnétiseuse prit littéralement sur elle la toux que me procurait une entité néfaste qu'elle repérait dans ma rate.
Je trouve chez U. N Badaud (probablement un pseudonyme) dans son ouvrage " Coup-d'oeil sur la magie au XIXe siècle " paru en 1891 (p. 25 et suiv) :
"Je ne puis parler avec compétence de ce que je n'ai pas vu ; je me contente d'affirmer que dans la séance à laquelle j'ai assisté, la contradiction s'exprimait aussi librement que le comportait le savoir-vivre des gens bien élevés qui la formulaient.
Aussi, je dis aux incrédules: si parmi vos connaissances il se trouve un malade souffrant depuis plusieurs années d'une paralysie ou d'une affection des centres nerveux, si ce malade est abandonné des médecins, faute de remède efficace, si ce malade est assez facile à transporter pour être amené à Paris et de là à l'hôpital de la Charité qui est situé au coin de la rue des Saints-Pères et de la rue Jacob, à une petite demi-heure de la gare d'Orléans ; tentez l'épreuve II est fort probable que votre ami sera considérablement soulagé. Cela est probable ; car pourquoi cela lui réussirait-il moins qu'à la douzaine de malheureux que j'ai vus affirmer leur propre soulagement?
J'ajouterai autre chose : pour un médecin, il y a une épreuve concluante à tenter. C'est d'accompagner le malade, et d'entrer dans la salle de clinique en prononçant ces mots : « Voici un malade ! je désire ne pas faire connaître le genre spécial d'affection pour lequel il désire être guéri, afin d'éprouver la lucidité du médium. »
Je crois que le chef de clinique déférera aussitôt au désir du médecin son confrère et opérera volontiers le transfert de la personnalité du médium dans le corps du malade
Rien que par le diagnostic formulé par le médium, le médecin appréciera le degré d'exactitude avec lequel le médium ressent les souffrances et les sensations du malade
Et qu'on no dise pas que ce diagnostic est facile à formuler, parce que l'apparence même du malade permet de le présumer.
Rien n'empêche le médecin qui veut se faire une idée complète de ces opérations magiques de conduire à la clinique une personne bien portante, uniquement pour se faire une opinion en donnant le change au médium. Rien de plus aisé à un médecin curieux et sachant expérimenter, que de choisir parmi ses malades, une, deux, trois personnes dont les affections morbides soient des plus difficiles à deviner par l’œil le plus exercé. à l'expérience; toutefois, comme la chose en vaut la peine, l'expérience mérite d'être essayée
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Notre médecin entre à la Charité. Il est conduit au deuxième étage, à la clinique du docteur Luys. Il expose sa requête. Cinq minutes après, deux de ses malades, sans avoir ouvert la bouche, seront placés en face de deux médiums. L'un recevra ce diagnostic bizarre de la part du médium incarné en lui : « Je sens une oppression énorme sur l'estomac, comme s'il était tiré en dedans ». L'autre entendra ces mots : « Je ne puis respirer du côté droit, j'ai un point de côté. » Chose curieuse, les deux médiums prendront des attitudes bizarres correspondant à leur genre spécial de souffrance.
Ou ces diagnostics n'auront pas de rapport avec l'état des deux malades, alors le médecin sera fixé ; ou bien ces diagnostics seront parfaitement exacts, alors le médecin sera encore fixé.
Il peut enfin se produire un cas intermédiaire Le médium ne peut préciser ce qu'il sent, après avoir envahi par sa personnalité le corps du malade. Alors, il faut recommencer l'épreuve avec un autre médium. Si, celte fois encore, le médium reste impuissant à ressentir la souffrance du malade, on est en présence d'un échec. Il n'y aurait pas lieu d'insister ; car il n'y a pas de règle sans quelque exception."
A l'époque on appelait cela donc une "incarnation du médium" dans un personnage.
On peut lire la critique de Badaud par un médecin catholique le Dr Georges Surbled ici.
Encore une pauvre dame...
Une pauvre dame, qui ment par omission en ne précisant pas (alors qu'elle l'avoue dans une vidéo d'une autre chaîne) qu'avant sa décorporation elle était déjà en contact depuis très longtemps avec des "esprits" (et fait donc croire à tort que ça peut arriver à n'importe qui comme ça), qui vante le fait d'être asservi à son idéologie new-age du "non jugement" et du "tout se vaut", qui fait comme s'il n'y avait pas d'enfer pour elle (et pour ceux qui la suivront) après la mort... et qui glisse quand même qu'elle a "peur de souffrir"... il est vrai que si sous le joug de Dieu la souffrance à un sens, sous celui de ses être de lumière a-moraux, elle risque bien d'être purement gratuite et dix fois plus cruelle que si elle acceptait de revenir à un sens plus profond de la vérité sur elle-même et sur le monde... Aveuglement des mystiques égocentrés qui "oublient" juste de comparer leur expérience spirituelle à celle des autres et relèguent leur sens de la réflexion aux oubliettes... Toujours le même blabla, toujours les mêmes erreurs... Il est vrai que cela leur procure du pouvoir. "Ha, parler à des milliers de gens sur le Net via You Tube, ha se poser en prophète et en sauveur grâce à la petite entité qui vous a fait ressentir tant d'amuuuuur", comme tout cela est délicieux... comme tout cela est pitoyable.
Les coupeurs de feu coalisés contre les incendies
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On sait que naguère les sorciers américains s'étaient ligués contre Trump en 2017. Mon interlocutrice du 27 mai 2023, me faisait savoir ce weekend qu'une même coalition de manipulateurs du monde invisible s'était constituée contre les incendies dans les Landes en 2022.
Voici comment elle m'a présenté la chose dans un mail du 29 mai :
"En ce qui concerne la communauté des coupeurs de feu, à la base je n'en fais pas partie.
C'est un ami magnétiseur qui m'avait demandé de me joindre à eux à titre exceptionnel lors des grands incendies des Landes l'an dernier.
Je l'ai fait au cas où cela servirait vraiment à quelque chose.
Du peu que j'ai pu voir de cette communauté j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de charlatans qui jouent aux apprentis sorciers.
Cela ne m'a pas plu du tout..."
Néanmoins, selon elle, les incendies ont pris fin le lendemain de cette action collective. On ne saura jamais (ici bas en tout cas) si cela est dû à cette action ou pas. Comme le souligne le Rav Dynovisz dans une de ses vidéos en décortiquant le miracle de la sortie de la Mer Rouge et celui de la manne, le surnaturel se cache dans le naturel, de sorte que même les prodiges peuvent souvent trouver des débuts d'explication rationalistes afin que tout le monde ne soit pas poussé à rechercher les causes ultimes des choses dans l'ordre du spirituel.
A noter que cette dame, à la différence de mon ostéopathe dont je parlais ici, dissocie l'aptitude à couper le feu des formules rituelles qui lui sont associées et qui, selon elle, ne seraient que des "christianisations" artificielles de ce pouvoir.
Je laisse de côté ici la question complexe de savoir si les actes des coupeurs de feu sont néo-païens (ou archéo-païens) ou solubles dans le christianisme, s'ils relèvent par nature des Ténèbres ou de la Lumière...
Au Val des Nymphes, à La Garde-Adhemar
J'échangeais hier avec une dame qui est accoutumée aux expériences paranormales (quoiqu'elle les fuie car cela gène sa vie). Je rapporte ici son propos sans jugement de valeur (sous l'angle purement sociologique) et j'ajouterai un ou deux mots sur son "background" comme on dit, tout en veillant à anonymiser complètement son vécu évidemment, dans l'esprit de mon enquête sociologique sur les médiums parue en 2017.
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"Nous roulions sur une petite route de la Drôme Provençale.
À un moment j'ai vu sur le bas côté un chemin qui descendait. J'ai alors ordonné très brutalement à mon pauvre mari de s'arrêter parce qu'il fallait que j'aille voir si le sanctuaire existait encore. (C'est ce que je lui ai dit au moment).
Je suis descendue en courant et je suis arrivée sur le site d'une chapelle romane, avec à quelques mètres d'elle un grand bassin circulaire, alimenté par une source. Dans mon esprit, seules manquaient les colonnades du nymphée (c'était au Val des Nymphes, à Lagarde-Adhemar).
Je suis restée un moment près du bassin dans un état un peu second, puis nous sommes repartis."
Cette dame née en 1967 est petite fille d'une guérisseuse, elle dit recevoir parfois des messages bizarres, y compris de défunts (récemment par exemple de son beau-père défunt qui lui adresse une remarque amusante sur le comportement de son mari dans son enfance) dans un demi-sommeil. Elle peut percevoir des choses positives ou négatives sur des objets (par exemple elle a pu identifier qu'un objet de brocante avait pu être utilisé pour du vaudou, en sentant une odeur de sang sur lui, et cette utilisation a été confirmée ultérieurement). Elle a un rapport physique positif fort à Notre Dame de Guadalupe et un négatif à la vierge noire de Rocamadour. Elle pense que la Vierge Marie c'est Isis et que l'Eglise a usurpé les lieux de culte païen (ce qui était aussi l'avis de ma médium de 2015 et de la plupart des adeptes du New Age). Cela ne l'empêche pas de faire donner des messes pour les défunts (elle a été inspirée de le faire pour sa belle-mère peu après son décès) et de brûler des cierges pour eux dans les églises.
Je me suis un peu intéressé à ce Val des Nymphes qu'elle évoquait en parcourant les articles d'un certain Alexandre Chevalier, historien, dans les numéros de 1928 et 1929 de la revue "Le Tricastin : histoire, arts, littératures, tourisme"... Une de mes motivations fut que ce lieu partage beaucoup de caractéristiques communes avec le bois de la Sainte-Baume dont j'ai parlé il y a neuf ans ici, localisation possible (avec le vallon de St-Pons) du bois sacré près de Massilia dont parle Lucain dans son intrigante Pharsale (sur la guerre civile entre César et Pompée). Et puis, j'avais envie de creuser la problématique des eaux que j'ai abordée ici , ici, ou là.
Chevalier évoque cette dernière dès les premières pages de son étude en mentionnant qu'il se trouve au Val des Nymphes comme on pouvait s'y attendre beaucoup de sources qui, à l'époque du statisticien Delacroix (1835) étaient chaudes.
Pendant un temps les érudits locaux dénièrent le rapport du lieu avec les nymphes. On attribuait son nom aux grottes (nymphées) ou même à des abeilles nouvelles qu'on appellerait nymphes.
Le lieu est abrité des vents. Les essences y sont nombreuses à commencer par le chêne blanc, et le chêne-vert, le buis, le platane, le grenadier, le peuplier noir, le charme, ce qui le disposait à être un sanctuaire celte (Camille Julian a avancé que peut-être ceux-ci choisissaient les bois à essences variées comme sanctuaires pour y faire sentir que leur déesse mère avait tout engendré, à l'opposé des dieux grecs qui avaient des plantes attitrées).
Les eaux des plateaux calcaires ruissellent jusque là et jaillissent en sources (dont beaucoup furent détournées par la captation faite en 1896-98 pour approvisionner le village en eau potable).
Chevalier évoque le bassin rectangulaire qui a laissé ma correspondante indifférente ("piscine qui ne manque pas de caractère"), puis en vient au grand bassin.
On a retrouvé au village un autel dédié aux Matrae, les divinités maternelles champêtres celtes, guérisseuses et protectrices des moissons et des mariages.
"D'après les monuments recueillis à Lyon, à Vienne, à Allan, à Vaison, etc.. etc., nous dit Chevalier, les Matrae sont le plus souvent représentées par un groupe de trois jeunes femmes généralement assises à la physionomie bienveillante et grave, vêtues d'une robe étroite fermée autour du cou, d'une tunique à manches courtes serrée à la taille et d'une sorte de peplum. Leurs cheveux abondants, rassemblés en torsades sont ornés parfois d un bandeau auquel est fixé un voile tombant de chaque côté du cou. Elles portent dans leurs bras des fleurs et des fruits ou présentent ceux-ci dans des plats, des patères, des cornes d'abondance. Quelquefois elles sont représentées ayant dans les mains un fuseau et une quenouille ou bien tenant un enfant sur leurs genoux. Une belle triade de Matrae est celle que représente le bas-relief des Tremaïe, dit des Trois-Maries, taillé dans un rocher écroulé du plateau des Baux (Bouches-du-Rhône), au-dessus du vallon d'Entreconque, où jaillissent de magnifiques sources. "
L'auteur en vit une représentation sommaire dans une pierre d'une ferme de Saint-Vincent-Trois-Châteaux qu'il suppose pouvoir provenir du Val des Nymphes. On leur offrait des friandises, des fruits, des fleurs, des truies fécondes.
Après la conquête romaine elles furent honorées parmi les Nymphes comme cela ressort des autels de Fumades dans le Gard. Pur Chevalier, le quartier Magne porterait le nom de la Magna Mater (Maïa, la parèdre de Teutatès-Mercure-Saint-Michel patron de la paroisse - Chevalier lui applique peut-être à tort ce titre qui est normalement celui de Cybèle) celte (et non d'une tour) dont les Matrae formeraient un culte plus accessible plus centré sur les sources.
Il y a aussi à proximité du bassin des cuves à sacrifices (quoique certains historiens leur prêtent un usage purement domestique). Selon Chevalier la présence même de l'église romane (ruinée en 1620) en atteste car Grégoire le Grand ordonna l'édification de ces églises sur les lieux de sacrifices païens.
En outre le site est bordé de tumulus mortuaires datant de l'époque de Halstatt et de la Tène, ce qui en faisait un plutonium (comme celui de Cumes où la Sibylle prophétisait tel que décrit par Strabon) dédié à Sucellus-Pluton, le dieu au maillet dont on a retrouvé un autel non loin de là.
Chevalier va jusqu'à supposer que des peuples de toute la Gaule se sont rendus là, et même Hannibal avant de franchir les Alpes. Le saint des saints en fut le nymphaeum romain situé sur la plateforme rocheuse qui domine la piscine (voyez ce que dit Peter Brown - "Le Renoncement à la Chair" - sur les jeunes filles nues en public qui s'ébattaient dans les piscines dédiées aux nymphes même quand le christianisme se répandait).
Un monastère bénédictin y fut créé au VIIIe siècle, réformé ensuite en s'affiliant à Cluny.
Au total donc la thèse de Chevalier valorise beaucoup la racine celtique du sanctuaire, mais elle reste très hypothétique. Je pense qu'on peut la consulter surtout comme témoignage de ce qu'on peut échafauder comme suppositions par recoupement avec ce qu'on croit déjà savoir d'autres sites gallo-romains. et cela peut nourrir une réflexion anthropologique sur la combinaison eau-forêts-fécondité-séjour des morts, mais avec un gros point d'interrogation au bout de tout cela.
Trente-sept ans plus tard, l'abbé René Avril, dans "La Garde-Adhémar Notre-Dame-des-Nymphes et l'église paroissiale" (1966) rapportait une conversation qu'il avait eue avec le chanoine Jules Chevalier (un frère d'Alexandre Chevalier) à propos du sanctuaire païen insistait sur l'origine grecque du culte des nymphes, et voyait plutôt dans "Matris" un "datif pluriel décadent" (et non une racine celtique). Il évoque les lieux de sacrifice dont il dit qu'ils ont pu servir à des druides puis au culte de Mithra (d'où la possible présence d'un camp romain, à Magne (dont il rapproche l'étymologie de la Tour Magne de Nîmes et non de la Magna Mater).
Je crois que ma correspondante ne sait toujours pas pourquoi elle a ressenti ce besoin irrépressible de s'arrêter à cet endroit (elle est souvent immobilisée par certains lieux, et cela s'impose à elle tout comme une fois une décorporation à l'image de cette personne ici). Peut-être un rapport individuel ou ancestral particulier à l'eau ou aux esprits de l'eau (stoicheia) ?