Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #mediums tag

Joseph Glanvill, défenseur de Descartes, et des témoignages sur la sorcellerie

1 Février 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Le protestant Balthasar Bekker (1634-1698), docteur en théologie et pasteur, partisan de Descartes, publie en français à Amsterdam (eds Pierre Rotterdam) en 1694 "Le monde enchanté" A propos d'un ensorcellement de 1670 il y expose tome 4 p. 576 et suiv (chap XIX)  :

"L'on a fait grand bruit depuis vingt deux ou vingt trois ans, d'un ensorcellement inouï, qui fut en Suède , au village de Mohra , dans la Province d'Elfdalen, où les sorcières transportaient  plusieurs enfants dans un lieu inconnu, qu'ils appelaient Blocula. Le bruit et les plaintes que l'on en fit, allèrent si loin » que le Roi fut obligé d'y envoyer des Commissaires, pour, avec les juges & les prêtres du lieu, établir un Tribunal- lesquels condamnèrent plus de septante personnes comme Sorcières , & quinze enfants qui s'y trouvèrent enveloppés, sans compter cinquante six autres. que l'on punit plus doucement, & quarante sept, que l'on laissa jusques à un nouvel examen. Le fameux Anglais, Joseph Glanvill, fait bien du bruit de cette affaire, jusques là, qu'il en a fait un extrait du Protocole du Roi, qu'il a mis à la fin de son Sadducismus triumphatus comme une preuve incontestable, à son avis, de la véritable Magie Diabolique. Mais je m'en vais en faire voir la vanité, & la fausseté notoire des confessions sur lesquelles ces pauvres malheureux ont été brûlés. L'on imprima dans la même année à la Haye, une pareille relation en Flamand, sur laquelle je m'arrêterai. Mais comme je serais trop long, si je voulais la mettre ici toute entière  & y ajouter mes remarques, je n'en tirerai que le principal, & je ferai voir par les mêmes termes de la relation, tirés de différents endroits, que toute cette affaire n'était que pure imposture , & que les Dénonciateurs, les Sorciers, & les Juges mêmes, étaient ensorcelés.

§••2. L'abrégé de cette relation est donc qu'il y a un certain lieu appelé Blokula, qui n'est connu que des Sorciers & qui est le lieu où le Diable les emporte  lequel après qu'ils l'ont invoqué par trois fois à l'entrée d'un antre, en disant 'Antesser, viens & nous porte à Blocula, leur apparait sous différentes formes , mais la plupart du temps en juste-au-corps, gris, en chausses rouges  & en bas bleus , avec une barbe rousse, un chapeau pointu , des rubans bigarrés tout autour, & de longs rubans à ses chausses'. Il les porte donc à travers de l'air, mais il faut qu'ils aient quelques enfants soit des leurs, ou de quelqu'autre qu'ils aient dérobés &  cette heure beaucoup plus qu'autrefois ,car il en faut jusques à quinze ou seize , & cela toutes les nuits qu'ils vont au Sabbat. Ils montent sur toutes sortes de bestiaux, mais particulièrement sur des chèvres, Ils se servent même pour cet usage d'hommes, de bâtons & de piques , seIon que cela leur échet Quand ils sont,arrivés à Blocula, l'on fait un festin. Les Sorciers se mettent à table, mais les enfants se tiennent debout contre la muraille.

§ 3. Voici les propres termes de la relation. 'La première chose qu'il faut qu'ils fassent à Blocula, c'est, qu'ils renient tout ce qu'ils ont de plus saint , qu'ils le donnent au Diable en corps en âme , & qu'ils ratifient ce don par serment', (je ne sais par quel Dieu ils jurent) (...) § 7 Que si ces échantillons ne suffisent pas, pour faire voir que toute cette affaire de Blocula n'est qu'une méchante sottise, considérez, je vous prie, ce qui s'ensuit." Et il continue de détailler les absurdités du récit de Glanvill (Glanvill dont on a évoqué précédemment la mémoire et le livre de 1681 à propos de Wesley).

Glanvill, on le voit dans cet exemple, a donné du fil à retordre à ses contemporains. Il a assez d'autorité intellectuelle pour susciter les controverses, et cependant (Wesley lui-même le  lui reprochera), il accorde trop de crédit aux témoignages des gens simples (quoique sur les sorciers le témoignage en rejoigne beaucoup de remarques de Carlo Ginzburg dans "Le sabbat des sorcières").

"Le mysticisme, la théurgie, l'hermétique, la magie, la kabale se sont dans plus d'un esprit supérieur confondus avec la sagesse. Depuis les Alexandrins, ces illusions ne se sont jamais peut-être emparées d'un esprit plus sain et plus vigoureux que celui de Joseph Glanvill" allait dire de lui Charles de Rémusat au XIXe siècle (Histoire de la philosophie en Angleterre t2 : p. 187 et suiv) "c'était un écrivain plein de verve et d'esprit, continue-t-il, et il promettait à la vérité un utile et brillant athlète. Malheureusement, il ne tarda pas à compromettre sa cause; son premier ouvrage avait paru depuis peu, que dans sa Scepsis scientifica qui n'en est guère que la paraphrase, il donnait déjà le scandale d'un scepticisme qui admet la possibilité de la sorcellerie, et il confirmait aussitôt celte rêverie avec un grand appareil de preuves dans un traité spécial.C'est un point dont il n'a jamais douté". Il s'agit du traité "A Blow at modern Saduccesims in Some philosophical considerations touching the beings of Witches and Witchcraft" de 1666. "Il n'est pas le seul de ses contemporains que le spiritualisme entraînât au spiritisme" ajoute Rémusat qui précise que Glanvill était un admirateur et disciple de Descartes comme Bekker : il voyait en lui un chantre du pouvoir de l'esprit, du scepticisme et du spiritualisme.  Glanvill était une illustration grandiose de la possibilité de concilier défense de la science et de la philosophie et adhésion aux témoignages sur la sorcellerie.

Edgar Poe allait citer Glanvill dans "Les plus beaux contes" traduit par Baudelaire.

En Amérique Cotton Mather, savant théologien né à Boston en 1663 allait suivre les pas de Glanvill dans un traité "Wonders of the Invisible World" ("Les Merveilles du monde invisible, tirées de l'analyse des procès de différents sorciers, exécutés récemment dans la Nouvelle Angleterre), sur la chasse aux sorcières de Salem, publié par ordre du gouverneur du Massachussetts et réimprimé à Londres en 1693. Sur le "champ" de discussion dans lequel s'insère le débat sur les sorciers, voir la page Wikipedia ici.

Ce que personnellement je trouve très intéressant chez Glanvill comme chez Wesley, c'est qu'il voit dans l'adhésion au témoignage des personnes victimes de sorcellerie un argument décisif contre l'athéisme. Dans sa préface au "A blow to modern saducceism" il écrit "I appear thus much concerned for the justification of the belief of Witches, it suggesting palpable, en current evidence of our Immortality, which I am exceedingly solicitous to have made good".

Lire la suite

Kant et Swedenborg

15 Janvier 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Médiums, #Christianisme

Kant commença sa carrière philosophique en écrivant en 1755 un livre "Histoire générale de la nature et théorie du ciel" puis y renonce, non pas, comme l'a prétendu Jules Vuillemin ("Physique et métaphysique kantiennes", PUF, 1955) parce qu'il lui manquait des éléments scientifiques sur la chaleur, mais parce que, comme il l'écrit en 1766 dans son "Rêves d'un voyeur d'esprits expliqués par des rêves de la métaphysique", parce que cette théorie lui semble aussi délirante que celles du médium Swedenborg (1688- 1772) dont les thèses parurent entre 1749 et 1756 "Arcana caelestia". Swedenborg y exposait le caractère uniquement apparent de la nature (Monique David-Ménard, "La Folie dans la raison pure", Vrin, 1990 - un livre qui ne rend pas complètement justice à l'ampleur du revirement du philosophe sur les prodiges du médium). Kant ne se contente pas de récuser l'occultisme. Dans "Rêves d'un voyeur" il admet que la pathologie des occultiste pourrait avoir pour cause des esprits réels, puis fait volte-face et revient à une causalité physiologique" de l'occultisme, puis, conscient du caractère dogmatique et indémontrable de la seconde hypothèse conclut sur la philosophie comme critique (de sorte que c'est à la confrontation avec Swedenborg et non à Hume que Kant doit l'invention de son criticisme). Impressionné par le fait que l'homme ignore les esprits et le visionnaire ignore la nature, Kant s'était penché de près sur le livre de Swedenborg au point de ne pouvoir signer son "Rêves d'un voyeur"  malgré le ton railleur à l'égard de l'occultisme qu'il emploie. Dans une lettre à Moïse Mendelssohn (8.4.1776) il reconnaît sa fascination pour Swedenborg, mais il y a des éléments encore plus percutants sur l'adhésion de Kant aux prodiges du mage suédois, éléments que tous les livres de la seconde moitié du XXe siècle ont passé sous silence.

En décembre 1911 dans la revue "La Femme" p. 179, on pouvait lire sous la plume de Mme Marie d'Abbadie d'Arrast (membre du comité de l'Oeuvre protestante des prisons et du Conseil national des femmes françaises) :

Svedenborg a eu des songes et des visions plus dignes d'attirer notre attention que les rêves enfantins et bizarres des pauvres filles dont nous saluons la mémoire. Svedenborg n'était ni un simulateur, ni un homme d'intelligence ordinaire. Sa clairvoyance paraît avoir été surprenante et indéniable. Le philosophe Kant (1) rapporte de lui le fait suivant, je cite la page : « M. de Svedenborg, revenant d'Angleterre, prit terre à Gothembourg. M. William Gastel l'invita chez lui le samedi soir en même temps qu'une société de quinze personnes. Ce soir-là, à six heures, M. de Svedenborg, qui était sorti, rentra pâle et consterné au salon, il dit qu'un grave incendie venait d'éclater à Stockholm et que le feu s'étendait rapidement. Or, Gothembourg est situé à 400 kilomètres environ de Stockhom. Il était inquiet et sortit plusieurs fois, indiquant la marche du désastre. A 8 heures, après être sorti de nouveau, il s'écria tout joyeux : « Dieu soit loué ! L'incendie s'est éteint à trois portes de ma maison. » Mandé devant le gouverneur de la ville, Svedenborg décrivit exactement l'incendie de telle sorte que toute la ville en fut informée. Le surlendemain, c'est à dire le lundi soir, un estafette arriva à Gothembourg, confirma de point en point le fait de seconde vue de Svedenborg. » Kant a admis ce fait extraordinaire comme certain. M. Edouard Schuré (2) répond : "On peut discuter sur la réalité objective des visions de Svedenborg, mais on ne peut douter de sa seconde vue attestée par une multitude de faits." ».

(1) "Svedenborg" par le pasteur Charles Byse, p. 115. Lausanne, eds Georges Bridel, 1911. Il s'agit de l'incendie du 19 juillet 1759 que Kant situe à tort en 1756 "Le fait suivant me paraît avoir entre tous la plus grande force démonstrative, et certainement il coupe court à tous les doutes imaginables" aurait écrit Kant. Byse se réfère à deux correspondances de Kant dont une qu'il dit traduire mot à mot mais dont il ne mentionne pas la date et une seconde quatre ans plus tard à Mlle Charlott de Knobloch devenue en 1763 ou 1764 baronne de Klingshorn, dont une serait reproduite partiellement dans la "Children's encyclopedia" (Byse p. 17). Il estime que c'est ensuite sous la pression de ses pairs que Kant aurait mis en doute dans une "brochure brumeuse" (le "Rêves d'un voyeur d'esprits expliqués par des rêves de la métaphysique" de 1766) les dons du médium. Il semble que Kant ait aussi fait allusion à un deuxième prodige de Swedenborg arrivé à Mme de Marteville à propos d'une quittance de son défunt premier mari (racontée par courrier de son second époux d'Eiben) et d'un troisième à propos de la reine Louise-Ulrique, soeur de Frédéric le Grand de Prusse, en 1761 (mais Byse cite Kant mot en mot sans préciser la source, on peut supposer que c'est dans le "Rêves d'un visionnaire").

(2) Les grands initiés de M. Edouard Schuré (1841-1929) cité par Ch. Byse.Schuré dans la version de poche du livre  (édition 2015) p. 352, qui compare ce fait avec la vision qu'Apollonios de Tyane eut à Ephèse de l'assassinat de l'empereur Domitien, précise que Kant demanda à un ami d'enquêter sur l'incendie de Stockholm et que Kant évoque cela dans une lettre à Charlotte de Knobloch citée par Jacques Matter dans Swedenborg, sa Vie et sa doctrine (eds Didier et Compagnie, Paris 1863). Effectivement Matter, conseiller honoraire de l'université dont le livre se trouve ici cite effectivement en page 148 de la deuxième édition du livre l'incendie de Stockholm, et fait précisément référence à une lettre du 10 août 1768 (deux ans après la publication du Rêves d'un visionnaire) à Charlotte de Knobloch. Dans cette lettre il évoque la quittance de Mme de Marteville et l'incendie de Stockholm qu'il situe en 1756 dans cette lettre (et non plus en 1759 comme dans le "Reves d'un visionnaire"), et Matter cite mot-à-mot la partie de la lettre qui concerne l'incendie.

 "La seule ville de Manchester compte 7 000 disciples de Svedenborg ; et l'on estime qu'il y en a près de 20 000 en Angleterre" précisera (p. LXVIII) l'auteur anonyme de l'Abrégé des ouvrages d'Em. Swedemborg, publié à Strasbourg en 1788 tandis que des magnétiseurs utilisaient les pouvoirs de somniloquespour démentir les thèses de Svedenborg (ibid p. LVII)

Sur l'importance du swedenborgisme dans la mouvance protestante, on lit encore p. 181 de la revue précitée "La Femme" : "A Paris même, dans le quartier des Invalides s'élevait un lieu de réunion où les Svedenborgiens célébraient un culte spiritualiste, sans faste, sans cérémonies pompeuses. Il y a une vingtaine d'années, on pouvait encore croiser quelquesuns de ces chrétiens paisibles, hommes de bien, membres de cette petite communauté de la nouvelle Jérusalem ; car c'est ainsi que se désigne elle-même i'Eglise.de l'apôtre suédois. Les premiers disciples, d'après les biographes de Swedenborg (1), auraient cru qu'une Eglise de la nouvelle Jérusalem existait parfaitement organisée au centre de l'Afrique. Entrainés par la force de leurs convictions, ils s'embarquèrent pour la visiter. Grâce au dévouement de ces missionnaires, l'Evangile fut répandu dans quelques districts du continent noir: ils contribuèrent à la fondation de colonies libres ; ils firent de courageux efforts en faveur de l'affranchissement des nègres et de la suppression de la traite; ils coopérèrent à l'établissement de Sierra Leone, où Ulric Nordenskioeld a fondé, avec son compatriote Azélius une communauté svedenborgienne qu'a visitée plus tard Walstrôm et Sparmann. Les trafiquants de chair humaine et les marchands d'alcool ont été les adversaires résolus et redoutables de la petite colonie de ces paisibles chrétiens."

(1) M. M. Gatteau Galleville et de Gluny, Biographie universelle.

Le succès de Swedenborg (qui eut Goethe et Balzac pour admirateurs) dans les cercles protestants est étrange. Jonathan Black dans son Histoire secrète (p. 191) décrit ce découvreur du cortex cérébral et des glandes endocrines comme franc-maçon et il me semble avoir lu des choses assez horribles sur ses moeurs... sous réserve de vérification...

A noter que Wesley dont nous parlions récemment ne prit jamais Swedenborg au sérieur :

Selon le Dr Gilbert Ballet ("Swedenborg, Histoire d'un visionnaire au XVIIIe siècle" -1899), il appréciait de la façon suivante les écrits de Swedenborg dans son journal, en 1770 : "Je me suis mis à lire les écrits du baron de Swedenborg et à y réfléchir sérieusement. J'ai commencé cette lecture avec beaucoup e prévention en sa faveur, sachant que c'était un homme pieux, d'un grand entendement, de beaucoup d'instruction et d'une foi vive. Je fus pourtant bien détrompé. Il suffit de connaître une seule de ses visions pour se mettre hors de doute sur son vrai caractère. C'est un des fous les plus ingénieux, les plus agréables, les plus amusants qui aient jamais mis la main à la plume. Ce sont des rêves à dormir debout, mais si extravagants, faisant si complètement divorce avec l'écriture et le bon sens, que l'on pourrait avaler aussi franchement les contes du Petit Poucet ou de Jack le destructeur de géants." (18)

(18) Matter, Notes, p. 429

Lire la suite

John Wesley et la sorcellerie

12 Janvier 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Je travaille sur John Wesley (1703-1791), fondateur du méthodisme, qui était une des grandes références de feu le pasteur Derek Prince. Je lisais il y a peu un article de l'artiste canadienne Lorette C. Luzajic qui accusait Wesley de sorcellerie parce qu'il aurait guéri des gens et même ressuscité un mort selon Stephen Tomkins. Mais Lorette C. Luzajic ayant dit du bien de Michael Jackson dans un de ses livres, on n'est pas obligé de la croire (voir ce que moi-même j'écrivais à propos de ce chanteur il y a un an ici)...

Mais il est vrai que l'accusation de sorcellerie existe dans le méthodisme comme dans d'autres cultes chrétiens. A preuve cette accusation de connotation wiccane des United Methodist Women (UMW) à Orlando (Floride) en mai 1998 dans un article de Tom Graffagnino .

Wesley eut une attitude intéressante. A la fois il combattait la sorcellerie, et il insistait pour qu'on la prenne au sérieux pour pouvoir mieux la combattre et parce qu'elle était une sorte de preuve négative de l'existence de l'au-delà.

“Most of the men of learning in Europe have given up all account of witches and apparitions as old wives’ fables…. The giving up of witchcraft is the giving up of the Bible. With my last breath I will bear testimony against giving up to infidels one great proof of the invisible world, witchcraft … confirmed by the testimony of the ages,” a-t-il écrit dans son Journal de 1768.

A une époque où le rationalisme anglais préparait la dépénalisation de la sorcellerie (qui allait entraîner l'explosion de la Wicca) parce que beaucoup de gens n'y croyaient plus, Wesley, du haut de l'autorité de sa solide formation à Oxford, décrit précisément la sorcellerie, par exemple dans ses notes sur la Bible ici :

" 10. Useth divination - Foretelleth things secret or to come, by
   unlawful arts and practices. An observer of times - Superstitiously
   pronouncing some days lucky, and others unlucky. Or, an observer of the
   clouds or heavens, one that divineth by the motions of the clouds, by
   the stars, or by the flying or chattering of birds, all which Heathens
   used to observe. An inchanter - Or, a conjecturer, that discovers
   hidden things by a superstitious use of words or ceremonies, by
   observation of water or smoke or any contingencies. A witch - One that
   is in covenant with the devil.

   11. A charmer - One that charmeth serpents or other cattle. Or, a
   fortune-teller, that foretelleth the events of men's lives by the
   conjunctions of the stars. Spirits - Whom they call upon by certain
   words or rites. A wizard - Hebrew. a knowing man, who by any forbidden
   way's undertakes the Revelation of secret things. A necromancer - One
   that calleth up and inquireth of the dead."

Comme l'écrit Pavel Rutkowski, de l'université de Varsovie : "Wesley’s Journal – written and published with the purpose of communicating his views and opinions to fellow Methodists – contained numerous extraordinary accounts of prophetic dreams, appearances of Christ and angels, instances of spontaneous combustion of corpses, treasure troves revealed by spirits, use of second sight, etc. Most space, however, was devoted to people’s contacts with the souls of the dead, demonic possession, and the way such phenomena were related to witchcraft".

L'intérêt de Wesley pour la sorcellerie serait venu du fait qu'après avoir échappé de justesse d'un incendie pendant son enfance, il avait été à 13 ans témoin du Poltergeist (manifestation d'esprits) d'Epworth (dans le Lincolnshire) dans sa propre maison en décembre 1716 qui dura jusqu'en février (voir The life and Times of the Rev. Samuel Wesley par L. Tyerman, London, Simpkin, Marshal & Co, 1866 p. 350).

Les partisans de Wesley suivaient le sillage du chapelain du roi Charles II, Joseph Glanvill, qui avait publié Sadduccismus Triumphatus en 1681 et tenait la négation de l'existence des démons pour un sadduccéisme moderne. Le magazine du mouvement méthodiste Arminian Magazine,reprit même l'épisode du "frappeur de Tedworth" (Drummer of Tedworth) cité par Glanvill. Mais Wesley savait faire preuve de discernement à l'égard de certains excès des croyances aux esprits.

Wesley, explique Rutkowski, à la différence de la plupart des protestants, ne croyait pas que les morts aillent au Ciel ou en Enfer, et que les apparitions spirites étaient de simples démons. Il croyait que les morts revenaient réellement livrer des informations aux vivants. Cela lui fit adhérer sans réserve au témoignage d'Elizabeth Hobson une jeune fille de Sunderland qui disait avoir des apparitions de gens morts depuis son enfance (tout comme il prenait au sérieux les cas de possession...). Mais dire que le spiritisme n'est pas d'essence démoniaque, n'est-ce pas une manière de le légitimer d'un point de vue théologique ?

Lire la suite

Encore un mot sur Hermas

24 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums, #Histoire des idées

Un précision à la suite de notre précédent article sur Hermas. En 1900, Daniel Voelter (1855-1942), professeur de théologie à Amsterdam, publiait à Berlin une brochure de 54 pages expliquant que les visions I et II du Pasteur, selon lui, étaient des visions de la sibylle de Cumes et non de l'Eglise. Il s'agissait seulement de révélations sibyllines à un particulier, écrites pour cela en prose, qui n'ont été christianisées que tardivement. Et Hermas serait un prosélyte juif, d'où le fait qu'il cite dans sa IIe vision un Clément, Clément de Rome dont la tradition a fait un pape, qu'un fragment des Homélies clémentines (IV, 7-IV, 26) présente comme un converti au judaïsme et non au christianisme (revue L'Université catholique 15 janvier 1901 p. 303).  Mais dans un rapport annuel à l'Ecole pratique des hautes études évoqué dans la revue archéologique de 1902 (p. 140), Jean Réville (1854-1908), lui aussi théologien protestant, démentait l'idée qu'il pût s'agir d'une adaptation d'un original juif.

Aimé Puech (1860-1940) dans son Histoire de la littérature grecque va dans le même sens et conteste qu'Hermas fût juif d'origine. Il estime (tome II 1928 eds les Belles lettres p. 92) que le nom d'Hermas est grec "et le rattache même à cette Arcadie où il a placé la scène de la neuvième Similitude". Pour lui Hermas pourrait venir de là, et il note que sa maîtresse à Rome a un nom grec. Il note que la liste des vertus d'Hermas fait songer au tableaux de Cébès, qu'elles ont des noms grecs (Synesis, Aletheia, Homonoia) En suivant Richard August Reitzenstein, Puech suppose, à cause de similitudes sur sa liste des vices, qu'Hermas a pu connaître une rédaction primitive du livre hermétique intitulé Poimandrès, mais estime que l'influence hermétique porte sur le style mais non sur le fond. Il trouve ce style populaire, simple, avec quelques incorrections, mais parfois élégants et ne traduisant pas une origine étrangère (par exemple sémitique). Il souligne que son texte ne porte à ucune référence à Jésus, et que sa référence aux anges l'a fait traiter d'idiot par St Jérôme.

Jusqu'au concile de Rome de 497 sous le pape Gélase on n'a pas su si Le Pasteur avait sa place dans le canon des Ecritures. Irénée de Lyon (Contra hoereses,1,IV,c,xx), Clément d'Alexandrie, Origène (comme le faisait déjà remarquer Leibniz dans ses Opera theologica p. 632) et Cassien ont traité le Pasteur sur le même plan que les saintes écritures et lui trouvaient une inspiration divine.

 

Lire la suite

La religion des Yézidis

11 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums, #Histoire des idées, #Histoire secrète

La religion Yazidi (yézidie, on adoptera les deux orthographes) professe la croyance en un dieu singulier «suprême» [semblable au dieu biblique] qui se manifeste sous la forme de «Sept Grands Anges", dont le chef est un paon nommé Tawsi Melek. Le paon roi Tawsi Melek est descendu sur terre pour donner vie à l'Adam biblique dans le jardin d'Eden. Par la suite, Eve a été créé. Les Yézidis croient que Adam a réussi à produire une descendance spontanément sans Eve. Adam avait un fils par génération spontanée nommée Shehid bin Jer qui est devenu l'ancêtre de la race Yazidi. Tous les autres peuples sont soupçonnés d'être les descendants de l'accouplement d'Adam et Eve, tandis que les Yézidis sont les descendants d'Adam seul. Selon la légende, l'ange-paon Tawsi Melek (qui est un mélange de Jésus et de Lucifer) a transmis ses connaissances au fils d'Adam Shehid bin Jer qui est devenu le fondement de la religion Yazidi de sa progéniture.


Les Yézidis croient que le jardin biblique de l' Eden était un âge d' or de la sagesse et de la prospérité. Selon eux, le déclin moral a commencé il y a 6000 ans quand le dieu Yazidi a envoyé un déluge pour nettoyer la terre. Ce point est presque identique à l'inondation de l' histoire de Noé dans la Bible. Après le déluge, les Yazidis ont été dispersés en Inde, en Afghanistan et en Afrique du Nord. Il y a 4000 ans, selon la légende, les Yazidis ont commencé à revenir dans le Nord de l' Irak. Dans le XI ème siècle, la culture Yazidi a été réformée par un sage soufi nommé Cheikh Adi. Le cheik Adi a également mis en forme le système moderne des castes yézidies.

Ce système est strictement héréditaire (à la différence des Hindous) et certains disent qu'il a été emprunté à l'Inde. Il existe trois principales castes des Yézidis. Les Cheiks sont la plus haute caste, c'est un mot arabe qui signifie «chef ». Les cheiks sont en outre divisés en sous-castes: Faqirs, Qewels et Kochecks (on mentionne aussi les noms de Samsani, Adani et Qatani défenseurs de la foi). Les Faqirs ou Fakirs (un mot pour soufi) sont les plus élevés des cheiks, ce sont prêtres qui sont souvent pris en charge par les autres castes à travers un système de dîme. Les Qewels sont des bardes ou chanteurs qui assistent à des cérémonies. Kochecks (au féminin Fagras) sont les voyants et médiums qui servent dans les lieux saints de Lalish (dans la province de Dohuk, tout au nord de l'Irak), ils peuvent venir de toute caste. La deuxième plus haute caste sont les Pir, un groupe héréditaire qui prétend descendre d'un saint homme nommé Peer Alae. Les Pir sont soupçonnés d'avoir des pouvoirs mystiques. Les Pir sont présents à toutes les cérémonies de mariage, d'enterrement et de naissance et aident les Sheik. Ils sont également des conseillers. Chaque Yazidi de chaque caste est tenu de prendre un Pir et un Sheik comme guide pour la vie. Enfin, il y a la caste Murid héréditaire qui sont les «roturiers» qui sont les «roturiers» ou les "disciples" .

Les Yézidis ont également deux positions officielles fondées sur la caste et l'hérédité. Le «Mir» est le prince des Yézidis. Il est le chef temporel et religieux du peuple Yazidi et parle en leur nom au niveau national et international. C'est aussi le chef de l'Etat théocratique Yazidi, il occupe une position héréditaire et les membres sont issus de familles Sheikh spécifiques appelées «familles Col». Après le Mir vient le Baba Cheikh, appelé le «pape» de Yazdinism. Baba signifie «père» et le Baba Cheikh est le chef spirituel de la communauté Yazidi, mais ce Cheikh est subordonné au Mir dans tous les domaines temporel et spirituel.

Les fêtes des Yézidis.


La nouvelle année Yazidi ressemble à Pâques. Elle est célébrée le mercredi et commémore le moment où Tawsi Melek est descendu sur terre pour apaiser un tremblement de terre et de répandre ses couleurs de paon. Ce jour-là, les Yézidis peignent des oeufs (tout comme certains chrétiens orthodoxes le jour de Pâques). Il y a aussi un banquet tenu dans les cimetières pour honorer les morts.  La Parade des Sanjaks est marquée par la procession du paon sacré à travers les villages (il est normalement logé dans la résidence du Mir). Le paon est dit avoir été amené de l' Inde par la diaspora yézidie.  Le jeûne du Sacrifice est de 40 jours de jeûne. Il est observé par les hommes saints de Lalish à la mi-Février. Il commémore le jour où l'Abraham biblique a tenté de sacrifier son fils Ismaël (c'est le nom musulman qui est retenu). La fête des sept jours fête a lieu au début Octobre et est un moment où Yazidi faire un pèlerinage à leur saint sanctuaire de Lalish. Durant cette fête un boeuf est chassé et lorsqu'il a été capturé, il est abattu et cuit. La viande est distribuée parmi les participants au sacrifice, ce que certains rapprochent de la fête juive de Korban. Le jeûne de trois jours du lever au coucher du soleil de Décembre ressemble à la fête islamique du Ramadan. Les Yézidis doivent prier 5 fois par jour (comme pour les musulmans). Les Yézidis ne doivent pas effectuer leurs prières en présence d'étrangers. Le samedi est considéré comme un jour de repos (comme le sabbat juif).

Les Yézidis croient en la réincarnation comme les hindous, mais ils ne sont pas incinérés comme eux. Ils disent qu'à leur mort, leur âme rencontre dans l'au-delà le soufi Sheik Adi qui les interroge sur leurs pratiques sexuelles passées. Les rapports sexuels avec des non-yézidis ou des personnes d'autres castes pourrait interdire à un Yézidi d'entrer dans le paradis. Certains Yazidi croient en enfer, d'autres croient que les flammes de l'enfer ont été éteintes par les larmes de Tawsi Melek. Les Yézidis croient qu'ils se réincarnent jusqu'à ce qu'ils atteignent un niveau de pureté qui leur permet de monter au ciel pour l'éternité. Les Yézidis impurs sont punis en se réincarnant dans le corps d'un non-Yazidi, ce qui est la pire punition possible.

Jésus joue un rôle important dans cette religion.


Ils considèrent les chrétiens comme leurs amis les plus proches. Les Yézidis ont hébergé chrétiens pendant le génocide arménien et des chrétiens ont aidé des Yézidis à fuir vers l' Europe et l' Amérique sous la dictature de Saddam Hussein en Irag. Jésus est reconnu comme un grand prophète de Tawsi Melek et son nom est invoqué dans les prières des Yazidis. Ils prétend que le charpentier yézidi nommé Yosef Nagar (comme Joseph dans l'Evangile) habitait à Jérusalem lorsque Jésus était un jeune garçon et a enseigné au futur «prophète» les pratiques et l' art de la guérison par les herbes. Les livres saints des Yézidis affirment que Tawsi Melek était un guide et qu'il aidait Jésus. Le dieu Yazidi est dit avoir envoyé Tawsi Melek pour déplacer la pierre qui bloquait la tombe de Jésus et qu'il était un ange protecteur qui est resté à proximité. Le réformateur Sheike Adi est réputé avoir été un sectateur de Jésus. Son maître sufi al-Hasan al-Barsi avait proclamé qu'il n'y a pas de messie "madhi" mais que Jésus était ce madhi.

Il existe aujourd'hui des tentatives d' "inculturation", c'est à dire d'introduction du catholicisme dans le yézidisme. Selon le site hindou Hindugeopolitics, le chrétien templier basé en Arizona Mark Pinkham (Mark "Amaru" Pinkham) essaie de fusionner catholicisme, yézidisme et hindouisme, dans le concept de hidzianité à  travers le dieu de la guerre hindou au paon Murugan, Melek Taus et Jésus. Il dirige un Ordre International des Templiers Gnostiques (International Order of Gnostic Templars ™ - IOGT) et son dernier livre “Guardians of the Holy Grail: The Knights Templar, John the Baptist and the Water of Life" tente de placer le Jardin d'Eden et la lignée des prophètes du «Saint Graal» tels que Jésus et Jean-Baptiste dans le prolongement de l'hindouisme du Sri Lanka. Ce gnosticisme est aussi très tourné vers la déesse mère comme le Da Vinci Code. La revue en ligne Covertwires en septembre 2014, juste après le génocide de Sinjar, a interviewé ce gourou de secte sur son livre de 2002 The Truth Behind the Christ Myth: The Redemption of the Peacock Angel. En 2007 sur Vancouver Coop radio il expliquait que les yézidis auraient fondé leur religion en Inde il y a 6 000 ans...Ce personnage est présenté comme le gourou d'une secte sexuelle crowleysienne dans le livre "Confession of an Illuminati" de Leo Lyon Zagami en 2015.

Mark Amaru Pinkham dirige aussi le site YazidiTruth.org . Déjà en 2007 il faisait campagne contre le "génocide" des yézidis en soutenant le témoignage du fakir Kawwal Khoudeida Hasan qui dirigeait une communauté d'une cinquantaine de familles yézidies dans le Nebraska.

 

La baronne Nicholson de Winterbourne, ambassadrice pour le commerce du gouvernement de Mme May, au sanctuaire de Lalish, novembre 2016

La baronne Nicholson de Winterbourne, ambassadrice pour le commerce du gouvernement de Mme May, au sanctuaire de Lalish, novembre 2016

Lire la suite

Psychiatrie et possession

10 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme

On trouvera dans la vidéo ci-dessous un témoignage intéressant d'un fils de pasteur. Intéressant pour moi parce qu'il me rappelle des situations auxquelles j'ai été confrontées, quoiqu'à un niveau bien moindre, fort heureusement, que cette famille du pasteur Peterschmitt.

J'estime que le pasteur et la psychiatre se trompent quand ils déclarent que la maladie psychiatrique est différente de la possession. Ils affirment au vu de leur expérience de la délivrance que la maladie a sa logique propre. C'est vrai, mais cette logique a bien une origine métaphysique. Je l'ai observé dans le cadre de mon enquête auprès des médiums, et j'espère pouvoir évoquer cela prochainement dans un livre.

Lire la suite

Une voyante tourangelle vers 570

4 Septembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme

Une voyante tourangelle vers 570

Voici mon passage préféré dans "L'Histoire des rois francs" de Grégoire de Tours car il nous montre à la fois une voyante à l'époque des mérovingiens, le jugement des hommes d'Eglise sur son compte et le fait que les clercs lisaient au hasard la Bible (ce qu'on trouve en d'autres passages de l'ouvrage y compris pour prédire l'avenir).

Comme Constance de Rabastens, la voyante en cause a prédit avec succès certains événements antérieurs, mais là elle se trompe (je lisais il y a peu qu'au même moment à Byzance des possédés donnaient oracle dans les églises car le démon leur révélait des aspects de l'avenir).

Il s'agit ici de Histoire des Francs. 1 / par Grégoire de Tours dans sa version de 1823 - J.-L.-L. Brière (Paris) - établie par Guizot (p. 238) légèrement différente de la version traduite du latin par JJE Roy accessible en Folio Gallimard de nos jours (p. 114).

" Un jour que j'avais été invité à la table [de Mérovée], comme nous étions assis l'un près de l'autre, il me demanda avec instance de lui lire quelque chose pour l'instruction de son âme, et ayant ouvert le livre de Salomon je pris le premier verset qui me tomba sons les yeux contenant ces paroles « Que l'œil de celui qui insulte son père soit arraché « par les corbeaux des torrens et dévoré par les enfans de l'aigle » II ne le comprit pas et je regardai ces paroles comme une prédiction du Seigneur à son sujet.

Gontran (Boson) envoya alors un de ses serviteurs vers une femme qu'il avait connue dès le temps du roi Charibert, et qui avait un esprit de Python afin qu'elle lui apprît ce qui devait arriver. Il soutenait qu'elle lui avait annoncé d'avance non seulement l'année, mais le jour et l'heure où devait mourir le roi Charibert ; elle lui fit dire par ses serviteurs « Il arrivera que le roi Chilpéric mourra cette année et que le roi Mérovée régnera sur tout le royaume à l'exclusion de ses frères. Tu auras pendant cinq ans le commandement de tout le royaume mais la sixième année, par la faveur du peuple tu obtiendras la faveur de l'épiscopat dans une des cités situées sur la Loire à la droite de son cours, et tu sortiras de ce monde vieux et plein de jours. » Lorsque ses serviteurs lui eurent, en arrivant, annoncé cette nouvelle, transporté de vanité comme s'il eût déjà siégé dans la cathédrale de Tours, Gontran vint aussitôt me rapporter ces paroles. A quoi, riant de sa sottise, je lui dis « C'est à Dieu qu'il faut demander ces choses il ne faut pas croire ce que promet le diable car il est menteur et père du mensonge" 'ev Jean 8,44' » Lui donc s'en étant allé confus, je riais beaucoup de cet homme qui pensait qu'on devait croire de telles choses."

La version de JJE Roy précis au début du second paragraphe "Il y avait alors à Tours une femme qui faisait profession de prédire l'avenir" et ne dit rien de "l'esprit de Python". Et le "elle lui fit dire par ses serviteurs" est traduit par "la réponse de la prétendue prophétesse ne se fit pas attendre" sans mention de ses serviteurs.

Lire la suite

Les malédictions dans les bains romains

24 Août 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Médiums, #Massages

Les malédictions dans les bains romains

Voici un sujet qui touche à la fois à mon livre sur les massages chinois et à mon projet de livre sur les médiums. Dans une contribution au livre "From Polites to Magos" qui a été dédiée au chercheur hongrois György Németh en juin dernier et publiées sous l'ISBN 978-963-284-796-2. Sylvia Alfayé de l'université de Saragosse sous le titre "Mind the Bath, magic at the Roman bath-houses" ("Attention aux bains, la magie dans les thermes romains) attire l'attention sur les malédictions dans les bains romains.

En Grande-Bretagne ont été trouvés, explique l'article, des tablettes de malédiction dont la plus grande partie proviennent du sanctuaire thermal de Bath, consacré à la déesse Sulis Minerva. Mais l'article se concentre sur d'autres sites britanniques moins connus comme Chesterton-on-Fosse, Leintwardine, Leicester, Eccles. Il relève que la découverte de tablettes de malédiction dans des établissements de bain n'était peut-être pas fortuite. Les bains peuvent être en effet être des "fearscapes" (un néologisme lié aux pratiques magiques) habitées par des Daemones (des entités) et des fantômes, dont la manipulation était très pratique pour l'action magique.

En effet, "en plus d'être utilisés comme espaces pour le divertissement et le plaisir -baiarum grata voluptas-, les thermes romains ont également été perçus et expérimentés à l'âge classique
comme des espaces d'anxiété - ou «des lieux effrayant» - où toutes sortes de dangers
rôdaient: vols professionnellement effectués par le «voleur de bains", "un personnage de la vie réelle qui a sévi thermes romains à travers l'Empire "; le risque de glisser ou de tomber sur un sol mouillé, ou de voir les murs ou les plafonds s'effondrer", les viols, les transmissions de maladies etc. Alfayé renvoie à un livre de Dundabin, de 1989 1989, 35 (Dunbabin 1989 = Dunbabin, K.M.D.: Baiarum grata voluptas – Pleasures and Dangers of the Baths. Papers of the British School at Rome 57, 6-46.), qui précise que «derrière les histoires de démons des bains se trouvait une croyance populaire répandue commune aux païens, chrétiens et juifs " et cite l'exemple de la rencontre de Grégoire le Thaumaturge en 5ème de notre ère avec un démon meurtrier qui contrôlait la maison de bain, tel que décrit par Grégoire de Nysse (331-394). "L'existence de l'eau dans ces espaces les a sans aucun doute fait percevoir et utiliser comme des membranes perméables qui ont permis le contact entre la surface et ce qui est en dessous et, par là même, le transfert d'objets et des gens du monde des ténèbres". Cela fait penser aux médiums actuels comme Géraldine Garance qui insistent sur le côté "conducteur" de l'eau.

Le principe du similia similibus opérait aussi pour placer des tablettes dans les endroit les plus chauds des lieux de bains pour faire brûler d'amour ou mourir les victimes. " Charme d'amour d'attraction. Il attire les hommes vers les femmes et les femmes vers les hommes et
fait les vierges se précipiter hors de leurs maisons. Prenez un papyrus pur et avec le sang
d'un âne écrivez les noms et les chiffres suivants, et mettez à l'intérieur du tissu de la femme que vous désirez. Étalez la bande de papyrus humectée de vinaigre de gomme et collez le dans la salle de vapeur voûtée sèche d'un bain et vous serez émerveillé". La formule magique à écrire suggérait que "les victimes éprouvaient alors, dans leur propre corps, la chaleur étouffante de l'espace où la defixio (déviation magique) a été déposé (presque) pour toujours". La source est dans les Latin Papyri Graecae Magicae (PGM) - pour le dépôt dans le caldarium (PGM II, 1-64; PGM VII, 467-477)29; et dans la “salle voûtée sèche" (PGM XXXVI, 69-101).

Voilà qui nous fera considérer les bains romains autrement que sous l'angle purement ludique que retiennent nos musées.

Lire la suite
<< < 10 20 21 22 23 > >>