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Le débat sur Jésus-Christ en Inde
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Il existe un courant d'étude historiques qui prend au sérieux certains récits indiens selon lesquels Jésus de Nazareth aurait fini ses jours en Inde et aurait sa tombe au Cachemire.
On peut, pour se familiariser avec cette thématique regarder la vidéo ci-dessous (en anglais) d'Edward T. Martin, auteur de "King of travelers Jesus' lost years in India" - sa conférence de 2016 au Maharishi Dome of the Age of Enlightenment d'Austin au Texas, dans laquelle l'histoire de son cheminement sur cette question.
Ses sources : Edgar Cayce (1877-1945), un visionnaire sur l'Atlantide que j'ai déjà cité à propos de l'architecture secrète, et un medium qui a fait une regression akachique pour lui, The Aquarian Gospel of Jesus the Christ (1908) de Levi H. Dowling sur la présence de Jésus temple de Jagannath et chez le prince Ravanna souverain d'Orissa.
On peut aussi regarder le documentaire (traduit) de l'anthropologue aventurier Jeff Salz (1953-2021) "Jésus in the Himalayas" de 2000 diffusé aux Etats-Unis par Discovery Channel, puis peu de temps après par la 5,qui rend compte de sa tentative pour retrouver les manuscrits au monastère de Hémis - mais on lui a expliqué qu'il ne pourrait accéder à la bibliothèque que lorsque le chef du monastère serait de retour ce qui pourrait prendre plusieurs années...
Tous les documentaires anglo-saxon font bizarrement l'impasse sur le fait que la thèse de la mort de Jésus en Inde provient à l'origine d'une secte musulmane indienne du XIXe siècle.
Ils ne disent pas non plus qu'elle a été promue en Occident par la très sulfureuse Société de théosophie, une diffusion à laquelle les Français (et singulièrement des bourgeoises françaises) ont aussi pris leur part.
Ainsi la journaliste Marianne Monestier (1908-1981), dans Femmes d'hier et de demain, d'ici et d'ailleurs rend hommage à Léa Lafugie, "premier et seul peintre ayant rapporté du Tibet une collection de toiles et d'études", dont la première relation de voyage au Tibet (son voyage de 1924) fut préfacée par Alexandra David-Neel. Elle évoque son entretien avec elle dans son appartement du XVIe arrondissement. Léa Lafugie lui explique que dans Tibet Terre des Bouddhas vivants elle a déjà précisé qu'au monastère de Hémis se trouvent les preuves du séjour du "Bouddha Issa" en Inde, au Népal, au Tibet. Ses amis théosophes, dit-elle, qu'elle avait connus lors d'un précédent passage à Adyar, pensaient qu'elle parviendrait à photographier ces preuves. "C'est à Adyar qu'Annie Besant, pour laquelle Bernard Shaw conserva toujours un sentiment de tendresse, ajoute Lafugie, mourut le 20 septembre 1933" et fut incinérée. Elle vante son féminisme, son malthusianisme, et sa fondation en Inde d'une bibliothèque contenant des manuscrits anciens uniques des Upanishads notamment.
Lafugie s'était rendue à Hemis (ou Himis) à l'instigation de ses "amis théosophes", elle fut reçue par celui qu'elle appelle selon Monestier le Kouchoq (dans ses livres Lafugie écrit Skouchok) qui ne lui a laissé qu'apercevoir les fameux manuscrits sur le Bouddha Issa car "la bibliothèque que l'on était en train d'édifier, en partie pour pouvoir les installer et les classer, ne serait pas achevée avant au moins une année" et quand elle y retourna l'année suivante le Kouchoq était mort... Voilà une "malchance" qui rappelle celle de Jeff Salz.
Il y avait eu aussi une tentative espagnole pour remettre la main sur ces manuscrits. L'ufologue espagnol (catalan) Andreas Faber Kaiser (1944-1994), directeur du magazine Mundo Desconocido et présentateur populaire de Catalunya Radio dans Jesús vivió y murió en Cachemira ¿La tumba de Jesús en Srinagar? publié en 1976 et traduit en anglais en 1977, rendait compte de son expédition en Inde en 1975 avec sa femme, Mercedes Castellanos. Il a affirmé y avoir rencontré "le descendant direct du Christ", qui serait issu du mariage de Jésus avec une Marie, qui n'était pas la Madeleine de Dan Brown et son Da Vinci Code. Très vite en 1980 l'évangélique Juan Barceló Roldán avait combattu cette thèse, dans un livre intitulé "Jesús y la estafa de Cachemira", comme le rappelait encore récemment sur l'émission évangélique de TVE Buenas Noticias en mars 2016, au micro du pasteur José Pablo Sanchez l' "historien écrivain" Mario Escobar. José Luis Parise en 2014 dans "La Historia Oculta de Cristo" aurait fourni d'autres éléments sur le sujet, mais je n'y ai pas eu accès.
En France, dans la Revue de l'Institut catholique de Paris du 1er avril 1992, l'abbé Michel Delahoutre, ancien titulaire du cours des religions indiennes à l'Institut Catholique de Paris, dans l'article intitulé "La Vie inconnue de Jésus-Christ par Nicolas Notovitch" faisait le point sur la prétention de l'explorateur russe d'avoir retrouvé un à Himis un manuscrit "La vie de saint Issa, le Meilleur des Fils des Homme" qu'il aurait fait traduire par son interprète et publier en 1894, en tout quatorze chapitres, soit 244 versets, 33 pages. On y trouve, expliquait Delahoutre, un résumé de l'Histoire Sainte d'Israël à partir de l'esclavage d'Égypte (chap. II et III) puis l'histoire d'Issa (chap. IV), son voyage en Inde (chap. V à VIII), son retour en Israël et son ministère jusqu'à sa mort (chap. IX à XIV).
Delahoutre cite la réaction de Max Müller professeur à Oxford qui dans la revue The Nineteenth Century d'octobre 1894 jugea tout de suite que Notovitch avait été victime d'une mystification de lamas farceurs, car, à supposer que le texte, comme le prétendait le russe, ait pu provenir via la traduction en pâli de récits de marchands juifs comment auraient-ils pu identifier le crucifié au jeune Issa qui était venu étudier le sanskrit en Inde, et pourquoi son nom aurait-il été conservé en arabe, alors que celui de Pilate venait de l'hébreu ? Qui plus est comme in connaissait tous les écrits bouddhistes, cette vie d'Issa aurait dû figurer dans les catalogues du Talmud, ce qui n'était pas le cas.
En avril 1896, l'anglais J. Archibald Douglas dans la même revue accusa Notovitch d'affabulation, notamment quand lui-même prétendait avoir vu une panthère dans le défilé du Sind alors que les habitants du lieu ont affirmé qu'il ne s'y en trouvait pas. L'année précédent Douglas avait interrogé l'abbé du monastère d'Himis qui avait affirmé n'y avoir jamais vu Notovitch.
Une dizaine d'années après la sortie du texte de Notovitch le prophète musulman Mirza Ghulam Ahmad (1835-1908) publiait Jésus en Inde (Masīh Hindustān Meiń), un traité paru dans une revue historique puis sous forme de livre. Il y avançait que Jésus a survécu crucifixion , a quitté la Judée et a migré vers l'est afin de poursuivre sa mission auprès des « tribus perdues d'Israël », voyageant à travers la Perse et l'Afghanistan et finissant par mourir d'une mort naturelle et honorable au Cachemire à un âge avancé (alors que Notovitch n'avait parlé que de sa venue pendant l'adolescence).
Le pasteur José de Segovia avance encore des précisions au sujet des thèses sur la mort de Jésus en Inde : un document du XVIIe siècle de Khwaja Hassan Malik, Tarikh-i-Kashmir, aurait une inscription disant que Yuz Asaf est entré au Cachemire en 78 après JC, mais comme c'est souvent le cas, aucun critique n'a encore réussi à le consulter. La tombe du Cachemire, près de Srinagar, possède un monument en pierre appelé le Trône de Salomon, avec quatre inscriptions. Les deux derniers sont les plus intéressants, mais ils ont été endommagés après la conquête par les Sikhs en 1819. Un historien musulman cachemirien les aurait traduits en persan en 1413, déclarant que :
A cette époque, Yuz Asaf s'est proclamé prophète. L'an cinquante-quatre.
Cela pourrait être une année du règne de Godapatta, mais les défenseurs de cette théorie ne s'entendent pas sur la date à laquelle se situerait cette date. Selon l'Allemand Kersten, ce serait 107, mais selon le professeur Hassanin, 78. La dernière ligne dirait : Il est Jésus, prophète des Enfants d'Israël
D'autres, comme Eduard Meier, pensent que la tombe se trouve sur une colline à la périphérie de la ville. Pour ce faire, il se base sur les informations qu'il a reçues alors qu'il était soi-disant contacté par des extraterrestres. Meier a édité un document en 1978, qu'il aurait découverts en 63 après JC, appelé le Talmud de Jmmanuel. Il prétend l'avoir traduit en allemand depuis l'araméen en 1974, mais comme cela arrive souvent dans ces cas, il est maintenant détruit. Dans celui-ci, Jmmanuel, ou Jésus, tombe dans une transe profonde sur la croix, grâce à une technique de méditation que l'hindouisme et le bouddhisme appellent samadhi, semblable à une décorporation. Bien que Jésus soit transpercé par la lance de Longinus, Josep d'Arimathie découvre qu'il n'est pas mort. Il l'enveloppe dans un tissu et l'enlève de la tombe, où des amis hindous l'aident à le ramènent à la vie avec des médicaments et des herbes.
La base de toutes ces théories est l'idée que la mort sur la croix survenait généralement après plusieurs jours, tandis que Jésus serait descendu, sans avoir les jambes cassées, relativement tôt, le jour même de sa crucifixion (cf Flavius Josèphe à propos de trois prisonniers juifs crucifiés mais restés vivants que Titus autorisent à décrocher de leurs croix et qui survivent). Ainsi, après seulement quelques heures sur la croix, pour des auteurs comme Siegfried Obermeier, "Jésus était dans le coma", ce que pourrait recouper dans une certaine mesure le suaire de Turin.
Les documents utilisés par Ahmad ont été examinés par l'indianiste allemand Günter Grönbold dans Jesus in Indien. Das Ende einer Legende (Munich, 1985), Grönbold concluant qu'Ahmad avait mal identifié le matériel des textes de Barlaam et Josaphat concernant une version christianisée de la vie de Siddhartha Gautama , et non de Jésus. Un autre érudit allemand Norbert Klatt dans Lebte Jesus in Indien? (1988) a examiné les mêmes textes de sources musulmane et chrétienne et serait arrivé aux mêmes conclusions que Grönbold.
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L'ufologue australien Paul Anthony Wallis, auteur de Scars of Eden, pour sa part a proposé en 2022 sur YouTube un ensemble de quatre vidéos qui font le point sur la thèse de la présence de Jésus en Inde et essaie de revenir sur le scepticisme des chrétiens. Par exemple il estime que les recherches de Swami Abhedananda (1866-1939) disciple de Ramakrishna Paramahansa dans les années 1920 ont relancé l'hypothèse de Notovitch parce que le même document lui a effectivement été montré, et il l'aurait traduit en bengali. Le théosophe russe Roerish, la suissesse Elisabeth Caspari et Maude Gasque y auraient eu accès aussi (mais je n'ai rien trouvé là dessus sur le Net), ce qu'affirmait aussi la gouroue New Age Elizabeth Wulf (1939-2009) dans "Les années perdues de Jésus". Je ne trouve pas pour l'instant sur le Net de réfutation de ces derniers éléments, beaucoup avançant seulement les éléments de 1894 et 1896 pour disqualifier le travail de Notovitch.
J'avoue qu'à ce stade les éléments sur le séjour de Jésus en Inde me paraissent assez incertains. On voit bien que l'hypothèse sert une certaine tendance contemporaine dans le New Age à faire du christianisme une annexe de l'hindouïsme ou du bouddhisme (ce qu'on retrouve aussi dans la transformation de Lourdes en lieu saint de l'hindouïsme par les Tamouls en France - voir L'Autre Lourdes), ce qui est facile en transformant Jésus ou Marie en avatars ou en réincarnations de héros asiatiques. Pour autant, elle ne l'implique pas totalement : on peut défendre que Jésus ait pu s'inspirer un peu de sagesses orientales sans pour autant que son message perdre de son originalité directement de reçue de l'Esprit saint, tout comme Saint Paul a pu s'inspirer du stoïcisme et Saint Augustin du platonisme ou Saint Thomas d'Aquin de l'aristotélisme, l'Esprit agissant par ailleurs dans chacune de ces pensées non-chrétiennes "à sa manière".
Comme le note Paul Wallis l'hypothèse de Notovitch d'une visite de Jésus en Inde pendant son adolescence est moins dangereuse pour le christianisme que celle avancée par Mirza Ghulam Ahmad selon laquelle Jésus n'a pas été crucifié et aurait son tombeau près de Srinagar. Mais à vrai dire, je pense qu'à un certain niveau spirituel il est un peu absurde de fonctionner de façon exclusive. Si pour un individu ordinaire il est possible de se dédoubler (bilocation), le fils de Dieu ne peut-il pas de démultiplier en ressuscitant des morts et montant u ciel en Palestine et en finissant ses jours ailleurs dans d'autres pays ?
Sachant bien sûr que de toute façon pour nous Chrétiens cette "part de Jésus" ou ce "double" réel ou démoniaque de Jésus qui serait allé mourir en Inde n'est de toute façon d'aucun intérêt puisqu'elle n'est porteuse d'aucun message éthique ni d'aucun horizon eschatologique.
Pour en rester à l'adolescence de Jésus, un point important tourne autour des ressources documentaires du monastère d'Himis. Et c'est un peu comme avec l'affaire des Géants : peut-on indéfiniment soutenir que la preuve de leur existence se trouve quelque part mais qu'elle est délibérément soustraite à la vue du commun des mortels ? Si le texte traduit par Notovitch existe, pourquoi est-ce qu'un chercheur honnête ne pourrait pas aller le filmer à Hemis et le soumettre à un examen collégial de ses pairs ? Tant que personne ne peut photographier ou filmer devant témoin ce genre de pièce, le soupçon d'imposture ne peut que perdurer.
La nuit de Walpurgis
J'ai évoqué dans mon livre sur le Complotisme protestant les théories selon lesquelles les sociétés secrètes se livrent à des rituels sordides à l'occasion de la fête celtique de Beltane le 1er mai.
C'est un thème que reprend aussi cette année sur son site le franc-maçon repenti Léo Zagami, qui le croise avec la dimension germanique de cette fête que je ne connaissais pas.
"L'Église de Satan a été fondée la nuit de Walpurgis de 1966 il y a longtemps, et son fondateur Anton Szandor LaVey a déclaré dans The Satanic Bible, qu'en plus de son anniversaire, Walpurgisnacht doit être considérée comme une autre récurrence satanique importante. (...) Lors de la christianisation de l'Europe centrale, l'église tenta aussi de christianiser cette fête, l'associant à Walpurgis de Heidenheim, ou simplement sainte Walpurgis, une abbesse anglaise qui vécut vers le VIIIe siècle, pour prendre la place de la « Grande Mère de la fertilité ». .” Cependant, Santa Vapurga avait également pour tâche d'exorciser une peur très forte dans le nord de l'Europe, selon certaines traditions européennes, comme l'a également réitéré LaVey lors de la nuit de Walpurgis, des sorcières, des démons et des esprits sont sortis de leurs cachettes pour danser autour du feu. Cependant, ces croyances ont persisté bien au-delà de la christianisation de l'Europe centrale. En Allemagne, par exemple, au XVIIe siècle, on croyait encore que toutes les sorcières allemandes se rassemblaient la nuit de Walpurgis sur la plus haute montagne de la chaîne du Harz, le mont Brocken, jeter des malédictions sur les pauvres malheureux. Pour cette raison, la Walpurgisnacht s'appelait aussi Hexennacht, "Nuit des sorcières". Et ainsi, tout comme la fête de Samhain (Halloween actuel), pour conjurer la sorcellerie et le mauvais œil, les gens priaient (et célébraient) jusqu'à l'aube lorsque les monstres retournaient aux enfers. Et tout cela est arrivé grâce à la veillée de Santa Valpurga. Se référant à cette légende, Goethe décrit comment Méphistophélès conduit Faust au sommet du mont Brocken, pour assister aux danses infernales des démons, des sorcières et des sorciers, auxquelles Faust lui-même se joindra. De retour à l'époque actuelle, le temple satanique célèbre l'Hexennacht comme "une fête solennelle pour honorer ceux qui ont été victimes de la superstition". tout comme la fête de Samhain (actuel Halloween), pour conjurer la sorcellerie et le mauvais œil, les gens priaient (et célébraient) jusqu'à l'aube lorsque les monstres retournaient aux enfers. Et tout cela est arrivé grâce à la veillée de Santa Valpurga. Se référant à cette légende, Goethe décrit comment Méphistophélès conduit Faust au sommet du mont Brocken, pour assister aux danses infernales des démons, des sorcières et des sorciers, auxquelles Faust lui-même se joindra. De retour à l'époque actuelle, le temple satanique célèbre l'Hexennacht comme "une fête solennelle pour honorer ceux qui ont été victimes de la superstition". tout comme la fête de Samhain (actuel Halloween), pour conjurer la sorcellerie et le mauvais œil, les gens priaient (et célébraient) jusqu'à l'aube lorsque les monstres retournaient aux enfers. Et tout cela est arrivé grâce à la veillée de Santa Valpurga. Se référant à cette légende, Goethe décrit comment Méphistophélès conduit Faust au sommet du mont Brocken, pour assister aux danses infernales des démons, des sorcières et des sorciers, auxquelles Faust lui-même se joindra. De retour à l'époque actuelle, le temple satanique célèbre l'Hexennacht comme "une fête solennelle pour honorer ceux qui ont été victimes de la superstition". Goethe décrit comment Méphistophélès conduit Faust au sommet du mont Brocken, pour assister aux danses infernales des démons, des sorcières et des sorciers, auxquelles Faust lui-même se joindra. De retour à l'époque actuelle, le temple satanique célèbre l'Hexennacht comme "une fête solennelle pour honorer ceux qui ont été victimes de la superstition". Goethe décrit comment Méphistophélès conduit Faust au sommet du mont Brocken, pour assister aux danses infernales des démons, des sorcières et des sorciers, auxquelles Faust lui-même se joindra. De retour à l'époque actuelle, le temple satanique célèbre l'Hexennacht comme "une fête solennelle pour honorer ceux qui ont été victimes de la superstition".
C'est dans cette tradition qu'Adam Weishaupt a fondé les Illuminati le 1er mai 1776. Quand on regarde la doctrine des Illuminati, il devient clair que le choix du 1er mai pour sa naissance n'était pas une coïncidence. Weishaupt était au courant des célébrations païennes qui avaient été pratiquées pendant des milliers d'années le premier mai, qui ont été maintenues sous une certaine forme jusqu'à l'époque de Weishaupt et continuent à ce jour. Beltaine, comme on l'appelle dans les îles britanniques, marque "le point médian de la progression du soleil entre l'équinoxe vernal et le solstice d'été". L'étymologie du mot signifie « feu vif », « feu de balle » ou « feu de Baal ». Les fêtes du 1er mai découlent littéralement d'une forme d'adoration du soleil et du feu.
C'était à l'époque de Beltane que les animaux étaient sacrifiés sur des autels de feu. Alors que les temps du printemps doivent apporter la paix et la joie, les puissants qui connaissent le pouvoir des royaumes les plus sombres utilisent ce temps pour déclarer leur loyauté aux dieux qu'ils ont façonnés pour leur propre ego. Statistiquement, le printemps nous apporte la mort. Il semble que ce soit par conception. Ceux qui recherchent une forme de contrôle fasciste encouragent souvent les campagnes de guerre et les effusions de sang au printemps. Il y a deux raisons pour lesquelles le 1er mai a été choisi comme la fondation de l'Ordre des Illuminati. La première, c'est que le culte du feu était au cœur des célébrations ce jour-là. Et de même, le culte du feu devait être la base des plus hauts mystères des Illuminati.
Cela a toujours représenté le soleil, probablement avant même que l'écriture ne soit inventée, et les Égyptiens l'utilisaient il y a des milliers d'années comme symbole hiéroglyphique du dieu solaire Ra. Les festivals du 1er mai étaient une mise en scène du culte du soleil et du feu; ainsi, le 1er mai, donnant le symbolisme manifeste de l'Ordre, était un jour parfait (symboliquement) pour la fondation des Illuminati. Est-ce une coïncidence si nous voyons des actes de violence et des campagnes de guerre dans le monde commençant en mars et se terminant le 1er mai ? Cela indiquerait que les pouvoirs occultes attribués au culte des démons ; principalement le culte de Baal ne nous a jamais vraiment quittés. (...)
L'élite occulte d'aujourd'hui observe toujours ces rites, mais avec une différence majeure : ils sont désormais pratiqués sur des personnes sans méfiance, principalement des enfants... et leurs rituels du feu sont maintenus pendant les actes de guerre alors que les villes sont détruites par le largage des bombes."
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Il existe aussi un poème de Verlaine sur la nuit de Walspurgis et une ou deux autres légendes sur le sujet.
En 1938, le très discret (il n'y a presque rien sur lui sur le Net ou à la bibliothèque nationale de France) collaborateur de la revue Sex Appeal Jean d'Humovain écrit: "Walpurgis ! De son sépulcre d’Eichstadt, où reposent ses cendres depuis neuf siècles, la légende, sa sœur d’ombre, se lève, le premier jour de mai — commémorant les fêtes païennes — et préside au rit du sabbat, célébré sur la cime culminante du Harz, en ce Brocken au chaos de granits dénudés... Dans l’ondoiement de rougeur ténébreuse, la cohue de l’enfer humain se précipite. Docteurs illuminés, guidant la foule sordide : de tenue sous le satanique charme; nécromants entortillés dans des suaires; gitanos superbes d’orgueil, de crasse et de scélératesse; gueux infirmes, sautant sur leurs moignons; incubes rêvant de priapées indescriptibles et enlaçant des succubes pâmées de désirs; élite ou troupeau vil enfin, viennent, en cette délirante nuit de blasphème et de vœu, griser d’impie encens, le monstrueux bouc des luxures ! La nuit de Walpurgis ! La ruée immonde vers le Baphomet obscène, l’exaltation de la gloire inverse de Dieu — rite sacrilège ou carnavalesque imposture ! — se produira ce soir... Dans la ville, des cortèges de syndicalistes parcourent les grandes artères avec une surexcitation inquiétante, car, dans les rangs disciplinés de l’honnête foule ouvrière, s’insinue une tourbe équivoque et populacière, génératrice de désordres. A la vue de ces défilés, que j’aperçois de mon balcon, je me demande si les manifestants, et leurs meneurs surtout, qui flétrissent l’obscurantisme des siècles révolus, se doutent qu’ils sacrifient en adoptant la date symbolique, leurs principes positifs et humanitaires à une grossière superstition médiévale ?"
Et voyez encore ceci dans l'Echo de Metz du 11 mai 1907 :
"Les moeurs et coutumes superstitieuses du mois de mai sont très nombreuses. D'abord, c'est le sabbat des sorcières - quand les sorcières font apparaître leurs fantômes sur les montagnes. Walpurgis était la fille de saint Richard et la soeur de saint Willibald, et la nuit du 30 avril au 1er mai est dénommée d'après elle la nuit de Walpurgis. Elle est considérée comme patronne contre la magie et les fantômes. Selon les contes, les feux follets dansent pour la première fois au mois de mai, et dans la nuit du 16 mai la passiflore s'ouvre. Dans beaucoup de villes et villages, on choisit un conte ou une reine de mai. La Silésie, la Souabe, la Saxe, la Thuringe et d'autres pays ont leurs contes de sorcellerie. On fait trois croix à la porte des maisons et des étables pour en éloigner les sorcières, ou on sonne les cloches pour empêcher les sorcières de jeter le sort"
Pour mémoire un grand rassemblement sataniste "SatanCon 2023" s'est tenu le weekend dernier à Boston qui a pris fin le soir de Walpurgis (le 30 avril). Le Met Gala annuel 2023 qui a aussi des relents occultistes très prononcés a pris le relai au Metropolitan Museum of Art de New York le lendemain.
La lactation surnaturelle : Marie Rousseau, une imposture du XXe siècle, et des sources médiévales
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Après notre billet sur le don de lactation d'une mystique controversée, Mme Bruyère, en voici un sur une bienheureuse dont le rôle est approuvé par l'Eglise officielle : Marie Rousseau, née Gournay, fille du peuple de Paris, née en 1596, veuve du marchand de vin et tenancier de taverne David Rousseau, à l'origine de la fondation de Saint-Sulpice et de la sanctification de Saint-Germain-des-Près à Paris, mais aussi de la validation de la mission de Jeanne Mance pour la fondation catholique du Canada français en 1642.
Pour avoir une idée de ses dons on peut se reporter par exemple à la manière dont cette femme littéralement canalisait directement de l'au-delà son volumineux journal intime, voici ce que son ami Olier, en 1642, écrivait (Journal tome II, p. 196-197) :
"Pendant sept ou huit heures entières elle dit qu’elle n’écrit que la moindre partie de ce qu’elle voit, elle dit un mot qui en exprime seize, bref elle n’écrit rien qui la contente, tant la matière qu’elle laisse surpasse celle qu’elle écrit, ce qui est une marque presque infaillible de ses véritables lumières, et surtout au sujet de la très Sainte Vierge. Et ce qui est encore considérable, c’est la manière dont elle écrit étant toujours quasi hors d’elle et tombant en extase en écrivant. Je suis redevable à mon DIEU de la grâce de l’avoir vue en cet état, de l’avoir vue hors d’elle-même avec des souffrances extrêmes, je l’ai vue se plaignant qu’elle ne voyait goutte pour écrire tant son âme était occupée au-dedans et dérobait ainsi aux sens les facultés nécessaires pour le service de cette âme. Je ne vois point de secrétaire du St Esprit plus assuré dedans l’Église hors de ceux que la foi nous propose, mais pour des âmes particulières il n’y a point de marque de fidélité et de soumission plus grandes que celles qui se remarquent en sa façon d’écrire, elle ne se sert point de son esprit, elle s’abstient d’écrire ce qu’elle doute être de Dieu, elle soumet le tout à son directeur très capable, elle n’écrit que dans l’impétuosité d’un esprit intérieur plus vite et plus fort que le sien qui n’ayant rien d’acquis ne mêle rien avec l’esprit DIVIN, bref c’est une merveille qui n’a rien de semblable."
A la différence de Mme Bruyère et de ses disciples, Marie Rousseau ne donnait pas son sein aux bébés (voire à un homme de trente ans...), mais, comme elle, elle matérialisait dans sa poitrine au moins au niveau des sensations le rôle "marial" qu'elle devait jouer sur la Terre. C'est ce qu'a relevé le père Houtin quand il rapporte ces propos d'Olier : « Cette âme, toutes les fois quasi, au moins assez souvent, lorsque Dieu opère par moi au prochain, elle se sent tirée des mamelles, comme si c'était un petit enfant qui tirât du lait de sa mère. Elle se sent le sein enflé et son lait se répandre en moi qu'il lui semble que je dégorge après sur les personnes à qui je parle. »
Pour bien le comprendre, il faut saisir que d'après cette mystique, elle "devient" littéralement la Vierge Marie, comme Olier devient Jésus, et cela se comprend à partir d'un autre extrait des écrits d'Olier qui indiquent à propos de Marie Rousseau : "Elle vit Notre Seigneur venir en moi et me changer en lui et vit encore la Sainte Vierge entrer en elle et la convertir toute en elle".
On peut se demander si Mme Bruyère en donnant ensuite généreusement le sein à ses disciples ne fait pas que pousser d'un pas de plus l'inspiration de Marie Rousseau (diabolique ou pas, on l'ignore, en tout cas, il y avait bien une production surnaturelle de lait). Cette thématique évidemment ouvre une réflexion intéressante sur la dimension sensorielle du mysticisme, notamment du mysticisme féminin. Peut-être une exploitation plus détaillée du volumineux journal de Marie Rousseau qui dort encore à la Bibliothèque Nationale de France nous en apprendrait-elle plus.
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A côté de cette histoire qui relève d'un surnaturel probablement "positif" et exempt de mensonge et d'orgueil, en voici une beaucoup plus douteuse, du moins si l'on se fie au témoignage qui est parvenu jusqu'à nous.
En 1976, une romancière catholique (auteur entre autres d'un livre sur Saint Jérôme comme Régine Pernoud) Yvonne Chauffin et un prêtre de 62 ans docteur en théologie et ancien interne des hôpitaux se sont penchés sur la question de la lactation surnaturelle dans un livre, paru aux éditions Plon, " Le Tribunal du Merveilleux". Le chapitre de ce livre intitulé "La sainte Mamelle" (une fête ancienne - le 17 octobre jadis) a été écrit par Yvonne Chauffin. Il raconte comment, dans une communauté qui instruit 300 adolescente, une femme de 26 ans (appelée pour les besoins de la cause Mélanie, d'un tempérament un peu exalter, alla demander à la mère supérieure de l'allaiter. La religieuse hésite, sachant la chose matériellement impossible, puis accepte d'essayer. "Il n' y a pas de péché. On est entre femmes, écrit Yvonne Chauffin (p. 108). Tout est pur aux purs. La religieuse cède enfin. Elle s'assied, ferme les yeux, se met en prière, relève d'un geste maladroit sa guimpe blanche, dégrafe son corsage noir, en sort en tremblant son sein flasque et quinquagénaire, qu'aucune main n'a caressé, qu'aucune lèvre n'a approché. Mélanie devant elle à genoux, les yeux au ciel, approche goulûment sa bouche entr'ouverte. La montée de lait ne se fait pas du premier coup ! Ce serait trop beau ! Après deux ou trois jours d'efforts répétés, le miracle se produit ! Du sein virginal le lait ruisselle. Il en coule un filet crémeux aux commissures des lèvres de Mélanie."
La mère supérieure troublée se demande si elle doit espérer qu'il se renouvelle. Elle prie. A ce moment-là une lettre arrive d'un missionnaire au Japon, le père Bécourt qui dit connaître depuis longtemps les qualités spirituelles de Mélanie et encourage la supérieure à accepter humblement le phénomène. Et celui-ci se reproduit tandis que le père Bécourt meurt trois mois plus tard. Puis une sommité médicale canadienne qui aurait eu naguère le père Bécourt comme directeur spirituel recommande aussi de poursuivre dans cette voie et la supérieure se décide à écrire au pape. L'évêque dépêche un prêtre enquêteur. La supérieure avoue qu'elle ferme les yeux quand elle donne le lait et qu'elle n'a jamais rencontré ni le père Brécourt ni le médecin canadien. Il interroge Mélanie qui lui apparaît "revêche, mal fagotée, à la parole saccadée". Celle-ci avoue qu'elle avait avait auparavant aussi demandé la têtée à une militante de l'Action française, vieille fille du genre "jument militante syndicaliste" selon Y. Chauffin qui l'avait hébergée et par l'intermédiaire de laquelle elle avait connu la communauté religieuse et que cela n'avait rien donné. Quand il découvre que le docteur Bécourt et le médecin canadien n'ont jamais existé, le prêtre enquêteur comprend que les religieuses ont été bernées par Mélanie, dans la chambre de laquelle d'ailleurs des tubes de lait concentré ont été retrouvés.
Voilà donc deux histoires bien différentes sur l'héritage du rapport chrétien à la lactation.
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En parcourant le Net, je vois aussi que Anselme de Gembloux (XIIe s) écrivit dans sa Continuatio chronigraphiae Sigiberti que dans Cambrai est une ville épiscopale très ancienne et très importante, se trouvait une cathédrale dédiée à la Vierge mère, et qui conservait "une boucle de sa chevelure et du lait de sa sainte mamelle". Il y avait aussi, selon Guilbert de Nogent (1053-1124) du lait de la Vierge dans une colombe de cristal d'or à la cathédrale de Laon. 69 sanctuaires au XIIe siècle revendiquaient la possession de ce lait, dont Sainte-marie de Rocamadour, qui était , selon des clercs, fait en réalité de poudre provenant de la grotte de Bethléem.
L'universitaire suédois Hilding Kjellman (1885-1953) qui exploita le recueil de miracles anglo-normands dans le manuscrit 20 B XIV de l'ancien fonds Royal du Musée Britannique y a trouvé l'histoire de de Fulbert, évêque de Chartres (mort en 1028), qui fut guéri par le lait de la Sainte Vierge. Sur son lit de mort, saint Fulbert reçoit la visite de la Vierge ; il fut rétabli par trois gouttes de son lait dont elle l'arrose et qu'il conserve ensuite pieusement dans le trésor de l'église. En témoignage de sa reconnaissance, il restaura la cathédrale de Chartres. Guillaume de Malmesbury, qu'on a déjà évoqué à propos du Graal, a cité ce miracle dans sa Gesta Regum Anglorum, puis Albéric des Trois-Fontaines ( auteur d'une chronique universelle en latin de la Création à 1241), qui le place en 1022, et en français dans dans le 21e poème de la collection anglo-normande d'Adgar.
Notre Dame ne se contente pas d'arroser, comme en témoigne l'histoire "d'un moine qui souffrait d'une maladie terrible, appelée « Equinancie », sorte de chancre qui lui avait affecté le cou. Mourant il est visité par la Sainte Vierge, qui invisible à tous les assistants lui met sa mamelle dans la bouche. Il en suce le lait bienfaisant, l'enflure du cou disparaît et il est bientôt tout à fait
bien portant."
Le chercheur a trouvé dans un autre document l'histoire de la guérison d'un chancreux combinée dans cette rédaction avec la vision du champ fleuri, après que Notre Dame eût mis son sein dans sa bouche.
Il existe aussi une histoire d'un homme qui se fait religieux ; il passe son temps à des prières et à de bonnes œuvres, et notamment il recommande aux riches de donner de leur avoir aux pauvres et aux orphelins. Le moine appelle lui-même la Vierge qu'il reçoit seul. Elle lui met la mamelle dans la bouche pour qu'il en suce le lait qui le guérit.
Kjellman note que "Gautier de Coincy (1177-1236) consacre à ce même sujet un deuxième récit qui représente une dernière forme des miracles traitant ce thème. Il s'agit d'un clerc qui s'était livré à toutes les joies du monde sans s'occuper de son âme. Il tomba malade, perdit connaissance et fut attaqué d'une horrible frénésie. Dans sa rage, il se mangeait la langue et les lèvres ; sa figure devint tellement méconnaissable que personne n'osait le regarder. La Sainte Vierge lui apparaît cependant, s'approche de son lit, et arrosant de son lait sa bouche et sa figure elle le guérit."
Ce récit se trouve dans plusieurs des grandes collections latines. Paule V. Beterous, docteure ès-lettres, en 1975 après Kjellman les a catégorisés.
On voit bien que Bernard de Clairvaux (1090-1153), qui est né 62 ans après la mort de Fulbert, ne fut pas, selon la tradition, le premier à sucer la Sainte Mamelle, quoique dans son cas, l'originalité tient à ce que ce lait lui apporta le savoir et l'éloquence, et non la guérison, tout comme l'enseignement de Notre Dame apporta à Albert le Grand le savoir scolastique...
Madame Bruyère et la lactation
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L'allaitement de Jésus par la Sainte Vierge dans un tableau de Rubens ("L'adoration des Bergers") m'a rappelé la lactation de Saint Bernard dont je vous avais parlé en 2015 et qui m'étonne depuis que je l'ai vue dans les années 1990 représentée par Cano au musée du Prado à Madrid.
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Comme j'évoquais par mail le sujet avec un ami le weekend dernier, celui-ci me faisait remarquer qu'au XIXe siècle l'abbé Albert Houtin (1867-1926) avait écrit sur le rapport très particulier que l'abbesse de Solesme Mme Bruyère (1845-1909) avait à ce sujet.
Voici ce que l'abbé écrivait très précisément dans une édition augmentée de 1830 de la biographie de cette mystique (p. 38-39) :
" De bonne heure, elle avait considéré les formations des âmes comme des « maternités ». Cette image, s'emparant de plus en plus de sa pensée, prit tous les développements dont elle était susceptible. L'Abbesse portait ses fils dans on sein ; elle les mettait au jour, les gratifiait d'un nouveau prénom, les allaitait, les élevait spirituellement. Elle aimait à recevoir leurs confidences, même celles que les enfants ne font pas ordinairement. Dom Guéranger, qui se flattait de l'avoir dirigée dès son enfance en dehors de « la pruderie moderne », aurait pu se vanter d'avoir réussi.
La mère comblait ses enfants de douceurs spirituelles. Chaque année, par exemple, pendant la nuit de Noël, elle recevait dans ses bras l'Enfant-Dieu. Après l'avoir allaité, elle le déposait dans les bras de ses filles les plus privilégiées, et celles-ci aussi lui donnaient le sein. Elle le déposait ensuite tour à tour dans les bras de ses fils. Et ceux-ci, qui n'en avaient rien vu, apprenaient de leur Mère, au parloir ou dans une tendre missive, que la chose était arrivées."
Le père Houtin en note de bas de page rapproche ce phénomène d'allaitement virginal de ce qu'écrivait le curé Olier, fondateur des Sulpiciens, de sa mère mystique Marie Rousseau : « Cette âme, toutes les fois quasi, au moins assez souvent, lorsque Dieu opère par moi au prochain, elle se sent tirée des mamelles, comme si c'était un petit enfant qui tirât du lait de sa mère. Elle se sent le sein enflé et son lait se répandre en moi qu'il lui semble que je dégorge après sur les personnes à qui je parle. » Et le point concernant les autres religieuses qui donnaient aussi le sein, renvoie à une note de bas de page qui cite la troisième partie du mémoire du mémoire au Saint-Office de dom Sauton, moine et médecin de l'abbesse, qui précise : « ses filles étaient encore plus privilégiées. Quelques-unes d'entre elles, et j'en pourrais citer, recevaient de Madame le divin poupon et devaient aussi lui donner le sein. Elles décrivaient aussi aux frères intimes les chastes émotions de cet allaitement virginal. »
Puis l'abbé Houtin renvoie à la p. 122 de son livre, qui est un extrait du mémoire dudit dom Sauton, que l'abbesse avait pris sous aile et qu'elle avait rebaptisé Tiburce, où on lit : Sa "maternité virginale n'était pas un vain mot ; la mère nourrissait son fils de sa propre substance, elle le nourrissait de son lait virginal. Et comment ? Ah ! dans ce monde des réalités surnaturelles, toute distance disparaît, les obstacles matériels s'évanouissent; qu'importait cette grille placée par la nature entre la mère et son fils ; la mère n'en presserait pas moins son enfant sur son cœur, prélude du suave commerce dans lequel ce petit être répond à l'appel de sa mère, et puise à son sein un lait non moins virginal que mystérieux. Honni soit qui mal y pense ! Qui donc verra d'un œil mauvais l'enfant se jouer sur le sein de sa mère ? Qui donc prétendra lui ravir ses caresses? Est-il rien de plus pur que ces tressaillements maternels ? Dieu l'a voulu ainsi; ne crains rien, petit Tiburce. Tu connaîtras un jour les sublimes prérogatives auxquelles tu participes en ce moment. Ces entrailles qui t'ont porté d'une manière surnaturelle, n'ont-elles point abrité le Sauveur durant neuf mois? Ce sein que tu presses entre tes lèvres, n'a-t-il point allaité le divin Enfant de la Crèche? Sans doute la faiblesse de ton âge ne te permet point encore de connaître ces merveilles, d'en goûter les harmonies surnaturelles ; peut-être un jour seras-tu digne de les apprendre ? Alors tu comprendras l'éminente sainteté de celle que tu nommes « ta mère Cécile ».
Tiburce buvait à longs traits ce perfide breuvage ; il grandissait sur les genoux de sa mère, et son origine n'avait rien de la terre. Son nom lui disait assez qu'il devait vivre en compagnie des anges".
La mère Cécile Bruyère était gratifiée de toutes sortes de dons mystiques, notamment celui d'avoir des apparitions de Jésus et de la Sainte Vierge. Un jour (p. 137) celle-ci, après l'avoir "embrassée comme une soeur" lui permit de revivre toutes les étapes de sa jeunesse, de ses "chastes noces" (avec l'Esprit Saint), puis de sa maternité avec tous les aspects ambigus du rapport à Jésus qui était à la fois fils et époux de la Sainte Vierge...
Vint la nuit de Noël : « Mère-Vierge, a écrit la mystique, dans mon humilité, je n'osais présenter au divin poupon ce que l'enfant demande à sa mère. Mais l'enfant était aussi l'Époux », il en avait toute la force, « et l'amour de l'Époux triompha par ses caresses de mes chastes résistances ».
Quelle pâmoison d'amour ! lorsque les lèvres de l'Époux attiraient la substance de ma vie et que je me sentais ainsi passer dans mon bien-aimé ! » « Ce ne sont pas des figures ou des visions de l'âme, mais des phénomènes réels et réellement vécus pour l'être physique et pour l'être moral. Chacun de mes fils m'a été donné par la continuation de ce mystère. Il en est, hélas ! qui me griffent au sein si cruellement que le lait qu'ils y prennent est tout teinté de sang.»
Dom Sauton dans la critique théologique (p. 206) de cette vision et des pratiques d'allaitement qu'elle a ensuite autorisée y décèle une trace satanique dans le fait premièrement qu'elle a donné l'occasion à l'abbesse de faire la promotion de ses dons, ce qui n'est pas saint ; ensuite que cela la conduisait à aller au delà des convenances ; enfin que cela ne permettait pas de dégager la mystique de la "servitude des sens".
L'auteur en concluait (p. 207) que "ce surnaturel n'est pas divin". L'analyse ensuite des conflits qu'entraîna le comportement de la mystique corrobore le diagnostic.
Dans le livre du père Houtin on lira aussi avec intérêt l'analyse psychiatrique de Mme Bruyère, (p. 313 et suiv) et du problème qu'il y eut de la part de dom Sauton d'accepter d'être allaité au sein de cette religieuse, alors qu'il avait plus de trente ans (p. 335)...
On n'est peut-être pas loin dans cette affaire du cas des nonnes possédées de Louviers...
Le Lévitikon de Fabré-Palaprat et le johannisme
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On a commencé à évoquer il y a quelques jours le fondateur d'Eglise "johannique" Bernard-Raymond Fabré-Palaprat. Le Journal des débats politiques et littéraires du 10 janvier 1907 évoque en ces termes l'histoire des documents sur lesquels il fondait son Eglise (une charte de l'Ordre des Templiers et un "Levitikon"). "Au moment de mourir, Jacques de Molay avait laissé à un chevalier de Jérusalem, nommé Larmenius, la charte de son Ordre. Cette charte s'était perdue par le malheur des temps; mais en 1804 elle avait été retrouvée dans une boîte de bouquiniste par Philippe Ledru, fils du prestidigitateur Comus et père de Ledru-Rollin qui, en inventant le suffrage universel, devait rendre un nouvel essor à l'art de la prestidigitation".
Voici ce que Fabré-Palaprat lui-même disait du Lévitikon qu'il présentait comme datant du XIIe siècle :
"Ce manuscrit est en grec, sur parchemin ( grandes feuilles), en lettres d'or, et porte la date de 1154. Il est une copie ou apographe d'un manuscrit du cinquième siècle, conservé par nos frères d'Orient, et semblable à celui d'Occident, sauf les passages relatifs à l'Ordre des Templiers, incorporé dans l'Eglise primitive des son institution en 1118 ; et quelques notes et passages extraits du commentaire traditionnel de la doctrine religieuse, dont la Cour Apostolique a ordonné l'insertion dans toutes les traductions du codex lévitique.
Les Évangiles sont ceux qu'à écrits l'Apôtre Jean, auxquels on a ajouté, en regard, l'Evangile du même Apôtre, selon la Vulgate.
La Table d'Or contient la liste ou série chronologique , jusqu'en l'année 1154, des Souverains Pontifes et Patriarches, dont le dernier (ou le soixante-quatorzième) était le cinquième Grand-Maître du Temple.
Le Statut fondamental du gouvernement de l'Eglise, le Rituel cérémoniaire et les vingt-un articles de la profession de foi ou abrégé du Lévitikon, sont extraits d'un ancien manuscrit, contenant divers décrets de la Cour Apostolique , lesquels décrets ont été, dans les derniers temps, réunis en un seul code par ordre de la même Cour.
Pour éviter aux critiques, des répétitions inutiles, et aux fidèles des réponses à des argumens sans valeur, nous prévenons que les manuscrits dont il s'agit, et autres conservés dans les archives de l'Église, ont été examinés avec une attention scrupuleuse par un grand nombre d'hommes capables de les juger, entre autres par le savant et illustre Grégoire, ancien évêque de Blois, qui, dans son Histoire des Sectes religieuses, tome 2, page 4°7 et suivantes, édition de 1828, déclare partager le sentiment d'hellénistes distingués et versés, en outre, dans la paléographie, sur l'ancienneté du manuscrit, qui contient le Lévïtikon, les Évangiles et la Table d'Or, manuscrit qu'il dit être du treizième siècle, lorsque d'autres prétendent qu'il est antérieur (1 - la note dément cela en relevant que le texte mentionne Souverain Pontife Bertrand do Blancfort, élu et sacré en cette même année 1154)."
Après une polémique sur les objections théologiques de Grégoire, Fabré-Palaprat ajoute, sur la datation que Grégoire "pense, d'après ses propres investigations et celles d'un savant helléniste, professeur de la faculté de théologie de Copenhague, M. Hohlenberg, qui a lu notre manuscrit et l'a étudié avec soin ; il pense, dis-je, que ce livre est au moins du treizième siècle, et qu'il appartient à la famille de ceux de la recension byzantine ; mais que, d'après quelques idiotismes qu'on y remarque , et l'omission assez fréquente de l'article ô , il est probable que ce manuscrit a passé par des mains latines."
Sur le Net (ici, c'est un site catholique) on peut lire que la version racontée par le Journal des débats a été démentie par Pierre Adet (1763-1834), ambassadeur de France aux États-Unis et membre de l'Ordre du Temple, qui reçut les documents auprès du conseiller du roi et régent de l'Ordre Claude-Mathieu Radix-de-Chevillon du précédent Grand Maître Louis-Hercule Timoléon personnellement, et non dans un meuble acheté par Ledru.
Une autre version veut que le Danois Munster aurait découvert dans la bibliothèque du prince Corsini à Rome, la règle manuscrite de l'Ordre. Puis dans un meuble à double fond, on découvrit la Charte dite de Jean-Marc Larmenius, meuble que détenait un Anglais, cette Charte portait la signature des grands Maîtres qui se succédèrent jusqu'en 1804. Elle fut soumise à beaucoup d'expertises, papier, encre, écriture, signatures, et, finalement, deux camps apparurent : un camp de scientifiques et d'historiens affirmant qu'il s'agissait d'une supercherie grossière, et un autre camp acceptant cette charte comme véritable. Jean-Marc Larménius serait une totale invention de Fabré-Palaprat ou de Ledru selon Daniel Tant, employé des Archives municipales de Reims (article de 2008). Selon celui-ci Fabré-Palaprat aurait acheté le Lévitikon pour 25 francs à un bouquiniste.
Toutes ces affaires mêlent souvent vérités et mensonges et l'on ne sait jamais qui dit le vrai, de celui qui affirme ou de celui qui dément...
L'histoire de cette Eglise johannique selon Fabré-Palaprat, repose sur la transmission "des pouvoirs apostoliques-patriarcaux" au croisé Hugues de Payen (je renvoie à mon livre "Le complotisme protestant" à son sujet) par le 60ème patriarche Théoclet. Toutes ces généalogies font penser à la supercherie du Prieuré de Sion, mais ne sont-elles que cela ?
Notons que la Gazette des Armes en 1990 reprenait encore à son compte ce genre de récit.
Dans le Dictionnaire des Sciences Médicales T. 52 p. 260 et suiv., édité par Panckoucke, Pinel et Bricheteau ont examiné le cas Fabré-Palaprat sous le titre « Spasme avec lésion des facultés intellectuelles », mais on a le droit de douter de leur compétence quand on voit qu'ils classent aussi dans cette catégorie floue Saint Antoine, Saint Siméon Stylite, Sainte Marie-Alacoque, Cagliostro etc...
Ils écrivent d'une façon très détaillée :
"M. Fabre-Palaprat, médecin de Paris, aussi recommandable par ses talens que pour sa philanthropie, est âgé de quarante-six ans ; né sous un climat chaud, il a été dès sa jeunesse doué d'une imagination exaltée et d'un caractère méditatif, ne paraissant se complaire que dans la solitude, livré au travail et à la médication. Il avait parfois des accès de somnambulisme, et il assure avoir composé, dans un de ces accès, une pièce de vers latins qu'il se reconnaissait incapable de faire dans état de veille. A dix-huit ans, il fut délivré de cette fâcheuse incommodité, par un réveil en sursaut dans le temps même qu'il se livrait à une de ses excursions nocturnes (l'un de nous a été également somnambule dans sa jeunesse et une pareille aventure l'a délivré de cette maladie).
A peu près dans le même temps, le malade fut atteint d'une fièvre intermittente quarte, qui dura une année entière, et dont il fut guéri brusquement par un remède secret qu'il suppose être de l'arséniate de potasse.
A peine cette fièvre avait-elle cessé, qu'il se manifesta une autre maladie périodique c'étaient de vives douleurs dans la poitrine, accompagnées d'anxiété, de mouvemens spasmodiques, avec une teinte jaune de la peau, un dérangement dans les fonctions digestives, etc. Ces accident survenaient à des intervalles éloignés à la suite du travail et de la méditation ils allaient toujours en croissant l'espace de huit ou dix jours, puis décroissaient successivement. Pendant plusieurs années qu'il fut affecté de ces spasmes de la poitrine, M. Fabré consulta à Montpellier, où il étudiait la médecine, plusieurs médecins distingués ( Fouquet Petiot, Dumas, etc. ), qui le crurent menacé de phthisie pulmonaire et lui prescrivirent des moyens appropriés cet état, etc. Il vint ensuite habiter Paris l'état de sa santé n'offrit rien de remarquable dans les premiers temps de son séjour en cette ville, si ce n'est des vomissemens de sang, qui étaient constamment causés par l'usage du beurre; effet singulier, dans la production duquel cependant l'influence de l'imagination n'avait aucune part, puisque le malade ayant un jour consenti à dîner chez un ami à condition qu'il ne mangerait rien au beurre ( condition qui ne fut point tenue ), il vomit une grande quantité de sang à l'issue du diner.
Vers trente-six ans, la maladie prit un autre caractère; les accès s'annonçaient par une grande irascibilité, une humeur fâcheuse dont les meilleurs amis du malade ont quelquefois éprouvé les effets; puis il survenait des vertiges, des spasmes dans tous les muscles soumis à la volonté, qui l'obligeaient à se jeter dans un fauteuil ou sur un canapé souvent il poussait un cri aigu, qui était suivi d'une roideur cataleptique de 3 quelques secondes seulement: bientôt après succédait une sorte de ravissement extatique avec une sensation de volupté indicible que l'on peut comparer, suivant luit aux jouissances de l'amour, mais qui est infiniment au-dessus. Les organes génitaux ne participaient d'ailleurs en rien à cet état d'exaltation, bien que le malade fût en général continent et vit rarement de femmes dans la crainte de se trouver mal, ce qui lui est arrivé quelquefois. Pendant la durée de l'extase, qui était communément de cinq à six minutes, M. Fabré ne perdait pas connaissance continuait de. converser mais ses discours avaient quelque chose de solennel de romanesque et de poétique. L'extase dissipée ou plutôt diminuée, l'accès se prolongeait jusqu'au huitième et dixième jour pendant lesquels le malade ne prenait aucun aliment ni boisson; il vaquait néanmoins à ses affaires, mais dans sa conversation on apercevait facilement que son imagination avait une teinte romanesque et que sa manière d'être était puissamment modifiée par un état d'exaltation et de contentement qui ne sont pas ordinaires dans la vie humaine. La durée du sommeil ne dépassait pas deux heures, et le reste de la nuit se passait dans une sorte de rêverie contemplative dont le vague berçait agréablement le malade.
Les accès de spasme extatique, tels que nous venons de les décrire, se sont d'abord manifestés tous les six mois ou environ, puis tous les quatre mois, ensuite de trois eu trois et de deux en deux mois, enfin tous les vingt-huit jours assez régulièrement à mesure que ces accès se rapprochaient et devenaient en même temps plus courts, l'extase était accompagnée de jouissances plus ineffables et cet état avait alors tant d'attraits pour le malade, qu'il s'y abandonnait involontairement malgré la conviction qu'il avait de pouvoir lutter avec avantage contre son développement. Un affaissement et une prostration très considérables des forces avec des sueurs abondantes, qui parfois avaient l'odeur du sperme, annonçaient, pour l'ordinaire la fin de l'accès et un prompt retour à l'état naturel.
Au mois de mars 1818 d'après les instances de sa famille et de ses amis justement effrayés de la fréquence toujours croissante des retours de cette affection spasmodique, M. Fabré essaya de la combattre au moyen des pilules narcotiques de Méglin (composées de valériane d'oxyde de zinc et d'extrait de jusquiame, un grain de chaque) qu il porta successivement jusqu'à douze l'effet en fut assez marqué puisque l'accès, dont le retour devait être prochain fut retardé d'environ deux mois; mais comme si le mal n'eut été que comprimé pendant quelque temps, il reparut avec plus de violence, et pour ainsi dire sous une autre forme; car, à compter de cette époque, les accès ne furent que de courte durée, et se montrèrent quatre jours de suite les 13 14 15 et 16 mai. Le 14 l'extase voluptueuse se reproduisit jusqu'à six fois, ce qui fit au malade l'effet d'une violente courbature on remarqua, pour la première fois qu'il perdait connaissance pendant quelques secondes; on continua l'usage des pilules de Méglin que l' ou porta jusqu'à dix-huit à cette dose, la vue se trouva considérablement affaiblie, ainsi que la sécrétion urinaire.
Le 10 juin on observa tous les avant coureurs d'un accès qui cependant n'eut pas lieu. Le 8 août, à la suite d'une attaque légère M. Fabré joignit aux pilules de Méglin un demi-gros de valériane en poudre, et ensuite un gros avec quantité égale de quinquina. Ces médicamens fuient administrés ensemble pendant quelque temps, puis suspendus et repris; il ne se manifesta d'accès qu'en novembre, époque à laquelle on reprit l'usage de la valériane, du quinquina et des pilules de Méglin suspendu depuis quelques jours, et on continua d'administrer ces médicamens le reste de l'année 1818.
Au commencement de l'année 1819 le malade éprouva un accès de spasme extatique à la suite d une affection morale; il reprit alors l'usage de la valériane associée au quinquina, qu'il porta jusqu'à trois gros, toujours concurremment avec les pilules de Méglin, administrées d'une manière croissante et décroissante depuis une pilule jusqu'à dix-huit et vice versa. Pendant les huit mois qui suivirent, M. Fabré eut assez fréquemment de très-petites attaques, ou bien simplement observa chez lui quelques signes avant-coureurs qui n'avaient aucune suite. Il continua en général de faire usage des mêmes médicamens. L'objet du délire extatique, quand il survenait était toujours le même, c'est dire un sentiment indicible de bonheur et de ravissement auquel Je malade s'abandonnait avec délice aux approches de l'accès, bien qu'il fût persuadé que sa santé dut en recevoir une mauvaise influence; disposition que l'on peut comparer à celle-de ces individus faibles et irritables, très enclins aux plaisirs de l'amour, qui savent bien que la jouissance les use et les consume, mais ne la recherchent pas moins et s'y abandonnent avec une sorte d'instinct destructeur.
A la fin de l'année 1819, la maladie ne se montra plus que faiblement et sous un aspect différent l'état spasmodique, au lieu d'être suivi d'extase voluptueuse, n’offrait plus qu'un état plus ou moins prolongé d'anxiété et d'irascibilité, avec de violentes palpitations, de l'oppression, et quelquefois une abondante hémorragie du nez. La maladie, que l'on ne cessa pas de combattre par intervalles avec les moyens indiqués plus haut, continua à se manifester sous cette forme nouvelle jusqu'au mois d'avril 1820 La durée totale de chaque accès était alors de douze heures au plus; et l'on ne pouvait méconnaître combien le temps, d'un côté, et de l'autre une médication active et savamment combinée avaient changé la nature du mal et affaibli ses effets.
A la fin d'avril, l'affection se reproduisit sous la forme primitive avec extase et jouissance intuitive. Le 8 mai, pendant la nuit, M. Fabré éprouva un fort accès avec convulsion, roideur tétanique, perte de connaissance. Cet état dura quarante minutes et fut suivi d'extase voluptueuse, de courbature et d'accablement. Quelques autres accès qui survinrent ensuite, quoique beaucoup moins forts, tirent craindre au malade que l'affection spasmodique ne reparût avec son intensité première, et l'engagea à revenir à l'usage des médicamens ci-dessus mentionnés qu'il avait abandonnés, La valériane et le quinquina, associés ensemble, furent administrés de nouveau jusqu'à la dose de trois gros chaque, et les pilules de Méglin portées concurremment jusqu'à dix-neuf, d'où l'on revient en décroissant jusqu'à la dose la plus faible.
Depuis cette époque, M. Fabré n'a, de temps à autre, que de l'oppression de l'anxiété, et quelques autres accidens nui composent ce qu'il appelle des soupçons d'attaque il se porte en général beaucoup mieux que par le passé et supporte bien les fatigues qu'exigent les soins de sa profession."
Voici ce qu'Eliphas Lévy, ami des mages Ganneau et Delaage (dont j'ai parlé dans mon livre sur Lacordaire), disait, quant à lui, de la tradition "johannique" revendiquée par Fabré-Palaprat au chapitre 35 de son Histoire de la Magie :
"La pensée secrète d’Hugues de Payens, en fondant son ordre, n’avait pas été précisément de servir l’ambition des patriarches de Constantinople. Il existait à cette époque en Orient une secte de chrétiens johannites, qui se prétendaient seuls initiés aux vrais mystères de la religion du Sauveur. Ils prétendaient connaître l’histoire réelle de Jésus-Christ, et, adoptant en partie les traditions juives et les récits du Talmud, ils prétendaient que les faits racontés dans les Évangiles ne sont que des allégories dont saint Jean donne la clef en disant, « qu’on pourrait remplir le monde des livres qu’on écrirait sur les paroles et les actes de Jésus-Christ ; » paroles qui, suivant eux, ne seraient qu’une ridicule exagération, s’il ne s’agissait, en effet, d’une allégorie et d’une légende qu’on peut varier et prolonger à l’infini.
Pour ce qui est des faits historiques et réels, voici ce que les johannites racontaient :
Une jeune fille de Nazareth, nommée Miryam, fiancée à un jeune homme de sa tribu, nommé Jochanan, fut surprise par un certain Pandira, ou Panther, qui abusa d’elle par la force après s’être introduit dans sa chambre sous les habits et sous le nom de son fiancé.
Jochanan, connaissant son malheur, la quitta sans la compromettre, puisqu’en effet, elle était innocente, et la jeune fille accoucha d’un fils qui fut nommé Josuah ou Jésus.
Cet enfant fut adopté par un rabbin du nom de Joseph qui l’emmena avec lui en Égypte ; là, il fut initié aux sciences secrètes, et les prêtres d’Osiris, reconnaissant en lui la véritable incarnation d’Horus promise depuis longtemps aux adeptes, le consacrèrent souverain pontife de la religion universelle.
Josuah et Joseph revinrent en Judée où la science et la vertu du jeune homme ne tardèrent pas à exciter l’envie et la haine des prêtres ; qui lui reprochèrent un jour publiquement l’illégitimité de sa naissance. Josuah, qui aimait et vénérait sa mère, interrogea son maître et apprit toute l’histoire du crime de Pandira et des malheurs de Mirjam. Son premier mouvement fut de la renier publiquement en lui disant au milieu d’un festin de noces : « Femme qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » Mais ensuite pensant qu’une pauvre femme ne doit pas être punie d’avoir souffert ce qu’elle ne pouvait empêcher, il s’écria : « Ma mère n’a point péché, elle n’a point perdu son innocence ; elle est vierge, et cependant elle est mère ; qu’un double honneur lui soit rendu ! Quant à moi, je n’ai point de père sur la terre. Je suis le fils de Dieu et de l’humanité ! »
Nous ne pousserons pas plus loin cette fiction affligeante pour des cœurs chrétiens ; qu’il nous suffise de dire que les johannites allaient jusqu’à faire saint Jean l’Évangéliste responsable de cette prétendue tradition, et qu’ils attribuaient à cet apôtre la fondation de leur Église secrète.
Les grands pontifes de cette secte prenaient le titre de Christ et prétendaient se succéder depuis saint Jean par une transmission de pouvoirs non interrompue.
Celui qui se parait, à l’époque de la fondation de l’ordre du temple, de ces privilèges imaginaires se nommait Théoclet ; il connut Hugues de Payens, il l’initia aux mystères et aux espérances de sa prétendue Église ; il le séduisit par des idées de souverain sacerdoce et de suprême royauté, il le désigna enfin pour son successeur.
Ainsi l’ordre des chevaliers du temple fut entaché dès son origine de schisme et de conspiration contre les rois.
Ces tendances furent enveloppées d’un profond mystère et l’ordre faisait profession extérieure de la plus parfaite orthodoxie. Les chefs seulement savaient où ils voulaient aller ; le reste les suivait sans défiance.
Acquérir de l’influence et des richesses, puis intriguer, et au besoin combattre pour établir le dogme johannite, tels étaient le but et les moyens proposés aux frères initiés. « Voyez, leur disait-on, la papauté et les monarchies rivales se marchander aujourd’hui, s’acheter, se corrompre, et demain peut-être s’entre-détruire. Tout cela sera l’héritage du temple ; le monde nous demandera bientôt des souverains et des pontifes. Nous ferons l’équilibre de l’univers, et nous serons les arbitres des maîtres du monde.
Les templiers avaient deux doctrines, une cachée et réservée aux maîtres, c’était celle du johannisme ; l’autre publique, c’était la doctrine catholique-romaine. Ils trompaient ainsi les adversaires qu’ils aspiraient à supplanter, Le johannisme des adeptes était la kabbale des gnostiques, dégénérée bientôt en un panthéisme mystique poussé jusqu’à l’idolâtrie de la nature et la haine de tout dogme révélé. Pour mieux réussir et se faire des partisans, ils caressaient les regrets des cultes déchus et les espérances des cultes nouveaux, en promettant à tous la liberté de conscience et une nouvelle orthodoxie qui serait la synthèse de toutes les croyances persécutées.
Ils en vinrent ainsi jusqu’à reconnaître le symbolisme panthéistique des grands maîtres en magie noire, et, pour mieux se détacher de l’obéissance à la religion qui d’avance les condamnait, ils rendirent les honneurs divins à l’idole monstrueuse du Baphomet, comme jadis les tribus dissidentes avaient adoré les veaux d’or de Dan et de Béthel.
Des monuments récemment découverts, et des documents précieux qui remontent au XIIIe siècle, prouvent d’une manière plus que suffisante tout ce que nous venons d’avancer. D’autres preuves encore sont cachées dans les annales et sous les symboles de la maçonnerie occulte. »
Mais Eliphas Lévy est-il crédible vu les cercles assez "étranges" auxquels il se rattachait ?
L'exégèse du Lévitikon que fournit Fabré en tout cas dit seulement (p. 62) que Jésus a été élevé dans le collège de prêtres d'Alexandrie. Il n'est pas certain que l'introduction de cette hypothèse atténue par elle-même le fait que Jésus serait vraiment fils de Dieu, recevant ses dons du Père. Simplement il est vrai que le détour par une technique magique (à laquelle fait un peu référence Meheust aussi dans son "Jésus guérisseur") "associe" en quelque sorte un peu plus le paganisme à l'apport de l'Incarnation, paganisme saisi comme dépositaire d'une certaine sagesse divine.
D'ailleurs Fabré s'en tient à une position minimaliste concernant les attributs du Christ. Au vu des ambiguïtés des Evangiles sur son statut divin, et même sur la question de savoir s'il est le Messie, les membres de l'Eglise johannique s'en remettent à la volonté de Dieu pour éclairer chacun là dessus et admettent toutes les opinions (p. 74-75).
En revanche ce qui est carrément hérétique dans le propos de Fabré c'est sa compréhension de l'Esprit saint comme simple intelligence du Père (ce qui est très en déçà des vertus que lui attribue Saint Paul par exemple). Est-ce une inflexion intellectualiste personnelle que Fabré apporterait à l'héritage johannique ?
Un précurseur des églises parallèles : Bernard-Raymond Fabré-Palaprat
Depuis quelques années, je m'intéresse aux Eglises parallèles (cf Luz : Le Soufre et l'encens) et à leur prétention à poursuivre une tradition "johannique" à côté de l'Eglise de Pierre. Le phénomène est bien documenté pour le XXe siècle (et était même évoqué sur les plateaux de télévision jadis).
Je trouve un écho à cela aussi dans la presse du XIXe siècle à propos d'un fondateur d'une Eglise dissidente nationale qui se nommait Ferdinand Châtel. Le Figaro du 5 mai 1837, nous raconte qu'il lui fallait un évêque susceptible de le nommer lui-même évêque (cela fonctionne encore de la même façon de nos jours, cela permet ensuite à l'hérétique de nommer à son tour des prêtres) et qu'il alla, pour ce faire, trouver un certain Fabré-Palaprat, après avoir été ordonné prêtre par un ancien évêque constitutionnel (républicain) d'Autun.
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Voici le récit : "Ce personnage, nommé l'abbé Poulard, ancien évêque d'Autun (Autun a eu du malheur en fait d'évêques) fit entrer les aspirans dans son arrière-boutique, et, sans plus de façon, leur confia tous les sacremens qu'ils voulurent moyennant quelques menus achats faits dans son établissement. (...). Que fit M. Châtel ? Il s'en alla trouver M. Fabré-Palaprat, pédicure, grand-maître des Templiers; il feignit de vouloir entrer dans son ordre (voyez la malice), et demanda à M.Palaprat de le sacrer évêque selon le rite de saint Jean; le grand maître, dit la biographie, tomba dans le piège, et l'abbé Châtel fut sacré évêque par le successeur in partibus de Jacques Molay. "
La référence au "rite de Saint Jean" m'a intrigué. En lisant la fiche Wikipédia sur Fabré-Palaprat (décédé à Pau en 1838, à l'hôtel d'Esperbaque, rue royale), on découvre qu'en effet ce docteur en médecine podologue, né dans le Tarn, franc-maçon néo-templier, était fondateur d'une sorte d'Eglise johannique (quoique cela ressemblât plutôt à un ordre maçonnique).
On lit dans son Lévitikon (p. 63) :
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Ce Lévitikon est une réécriture de l'Evangile de Jean qui fait de Jésus un grand maître ésotérique initié en Egypte comme Moïse.
Entre les nombreuses curiosités qui entouraient ce fondateur de secte, il y avait le fait qu'il arborait la croix de cuivre qui avait été dérobée en 1831 à la dépouille mortuaire du célèbre prêtre révolutionnaire l'abbé Grégoire. Il administrait aussi des traitements de malades par électro-puncture (sic), ce qu'il présentait à ses pairs scientifiques tout en s'en vantant au service de ses ambitions religieuses (n'oublions pas qu'on est à une époque où l'on expérimente beaucoup sur les fluides, notamment le magnétisme, souvent d'ailleurs à tort et à travers - voyez mon billet sur la phrénologie -, avec des fantasmes confus de réconciliation entre spiritualité et science, dans la veine saint-simonienne notamment). On dit encore qu'il s'était fait peindre en costume de pape avec une tiare. Il nomma Châtel primat des Gaules. Son groupe, comme ensuite l'Eglise de Châtel, sur le plan politique fut très bonapartiste, ce qui cependant ne l'empêcha pas de désigner un amiral anglais qui avait combattu Napoléon, Sidney Smith, comme son successeur.
Si Châtel est présenté comme précurseur de Joseph-René Vilatte évêque de l'Eglise vieille-catholique dont je parle dans mon livre sur les médiums, on peut a fortiori en dire autant de Fabré-Palaprat. On voit ainsi que l'inspiration johannique est pour le coup très liée à l'héritage maçonnique. Mais on a le sentiment que cela a un peu ressurgi ex-nihilo à la faveur d'une soi-disant redécouverte de manuscrits de l'Ordre des Templiers dans les années 1790.
Une enquête à approfondir sur les Modern Talking
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J'ai déjà parlé sur ce blog et dans mon livre sur les Nephilim de l'engagement de beaucoup d'artistes de pop music dans l'occultisme, un phénomène qui se révèle dans les symboles utilisés, et qui à mon avis va au delà des inclinations personnelles : nous avons de bons indices du caractère systémique de la chose.
Récemment une série de quatre vidéos latino-américaines sous-titrées en anglais "Modern Talking : un secreto muy turbio de sus musica" est sortie dénonçant les bidonnages du groupe à succès dans les années 1980 "Modern Talking" et les profits économiques qu'en a tirés le producteur Dieter Bohlen. Mais on peut se demander si ce focus sur l'aspect financier des choses (comme dans l'affaire du contrôle des populations par Big Pharma sur le volet sanitaire) n'est pas encore une forme d'écran de fumée pour ne pas aller au fond des choses.
Quand on regarde le clip de Cheri Cheri Lady on ne peut pas ne pas être frappé par la profusion des damiers maçonniques au début, puis la présence de la pyramide en 25e seconde. Celui de"You can win if you want" s'ouvre sur une pyramide avec un oeil omnivoyant à la base (qu'on retrouve aussi à la fin du clip), à la 45e seconde une femme fait un signe ésotérique avec les mains qui est souvent repris par des artistes qui imitent des divinités égyptiennes. "Geronimo's Cadillac" met en scène la Cadillac rose dont j'ai décodé le sens ici, etc.
On ne peut pas dire qu'il s'agit d'une simple "esthétique", car même les paroles des chansons ont des connotations qui renvoient aux sociétés secrètes. "You're my heart you're my soul" renvoie à la flamme éternelle (aussi chantée par les Bangles dans "Eternal Flame" après leur chanson très chargée de références pyramidales "Walk like an Egyptian") ; "La cadillac de Geronimo" a été acquise par la famille Bush (celle de deux ex-présidents américains liés à la société secrète "Skulls and Bones") après toute une histoire très étrange qu'il y avait eu autour des ossements de ce chef indien ; "Atlantis is calling" est une référence claire à l'Atlantide ; et l'on ne peut pas s'étonner que Dieter Bohlen ensuite ait rendu hommage à Lucifer dans le cadre du groupe "Blue System" après bien d'autres (voyez "Lucy in the sky with diamond" des Beatles que Bohlen disait admirer, "The Girl of Lucifer" de Monte Kristo etc).
Je ne sais pas si l'on peut aller jusqu'à dire, comme le laissait entendre jadis John Todd, que des sorts étaient lancés à travers la musique lors de la production des disques, mais ce que l'on sait c'est que tous ces groupes, qu'ils aient été fake comme les Modern Talking ou plus authentiques comme par exemple New Order (dont le nom est aussi significatif) composaient une musique, des images et des images qui agissaient comme une trame dans les années 1980 à travers la TV, les radios et les chaînes hi fi qui les diffusaient. Et il y avait une trame aussi derrière la production de tout ça. Ainsi on ne peut pas dire que ce fut un hasard si le groupe allemand Propaganda dans "Duel" (titre qui évoque la dualité par homonymie) chante sur un sol maçonnique et met en scène une histoire violente où se manifeste l'apparition d'esprit dans un miroir, puis a enchaîné sa carrière avec un titre dystopique qui évoquait le Nouvel Ordre Mondial (P. Machinery), quand on sait qu'a collaboré à ce groupe un musicien de Led Zeppelin, groupe occultiste fanatique du sataniste Aleister Crowley... La trame était constituée dans la production comme dans la réception de ces musiques. Cela prenait des airs d'insouciance et de plaisanterie, mais à l'arrière plan il y avait quelque chose de très sombre, dont l'escroquerie financière n'est que la partie émergée. La jeunesse des années 1980 était prise à ce piège-là (comme la jeunesse actuelle l'est au piège de Beyonce, Rihanna, Billie Eilish etc), et c'est cela que j'aimerais bien voir traiter dans des enquêtes démystificatrices un peu sérieuses.
Le Calice de Marie-Madeleine
Robert de Boron est l'auteur dans les années 1190 d'une Histoire du Graal et d'une trilogie Didot-Perceval (Joseph d'Arimathie, Merlon, Perceval) raconte le Graal est arrivé miraculeusement dans la prison de Joseph d'Arimathie et le nourrit pendant quelques années, l'ami de Jésus l'amena dans l'ouest de l'Angleterre, à Glastonbury dans le Somerset, où il fonda la chapelle Ste Marie Madeleine de Beckery où le roi Arthur aurait eu, selon la légende, une vision de la Vierge Marie (et non de Marie Madeleine comme le disent certains articles) et de l'enfant Jésus qu'il plaça ensuite sur sa bannière à la place d'un dragon. Il y a aussi des légendes selon lesquelles Joseph d'Arimathie aurait amené avant de mourir le Graal à Montserrat en Catalogne ou à Montségur. On a précisé dans notre précédent article sur le livre "The Second Messiah" dans quels ouvrages du XIIe siècle se trouvaient ces différentes théories avant Robert de Boron et la dette de celles-ci à l'égard de l'Evangile apocryphe de Nicodème.
Le journaliste Graham Philipps, mis en valeur par les auteurs de "The Second Messiah" en 2016 a cherché la tombe d'Arthur à Baschirch dans le Shropshire, tandis qu'un archéologue entamait des fouilles pour dater la chapelle de Beckery.
A noter cette bizarrerie : pendant la seconde guerre mondiale le nazi Otto Bahn sur ordre d'Himmler chercha le graal et le flacon d'albâtre de Marie Madeleine contenant le sang de Jésus que les cathares auraient été susceptibles de cacher à Montségur. Il y mourut mystérieusement. L'officier SS Otto Skorzeny y fut envoyé à son tour. Selon un témoin il aurait amené des reliques à la forteresse d'Himmler (à Wewelsburg), puis au Tibet (il y a aussi une hypothèse sur l'Antarctique).
Une tradition byzantine via Olympiodore parle aussi d'un "Graal marial" ou "calice marial", trouvé par les envoyés de l'impératrice Hélène. G. Philipps, qui a écrit un livre sur le sujet, estime que cette coupe aurait été amenée à Caer-Guricon (Wroxeter), dont le roi Arthur aurait été le gardien. Une ballade du XIIIe siècle affirme que le Graal est hébergé dans sa la chapelle privée de Sir Fulk FitzWaryn dans son Chateau de Whittington dans le Shropshire pour finalement se retrouver sous une statue à Hawkstone Park où un pot à parfum d'onyx romain a été retrouvé en 1934. Mais le point prête à controverse.
De nombreux érudits du Graal estiment plutôt que le calice marial serait la coupe Nanteos, qui est un récipient en bois d'olivier, plus susceptible d'avoir servi à boire à l'époque de Jésus qu'une tasse faite de métal ou pierre. Elle serait actuellement détenue par la famille Powel du Pays de Galles.
Un autre calice qui pourrait être la coupe de Marie-Madeleine est le Grand Calice d'Antioche qu'on peut voir au New York Metropolitan Museum of Art mais sa datation pourrait être trop récente.