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Tantrisme et pouvoir politique
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J'ai un peu écrit naguère sur le tantrisme comme "technique du corps" comme dirait l'autre, notamment dans son rapport aux déesses mères, mais j'ai négligé son lien historique avec la politique et la chose militaire.
Quelques lignes m'ont fait prendre conscience de mon erreur ce matin, des lignes sur le moine indien qui le premier a rendu le tantra "à la mode" en Chine : Amoghavajra (705-774), disciple de Vajrabodhi. Il fit un gros travail de collection de textes tantriques en Inde, à Ceylan, en Indochine.
Il fut celui qui consacra le 11ème empereur chinois Tang Suzong en 759 (l'année où, en Gaule, Pépin le Bref reprenait Narbonne aux Musulmans), après que ses sortilèges aient permis de vaincre l'armée du rebelle An Lushan. Auparavant il avait aussi initié (cf les rituels ici) l'empereur tang Xuanzong.
Son rôle dans les victoires militaires est souvent sousestimé par les universitaires, mais il ne faut pas oublier que le tantrisme est chargé de rituels magiques. Souvenons nous de ce que Jonathan Black écrivait sur le rôle de Sainte Geneviève face à Attila (et peut-être de Roumi face aux Mongols) : l'enjeu était là une victoire sur une magie chamanique.
L'usage du tantrisme dans un cadre politique et guerrier se retrouve au XIIIe siècle avec Koubilay Khan, le petit-fils de Gengis Khan. Les chefs mongols étaient bouddhistes depuis 1246, après la mission du Tibétain Sakya Pandita. Koubilay fut notamment influencé par Phagpa, qui travailla à l'élimination du taoïsme de sa cour. Du succès de Phagpa la magie militaire n'est pas non plus absente.
Les sacrifices d'enfants par les Cathares
Il n'est pas rare que de nos jours que l'on accuse les grands banquiers, des archevêques ou les hommes politiques de pratiquer en secret des sacrifices d'enfants (voyez mon livre sur le complotisme protestant ou encore les conférences et interviews de mon ancienne camarade de promo Hélène Pelosse).
Les hérétiques jadis étaient couramment accusés de ces pratiques, depuis au moins Irénée de Lyon. Ce fut notamment le cas des cathares de Mayence (cf Laurence Moulinier https://www.academia.edu/7201119/Le_chat_des_cathares_de_Mayence). Cela rejoint les accusations faites aux Juifs (cf l'affaire de Metz ici), une point qui n'est pas forcément très étonnant dans la mesure où une certaine littérature chrétienne rattachait les hérésies aux "manoeuvres" des Juifs (voyez le thème "du juif manès" à l'origine du manichéisme, or l'on reliait souvent les hérésies, notamment le catharisme, au manichéisme).
Un manuscrit rédigé vers 1169 par une nonne du monastère de Ste Hildegarde à Rupertsberg (selon les rationalistes) qui se présente comme un interrogatoire de démon dans un exorcisme (de la possédée Sigewize) accuse les cathares de Mayence (dont certains ont été brûlés dès 1143, Hildegarde elle-même prêcha contre l'hérésie à Cologne en 1163, Régine Pernoud dans sa biographie de la sainte cite des extraits de son sermon) d'avoir utilisé les cendres d’enfants nés de leurs orgies pour fabriquer une poudre diabolique.
Paul de Saint-Père de Chartres, le premier, avait soutenu que les hérétiques brûlés à Orléans en 1022 l'avaient fait , Adémar de Chabannes reprit l’accusation (Ademari Cabannensis, Chronicon, éd. P. Bourgain,Turnhout, 1999), et, au début du XIIe siècle, Guibert de Nogent prêta le même comportement aux disciples de Clément et Evrard de Bucy près de Soissons (Guibert de Nogent, Autobiographie, éd. et trad. E .-R. Labande, Paris, 1981, p. 431 : « les gens [...] se passent l’enfant de main en main, puis le jettent dans les flammes où il va se consumer ; lorsqu’il se trouve réduit en cendres, ils fabriquent avec ces cendres un pain dont un morceau est distribué à chacun » - voir R. Moore, La Persécution….).
L'accusation est-elle fondée ?
D'un point de vue strictement théologique l'accusation de crime rituel contre les enfants peut se fonder sur l'insistance mise par Jésus dans l'Evangile à condamner le mal que font certains aux "tous petits" (cf Matthieu 18:6). On peut supposer que les forces des Ténèbres tirent une énergie particulière à profaner ce qui est innocent et ce que Dieu entend protéger le plus, indépendamment même de la thématique de l'adrénochrome très présente dans les débats actuels (mais il semble que ce soit assez récents).
Cependant quelques difficultés apparaissent quand on songe que, dans le document de la moniale de Rupertsberg, elle s'accompagne d'autres accusations comme celle de baiser illicite avec un chat de la taille d'un chien, accusation qui avait été aussi été portée contre d'autres hérétiques antérieurement. L'accusation d'infanticide est-elle sur le même plan que celle concernant le rapports aux chats ou d'autres accusations anecdotiques ? Si oui le chrétien doit-il valider tout le "package" comme on dirait aujourd'hui ?
Un problème plus important encore tient au fait que l'accusation est formulée par un démon que les clercs interrogent dans le cadre d'un exorcisme, un genre très répandu au Moyen-Age et jusqu'au XVIIe siècle (voyez l'histoire de l'exorcisme à la Sainte-Baume). Aujourd'hui encore des exorcistes citent des choses que les démons leur ont dites à travers les possédés, et l'on peut même trouver sur YouTube des vidéos de démons parlant par la bouche de possédés soumis à interrogatoire). Beaucoup de clercs doutent de la légitimité de cet exercice puisque les démons sont censés ne pas dire la vérité. En outre le possédé peut mêler aux propos de l'entité des considérations humaines propres à sa nature.
A supposer même que ce soit une entité qui parle par la bouche de Sigewize se peut-il qu'elle se contente de propager une rumeur déjà lancée par des religieux d'Orléans et de Bucy ? Ou se peut-il que Sigewize ait un peu "capté" un égrégore (ou un champ morphogénétique) religieux dont elle a repris plus ou moins consciemment le contenu pendant la séance d'exorcisme ?
Ou bien le récit de l'exorcisme est-il tout simplement déformé, son auteur y ayant introduit des éléments empruntés à une littérature antérieure à des fins d'édification ou d'endoctrinement (ce serait en quelque sorte un "pieux mensonge"), mais alors se pose la question de la compétence de l'auteur. Si, comme l'avance Laurence Molinier, dans le cas du couvent de Rupertsberg, il s'agit d'une simple moniale, comment a-t-elle pu connaître les accusations d'Orléans et de Bucy (entre autres). Est-ce quelque chose qui "se savait", qui flottait dans les conversations de monastères ? ou bien s'agit-il d'une écriture collective mobilisant des clercs savants ?
Evidemment si l'accusation est fondée, les cathares deviennent moins sympathiques au yeux du public actuel que ce que les littératures protestante et laïque en ont fait. La plupart des écrivains catholiques des deux derniers siècles (par exemple Hilaire Belloc) n'insistent pas sur les sacrifices d'enfants chez les Cathares. Ils se contentent de dire qu'ils prohibaient le mariage et la procréation, ce qui, en soi, suffisait à conduire la société au suicide collectif. C'était un chef d'accusation plus solide en effet puisque les inquisiteurs épargnaient ceux qu'ils accusaient d'hérésie dès lors qu'ils acceptaient de se marier et de fonder une famille.
Le Grand Monarque chez les ésotéristes
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L'expression "Grand Monarque" apparaît pour la première fois sur ce blog en 2017, mais je m'y suis plus intéressé à partir de juillet 2020 au moment de l'opération "roi des gilets jaunes".
Un échange avec un spécialiste de Rennes-le-Château (RLC) récemment me rappelle à quel point ce thème est présent dans l'univers mental du célèbre Abbé Saunière.
Il m'envoyait hier une interview par un autre spécialiste de RLC Tony Baillargeat d'un ésotériste qui se fait appeler Arphaÿs, du nom de la fontaine Saint Dagobert (je vous renvoie à mon livre "Le complotisme protestant" pour situer cette thématique des Mérovingiens dans l'univers ésotériste) à partir duquel on pourrait presque dresser un tableau sociologique des débats actuels autour du Grand Monarque à travers le prisme de Rennes-le-Chateau.
Arphaÿs, auteur de "Le code Arsène Lupin – Maurice Leblanc et le savoir perdu", né à Bar-le-Duc en 1966 (une région très mérovingienne puis associée au Duc de Guise) a été initié dès ses dix ans par n érudit franc-maçon. Il a ensuite écrit plusieurs articles pour la revue Atlantis de Paul Le Cour dont on a déjà parlé dans notre article sur le Hiéron du Val d'Or.
Après avoir lu le travail de Patrick Ferté sur le lien qu'on peut repérer entre les romans d'Arsène Lupin et Rennes-le-Chateau,il a creusé dans une direction un peu différente en partant du fait que Leblanc faisait naître Arsène Lupin à Blois, la "ville aux loups", symbole de l'Apollon celte Belen, et cité dont l'emblème (un loup et un porc épic soutenant le Lys) peut évoquer le"roy perdu", le Grand Monarque, selon Jean Robin, qui est appelé "roi de blois" par Nostradamus. Paul le Cour et René Guénon sont aussi natifs de cette ville.
En 1993, Arphaÿs, intégra une société initiatique qui s'intéressait à "L'Or de Jérusalem" de Roger Facon auteur qu'on a cité ici.
Il est convaincu que Maurice Leblanc avait été initié à la Tradition. Il en veut pour preuve par exemple le nombre de marches (357) dans l'Aiguille Creuse et lit Leblanc à travers une gématrie
Dans une interview d'octobre 2024 sur un blog il précise que Fulcanelli, Dujols et Le Cour faisaient partie du même cercle dont le Hiéron n'était qu'une façade. Fulcanelli a inspiré deux courants : celui de Pierre-Vincenti Piobb et celui de Francis Warrain et Georges Beltékhine.
Arphaÿs est aussi attaché à l'idée d'un schéma commun à Arsène Lupin et aux romans de chevalerie arthuriens qui partent du principe que le roi n'est pas mort et se réveillera à la fin ds temps (d'aillleurs les membres du Hiéron se disaient chevaliers du Graal). Il estime que Rennes-le-Château a un rôle aussi important à jouer que Paray-le-Monial dans l'avènement du Grand Monarque mais qu'elle a été entravée par le mythe de son Trésor qui la tire vers une dimension trop matérielle. Or si Trésor il y a, il ne doit servir qu'au Grand Monarque.
On voit bien que l'intérêt se resserre autour de Paray-le-Monial et du Hiéron du Val d'Or. L'alchimiste montmartrois Richard Khaitzine avait déjà insisté en 1997 sur le lien Hiéron-Montmartre en rapport avec une vieille tradition gnostique inspirée par le culte de la déesse-mère et l'Egypte. Un récent roman de Morris Leblanc en plus des conférences de Christian Doumergue et de Gino Sandri vont aussi dans ce sens.
Arphaÿs remarque aussi en suivant Paul Le Cour qu'en reconstituant l'hexagone français comme un arbre kabbalistique Bourges correspond à la Sephira Tipheret (le coeur, la beauté)... Suivant cette construction il y aurait une ligne horizontale entre le Pays de Caux et l'Argonne importante pour comprendre le prochain avènement du Grand Monarque, avec un triangle qui descend jusqu'à Rennes le Chateau.
Mon correspondant pour sa part ne croit au lien Arsène Lupin-Rennes-le-Château forgé par Plantard avec le Prieuré de Sion.
Les anges sous l'Euphrate
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Je ne suis pas spécialement attiré par la spiritualité soufie dont tout un chacun peut constater les accointances avec la magie et le culte de la déesse mère, voire avec le luciférianisme (pour ceux qui adhèrent à la maxime "Anal Haq", mais le sujet est compliqué, même le Christ dans les Evangiles renvoie au Psaume qui dit qu'on est des dieux), mais je regarde de temps en temps ce qu'ils enseignent, notamment le Cheikh Nurjan, que j'ai déjà cité, pour voir si leur tradition converge avec d'autres monothéismes.
J'ai cité dans mon livre sur les Nephilim le passage de l'Apocalyse (9-13-14) sur les anges enterrés sous l'Euphrate : "j'entendis une voix venant des quatre cornes de l'autel d'or qui est devant Dieu,et disant au sixième ange qui avait la trompette: Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d'Euphrate".
J'avais relevé à ce sujet que la youtubeuse pakistanaise convertie au christianisme réfugiée aux Etats-Unis Sonia Azam en conclut et que ces anges déchus seront libérés en Syrie-Irak pour former une armée musulmane contre Israël. Une théorie récente avance que le président américain Ronald Reagan dans les années 1980 aurait employé des médiums pour identifier le lieu de détention des quatre anges sous l’Euphrate, puis les faire enlever par les forces spéciales et incarcérer sur une base militaire pour épargne l’Apocalypse à son pays...
Le Cheikh dans la vidéo ci-dessous (de mars 2024) enseigne que les anges disciples de Azazil (le Sheitan) furent rejetés sur Terre après leur rébellion et se mélangèrent aux humains auxquels ils enseignèrent les sciences de l'artifice (le maquillage, mais aussi la sorcellerie), ce qui rejoint le livre d'Hénoch sur les Veilleurs et Genèse 6:4. Puis les anges rebelles Haorut et Marout furent envoyés sur Terre pour y être mis à l'épreuve. Le cheikh ajoute en minute 21 que ces deux anges furent jetés dans un puits à Babel (à l'emplacement de la Tour) là où convergent le Tigre et l'Euphrate et que c'est pour cela que les Américains firent la guerre en Irak : pour y trouver non des armes de destruction massive mais les deux anges et les sources de leur magie noire en prévision de l'arrivée du Dajjal.
Voilà qui rejoint l'enseignement chrétien sur les anges sous l'Euphrate.
Glastonbury New Age
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En 2023, je vous disais un mot de Glastonbury dans le Somerset, où Joseph d'Arimathie est censé avoir fondé la chapelle Ste Marie Madeleine de Beckery où le roi Arthur aurait eu, selon la légende, une vision de la Vierge Marie (certains maintenant disent de Madeleine). Mardi dernier, une amie me parlait d'une naturopathe qu'elle avait croisée dans une soirée, qui marchait pieds nus et lui avait dit qu'elle parlait avec les animaux domestiques (notamment les canards) qui lui confiaient des secrets sur leurs maîtres et l'avaient dissuadée de continuer à manger de la viande. Sur le site de cette naturopathe rempli de coquilles où la dame fait ouvertement l'apologie de la sorcellerie ("si vous ressentez l'Appel de la Sororité, de la Sorcière en vous") et de la sexualité lesbienne au service du féminin sacré (j'accompagne les femmes à reconnecter à leur Puissance créatrice, à leur énergie sexuelle" "La beauté des Femmes est-elle si terrible que vous avez préférez cacher la vôtre? "), elle raconte un peu sa vie (qu'elle est une ancienne cadre sup à la défense, "convertie" à la suite d'un cancer qui l'avait attaquée précisément à l'endroit de sa féminité - l'utérus). En lisant les témoignages, on découvre qu'à l'été 2018 la thérapeute avait organisé une sorte de pèlerinage à Glastonbury pour se connecter aux "énergies" (démons et égrégores) des lieux sacrés de ce canton, ce qui laisse penser que l'endroit fonctionne plus ou moins comme la Sainte-Baume en France au service des pratiques du New-Age et du culte de Gaïa.
Elle allait aussi tenter d'organiser quelque chose de semblable en 2021 au Pérou (peut-être avec un peu d'ayahuasca ?) avec beaucoup d'allusions au colibri lui aussi associé à la sorcellerie (encore un point commun avec une nana, rescapée du programme MK Ultra, que j'ai revue en octobre dernier, elles ont aussi pour trait d'union la fascination pour les gongs tibétains).
Rien de lumineux là-dedans.
Les OVNIs selon Jean-Michel Lesage
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Une excellente vidéo de Jean-Michel Lesage, UFOlogue repenti, sur la nature spirituelle profonde des phénomènes "aliens" et leur nature démoniaque. Né en 1938, il donnait dans les années 1980 de nombreuses conférences sur le sujet. De quoi "déniaiser" ceux qui tombent sous la fascination de ce phénomène. Au passage jetez un oeil sur les manifestations infernales qui déjà singeaient la technologie humaine de leur époque avec les apparitions célestes du Golfe de Gênes de 1608.
Un procès pour meurtre rituel près de Metz en 1670
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Selon un acte d'accusation résumé par une brochure accessible sur Gallica, le 25 septembre 1669, le Juif Raphael Levi est accusé d'avoir enlevé pis brûlé vif à Boulay près de Metz un enfant chrétien de trois ans, fils de Mangeote Willemin, femme de Gilles le Moine, charron du village de Glatigny. Alors que l'enfant accompagnait sa mère à la fontaine où elle lavait le linge, l'enfant tomba puis resta à l'écart pour se remettre. Six ou sept minutes plus tard la mère revint sur ses pas et le trouva disparu. Le maire amené sur place avec d'autres personnes fouille les buissons, on retrouve les traces des pas, allant jusqu'aux sillons d'une charrette et à des traces de pas de chevaux. Un cavalier du comte de Vaudemont témoigna avoir u un Juif à grande barbe noire sur un cheval blanc portant un enfant devant lui en direction de Metz. A la porte des Allemands à Metz un tourneur complète le témoignage. Par recoupement un incrimine Raphal Levi, 52 ans, de Boulay, né à Selaincourt.
Il était venu ce 25 septembre à Metz pour y acheter une corne de bélier pour la fête des trompettes (Rosh Hashanna) qui avait lieule soir même. Lévi fut appelé à Metz par ses corréligionnaires pour se défendre de l'accusation. Il fut entendu par le commandant de la ville et écroué. 18 témoins, dont 5 ont vu Levi sur le chemin de Metz vers lequel l'enfant avait divagué. Une femme, Blaisette Thomas dit avoir vu Lévi avec l'enfant. Le cavalier de Vaudemont dit que le Juif barbu qu'il avait vu était plus gros et plus grand mais il apparut qu'il avait été soudoyé pour modifier son témoignage. Pendant sa séquestration dans l'attente du procès (le procureur du roi ayant requis qu'il soit brûlé), Lévi soudaya une portière de la prison originaire de Boulay pour qu'elle arrange (les 11 billets en allemand avec l'hébreu comme alphabet ont été retrouvés, on prétendit que certaines prières qui y figuraient étaient des sorts) avec la communauté juive de Metz sa défense, et celle-ci selon la brochure ressortit des restes de l'enfant (dont la tête) et les déposèrent en forêt pour faire croire que celui-ci avait été tué par des animaux. Mais des porchers attestèrent que les bêtes sauvages ne mangeaient que des brebis, et attaquaient toujours la tête en premier. En outre l'état des chairs ne pouvait correspondre à un enfant mort le 25, donc des restes d'un autre cadavre avaient été mis dans les buissons.
D'autres témoignages sur la venue de Lévi à Metz furent trouvés. La sentence du parlement de Metz du 16 janvier 1670 est produite (condamnation à être brûlé vif).
Un mémoire en défense a été aussi publié qu'on peut lire ici. Il démonte les éléments de contextualisation de la question juive qu'on trouve dans l'Abrégé précité, soutient que les témoins ont vu un Juif avec un enfant sans certitude que c'était Lévi et impute la présence des restes dans les buissons à une oeuvre de la providence. Il souligne que le roi Louis XIV le 18 avril 1670 ordonna le sursis à exécution de la peine, ce qui n'empêche pas une revue royaliste en 1912 de continuer à tenir le crime rituel pour avéré.
L'affaire montre la difficulté pour établir de façon précise et objective les faits dans ce genre d'enquête. Evidemment l'accusation était confortée par le fait qu'il y en eut des centaines de semblables à travers toute l'Europe pendant mille ans. Il serait intéressant de savoir pourquoi et comment le Conseil du Roi cassa le jugement du Parlement de Metz.
Hans Makart
Hans Makart, "le grand silencieux", "coloriste éclatant, esprit superficiel" dira de lui Salomon Reinach, fut la coqueluche de Vienne en son temps. Il était un des favoris de l'empereur François Joseph (qui lui offrit notamment un voyage en Egypte... ésotérisme oblige), était assez riche pour organiser de grandes fêtes en l'honneur de Wagner, côtoyait Liszt à qui il présenta sa modèle préférée, Hélène de Doennige, la berlinoise pour qui le socialiste Ferdinand Lassalle mourut en duel, future "comtesse rouge" et adepte de la société théosophique à New York avec son amie H. Blavatsky.
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Il peignit le Triomphe de Bacchus et d'Ariane en 1873 (que je vis au musée du Belvédère le 19 mai 2007) et finalement Ariane triompha de lui puisqu'il mourut de la syphilis (à l'époque on parla seulement de "paralyse cérébrale"). Le journal Gil Blas en faisait un tableau assez peu flatteur avant sa mort (à 44 ans seulement) quand il était persécuté par une jeune danseuses qu'il avait épousé sur un mode éphémère. Comme Reinach, le critique d'art Wyzewa blâma chez lui les facilités des couleurs vives, des étoffes chatoyantes et des poses sensuelles qui lassent vite. Le Figaro le décrira après sa mort comme "petit, chétif et sans culture intellectuelle".
Un patron de théâtre en 1892 écrivit un roman à clé "Hermann Ifinger" dont le héros Léo Falk était Makart à moitié fou tombé sous le joug de la jeune ballerine devenue comtesse après sa mort. Je pense que Nietzsche pensait à Makart quand il parlait des excès de l'art de son temps comme symptome d'une sensualité fatiguée.
Que Makart ait été un artiste adoubé par les Habsbourg n'est pas à l'honneur de ceux-ci.