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De la nécessaire prudence devant l'art religieux africain
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Je peinais tout à fait vendredi dernier à convaincre une amie des dangers potentiels des expositions de masques africains qu'évoquait déjà en son temps Emmanuel Berl (voir ici).
La peintre Lucie Cousturier dans un compte rendu de voyage en Guinée de 1922 (Mes Inconnus chez eux) avait déjà évoqué l'arrière plan spirituel étrange du vol de ces oeuvres où la brutalité européenne venait tenter de "casser" les effets paranormaux des fétiches : "Kouroussa 22 mai 1922. — J'ai déballé en arrivant les quelques sculptures nègres en bois que j'ai recueillies dans mon voyage du Soudan au Kissi et je les ai exposées dans ma case. Elles sont peu nombreuses : quinze en tout. En Europe ceux qui pensent aux collections magnifiques que rapportent tels officiers ou explorateurs me railleront de ma maladresse, inconcevable chez une artiste peintre.
Il ne faudrait pas toutefois qu'on oublie qu'en me rendant en amie parmi les populations j'étais en mauvaise posture pour en obtenir de tels dons.
— Si je vais toucher le fétiche pour te l'apporter, me disaient mes meilleurs amis, peut-être demain je suis mort.
Il eût été délicat d'insister.
Puisque la population croit devoir à la présence des objets sacrés que les Européens convoitent son immunité à l'égard de certains malheurs, — la stérilité, l'envoûtement, la mort, etc., — il n'est qu'un seul moyen pour ces étrangers de s'en emparer sans crime : prouver l'inefficacité des dits objets sacrés en accablant de maux leurs possesseurs. C'est ainsi qu'en détruisant plus ou moins complètement un village et ses habitants, nos colonisateurs ont pu sans aucun remords prendre les fétiches, ces fétiches nègres impuissants qui n'ont pas su triompher de leurs rivaux blancs !"
N'est-il d'ailleurs pas étrange que cette dame elle-même, qui avait ces fétiches chez elle, n'ait pu publier ce récit de son vivant ?
A peine le Bulletin de la Vie Artistique du 1er mars 1925 avait-il publié en exclusivité cette page, qu'elle décédait des suites d'une opération le 15 juin suivant, à 49 ans seulement.
Sur Internet, la chrétienne provençale Lily-Anne, administratrice du Forum catholique "Vers la Nouvelle Jérusalem" écrivait en 2012 : "Mon mari ayant beaucoup voyagé, avait ramené deux masques africains magnifiques. L'un d'eux représentait la fertilité, l'autre était masculin :?: .
Lors de nos enseignements avec le Père G.(il nous expliquait certains pièges du Malin), le sujet est venu sur les masques africains. Il nous a fortement conseillé de les retirer de nos maisons car ils ne sont pas que de la simple décoration ou un souvenir. Ils sont très souvent en lien avec le Vaudou et sont porteurs de maléfices pour ceux qui les accueillent.
Si vous êtes dans ce cas, je vous conseille de faire comme moi. Pour ne pas offenser mon mari, je les ai emballés et mis au grenier. Plus tard, ils subiront un "classement américain" (poubelle ou au feu ce qui serait préférable)." Beaucoup de prédicateurs évangéliques, de Derek Prince à Michelle d'Astier de la Vigerie ont dit la même chose, et la remarque vaut aussi pour des objets fétichisés asiatiques ou américains.
Une habitante de la Brie confirme : "Je suis allée au Musée des Arts Primitifs Quai Branly à Paris avec une amie artiste peintre qui me disait avoir horreur de ces masques, que ça la mettait mal à l'aise. Je le comprends car on ressent la même chose quand on va au Musée là bas! vous vous rendez compte du nombre de démons qui doivent habiter là bas!"
Le musée Branly a été fondé par un Jacques Chirac magnétiseur et petit-fils d'un coupeur de feu (Arnaud Ardoin, p. 236), qui a eu, selon Sylvie Jumel magistrate à la cour des comptes (La Sorcellerie au coeur de la République), recours à la sorcellerie africaine. Le Dr Charlier, actuel directeur de la recherche du musée se vante d'avoir été initié au vaudou (Le Monde, 7 septembre 2022)... Dormez tranquilles braves gens, tout va bien se passer...
La parapsychologie en 1989
Une émission (Stars à la barre, mai 1989) dans le style foire d'empoigne comme en produisait la TV spectacle dans les années 80-90, mais qui a le mérite de donner un petit aperçu du monde de la voyance de l'époque spécialement l'année où j'ai eu la mauvaise idée de participer à une séance de spiritisme à Montreuil.
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Le présentateur Daniel Bilalian y explique au vu du livre justement paru en 1989 d'Edouard Brasey "Sorciers" que le chiffre d'affaire de la voyance selon les Cahiers de la Chirurgie serait de 21,3 milliards de F (3 fois plus que les consultations de généralistes), à Paris 25 000 voyants et parapsychologues (60 000 en France), et 500 sorciers noirs (30 000 en France), 10 millions de Français consulteraient un voyant chaque année. Bien sûr on n'est pas obligé de croire en ces chiffres sortis d'on ne sait où.
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Sur le plateau Didier Derlich, 24 ans, qui le 30 mars 1989 sur Média Médium (RTL) a commis un gros impair en annonçant en direct à tort à une femme que son fils n'était pas mort.
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Gérard Majax, illusionniste, censé intervenir pour démystifier la "parapsychologie". Il est, comme Philippe Bouvard et Cavanna sur le plateau dans le camp des sceptiques mais on apprend incidemment par le "spirite" Sieber qu'il aurait un don pour connaître le passé des gens en face de lui sans les connaître (1h13) et serai donc un médium qui prétend que la médiumnité n'existe pas. Sieber l'accuse (1h 12) aussi d'avoir fait passer pour un illusionniste Jean-Pierre Girard, qui tordait les barres de fer (Majax soutient qu'il était à l'association française des prestidigitateurs pour démystifier Uri Geller - sauf que la question de savoir si Geller est un imposteur ou pas est elle-même délicate). On ne sait plus qui est le magnétiseur et qui est l'illusionniste.
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Le voyant Gilbert Duquesnoy alias Nathaniel, qui mourra assassiné en octobre 1990 par un accro du minitel rose homo de 33 ans. Il s'essaya (mais avec une majorité d'erreurs) pour l'émission à prévoir le résultat des Molières. En minute 16'48, la comédienne Monique Tarbès (à l'époque fort populaire) raconte à son sujet : "Un soir j'ai vu Nathaniel, je n'allais pas bien. Il m'a dit : dans 3 semaines à Pâques, tu vas rencontrer un homme de 47 ans qui est grisonnant, qui a les yeux clairs, son métier commence par un A, il est en rapport avec ton métier, et tu vas l'épouser. Résultat 3 semaines après j'ai rencontré un homme grisonnant qui les yeux clairs qui est architecte, qui avait 47 ans et que j'ai rencontré en rapport avec mon métier". Apparemment Monique Tarbès ne l'a pas épousé. Son histoire rejoint point par point celle que m'a racontée en 2016 l'actuelle rédactrice en chef d'un magazine d'astrologie.
Il dit qu'il a été confronté pour Paris-Match à Marie-Thérèse de Brosses et Charles Hirsch (qui ont assuré l'édition de Manifeste de la nouvelle Gnose chez Gallimard en 1989).
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Yves Lignon, de l'Institut Parapsychologique de l'université Toulouse-Mirail que je cite bien sûr dans la bibliographie de mon livre sur les médiums. Il allait un peu plus tard tenter une expérience avec Maud Kristen (voyante à laquelle j'ai eu affaire en 2015).
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Rémy Chauvin, biologiste de la Sorbonne à la retraite, qui s'est penché sur le paranormal, lui aussi présent dans ma biblio évidemment. En 1984, au contact d'Yves Rocard (physicien, père du premier ministre de l'époque, et qui avait écrit sur le magnétisme) a découvert qu'il pouvait entraîner des phénomènes de psychokinèse.
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Le mage Alexis, qui est présenté comme le mage de Brigitte Bardot et Eric Wolinski, voyant; Les deux travaillent pour la société Divinitel (cofondé par Claude Naisse et Alexis) qui fait des voyances sommaires sur Minitel sur la base de la numérologie et de l'astrologie à partir de la date de naissance. Ils répondent à des appels téléphoniques surtarifés (300 appels par jour), mais aussi pratiquent des désenvoutements ou retour sd'affection à plus de 5 000 F jusqu'à 100 000 F.
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Un documentaire de la RTBF sur Franck Schaffner exorciste dans le midi en 1981, primat de l'église catholique gallicane de France.
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Un autre désenvouteur en tenue pittoresque est invité à la barre (minute 40), le Mage Hermarès qui se dit "docteur de la loi", kabbaliste, chargé d'aider les médiums. Il explique que son poignard l'aide à couper l'influence des mauvais esprits sur le plateau.
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Octave Sieber présenté comme "spirit" qui réussit à faire fuir (provisoirement) R. Chauvin du plateau en 47eme minute. Il n'eut pas l'occasion de dire grand chose à part invectiver les rationalistes. Il n'est pas exclu que ces deux derniers intervenants soient de simples comédiens embauchés pour les besoins de la cause, ou en tout cas des spirites de bas étage, les vrais désenvouteurs étant quand même peu susceptibles de se prêter à ce genre de spectacle.
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Une "voyante spirite", Mme Francquie, prend aussi la parole dans le public pour dire que toutes les catégories sociales sont représentées parmi ses clients.
Un nouveau miracle eucharistique au Mexique ?
Nouveau miracle eucharistique ou supercherie ? Le 24 juillet dernier lors de l'adoration à Guadalajara au Mexique, l'hostie exposée s'est mise à battre comme un coeur - voyez la vidéo ici. Le phénomène a été filmé par diverses personnes et posté sur le Net. Des cardiologues comme Thomas A. Lanzilotti ont examiné les pulsations. Elles suivent effectivement celles d'un coeur humain qui battrait à un rythme de 80 par minute.
Jusqu'ici les miracles de ce type concernaient plutôt des taches de sang ou des cellules de tissus cardiaque qui apparaissaient dans l'hostie - voyez nos articles sur les travaux du Dr Ricardo Castañón Gomez et du chirurgien du coeur Pietro Pescetelli. Le nouveau phénomène est reçu par les autorités ecclésiastiques avec prudence car il peut toujours se cacher derrière une supercherie destinée à embarrasser ensuite tout ceux qui y auront cru.
Il semble que des fidèles parfois éprouvent aussi ce genre de phénomène à titre privé.
Dans la section commentaire de cette vidéo, une certaine Jenny Davis écrivait le 4 août :
"Il y a plusieurs années, une dame vietnamienne très pieuse et moi apportions la Sainte Communion aux personnes âgées de notre paroisse. Vinh était en admiration devant le Saint-Sacrement et portait Notre-Seigneur autour de son cou près de son cœur. La première fois que nous avons apporté la Sainte Communion aux paroissiens, j'ai laissé Vinh dans l'église pendant que j'allais parler au curé. Vinh était manifestement ébranlée quand je suis revenue. Elle sentait quelque chose qui ressemblait à une pulsation provenant du conteneur des hosties. J'ai dit que les miracles eucharistiques sont du tissu cardiaque et j'ai suggéré que ce qu'elle avait vécu était le Cœur battant de Jésus. Elle s'est apaisée mais la même chose s'est produite lorsqu'elle a placé l'hostie sur la langue d'une sainte femme, Tina, décédée l'année dernière à l'âge de 98 ans."
Du reste le 24 juillet à Guadalajara une paroissienne a aussi senti l'hostie battre sur sa langue comme un coeur. C'est en tout cas la première fois que le mouvement de l'hostie comme un coeur peut être filmé.
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Peu de temps auparavant, le dimanche 19 juin, dans le comté de Mayo à Aghamore au nord-ouest de l'Irlande, une hostie consacrée était accidentellement tombée au sol puis, plongée dans un bol d'eau comme cela est requis en pareil cas, elle s'est teintée de sang. Mais personne n'a pris de photo et celle qui a circulé à ce sujet se rapportait à un autre miracle, celui de l'église St François Xavier de Kearns dans l'Utal (USA) en 2015. Robert Nugent, un laïc en conflit avec une partie de la hiérarchie épiscopale irlandaise, met en garde en ce moment contre les conclusions trop hâtives sur ce phénomène aussi. Une enquête plus approfondie va être menée.
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Du reste, à Guadalajara, au même endroit exactement (paroisse de Marie Mère de l'Eglise, une église qui a été érigée en 1548, et qui fut siège du premier congrès eucharistique mondial en 1906) 9 ans plus tôt jour pour jour (jour de la Sainte Christine de Bolsena/Vigile de St Jacques) des hosties avaient saigné (sans eau cette fois), à 3h de l'après-midi, miracle qui avait été annoncé par Dieu au prêtre, le P. José Dolores Castellanos Gudiño dit "Padre Lolo" dès le matin (témoignage du P. Just A. Lofeudo).
Un des enjeux des phénomènes actuels est de savoir si la messe garde une validité malgré les dérives hérétiques du pape François et de cardinaux, qui participa le 27 juillet dernier main sur le coeur, à une cérémonie païenne amérindienne au Canada invoquant la "Grande déesse mère de l'Ouest" pour "entrer dans le cercle des esprits".
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Le prêtre responsable de l'exposition de l'hostie à l'adoration le 24 juillet était le père Carlos Spahn, exorciste de renom, et certains Mexicains voient dans ce miracle (si c'en est un) une confirmation de son travail à Guadalajara.
Le sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Délivrande de Popenguine (au Sénégal)
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J'ai interviewé hier le romancier Grégory Bernard qui a participé à la Pentecôte 2017 à un pèlerinage qui existe depuis 1888, entre Dakar et Popenguine.
On peut ici se reporter à une description du village par le Dr Léon Anfreville de la Salle en 1909, terre de mission, après qu'il eut été ravagé par une épidémie de nélavan (maladie du sommeil). Plus ancienne encore cette évocation en 1891, dans les Annales apostoliques de la Congrégation du Saint-Esprit.
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On ne sait pas trop s'il y a eu, en 1888, un apparition de la Sainte Vierge à des pêcheurs comme l'affirme cet article de Dakaractu du 5 juin dernier (il semble qu'il en existe une version identique en 2019 ici) ou s'il n'y a jamais eu d'apparition comme le pose le Prieuré des Frères de Saint Jean à cet endroit. En tout cas rien n'a été approuvé au niveau de l'Eglise catholique. Le sanctuaire a été inauguré le mardi de Pentecôte 1888 (22 mai) l'initiative de l'évêque normand Mgr Picarda. Le culte de Notre Dame de la Délivrande, une vierge noire, forme un triangle entre Douvres-la-Délivrande près de Caen et le Morne Rouge en Martinique (depuis 1851, Mgr Picarda avait servi dans cette île où il était arrivé en 1868 pour y intégrer le séminaire colonial, et avait enseigné au Morne-Rouge). Il remonte à Saint Régnobert second évêque de Bayeux mort en 627, dans le cadre de son oeuvre d'évangélisation des Saxons, et aurait succédé à un culte de Déméter.
Selon le bréviaire de Bayeux Neustria Sancta dont la plus vieille version consultable remonte au XVe siècle ne statue de Vierge noire aurait été retrouvée miraculeusement en 1150 par Beaudoin de Reviers, comte du Bessin sous Guillaume le Conquérant, alors que la chapelle ruinée par les Danois était en ruines.
L'historien franciscain Fossard en 1642 raconte ainsi la découverte (on devrait dire l'invention comme pour les mines) : "Le berger duquel seigneur Beaudoin aperçoit que l’un de ses moutons, par plusieurs fois, se retirait du troupeau et courait en un lieu auprès de la pâture ; là de pieds et de cornes frappait et fouillait la terre, puis étant las, il se couchait à la place même où de présentes! la niche et l’image de la Vierge en la chapelle de la Délivrande. Ce mouton ne prenait aucune nourriture, et était néanmoins le plus gras de la bergerie. Le comte croyant que cela était un avertissement envoyé du ciel, se transporta sur le lieu, accompagné de sa noblesse et d’un saint ermite, avec le peuple qui y courut des lieux circonvoisins : il commanda de parachever la fosse que le mouton avait commencée. On y trouva l’Image de Notre-Dame ; il y a à présent plus de huit cents ans. Cette image fut portée en procession solennelle avec une commune allégresse de tout le peuple dans l’église de Douvres ; mais, tôt après, elle fut apportée par le ministère d’un ange au lieu même où Elle fut trouvée. Dieu montra par ce transport et invention miraculeuse, qu’il avait choisi ce lieu plus particulièrement pour son service et pour celui de la glorieuse Vierge Marie, sa mère. Alors le comte connaissant la volonté divine fit édifier et fonder la Chapelle qui est encore à présent et la donna à Messieurs du Chapitre".
Ce récit se trouve aussi sous la plume d'une religieuse du monastère de la Trinité de Caen au XVIIe siècle.
C'est cette statue qui est à Douvres maintenant.
Le samedi 19 mai 2012, un quartier de la ville de Guediawaye, au Sénégal, est plongé dans l'obscurité par une panne d'électricité. Dans une maison particulière, une lumière vive apparaît sur le mur de la chambre d'une catéchumène de 12 ans, avec un silhouette de femme facilement identifiable à la statue de Notre-Dame-de la Délivrande de Popenguine. L'apparition dure de 23 h à 6 h et s'accompagne d'un ruissellement d'eau sur le mur. Les voisins alertés se réunissent pour une veillée de prière et la silhouette disparaît avec la lumière du jour.
Compagnons du Tour de France
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Au printemps dernier j'avais lu à la médiathèque municipale de Pau le livre Raoul Vergez - Béarnais écrit par la fille du célèbre charpentier médiatique compagnon du devoir. Je croyais y trouver des prolongements du livre "Les Géants et les mystères des origines", qui évoque un peu Raoul Vergez mais j'ai été déçu. Soit l'autrice n'a pas reçu les enseignements de son père, soit ceux-ci étaient pauvres.
Rien ne m'a vraiment marqué du personnage sauf cette remarque sur ses obsessions numérologiques :
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Il est d'ailleurs mort le 7.7.77.
J'ai aussi retenu ce passage bizarre sur un ami "Le Baron" qui allait faire des strip-tease à chaque fête des compagnons pour la Saint-Joseph. Il montrait son tatouage de la faucille et du marteau au pied droit, la croix de Lorraine sur le gauche, la danseuses espagnole avec son peigne et ses castagnettes à l'épaule gauche, Cortez découvrant le Pacifique en bas du dos, les caravelles de Colomb, des mousmées et geishas sur les cuisses. Au moment de montrer son sexe, les enfants quittaient la salle (p. 133).
Je me dis aujourd'hui que si je travaille à nouveau sur le socialiste Pierre Leroux, comme je voudrais le faire, il faudrait que j'explore un peu plus le compagnonnage, qui a joué un certain rôle dans ma propre découverte du monde invisible en 2014 comme je l'ai raconté dans mon livre sur les médiums. D'ailleurs Vergez dans une de ses interviews dit qu'à son arrivée à Paris dans les années 1920 il avait été marqué par la culture charbonnière (celle des carbonari) qui imprégnait le prolétariat parisien, ce qui a aussi influencé Leroux en son temps.
Peut-être devrais-je commencer par me pencher sur le cas du menuisier député de l'assemblée constituante de 1848 Agricol Perdiguier (1805-1875) qui inspira George Sand.
Je trouve un passage étonnant de Perdiguier dans son discours de 1848 contre les 12 heures de travail :
"M. Buffet a dit que les idées que M. Pierre Leroux a émises à propos du décret du 2 mars ne sont pas nouvelles ; non elles ne sont pas nouvelles on les retrouve dans Moïse dans Confucius, dans Socrate et dans Jésus; mais les idées que M. Buffet et plusieurs autres émettent ne sont pas nouvelles non plus on les trouve dans Aristote, dans Xénophon et dans Platon. Il est sans doute beau pour ces messieurs de marcher sous la bannière de si grands philosophes, qui ont brillé dans les académies ; mais il ne l'est pas moins de se placer sous celle de Moïse, de Confucius, de Socrate, philosophes populaires, et de Jésus, l'homme-dieu. "
Il a publié un Livre du compagnonnage en 1840 qui, écrivit Lucien Buis, juge a tribunal civil d'Arbois en 1910, "propose certaines chansons destinées à remplacer les refrains violents populaires dans les différents devoirs et termine en donnant certains détails techniques sur l’art de la menuiserie. Tel qu’il était, cet ouvrage eut un certain retentissement parmi les ouvriers. Mais s’il eut quelque influence sur les mœurs querelleuses des « dévoirants », il n’eut pas pour effet de resserrer les liens existants. Il tendit plutôt, à l’encontre du but proposé par son auteur, à les faire disparaître."
Dans sa préface à son propre "Compagnon du Tour de France", George Sand écrit :
"On peut de cette façon les justifier en principe sans attaquer pour cela la société générale. Les idées régnantes ayant toujours engendré de nombreuses sectes, et la doctrine officielle ayant toujours tenté d'étouffer les doctrines particulières, il est évident que toute dissidence d'opinions, soit dans la foi, soit dans la politique, a dû se manifester en société secrète, en attendant le grand jour, ou l'anéantissement de l'oubli. De là, je le répète, cette multitude de ténébreux conciles, de conspirations avortées, de sciences occultes, de schismes et de mystères, dont les monuments sont encore enfouis pour la plupart dans un monde souterrain, s'ils n'y sont ensevelis à jamais. Leur découverte serait pourtant bien précieuse, sinon à cause de ces choses en elles-mêmes, du moins à cause du jour qu'en recevraient celles qui ont surnagé. La filiation qui s'établirait entre toutes les sociétés secrètes serait une clef nouvelle pour pénétrer dans les arcanes de l'histoire, et les grands principes de vérité y puiseraient une autorité immense. Mais il est bien difficile, j'en conviens, de rassembler les fils de ce vaste réseau. Nous avons de la peine même à établir la véritable parenté des sociétés secrètes contemporaines, telles que l'IlIuminisme, la Maçonnerie et le Carbonarisme. Il en est d'autres qui règnent aujourd'hui même dans toute leur vigueur sur une portion considérable de la société, et dont la généalogie sera plus incertaine encore. Je veux parler des associations d'ouvriers connues sous le nom générique de Compagnonnage.
Tout le monde sait qu'une grande partie de la classe ouvrière est constituée en diverses sociétés secrètes, non avouées par les lois mais tolérées par la police, et qui prennent le titre de Devoirs. Devoir, en ce sens, est synonyme de Doctrine. La grande, sinon l'unique doctrine de ces associations, est celle du principe même d'association. Peut-être que dans l'origine ce principe, isolé aujourd'hui, était appuyé sur un corps d'axiomes religieux, de dogmes et de symboles inspirés par l'esprit des temps. Les différents rites de ces Devoirs remontent, en effet, selon les uns au moyen âge, selon d'autres à la plus haute antiquité. Le symbole du Temple de Salomon les domine pour la plupart, ainsi qu'on le voit aussi dans la Maçonnerie. Au reste, le besoin de se constituer en corps d'état et de maintenir les privilèges de l'industrie a pu, dans les temps les plus reculés, faire éclore ces associations fraternelles entre les ouvriers. Elles ont pu, par le même motif, se perpétuer à travers les âges, et se transmettre les unes aux autres un certain plan d'organisation. Mais la division des intérêts a amené des scissions, par conséquent des différences de forme. En outre, les institutions de ces sociétés ont subi l'influence des institutions contemporaines. Chez quelques-unes, néanmoins, certains textes de l'ancienne loi se sont conservés jusqu'à nous, et se retrouvent dans les nouveaux réglements. Ainsi le Devoir de Salomon prescrit, de par Salomon, à ses adeptes d'aller à la messe le dimanche. Plusieurs antiques Devoirs se sont perdus, au dire des Compagnons celui des tailleurs, par exemple. D'autres se sont formés depuis la Révolution française. Différents corps d'état, qui jusque-là ne s'étaient point constitués en société, ont adopté les titres, les coutumes et les signes des Devoirs anciens. Ceux-ci les ont repoussés et ne tes acceptent pas tous encore, s'attribuant un droit exclusif à porter les glorieux insignes et les titres sacrés de leurs prédécesseurs. Le Compagnonnage confère à l'initié une noblesse dont il est aussitôt fier et jaloux jusqu'à l'excès. De là des guerres acharnées entre les Devoirs toute une épopée de combats et de conquêtes, une sorte d'Eglise militante, un fanatisme plein de drames héroïques et de barbare poésie, des chants de guerre et d'amour, des souvenirs de gloire et des amitiés chevaleresques. Chaque Devoir a son Iliade et son Martyrologe. M. Lautier a publié à Avignon, en 1838, un poême épique très-bien conduit sur les persécutions au sein desquelles le Devoir des cordonniers s'est maintenu triomphant. Il y a de fort beaux vers dans ce poëme; ce qui n'empêche pas te barde prolétaire de faire des bottes excellentes, et de chausser ses lecteurs à leur grande satisfaction.
Il y aurait toute une littérature nouvelle à créer avec. les véritables mœurs populaires, si peu connues des autres classes"...
C'est en effet un monde à explorer...
Saint-Maximin, Vézelay et le chef de Marie-Madeleine
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Lacordaire, dans son Sainte Marie-Madeleine, raconte comment le chevalier Charles d'Anjou, neveu de Saint-Louis, (futur Charles II encore jeune prince de Salerne) dévot de Marie-Madeleine, reçut de Dieu l'inspiration de faire ouvrir une tranchée dans la vieille basilique de St Maximin, au pied du massif de la Sainte Baume, s'employa lui-même à creuser avec les ouvriers et trouva le 9 décembre 1279 des reliques. Neuf jours plus tard il faisait rompre les sceaux du sarcophage et y trouva un parchemin portant cette inscription : "L'an de la nativité du Seigneur 710, le sixième jour du mois de décembre, sous le règne d'Eudes, très pieux roi des Français, au temps des ravages de la perfide nation des Sarrasins, le corps de la très-chère et vénérable Marie-Madeleine a été très-secrètement et pendant la nuit transféré de son sépulcre d'albâtre dans celui-ci, qui est de marbre, et d'où l'on a retiré le corps de Sidoine, afin qu'il y soit plus caché et à l'abri de ladite perfide nation."
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"Une troisième fois, écrit Lacordaire, en présence d'une illustre et nombreuse assemblée, le prince de Salerne fit ouvrir le monument qui avait été scellé, et dont les sceaux furent reconnus intacts. Le chef de la sainte était entier, sauf l'os maxillaire inférieur, qui manquait; la langue subsistait, desséchée mais inhérente au palais; les membres ne présentaient à l'œil que des ossements dépouillés de leur chair, mais un parfum suave enveloppait ces restes rendus à la lumière du jour et à la piété des âmes."
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Cette version sur la découverte du "chef" de Marie-Magdeleine (sa tête) ne fait pas l'unanimité et d'ailleurs Lacordaire le rappelle : le corps de la sainte a disparu au temps des croisades, et une rumeur dit qu’il se trouve à l’abbaye de Vézelay en Bourgogne, fondée par Gérard de Roussillon, comte et gouverneur de Provence (au IXe siècle). Lacordaire raconte l’effet de la bulle de Pascal II en 1203 qui autorisa le pèlerinage à Vézelay. « Ce fut un mouvement dont il est difficile de se faire une idée. On eut dit que toute la France courait à Vézelay, et ce lieu devint si grand dans l'opinion et la piété publiques, que Louis VII s'y rendit avec saint Bernard en 1147 pour y prêcher la seconde croisade. » (p. 186). La troisième y fut aussi préparée par Philippe-Auguste et Richard Cœur-de-Lion en 1190. Mais, nous dit Lacordaire, le sire de Joinville (1224-1317), biographe de Saint Louis, le grand roi, sut rectifier l’erreur au retour de sa croisade, et discerna que les reliques étaient non à Vézelay mais encore à Saint-Maximin. En tout cas, les dominicains n'en ont pas douté, et en 1297, deux ans après l’installation des Prêcheurs à Saint-Maximin, l’Ordre, qui accordait dans sa liturgie une place exceptionnelle au culte de Marie-Madeleine, en élevant la fête de la sainte au plus haut degré de solennité, le même que pour les apôtres Pierre et Paul ou pour Jean-Baptiste, et chargeant le maître de l’Ordre de doter la messe d’une séquence appropriée, En 1297 enfin, deux ans après l’installation des Prêcheurs à Saint-Maximin, le chapitre général de l’Ordre accordait dans sa liturgie une place exceptionnelle au culte de Marie-Madeleine, le chapitre général élevant la fête de la sainte au plus haut degré de solennité, le même que pour les apôtres Pierre et Paul ou pour Jean-Baptiste, et chargeant le maître de l’Ordre de doter la messe d’une séquence appropriée, prescrivait de supprimer partout, dans la sixième lecture des matines, la mention relative à Vézelay.
J'ai raconté dans mon livre sur les médiums le rapport surnaturel que j'ai eu en 2014-2015 à la Sainte Baume. Or j'ai rencontré il y a trois semaines une femme "psychothérapeute" (en fait très branchée "développement personnel" et commerce avec les entités obscures sous des dehors très généreux) qui a eu, elle, un rapport intéressant à Vézelay où vivait sa grand-mère pendant son enfance. Une expérience teintée de spiritisme, à l'égard duquel, vous le savez, je reste très méfiant...
J'étais à deux doigts de me rendre à Vézelay aujourd'hui mais me suis ravisé quand j'ai appris que la gare se trouvait à 10 km de la basilique Sainte Marie-Madeleine. A défaut, j'ai commandé le livre de Jean-François Lecompte, "Vézelay une église guerrière", mais l'ouvrage est assez hélas mauvais. Il enfonce beaucoup de portes ouvertes du genre "la spiritualité est un combat", et comporte beaucoup d'hypothèses gratuites et d'approximations dans le style "il y avait une déesse égyptienne qui avait la forme d'un scorpion, en fait ce n'est pas un scorpion mais cela pourrait en être un etc", tout cela dans le but unique (très "new age") de rattacher la foi catholique aux antécédents païens (parce que Vézelay serait situé sur une colline "du scorpion"), ce qui au passage permet d'égyptianiser Marie-Madeleine et d'en faire l'auteur de la résurrection de Jésus (comme le terrible "Manuscrit de Marie-Madeleine", hélas en vente dans la librairie de la Sainte-Baume). D'ailleurs le livre renvoie à la "spirale de Lug" que Charpentier a identifiée dans notre bonne vieille Gaule à coup d'étymologies douteuses (j'en avais déjà dit bien du mal ici). Qui se ressemble s'assemble... L'auteur glisse bizarrement Léon Bloy au milieu de tout cela, ce qui encouragera peut-être certains à taxer l'auteur de "L'âme de Napoléon" de luciférisme... Je garde quand même de ce bouquin l'enseignement selon lequel au Moyen-Age les pèlerins partaient pour Compostelle soit à la Saint-Jacques, soit à la Sainte Marie-Madeleine... Ce qui laisse entendre tout de même que cette sainte avait une importance majeure, et, comme Saint-Christophe, un rapport spécial aux pèlerinages, dont l'analyse (si on la fait rigoureusement) pourrait peut-être révéler quelque vérité secrète importante...
La maison de Marie à Lorette
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Ma grand mère paternelle, Candelaria Planchat Monterde (1910-1998) eut pour arrière grand-père dans sa branche paternelle un certain Pedro Aguilar Antolin, né à Castelseras (Aragon) en 1819, décédé moine dans un couvent franciscain dans les années 1880 après avoir eu quinze enfants. En 2016 j'ai parlé de lui sur ce blog et j'ai cité ce passage de ses brèves mémoires : "Le 11 août 1884, ont été organisés 3 jours de fête à La Codoñera pour la Vierge de Lorette pour l'accomplissement du centenaire de l'édification de la chapelle. Je suis reconnaissant à cette Vierge parce qu'à ce même endroit en un quart d'heure j'ai eu la vie sauvée trois fois pendant la guerre civile. Et j'ai connu un homme de village qui s'appelait Mariano Lusona qui, à l'âge de 80 ans, a vu des dents lui sortir comme à un enfant". D'après ce qu'il écrit au paragraphe suivant, l'épisode de guerre auquel il se réfère serait la bataille menée par les conservateurs carlistes sous la bannière du général Cabrera en 1868.
Il existe aujourd'hui une fête de Notre Dame de Lorette le 10 décembre, à La Codoñera, nous explique Wikipedia.
Je lisais la semaine dernière ce passage dans "Histoire d'une âme" de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus (Eds Cerf 2006 p. 130) : "Je fus heureuse de prendre la route de Lorette (région des Marches en Italie). Je ne suis pas surprise que la Ste Vierge ait choisi cet endroit pour y transporter sa maison bénie, la paix, la joie, la pauvreté y règnent en souveraines ; tout est simple et primitif, les femmes ont conservé leur gracieux costume italien et n’ont pas, comme celles des autres villes, adopté la mode de Paris ; enfin Lorette m’a charmée ! Que dirai-je de la sainte maison ? Ah ! mon émotion a été profonde en me trouvant sous le même toit que la Sainte Famille, en contemplant les murs sur lesquels Jésus avait fixé ses yeux divins, en foulant la terre que Saint Joseph avait arrosée de sueurs, où Marie avait porté Jésus entre ses bras, après l’avoir porté dans son sein virginal… J’ai vu la petite chambre où l’ange descendit auprès de la Sainte Vierge… J’ai déposé mon chapelet dans la petite écuelle de l’Enfant Jésus… Que ces souvenirs sont ravissants !…"
C'est en parcourant ce passage que je découvris donc que selon la tradition catholique la maison de la Sainte Vierge aurait été apportée par des anges à Lorette dans la nuit du 9 au 10 décembre 1294, trois ans après le départ des croisés de Terre Sainte, afin de la soustraire à l'occupation turque musulmane de Jérusalem (qui avaient détruit la basilique qui protégeait cette maison en 1263). L'itinéraire du déplacement de cette maison par voie aérienne est d'ailleurs partiellement connu puisque le 10 mai 1291 un curé de Tersatto/Trsat en Dalmatie, le P. Alexander Georgevitch, aurait remarqué cette maison apparue miraculeusement sur un terrain de sa paroisse et la Vierge Marie elle-même lui serait apparue pour lui expliquer le déplacement de sa maison par la puissance de Dieu. Un seigneur local de Tersatto, Nicolo Frangipane a d'ailleurs envoya une délégation en Palestine pour vérifier la disparition de la maison à Nazareth, et c'est lorsque les Albanais se convertirent à l'Islam en 1294 que la maison le 9 décembre au soir franchit l'Adriatique (les Slaves en portèrent longtemps le deuil). Des bergers la virent portée par des anges, puis elle arriva à Ancone où elle resta neuf mois, et enfin à Lorette.
Je me suis demandé ce qu'il fallait penser de cette histoire. Ma première réflexion fut que j'imaginais mal au vu des photos comment une famille italienne aurait pu défaire brique par brique les murs de cette maison en Palestine, puis les déplacer en Italie par bateau et les reconstruire à l'identique comme le suggère Wikipédia.
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Puis je suis tombé sur cette page de mars 2021 d'un blogueur de notre époque, Guy Sémard, père oblat de la Vierge Marie, qui confesse avoir eu du mal à croire au miracle de la translation angélique de cette maison, mais cite un livre italien du professeur Federico Catani, publié par l'association Luci sull'Est qui réunit tous les arguments en faveur de cette thèse (voir sa conférence en italien ici). Il explique notamment que le périmètre de la maison en Italie correspond exactement à celui de la présumée maison de la Sainte Famille à Nazareth, dans la Basilique de l'Annonciation, dont la trace des fondations a été conservée. Les pierres de construction sont d'origine palestinienne d'il y a 2 000 ans d'après le travail effectué par les spécialistes. Elle a été posée sur un terrain non travaillé sans fondations (sur une ancienne route).
C'est un point qu'avait déjà relevé en 1894 pour les 600 ans de la translation, un certain William Garratt de Cambridge dans "Lorette, le nouveau Nazareth" (p. 28-29) : "Quand on creusa autour de la Sainte Maison de Lorette, au mois de novembre 1531, il fut évident pour tous que ses murs se soutenaient sur la terre nue et sans fondations. Jérôme Angelita, chancelier de la ville de Recanati et témoin oculaire, nous a laissé le récit de ces excavations entreprises pour entourer de marbre la Santa Casa. A une date plus récente, en 1672, quand un nouveau pavement fut posé, plusieurs personnes pouvaient faire passer librement, soit leurs mains, soit des bâtons, sous certaines parties des murs, le terrain sur lequel ceux-ci reposaient se trouvant inégal. Les dalles furent renouvelées encore une fois en 1751, sous le pontificat de Benoît XIV, et l’on procéda alors à l’intérieur à un nouvel examen, après avoir fait des excavations au pied des murs. L’archevêque de Fermo, les évêques de Jesi, d’Ascoli, de Macerata et de Lorette, trois architectes étrangers, trois maîtres-maçons, outre l’architecte des travaux, étaient présents, ainsi que beaucoup d’autres personnes. Un des architectes fut autorisé à faire creuser à six pieds de profondeur jusqu’à ce qu’on fût arrivé au tuf, c’est-à-dire à la terre ferme, où l’on a coutume d’aller pour assurer la solidité des fondements. Il fut manifeste alors que la Sainte Maison se soutenait par elle-même, depuis plusieurs siècles, sur un terrain inégal et mouvant, contrairement à toutes les règles de l’architecture. Un rapport officiel fut alors enregistré dans les archives de Lorette". Garratt parle aussi de la pierre qui est de la pierre calcaire de Nazareth, ce qui fut confirmé par des observateurs des XVIII et XIXe siècles (pierres dites Jabès et Nahari, chimiquement analysées). Il évoque aussi le bois de cèdre du Liban.
Le professeur Giorgio Nicolini donne le même genre de conférences que Federico Catani.
Cette maison avait été visitée par Saint louis et par St François d'Assise en Palestine en 1219 ou 1220. Les actes de dévotion à la maison de Notre Dame à Lorette furent nombreux. Saint François Xavier reçut aux pieds de la Vierge de Lorette l’inspiration de porter l’Evangile aux Indes et au Japon. Papes, cardinaux, prêtres et moines s'y sont succédés, mais aussi l'empereur allemand Charles IV, Jean Paléologue, empereur byzantin, différents rois et reines du monde chrétien, les ducs et duchesses de la région, les princes de Condé, ducs de Joyeuse et autres nobles, Montaigne, Descartes (qui y fit un pèlerinage à pied depuis Venise), Louis-Marie Grignon de Montfort etc.
On ne compte plus les guérisons miraculeuses et les exorcismes réussis dans cette sainte maison.
Un phénomène étrange de flammes célestes y fut aussi observé. Le 8 septembre 1296, puis à nouveau l'année suivante l'ermite Paolo della Selva qui avait fixé son asile solitaire sur une colline voisine aperçut de sa cellule cette lumière, paraissant avoir quatre mètres de long sur deux de large descendant du ciel au dessus de la maison de la Sainte Vierge. En 1555, Riera, jésuite de Barcelone, confesseur au sanctuaire de Lorette, fut témoin en compagnie des fidèles de la messe du même miracle qu'il allait raconter dans son Historiae Almae Domus Lauretanae Liber Singularis. Le miracle se produisit à nouveau en 1557. Renvoyons au livre de Garratt pour les autres miracles.
On peut se demander si le souvenir du livre du catalan Riera ne fut pas pour quelque chose dans le succès de Notre Dame de Lorette en Bas-Aragon où vivaient mes ancêtres.
Melchisédech, le visiteur hors du temps
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Melchisédech, en hébreu מַלְכֵּי־צֶדֶק (malkî-ṣedeq) « roi de justice », est un personnage biblique qui apparaît très brièvement dans l’histoire d’Abraham dans le livre de la Genèse 14. Il y est présenté comme « roi de Salem » (lieu non identifié) et « prêtre du Très-Haut » (El-Elyôn), auquel Abraham versa la dîme. Dans l'Épître aux Hébreux du Nouveau Testament, Jésus est déclaré « Grand prêtre pour toujours » à l'image de Melchisédech, en référence à Psaume 110:4 "L'Eternel l'a juré, et il ne s'en repentira point, que tu es Sacrificateur éternellement, à la façon de Melchisédec".
Jacques Bergier dans les Maîtres secrets du temps rappelle que France Soir le 26 novembre 1973 signalait l'existence dans un hôpital psychiatrique d'un personnage appelé Melchisédech qui se faisait appeler "prince Charlemagne SS" . Nul ne savait d'où il venait. Selon une de ses disciples poétesse de 52 ans c'est un véritable contemporain d'Abraham.
Bergier reprend aussi l'anecdote citée par Arthur Machen (1863-1947) dans son récit de 1915 "The Great return" dont Bergier situe à tort l'intrigue en juin 1917 (!) et qu'il semble tenir pour authentique : des inconnus arrivent dans le village de pêcheurs de Llantrisant, ils disent être des prêtres de Melchisedech et pendant une messe, ils prononcent des mots en grec ancien. Le récit détaillé de l'épisode est ici, en anglais, au chapitre VII : "Ffeiriadwyr Melchisédech ! Ffeiriadwyr Melchisédech ! cria le vieux diacre méthodiste calviniste à barbe grise. « Prêtrise de Melchisédech ! Prêtrise de Melchisédech !" . Bergier raconte l'apparition d'une gigantesque rosace de flammes pendant la nuit et des guérisons miraculeuses dans la foulée. Tout cela se mêlait à la thématique du Graal, celle des cloches angéliques etc. Machen, qui restait pour sa part réservé sur la légende locale, signalait que la rosace pouvait venir du port et que les miracles des neuf jours qui avaient suivi étaient tous explicables sauf la lumière chaude qui venait soigner les gens.
"Il y a cette question, notait Machen en conclusion de son texte, de la distinction entre l'hallucination et la vision, de la durée moyenne de l'une et de l'autre, et de la possibilité de l'hallucination collective. Si un certain nombre de personnes voient toutes (ou pensent voir) les mêmes apparitions, cela peut-il être simplement une hallucination ? Je crois qu'il existe une affaire de premier plan en la matière, qui concerne un certain nombre de personnes voyant la même apparence sur le mur d'une église en Irlande ; mais il y a, bien sûr, cette difficulté, que l'on peut être halluciné et communiquer son impression aux autres, par télépathie."
Bergier avait été sensible aussi au fait relevé par Machen au chapitre VI sur la similitude des visions des habitants avec l'Anhelonium Lewinii ou peyotl (bouton de mescal popularisé par Castaneda) qui faisait voir des cathédrales gothiques à un de ses expérimentateurs. Assez bêtement Bergier ajoute qu'on est 40 ans avant les travaux d'Aldous Huxley, mais c'est oublier que le British Medical Journal en 1896 avait déjà analysé les effets de cette drogue. Je vous renvoie aux travaux de Gordon Wasson sur les enthéogènes, mais les enthéogènes n'étant que des vecteurs du surnaturel, les considérations sur ces vecteurs n'éclairent pas grand chose selon moi.
En tout cas, il est vrai que la référence à Melchisédech ne venait pas de nulle part. Donc on peut supposer que quelque chose s'est vraiment passé dans ce village gallois en rapport avec ce sage, même si la fiche Wikipedia de Llantrisant se garde d'en parler, et d'ailleurs peu de choses sur Internet se rencontrent à ce sujet. La Flying Saucer Review se serait emparée du sujet en 1972 dans le registre de l'ufologie, mais ses archives ne sont pas en ligne.
Les écrits juifs situent le roi-prêtre Melchisédech hors du temps. Il est le seul personnage de la Genèse à n'avoir pas d'ancêtres explicitement nommés (ce que redira St Paul dans He 7:3 - cf le Codex de Mechisédek analysé par Jean-Pierre Mahé en 2000).
L'abbé Trithème (1462-1516) présente Melchisedech comme un eldil, c'est a dire, une créature inférieure à Dieu, mais supérieure aux Anges, catégorie reprise dans les années 1930-40 par C. S. Lewis. Pour Bergier, ce personnage, qui a pu être le prêtre d'un dieu nouveau au temps d'Abraham, pourrait donc venir d'un autre temps, ou d'en dehors du temps, pour aider les hommes à diverses époques, comme Fo-Hi en Chine, l'inventeur du Yi-King. Il insiste sur le fait que l'idée du voyage dans le temps vient de la culture juive.
AGCP de Hody rappelle que le 13 juillet 1483 Bernard de Breydenbach, doyen de l'église de Mayence, à la sortie de l'église de la Résurrection à Jérusalem se fit montrer les tombeaux des rois chrétiens dont celui de Godefroid de Bouillon... et de Melchisédech, fait confirmé par d'autres témoins mais les Latins n'ont jamais souscrit à l'authenticité de ce tombeau.
PS : sur Melchisédech voir aussi ce cours au collège de France (fin du cours, année 2009-2010)