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"L'erreur des religions païennes" de Firmicus Maternus

25 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Notes de lecture

Parmi mes dettes à l'égard de Clinton Arnold, je reconnais qu'il m'a fait découvrir à travers ses conférences Julius Firmicus Maternus, auteur romain en 348 de notre ère (entre la mort de Constantin et le règne de Julien l'Apostat) d'un traité intitulé par les Belles Lettres "L'erreur des religions païennes" - Wikipedia préfère Traité de la fausseté des religions profanes (De errore profanarum religionum).

Arnold s'intéressait à Firmicus parce qu'il a d'abord trempé dans l'astrologie avant de se repentir et devenir chrétien. Il avait en effet publié vers 340 un traité d'astrologie, la "Mathésis" ou Livre des Mathématiques qui synthétisait diverses sources anciennes. Robert Turcan (1929-2018), professeur à Lyon III, dans son introduction à l'édition de 2002 aux Belles Lettres estime que l'auteur n'a pas dû être un très bon astrologue car il compilait dans un style verbeux des textes de l'Egypte ptolémaïque un peu daté  (mais n'est ce pas un préjugé de ponte académique contemporain pour qui la qualité d'un savoir suppose qu'il se situe à la pointe de la recherche contemporaine ?). Pour lui il s'agirait d'un avocat, probablement devenu chef de bureau de l'administration impériale grâce au futur consul Lollianus Mavortius dans les années 330 (ce qui lui permit d'étudier l'astrologie), décurion local en Sicile, qui a pu accéder au rang sénatorial en fin de vie. 

Ses hommages au néo-platonicien Porphyre situaient sa Mathesis dans cette école. Quand il a écrit ce traité, comme les néo-platoniciens de son temps il tenait l'astrologie pour une science noble qui permettait d'adorer les dieux supérieurs, au dessus des rituels magiques populaires. L'astrologie était pour lui une technique d'adoration qui impliquait de la part de celui qui s'y adonnait probité et ascèse (on est loin de l'éthique des voyants actuels).

Turcan estime que, dès lors qu'à la mort de Constantin en 317, ses successeurs ont été des contempteurs plus radicaux du paganisme (notamment contre la magie et la divination) son implication dans l'astrologie, même si elle était très légitimiste à l'égard de l'empereur et très tournée vers les sphères "élevées" de l'hénothéisme, a pu paraître suspecte (raison pour laquelle l'accession de son protecteur Mavortius au consulat a été retardée), sa conversion au christianisme serait un acte bassement intéressé. Firmicus, écrit Turcan (p. 21), "n'avait rien, semble-t-il, d'un homme indépendant, tenace et courageux. Au travers de l'emphase et des redondances affectées, la Mathesis nous révèle un auteur mal assuré de sa position dans le monde et qui cherche un peu trop l'ostentation et le pouvoir" (mais n'est(ce pas à mettre au compte de ses erreurs de jeunesse ?). Ce "rhéteur peureux, impressionnable, soucieux d'appuis puissants" aurait voulu "ménager les susceptibilités de Constant et de Constance II, lorsque la loi de 341 fit éclater contre les païens un bruit d'orage".

Voilà un réquisitoire bien sévère de la part d'un universitaire dont le seul mérite (en fait de courage) aura été de cultiver tranquillement sa carrière, à l'ombre des potentats locaux de l'institution qu'il servait, comme on le fait dans toutes les facultés... Mais bon, il est vrai que dans la même veine le philologue belge Franz Cumont au XIXe siècle le traitait de "pédant borné". Peut-être y a t il derrière ce mépris pour Firmicus Maternus un préjugé anti-chrétien, quand, au contraire, la Bibliographie catholique jugeait le traité sur les religions profanes "pas indigne de figurer à côté des chefs d'oeuvres épistolaires et dogmatiques du grand évêque saint Cyprien".

"De errore" parut entre 343 et 350 et fut imprimé pour la première fois en Allemagne en 1559 à partir d'un manuscrit retrouvé en Westphalie (le seul dont on dispose) par l'historien protestant d'Istrie Flacius Illyricus. Conrad Bursian le retrouva à la bibliothèque vaticane en 1856 et le réédita.

Venons en au contenu du livre. On comprend que beaucoup de commentateurs athées de notre époque n'y voient qu'une polémique stérile de plus contre le paganisme, comme celles qu'ont lancées bien des saints ou des rhéteurs célèbres comme Tertullien.J'y trouve pourtant quelque parenté avec des sujets de réflexion de ce blog, à commencer par le fait que le paganisme soit rattaché aux stoicheia : chaque religion profane est soumise à un élément naturel, nous dit l'auteur. En Egypte on vénère l'eau, les Phrygiens (Galates) adorent la Terre, les Assyriens et une partie des Africains idolâtrent l'air sous le nom de Junon ou de Venus "vierge". Les Perses "et tous les mages" vénèrent le feu.

Et tout cela est tourné vers la mort. On se scarifie pour Osiris dont on cherche le corps déchiqueté alors qu'il existe un tombeau du dieu au corps calciné en Egypte, au lieu de se tourner vers le vrai Sauveur. En Phrygie, on partage le sort d'Attis acculé à l'émasculation (rappelez vous l'allusion de Paul dans la Lettre aux Galates) puis à la mort par Cybèle, et l'on porte son deuil autour de son tombeau. Dans les deux cas Firmicus Maternus dénonce l'identification artificielle de ces deuils au cycle naturel des moissons et de la germination.

Dans le culte de l'air, il critique l'idéal d'androgynie (condamné par la Bible) des prêtres qui se maquillent et invoquent des démons avec des voix féminines pour être possédés, des hommes qui se prostituent comme des femmes. 

Pour les Perses, Firmicus Maternus raille leur culte de la femme aux trois visages enserrée dans des lacs de monstrueux serpents. Pour Attilio Mastrocinque, dans The Mysteries of Mithra : A different account p. 123, il s'agit d'un des mystères de ce culte en vogue à l'époque dans l'armée romaine. Puis il manque des pages et l'auteur latin ensuite s'en prend à la division de l'âme dans le culte de Mithra.

Dans les cultes de Liber et Libera, on vénère aussi des morts puisqu'on célèbre le meurtre de l'enfant Liber déchiqueté par les sbires de Junon : en souvenir de cela, les Crétois déchirent avec leurs dents un taureau symbolisant le bambin (p. 90). Firmicus Maternus lui trouve un homonyme et équivalent en la personne d'un tyran de Thèbes vaincu par Lycurgue (peut-être une synthèse de l'épopée de Dionysos, Lycurgue roi des Edoniens et Penthée de Thèbes). Le culte de Perséphone aussi, pour l'auteur, n'est qu'une affaire de crimes humains puisque Pluton est un riche paysan qui enlève Proserpine fille de Cérès qui n'est elle-même que la femme d'Henna (une ville de Sicile). "La frivolité des Grecs aime à donner le titre de dieux à ceux qui leur ont rendu quelque service" - si bien que les Crétois adorent le tombeau d'un mort : Jupiter - on sait combien ce fait avéré fascina Nietzsche (p. 95).

L'identification de ces êtres aux astres - Liber au soleil et Proserpine à la lune - est plus absurde encore à ses yeux et ridiculise ceux-ci.

Puis dans un style très rhétorique digne des plaidoiries, l'auteur s'en prend aux traditions locales de renom : Cyniras de Chypre prostituait pour un as sa maîtresse dans le temple de Vénus à Paphos (c'est la version que Clément d'Alexandrie avait répandue dans les années 200 d'un des mythes sur la fondation de Paphos). On fait glisser un serpent le long d'un sein dans le culte phrygien ou thrace de Zeus Sabazios ("le tonnant"). Le culte des corybantes célèbre le meurtre, celui de Jupiter ou d'Apollon l'adultère. Celui de Sérapis, explique Firmicus Maternus, en Egypte, fut à l'origine celui de Joseph de la Bible, intendant du Pharaon, qui avait rendu me pays prospère et que les Egyptiens ont nommé ainsi parce qu'il était descendant de Sara, la femme d'Abraham. Les sacrifices de bétail dans ce culte aujourd'hui nourrissent des démons - l'auteur se réfère alors au passage du Livre des oracles de Porphyre (qu'il qualifie de "defensor sacrorum, hostis dei, ueritatis inimicus, sceleratarum artium magister) qui décrit un "Serapis" qui entre par le corps d'un homme et parle par sa bouche (une canalisation) (p. 106). Au passage Firmicus Maternus relève l'humiliation pour un dieu de pouvoir ainsi parler sur commande.

Les pénates, eux, ont été inventés par ceux qui ne vivent que pour boire et manger, pour déifier la nourriture, contre le commandement de Jésus Christ qui objecte à Satan que l'homme ne vit pas que de pain. Vesta, ce n'est que la déesse du feu domestique, au service duquel on devrait préposer des cuisinier et non des jeunes filles vierges dont on humilie ainsi la virginité (et dont beaucoup se prostituent). Le palladium, statue d'Athèna, est fait des os de Pélops tué par le brigand scythe Abaris qui le vendit aux Troyens. En le vénérant les hommes adorent les os d'un criminel. Si la statue a résisté aux incendies de Troie par les Grecs et de Rome par les Gaulois, elle le doit à l'action des hommes et non à ses pouvoirs magiques. Firmicus Maternus appelle d'ailleurs à la brûler maintenant (Matth 13:40). La tradition retient cinq Minerves. Celle qu'on nomma Pallas fut une femme qui tua son père Titanis (p. 111). Les temples ne sot que des cimetières, estime l'auteur, où l'on ne célèbre que les dépouulles de criminels.

Il exhorte les "très saints empereurs" à les détruire. "Ces pratiques, on doit les supprimer radicalement et les anéantir" et prendre un édit contre elles (amputada sunt haec, penitus atque delenda et seuerissimis edictorum uestrorum legibus corrigenda). Beaucoup tiennent à ces traditions et "aspirent à leur propre ruine avec une ardeur passionnée", "délivrez les, lance-t-il aux empereurs, car ils sont à la mort". C'est pour traiter cette gangrène que les souverains ont reçu la direction de l'Empire." Mieux vaut délivrer ces gens malgré eux que les laisser se perdre volontairement" car "lorsqu'un état pathologique a pris possession de l'organisme humain, le patient réclame pour son malheur ce qui va à l'encontre de sa guérison" (p. 113). Plus loin l'auteur mobilisera l'Ancien Testament pour appeler à détruire les idoles (p. 147-148).

Je passe dans ce compte-rendu les dernières pages du livre qui détaillent encore d'autres usages cultuels, avec les statues, les arbres, etc auxquels Firmicus Maternus oppose des extraits de la Bible, au nom d'une promesse plus haute faite à l'humanité, promesse de vie et d'éternité.

Evidemment un chrétien de nos jours ne peut que donner raison à l'auteur (alors qu'au contraire, bien sûr, tous les rationalistes anti-chrétiens blâment son intolérance et son incompréhension des soi-disant "connaissances anthropologiques" que l'athéisme contemporain a glissé dans nos veines). C'est un tableau très poignant et spirituellement juste que ce rhéteur du Bas Empire nous livre de la morbidité profonde du paganisme antique, et un contrepoint très utile à cette espèce d'idéalisation du monde païen pré-chrétien qu'on trouve sous la plume d'un Paul Veyne ou d'un Jerphagnon. La morbidité de l'époque actuelle, fille du désespoir dans lequel elle vit de n'avoir plus aucun accès possible (ou de croire ne plus avoir d'accès possible) à la Nouvelle Jérusalem, rend hommage à celle d'autrefois en la parant de lumières artificielles. Même si, sans doute ,ses thèses sur l'origine humaine des dieux païens sont historiquement fausses, son analyse de la noirceur des cultes qui leur étaient rendus est juste, et la lecture de Firmicus Maternus est ainsi bien utile pour démystifier les idées fausses que l'enseignement soi-disant laïque a mis dans nos têtes à ce sujet.

 

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La "Lettre aux Ephésiens" et les pouvoirs occultes

20 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Christianisme, #Notes de lecture

On a déjà cité ici Clinton Arnold à propos de la Lettre de Paul aux Galates et des fameuses "stoicheia" dont je parle beaucoup sur ce blog depuis deux mois.

J'ai reçu aujourd'hui la thèse de cet auteur sur la Lettre aux Ephésiens, thèse qu'il a soutenue en 1986 dans une université chrétienne d'Aberdeen, et publiée en 1989 sous le titre "Power and magic, The concept of Power in Ephesians". Un sujet qui concerne, comme on va le voir, les pouvoirs occultes.

Les mots sur ces pouvoirs occultes sont très concentrés dans cette lettre sous divers vocalobles : iskhus, kratos, exousia, dunamis ou energeia (deux termes qui évoquent les forces et énergies, ce qui devrait nous faire craindre un peu les "énergies subtiles" que les yogis, et adeptes des sagesses médecines douces prétendent manipuler impunément). Ces mots sont opposés au pouvoir cosmique du Christ. Arnold essaie de comprendre  les préoccupations historiques auxquelles ce propos répondait en son temps.

L'exégèse historique admet que le texte s'adressait à plusieurs églises d'Asie mineure occidentale et non seulement une église spécifique d'Ephèse. Cette ville de 250 000 habitants à l'époque avait été pendant 2 ans et demi un centre de prédication important pour Paul.

Pendant longtemps les historiens se sont demandés si cette lettre n'était pas inspirée par une forme d'hérésie gnostique locale liée au manichéisme iranien (le grand combat des forces du Bien contre celles du Mal). Mais la Gnose est apparue plus tard, d'ailleurs avec un fort contenu juif après la chute du Temple, si bien que cela militerait pour une datation tardive (postérieure à 70) du texte et il est vrai que des manichéens ultérieurement (notamment le manuscrit de Nag Hammadi l'Hypostase des Archontes) ont beaucoup cité Ephésiens 6:12 "Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants (/esprits du mal) dans les lieux célestes." Arnold estime qu'il a pu exister des formes de proto-gnosticisme juif qui ont influencé Paul, mais il s'intéresse davantage au contexte de magie qui caractérisait Ephèse et sa région à ce moment-là.

Metzger a insisté sur le fait qu'Ephèse était la ville la plus infestée de sorcellerie de tout l'empire romain. Les "lettres éphésiennes" (ephesia grammata) étaient des formules rituelles magiques (à base de six mots liés à Artémis) citées par Clément d'Alexandrie, Hesychius, mais aussi une tablette crétoise du IVe siècle av JC. Anaxilas le Comique (IVe s av JC) en son poème "Le fabriquant de harpes" cité par Athénée de Naucratis décrit ainsi le philosophe Anaxarchos d'Abdère : "Huilant sa peau avec des onguents jaunes, étalant ses délicates chlamydes, traînant ses pieds dans de fins escarpins, mâchant des oignons, dévorant des morceaux de fromage, gobant des œufs, mangeant des bigorneaux, buvant du vin de Chios, et, c'est le comble, portant sur des pièces d'étoffes cousues les jolies lettres d'Éphèse" - Arnold traduit par "jolis charmes d'Ephèse", puisqu'on utilisait ces mots comme des formules apotropaïque (un combattant à Olympie les avait inscrites sur ses chevilles, et selon Plutarque les mages exorcisaient les possédés en faisant réciter les mots de ces lettres°. On connaît la magie de l'époque à travers des papyrus d'Egypte et le Testament de Salomon. Rappelons qu'en 13 av JC Auguste avait fait brûler 2 000 rouleaux de parchemins à finalité magique selon Suétone.

La peur du royaume des démons était une raison majeure de l'usage de la magie : dans les papyrus égyptiens de ce temps on invoque contre les démons des dieux grecs comme Kronos, Zeus, Aphrodite, égyptiens comme Osiris, Isis, Serapis et même des noms du Dieu des Juifs (p. 18). L'Artemis d'Ephèse (affublée des titres de sauveuse/soteira, seigneur/kuriar, et reine du Cosmos/basileis kosmon) joue aussi un rôle très important dans les protections surnaturelles. Comme Isis dans l'Ane d'Or d'Apulée (qui d'ailleurs l'assimile explicitement à l'Artémis d'Ephèse comme à l'Aphrodite de Paphos), elle a un pouvoir au dessus du destin qui se manifeste par son collier représentant les signes du Zodiaque qu'elle maîtrise (sur une gemme magique trouvée près de Paris elle est représentée avec le soleil et la lune, ce qui en fait une divinité astrale). Les Ephesia Grammata selon Pausanias étaient écrites mais de façon illisible sur les pieds, la ceinture et la couronne de la déesse. Elle est reine du monde souterrain et ses seins avaient aussi une fonction magique, comme souvent les organes sexuels dans l'Antiquité (cf Lichtenecker).

Les Actes apocryphes de Jean identifient clairement Artemis à un démon, et ce n'est pas un hasard si un des rares exorcismes des Actes des Apôtres se passe à Ephèse. On a retrouvé des papyrus chrétiens invoquant la vierge Marie, Sabaoth et Salomon pour "lier le scorpion Artemis".

La vision paulinienne des "pouvoirs" que le Chrétien doit affronter a fait débat. Le vocabulaire (le mot arkhè) emprunte à l'esprit juif de l'époque. Le mot dunamis se réfère aux anges dans l'ancien testament, tout comme kuristès (ennemis) (p. 54).

Les versets "1. 20. Cette puissance, il l'a déployée en Christ quand il l'a ressuscité et l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, 21 au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute souveraineté et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir." montrent une suprématie sur les noms d'entités invoqués dans les rituels magiques. En écho à Psaume 110 " Yahweh a dit à mon Seigneur: "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds."

La référence à la descente de Jésus sous Terre (Ephes 4:9) peut rassurer ceux qui craignent les puissances de l'Hadès. La description de Satan comme "le prince de la puissance de l'air " en 2:2 est commune à l'époque. Les papyrus magiques parlent beaucoup des esprits de l'air. A plusieurs reprises (notamment les prières de l'épître) le pouvoir de Dieu est placé au dessus de celui de ces forces des Ténèbres (p. 72). Arnold analyse en quels termes ce pouvoir est décrit par Paul.

Au total j'ai été un peu déçu par ce livre qui enfonce beaucoup de portes ouvertes, et paraphrase souvent le texte de Paul en ne donnant que quelques éléments sur le contexte culturel des mots choisis. C'est beaucoup moins impressionnant que les trouvailles faites par Kevin von Duuglas-Ittu dans son cocktail sur la "Lettre aux Galates" élaboré sur la base des travaux d'Arnold et de Susan Elliott. L'idée que la soumission au Nomos juif et païen vous asservit aux stoicheia du zodiaque et des éléments naturels était quand même plus contre-intuitive que celle selon laquelle les puissances auxquelles Saint Paul oppose la suprématie du Christ sont (en partie) les sortilèges magiques liés à l'Artémison d'Ephèse.

Je retiens cependant deux points importants : 1) le nom de Jésus comme nom au dessus des noms devient quelque chose de très concret quand on comprend l'usage des noms dans la magie ésotérique (notamment dans les Ephesia Grammata) 2) le fameux "tu marcheras sur le lion et sur l'aspic" du Psaume 91 ne désigne pas une marche horizontale mais une ascension : le lion et l'aspic deviennent l'escabeau du chrétien.

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Retour sur la question des pyramides

16 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Pythagore-Isis, #Histoire des idées, #Histoire secrète

En juillet dernier, un article dans le Journal of Applied Physics,  révélait les résultats d'une étude faite par un équipe russe sur le comportement des ondes électro-magnétiques la Grande Pyramide de Gizeh. Tout en posant comme présupposé (nécessaire à la fiabilité des conclusions) "qu’il n’existait aucune cavité inconnue à l’intérieur, et que le matériau du bâtiment aux propriétés d’un calcaire ordinaire était distribué uniformément à l’intérieur et à l’extérieur de la pyramide", les chercheurs ont pu démontrer que les champs électromagnétiques se trouvent concentrés en plusieurs points de la construction antique, situés à sa base mais aussi au niveau des chambres aménagées en son cœur.

Evidemment nos revues de vulgarisation à l'instar de Maxisciences se sont hâtées de préciser que "cela ne signifie pas pour autant que les bâtisseurs de pyramides maîtrisaient déjà toutes les subtilités de l’électromagnétisme… Il s’agirait plutôt d’un heureux hasard qui pourrait amener à des découvertes inédites". Le hasard "Dieu des imbéciles" comme disait Léon Bloy : surtout n'allez pas croire que les Egyptiens ont fait exprès de construire une pyramide qui justement concentre les champs magnétiques aux bons endroits !

Cette découverte recoupe le fait que la pyramide ait été construite avec des matériaux conducteurs (en granite) qui conduit l'électricité des aquifères souterrains. Le champ électromagnétique qui se forme à la base de la pyramide est conduit vers le sommet où se trouvait un dispositif en or qui transférait les ions négatifs dans l'ionosphère, ce qui produisait du courant électrique. NiKola Tesla l'inventeur du courant alternatif, du laser, du moteur électrique, du radar etc construisit aussi sa tour sur un aquifère sur le même modèle que la pyramide. Les Egyptiens maîtrisaient donc l'énergie sans fil.

Cette nouvelle me donne envie de relancer les recherches que j'ai commencées à ce sujet en août 2014 (tandis que j'enquêtais sur les médiums). J'avais alors été impressionné par un documentaire sur les travaux de Grimault sur La Grande Pyramide alignée sur le pôle nord, et sur les quatre points cardinaux située au milieu géométrique des terres émergées, à la latitude 30 par rapport à l'équateur, dont les faces sont légèrement concaves (en réalité elle a huit faces) pour permettre des jeux de lumière au solstice  et dont la température intérieure est constante et égale à la température moyenne de la terre, 20 degrés Celsius (68 degrés Fahrenheit).

L'ingénieur Christopher Dunn, qui ne croit ni aux extraterrestres, ni à l'Atlantide, dans le sillage de William Flinders Petrie, confirme que les Egyptiens avaient des outils que nous ignorons.

Aucune fresque ni aucun papyrus égyptienne ne représentent la construction des pyramides ou du sphynx, ce qui peut laisser penser que celle-ci est très antérieure aux périodes admises par l'égyptologie classique qui ne raisonne que d'après l'environnement de ces monuments (puisque le carbone 14 ne permet pas de dater les constructions ne pierre). Pour mémoire, l'hypothèse de l'érosion du sphinx par l'eau défendue notamment par Robert Schoch soutient que le principal type d'altération évidente sur les murs d'enceinte du Grand Sphinx a été causé par une exposition prolongée et importante aux précipitations qui auraient été antérieures au règne de Djédefrê et Khéphren, les pharaons auxquels les égyptologues les plus modernes attribuent la construction du Grand Sphinx et de la Deuxième Pyramide de Gizeh autour de 2500 avant notre ère. Or Robert Schoch estime qu'une structure plus ancienne que la grande pyramide, notamment celle des sous-terrains, plus ancienne que l'époque dynastique, se trouve à l'intérieur de la pyramide, ce qui autoriserait à remonter très loin dans le temps.

Robert Temple et quelques autres (Robert Bauval par exemple) défendent l'idée que les pyramides furent construites en lien avec Orion, ce qui encourage des hypothèses autour des néphilim (chez les chrétiens) ou des extra-terrestres chez les néo-païens (voir la Théorie des anciens astronautes - l'alignement des pyramides sur Orion situerait la construction vers - 2450).   

J'avais rapproché l'été dernier les travaux sur les pyramides d'Egypte de ceux du chrétien américain L. A. Marzulli qui a analysé les crânes de squelettes géants du Pérou et les constructions mégalithiques de Huaytara sous l'église catholique Saint Jean le baptiste qui sont un ancien temple inca. Ces pierres, conductrices d'électricité, sont agencées au millimètre près alors que les Incas étaient censés ne pas avoir la roue.

Marzulli évoque une connexion énergétique entre les divers sites mégalithiques comme le faisait Klaus Dona interviewé en 2009 à Vienne par Bill Ryan et Kerry Cassidy du Projet Camelot.

Celui-ci mettait en relation 1) la pyramide mégalithique découverte en 1984 au Japon à 25 mètres au dessous du niveau de la mer sur l’île Yonaguni (archipel des Ryukyu) où Pr Masaaki Kimura,géologue de l’université de Ryukyu a trouvé aussi une énorme tortue et des aigles de pierre ; 2) la Pyramide à l’œil à 13 degrés de La Maná munie d'un œil phosphorescent dans la lumière noire avec sur le font de la pyramide la constellation d’Orion et quatre signes incrustés en langue inconnue traduits par le Pr Kurt Schildmann (1909-2005) et d'artéfacts qui brillent dans le noir ; 3) l'Atlantide, 4) les découvertes du Pr Pitoni .

Le rapprochement avec les sumériens donne aussi à réfléchir. Graham Hancock, auteur de Fingerprints of the Gods, sur les sages anté-diluviens avec leurs sacs à main, qu'il connecte à ceux de Gobekli Tepe qui ont 11 000 ans, et d'autres l'assimilent à l'ankh (d'où l'assimilation d'Osiris et d'Enki).

Andrew Collins pour sa part, dans The Cygnus Key la relie à la musique des sphères pythagoricienne : la doctrine de Pythagore des harmonies célestes, explique-t-il, se reflète dans chaque mesure de la Grande Pyramide et du complexe de Gizeh. Ce dernier utilise les triangles de façon à refléter l'influence de deux intervalles musicaux spécifiques : la quarte parfaite et la quinte parfaite. La grande pyramide a aussi beaucoup à voir avec les nombres sacrés. Le périmètre de la base mesure 921,45 mètres. Si on multiplie ce chiffre par 43 200 (le nombre de secondes qu'il y a dans 12 heures), on trouve, à 1, 4 mètre près, le rayon de courbure de la Terre à l'équateur (on suppose que les Egyptiens connaissaient déjà le mètre). Ce qui ferait de la pyramide une représentation en miniature de la planète. Et si l'on mesure la hauteur de la pyramide multipliée par 43 200, on a la longueur du rayon polaire (celle du méridien). La représentation est donc en trois dimensions.

On n'a jamais rencontré de momie à l'intérieur, ni aucune fresque. Le coffre trouvé à l'intérieur était vide alors que l'entrée avait été obturée par d'énormes blocs de granite qui n'ont été mis à jour que par les ouvriers du calife Al-Mamoun eu IXe siècle. 

Sur un plan scientifique, il est en tout cas peu probable que la pyramide ait servi de centrale électrique car elle était recouverte de calcaire non conducteur et n'était reliée à rien. A quoi donc sa fonction énergétique servait-elle ?

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Encore et toujours les stoicheia (esprits du feu, de l'air etc)

9 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Alchimie, #Christianisme, #Histoire des idées, #Philosophie

Désolé, j'évolue un peu en boucle en ce moment autour de ce que je vous ai dit sur la Lettre aux Galates de Saint Paul, et sur les stoicheia. Mais le sujet en vaut la peine car il parle de notre temps autant que de l'Empire romain, et je n'ai pas fini de vous assommer avec Paul, car je compte bientôt disserter un peu, à partir d'un livre de l'historien Clinton Arnold, sur sa Lettre aux Corinthiens, qui, elle aussi, parle beaucoup de magie.

Je vous ai dit que pour St Paul le légalisme vous rend soumis aux stoicheia comme des enfants, et que les stoicheia, ce sont les esprits des éléments (aussi bien le feu, l'air, que les décans du zodiaque). Et, en lisant le début de l'autobiographie de l'alchimiste Burensteinas, et ses considérations sur l'esprit du feu, j'ai trouvé qu'on était en plein dans le sujet.

Voici une page du même Burensteinas ("Un alchimiste raconte", p. 224-225) qui me confirme complètement dans cette intuition, et qui, en même temps, aide à comprendre ce que sont ces "éléments" ou "élémentaux" auxquels selon Saint Paul (et l'Esprit saint qui lui dicte sa lettre), nos vies sont soumises quand nous nous soumettons aux lois de la nature :

"Il faut d'abord que je vous explique ce sont les 'élémentaux'. Ce sont des esprits qui ont choisi comme corps des éléments. De la terre, de l'eau, de l'air et du feu. Pour moi, ce sont des âmes, qui ont choisi de s'incarner non pas dans la chair comme nous, mais dans d'autres véhicules. Aussi diverses que les âmes des humains. Certaines sont des brutes, d'autres des philosophes. Elles aussi, comme n'importe quelle forme de l'univers, cherchent à dissiper leur agitation.

N'avez-vous jamais vu dans un cours d'eau un élémental ? Il se remarque par une masse d'eau remontant le courant ou à une tache d'eau qui semble d'une intensité différente, comme de l'huile. En outre, elle est délimitée par un fil. J'ai même vu, un jour, une tache émeraude remontant une cascade. Dans une maison, quand vous avez une zone qui reste inexplicablement humide, alors qu'il n'y a pas de fuite, et ce, malgré tous les efforts que vous avez faits pour assainir les murs, il est possible qu'un élémental de l'eau ait élu domicile. On peut convaincre cet élémental de rejoindre une bassine d'eau pour pouvoir ensuite le ramener dans une rivière et ainsi libérer les lieux. Même si ça peut paraître étrange, c'est un rituel utilisé depuis la nuit des temps.

Un élémental de terre peut s'installer dans une pierre. On peut supposer que, quand il veut communiquer, il finit par prendre la forme de l'espèce à qui il veut s'adresser : un homme, un ours ou un lézard...

L'élément du feu, j'en ai déjà parlé, c'est la salamandre. Je l'invoque au creuset, mais aussi lors des cérémonies d'équinoxe, que je fais chaque année avec une quarantaine de personnes. Il n'est pas rare qu'il se manifeste par des serpents de feu tournant autour des participants.

Quant à l'élémental de l'air, c'est un sylphe. S'il s'attache à un bosquet, on a coutume de l'appeler un sylvestre ou une dryade. En font partie aussi les djinns qui déclenchent les tourbillons de sable dans le désert ou de neige en montagne.

(...) J'ai appris à communiquer avec les intercesseurs que sont les élémentaux, et notamment à déclencher des orages. J'ai même appris à des élèves à le faire avec moi, à l'aide d'un 'bâton-tonnerre' ".

Comme je l'ai raconté dans mon livre sur les médiums, lorsque j'ai eu l'infiltration d'une entité en 2015, c'est un vieux sourcier belge qui, à Sainte Baume, en Provence, l'a fait savoir à ma secrétaire qui s'y était rendue en pèlerinage (il a même tenté de m'exorciser à distance avec sa fourche en caoutchouc). J'ai eu pas mal de discussions avec des gens qui avaient des rapports étranges avec des esprits des eaux (notamment une masseuse). Il y a aussi probablement des démons attachés aux élémentaux comme les sirènes ou les ondines pour l'eau. Je n'entrerai pas dans cette discussion, mais oui, les salamandres, les sylphes, les ondines, sont ce dont il est question quand on parle des stoicheia. Ces entités sont elles forcément soumises à Satan comme le prétendent certains évangéliques, ou peuvent-elles être neutres, voire favorables comme ceux qui prétendent pouvoir faire de la "magie blanche" sans se compromettre avec les Ténèbres, c'est une question qui existe au sein du christianisme et qui fait débat.

Je crois qu'avant de s'abandonner à un écologisme naïf hérité de Rousseau, il faut, quand on marche dans une forêt ou au bord d'un étang, garder à l'esprit que tout ce monde invisible existe. Il fait partie des "mille qui tombent à ton côté et dix mille à ta droite" dans le combat spirituel qu'évoque le psaume d'exorcisme 91 au verset 7 (voir l'interprétation de Rachi de Troyes à ce sujet).

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Erreurs de la Bible

3 Novembre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées

Aldo Schiavone, l'auteur du célèbre livre sur l'invention du droit romain, qui analyse - dans son "Ponce Pilate" de 2016 -  le face à face entre Pilate et Jésus (il refuse le mot "procès") dans les quatre évangiles canoniques, tout en menant le plus loin possible l'hypothèse de la fidélité du récit des apôtres, relève cependant quelques contradictions, et quelques absurdités du point de vue du droit juif et du droit romain de l'époque. Pour autant ces détails n'invalident pas à ses yeux la plausibilité de la trame psychologique du rapport du préfet romain au messie telle qu'elle nous est restituée par la mémoire chrétienne.

Ces petites lacunes du récit évangélique, comme les contradictions parfois relevées dans l'Ancien Testament (il en existe des listes sur Internet), interdisent que l'on s'appuie sur tous les détails de la Parole de Dieu, comme le recommandent les fondamentalistes, pour régler sa vie sur elle. J'en arrive à cette conclusion en dépit de beaucoup de lectures ingénieuses faites par les évangéliques pour montrer que les lacunes ou les contradictions parfois ne sont que des imperfections apparentes qui cachent des cohérences plus profondes, à d'autres niveaux de lecture.

On ne peut pas suivre tout à la lettre, à la virgule près, sans verser dans la naïveté ridicule et la mauvaise foi. Cela ne rend pas service à la vérité. Mais alors se pose la question terrible : dans les erreurs de la Bible qu'est-ce qui relève du détail et qu'est-ce qui est essentiel ? On voit bien dans cette question toutes les voies des hérésies s'engouffrent et qu'on peut ensuite se retrouver avec un pseudo-christianisme qui ne respecte plus une once des commandements divins. 90 % des versions du christianisme aujourd'hui prennent beaucoup de libertés avec le texte biblique. Sans doute beaucoup trop. 

Je ne pense pas qu'il soit dans le projet de Dieu d'encourager les gens à s'en remettre à l'autorité de prêtres pour l'interprétation des textes. Ca n'apparaît nulle part dans le Nouveau Testament. En revanche il est sans doute prévu dès le départ que le texte biblique serait imparfait et que les gens resteraient dans la confusion à son sujet, comme ils sont dans la confusion au sujet de tant d'aspects de leur vie et du monde dans lequel ils évoluent, afin que nul ne puisse s'enorgueillir. Cela fait partie de notre déchéance collective. L'important est sans doute de continuer à tenter honnêtement, au niveau de l'intention, de comprendre et de rester fidèle.

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La tarologie appliquée au signe de la Balance pour novembre 2019

28 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Médiums

Il y a tout de même quelque chose de très étrange dans la voyance.

Je vous suggère l'expérience suivante que j'ai faite (sous l'inspiration de l'Esprit saint, et sans l'avoir du tout préméditée à titre personnel) au cours des derniers jours : regardez les prédictions pour les Balances (mon signe) pour le mois de novembre ici, ici, ici, et.

Vous trouvez chez des voyantes qui ne se sont pas concertées entre elles le même thème sur les principaux axes : vous n'en pouvez plus de votre vie (la carte des dix épées), vous avez besoin qu'on vous rende justice, mais un processus de transformation très favorable est à l'oeuvre pour vous sans que vous y fassiez quoi que ce soit, et vous allez faire une rencontre passionnelle.

Certaines voyances se recoupent même dans les détails (un cadeau vous sera fait à travers un document à signer, vous sortirez dans des soirées etc).

Je crois qu'on ne peut pas, comme le font beaucoup de fondamentalistes protestants, dire que la voyance s'adapte au public à travers un "démon familier" qui dessine pour la cartomancienne un profil. Parce qu'ici il s'agit de l'ensemble d'un signe du zodiaque qui est concerné, et donc, à supposer que ce soit un démon qui oeuvrât dans la voyance, il faudrait admettre que ce fussent les trois stoicheia (les trois démons des décans) du signe de la Balance et non un "esprit familier" propre à chaque auditeur.

A titre personnel, autant j'ai admiré le courage de la conversion de la médium Doreen Virtue en 2017, autant j'ai été ensuite déçu de l'entendre parler d'astrologie avec une autre repentie du New Age soi-disant spécialiste dans l'horoscope et qui ne sortait à ce sujet que des opinions de café du commerce du type "ah oui, l'astrologie n'est qu'une manière de dire des généralités sur les gens en faisant semblant qu'elles s'adaptent à leur cas". Ici l'idée d'être accablé au point de ne plus supporter l'injustice qui nous est faite n'est pas une idée "vague et générale" que n'importe quel natif du signe de la Balance. On ne peut pas penser que la voyante la lance "au hasard" en essayant de "ramasser" au passage quelques personnes susceptibles d'être concernées par cet état d'esprit parce qu'alors on ne comprendrait pas pourquoi toutes les voyantes qui se penchent sur le signe de la Balance voient le même accablement pour tous les gens nés de ce signe (cela me fait penser à un ami agnostique qui, en 2015, m'avait dit que le médium qui avait deviné que mon grand père était mort "quand j'avais 14-15 ans" avait lancé le chiffre au hasard, comme on mise sur un chiffre au casino). Si elles voulaient "ratisser large", l'une parlerait de gens accablés, l'autre parlerait de gens joyeux etc.

Je ne suis pas non plus complètement convaincu par la thèse selon laquelle les voyantes sont nécessairement des "briseuses de ménages", car vous verrez que certaines voient le changement énergétique sous l'angle de la venue d'une nouvelle personne dans la vie du client, mais d'autres envisagent cela sous un angle plus intérieur et spirituel. On a l'impression que le côté briseur de couple dépend beaucoup de la personnalité de la cartomancienne qui interprète les signes. Ceci vient aussi nuancer ce que j'écrivais il y a peu sur le côté très féminin du monde des interprètes des "stoicheia"... Je parcourais hier le blog d'un guénonien (un disciple de feu le professeur René Guénon) qui vantait l'astrologie italienne de la Renaissance et de l'époque classique parce qu'elle était faite par des hommes - pensons à Campanella qui fit le thème astral de Louis XIV (à la demande de la très pieuse Anne d'Autriche...).

Je suis d'accord avec les fondamentalistes sur le fait qu'il faut laisser la connaissance de l'avenir à Dieu, et sur la condamnation de l'astrologie par la Bible. Assurément nous n'avons pas à subir le joug des stoicheia (Galates 4:3), mais leur dénonciation ne nous autorise pas à dire n'importe quoi à leur sujet, ni à mentir. Admettons qu'il y a bien une "bizarrerie" dans cette homogénéité des gens soumis à un même signe, bizarrerie sans doute liée à l'homogénéité des forces spirituelles qui gouvernent un signe (par exemple il est dit que la dynamique de changement qui gouverne novembre est due à la position d'Uranus : ça c'est un astrologue qui l'expliquait dans une autre vidéo sans référence au tarot, mais il est intéressant que les cartomanciennes le "captent" à travers leur "outil") et une étrangeté dans le fait que les tarots puissent en rendre compte, sans qu'on puisse réduire cela à la thématique des "démons familiers".

Je ne pense pas que cela rende légitime une "catholicisation" des arcanes du Tarot comme l'essaya Valentin Tomberg récemment vanté par Roger Buck, dans la lignée de l'ésotérisme chrétien français à la Péladan et Eliphas Lévy. Il faut rester extérieur à cela, comme au kabbalisme chrétien de la Renaissance (Marsile Ficin, Reuchlin) ou à l'alchimie. Mais y être extérieur ne nous autorise pas à dire ou penser n'importe quoi à leur sujet.

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Saint Paul, les "stoicheia", l'astrologie et la Déesse-Mère

26 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Pythagore-Isis, #Anthropologie du corps

Il y a quelques mois, on avait parlé ici de l'astrologie "chrétienne"(à supposer que ce ne soit pas un oxymore...) médiévale et contemporaine à propos d'un livre de Denis Labouré. Il me faut maintenant vous parler d'un texte de 2008 d'un certain Kevin von Duuglas-Ittu, un publiciste qui se présente aujourd'hui sur les réseaux sociaux comme un "écrivain spinoziste". Ce texte, très dense, à la fois évoque la question de l'astrologie, mais aussi ouvre intelligemment des pistes de réflexions sur le rapport du message christique à la sorcellerie de l'époque romaine, et de notre époque (qui paraît très pressée de retourner aux ombres d'il y a 2000 ans...).

Le texte, publié ici en anglais, s'intitule "The Condensation of Specificity: Paul’s Use of “stoicheia”" (la condensation de la spécificité, l'usage par Paul de 'stoicheia'). Je vais vous en exposer le contenu en ajoutant mes remarques personnelles et quelques ponts avec d'autres lectures.

Commençons tout d'abord par préciser que ce monsieur von Duuglas-Ittu, "spinoziste" n'est pas chrétien, ou, en tout cas, ce n'est pas en tant que chrétien qu'il a écrit sur Paul. Tout comme l'historienne française Renée Koch-Pètre dont j'ai souvent cité l'article d'il y a quinze ans sur Paul devant les philosophes de l'aréopage, l'auteur admire Paul l'intellectuel pharisien (celui qui a connu les écoles philosophiques de Tarse), et ses "stratégies discursives". Evidemment nous autres chrétiens savons que tout don intellectuel vient de Dieu, il a été façonné par lui avant notre naissance, parfois lui-même nous a encouragé à la cultiver, ou le diable s'en est emparé à certains moments de nos vies, mais, dans le cas de Paul, après sa conversion sur le chemin de Damas et son abandon total à Dieu et à Jésus-Christ dont il persécutait les disciples, par son intelligence l'Esprit saint lui-même parle, du moins la plupart du temps (il est des moments précis dans les épîtres où il annonce que les intuitions qu'il formule ne viennent pas de Dieu mais de lui-même, mais ce sont des cas très rares), et donc les "belles réussites" rhétoriques de Paul sont autant des accomplissements de l'Esprit saint en lui, que le résultat de la mise en oeuvre de dispositions antérieures à ses conversion. Ce sont des réussites "inspirées", qui sont donc riches d'enseignements pour les situations que nous mêmes devons affronter (puisqu'elles sont en tant que telles intemporelles) autant que pour comprendre en quoi l'apôtre a pu rapidement convertir les masses dans le bassin méditerranéen en son temps.

En prenant les choses seulement sous l'angle humain (avec tout le décodage que nous mêmes devons appliquer sur le volet surnaturel), la démonstration de von Duuglas-Ittu s'attache surtout à montrer que sur un mot, l'apôtre parvient à cristalliser de nombreuses significations et couvrir un panel sémantique très large, qui touche plusieurs publics à la fois, et plusieurs plans existentiels dans la vie des gens (de son époque - et, ajouterons nous, de la nôtre). Les deux termes grecs qui l'intéressent ici sont Nomos (la Loi) et Stoicheia (les Eléments naturels).

Le texte où se déploie l'assimilation entre les deux termes est le chapitre 4 de la lettre aux Galates, qui fait immédiatement suite au passage "il n'y a ni Juif ni Grec", ce qui interdit de n'y voir qu'un texte destiné à des Juifs. Il commence comme ça :

"01 Je m’explique. Tant que l’héritier est un petit enfant, il ne diffère en rien d’un esclave, alors qu’il est le maître de toute la maison ;

02 mais il est soumis aux gérants et aux intendants jusqu’à la date fixée par le père.

03 De même nous aussi, quand nous étions des petits enfants, nous étions en situation d’esclaves, soumis aux forces qui régissent le monde (ou les principes élémentaires du monde - stoicheia).

04 Mais lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi (nomos) de Moïse,

05 afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi (nomos) et pour que nous soyons adoptés comme fils.

06 Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !

07 Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu.

08 Jadis, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez esclaves de ces dieux qui, en réalité, n’en sont pas.

09 Mais maintenant que vous avez connu Dieu – ou plutôt que vous avez été connus par lui – comment pouvez-vous de nouveau vous tourner vers ces forces inconsistantes et misérables, dont vous voulez de nouveau être esclaves comme autrefois ?

10 Vous vous pliez à des règles concernant les jours, les mois, les temps, les années !

11 J’ai bien peur de m’être donné, en vain, de la peine pour vous.

12 Frères, je vous en prie, devenez comme moi, car moi je suis devenu comme vous."

Ce texte fait suite à la tentation qu'ont eue certaines églises galates d'Asie mineure de rétablir en leur sein la circoncision. Comme le résume Kevin von Duuglas-Ittu, "en cherchant à se circoncire, les Galates risquent de retomber dans leur enfance sous le joug des stoicheia, des gardiens et domestiques du domaine"." Mais quels sont, ou qui sont les 'stoicheia' de Galatie ?" ajoute l'auteur qui ainsi va ouvrir une réponse assez vertigineuse.

Le terme a été controversé nous dit-il. Le théologien Eduard Schweizer (1913-2006), au vu de l'utilisation du vocable par la philosophie grecque et romaine, d'Empédocle à Plutarque en passant par Philon d'Alexandrie estime qu'il s'agit des éléments du monde naturel (par exemple, le feu, l'eau, la terre et l'air) et, ce ne seraient donc que des puissances «craintes mais non vénérées», bien distinctes d'un «groupe de démons» ou d'esprits susceptibles de gouverner le monde. Clinton Arnold, de l'université d'Aberdeen, a pour sa part repéré le sens très spécifique de stoicheia dans la magie et l'occultisme gréco-romains. Il se fonde notamment sur les Papirii magiques grecs (PGM IV .40-41), dans lesquels ce mot désigne les démons (mais oui !) qui régnaient sur chacun des 36 décans astraux du zodiaque et auxquels correspondaient une lettre (*)...  Cette signification technique du terme était répandue dans les textes occultes de l'empire romain et se retrouve même dans le texte de magie juive "Le Testament de Salomon.comme se référant aux mêmes «36 décans également appelés« démons »".

Personnellement je me suis déjà un peu arrêté à la lecture de ce passage, parce qu'il ne m'était même pas venu à l'esprit qu'on puisse appeler les décans du zodiaque des "démons", même si on laisse à ce terme le sens un peu neutre qu'il avait dans l'Antiquité (comme le démon de Socrate ou celui de Marc-Antoine). Même les prédicateurs les plus hostiles à l'astrologie sur You Tube se hasardent à assimiler les décans à des démons. Pour ma part j'ai découvert le mot stoicheia à travers une conférence du prédicateur suisse évangélique Pierre Amey, dans un contexte où il parlait d'astrologie (nombreux sont donc ceux qui rattachent les stoicheia au zodiaque), mais je ne l'avais pas du tout compris au sens de "démons".

Von Duuglas-Ittu propose de ne pas séparer ces deux niveaux de compréhension du terme. Pour un esprit antique, le feu peut être lié à un démon astrologique qui l'anime, et donc le terme stoicheia vaut pour l'élément naturel comme pour sa cause spirituelle.

Il encourage aussi à avoir une conception large de la Loi et des traditions auxquelles Paul rattache ces stoicheia. Comme on l'a souligné plus haut, le texte fait suite à une exhortation à ne plus distinguer Juifs et Grecs, il serait donc peu approprié de n'entendre la loi que comme celle de la Torah juive imposant la circoncision. En Galatie, observe von Duuglas-Ittu,  région peuplée de Celtes hellénisés, à l'époque de Paul le culte dominant est, depuis mille ans, celui d'Agdistis, que les Romains appellent Cybèle, la Grande Déesse Mère, qui inspira l'Artèmis d'Ephèse, et (voyez mon livre sur la Nudité) la première représentation d'une déesse nue par Praxitèle (dont on a reparlé ici en 2016), ce qui n'est pas sans importance pour notre compréhension de l'importance du nu féminin à la Renaissance et jusqu'à la pornographie contemporaine, bref, pour la compréhension de l'esthétique moderne : il faut remonter à Cybèle, et même à la nudité terrifiante d'Ishtar/Inanna qui régnait sur Israël à l'époque des prophètes. Comme l'écrivait en 1999 Susan Elliott (dans une étude biblique spécifique sur la Lettre aux Galates "Choose Your Mother, Choose Your Master: Galatians 4:21-5:1 in the Shadow of the Anatolian Mother of the Gods,"), «la région de Phrygie et de Galatie »(Actes 16: 6, 18:33) était dense en représentations locales de la Mère des Dieux. La liste des lieux de Phrygie qui attestent de la dévotion à la Mère des Dieux couvre de fait toute la carte »(673) (η). Toute référence à la loi, à la coutume et aux pouvoirs renvoie nécessairement, observe von Duuglas-Ittu, à cette divinité omniprésente : le public de Paul ne pouvait pas ne pas avoir cela à l'esprit.

Cybèle, la déesse mère, était très associée à la conservation de l'autorité civique. Elliott a expliqué que son temple (le Metroion - la "maison de la mère", je rappelle au passage qu'on nommait ainsi également la maison de Pythagore à Cortone, car tous ces aspects de l'occultisme se tiennent) était souvent le lieu de stockage des lois (et notamment les lois de propriété, les testaments, ce qui "colle" parfaitement au propos de Paul sur l'hériter, propriétaire de la ferme), notamment à Athènes...

Pour les Galates, un enfant esclave dans une maison dominée par la loi est forcément sous l'emprise de la Cybèle.

Or, dans le temple de la déesse mère à Pessinonte, le centre national du culte de la déesse où l'on vénérait une pierre de foudre de la déesse, écrit Elliott, des adorateurs, après avoir revêtu une robe qui les féminisait, sous l'empire de la possession de la déesse, se castraient, et devenaient hiérodules, c'est à dires esclaves de la divinité. 

Lorsque Paul écrit au chapitre 5 verset 12 de la même lettre" Quant aux agitateurs, qu'ils s'émasculent eux-mêmes" (c'est ainsi qu'Elliott traduit la version très édulcorée de nos Bibles), les lecteurs galates de la lettre de Paul comprennent parfaitement ce que signifie l'équivalence tracée entre loi de circoncision et castration, qui renvoient au domaine des esclaves de Cybèle émasculés, travaillant pour des Temples où l'on archive les lois.

A titre personnel, je verrais tout autant le lien entre cet univers circoncision-déesse mère-loi, et le monde de l'astrologie. "Vous vous pliez à des règles concernant les jours, les mois, les temps, les années !" Qui ne voit pas qu'il s'agit là d'une référence aux cycles cosmiques et à la lecture des astres qui règlent l'organisation quotidienne de la cité et le travail de chacun ? Vous savez ce que dans le monde romain notamment - voir le livre de Schiavone sur l'invention du droit romain, et nos remarques sur la voyance étrusque chez Lucain).

Très justement von Duuglas Ittu en conclut que le propos de Saint Paul n'est pas de dire si les stoicheia, ces démons qui gouvernent les décans du zodiaques, et les éléments naturels, sont réels ou pas. Ce n'est pas une question d'ontologie. C'est une question d'éthique. On choisit d'être l'esclave de la loi et des stoicheia (et donc du système démoniaque de la déesse mère) ou celui de Jésus-Christ, et il n'y a pas de troisième option possible. C'est un choix entre deux univers dont toutes les connotations sont remarquablement condensées par la rhétorique paulinienne mais à laquelle nous qui ne connaissons pas la Galatie du Ier siècle de notre ère ne comprenons que très partiellement.

J'avoue que je ne m'attendais pas à trouver à cet endroit de la Bible un texte qui parle d'astrologie (c'est davantage l'Ancien testament qui la condamne en des termes non équivoques). Il le fait dans une résonance étrange avec le culte de la déesse-mère, avec le dispositif des lois gréco-romaines, et... avec la circoncision et la Torah... Cela me fait un peu penser à ce livre rempli de coquilles mais intriguant "Le quatrième royaume de Daniel selon l'Evangile" de l'anonyme Fidelis Verax qui voit dans la prophétie de Daniel l'annonce de l'alliance entre le Sanhédrin juif et la puissance romaine. Voilà un autre lien étrange qui se joue ici entre circoncision et loi impériale. La thèse de Barbara Aho que j'évoque dans mon dernier livre sur la dette de la kabbale juive à l'égard de la déesse-mère (et Lilith...) trouve aussi dans ce texte de Paul "raffraîchi" par Susan Elliott et par Kevin von Duuglas-Ittu un écho intéressant.

Il y a quelque chose de très édifiant dans cette féminisation de la Loi, qui n'est pas le "Non dupe erre" façon Lacan (ici au contraire de la psychanalyse le père donne l'Esprit et non la loi), mais une férule féminine. On n'est qu'à moitié surpris par les liens symboliques qui unissent astrologie, occultisme féminin (j'ai parlé de ses prolongements dans le féminisme de "Je suis Cute" en 2018) et par l'andogynisme auquel l'esclavage de la loi conduit (à rapprocher  de l'agenda "transgenre", "gender neutral" de l'ordre antéchristique actuel). Tout l'enjeu est de devenir fils du père (et cela vaut aussi pour les femmes puisque Paul a dit plus haut qu'il n'y avait pas d'hommes et de femmes en Christ) pour pouvoir régner sur la ferme ou sur le "ranch", et non pas soumis à la loi maternelle : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !

Il faut crier au père et non à la mère, et c'est le plus dur pour ces "baby christians" galates saturés d'effigies de la déesse-mère (leurs voisins d'Ephèse bientôt dans un concile resté célèbre dans les anales catholiques allaient proclamer Marie "mère de Dieu"). Sortir du zodiaque et de ses petits démons ensorceleurs, de ces dames qui vous font votre horoscope, des temples de la loi dédiés à Mère nature, et à ses cycles saisonniers funestes (et pour notre époque de l'obsession écologique pessimiste), pour devenir fils de Dieu maître en sa demeure, c'est à dire futur administrateur du royaume céleste qui vient, de la "Jérusalem d'en haut qui est libre" comme Paul le dit un peu plus loin dans la même lettre aux Galates (Gal 4-26)...

Un peu plus loin Paul (Gal 4:21 et suiv) dira aux Galates que s'ils veulent vraiment une loi (sous-entendu une mère), ils n'ont qu'à se mettre dans la filiation de celle qui enfante pour la liberté, non pas l'esclave d'Abraham, Agar ("le mont Sinaï en Arabie, elle correspond à la Jérusalem actuelle" sic) mais la Jérusalem céleste promise à la liberté. Je ne développe pas davantage sur cette Jérusalem actuelle assimilée à Agar (comme les musulmans !... lesquels eux aussi vénèrent leur bétyle à la Mecque...). Cette lettre aux Galates est une mine de réflexion !

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(*) On comprend mieux l'application du mot "stoicheia" à la succession des lettres des décans du zodiaque quand on lit dans le Grand Dictionnaire Larousse du XIXe siècle à la rubrique "élément" :

" Le mot élément vient directement du latin elementum, dont la signification propre et primitive était probablement lettre de l'alphabet. On a supposé, mais nous doutons fort qu'on l'ait fait sérieusement, que ce mot a une origine purement alphabétique et qu'il était formé de trois lettres l.m.n, comme le mot alphabe,- o alphabêtos,– ou comme nous disons l'ABC. Dans tous les cas, ta signification étymologique d'elementum n'est rien moins que claire, et l'on n'a pas encore donné une explication satisfaisante du grec stoicheion, qui en latin est rendu par elementum. On nous dit que stoicheion est un diminutif de stoichos, petite verge ou tige dressée, spécialement le style du cadran solaire ou l'ombre qu'il projette. Sous stoichos, nous trouvons la signification de rangée, d'enceinte de toiles de chasseurs, et on nous dit que le mot est identique avec stichos, ligne, et avec stochos, but. Comment la voyelle radicale a pu se changer d'i en o et en oi, c'est ce qu'on n'explique pas. On peut se demander, du reste, pourquoi ce nom de stoicheia a été donné par es Grecs aux éléments ou parties primordiales et constitutives des choses. C'est un mot qui a eu une longue histoire. De la Grèce il a passé dans presque toutes les parties du monde civilisé, et il mérite, par conséquent, que l'étymologiste s'arrête pour en retracer la généalogie, d'autant plus que l'origine de ce mot pourra nous servir à retrouver plus facilement celle de son analogue elementum. Le grec stoichos d'où vient stoicheion, signifie une file ou rangée, comme stix et stichos dans Homère. Le suffixe eios est le même que le latin eius, et signifie ce qui appartient à quelque chose ou en a la qualité. Stoichos signifiant rangée, stoicheion signifierait donc ce qui appartient à une rangée ou constitue une rangée. Est-il possible de rattacher ces mots à stochos, but, soit pour -la forme, soit pour le sens? Assurément non. Les racines formées de i peuvent subir le changement régulier de cet i en oi ou ei, mais non pas en o. Ainsi, la racine lip, que nous voyons dans elipon, prend les formes leipô et leloipa, et la même échelle de changements de voyelles peut être observée dans liph, aleiphô, êloipha, et dans pith, peilhâ, pepoitha. Stoichos présuppose donc une racine stich, et cette racine expliquerait en grec les dérivés suivants stix, stichos, rangée, ligne de soldats; stichos, rangée, ligne, et distichon un distique steichô estichon marcher en ordre, pas à pas, monter; stoichos, rangée, file; stoichein, marcher en ligne. En allemand, cette même racine donne steigen marcher, monter, et en sanscrit nous trouvons stigh, monter. Tout autre doit être la racine de stochos. Comme tomos présuppose une racine tam,temno, etamon, ou bolos une racine bal, belos, ebalon, ainsi stochos présuppose une -racine stach. Cette racine n'existe pas en grec sous forme de verbe, et n'a laissé après elle, dans la langue classique, que ce seul dérivé stochos, marque, point, but que l'on vise; d'où sont venus stochadzomai je vise, et antres dérivés analogues. Une racine semblable se trouve dans le gothique stiggan, l'anglais to sting, piquer. Une troisième racine étroitement apparentée à stach, dont elle est cependant distincte, a été plus féconde dans les langues classiques, c'est stig, piquer. Elle a donné en grec slizô, estigmai je pique, et ses dérivés en latin in-stigare stimulus et stilus pour stiglus; en gothique stikan, piquer; l'allemand stechen; l'anglais to stick. Le résultat auquel nous arrivons de cette manière est que stoicheion n'a aucune connexion avec stochos, et par suite qu'il n'a jamais pu avoir, ainsi que le prétendent les dictionnaires, la signification primitive de petite verge ou tige dressée ou de style du cadran solaire. Quand stoicheion est employé en parlant du cadran solaire, comme dans l'expression dekapoun stoicheion, c'est-à-dire midi, il signifie les lignes de l'ombre qui se suivent en succession régulière, ou, pour nous exprimer autrement, les rayons qui composent la série complète des heures décrites par le mouvement diurne du soleil. Ceci nous explique comment stoicheion est venu à signifier élément. Stoicheia sont les degrés qui conduisent d'une extrémité à une autre les parties constitutives d'un tout qui forment une série complète, ces parties étant soit les heures, soit les lettres, soit les nombres, soit les parties du discours, soit les éléments physiques, pourvu toujours qu'un ordre systématique unisse ces éléments les uns aux autres. C'est là le seul sens dans lequel Aristote et ses prédécesseurs ont pu se servir de ce mot dans le langage ordinaire et dans le langage technique. Nous appelons élément, stoicheion, disait Aristote ce qui compose quelque chose et qui en est la première substance, cette substance étant indivisible quant à la forme; par exemple, les éléments du langage, les lettres, dont le langage se compose, et dans lesquelles, comme étant ses dernières parties constitutives, il est possible de le résoudre, tandis qu'on ne peut pas résoudre les lettres en sons qui diffèrent par la forme mais si on les résout, les parties que l'on obtient sont homogènes, comme une particule d'eau est de l'eau; il n'en est pas ainsi des parties d'une syllabe. Ce sens s'accorde bien, du reste, avec l'explication de stoicheion, qui nous est fournie par la respectable autorité de Denis le Thrace. Voici cette étymologie telle que nous la lisons dans l'auteur de la première grammaire grecque Ta de auta kai stoicheia kaleitai aia to echein stoichon tina kai taxin; ces mêmes caractères sont aussi appelés stoicheia, parce qu'ils ont un certain ordre et arrangement. Pour quel motif les Romains, à qui l'idée d'élément fut sans doute révélée pour la première fois par leur commerce avec les philosophes et les grammairiens de la Grèce, ont-ils traduit stoicheia par elementa? C'est ce qu'il est plus difficile de déterminer. "

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Le reiki est-il une invention des Jésuites ?

11 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Médiums, #Histoire secrète

Selon la dame dans la vidéo ci-dessous, Elodie, qui a eu une expérience malheureuse dans le reiki, cette pratique (très répandue chez les médiums) est une invention des Jésuites. C'est aussi ce que prétend la thérapeute (heum heum... en fait non, pas thérapeute du tout)  qui l'interviewe et qui estime que le reiki c'est de la magie noire qui utilise l'énergie des morts suivant une tradition jésuite ancienne.

A l'appui de son affirmation, elle renvoie à un article de 2010 du Centre de Recherches sur l'Ordre Mondial qui explique que Mikao Usui, fondateur de la discipline au XIXe siècle, aurait été "selon les recherches très poussées de Pascal Treffainguy", membre de l’ordre des Jésuites", lequel ordre voulait se réimplanter clandestinement au Japon après en avoir été interdit pendant des siècles (la référence à Pascal Treffainguy, un savant adepte du reiki sinophile, disciple de Guénon, et converti à l'Islam chiite renvoie probablement à son livre Reiki, médecine mystique de Mikao Usui).

En effet, "Usui a tout du Jésuite. En ce qui concerne la science, il est extrêmement doué, tellement passionné par la mécanique qu’il aurait fondu en larmes en voyant un moteur pour la première fois. Il étudie l’astrologie et devient même le fer de lance de l’introduction de la médecine occidentale (allopathique) au Japon, ce qui devrait faire réfléchir les adeptes du Reiki qui voient dans le docteur un fervent défenseur des médecines naturelles.

En même temps, sa nature mystique le pousse à se convertir au christianisme dès l’âge de 16 ans. On imagine qu’à partir de ce moment là, il va être fermement pris en main par les pères qui l’éduquent…"

"Quand on s’intéresse à l’histoire du Reiki, poursuit l'article, on ne peut que s’étonner de la rapidité avec quelle il a quitté le Japon. Lorsque Takata, la troisième personne dans la lignée de Mikao Usui, retourne à Hawaï en 1937, elle est censée laisser derrière elle 2 000 adeptes. Mais après la guerre, il ne reste personne.

Dans les années 80, lorsque le Reiki explose en Amérique, beaucoup essaient de retourner aux sources japonaises, mais ils ne trouvent rien, si ce n’est quelques portes closes. Pour finir, le Reiki devra être réimporté au Japon, sous sa version occidentalisée, ce qui est un comble!

Cela signifie que, aux yeux des Jésuites, le Reiki n’était pas destiné aux Japonais. Dès le début, c’est le monde entier qui doit être conquis. La force des morts du Japon a été simplement utilisée comme puissance de conquête.

Ce qui est aussi exploité, c’est toute l’aura mystérieuse du Japon, avec un passé tellement compliqué qu’on peut en raconter n’importe quoi aux Occidentaux. Alors, les légendes se démultiplient, ainsi que les transmissions « channelisées » d’Usui. On finira même par dire qu’Usui n’était pas vraiment chrétien, mais bouddhiste, car cela est plus à la mode dans le Nouvel-Âge."

L'intervieweuse renvoie également, pour en savoir plus sur les Jésuites à un article publié sur le blog de la protestante Michèle d'Astier de la Vigerie. Mon dernier ouvrage sur la thèse de Barbara Aho développe aussi leur rôle dans la création des Etats-Unis d'Amérique.

Le reiki comme captation par les Jésuites de l'énergie des morts et des savoirs ésotériques japonais au service d'un projet New Age mondial, vous y croyez ?

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