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Les danseuses nues de Gadès (Cadix)
Catherine Salles l'explique bien dans "Les bas-fonds de l'Antiquité" (p. 213) : "Il faut faire une place à part aux danseuses de Gadès, l'actuelle Cadix, dont les Romains font un des divertissements les plus recherchés de leurs banquets. Même si elles ne sont pas toujours de sang espagnol, elles exécutent des danses d'origine ibérique, dont la spécialité est d'éveiller l'érotisme des convives. Leurs castagnettes, leurs trémoussements lascifs, les cris obscènes dont elles scandent le balancement de leurs reins sont particulièrement prisés à Rome".
Elle cite à l'appui de cette remarque un texte de Juvénal (Satire XI, v. 162-175) : "Peut-être comptes-tu que les danseuses de Gadès vont se mettre à exciter les désirs par leurs chansons lascives et que ces filles, encouragées par les applaudissements, se laisseront glisser jusqu'au sol, en agitant leur croupe... Ce crépitement de castagnettes, ces parole dont aurait honte l'esclave toute nue qui se tient à l'entrée du bordel, ces vociférations obscènes".
L'art des danseuses de Gadès (Puellae Gaditanae) serait un peu supérieur à celui de la cabaretière syrienne (p. 207) ornée d'un turban grec qui fait "onduler des hanches au son du crotale, déjà ivre" (les crotales sont des sorts de castagnettes orientales).
Martial (VI 71) évoque la danseuse Telethusa :
"Telethusa, cette belle si habile à prendre des poses lascives au son des castagnettes de la Bétique, et à reproduire les pas des danseuses de Cadix ; Telethusa, capable de redonner du nerf au tremblant Pélias, et de réveiller les sens du mari d'Hécube, jusque sur le bûcher d'Hector ; Telethusa consume et met au supplice son premier maître : servante, il l'a vendue ; maîtresse, il la rachète aujourd'hui. "
Telethusa dansait-elle nue ?
Il existe un épigramme sur Telethusa qui peut le laisser penser, si cette Telethusa est bien la même :
"Hic quando Telethusa circulatrix,
Quae, clunem tunica tegente nulla,
Sexum latius altiusque motat,
Crisabit tibi fluctuante lumbo:
Haec sic non modo te, Priape, possit
Privignum quoque sed movere Phaedrae."
Après la traduction initiale datant de 1890, de Leonard C. Smithers et Sir Richard Burton, une version plus récente dit :
"Quand Telethusa, cette petite pute des rues qui aime secouer son derrière nu / Bougeant son minou en haut et en bas, à gauche et à droite agitant sa chatte à la vue de tous ; / Elle t'émeuvra, Priape, elle te donnera chaud et même Phèdre ne peut lui résister."
On peut trouver sur le Net un texte intéressant qui laisse entendre que les danseuses de Gadès portaient un très mince vêtement à la taille ou plus vraisemblablement étaient nues (http://www.public-domain-content.com/books/classic_greece_rome/priap/prp107.shtml). Selon Gifford, la danse de Telethusa pouvait avoir un rapport avec le fandango tandis que des femmes esclaves ("tractatrices") masturbaient les spectateurs. Ce serait une sorte de fandango nu.
On peut se poser mille questions sur cette "école de danse" particulière qu'on trouvait à Cadix (Gadès en latin, Gadeira en grec). Et notamment si elle n'avait pas quelque chose à voir avec l'origine phénicienne de la ville (Gadir), puisque Cadix a été au monde Phénicien ce que Marseille fut aux grecs : la première fondation en Méditerranée occidentale, et l'avant-poste du commerce maritime dans cette zone barbare. Gadès avait-elle encore gardé quelque chose de phénicien à l'époque romaine - après tout ne dit-on pas qu'on parlait encore le punique à Carthage à l'époque de Saint Augustin ?
Le cas échéant, la danse des filles de Cadix aurait moins à voir avec le fandango qu'avec la danse de la cabaretière syrienne dont parle Catherine Salles, et serait donc beaucoup plus phénicienne qu'ibérique.
Le Proche-Orient possède une longue tradition en ce qui concerne la danse nue. Dans un article d'octobre 2009, Andrea Deagon évoque les danseuses nues (vêtues de bijoux) en Egypte à partir d'une fresque du tombeau de Nebamun vers 1 400 av. JC. Selon elle il pourrait s'agir de "danses du ventre" mais elle reconnait ne pas en avoir la preuve (de même d'ailleurs qu'on ne sait pas s'il s'agit d'une image réaliste de banquet ici-bas ou d'une allégorie de banquets dans l'au-delà). La fresque d'époque romaine (2ème siècle de notre ère) qu'elle repère relative à une fête d'Apis lui paraît en tout cas cautionner l'idée qu'il y avait des danses du ventre (définies largo sensu) dans l'Egypte hellénistique. On note que les femmes y sont nues vêtues d'un voile transparent. Elle rattache ce style de danse explicitement aux danses syriennes et à l'école de danse de la colonie "syrienne" (selon ses propres termes) de Gadès.
Ces danses pourraient être en filiation (sur un mode profane) avec le culte phénicien d'Astarté (Ishtar) souvent représentée nue, et avoir un rapport lointain avec la hiérodulie proche-orientale, à Babylone et au-delà (la prostitution dans les temples, par laquelle les gens s'unissaient à la divinité - hiérogamie - et étaient possédées par elle, voir Hérodote à ce sujet).
Pour aller plus loin dans la réflexion sur la danse nue dans l'antiquité, on peut aussi lire du même auteur cet article.
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--- bailadoras desnuda Cadiz. naked dancers
http://mrstiff.fr/film/sophie-mae-enseigne-la-danse-du--6729525
http://www.sexyandfunny.com/watch_video/nude-belly-dancer_38108.html
Jean Claude Bologne, Pudeurs féminines - Voilées, dévoilées, révélées
Une fois n'est pas coutume, je vous livre ici l'intégralité du compte-rendu que j'ai fait pour Parutions.com du dernier livre de Jean Claude Bologne, car ce livre me paraît très important pour la sociologie du corps.
CC
Un sentiment à travers les âges
Jean Claude Bologne, Pudeurs féminines
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Jean Claude Bologne Pudeurs féminines - Voilées, dévoilées, révélées
Seuil - L'univers historique 2010 / 22 € - 144.1 ffr. / 391 pages
ISBN : 978-2-02-097990-0
Auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire des mœurs et notamment, en 1986, d’une Histoire de la pudeur, qui a inspiré une génération de chercheurs, d’étudiants et de curieux dans ce domaine, Jean Claude Bologne propose cette année, vingt-cinq ans plus tard, un complément à ce travail. Il justifie ce choix par la nécessité d’affiner les concepts et les conclusions de son ancien livre, d’intégrer les résultats de la recherche récente, et de mieux étudier le sentiment de pudeur, pas seulement le comportement, en s’intéressant plus particulièrement aux femmes.
Sur le plan des concepts, l’ouvrage de 1986 en comprenait déjà beaucoup. Après une étude thématique (la pudeur au lit, au théâtre, etc.), la conclusion attribuait à chaque époque un type de pudeur : pudeur sacrée dans l’Antiquité, pudeur religieuse au Moyen Âge, pudeur conventionnelle à la Renaissance, pudeur sociale au XVIIe siècle. Le livre de 2010 fait de même et attribue de nouvelles catégories à chaque époque : pudeur naturelle antique, pudeur théologique médiévale, pudeur naturelle à l’époque classique.
On trouvera dans ce dernier livre des développements nouveaux et très utiles pour éclairer le débat contemporain sur le thème du voile (en remontant à Rome, au Moyen-Âge, dans le monde musulman, juif, chrétien) qui en précisent le statut social et théologique. Beaucoup de subtilités des controverse oubliées sont restituées, qui permettent de mieux comprendre non seulement l’époque considérée, mais aussi celles qui la suivront. Ainsi, lorsque Bologne insiste sur le fait que la nature peccamineuse attachée aux parties génitales dans la chrétienté médiévale est presque entièrement liée à leur propension à désobéir à la conscience, non seulement il instruit le lecteur sur le Moyen-Âge, mais encore il lui permet de comprendre les considérations de Montaigne sur l’imprévisibilité de l’érection masculine, que l’on pourrait croire, de prime abord mais à tort, propres aux problématiques de la Renaissance.
Le côté récurrent des thématiques, d’un siècle à l’autre – avec des inflexions liées aux représentations de chaque génération –, est bien rendu par l’approche historique sur une longue période : ainsi sur la question de la naturalité de la pudeur ou celle de l’appréhension de la pudeur tantôt comme une source d’excitation, tantôt comme un moyen de réprimer le désir. En même temps, il ne s’agit jamais d’un «éternel retour du même». A mesure que l’humanité tisse (en Europe occidentale) un arrière-plan rationaliste, les interrogations se déplacent pour ainsi dire du divin vers les organes.
On recommandera particulièrement les pages que Bologne consacre au moment (au XIXe siècle) où le problème de la naturalité de la pudeur est mis en perspective avec celui de la fécondité humaine. L’historien ne le mentionne pas, mais il y a là une étonnante préfiguration d’interrogations qui ont cours aujourd’hui dans le monde anglo-saxon. Évidemment, le risque – inhérent à la réduction des problèmes humains à de successions narratives toujours sources de relativisme –, serait alors de ne voir dans les débats néodarwiniens contemporains qu’une répétition d’une mode d’il y a cent-trente ans. Il faudra se garder de trop suivre cette pente.
D’une manière générale, en ce qui concerne le XIXe siècle, le lecteur trouvera sous la plume de J.C. Bologne un long chapitre très complet et très suggestif qui exploite divers traités de l’époque aussi bien que des analyses récentes (notamment de Marcela Iacub) et offre un panorama très riche des rapports à la nudité dans les divers domaines du droit, des beaux-arts, de la médecine. Pour le siècle suivant, l’auteur fournit un dossier intéressant sur les approches de Nietzsche, Freud, Beauvoir, Merleau-Ponty, le darwinisme, le naturisme, le nazisme, et le communisme sexuel (l’amour libre). Son travail rend justice aux recherches les plus récentes sur la pudeur contemporaine : aussi bien celles qui voient en elle une forme de «respect» d’autrui que signifie le voilement, que celles qui s’intéressent au besoin de transgression (d’«extimité») dont les médias offrent des illustrations quasi-hebdomadaires. Pour terminer, l’historien se départit de sa neutralité académique, et confesse un penchant, inspiré de François Jullien, pour la pudeur contre la décence, c’est-à-dire pour un sentiment qui laisse place au jeu des regards et ne fige pas les identités et les espaces, un parti pris auquel on peut ne pas adhérer mais qui a le mérite d’être énoncé… sans fausse pudeur.
Dans chaque remontée du temps qu’il nous offre, J.C. Bologne prend le soin de revenir aux sources contemporaines de l’époque qu’il traite, un travail de philologue scrupuleux qui lui fait rechercher la racine des expressions couramment citées, qu’il s’agisse des théories de Freud comme du Coran (dont il a vérifié près d’une dizaine d’éditions en français depuis 1840). Ce goût pour les sources classiques s’avère fécond pour les derniers siècles car il restitue le point de vue des acteurs dans leur langage même.
Il devient cependant plus aléatoire quand il s’agit de temps plus anciens où les ressources textuelles de première main se font rares. Ainsi pour la Grèce, Bologne ne se fonde que sur des textes littéraires de l’Antiquité (qui, sur le rapport au corps sont peu nombreux et très souvent partiaux), ce qui le conduit à négliger beaucoup d’apports de l’archéologie et de l’iconographie. Par exemple sur le thème du voile, l’historien aurait beaucoup gagné à exploiter le livre récent de Lloyd Llewellyn-Jones, Aphrodite's tortoise. Cela lui aurait permis d’historiciser plus précisément les normes de pudeur féminines (loin d’être constantes d’un siècle à l’autre chez les Hellènes comme le laisse entendre J.-C. Bologne) et aussi de penser plus profondément la connexion Grèce-Proche Orient. Sans doute la lecture de ses collègues aurait également épargné à l’historien certaines généralisations excessives comme celle que l’on trouve page 24 à partir du seul mythe de Candaule : «L’excès (hybris) n’est pas condamnable en soi, mais lorsqu’il s’y livre, dans les festins, à la guerre, le Grec a conscience de renoncer à la civilité (…). L’acte sexuel libère l’hybris. L’homme entend s’y adonner totalement, en oubliant la mesure… mais sans témoins».
De même sur Rome, on aurait aimé trouver les travaux de Pierre Cordier (Nudités romaines) ailleurs qu’en fin d’ouvrage dans la bibliographie. Leur mention dans le corps du livre aurait peut-être permis d’éclairer, par exemple, le rapport à la nudité des pieds à Rome (très bien traité dans Nudités romaines) que J.C. Bologne semble considérer à tort comme une nouveauté médiévale. Il y a aussi sur Rome quelques approximations regrettables. Ainsi J.-C. Bologne écrit (p.88) «Depuis le péché originel est inscrit en chacun dès sa naissance. Aussi les vierges ne montrent jamais une chair qui pourtant n’a jamais péché. Lorsque Perpétue, martyrisée en 203, voit sa tunique déchirée par le taureau qui la piétine, elle recouvre son corps d’un ultime réflexe». Il oublie alors seulement (et pourtant, c’est un point central du martyre de cette sainte), que Sainte Perpétue de Carthage n’était pas une vierge, mais une jeune mère qui allaitait encore son bébé (matronaliter nupta), ce qui rend l’exemple inapproprié à la phrase qu’il est censé illustrer.
On peut aussi regretter que, suivant la formation classique mais désormais datée, Bologne fasse plonger les racines de notre histoire chez les Gréco-romains et dans la Bible, en oubliant au passage complètement les Celtes et les Germains (heureusement valorisés par l’historiographie récente). Cela aurait notamment permis de renvoyer à leurs origines germaniques certaines spécificités du Moyen-Âge français comme l’exhibition publique des femmes adultères nues (comme nous le suggérons dans notre propre ouvrage sur la nudité, que J.C. Bologne a l’amabilité de citer mais sur d’autres sujets).
Plus profondément, à côté de son évocation des récurrences, on perçoit toujours chez Jean-Claude Bologne (et c’était déjà le cas dans livre de 1986) un penchant pour le constructivisme. Ainsi quand (p.107) il s’attache à démontrer que le Moyen-Âge européen «invente» une pudeur en fonction du regard. Hélas cette hypothèse s’accommode mal des remarques faites dans Nudité et pudeur, le mythe du processus de civilisation de Hans Peter Duerr (que l’historien, pp. 8 et 98, appelle seulement «Peter Duerr», et dont il finit par condamner explicitement la thèse en conclusion de son livre). L’anthropologue allemand repérait en effet un lien de la pudeur et des regards dans toutes les sociétés y compris celles qui vivent «nues». Bologne le relève d’ailleurs dans son propre chapitre sur le travail des ethnologues du début du XXe siècle, mais n’en tire pas de conclusion sur son propos au sujet du Moyen-Âge, un peu comme si cette problématique du regard n’existait justement que dans le «regard» de l’ethnologue, sans avoir pu animer réellement les interactions sociales dans l’Antiquité romaine par exemple. Ce constructivisme radical demeure au fond contradictoire et finalement peu crédible.
On le retrouve encore dans les considérations de fin selon lesquelles la pudeur est toujours restée une pudeur féminine mais pourrait «un jour» cesser d’être sexuée. Ce pari sur la dé-sexuation de la pudeur s’avoue comme un déni explicite de la naturalité des sentiments, qui correspond mal à ce que l’on sait aujourd’hui du rôle des hormones masculines et féminines dans les comportements. Si «la façon d’exister du féminin est de se cacher, et ce fait de se cacher est précisément la pudeur», comme disait Lévinas dans Le Temps et l’autre, on ne saurait régler par une simple profession de foi la difficile question de savoir si cette caractéristique, très répandue dans l’humanité depuis 200 000 ans, se trouve ou non incorporée dans les gènes de l’espèce (ce qui n’empêcherait nullement des phénomènes individuels ou collectifs passagers d’exhibitionnisme ou d’apudeur sans intentionnalité spécifique). Même dans la société actuelle, réputée sensible à des acceptions subtiles et variables du dévoilement de la femme dans le sens de cette «révélation» que Bologne appelle de ses vœux, des sondages, comme celui d’Ifop-Tena l’an dernier sur la nudité féminine, montrent que les Françaises sont très éloignées des «tendances» que les théoriciens leur prêtent.
Un apport essentiel des recherches de Bologne en 1986 nous semblait tenir dans cette idée qu’à chaque époque des réflexes de pudeur viennent «compenser» des assouplissements des normes. Parmi ceux du présent ouvrage, il conviendra sans doute de relever l’étude minutieuse que l’auteur livre du «voile invisible». De même certaines trouvailles conceptuelles comme l’idée (p.188) que la pudeur féminine ait pu fonctionner comme un «bracelet électronique» au bras des femmes au Siècle d’Or espagnol pourront sans doute être réutilisées par les chercheurs et transposées à d’autres contextes.
En somme, ce brillant récapitulatif historique que signe ici J.C. Bologne, constituera sans doute une précieuse «boîte à outils» que beaucoup pourront exploiter avec profit pour des recherches ultérieures, même hors du champ d’investigation que l’historien a choisi dans ce livre.
La persistance du tabou de la nudité
Selon un sondage TENA/Ifop en France 37 % des femmes sont dérangées par une paire de fesses ou de seins sur une affiche publicitaire. Pour 45 % il faudrait que lla nudité masculine et féminine soit moins fréquemment visible.
48 % des femmes sont dérangées par la vue de nudistes sur des plages ou dans un camp de nudistes (mais seulement 23 % sont dérangées par des seins nus sur une plage). 57 % sont dérangées de voir une femme totalement nue dans un vestiaire.
88 % se considèrent comme pudiques, 95 % se montrent nues devant leur conjoint, 63 % ne sont jamais nues devant leurs amies. Le naturisme ne concerne que 13 % d'entre elles.
Selon une enquête réalisée par le fabricant de balances Tanita en Grande-Bretagne auprès de 3000 personnes en 2007, 25 % des hommes sont si gênés par leur apparence qu'ils hésitent à se dénuder devant leur partenaire. 50 % se sentent gros. Dans le cas des hommes, des motifs de refus de la nudité différents de ce qu'ils étaient il y a 100 ans, mais qui révèlent un malaise persistant.
Au fait, un reportage d'Edward Bally sur le militantisme nu dans Enquête inédite sur Direct 8 hier. La trace du tabou y est omniprésente. Dans la difficulté de trouver des volontaires pour un happening artistique, dans l'embarras des infirmières de l'hôpital de Cavaillon autour de la diffusion d'un calendrier dans lequel elles ont posé nues pour une enfant autiste - leur gène à le montrer à leur mari, et aux pompiers avec lesquels elles travaillent (toujours la violence masculine en arrière-plan, ne serait-ce que la violence des quolibets), leur façon de se trouver laides, et la manière dont le photographe Alain B en vient presque à ne mettre en valeur que les photos flous, pour presque affirmer qu'il n'y a pas de nu dans cette histoire là... Voir aussi le témoignage des auteurs du clip "Baby baby" rue Montorgueil, beaucoup d'argent à la clé, mais comme ils le disent eux-mêmes c'est surtout l'audace qui est valorisée dans leur geste : avoir joué avec le tabou de la nudité publique (avec travail très compliqué de jeu avec la loi pénale, mais aussi avec les règles qui définissent le bon et le mauvais goût). Des propos extrêmement significatifs.
En direct de Cannes

Nudité et luttes sociales
Comme je récapitulais les usages du corps dans les luttes sociales ces derniers temps, je suis retombé sur cette photo de deux femmes arborant les slogans "le MEDEF m'encule/la CFDT lubrifie", qui m'a été adressée par un ami en 2005 lequel l'avait reçue d'un certain Eric Mouron de Lutte ouvrière le 16 février 2005. On peut supposer que cette photo a été prise à la fête de ce parti en 2004, mais je n'en suis pas certain. Quiconque a des éléments sur l'histoire de cette photo pour que je puisse la resituer dans son contexte est prié de bien vouloir me contacter via ce blog (lien email en bas de page rubrique "contact"). D'avance merci ! D'une manière générale si vous avez des exemples d'utilisation de la nudité partielle ou totale dans des revendications sociales (des utilisations qui n'auraient pas été très médiatisées, je suppose que cela peut exister) n'hésitez pas à m'en parler.
Post scriptum du 29 avril 2014 : Pascal Larderet directeur de la compagnie Cacahuète, m'écrit : "La photo du Medef m'encule c'est nous la compagnie Cacahuete qui l'avons faite en 2003 premier jour de la grêve des intermittents à Sotteville les Rouen pour le festival Viva Cité. La carte postale est une photo de notre photographe Lucie B."