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Articles avec #christianisme tag

John Wesley et la sorcellerie

12 Janvier 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Je travaille sur John Wesley (1703-1791), fondateur du méthodisme, qui était une des grandes références de feu le pasteur Derek Prince. Je lisais il y a peu un article de l'artiste canadienne Lorette C. Luzajic qui accusait Wesley de sorcellerie parce qu'il aurait guéri des gens et même ressuscité un mort selon Stephen Tomkins. Mais Lorette C. Luzajic ayant dit du bien de Michael Jackson dans un de ses livres, on n'est pas obligé de la croire (voir ce que moi-même j'écrivais à propos de ce chanteur il y a un an ici)...

Mais il est vrai que l'accusation de sorcellerie existe dans le méthodisme comme dans d'autres cultes chrétiens. A preuve cette accusation de connotation wiccane des United Methodist Women (UMW) à Orlando (Floride) en mai 1998 dans un article de Tom Graffagnino .

Wesley eut une attitude intéressante. A la fois il combattait la sorcellerie, et il insistait pour qu'on la prenne au sérieux pour pouvoir mieux la combattre et parce qu'elle était une sorte de preuve négative de l'existence de l'au-delà.

“Most of the men of learning in Europe have given up all account of witches and apparitions as old wives’ fables…. The giving up of witchcraft is the giving up of the Bible. With my last breath I will bear testimony against giving up to infidels one great proof of the invisible world, witchcraft … confirmed by the testimony of the ages,” a-t-il écrit dans son Journal de 1768.

A une époque où le rationalisme anglais préparait la dépénalisation de la sorcellerie (qui allait entraîner l'explosion de la Wicca) parce que beaucoup de gens n'y croyaient plus, Wesley, du haut de l'autorité de sa solide formation à Oxford, décrit précisément la sorcellerie, par exemple dans ses notes sur la Bible ici :

" 10. Useth divination - Foretelleth things secret or to come, by
   unlawful arts and practices. An observer of times - Superstitiously
   pronouncing some days lucky, and others unlucky. Or, an observer of the
   clouds or heavens, one that divineth by the motions of the clouds, by
   the stars, or by the flying or chattering of birds, all which Heathens
   used to observe. An inchanter - Or, a conjecturer, that discovers
   hidden things by a superstitious use of words or ceremonies, by
   observation of water or smoke or any contingencies. A witch - One that
   is in covenant with the devil.

   11. A charmer - One that charmeth serpents or other cattle. Or, a
   fortune-teller, that foretelleth the events of men's lives by the
   conjunctions of the stars. Spirits - Whom they call upon by certain
   words or rites. A wizard - Hebrew. a knowing man, who by any forbidden
   way's undertakes the Revelation of secret things. A necromancer - One
   that calleth up and inquireth of the dead."

Comme l'écrit Pavel Rutkowski, de l'université de Varsovie : "Wesley’s Journal – written and published with the purpose of communicating his views and opinions to fellow Methodists – contained numerous extraordinary accounts of prophetic dreams, appearances of Christ and angels, instances of spontaneous combustion of corpses, treasure troves revealed by spirits, use of second sight, etc. Most space, however, was devoted to people’s contacts with the souls of the dead, demonic possession, and the way such phenomena were related to witchcraft".

L'intérêt de Wesley pour la sorcellerie serait venu du fait qu'après avoir échappé de justesse d'un incendie pendant son enfance, il avait été à 13 ans témoin du Poltergeist (manifestation d'esprits) d'Epworth (dans le Lincolnshire) dans sa propre maison en décembre 1716 qui dura jusqu'en février (voir The life and Times of the Rev. Samuel Wesley par L. Tyerman, London, Simpkin, Marshal & Co, 1866 p. 350).

Les partisans de Wesley suivaient le sillage du chapelain du roi Charles II, Joseph Glanvill, qui avait publié Sadduccismus Triumphatus en 1681 et tenait la négation de l'existence des démons pour un sadduccéisme moderne. Le magazine du mouvement méthodiste Arminian Magazine,reprit même l'épisode du "frappeur de Tedworth" (Drummer of Tedworth) cité par Glanvill. Mais Wesley savait faire preuve de discernement à l'égard de certains excès des croyances aux esprits.

Wesley, explique Rutkowski, à la différence de la plupart des protestants, ne croyait pas que les morts aillent au Ciel ou en Enfer, et que les apparitions spirites étaient de simples démons. Il croyait que les morts revenaient réellement livrer des informations aux vivants. Cela lui fit adhérer sans réserve au témoignage d'Elizabeth Hobson une jeune fille de Sunderland qui disait avoir des apparitions de gens morts depuis son enfance (tout comme il prenait au sérieux les cas de possession...). Mais dire que le spiritisme n'est pas d'essence démoniaque, n'est-ce pas une manière de le légitimer d'un point de vue théologique ?

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Pasteur Derek Prince : La foi et les oeuvres

23 Décembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

De tous les prédicateurs que j'aie entendus sur la toile, le plus convaincant, le plus rigoureux et le plus clair est le pasteur Derek Prince (décédé en 2003). Pas étonnant, dans un sens : il enseignait la logique et la philosophie avant de se convertir.

Son enseignement est un appel radical à renoncer à toute œuvre, c'est à dire tout effort pour agir selon une loi, et à tout investir dans la foi (la confiance en Dieu), la prière et l'amour, mais en se remettant, sur ces trois volets là, à ce que Dieu enverra, car rien fondamentalement ne doit venir de l'Ego. Voilà qui est contradictoire avec l'enseignement du pasteur Samuel Peterchmitt sur le thème "faites votre part du boulot" ou les exhortations bruyantes des Evangéliques "prenez autorité". Et pourtant cela sonne beaucoup plus profond. On a beau tout retourner dans tous les sens, au fond si on veut n'avoir à se glorifier de rien, il faut vraiment se faire oiseau. 

Cela dit d'autres aspects de l'enseignement de cet homme recommandent le respect de la loi pour éviter les malédictions (voir ci dessous). Cet enseignement ressemble à celui de Mme d'Astier de la Vigerie sur bien des points.

Cet homme était petit fils d'un commandant britannique qui avait réprimé la révolte des Boxers en Chine, et qui lui avait cédé un tableau de dragon impérial qui portait un maléfice. Son père lui même fut officier et prit sa retraite avec le grade de colonel.

Né à Bangalore en 1915, il explique dans "Ils chasseront les démons" qu'il fut élevé dans sa petite enfance par une nourrice hindoue dont l'influence fut à l'origine de sa fascination pour la mythologie indienne et pour le yoga dont il tarda à se défaire. Admis à 13 ans (en 1928) à Eton, il continua au King's College de Cambridge dont il fut membre en 1939 (à 24 ans).

Il rencontra le Christ au Proche-Orient pendant la seconde guerre mondiale quand il était assistant infirmier dans l'armée. Il commença sa prédication à Ramallah en 1946, épousa en Israël Lydia Christensen, une institutrice danoise qui dirigeait un orphelinat à Jérusalem et adopta six filles juives une palestinienne arabe et une anglaise.

A Londres il fut pasteur d'une petite assemblée pentecôtiste. En 1953 il fut délivré d'un "esprit familier". En 1957 il partit avec son épouse comme missionnaire éducateur au Kenya, puis en 1962-63 en Europe et en Amérique du Nord. Il fut pasteur d'une assemblée pentecôtiste en 1963 à Seattle où il effectua son premier exorcisme sur Esther Henderson, une femme au foyer de 35 ans.

En 1965 il avait lancé une malédiction sur le saloon qui jouxtait son église à Chicago qui prit feu deux mois après sa malédiction, et le vent tourna juste au moment où il assista au spectacle de l'incendie ce qui épargna l'église. Puis il est pasteur pentecôtiste à Londres avant de s'engager dans la délivrance et d'enseigner en Afrique. Un de ses petits petits fils fait partie d'un groupe juif ultra-orthodoxe (il a lui-même épousé en seconde noces en 1978 une israélite). En 1985 il a prêché à Karachi au Pakistan.

Certains aspects un peu négatifs de Derek Prince que vous pourrez trouver sur You Tube peuvent être nuancés par ceci.

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Lettre de Paulin de Nole à Victrice : magie de l'unanimitas et dureté militaire

17 Décembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées

Paulin de Nole, disciple bordelais d'Ausone avec lequel il se brouilla, contemporain d'Augustin à qui il écrivit sans l'avoir rencontré, et de Martin de Tours, retiré dans un monastère en Campanie, eut un échange épistolaire en 398 avec Victrice évêque de Rouen.

Comme l'expliquaient Janine Desmulliez et Cédric Vanhems de l'université Lille 3 il y a peu, cet évêque recherchait à travers ses courriers à créer une unanimitas, une unité d'âme, dont je me demande s'il ne faudrait pas l'entendre en un sens chamanique comme la télépathie stoïcienne dont parlait Montaigne : voyez mon billet de mai 2015.

Les lettres de Paulin de Nole sont connues des historiens (même une BD de vulgarisation comme "De Rouen à Rotomagus" en parle), mais difficiles à trouver sur Internet. Je traduis donc ici, à toutes fins utiles, une de ses lettres à Victrice à partir d'une version anglaise tirée du livre "Ancient Christian writers - The works of the fathers in translation n°35" dirigé par Johannes Quasten, Walter J. Burghardt et Thomas Comerford Lawler, éditions Newman Press, New-York, 1966. Il s'agit de la lettre 18, p. 167. A y regarder d'un peu près, vous trouverez dans cette lettre des formules qui ne sont pas des effets rhétoriques et dont la magie fait penser au Pasteur d'Hermas dont je parlais en novembre. Par exemple quand il évoque le miroir de l'esprit quand on sait les pratiques magiques et la divination qui se faisait (et se fait encore) autour des miroirs. Il y a dans ce texte un rapport au regard qui est directement lié aux sciences naturelles grecques. Renée Koch à propos d'Epicure avait montré comment celui-ci recommandait de regarder les statues des dieux pour recevoir du divin en soi. On retrouve cela dans la joie que St Paulin de Nole confesse à avoir vu le visage de Victrice en chair et en os. Il y a aussi une problématique très intéressante du visage humain du saint comme visage du Christ. L'appartenance mystique à une seule chair de tous les chrétiens, spécialement les plus vertueux, est exprimée par des images très percutantes, parfois dérangeantes comme celle d'aller "lêcher" les cicatrices du martyr. C'est une vision très intense et très concrète de l'unité des églises et des croyants, et de la puissance miraculeuse qu'ils peuvent exercer les uns sur les autres à distance (à rapprocher aussi sans doute du culte des reliques auquel tous ces prélats sont liés), notamment à travers leurs disciples (le diacre Paschasius).

On y trouve aussi une exaltation très romaine des valeurs militaires : l'endurcissement du corps et de l'esprit, l'implication dans le combat, la capacité à commander et obéir, la récompense outre-tombe. On comprend pourquoi la Gaule fut largement évangélisée par d'anciens légionnaires (Victor de Marseille mort en 303, Martin de Tours et Victrice de Rouen). Le soldat endurci dans son corps et son âme peut affronter le martyre et en retire un pouvoir transcendant qui en fait le leader incontesté de sa communauté (son prestige fut tel qu'à Chartres le thaumaturge St Martin de Tours se jugea moins digne que St Victrice de délier la langue d'une adolescente muette, ce qu'il finit cependant par faire Victrice ayant dit qu'il n'en ferait rien). On est là tout à fait dans le sillage du centurion romain (Matthieu 8:8) qui dit à Jésus qu'il sait ce qu'à l'armée commander et obéir veulent dire et qu'à cause de cela une seule parole suffira pour obtenir la guérison du serviteur.

C'est un christianisme de combat, parmi les démons et les forêts lointaines inhospitalières de la Gaule Belgique évangélisée par Victrice, avec Rouen comme avant-poste (christianisation et civilisation se confondent ici en une seule et même chose). Un christianisme sans concessions, et très adossé à l'Ancien Testament (avec d'ailleurs, on le notera, aucune référence à la Vierge Marie ni au versant féminin du christianisme, entièrement absorbé par les hommes, au point d'ailleurs que Paulin de Nole se voit lui-même en Marie-Madeleine inondant de ses larmes les pieds de Victrice).

"Paulin salue Victrice, toujours son père le plus révéré et le plus béni.

1. Soudainement et d'une façon inattendue, Dieu m'a fait la grâce d'une chance que j'avais recherchée en vain depuis un certain temps. Une occasion d'écrire à ta vénérable et sainte personne s'est présentée à moi à travers une maison de la foi, une qui a été choisie spécialement pour être une fraternité conjointe en notre Seigneur. Car à Rome à l'occasion de l'anniversaire très populaire des apôtres j'ai pu rencontrer notre frère le diacre béni Paschasius.

Outre le plaisir de notre camaraderie fraternelle dans le ministère sacré, je l'ai reçu avec les plus grands respect et amour parce que j'ai découvert qu'il appartenait, corps et âme, au clergé placé sous ta sainte protection. Mais je dois avouer que j'ai fait pression sur lui. Il était désireux de repartir de Rome vers votre personne sacrée. Et, bien que j'approuvasse cette hâte consciencieuse manifestée dans ce très justifié désir, je l'ai embrassé par amour pour toi et l'ai porté à Nole. J'espérais qu'à travers sa visite mon humble hospice là serait béni par un souffle de votre esprit et qu'en regardant et embrassant Paschasius je pourrais profiter pendant plus longtemps d'une part virtuelle de ta gracieuse présence. Ses manières modestes, son coeur humble, son esprit aimable, sa foi dans la vérité, et sa conversation agrémentée d'esprit sur chaque sujet démontre qu'il fut l'élève de ton enseignement et le compagnon de ton voyage.

Donc sois indulgent envers notre frère pour moi, ou envers moi pour lui. Car si ses attentes sont repoussées et ma présomption censurée, ces deux fautes seront excusées à tes yeux par la charité du Seigneur. Ce fut cette charité du Seigneur qui soit a forcé Paschasius à m'obéir, soit m'a forcé à prendre possession de lui et à le garder comme si j'avais des droits sur lui. Car non sans une arrogance obstinée mais d’un coeur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère (1. Tim. 1-5), j'ai cru que ce qui était à toi était à moi ; et je ne doutais pas que toi, à votre tour, tu croirais qu'il n'était pas absent de chez toi pendant le temps où tu savais qu'il était avec moi. Car si la distance réelle sépare nos corps, nous sommes associés par l'Esprit du Seigneur, dans lequel nous vivons respectueusement, et qui partout nous inonde, de sorte que nous avons les membres d'un même corps, un seul coeur, et une seule âme dans le Dieu unique.

2. Donc, j'ai regardé dans le miroir de l'esprit et j'ai pensé à tes égards pour moi et, en retour, à l'intimité avec toi à cause de l'amour que mon coeur vous porte ; donc, en gardant notre frère ici, j'ai proclamé que ton affection serait aimablement disposée envers moi. La grâce du Seigneur, qui t'a été donnée en abondance, a assuré que tu es aimé dans les membres de votre corps et dans l'ourlet de ton vêtement. Cependant j'ai perdu plusieurs jours de son séjour ici parce que le Seigneur dans sa miséricorde m'a affligé, j'étais ravagé par une maladie corporelle pour mon amélioration spirituelle. Mais Dieu, qui conforte les humbles et qui guérit ceux qui ont le coeur brisé (Ps 147:3), m'a conforté par la présence de mon frère le béni Paschasius. Sa présence m'a apporté le raffraîchissement de l'esprit, et aussi le recouvrement corporel, et quand deux sont heureusement réunis, Christ se tient entre eux (Math 18.20).

3. Mais Paschasius n'a pas simplement partagé l'affection et la peine de ma maladie; il a aussi été épuisé par la maladie très sérieuse de notre plus cher fils Ursus, qu'il a eu comme inséparable compagnon de ses voyages. A ce sujet, j'ai observé la foi de Paschasius et son amour abondant dans le Seigneur. Car plus Ursus endurait une peine corporelle, plus Paschasius souffrait de tourments dans son esprit. Alors le Seigneur a porté un regard aimable sur Ursus à cause de l'humilité de Paschasius (Luc 1.48), et l'a poursuivi de sa douceur. Quand Ursus fut sur le point de mourir, il obtint le salut du péril grâce à la foi et au travail dur de Paschasius. Le Seigneur a décidé d'essayer sur Ursus le pouvoir que notre plus aimé confesseur Felix, seigneur de notre maison, exerce devant Lui. Car quand Ursus est passé par les mains de Paschasius, en étant baptisé sur son lit, il est revenu à la conscience. A travers les prières du saint, le Seigneur l'a restauré pour le frère Paschasius comme aussi pour l'attente anxieuse de notre église et plus spécialement la tienne, car sans aucun doute Il veille sur toi dans la personne de tes enfants partout où ils sont. Le Seigneur, aussi, le préservera désormais. Puisse-t-Il le ramener à ta vue saint et sauf, libéré du péché et serviteur de la justice (Rom 6.18). Je n'ai aucun doute qu'Ursus, lui aussi, s'il mérite de revenir vers toi, accomplira un grand progrès dans la foi, en concordance avec Paschasius et avec toi, le maître des deux.

4.Tychicus, ton plus cher frère (ou ton Tyhcicus, Tychicus tuus voir Colossiens 4.7) et fidèle ministre dans le Seigneur, en louange non pas tant de toi que de Dieu oeuvrant en toi, m'a parlé de la grande lumière que le Seigneur a provoquée pour tracer une route d'éclaits lumineux à travers toi dans des régions qui étaient jusque là obscures. Car Lui qui fait venir les nuées de l'extrémité de la terre (Ps134.7) t'a amené, aussi, du bout de la terre pour éclairer Son peuple, et il a fabriqué un éclair brillant pour la pluie fertilisante. Juste comme autrefois au pays de Zabulon et de Nephtali, et sur le chemin de la mer au delà du Jourdain et de la Galilée pour ceux qui vivent dans le pays de l’obscurité,une lumière se met à briller (Esaïe 9.1), maintenant au pays des Moroni (Calais) au bout du monde battu par le fracas de l'océan avec ses vagues sauvages, les gens de ces races lointaines, demeurant dans ces endroits cachés par le chemin sablonneux de la mer au delà du Jourdain, avant que la nature ne devienne grasse (Ps 64.13), se réjouissent maintenant sous la lumière du Seigneur qui s'est élevée maintenant à travers la sainteté de ta personne. Maintenant que Christ est entré en eux, ils ont abandonné la dureté de leur coeur.

Là où des étrangers barbares et des brigands autochtones demeuraient dans ces zones désertiques et aventureuses de forêts et de plages, maintenant des villes, des bourgades, et des bois avec des églises et monastères remplis de gens et de paix harmonieuse, sont pleins de choeurs angéliques et révérés d'hommes saints. il faut l'admettre : cela se réalise à trvaers les peuples de la Gaule et dans le monde entier à travers Christ qui parcourt le globe Car ceux qui sont dignes d’elle, elle-même va partout les chercher et sur les sentiers (Sagesse 6.16) se répandant, à travers les âges, dans les âmes saintes (Sg 7.27) elle se montre joyeusement à eux sur les chemins, et elle va au-devant d'eux avec une admirable providence (Sg 6 17) pour ceux qui L'aiment. Et sur ce détroit lointain des rivages des Nerviens, sur laquelle la foi en la vérité n'avait soufflé que d'une faible respiration, laissant à ta charge d'être son vaisseau d'élection, toi et nul autre, elle a brillé pour la première fois avec plus d'éclat en toi, puis est devenue plus chaude avec plus d'ardeur incandescente, s'est rapprochée, et a choisi quelqu'un en qui elle pouvait rendre là son nom sacré, de sorte que par son nom son bruit a pu aller plus loin sur toute la terre, même là où le soleil se couche.

5. Brièvement il m'a été dit que Rouen, qui était à peine connue, même des districts alentour, est maintenant mentionnée avec respect même dans les provinces éloignées. Elle mérite la louange de Dieu et compte parmi les cités les plus notoires pour ses lieux consacrés.

Et à juste titre, car ta sainteté méritoire a donné à Rouen l'entière apparence de Jérusalem, comme elle en a la réputation en Orient, y compris avec la présence des apôtres, qui comparent ta ville, qu'ils ignoraient auparavant, à leur propre demeure, à la fois pour l'amour de l'Esprit saint qui s'y trouve et pour les résultats qu'y a obtenus l'oeuvre de Dieu. Et ils ont trouvé auprès de toi l'hébergement le plus adapté pour eux-mêmes. Clairement ces amis de Dieu, les chefs du vrai peuple d'Israel (c'est à dire, le peuple qui s'approche de Lui, Ps134.7) se délectent à s'attarder en ta ville et t'aider dans ton oeuvre. A Rouen, en compagnie des saints anges, ils sont charmés par la louange incessante, jour et nuit, de Christ notre Seigneur. A Rouen, à travers les coeurs les plus aimants des serviteurs de la foi, ils se voient assigner un repos de bienvenue et sont logés amicalement par des hôtes d'aimables vertus. A Rouen ils prennent plaisir avec les coeurs les plus chastes et les voix de tes brebis dans l'harmonie quotidienne de ceux qui chantent avec sagesse (Ps 46.8) dans des églises bondées et des monastères anciens. Maintenant des virginités non violées les logent dans les temples de corps saints, de sorte que cela puisse en faire des hôtes prêts à donner à Christ du repos dans leur coeur chaste. L'inattaquable chasteté des veuves esclaves jour et nuit de tâches saintes et de services obligatoires les remplissent d'un plaisir égal. De même que la conduite des couples mariés sujets de Dieu qui vivent secrètement comme frères et soeurs ; avec des prières continuelles de tels couples invitent Christ, qui est comblé de joie par leurs actions, à visiter ce qui n'est plus maintenant un lit conjugal mais une couche de fraternité. En retour ils s'unissent à Lui et aux Saints ; unis dans un amour chaste avec les esprits de ces visiteurs célestes, ils jouissent du rapport de la chasteté. Car maintenant ils sont nouvellement façonnés par des entrailles de miséricorde (colossiens 3 12) et trouvent leur repos parmi les fils de l'amour filial et de la droiture. Parmi tous les fils que tu instruits, ils te montrent leur affection pour toi, et aiment Christ en toi. Ainsi dans ta ville par dessus tout ils réalisent les vertus de Dieu, qui est la puissance de Christ, et donc ils te portent témoignage du fait que tu es leur partenaire.

6. Grâce et gloire soient en Lui qui n'abandonne pas l'oeuvre de Ses mains, et qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tim 2:4). Se hâtant à travers le monde entier avec les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles (Ésaïe 52:7). Il a voulu faire de toi aussi un pied splendide pour porter Son monde, si bien qu'en toi Il puisse se réjouir comme un géant qui parcourt le chemin (Ps 18.6). Il a daigné pour chaussure à vos pieds le zèle que donne l'Evangile de Sa paix (Ephesiens 6: 15), de sorte qu'à travers toi aussi il pourrait marcher sur la vipère et le scorpion, et tu écraser le lion et le Dragon (Ps 90:13). Et pour qu'une lanterne aussi glorieuse ne reste pas cachée sous un boisseau de silence en t'élevant à un siège apostolique Il t'a placé pour ainsi dire, sur un chandelier élevé, pour que tu puisses briller à travers toute la maison pour l'illumination de beaucoup.

7. Mais par quels sentiers t'a-t-Il conduit au chemin de Sa vérité ? Il t'a instruit en premier à l'école des devoirs de la chair pour te mener aux tâches spirituelles de Sa vertu. Il t'a d'abord désigné comme soldat, duquel Il a ensuite fait son évêque. Il t'a autorisé à combattre pour César pour que tu puisses apprendre à te battre pour Dieu, afin qu'en exerçant la vigueur de ton corps au travail de l'armée, tu puisses te fortifier toi-même pour des batailles spirituelles, renforçant ton esprit à confesser sa foi et durcissant ton corps pour la souffrance.

Ton abandon subséquent du service militaire et ton entrée dans la foi montrèrent que la divine providence t'a attaché à un important dessein. Dès que tu fus enflammé par amour pour le Christ, le Seigneur Lui-même déploya Son activité. Tu marchas sur le terrain de parade le jour fixé fixé pour le rassemblement militaire. Tu fus vêtu de toutes les décorations de l'armure de guerre que tu avais alors mentalement rejetée. Tous admiraient ta très scrupuleuse apparence et ton équipement, quand soudain l'armée eut les yeux écarquillés de surprise. Tu changeas de direction, modifias ton serment d'allégeance militaire, et aux pieds de l'officier de commandement impie, tu jetas les armes du sang pour prendre les armes de la paix. Maintenant que tu es armé du Christ, tu méprises les armes d'acier.

Immédiatement, le commandant fut rendu furieux par le venin du serpent ancien (Apoc 12 9). Tes bras ont été étendus pour que tu subisses le fouet et fusses battu de grosses verges ; mais tu ne fus pas conquis car tu étais couché sur le bois de la croix. Tes souffrances physiques redoublèrent. Tes membres, lacérés de grands coups, étaient étirés sur des fragments acérés de faïence. Mais Christ te donna un support plus doux, car Sa poitrine fut ton lit et sa main droite ton oreiller. Et donc, avant que tes blessures fussent guéries, tu avanças avec impatience et avec plus de courage face à un plus grand ennemi, car tu fus restauré par le courage qui était rallumé plutôt que brisé par la douleur de tes blessures.

Le commandement général t’a mis la main dessus, mais ton triomphe sur cet ennemi plus puissant fut encore plus glorieux. Les clients du diable n’osèrent pas en rajouter sur les tortures que tu avais dépassées, mais ils discutèrent de t’infliger la peine de mort pour que leur défaite prît fin avec la terminaison de la vie de ton corps.

Mais notre Seigneur qui est vraiment fort et puissant, et invaincu dans les combats (Ps 23 8) brisa les cœurs, même les obstinés, avec des miracles notables. Car dans ce voyage où tu suivis ton assassin comme une victime sacrée, le bourreau, avec des moqueries menaçantes posa une main téméraire sur ton cou, palpant d’une main qui cherchait à trouver le point où le coup de son épée frapperait. Mais à ce moment précis ses yeux lui furent arrachés, et il fut frappé de cécité. Comme l’indescriptible bonté de l’amour de Christ profère aux siens ! Celui qui demanda pardon pour ceux qui Le crucifièrent ne laissa pas l’offense à Son confesseur rester impunie ; Celui qui refusa que sa Passion fût vengée, récompensa d’un coup l’insulte à Son témoin. Cette colère par elle-même est la marque d’un amour paternel, car un fut aveuglé pour que beaucoup reçussent de la lumière, et peut être pour que celui qui avait reçu une perte de vue pût obtenir une vision mentale.

Finalement, survint juste après un signe encore plus grand. Ceux qui remplissaient le sinistre devoir de garder les condamnés avaient rejeté ta demande d’avoir la légère bonté d’alléger tes liens qui étaient noués si serrés qu’ils te mordaient les os. Mais quand devant leurs yeux tu adressas tes prières au Christ qui est Dieu, ils virent tes liens tomber de tes mains libres sans la moindre intervention humaine. Ils n’osèrent point les lier à nouveau, et ils se précipitèrent apeurés auprès de leur général, proclamant la vérité de Dieu comme s’ils étaient eux-mêmes confesseurs. Celui-ci les écouta attentivement, et, croyant leur récit, il le rapporta à l’Empereur avec le témoignage des soldats. Son acte alors montra que le soudain retournement de la colère en pitié devait compter parmi les miracles de Dieu. Bien qu’il eût fait vœu de persécuter Christ en ta personne il choisit au lieu de cela de Le louer en toi. Je crois que le Seigneur l’avait enfin rempli du Saint Esprit, comme il avait rempli Saül, car il t’aima comme celui-ci aima David. La grâce du Seigneur fut répandue sur lui, débordant de l’abondance de ta foi, tout comme le roi Saül fut affecté après qu’il eût prévu de persécuter les prophètes. L’officier était venu punir le confesseur, mais avait battu en retraite, confessant lui-même la vérité du Christ. Car il crut. Ceux qu’il avait auparavant sauvagement condamnés, il les loua comme des hommes saints et les libéra. Lui qui était désireux de punir témoigne de la foi, lui-même porta témoignage de la vérité (peut être en 355 ou juste avant).

8. Pourquoi, alors, devrais-je m’émerveiller de ce que tu sois si puissant dans tes accomplissements mystérieux, si riche dans tes grâces, quand tes débuts dans les vertus chrétiennes égalèrent ce que bien peu atteignent au terme de longs labeurs ? Devrais je douter de ta perfection maintenant, alors que tu fus parfait au commencement ? Oh! si j'avais les ailes de la colombe (Ps 55:6) je m’envolerais jusqu’à toi et me reposerais à la vue de ta sainte personne, émerveillé et révérant le Christ notre Seigneur dans ton visage. Je baignerais avec mes larmes et essuierais avec mes cheveux tes pieds qui sont les Siens ; je lècherais ce qu’on peut appeler les traces de la Passion du Seigneur dans tes cicatrices. Car plus douces sont les blessures d'un ami que les baisers d'un ennemi (Psrov 27.6). Malheur à moi! Misérable pêcheur dont les lèvres sont impures,(Esaïe 6.5) car la bénédiction était à ma portée et je ne l’ai point saisie.

9. Car tu te souviendras avec grâce, je crois, que j’ai regardé ta sainte présence une fois à Vienne, quand j’étais reçu par mon père béni Martin, à qui notre Seigneur t’a rendu égal quoiqu’à un âge différent. Bien que ma connaissance de toi provenant de Martin fût petite quand nous nous rencontrâmes, je révérai ta sainte personne avec tout le sentiment que je pus rassemblai. Je te recommandai éternellement moi-même et mes êtres chers, qui n’étaient pas là mais te fixaient à travers mes yeux, car Christ nous a rassemblés dans un seul corps. Maintenant je me réjouis de pouvoir au moins me vanter d’avoir vu ton visage dans la chair. Mais je me lamente sur ma désinvolture infortunée, car par ignorance j’ai manqué l’occasion d’une si grande bénédiction. A ce moment-là j’étais enveloppé non seulement dans les péchés, mais aussi dans les préoccupations du monde, desquelles la bonté de Dieu m’a maintenant libéré : si bien que dans mon ignorance je te vis seulement comme un évêque que tu étais en surface, et je n’avais pas le savoir pour te reconnaître dans ta plus splendide capacité en tant que martyr vivant.

10. Je te prie de te souvenir de moi ce jour où tu seras accompagné par ton innombrable cortège de bonnes œuvres réalisées, paré des honneurs des bénis, et couronné des décorations de la gloire, quand les anges se hâteront de te rencontrer portant les couronnes fleuries neigeuses des évêques consacrés et les robes pourpres éclatantes des confesseurs, quand Celui qui est le plus haut affineur de Son or et de Son argent t’accueillera comme de l’argent passé au creuset (Ps 66.10) et l’or essayé dans la fournaise (Sagesse 3.6) de ce monde. Le Roi éternel t’attachera comme une perle à Son diadème. Le Juge juste reconnaîtra qu’Il te doit une récompense pour plus que tes propres vertus quand Il verra l’innombrable foule d’hommes et femmes sanctifiés autour de toi. Car par tes enseignements quotidiens tu leur donne naissance pour Lui. Tu es l’exemple des parfaites vertu et foi devant tous. Notre frère Paschasius le révèle. Dans ses gracieuses et aimables manières, j’ai vu les contours, pour ansi dire, de tes vertus et de tes grâces, comme un reflet dans un miroir.

Tu es, en effet, le père béni de beaucoup de fils bénis, le semeur d’une grande récolte. Par la fécondité de ton sol, tu donnes du fruit pour Dieu avec un rendement de cent, soixante, ou trente pour un (Mat. 13.8), et tu obtiendras en retour une égale mesure des fruits variés de ta progéniture. Le Très Haut t’a nommé parmi les plus grands de Son royaume. Il a permis à tes mots d’égaler ses faits, de sorte que ton enseignement est une partie de ta vie, et ta vie une partie de ton enseignement. Et de là aucun disciple parmi les tiens ne tire excuse du fait que tes commandements n’est difficile à accomplir, car il est le premier lié par l’exemple de ta vertu. "

 

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Pourquoi les contradictions autour de Jean 1:5 ?

4 Décembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

J'adresse la question aux savants lecteurs de ce blog. La reine d'Angleterre dans son message de Noël de l'an dernier a lu cette citation de l'Evangile de Jean : "The light shines in the darkness and the darkness has not overcome it". Un défenseur du château de Versailles y a vu un lapsus linguae (video minute 24'50 ) mais la citation de la reine est bien conforme au texte de la bible anglaise. Il se dit aussi de la même manière dans la bible espagnole (version Valera de 1960) : "La luz en las tinieblas resplandece, y las tinieblas no prevalecieron contra ella". Mais c'est nous français qui depuis des siècles disons le contraire puisque nous disons : "La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue." Recevoir étant le contraire de "dépasser" ou "vaincre"... Pourquoi ?

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Encore un mot sur Hermas

24 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums, #Histoire des idées

Un précision à la suite de notre précédent article sur Hermas. En 1900, Daniel Voelter (1855-1942), professeur de théologie à Amsterdam, publiait à Berlin une brochure de 54 pages expliquant que les visions I et II du Pasteur, selon lui, étaient des visions de la sibylle de Cumes et non de l'Eglise. Il s'agissait seulement de révélations sibyllines à un particulier, écrites pour cela en prose, qui n'ont été christianisées que tardivement. Et Hermas serait un prosélyte juif, d'où le fait qu'il cite dans sa IIe vision un Clément, Clément de Rome dont la tradition a fait un pape, qu'un fragment des Homélies clémentines (IV, 7-IV, 26) présente comme un converti au judaïsme et non au christianisme (revue L'Université catholique 15 janvier 1901 p. 303).  Mais dans un rapport annuel à l'Ecole pratique des hautes études évoqué dans la revue archéologique de 1902 (p. 140), Jean Réville (1854-1908), lui aussi théologien protestant, démentait l'idée qu'il pût s'agir d'une adaptation d'un original juif.

Aimé Puech (1860-1940) dans son Histoire de la littérature grecque va dans le même sens et conteste qu'Hermas fût juif d'origine. Il estime (tome II 1928 eds les Belles lettres p. 92) que le nom d'Hermas est grec "et le rattache même à cette Arcadie où il a placé la scène de la neuvième Similitude". Pour lui Hermas pourrait venir de là, et il note que sa maîtresse à Rome a un nom grec. Il note que la liste des vertus d'Hermas fait songer au tableaux de Cébès, qu'elles ont des noms grecs (Synesis, Aletheia, Homonoia) En suivant Richard August Reitzenstein, Puech suppose, à cause de similitudes sur sa liste des vices, qu'Hermas a pu connaître une rédaction primitive du livre hermétique intitulé Poimandrès, mais estime que l'influence hermétique porte sur le style mais non sur le fond. Il trouve ce style populaire, simple, avec quelques incorrections, mais parfois élégants et ne traduisant pas une origine étrangère (par exemple sémitique). Il souligne que son texte ne porte à ucune référence à Jésus, et que sa référence aux anges l'a fait traiter d'idiot par St Jérôme.

Jusqu'au concile de Rome de 497 sous le pape Gélase on n'a pas su si Le Pasteur avait sa place dans le canon des Ecritures. Irénée de Lyon (Contra hoereses,1,IV,c,xx), Clément d'Alexandrie, Origène (comme le faisait déjà remarquer Leibniz dans ses Opera theologica p. 632) et Cassien ont traité le Pasteur sur le même plan que les saintes écritures et lui trouvaient une inspiration divine.

 

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La faute sexuelle d'Hermas et la sibylle de Cumes

23 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Pythagore-Isis, #Histoire secrète, #Anthropologie du corps, #Histoire des idées

Les universitaires athées devraient être plus prudents qu'ils ne le sont, je crois, quand ils abordent des textes antiques, lesquels puisent souvent leur inspiration à des sources métaphysiques obscures.

Il faut être très modeste. Personne ne connaît ces sources. L'abord "psychologique" ne signifie rien, car la "psyché" est une idole de nos contemporains plus obscure encore que les mystères religieux.

J'en veux pour preuve le début d'un texte connu chez les historiens du christianisme, "Le Pasteur" d'Hermas, recueil de visions qui date de 120 (c'est à dire du règne de l'empereur Hadrien). Hermas est un père de famille, affranchi d'une dame chrétienne appelée Rhodè.

Peter Brown, auteur estimé dans les milieux académiques, réduit l'inspiration prophétique à des "marqueurs identitaires" desquels l'abstinence sexuelle ferait partie (Le renoncement à la Chair, 1995, p. 98) et fait un phénoménologie "neutralisante" (plus que neutre) des visions, en notant par exemple que "des vierges y apparaissent comme des prophétesses" (il se réfère à Eusèbe de Césarée). L'historien présente Hermas, auteur qui allait inspirer l'empire romain jusqu'en Egypte, comme "le seul prophète chrétien dont la vie visionnaire nous soit connue".

Il retrace le passage connu de son livre "Le Pasteur" que j'avais lu en 1995 dans lequel il confesse que, ayant aidé sa maîtresse Rhodè à sortir du Tibre où elle se baignait ("entièrement nue" précise Peter Brown, mais ce n'est pas écrit dans le livre), il avait songé qu'il serait heureux d'avoir "une femme de cette beauté et de cette élégance". Pour Brown, le problème pour Hermas était de se "laver" de cette faute afin de développer sa vocation prophétique et devenir "transparent" pour le Saint Esprit. Hermas, dit-il, enseigne la nepiotes, la simplicité enfantine, pour combattre le désir. Pour lui, il s'agissait de rassembler les "puissances virginales de l'âme" dans les "prairies vertes d'une Arcadie chrétienne", "à l'ombre des jeunes filles en fleur" dit même Brown, qui oppose ce côté "candide" du "Pasteur" d'Hermas à la dureté de la répression sexuelle en milieu chrétien après la multiplication des persécutions par le pouvoir romain païen.

Voilà pour la lecture mi-littéraire mi-anthropologique que Brown fait d'Hermas. Je ne suis pas du tout sûr que sa thèse sur un Hermas "candide" opposé au christianisme dur qui l'a suivi à cause des martyrs tienne la route (car des martyrs il y en a eu depuis la mort de Jésus), et je suis en tout cas à peu près certain que, comme toute la machine institutionnelle des facs de lettres en France, ce dispositif de lecture d'Hermas est surtout fait pour éviter de se poser les bonnes questions (je ne dis même pas espérer d'avoir les réponses) qui nous permettraient éventuellement d'aller au coeur de cette bizarrerie qu'est le livre "Le Pasteur".

La recherche intellectuelle et spirituelle passe par l'étonnement (thaumazein) nous a enseigné Aristote. Brown et ses commentateurs sont là pour le stériliser. Etonnons nous donc, et commençons par nous étonner des petites choses.

Moi, quand je lis Le Pasteur, 20 ans après avoir découvert le commentaire qu'en faisait Brown, des tas de détails m'interpellent, à la fois dans le texte lui-même et dans le commentaire que fournissait en 1990 pour les éditions du Cerf un certain Dominique Bertrand, "ancien directeur des sources chrétiennes" - avec lequel je suis tout autant en désaccord qu'avec Brown.

Tout d'abord je note que Bertrand pose comme un élément du consensus universitaire que le ton autobiographique du livre relève de l'artifice. Hermas ne serait pas un affranchi de Rhodè, il ne l'a pas vue se baigner dans le Tibre. Ah bon ? Mais Brown lui ne relève pas de ce consensus. Je sais bien qu'à l'époque on appréciait les romans comme celui de Leucippé et Clitophon dont on a déjà parlé sur ce blog, mais je ne vois pas pourquoi un auteur qui entreprend de décrire une vision dans laquelle sa maîtresse Rhodè lui apparaît aurait inventé de toute pièce l'identité de cette femme. Ce ne serait pas conforme à la notion même de vision prophétique... Je comprends que des éditions catholiques en 1990 (ce ne serait peut-être plus le cas aujourd'hui) préfèrent penser qu'Hermas a imaginé la fiction d'une femme se baignant dans le Tibre, mais à ce compte là, ils peuvent aussi classer tous les Actes des Apôtres et tous les Evangiles au registre de la fiction. Faire de la fiction sur des visions religieuses n'a pas de sens.

Bertand (p. 335) nous dit que ce qui était intéressant c'est que cette Rhodè était une dame romaine et il juge que la mention de Rome "n'est pas fictive" (allez savoir pourquoi). Moins polarisé par la papauté que lui, je ne suis pas pour ma part intéressé par la capitale de l'empire. Ce qui m'intéresse le plus, d'un point de vue à la fois spirituel et intellectuel, c'est que la première vision qu'Hermas va décrire, il l'a sur le chemin de Cumes (ville grecque de Campanie). Je dirai un peu plus loin pourquoi c'est essentiel.

Sur ce chemin, tout en marchant, Hermas s'endort (ce que Bertrand juge "invraisemblable", ce commentateur, bien que chrétien, étant devenu si sceptique qu'il ne croit pas au somnambulisme inspiré). "L'esprit me saisit, dit Hermas, et m'emmena par une route non frayée, où l'homme ne pouvait marcher". Voilà un second détail fondamental. Tous les gens qui ont travaillé sur les médiums savent ce que ce passage évoque. L'auteur emploie le mot "esprit", pas Saint Esprit, et ce transport sur une route où l'homme ne peut marcher fait penser rigoureusement à un thème bien connu de l'occultisme : le voyage astral (qui n'est pas forcément nocturne mais est effectivement associé au sommeil)...

Avant de se demander pourquoi Hermas prône la continence sexuelle et quelle "stratégie" éventuelle cela peut servir comme le fait Brown, il faut savoir s'ouvrir à l'altérité antique : dans ce monde là, le voyage astral, l'interprétation initiatique des rêves, le dialogue avec les esprits etc étaient monnaie courante. On ne peut pas comprendre son rapport à sa maîtresse Rhodè sans cela, tout comme d'ailleurs on ne peut comprendre l'acte sexuel de Lucius avec son esclave thrace, qui va le transformer en âne, dans l'Ane d'Or d'Apulée sans connaître son rapport aux démons (qui lui valut de subir, dans sa vraie vie un procès en sorcellerie) et au culte sotériologique d'Isis.

Prenons donc le récit à la lettre : Hermas est sur la route de Cumes, et, en marchant, il vit un "voyage astral". L'endroit est escarpé, "déchiqueté par les eaux" nous dit le texte (les médiums connaissent le rapport du milieu aquatique aux démons). Il traverse le fleuve (ça aussi c'est initiatique), il arrive dans une plaine au sec (donc à distance des démons), là il s'agenouille et prie Dieu, et là il confesse ses péchés parmi lesquels, vu ce qu'il vient de raconter sur l'épisode du Tibre (notez au passage que cet épisode aussi était marqué par l'eau), la contemplation de la nudité partielle ou totale de sa maîtresse figure probablement.

Alors Rhodè surgit dans sa vision et lui dit qu'elle a été transportée au ciel pour dénoncer son péché et que Dieu, dans la perspective de la construction de l'église, est en colère lui. Il se défend en précisant qu'il a toujours considéré Rhodè comme une déesse (puisqu'elle était  "propriétaire" de sa personne) et comme une soeur (puisqu'ils n'ont jamais eu de rapports sexuels). Mais elle l'accuse d'avoir au moins eu un désir dans son coeur quand il l'a sortie du Tibre.

La première vision se termine. Hermas culpabilisant, désespéré, se demande comment réparer sa faute. Alors lui apparaît une vieille dame en habits resplendissants sur un siège garni de laine, blanc comme neige. Cette seconde vision est la réponse à sa question. La dame confirme sa faute, mais souligne que Dieu est irrité parce que ses enfants se sont mal conduits à l'égard du Seigneur et de leurs parents (p. 339 - des commentateurs parlent d'apostasie et de dénonciation aux autorités impériales). Elle l'encourage à raffermir sa maison, puis elle lit un texte dont Hermas ne retient que la fin qui porte sur la louange de Dieu. Quatre jeunes gens enlèvent le siège et s'en vont vers l'Orient. Elle touche la poitrine d'Hermas, lui demande ses impressions, puis deux hommes amènent la vieille vers l'Orient en la prenant par les bras. D'un air joyeux elle lui dit "sois un homme" (comme l'ange dans le martyre de Polycarpe).

L'année suivante Hermas reprend le même chemin. Et là, juste au même endroit, second voyage astral : "un esprit m'enlève" (pas l'Esprit saint...). A nouveau il voit la même femme âgée, debout cette fois, lisant un livre. Il recopie son texte sans le comprendre, puis, au bout de 15 jours de jeûne et de prières (comme Daniel), le texte révèle son sens et ses préceptes : l'abstention sexuelle avec sa femme et l'enseignement de la maîtrise de soi et la fidélité à Dieu aux autres chrétiens par la pénitence (la metanoia).

Voilà pour la troisième vision de Cumes. Hermas ne s'est jamais demandé qui était la vieille dame. En ce sens on est loin du temps où quelques siècles plus tard on jettera de l'eau bénite sur les apparitions pour être sûr qu'elles ne viennent pas du diable. Une quatrième vision vient, on ne sait plus où ni quand, probablement plus sur la route de Cumes, où un beau jeune homme lui demande s'il sait qui était cette vieille femme qui lui a communiqué ce livre. Hermas dit qu'il pense que c'était la Sibylle et le jeune homme répond qu'il fait erreur, que c'était l'Eglise.

La réponse d'Hermas était naïve. On peut penser qu'elle trahit un restant de paganisme comme le fait qu'il dise qu'il considérait sa maîtresse comme une déesse. D. Bertrand rappelle que les Juifs attribuaient déjà à la Sibylle d'avoir prophétisé sur le Messie et que le cantique Dies irae dit "David et la Sibylle l'ont annoncé". Mais à mon avis la question est bien plus compliquée que cela.

Je pense qu'il faut d'abord repasser par Virgile. Les pères de l'Eglise ont dit de lui qu'il avait entrevu la naissance de Jésus. Ce qui est certain c'est que son Enéide contient des vers très beaux sur la Sibylle. La Sibylle est à Cumes (d'où l'importance que les deux voyages astraux d'Hermas se passent sur le chemin de Cumes). Cumes est un oracle d'Apollon, comme Delphes. L'Enéide est une ode à César-Auguste qui, rappelons le, a introduit le culte grec d'Apollon à Rome, se disant lui même fils d'Apollon par un python (ou un serpent de cette famille) qui a fécondé sa mère. Tout cela se tient.

Hermas a pris la vieille femme pour une pythonisse, et il est logique qu'il ait pensé à la Sibylle à cause de Cumes et aussi parce qu'elle lisait un livre comme les livres sibyllins, et donc sa voyance passe par la graphomancie... Qu'une prêtresse d'Apollon l'incite à la chasteté ne l'a pas plus surpris que cela, ni nous non plus quand on pense que les prêtres d'Isis eux aussi étaient privés de tout droit au rapport sexuel. Le rapport  à l'au-delà et à la prophétie suppose l'abstinence dans l'Empire romain quelle que soit la religion en cause (il n'y a pas d'école tantrique, et, peut-être existe-t-il des voies isiaques ou crypto-isiaques - pensons à Astarté - ou chamaniques orgiaques, mais ça ne correspond pas aux voies religieuses prisées par les lettrés qui sont quasiment les seuls porteurs de témoignages des cultes de cette époque auxquels nous ayons accès).

Je pense que tout ce début du récit le marque d'une coloration apollinienne très forte, et donc, pourrait-on dire d'un point de vue chrétien, d'une tonalité démoniaque. On sait que dans la Cité de Dieu quand Augustin (qui d'ailleurs dialogue aussi avec Apulée) raconte que Porphyre rapportait le témoignage d'une païenne dont le mari était chrétien qui avait interrogé la Pythie à propos de Jésus laquelle lui avait répondu que le Dieu des Juifs valait mieux que lui, ce qui donnait argument à Augustin pour voir dans l' "Apollon" de Delphes un démon. Je crois qu'on est ici exactement dans la même atmosphère, en fait plus démoniaque et païenne que chrétienne, de sorte que la comparaison entre les "stratégies" littéraires d'Hermas et celles de ses successeurs autour de la sexualité n'a pas beaucoup de sens. D'ailleurs il n'est pas non plus complètement exclu que les successeurs, même s'ils sont moins marqués par l' "Arcadie" (qui est aussi potentiellement un univers démoniaque, voir l'imaginaire de Rennes-le-Château "et in Arcadia ego") ou par les vierges bucoliques, soient eux aussi potentiellement démoniaques, surtout s'il y a un culte des reliques autour des martyrs. Simplement dans une autre veine... (Et on laissera de côté la question de savoir si les voies démoniaques sont malgré tout, in fine, des voies d'accès à Dieu...)

Restons en là de nos réflexions sur Hermas pour l'instant. Il n'est pas exclu que nous soyons amenés à revenir sur ce sujet dans quelque temps...

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La religion des Yézidis

11 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums, #Histoire des idées, #Histoire secrète

La religion Yazidi (yézidie, on adoptera les deux orthographes) professe la croyance en un dieu singulier «suprême» [semblable au dieu biblique] qui se manifeste sous la forme de «Sept Grands Anges", dont le chef est un paon nommé Tawsi Melek. Le paon roi Tawsi Melek est descendu sur terre pour donner vie à l'Adam biblique dans le jardin d'Eden. Par la suite, Eve a été créé. Les Yézidis croient que Adam a réussi à produire une descendance spontanément sans Eve. Adam avait un fils par génération spontanée nommée Shehid bin Jer qui est devenu l'ancêtre de la race Yazidi. Tous les autres peuples sont soupçonnés d'être les descendants de l'accouplement d'Adam et Eve, tandis que les Yézidis sont les descendants d'Adam seul. Selon la légende, l'ange-paon Tawsi Melek (qui est un mélange de Jésus et de Lucifer) a transmis ses connaissances au fils d'Adam Shehid bin Jer qui est devenu le fondement de la religion Yazidi de sa progéniture.


Les Yézidis croient que le jardin biblique de l' Eden était un âge d' or de la sagesse et de la prospérité. Selon eux, le déclin moral a commencé il y a 6000 ans quand le dieu Yazidi a envoyé un déluge pour nettoyer la terre. Ce point est presque identique à l'inondation de l' histoire de Noé dans la Bible. Après le déluge, les Yazidis ont été dispersés en Inde, en Afghanistan et en Afrique du Nord. Il y a 4000 ans, selon la légende, les Yazidis ont commencé à revenir dans le Nord de l' Irak. Dans le XI ème siècle, la culture Yazidi a été réformée par un sage soufi nommé Cheikh Adi. Le cheik Adi a également mis en forme le système moderne des castes yézidies.

Ce système est strictement héréditaire (à la différence des Hindous) et certains disent qu'il a été emprunté à l'Inde. Il existe trois principales castes des Yézidis. Les Cheiks sont la plus haute caste, c'est un mot arabe qui signifie «chef ». Les cheiks sont en outre divisés en sous-castes: Faqirs, Qewels et Kochecks (on mentionne aussi les noms de Samsani, Adani et Qatani défenseurs de la foi). Les Faqirs ou Fakirs (un mot pour soufi) sont les plus élevés des cheiks, ce sont prêtres qui sont souvent pris en charge par les autres castes à travers un système de dîme. Les Qewels sont des bardes ou chanteurs qui assistent à des cérémonies. Kochecks (au féminin Fagras) sont les voyants et médiums qui servent dans les lieux saints de Lalish (dans la province de Dohuk, tout au nord de l'Irak), ils peuvent venir de toute caste. La deuxième plus haute caste sont les Pir, un groupe héréditaire qui prétend descendre d'un saint homme nommé Peer Alae. Les Pir sont soupçonnés d'avoir des pouvoirs mystiques. Les Pir sont présents à toutes les cérémonies de mariage, d'enterrement et de naissance et aident les Sheik. Ils sont également des conseillers. Chaque Yazidi de chaque caste est tenu de prendre un Pir et un Sheik comme guide pour la vie. Enfin, il y a la caste Murid héréditaire qui sont les «roturiers» qui sont les «roturiers» ou les "disciples" .

Les Yézidis ont également deux positions officielles fondées sur la caste et l'hérédité. Le «Mir» est le prince des Yézidis. Il est le chef temporel et religieux du peuple Yazidi et parle en leur nom au niveau national et international. C'est aussi le chef de l'Etat théocratique Yazidi, il occupe une position héréditaire et les membres sont issus de familles Sheikh spécifiques appelées «familles Col». Après le Mir vient le Baba Cheikh, appelé le «pape» de Yazdinism. Baba signifie «père» et le Baba Cheikh est le chef spirituel de la communauté Yazidi, mais ce Cheikh est subordonné au Mir dans tous les domaines temporel et spirituel.

Les fêtes des Yézidis.


La nouvelle année Yazidi ressemble à Pâques. Elle est célébrée le mercredi et commémore le moment où Tawsi Melek est descendu sur terre pour apaiser un tremblement de terre et de répandre ses couleurs de paon. Ce jour-là, les Yézidis peignent des oeufs (tout comme certains chrétiens orthodoxes le jour de Pâques). Il y a aussi un banquet tenu dans les cimetières pour honorer les morts.  La Parade des Sanjaks est marquée par la procession du paon sacré à travers les villages (il est normalement logé dans la résidence du Mir). Le paon est dit avoir été amené de l' Inde par la diaspora yézidie.  Le jeûne du Sacrifice est de 40 jours de jeûne. Il est observé par les hommes saints de Lalish à la mi-Février. Il commémore le jour où l'Abraham biblique a tenté de sacrifier son fils Ismaël (c'est le nom musulman qui est retenu). La fête des sept jours fête a lieu au début Octobre et est un moment où Yazidi faire un pèlerinage à leur saint sanctuaire de Lalish. Durant cette fête un boeuf est chassé et lorsqu'il a été capturé, il est abattu et cuit. La viande est distribuée parmi les participants au sacrifice, ce que certains rapprochent de la fête juive de Korban. Le jeûne de trois jours du lever au coucher du soleil de Décembre ressemble à la fête islamique du Ramadan. Les Yézidis doivent prier 5 fois par jour (comme pour les musulmans). Les Yézidis ne doivent pas effectuer leurs prières en présence d'étrangers. Le samedi est considéré comme un jour de repos (comme le sabbat juif).

Les Yézidis croient en la réincarnation comme les hindous, mais ils ne sont pas incinérés comme eux. Ils disent qu'à leur mort, leur âme rencontre dans l'au-delà le soufi Sheik Adi qui les interroge sur leurs pratiques sexuelles passées. Les rapports sexuels avec des non-yézidis ou des personnes d'autres castes pourrait interdire à un Yézidi d'entrer dans le paradis. Certains Yazidi croient en enfer, d'autres croient que les flammes de l'enfer ont été éteintes par les larmes de Tawsi Melek. Les Yézidis croient qu'ils se réincarnent jusqu'à ce qu'ils atteignent un niveau de pureté qui leur permet de monter au ciel pour l'éternité. Les Yézidis impurs sont punis en se réincarnant dans le corps d'un non-Yazidi, ce qui est la pire punition possible.

Jésus joue un rôle important dans cette religion.


Ils considèrent les chrétiens comme leurs amis les plus proches. Les Yézidis ont hébergé chrétiens pendant le génocide arménien et des chrétiens ont aidé des Yézidis à fuir vers l' Europe et l' Amérique sous la dictature de Saddam Hussein en Irag. Jésus est reconnu comme un grand prophète de Tawsi Melek et son nom est invoqué dans les prières des Yazidis. Ils prétend que le charpentier yézidi nommé Yosef Nagar (comme Joseph dans l'Evangile) habitait à Jérusalem lorsque Jésus était un jeune garçon et a enseigné au futur «prophète» les pratiques et l' art de la guérison par les herbes. Les livres saints des Yézidis affirment que Tawsi Melek était un guide et qu'il aidait Jésus. Le dieu Yazidi est dit avoir envoyé Tawsi Melek pour déplacer la pierre qui bloquait la tombe de Jésus et qu'il était un ange protecteur qui est resté à proximité. Le réformateur Sheike Adi est réputé avoir été un sectateur de Jésus. Son maître sufi al-Hasan al-Barsi avait proclamé qu'il n'y a pas de messie "madhi" mais que Jésus était ce madhi.

Il existe aujourd'hui des tentatives d' "inculturation", c'est à dire d'introduction du catholicisme dans le yézidisme. Selon le site hindou Hindugeopolitics, le chrétien templier basé en Arizona Mark Pinkham (Mark "Amaru" Pinkham) essaie de fusionner catholicisme, yézidisme et hindouisme, dans le concept de hidzianité à  travers le dieu de la guerre hindou au paon Murugan, Melek Taus et Jésus. Il dirige un Ordre International des Templiers Gnostiques (International Order of Gnostic Templars ™ - IOGT) et son dernier livre “Guardians of the Holy Grail: The Knights Templar, John the Baptist and the Water of Life" tente de placer le Jardin d'Eden et la lignée des prophètes du «Saint Graal» tels que Jésus et Jean-Baptiste dans le prolongement de l'hindouisme du Sri Lanka. Ce gnosticisme est aussi très tourné vers la déesse mère comme le Da Vinci Code. La revue en ligne Covertwires en septembre 2014, juste après le génocide de Sinjar, a interviewé ce gourou de secte sur son livre de 2002 The Truth Behind the Christ Myth: The Redemption of the Peacock Angel. En 2007 sur Vancouver Coop radio il expliquait que les yézidis auraient fondé leur religion en Inde il y a 6 000 ans...Ce personnage est présenté comme le gourou d'une secte sexuelle crowleysienne dans le livre "Confession of an Illuminati" de Leo Lyon Zagami en 2015.

Mark Amaru Pinkham dirige aussi le site YazidiTruth.org . Déjà en 2007 il faisait campagne contre le "génocide" des yézidis en soutenant le témoignage du fakir Kawwal Khoudeida Hasan qui dirigeait une communauté d'une cinquantaine de familles yézidies dans le Nebraska.

 

La baronne Nicholson de Winterbourne, ambassadrice pour le commerce du gouvernement de Mme May, au sanctuaire de Lalish, novembre 2016

La baronne Nicholson de Winterbourne, ambassadrice pour le commerce du gouvernement de Mme May, au sanctuaire de Lalish, novembre 2016

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Psychiatrie et possession

10 Novembre 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme

On trouvera dans la vidéo ci-dessous un témoignage intéressant d'un fils de pasteur. Intéressant pour moi parce qu'il me rappelle des situations auxquelles j'ai été confrontées, quoiqu'à un niveau bien moindre, fort heureusement, que cette famille du pasteur Peterschmitt.

J'estime que le pasteur et la psychiatre se trompent quand ils déclarent que la maladie psychiatrique est différente de la possession. Ils affirment au vu de leur expérience de la délivrance que la maladie a sa logique propre. C'est vrai, mais cette logique a bien une origine métaphysique. Je l'ai observé dans le cadre de mon enquête auprès des médiums, et j'espère pouvoir évoquer cela prochainement dans un livre.

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