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Mon nouveau livre : Les Nephilim

Vient de paraître chez L'Harmattan
Christophe Colera : Les Nephilim, une lecture biblique de l'histoire des Géants
Parmi les thèmes surnaturels bibliques marginalisés par la théologie académique figure celui des Nephilim, êtres hybrides issus de l'union narrée par le Livre de la Genèse entre les mystérieux « Fils de Dieu » et les femmes humaines. Selon certaines traditions ce sont des Géants, et leurs pères étaient des Anges déchus. L'ufologie et les réseaux sociaux, dans les milieux chrétiens, notamment aux États-Unis, confèrent à cette thématique un regain d'intérêt dans une optique apocalyptique. Cet ouvrage présente les thèses actuelles de ces chrétiens, ainsi que la manière dont ils projettent cette croyance dans leur lecture du monde contemporain, et en cherchent des preuves dans des domaines comme la possession psychique, la voyance, ou les énigmes archéologiques.
Vous pouvez le commander chez l'Editeur, sur Amazon, ou chez un libraire.
Sainte Marie au Mont Carmel

La présence angélique de Marie (qui donne lieu à bien des spéculations New Age) est très prégnante dans la tradition mystique du Carmel dont j'avais déjà dit un mot il y a cinq ans lors d'une de mes passages à Lisieux. Comme l'a expliqué Kilian Healy (1912-2003), prieur général de l'Ordre des Carmes, dans "Elie, Prophète de Dieu" (Editions Parole et Silence, 2006), il faut partir du verset de la Bible dans 1 Rois 18:44 quand le prophète Elie sur le mont Carmel face aux prêtres de Baal fait tomber la pluie sur la terre sainte asséchée (et infestée par le paganisme) : " la septième fois, il dit: Voici un petit nuage qui s'élève de la mer, et qui est comme la paume de la main d'un homme. Elie dit: Monte, et dis à Achab: Attelle et descends, afin que la pluie ne t'arrête pas." "Dans le nuage, écrit le prieur général p. 130, suivant la tradition, Elie vit la figure de Marie immaculée, Mère du Dieu incarné". Un blason de l'ordre du carmel, le plus ancien connu, qui figure sur ses Constitutions de 1499, sur une vie de Saint Albert publiée la même année, et sur des missels des années ultérieures se présente comme un ovale soutenu par des anges et traversé par une ligne horizontale. Au dessous un triangle figurant le mont Carmel, au dessus la Vierge à l'enfant auréolée de 12 étoiles, le croissant sous ses pieds, avec la mention "luna sub pedibus eius". Deux bannières indiquent qu'Elie et Elisée, chefs du Carmel, conduisent à Marie "mater et decor Carmeli" (mère et splendeur du Carmel). Ce blason officiel allait être abandonné remplacé pendant la Contre-Réforme qui allait élider complètement l'image de Marie.
Jean-Baptiste Étienne Pascal (1789-1859). dans un ouvrage sur l'art chrétien, explique que le 16 juillet est la fête de Notre Dame du Carmel qui remit un scapulaire brun foncé à Simon Stock, général des Carmes le 16 juillet 1251. Un article de 1930 décrit une icône libanaise d'Harissa montrant une "Notre Dame du Mont-Carmel" "portant l'habit carmélitain" qui sort de la mer (ce qui évoque un peu Isis et Vénus) pour féconder la terre. Elle s'élève dans les airs pour féconder la Terre, un scapulaire à la main...
ND du Mont Carmel a joué un rôle important dans l'histoire de notre pays. En 1252, on vit saint Louis, gravir le mont en Palestine pour offrir à Marie le tribut de sa royale piété à la suite d'un voeu après avoir réchappé de peu à une tempête en mer. Il voulut,à son retour de France, emmener avec lui une colonie de religieux du Carmel pour l'établir dans son royaume. Il en revêtit le scapulaire. Cette montagne devint ainsi le berceau de ces couvents de Carmes qui se propagèrent au sein de l'Europe. La dernière apparition de Marie à Lourdes (la dix-huitième) fut un 16 juillet.
Voyez aussi RP Amédée de Damas (1821-1903), Voyage en Orient, 1883 p. 229 et suiv
Le bienheureux Simon, issu de l'illustre famille des barons de Stock, naquit au château d'Hestefort, dont son père était gouverneur, dans le comté de Kent, s'il faut en croire certains chroniqueurs; il fut, selon d'autres historiens, le fils d'un pauvre paysan de la Grande Bretaghe; mais, quelle que soit son origine, il se fit remarquer par les témoignages non équivoques d'une vertu précoce.
A peine âgé de douze ans, il se retira dans une vaste forêt où il n'eut pour logement que le tronc d'un vieux chêne dont la cavité lui offrit un asile. 11 y dressa un oratoire, l'orna d'un crucifix, d'une image de Marie, d'un psautier de David; et il y retraça, dans sa vie toutes les" austérités des anciens solitaires. L'eau du rocher était sa boisson, des herbes et des racines sa nourriture.
Il y avait vingt ans qu'il menait la vie d'un reclus, lorsque deux seigneurs anglais, revenant de la TerreSainte, amenèrent avec eux quelques Religieux du mont Carmel. Le bienheureux Simon fut extrêmement touché de la piété des nouveaux Religieux et de leur dévotion à la Reine du ciel, et il les pria de l'admettre dans leur société. Il fit sa profession vers l'année 1213. Ensuite il partit pour l'Orient, resta six ans dans la Palestine, et, ayant mérité d'être nommé supérieur général de son ordre, il revint en Occident pour l'y affermir et l'y développer d'avantage. Invité à passer en France, il s'embarqua pour Bordeaux où il mourut le 16 juillet 1265.
Or, il était au moment d'expirer lorsque la Reine du ciel lui apparut, environnée d'une multitude d'esprits célestes, tenant en main cet objet béni connu sous le nom de scapulaire du mont Carmel, et lui adressa ces paroles : « Reçois, mon fils, ce scapulaire de ton Ordre, comme le signe distinctif de ma confrérie et la marque d'un privilège glorieux. Celui qui mourra, pieusement revêtu de cet habit, sera préservé des flammes éternelles. C'est un signe de salut, une sauvegarde dans les périls, le gage d'une protection ppôciale, jusqu'à la fin des siècles ».
Pour mieux confirmer sa promesse, la sainte Vierge voulut bien ensuite apparaître au pape Jean XXII et lui en raconter les détails. Vingt-deux souverains Pontifes reconnurent successivement la vérité du fait et approuvèrent la dévotion par des jugements solennels.
Depuis lors, la Vierge du Carmel eut ses chevaliers comme le Saint-Sépulcre avait les siens. On porta l'habit de Notre-Dame,comme on avait porté la Croix rouge. La croisade de Marie se perpétua même au-delà de celle de la Palestine, et le dix-neuvième siècle compte parmi les chrétiens un grand nombre de chevaliers du Scapulaire.
Mais pourquoi demander au passé les marques de la prédilection de la sainte Vierge pour le Carmel ?
Aujourd'hui encore, elle se plaît à être honorée sur la sainte montagne; et la preuve en est dans ce couvent magnifique, dont les proportions grandioses attirent mes regards. Son existence est une sorte de miracle.
Voici le fait. Je le raconterai à la suite de Mgr Mislin. Il y a plus de quarante ans, en 1824, Abdallah-Pacha, le fameux gouverneur de Saint-Jean d'Acre, sous un prétexte menteur, renversa de fond en comble l'antique séjour des serviteurs de Marie. Avec leurs matériaux dispersés, il se construisit un palais, où il venait chercher la fraîcheur en été. Rome s'émut de ce désastre.
Le frère Jean-Baptiste de Frascati, carme déchaussé, fut envoyé en Orient par ses supérieurs pour étudier la situation. Il gravit la montagne, il s'assit sur la dernière pierre de son couvent renversé et demeura pensif. H pleura beaucoup et longtemps. Tout à coup, il se leva, réveillé comme par une illumination subite. Il courut à la sainte grotte d'Élie, où reposait la statue miraculeuse de la Vierge, se prosterna devant elle, lui adressa une ardente prière, et, se relevant, il prit la statue, l'emporta dans le pli de son scapulaire et revint-en Europe.-
On le vit aborder à Marseille. Il présenta à la France étonnée l'image de Notre-Dame du Mont-Carmel, et annonça le projet de promener partout cette divine solliciteuse, jusqu'à ce qu'elle eût obtenu la réédification de son couvent.
Ce fut pour l'Europe étonnée comme une apparition du moyen âge.
L'entreprise était gigantesque.
Il ne s'agissait de rien moins que de faire désavouer la conduite d'un pacha tout-puissant auprès du grand seigneur ; d'obtenir un acte de protection de la Porte, en faveur d'un monastère catholique ; de recueillir dans cette Europe qui détruit ses propres couvents, des sommes immenses afin d'en rebâtir un en Asie, de trouver un architecte, des ouvriers de toute espèce, des pierres de construction, des matériaux, du bois, de l'eau, sur une montagne où il n'y a rien
La statue de Notre-Dame du Mont-Carmel opéra ce miracle.
Sur les réclamations de la France, le sultan rétablit les carme: dans leurs anciens droits.
Le frère Jean-Baptiste se mit à parcourir l'Europe, portant avec lui son précieux trésor. Il ne sait que l'italien ; n'importe 1 avec cela, il ira à Paris, à Londres, à Vienne, à Berlin ; il sera accueilli dans les palais des souverains, chez les grands et chez les pauvres ; comblé de politesse et de présents.
Nos contemporains furent témoins de la merveille.
Pour le pauvre frère, les poètes faisaient des vers ; les premiers artistes, des tableaux ; les compositeurs, des morceaux inédits ; les romanciers, des réclames ; les grandes dames brodaient, organisaient des loteries et des concerts.
J'ai rencontré le frère Charles, compagnon et successeur du frère Jean-Baptiste, il m'a montré ses listes de souscriptions, et j'ai lu des noms bien étonnés de se trouver associés à l'oeuvre d'un religieux carme, comme celui de la reine d'Angleterre et du roi de Prusse; d'autres noms plus étonnés encore de leur rapprochement, M. de Rothschild et le primat de Hongrie, un cardinal et un curé de village, l'archevêque do Paris et Réchid-Pacba. Tous les pays, tous les rangs, toutes les religions viennent y rendre hommage à la Vierge du Carmel. Le roi de Prusse avait même ordonné qu'il fût accordé au frère Jean-Baptiste une place gratuite dans les diligences et sur les chemins de fer pour faciliter la quête dans ses États protestants
On prête différents miracles à Notre Dame du Carmel, y compris la victoire française de 1918 car l'offensive victorieuse fut conçue le 16 juillet 1918 après un dédicace du Maréchal Foch des armées au Sacré Coeur de Jésus.
L'apparition de la Vierge Marie à Lipa

Je lisais ce weekend divers documents sur l'apparition de la Vierge Marie à la carmélite Teresita Castillo (1927-2016) à Lipa aux Philippines en 1948. Il existe aussi un excellent documentaire en plusieurs parties à ce sujet ici ou là. Il est clair que, lorsqu'on se penche sur le détail des événements et des témoignages, on ne peut pas aboutir aux conclusions qu'en ont tirées les athées d'une part et le Vatican d'autre part. Pour autant, évidemment, le sujet des apparitions mariales, canoniques ou "diaboliques" est très complexe, comme tout ce qui touche au paranormal, et il est toujours téméraire de vouloir émettre un jugement : dans ce domaine comme dans d'autres, en rester au stade du questionnement peut s'avérer toujours plus fécond (tout en gardant à l'esprit tous les paramètres d'appréhension du phénomène, aussi bien les textes sacrés, que les différentes théories scientifiques ou spiritualo-scientifiques - physique quantique, théorie des champs morphogénétiques etc).
Je vous avais parlé il y a quelques années du Dr Ricardo Castañón Gomez, expert bolivien attaché au Vatican pour l'examen des hosties qui exsudent du sang. Il faudrait que, dans le même esprit que lui, des savants honnêtes (il n'y en a pas tant que cela), se penchent sur les pétales de rose qui sont tombés en pluie en 1948, au moment des apparitions, puis à nouveau dans les années 1990. Certains ont été examinés par une université américaine avec les moyens de l'époque, mais nous avons aujourd'hui des moyens d'observation et d'expérimentation bien plus sophistiqués. Or, si la hiérarchie catholique a fait confisquer et brûler de nombreux pétales (ces pétales tombés du ciel qui, dit-on, ne se rattachent à aucune espèce connue et sur lesquels étaient imprimées naturellement des scènes liturgiques), diverses personnes en ont conservé à travers le monde (par exemple la famille de la championne de golf Juliet Hughes, née en 1920). Il faudrait les faire analyser.
De même d'ailleurs qu'il faudrait examiner davantage les éléments liés aux expériences mystiques de la Syrienne Myrna Nazzour, ainsi que tous les phénomènes à travers le monde liés d'exsudation d'huile des reproduction de l'icône qu'elle a toujours chez elle (Notre Dame de Kazan).
L'Evangile selon Thomas

J'étais tombé la première fois sur un éloge de l'Evangile de Thomas (apocryphe) quand j'avais lu "Pourquoi je suis chrétienne" de Ghislaine de Montangon dont on a parlé ici. J'ai essayé de creuser un peu le sujet depuis lors, intrigué par trois aspects 1) une tradition syriaque fait de Thomas le jumeau de Jésus 2) certains affirment que cet évangile pourrait être plus proche du message originel de Jésus que les quatre synoptiques 3) le christianisme a manqué de peu de conquérir toute l'Asie avant l'apparition de l'Islam, et St Thomas serait à l'origine de ce mouvement.
J'ai donc parcouru les commentateurs non académiques de cet évangile : Emile Gillabert, Pierre Bourgeois, Yves Haas d'une part, et Pierre Mestdagh, d'autre part. Mais je ne suis pas convaincu. D'abord parce qu'il y a chez ses "disciples" beaucoup de parti pris. Ils tiennent absolument à voir dans ses énoncés une condamnation du messianisme, qui ne s'y trouve pas : l'évangile en question ignore certes l'eschatologie, et, comme celui de Jean, insiste sur la dimension intérieure du "Royaume", mais on ne peut en déduire une hostilité à l'eschatologie. En outre, ils plaquent beaucoup d'orientalisme (la condamnation de l'Ego, du "mental" etc) rendus populaires sous nos latitudes par le New Age, mais d'une façon purement gratuite, là où l'Evangile en question parle seulement de "retour à l'Un".
La partie la moins convaincante est d'ailleurs pour l'instant celle qui tient à en faire un évangile originel. Les auteurs se plaisent à nous expliquer (comme Wikipédia) qu'on l'a découvert à Nag Hammadi en décembre 1945 mais il eut été plus honnête de préciser que des extraits en étaient déjà connus eu XIXe siècle, et surtout que le texte est en copte, car le manuscrit trouvé est du IIIe siècle. Cela laisse la place à toutes les spéculations sur l'écriture da la première version...
Graham Hamer de l'université d'Oxford en 2015 avait fait un point sur le traitement universitaire de la question. Pour lui, si une majorité des historiens étatsuniens en font un évangile premier comparable au "Q" qui aurait inspiré Matthieu et Luc, les Européens resistent à cette hypothèse. Pour Mark Goodacre et Simon Gathercole le texte est bien du IIe siècle car il peut être démontré qu'il utilise les canoniques et n'a pu être écrit sur la base d'une seule transmission orale. Aucun moyen donc d'accéder à un "Jésus originel" à travers ce texte.
Je ne suis pas un inconditionnel des recherches universitaires sur les sujets religieux, loin s'en faut, mais je préfère cela à des spéculations que des gens plaquent sur des textes antiques au sortir d'une séance de yoga ou de méditation. Donc jusqu'à nouvel ordre il semble bien que les chercheurs de vérité n'aient rien à trouver de ce côté là, du moins s'ils attendent une vérité spécifique de "premières paroles de Jésus" qui seraient antérieures à ce qu'en disent les synoptiques.
Encore un mot sur la communication à distance
J'écoutais tantôt une vidéo de Sadghuru qui est un disciple de Shiva ou plutôt pourrait-on dire un "possédé" de Shiva puisque cette déité s'est littéralement emparé de lui dans un sanctuaire dans sa jeunesse ainsi qu'il le raconte quelque par (j'observe qu'il devient si influent que même la chaîne Russia Today en anglais l'interviewe, et cela est diffusé en version traduite sur l'équivalent français).

Les propos qu'il tient sur le tantrisme ont attiré mon attention parce que vous vous souvenez peut-être qu'en 2016 je m'étais intéressé à la communication à distance entre Sainte Geneviève et Siméon le Stylite ou encore, cette notion d'unanimitas, de communion d'âme, que Pauline de Nole évoque dans une lettre à Saint Victrice de Rouen et que les historiens Janine Desmulliez et Cédric Vanhems ont étudiée ou encore ce thème de Montaigne : "Les Stoïciens disent bien, qu'il y a si grande colligence (alliance) et relation entre les sages que celui qui dîne en France repaît son compagnon en Egypte". Problématique de l'union des âmes à distance, de leur télépathie etc.
Sadghuru évoque la chose d'une façon assez intéressante. Il estime dans sa vidéo sur le tantrisme que la technologie moderne et l'occultisme ne sont pas très différents et que la première a rendu le second en partie obsolète. Il en veut pour preuve justement le cas de la communication à distance : un sage du sud de l'Inde pouvait ramasser une fleur de jasmin qui ne pousse pas dans le Nord de l'Inde et l'envoyer à un sage de Bombay (au Nord) par communication à distance rendue possible par l'occultisme du Shambhavi Mahamudra. Pour lui il ne s'agit là que de technologie sans ustensiles. On ne sait pas ce qu'il en était pour les stoïciens païens, mais pour les saints chrétiens, ce genre "télé-communication", comme d'ailleurs la bilocation, ne semblent requérir, à la différence du tantrisme, aucune méthode, aucun rituel.
La Sainte Ampoule et la question de l'élection divine de la France

A la faveur du déclin de l'Eglise catholique romaine, il est facile de trouver sur You Tube des "Evangéliques" intrépides qui tenteront de reléguer toutes les prophéties sur le destin providentiel de la France au rang des superstitions diaboliques. Quelques difficultés textuelles cependant entravent leur audace comme cette prophétie de Zacharie 4 qui mentionnent deux oints dans lesquels la tradition catholique voient le binôme du "Grand roi" et du "Grand prophète/pontife/sacrificateur" de la fin des temps juste avant ke règne de l'Antéchrist : "12 J'ai repris la parole: «Que signifient les deux rameaux d'olivier qui sont près des deux conduits d'or d'où découle l'or?»13 Il m'a répondu: «Ne sais-tu pas ce qu'ils signifient?» J'ai dit: «Non, mon seigneur.» 14 Et il a dit: «Ce sont les deux hommes désignés par onction qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre.»
Michée 5,1-4 et Isaie 32,1-5 parlent d'un grand roi, même s'il est vrai qu'André Lesage dit "Le Marquis de la Franquerie" dans La mission divine de la France (éditions Saint Michel 1955) eut tort de dissocier le roi du sacrificateur dans Zacharie 6:13. L'ascendance davidique des roi de France dont on a déjà parlé ici pourrait justifier une assimilation des descendants des Capétiens à la Tribu de Juda.
La lignée des prophéties sur le grand monarque français est impressionnante comme l'a relevé encore récemment Taylor Marshall. De la Franquerie voyait dans le miracle de la Sainte Ampoule une confirmation de l'élection divine de la monarchie française. Il se produisit le jour de son baptême à Noel 496 selon l'archevêque Hincmar : "Dès qu’on fut arrivé au Baptistère, le clerc qui portait le chrême, séparé par la foule de l’officiant, ne put arriver à le rejoindre. Le Saint-Chrême fit donc défaut. Le pontife leva ses yeux en larmes au ciel et supplia le Seigneur de le secourir en cette nécessité pressante. Soudain apparaît, volant à portée de sa main, une colombe blanche tenant en son bec une ampoule d’huile Sainte dont le parfum embauma toute l’assistance. Dès que le prélat eut reçu l’ampoule, la colombe disparut". Auparavant à minuit Dieu avait baigné de lumière l'assemblée et annoncé que le royaume de France prédestiné par Dieu embrasserait tout l'empire romain.
De la Franquerie précise qu'à cause de ce miracle la monarchie française précédait les autres en rang protocolaire comme cela ressort d'un décret de la République de Venise de 1558.
Il impute aux partisans de la monarchie austro-espagnole et aux jésuites (puis aux bollandistes) d'avoir tenté de discréditer l'histoire du miracle de la sainte ampoule. Par exemple l'érudit franc-comtois Jean-Jacques Chifflet, médecin du roi d'Espagne, avec la complicité du flamand Bollandus, dans De Ampulla Remensi nova et accurata disquisitio (1651) n'y voyait qu'une légende et soutenait d'ailleurs que Clovis avait été baptisé à Tours et non à Reims. Les jésuites arrachèrent quatre page du livre d'Etienne Forcadel (un juriste de Béziers, Desailly dira par erreur "de Bordeaux") publié en 1580 "De Gallorum imperio et philosophiae" qui prouvait l'authenticité de la Sainte Ampoule. Le bénédictin Dom Mabillon a souligné au contraire dans ses Annales de Saint Benoît qu'Hincmar, contemporain de Charles le Chauve (IXe siècle) confirma à ce souverain que l'ampoule était venue directement du Ciel (d'ailleurs c'est de cette époque que remontent les plus anciennes représentations du miracle que nous ayons).
De la Franquerie reprend là un propos banal qu'on retrouve aussi au XIXe siècle, par exemple dans l'opuscule d'un anonyme rémois en 1825 : "Sacre du roi, détail général des fêtes et cérémonies", qui dénonce aussi le rôle d'un autre rémois, l'abbé Antoine Pluche (1688-1761), janséniste et ennemi personnel de l'archevêque de Reims qui dans une "Lettre sur la Sainte Ampoule et le sacre" du 3 février 1719 expliqua que lorsqu'on cherchait le chrême pour baptiser un malade, Saint Rémi "fit mettre sur l'autel les ampoules vides... alors une céleste rosée répandit le don béni du Saint Chrême". Aimé Bonnefin dans Le Sacre des rois de France en 1982 dira que Pluche eut un auditoire restreint, mais que cette façon de tourner le "miracle" vers les hommes et non vers le roi était le début d'un recul du récit catholique. Néanmoins Bonnefin saluait, comme l'anonyme du de 1825, le rôle du père dominicain Marlot Dorigny dans sa Vie de Saint Rémi (et dans Metropolis Remensis historia, 1666), ou de l'abbé Vertot. Bonnefin valorise aussi les écrits du jésuite Jacques Longueval (Histoire de l'Eglise gallicane) là où De la Franquerie ne voyait dans la Compagnie de Jésus que des ennemis de la Sainte Ampoule.
Il était dit que les rois tenaient leurs dons de guérison de la Sainte Ampoule. Et elle ne fut préservée en France que grâce aux habitants du Chesne-Populeux qui la soustrayèrent aux Anglais après leur défaite d'Orléans en 1429. Bonnefin démonte la légende britannique selon laquelle ils n'auraient laissé en France qu'un leurre et leur roi Henri VI aurait été sacré avec le Saint Chrême. Louis XI en 1482-1483 se la fit apporter au Louvre avec l'accord du Pape pour guérir sa maladie mortelle, mais il n'y eut aucun miracle. L'ampoule ne quitta plus Reims par la suite. Pour une description du rituel du sacre avec le Saint Chrême voir ici.
Le commissaire de la Convention Philippe Rhul qui était allé la chercher à Reims brisa l'ampoule place royale le 7 octobre 1793 sur le piédestal de la statue de Louis XV - il allait se suicider un an et demi plus tard après avoir été condamné par une commission militaire thermidorienne.
Un officier municipal M. Hourelle note de la Franquerie "s'entendit avec l'abbé Seraine, curé-intrus de la paroisse et dépositaire des clefs du tombeau; et, ne pouvant substituer à la fiole du reliquaire une autre Hôte, ils enlevèrent avec l'aiguille d'or quelques parcelles du baume brun foncé qui adhérait à ses parois et les conservèrent avec soin. En 1819, le 11 juin, sous l'épiscopat de Mgr de Coucy, les possesseurs, tant de ces précieuses parcelles que de deux éclats de la fiole, les déposèrent, après enquête préalable, entre les mains de leur archevêque qui renferma provisoirement le tout dans un modeste reliquaire, et le fit porter à l'église de Saint-Rémi, où il resta jusqu'au mois de mai 1825."
L'enjeu autour de la Sainte Ampoule est aussi important que celui de l'authenticité du Testament de Saint Rémi, pour déterminer si le roi de France a vocation à être empereur du monde avant la venue de l'Antéchrist.

J'ajoute donc à ce petit exposé la vidéo ci-dessous trouvée sur le Net récemment. Elle a été postée en mars dernier. C'est l'interview par un médium voyant (Yannick) d'un gérant dans la restauration de 52 ans (né à Paris le 22 février 1968) de parents italiens des Pouilles, André de Biase (son visage a été révélé dans cette interview), père de famille. Voici le résumé de ce que celui-ci raconte. L'homme porte une tache hémorragique qui a la forme d'un poisson, il l'a contractée du 22 au 23 septembre 1968 (nuit de la mort du Padre Pio auquel sa famille était dévouée - Padre Pio qui avait eu des visions sur la royauté française) à l'hôpital Necker à l'issue d'une méningite bactérienne peu de temps après sa naissance. Le 29 mars 1981 à Alzo di Pella en Lombardie, au soir l'homme (qui a 13 ans) voit apparaître devant l'église San Filiberto des lumières qui tourbillonnent verte, blanche, et bleue. Il entend des mots en français. Dans la lumière bleue à sa gauche une forme féminine lui dit en français "tu es André", l'entité dans la lumière verte à droite (une entité masculine) récite des phrases. L'homme s'approche de la lumière blanche, est aspiré, reçoit des particules. Il voit un homme en blanc, Jésus-Christ (alors qu'il n'était pas croyant) qui lui dit : "Je t'ai choisi, tu es venu pour vaincre et tu vaincras". Puis il voit le pape Jean Paul II qui lui tend la main. Il a l'impression que la femme dans la lumière bleue le retient d'être absorbé. Quand il saisit la main, il ressent une immense douleur crie. La lumière lui tend une pierre blanche, sa main est ensanglantée. L'homme dans la lumière verte lui demande de noter "N I A" sur la pierre avec son sang (il l'interprète comme Non à l'Intelligence Artificielle). La pierre tombe. Il la perd. La lumière blanche est partie. Plusieurs fois ce restaurateur s'est vu l'enterrer près de l'église. La lumière blanche disparaît, la verte rentre dans le mur de l'église. Reste la bleue dans laquelle se trouve la Sainte Vierge qui allait ensuite disparaître sur le mur d'une maison voisine (appartenant à une dame pieuse), mur sur lequel allait apparaître en octobre 1984 une tache en forme de Sainte Vierge (des milliers de pèlerins allaient y affluer - seul le mur allait être conservé après la construction par la mairie d'un nouveau bâtiment). Arrivé chez lui André allait laver sa main ensanglantée sans en parler à ses parents mais allait ensuite se confier au curé du village.
Fin 1985, Joaquin Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II, vient le rencontrer à Gentilly. Quand le pape se rend à Paray-le-Monial en octobre 1986, André, qui a 18 ans, le rencontre. Contre toute attente le pape s'agenouille devant lui, touche ses cheveux, lui dit "c'est bien toi". Il répond "oui c'est moi". Jean Paul II aurait ajouté que lors de l'attentat de 1981, la Vierge aurait dévié la balle avec l'aide d'un enfant symbole de la pureté et que c'est cet André qui aurait été choisi pour ce faire. Celui-ci aurait ensuite été mis en contact avec le Henri d'Orléans (comte de Paris) et il sera en relation secrètement avec lui pendant dix ans. Il allait lui verser de l'argent provenant de sa Fondation . Le pape aurait voulu que le comte prenne en main André. Henri d'Orléans aurait eu une vision en 1965 qu'on lui présentait un enfant "illégitime" (non issu d'une lignée héréditaire royale) mais auquel il faudrait porter assistance. Le comte confie à Edouard Stern (banquier assassiné en 2005) de l'argent (300 millions de francs) pour la future royauté d'André. Dans les messages reçus en 1981, André avait appris que le 8 avril 2022 quelque chose d'important se passerait (voir plus loin). Après la mort du comte de Paris, André fait faillite. Il voit Edouard Stern à la sortie de l'hôpital Necker, descend de sa camionnette en bleus de travail et l'interpelle. Stern lui dit de revenir le lendemain au même endroit mais ne reviendra pas. L'argent des rois de France est perdu sur des comptes suisses.
A la demande du comte, André a rencontré le rabbin Rebbe (rabbi de Loubavitch) à New York qui avait demandé à le voir. Le rabbin lui demande en guise de test : "as tu soif" puis lui dit "peux tu me servir un verre d'eau ?" alors qu'en 1981 André a vu un homme avec une carafe d'eau derrière Jésus qui remplissait complètement un verre et le faisait déborder. Le rabbin demande pourquoi il ne le remplit pas. André répond sans réfléchir "parce que ce qu'il reste à remplir c'est ce qui reste à vivre à l'humanité". Le rabbin se retourne vers lui les larmes aux yeux et lui dit "tu es donc bien là". André le prend dans ses bras. Il y a une odeur désagréable. Le rabbin lui donne un dollar et lui dit de planter un olivier quand il ira en Israël. Il ne l'a pas fait pour l'instant.
Jésus avait été annoncé à André que la mère de ses enfants lui rappellerait le 8 avril 2022 (elle est née un 8 avril, et lui un 22-02). Cette date sera le jour du premier tour de l'élection présidentielle en France.
En 1987 à son domicile rue de Bièvre Mitterrand avait rencontré, par l'intermédiaire de Gilles Ménage son directeur de cabinet, André, pour étouffer l'affaire des transferts de fonds de la Fondation Henri d'Orléans à son bénéfice. Le président lui aurait dit : "vous avez été béni, mais vous n'êtes pas assez instruit pour le comprendre". Il a aussi rencontré en 1987 à son domicile à Arcueil (banlieue parisienne) Dulcie September militante de l'ANC (assassinée en 1988), qui lui avait parlé de la vision de Martin Luther King en 1968 sur un enfant qui naîtrait en France et serait un sauveur. Mandela en visite à Arcueil le 14 juillet 1996, a dit à André : "tu sais, un jour on te mettra en prison et c'est là que tu comprendras que tu es libre".
Un des messages de 1981 disait que "lorsque le temps des roses sera fini, ton règne sera venu". André l'interprète en lien avec l'incendie de Notre Dame où toutes les portes se sont fermées en même temps, ce qui a protégé les roses.
L'intéressé fera une conférence le 15 août prochain à Sougraigne dans l'Aude.
Je ne me prononce pas sur l'authenticité du récit, mais c'est une illustration intéressante des questionnements (ou des inspirations) qu'a suscités en France à diverses époques la thématique du Grand Monarque.
Pourquoi l'histoire hypothétique est anti-biblique

L'histoire hypothétique est très à la mode. Les médias et You Tube accordent une popularité imméritée à l'uchronie "Civilisations" de Laurent Binet (par exemple ici et là).
Ayant moi même cédé à la folie jadis d'écrire un livre d'histoire hypothétique, publié chez L'Harmattan, je dois préciser aujourd'hui quels sont les présupposés spirituels anti-chrétiens de cette démarche :
1) Cela part du principe que l'histoire n'a pas de sens, qu'elle est soumise aux aléas des rapports de forces et qu'il n'y a donc pas de plan de Dieu derrière, Dieu à supposer qu'il existe est sans pouvoir sur elle (ce qui est contraire à ce que dit la Bible).
2) Cela laisse entendre aussi souvent que les vaincus auraient mieux fait que les vainqueurs. C'est patent dans la thèse de Binet : si les Incas avaient conquis l'Europe ils auraient été plus tolérants sur le plan de la religion et des moeurs, on aurait mieux respiré en Europe etc. Le présupposé est que la liberté sexuelle (très relative), l'intérêt pour le corps, qui prévalaient chez les Incas sont meilleurs pour l'âme que la discipline. Evidemment ce point est indémontrable. On passe aussi par pertes et profits les sacrifices humains, notamment ceux des enfants, qui deviennent purement anecdotiques dans ce genre de spéculation. De même que toutes sortes d'autres formes d'oppression à l'oeuvre dans cet empire.
3) On fait notamment l'apologie de la soi-disant tolérance religieuse des païens : s'ils envahissent l'Europe ils ne chercheront pas à éradiquer le catholicisme. L'hypothèse est purement gratuite. Evidemment selon la logique rationnelle on devrait plutôt parier que si les Incas avaient gouverné notre continent, ils auraient persécuté le christianisme. La Rome païenne étaient tolérante envers toute forme de paganisme tant qu'il ne cherchait pas à compromettre les sacrifices à l'empereur. Elle devint impitoyable pour le christianisme assez tôt. De même les Incas n'auraient pas accepté que les Chrétiens refusent le culte de l'empereur et y auraient vu une menace politique. Les paganismes (l'hindouisme par exemple) s'accommodent des formes abâtardies de christianisme (comme le New Age aujourd'hui) qui font du Christ un simple maître de sagesse, nient sa divinité, nient le salut par la résurrection, nient l'Apocalypse comme horizon de disparition de ce monde et acceptent les compromis avec toute idolâtrie. Un christianisme bien axé sur les vérités bibliques est incompatible avec tout paganisme et durement rejeté par lui. Il l'aurait été par un Empire inca victorieux comme par toute autre autorité païenne.
En somme ces spéculations sur l'Empire inca ne sont que des réhabilitations du mythe hérétique du bon sauvage. Un apitoiement sur le sort des vaincus qui ne sert en fait qu'à tenter de disqualifier les valeurs morales (chrétiennes occidentales) qui ont dominé le monde (et l'ont en grande partie libéré, sur le plan éthique, même si évidemment, ceux qui les instrumentalisaient dans un cadre colonial les ont souvent dévoyées). Il vaut mieux ne pas être dupe du sens profond de ce genre de démarche et de l'idéologie qui l'inspire.