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Articles avec #christianisme tag

Jeanne de la Noue (1666-1736)

15 Décembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Dans ce témoignage de Jacqueline Aubry (née en 1935), voyante de l'Ile-Bouchard (du 8 au 12 décembre 1947), recueilli en 1995, apparition liée au salut de la France montre (vers la 50ème minute) que cette apparition est liée à Jeanne de la Noue. On peut penser ce que l'on veut du témoignage de Mme Aubry. Il a l'inconvénient de réciter un texte appris par coeur, ce qui par moment peut sembler un peu inauthentique - voir à la minute 1h01, quand elle se trompe sur son texte puis se rattrape (mais il y a d'autres récits sur Youtube, par exemple ici).  Et il y a des aspects un peu bizarres des propos de l'apparition (mais c'est le cas pour toutes les mariophanies) : pour des paroles censées être dites par un être céleste : elle répète qu'elle n'est pas là pour réaliser des miracles mais pour appeler à prier pour la France, puis les réalise quand même, et sur le second miracle semble hésiter ("si je ne la guéris pas demain, je la guérirai ailleurs"), le geste de baiser les mains des enfants, la main de la Sainte Vierge qui paraît humaine etc. Toutefois, ce récit donne l'occasion de s'intéresser à Jeanne de la Noue.

Un aumônier de l'hospice de la Providence de l'ancienne ville protestante de Saumur (Sarthe), en 1845, a publié une biographie de ce personnage.

Née en 1666, douzième et dernier enfant d'un marchand de Saumur, elle commença sa vie, à l'âge d'un an en échappant aux conséquences de la chute d'un cuvier plein de lessive tombé sur elle. Très tôt émerveillée de la majesté de Dieu et soucieuse de ne pas lui déplaire, et convaincue d'être pécheresse, elle s'inflige des mortifications dès l'enfance et se confesse une à deux fois par jour, passait beaucoup de temps à l'église, priait beaucoup. Première de sa classe à l'école, elle est aimable envers ses camarades mais a tendance à tirer de la fierté de son intelligence et réprimanda même sa mère. Consciente de ce défaut, elle s'efforça de le combattre. Les démons sexuels la travaillèrent aussi, notamment au moment de la communion. Enfermée dans un recoin de la maison paternelle, nous dit son biographe, elle luttait, en sanglots, les bras en croix, suppliant Dieu de la délivrer. Elle finit par comprendre que ces tentations entraient dans le plan divin, et elle commença, à vingt ans, à les combattre par le jeûne. Elle allait même être tentée de changer de confesseur parmi les oratoriens qui tentaient d'atténuer son excès de zèle en la matière.

Elle avait perdu son père en bas âge, puis sa mère à 24 ans, en 1690, elle poursuivit alors le commerce de de ses parents, ce qui endurcit son coeur et la détourna de a charité. En 1693, la flambée du prix du pain conduit les autorités à fixer un montant d'aumône obligatoire pour les nombreux indigents.

Jeanne de la Noue reste hantée par la peur de déplaire à Dieu, mais loin de compenser cette peur par l'aide aux pauvres, elle l'oriente uniquement vers la dévotion. Ayant entendu en chaire le père Genneteau, recteur des religieuses de l'Hôtel-Dieu insister sur le fait qu'aucune considération humaine ne doit influencer le choix du confesseur, Jeanne y voit un message pour elle, et choisit ce prêtre comme directeur de conscience. Le prêtre tout d'abord refusa de la confesser car il ne voulait sous sa direction que des âmes exigeantes. Puis, il accepta à  condition qu'elle ne vendît aucune marchandise les dimanches et jours de fêtes. Elle accepta. En échange le prêtre la confessa et l'autorisa à jeûner trois jours. Elle commença alors à perdre ses angoisses, ainsi que son attachement aux biens terrestres.

La veille de l'Epiphanie 1693, à 27 ans, Jeanne héberge une pieuse veuve de Rennes dévouée aux pauvres, Françoise Souchet, qui recevait des offrandes de riches redonnait tout et vivait dans le dénuement, dans une chambre sans meubles. Habituée des pèlerinages à Ste Anne d'Auray, et Notre Dame de Redon, elle vient à Saumur pour celui de Notre dame des Ardilliers, sanctuaire construit en souvenir d'un miracle survenu autour d'une piétà en pierre. Françoise Souchet se rendra à Saumur pendant dix ans. A Pentecôte elle revient. Jeanne de la Noue, préférant héberger des pèlerins riches, refuse de loger Françoise Souchet. Celle-ci insiste en vain.

Toute la nuit Françoise hébergée dans le voisinage se sent poussée à retourner voir Jeanne de la Noue. Au petit matin celle-ci est à la messe. Françoise fut accueillie par la nièce de celle-ci qui aidait au ménage. Elle le lui dit qu'elle ne comprend pas elle-même pourquoi elle est poussée à revenir chez cette personne qui a refusé de l'héberger. A son retour de la messe la nièce pleine de de méfiance en parle à Jeanne .

Macé, le biographe, raconte l'échange ainsi : « "Il paraît, ma tante, lui dit sa nièce, que « cette bonne femme est une sorcière ; car elle dit choses qu'elle n'entend pas elle - même. — Ce n'est pas à dire que ce soit une sorcière, reprit Jeanne : c'est sans doute quelque diseuse de bonne aventure; je m'en vais bien l'envoyer faire ses contes à d'autres." Elle va trouver Françoise : Bonne femme, lui dit-elle, qu'est ce donc que vous dites, que vous-même vous ne comprenez pas? — Je ne sais, répondit la pauvre veuve, si ce n'est point le démon qui me dit toutes les belles choses dont j'ai l'esprit rempli." Jeanne, par un mouvement de curiosité, l'invite à parler; mais bientôt les paroles qui sortent de la bouche d'une femme si simple, captivent son attention, la frappent d'étonnement. Françoise parle de détachement et d'aumône ; Jeanne sent le feu de la charité embraser son coeur, y consumer, jusqu'aux dernières racines, tout attachement aux biens de la terre. Dès ce moment, la bonne veuve est à ses yeux un ange que le Seigneur lui envoie ».

Très frappée par ces propos, Jeanne pendant deux jours se tient à prière et demande à Dieu ce qu'elle doit faire. Puis elle franchit le pas de la charité. Elle donne sa chemise à une femme qui n'était pas spécialement dans l'indigence, et ce geste de détachement est le premier pas, qui ensuite la conduit à aller soulager des enfants à Saint Florent, dans une maison de pauvres située à 4 km de chez elle. Elle y trouve six enfants en haillons qui dorment à même le sol, près de leurs parents, nettoie elle-même leurs vêtements à la rivière. Elle n'était pas habituée à ces tâches ménagères, mais la parole de François Souchet "Ayez bien soin des pauvres, un jour vous en serez appelée la mère", suffisait à la porter.

Le lendemain, fête du Saint-Sacrement (deuxième dimanche après la Pentecôte), la pieuse veuve bretonne retourne à Rennes. Elle tombe dans un état particulier : trois jours sans manger. Elle a des visions; Elle entend une voix qui lui dit : «  venez avec moi, que je vous conduise à la reine du ciel. Je lui ai déjà présenté un grand nombre de filles, elle n'a voulu en accepter aucune, je n'ai plus que vous à lui présenter.» Elle fut aussitôt conduite à la sainte Vierge qui vint au devant d'elle et l'embrassa en lui disant : « Voilà enfin, voilà celle que je fais chercher depuis longtemps. »

« Dans une autre vision, raconte son biographe, Jeanne se vit prosternée, avec son confesseur, aux pieds de Marie, qui leur présentait à chacun un rosaire , en leur promettant la grâce. Jeanne se trouva encore transportée dans une vallée profonde ; devant elle s'étendait une plaine immense entièrement sillonnée ; les ouvertures qui partageaient les sillons, lui laissaient entrevoir l'enfer et les réprouvés. Elle reçut ordre de traverser la plaine, en marchant sur les sillons, et elle obéit malgré la terreur dont elle était saisie. Au sortir de là , elle aperçoit une foule de malheureux qui étaient comme des bêles dans leurs tanières. Pressée d'y entrer pour les secourir, elle implore l'assistance de plusieurs hommes qu'elle rencontre ; ils ne font que se rire de sa prière. Elle se disposait à en aller chercher d'autres, quand tout-à-coup se présentent à ses yeux plusieurs filles qu'elle reconnaît. Elle les conjure de l'aider à sauver ces infortunés qui vont se perdre; mais toutes refusent, et même la plus jeune se moque d'elle : alors Jeanne hors d'elle-même, lui plonge une épée dans le sein et la quitte.  »

Toutes les personnes qu'elle vit alors allaient dans la réalité se joindre à Jeanne pour devenir parmi les premières religieuses de l'ordre qu'elle fonda. Seule celle qu'elle perça d'un glaive dans sa vision allait se détourner de cette vocation pour se marier. Le biographe s'interroge sur cette image peu chrétienne de l'assassinat d'une femme, et pense qu'il s'agit d'une métaphore de l'amertume que ressentit ensuite cette femme.

Pendant trois mois, malgré ses trois jeûnes par semaine, elle se rend deux ou trois fois par semaine à Saint Florent, par tous les temps, à pied, avec un panier rempli de vivres et de vêtements.

« Dans l'hiver qui suivit 1693, revenant par un froid extrêmement rigoureux , d'une de ses courses, elle aperçut une masure , entra et vit une femme malade , couchée sur du chaume, couverte seulement de quelques lambeaux. Retenu par un mal de jambe, son mari ne pouvait aller chercher ce dont ils avaient besoin. Ils étaient sans pain et sans bois. Notre charitable fille apparaissait dans ces chaumières comme un ange envoyé du ciel ; jamais en effet elle ne manquait de donner quelque secours accompagné d'une parole d'édification et d'encouragement; mais, ce jour-là, ses provisions s'étaient épuisées à soulager d'autres misères. Laissera-t-elle deux infortunés dans une situation si déplorable? Oubliant et les exigences de son état et la rigueur de la saison, elle se dépouille en leur faveur des vêtemens qui la couvrent, et ne conserve que ce que la décence l'oblige rigoureusement de garder. Elle donna, disent nos mémoires, sa chemise, ses bas et une de ses jupes. »

Jeanne veut donner sa propre maison aux pauvres, mais sa nièce est co-propriétaire du commerce (qui ne cesse de péricliter du fait des dons abondants qu'elle fait).  Celle-ci s'y oppose et commence à avoir des accès de frénésie pendant plusieurs mois. A Saumur on commence à en conclure que les actes de charité de Jeanne sont inspirés par le démon et non par Dieu. Plu personne ne lui fait de dons. Elle s'endette lourdement. Les prêtres ne savent quoi lui conseiller. Mais Françoise Souchet revient à Rennes en 1694 et l'incite à persévérer. Finalement des marchands acceptent à nouveau de lui donner de l'argent. Le cycle de la grâce reprend. Un jour sa nièce lui demande combien elle a donné. Elle répond qu'elle ne sait pas : au moins six ou sept livres, alors qu'elle n'est partie le matin qu'avec trente sous. Dieu a multiplié les pièces dans sa besace. En 1695 elle distribue 400 Kg de blé en un jour. Quand un pauvre lui montrait qu'il n'avait plus que du pain moisi pour se nourrir, elle en faisait son propre repas afin de se mortifier. Elle demandait qu'on lui fasse du pain avec des balayures de moulin pour contrer le goût qu'elle avait acquis pour la bonne nourriture dans son enfance, et son confesseur Genneteau dut la retenir dans ces excès.

Elle ne portait plus qu'une tunique de grosse serge au lieu d'une chemise pendant huit ans, dormait sur un coffre trop petit - qu'elle appelait sa crêche -  qui la faisait souffrir, une pierre lui servait d'oreiller. elle allait encore durcir davantage son mode de vie par la suite.

Françoise Souchet lui avait annoncé que sa maison deviendrait un hôpital et qu'il y aurait une croix sur la porte. Cela se réalisa en 1700 (elle avait 34 ans). En 1702 elle accueillait douze enfants. Cette année là un rocher de la falaise à proximité détruit sa maison. Elle loue de nouvelles maisons pour y ré-installer ses pauvres, et accueille aussi des filles de mauvaise vie repenties. Les pères de l'Oratoire se plaignent de ce que Jeanne attire à leur porte plus de pauvres qu'ils ne peuvent en nourrir.

Pour attendrir encore plus son coeur qui était par nature fermé aux pauvres, Jeanne voulut ressentir elle-même l'indigence et la honte de mendier das les rues, et, pour cela, se rendit à Tours. Elle y partit avec une autre femme et de l'argent à donner aux pauvres. Son biographe Macé, raconte chaque jour du voyage à pied. A Saint-Martin de Tours, elle voit une femme en haillons, la suite jusqu'à sa maison, coupe son  vêtement en deux pour le lui donner comme fut Saint Martin. Elle aura appris là qu'il était plus facile de faire l’aumône de la demander et revint de son pèlerinage plus sensible. Elle visita les prisonniers, notamment un condamné à mort qu'elle convertit avant l'exécution de la sentence.

Sa réputation commence à lui permettre de percevoir des honoraires qu'on lui verse en échange de ses prières pour obtenir des bienfaits.

En 1704 Jeanne commença à fonder une communauté religieuse, et choisit pour patronne Sainte Anne, dont la fête était le 26 juillet. Pendant les 18 dernières années de sa vie (1718 à 1736) des succursales de sa congrégation allaient être fondées à Nantes, à Josselin (en Bretagne), à Châtillon-su-Indre et au Blanc dans le Berry, à Puy-Notre-Dame dans le Poitou, et à l'Ile-Bouchard en Touraine.

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Marie pleine de grâce

6 Décembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Le rav Cohen Alloro dans cette vidéo en 6ème minute, nous apprend que chen, la grâce en hébreu, une notion qui renvoie d'ailleurs beaucoup au patriarche Noé et son arche (or nous sommes au temps de Noé - Luc 17:26), est, selon les sages d'Israël, synonyme d'Esprit saint, rouach hakodesh. Autrement dit quand nous disons, ainsi que notre tradition catholique nous l'a appris "Marie pleine de Grâce", nous voulons dire que Marie-Myriam est pleine de rouach hadkoseh , ce qui est cohérent avec le récit de la visitation (Luc 1:39-56) où Marie effectue un miracle par l'Esprit saint sur la mère de Jean le Baptiste - et le rav Cohen Alloro ne démentirait pas ce point lui, puisqu'il estime ici que la tradition biblique justifie tout-à-fait la naissance virginale de Jésus et l'évangile de l'enfance selon Saint Luc.

Au passage notons que rouach hakoseh est féminin en hébreu (ce qui justifie qu'il soit représenté comme une colombe). Cela fait estimer au rav que Jésus n'a pas de père sur la Terre, et c'est pourquoi il n'avait pas le pouvoir de délivrer militairement Israël au temps de l'Empire romain. Autrement dit, Marie, remplie du chen, de LA rouach hakoseh est en réalité pleine d'une force entièrement féminine. Cette présence du chen en Marie auprès de nous est évidemment à saisir surtout sous son angle eschatologique et messianique actuel (le retour prochain du Messie), souligné par l'apparition de La Salette en 1846 et qui est cohérent avec le fait que le seul miracle qu'elle réalise dans l'Evangile c'est pour préparer Jean le Baptiste, nouvel Elie, à tracer le chemin de l'avènement du Messie.

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Un médium "chrétien" en Corrèze - encore une illustration des dangers

26 Novembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Je regardais il y a peu une interview de 2016 d'un médium corrézien qui se disait catholique pratiquant, doué d'un don de naissance qu'il exerçait sans boule ni accessoire, par une chaîne qui accueille tous les hérétiques et néo-païens de la Terre. J'avoue, que, intrigué, j'ai failli mordre à l'hameçon d'autant que le bonhomme est fils de républicain espagnol comme moi (et même de tendance anarchiste de son côté) alors que sa mère est française catholique. J'ai failli croire qu'il pouvait y avoir une bonne médiumnité chrétienne jusqu'aux dernières minutes de l'interview où le voyant avoue qu'il a poussé vers le suicide un jeune homme auquel il avait annoncé une belle histoire d'amour (mais l'histoire a capoté et basculé dans le drame). Cela m'a fait penser à cette journaliste maintenant directrice de rédaction d'un magazine "éco-féministe", qui, il y a cinq ans, m'avait raconté comment une voyante l'avait conduite à s'amouracher d'un homme, dont elle avait décrit par avance toutes les caractéristiques au vu de ses cartes, et qu'elle avait effectivement rencontré peu de temps après mais qui s'était révélé être finalement un pervers narcissique très destructeur. Au vu de ce que raconte ce médium dans l'interview, je n'ai pas l'impression qu'il ait tout à fait compris à quel processus il a participé lorsqu'il a engagé ce jeune dans une passion fatale. En tout cas cela m'a confirmé qu'il faut rester éloigné à des années-lumières de la voyance, quelle que soit la couleur religieuse qu'elle affiche.

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Un mot sur le rav Ariel Cohen Alloro et l'ordre des douze apôtres

25 Novembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète

Les Chrétiens savent par Saint Jean que le salut viendra par les Juifs et il est connu dans la tradition catholique que les Juifs reconnaîtront un jour Jésus comme messie des derniers, tout comme les chrétiens et les musulmans l'ont reconnu. Un rabbin, Ariel Cohen Alloro, s'emploie à faire reconnaître Yeshoua (Jésus) comme messie d'Israël à partir d'un point de vue à 100 % juif, kabbalistique et loubavitch et il veut mettre en oeuvre toutes les procédures officielles pour obtenir le rachat de Jésus par son propre peuple. Ses conférences existent en français et en anglais sur cette chaîne YouTube.

Sa lecture de la Torah, et de l'Evangile comme prolongation de la Torah (et même partie intégrante de la Torah) est utile à plus d'un égard, ne serait-ce que pour ne pas en rester au niveau de superficialité de compréhension à laquelle nous condamne une trop grande coupure avec le judaïsme.

Par exemple, prenons cette "anecdote" bien connue citée en Luc 22:24 et en Marc 9:34, et encore Luc 9:46 : les disciples débattent pour savoir lequel sera le plus grand dans le royaume des cieux.

Plus d'une fois j'ai entendu des prêtres catholiques expliquer que c'était simplement là le reflet de nos faiblesses humaines destiné à nous rappeler seulement que nous devons rester humble. C'est une façon de rabaisser complètement la vocation des apôtres. En écoutant Ariel Cohen Alloro, on comprend que les 12 apôtres (schlechim) représentent les 12 tribus d'Israël, et que dans l'univers juif, l'ordre classement des tribus est très important. Il est donc tout à fait normal que les disciples aient discuté de la question de savoir lequel serait classé en premier, pour savoir à partir duquel l'on devrait compter.


Par ordre de naissance (Deut 27 :12-13)
1er Simon = Shimon . Il est le deuxième à être né. On lui fait  correspondre le mois de Iyar qui est le deuxième du calendrier juif.     
2° : André : Lévi  
3° Yakov : Yéhouda  Jacques le Majeur
4° Yohannan  Jean : Issachar
5° Philippe = Zebulon
6° Nathanael Batholomé = Dan

Si on prend l’ordre des drapeaux dans le désert qui est aussi un ordre légitime pour le classement des tribus, Simon est le 5ème , on lui fait correspondre le mois de Av אב 5ème en partant de Nissan.

Cela donne alors
André = tribu de Gad
Jacques le Majeur = Ephraim
Jean = Menasse
Philippe = Levi

Les deux Jacques, le majeur et le mineur sont à 6 mois de différences, symétriques, donc reliés. Vient ensuite Bartholomé-Nathanael que certains théologiens identifient aussi à Zachée.

Le rav Ariel Cohen Alloro tire de ces classements des remarques très importantes sur Nethan El (Dieu a donné) Bar Talmai (Bartholomé), qui est le sixième disciple alors que 6 correspond à la tribu de Dan (la tribu du serpent, je vous renvoie à mon livre sur le complotisme protestant à ce sujet) quel que soit l'ordre de classement retenu par la Torah. 6 étant le chiffre du mensonge (par exemple dans 666), duquel une vérité peut être extraite pour accélérer la venue du Messie (qui a une valeur numérique égale à nachach serpent, ce pourquoi Jésus dit que le serpent devra à nouveau être érigé sur un bâton pour guérir le monde comme Moïse le fit avec le serpent d'airain). Nethan El  est rattaché au figuier, arbre de vie du Jardin d'Eden (Jean 1 :45-51) - assis sous le figuier comme le serpent - et Jésus le qualifie de personne de vérité ("Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n'y a point de fraude/de mensonge").

Trois apôtres ont la même place quel que soit le classement. Simon-Pierre que l'on prend comme premier dans le décompte, Bartholomé (tribu de Dan) qui est le 6ème, et Judas Iscariote qui correspond à la tribu de Ruben. Judas est le traître et pourtant le frère du patriarche Joseph dont Jésus prolonge la mission à destination des nations, n'a pas pris part à la vente de son frère (ce qui fait penser au rabbin que peut-être l'évangile de Myriam serait plus authentique - mais le rav se trompe sur ce point : cet évangile ne réhabilite pas Judas, en outre Jésus dit que le dernier sera le premier, et Judas est le 12ème dans les deux ordres retenus).

On n'est pas obligé de pousser si loin l'enthousiasme pour le paradoxe, évidemment. Mais on peut tout de même relever que ces remarques sont intrigantes.

C'est aussi chez Cohen Alloro que vous trouverez l'explication la plus brillante sur la femme entre soleil et lune dans l'Apocalypse (Ap 12:2) : tous les prêtres catholiques n'ont aucune idée de la raison pour laquelle "la lune est sous ses pas" comme dit le cantique. Ses remarques sur les quatre cavaliers de l'Apocalypse reliées aux caractéristiques du Machiach Ben Yossef et du Machiach Ben David sont aussi intéressantes.

--- 9 janvier 2023 : Précision sur Ariel Cohen Alloro : en fait il n'est pas du tout "rav" ou rabbin.---

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Un beau texte d'Adrien Péladan contre le magnétisme

30 Septembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

Un beau texte du journaliste monarchiste A. Péladan (1815-1890), paru dans la "France littéraire, artistique, scientifique" (qu'il dirigeait) du 21 septembre 1862, sous le titre "Ouranos-Hadès. La mort par le magnétisme" :

"Revenant il y a quelques jours, de notre promenade habituelle, nous rencontrâmes une voiture qui excitait l'émoi de la foule. Un des spectateurs nous mit au fait : La fille d'une marchande d'herbes de la rue Sala avait été conduite à une séance privée de spiritisme. Effrayée par les voix qu'elle y avait entendues, elle était devenue folle. Il fallait plusieurs hommes pour la tenir. On la conduisait à l'Antiquaille, immense établissement de fous de Lyon. Nous continuâmes notre chemin, l'âme attristée, et en nous disant intérieurement : les journaux de Lyon racontent jusqu'aux nouvelles les moins édifiantes, mais ils ne diront rien de ce grave incident. Cela s'est pleinement réalisé.

Ce phénomène nous décida à aller chez un ami qui sait beaucoup sur ces matières. Il nous fit à son tour une grave communication : "J'ai appris , nous dit-il, d'un savant médecin , que depuis la propagation du spiritisme en France , les cas de folie ont augmenté dans une proportion incroyable : il y a quelques années, le nombre en était en moyenne de 12 000 par an , maintenant cette moyenne est de 60 000. " Ce fait en vaut-il la peine , et pour ne pas sortir en quelque sorte des archives de l'académie de médecine ou de l'académie des sciences, en est-il moins significatif ?

Doutez ensuite des dangers du spiritisme ! Doutez de la sorcellerie qui marche partout à plein ciel, sans que la loi semble s'en préoccuper ! Ne savons-nous pas qu'il y a des tireuses de cartes dans chacun de nos quartiers ? que ces aventurières ont de fréquentes visites à 75 centimes la séance ? On nous a même assuré que des hommes considérables s'adressaient a ces devineresses. Nous avons, du reste,vu, de nos yeux vu, sur les champs de foire ou de vogue des environs de Lyon, dans Lyon même, certain individu, ayant à ses ordres une somnambule , et donnant des consultations magnétiques à trente centimes par personne. Quelles aberrations ! quelle fausse sécurité que celle d'une société qui s'endort ainsi sur un volcan !

Nous l'avouons, nous sommes loin d'écrire tout ce que nous savons à l'endroit du diabolisme. contemporain. Nous ne voulons pas causer de trop grands étonnements, alors surtout qu'il se rencontre tant de sots incrédules. Graduellement nous arriverons aux questions que nous taisons pour le moment, et si l'on veut ne pas être trop épouvanté d'un mot à l'effet duquel on ne croit plus, le sabbat, nous vous annoncerons pour bientôt les preuves historiques de ce rendez-vous de l'enfer , où les sorciers de nos jours se rendent comme ceux d'autrefois. Dans cet examen basé sur des faits, nous aurions à mettre à leur place les Henri Martin, les Renan et consorts, grands crieurs contre-les bûchers du moyen-âge, comme si la société d'alors n'avait pas aussi le droit de se défendre des meurtriers; comme si les âges qui ont inscrit les dates de 1793 et les journées dé juin, valaient mieux que les siècles où le crime d'état ou de lèze-majesté divine conduisait quelques coupables à la peine de mort.

Chacune de ces relations aura son tour , comme aussi nous publierons prochainement des incidences singulières sur le spiritisme à Lyon. Après avoir aujourd'hui montré que le magnétisme cause la folie et en multiplie démesurément les cas, établissons qu'il procure la mort subite.

Nous laisserons sur ce point la parole aux magnétiseurs eux mêmes : La pratique du magnétisme, dit le docteur Billot, est « une mer orageuse ! un océan semé d'écueils (1); une voie pratiquée à travers d'immenses précipices (2); celui qui s'y confie sans un guide expérimenté et sûr , y tombe d'abîme en abime (3), et rien_n'est plus difficile que de s'en  tirer sain et sauf (4). » Combien doit donc trembler « le pilote imprudent qui , sans boussole et sans guide, » oserait se hasarder dans « ces dangereux parages ! une perle inévitable serait le 'prix de sa témérité (5). » Le docteur a vu un cas de somnambulisme qu'il déclare avoir été une véritable possession (6); il pense que « le fil d'Ariane serait bien nécessaire à ceux qui se sont engagés - dans les méandres « de ce dédale ténébreux, pour ne point devenir la proie et être dévoré de l'infernal minotaure (7).

Le magnétisme spirituel, aujourd'hui spirite, paraît à un autre magnétiseur « la base des possessions et des communications avec les esprits. » Il le juge illicite et dangereux, et blâme « l'imprudence « qui , en cherchant à franchir « l'abîme qui nous sépare du monde spirituel, » ne peut avoir d'autre résultat que de nous rendre « le jouet d'une puissance dont le joug nous deviendrait d'autant plus dur que nous aurions plus d'impatience à le porter : la mort ou la folie en serait inévitable conséquence. » (D. Chardel, Psychologie physiologique, chap. 20, page 300).

L'abbé Frère observe qu'on a remarqué « que de jeunes femmes sont mortes peu de temps après qu'elles eurent servi de sujet à des magnétiseurs; et nous savons qu'une demoiselle de dix-neuf ans, après neuf mois d'exercices, a vomi le sang et a été réduite à une santé délabrée (5). »

Que de jeunes enfants-, innocentes victimes de coupables expériences , ne se sont pas réveillés du sommeil infernal. Que d'assassinats dont on n'a -rien dit !!! Ce qui suit va achever de le prouver : « Des personnes qui doutaient en même temps de la religion et du magnétisme., de ces incrédules qui sont prêts à toutes les superstitions et à tous les fanatismes, avaient décidé à prix d'argent une pauvre fille a subir leurs expériences.. C'était une nature impressionnable et nerveuse, fatiguée d'ailleurs par les excès d'une vie plus qu'irrégulière, et déjà dégoûtée de l'existence. On l'endort ; on lui commande de voir ; elle pleure et se débat. On lui parle de Dieu , elle tremble de tous ses membres. — Non , dit-elle, non il me fait peur , je ne veux pas le regarder. — Regardez-le, je le veux. Elle ouvre alors les yeux ; ses prunelles se dilatent ; elle est effrayante. — Que voyez-vous ? — Je ne saurais le dire. Oh ! de grâce, de grâce, réveillez-moi !

— Non, regardez et dites ce que vous voyez.

— Je vois une nuit noire dans laquelle tourbillonnent des étincelles de toutes couleurs autour de deux grands yeux qui roulent toujours. De ces yeux sortent des rayons qui se roulent en vrilles et qui remplissent tout l'espace. Oh ! cela me fait mal ! éveillez-moi 1 — Non, regardez.

Où voulez-vous que je regarde encore ?

— Regardez dans le paradis, — Non, je ne puis pas y monter; la grande nuit me repousse et je retombe toujours.

— Eh bien ! regardez "dans l'enfer. Ici la somnambule s'agite convulsivement. — Non ! non ! crie-t-elle en sanglottant, je ne veux pas : j'aurais le vertige : je tomberais. Oh ! retenez-moi ! retenez-moi !

— Non, descendez. — Où voulez-vous que je descende ? — Dans l'enfer. — Mais c'est horrible ! non, non; je ne veux pas y allez. — allez-y. — Grâce ! — Allez-y. Je le veux. Les traits de la somnambule deviennent terribles à voir ; ses cheveux se dressent sur sa tête; ses yeux tout grand ouverts ne montrent que le blanc ; sa poitrine se soulève et laisse échapper une sorte de râle. — Allez, je le veux, répète le magnétiseur.

— J'y suis, dit entre ses dents la malheureuse en retombant épuisée. Puis elle ne répond plus; sa tête inerte penche sur son épaule; ses bras pendent le long de son corps. On s'approche d'elle ; on la touche. On veut trop tard la réveiller , le crime était fait; la femme était morte et les auteurs de cette expérience sacrilège durent à l'incrédulité publique, en matière de magnétisme , de ne pas être poursuivis. L'autorité eut à constater un décès, et la mort fut attribuée à la rupture d'un anévrisme. Le corps ne portait d'ailleurs aucune trace de violence : on le fil enterrer -, et tout fut dit. » (La clef des Grands Mystères).

Ce fait si écrasant pour les apologistes du magnétisme, n'ayant pu être nié ou mis de côté par eux, a reçu diverses interprétations. L'auteur du Magnétisme devant les corps savants, la cour de Rome et les théologiens, (livre si insensé d'un bout à l'autre,) dit « que ce ne serait en tous cas, qu'un impie du magnétisme. » Le possédé Michel Finiras faisait mieux, il trouvait le moyen d'en tirer la louange du magnétisme.

Que de faits semblables ne pourrions-nous pas encore signaler ?

Nous apprenons, sur l'autorité du docteur Chapel, dans son Traité théorique et pratique du magnétisme animal, que trois magnétiseurs s'étant réunis, une certaine nuit près d'une somnambule très-lucide, dans le dessein de s'éclairer de ses vives lumières sur les terribles mystères de l'autre monde, « la pressèrent de chercher à voir ce qui se passait dans l'enfer » ; et que la somnambule, qui avait de prime abord refusé de s'employer à de pareilles recherches , cédant enfin à leurs instances, « avait à peine commencé ses explorations, qu'elle fut prise de convulsions telles, qu'elle mourut avant qu'on pût parvenir à les calmer. » (2e partie, à la fin de la VIe leçon).

Des hommes graves nous ont rapporté que dans les environs de Lyon, un docteur qui voulait traiter les malades d'après les consultations magnétiques , avait engagé pour sujet un jeune homme nommé Raphaël. Ce jeune homme avait des sentiments religieux, mais était dans le doute sur la culpabilité de ces pratiques dictées par Satan. S'étant donc laissé magnétiser, le docteur insensé , voulant peut-être mettre à profit les idées religieuses de Raphaël , lui enjoignit d'aller voir le paradis. Le jeune homme ne se réveilla point !....

Quelques personnes eurent la simplicité de croire qu'il était resté dans le ciel ; il serait aussi impie qu'absurde de le penser; car qui peut se flatter, à moins d'être martyr, de passer en mourant dans le sein de Dieu, sans aucun séjour dans le purgatoire ?

Vous verrez qu'il sera bientôt indispensable d'édicter une loi contre la sorcellerie. La chose presse plus qu'on ne le pense en général."
 

(1) Recherches psychologiques 1 lettre 4 et aussi lettre -12.

(2) Ibidem. Introduction.

(3) Ibid., let. 4.

(4) Ibid., introduction.

(5) Introduction.

(6) Lettre 17


(7) Recherches psychologiques. lntroduction.

(8) Examen du magn. animal, IIe partie, hap 2.

 

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Jacqueline Kelen et la spiritualité hérétique solitaire

23 Septembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Spiritualités de l'amour, #Christianisme, #Notes de lecture

Je parcourais tout à l'heure "Sois comme un roi de ton coeur" de Jacqueline Kelen. J'essaie de m'intéresser à cet auteur ("cette autrice") parce que je veux toujours plus comprendre ce qui m'est arrivé en 2015 avec Ste Marie Madeleine (voyez mon livre sur les médiums), or elle a beaucoup écrit sur cette figure du christianisme. Mais j'avoue ne pas être à l'aise du tout dans la pensée de cette ex-productrice de France Culture. Elle a une âme profondément platonicienne (par nature très étrangère au monde, de sorte que la "sortie du monde" ne lui demande aucun effort), et visiblement très éclectique, et pour tout dire, hérétique. Elle aime tout : Victor Hugo, Fellini, Lewis Carroll... On peut me reprocher d'être très dogmatique, et j'essaie de lutter contre cette tendance, notamment par l'humilité et le silence. Mais quand des gens qui prétendent "témoigner de leur spiritualité" ouvrent grandes les portes du n'importe quoi, je peine à retenir mes mots. En page 75, elle cite Madame Guyon apparemment sans se soucier des aberrations dans lesquelles tomba cette mystique, qui alla jusqu'à se prendre pour la Femme de l'Apocalypse, ce qui attira tant de problèmes à Fénelon qui l'avait défendue (voyez notre billet ici). Quand on est solitaire mais entourée de micros prêts à faire la promotion de vos livres comme l'est cette Mme Kelen, on n'a peut-être pas peur d'entraîner avec soi des âmes vers des terrains marécageux. Mais je ne suis pas sûr que cette désinvolture décrochera quelque indulgence finale au jour du Jugement. "Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle a beaucoup aimé". A notre époque où l'amour est devenu l'alibi de toutes les complaisances et de toutes les trahisons, je doute que les âmes soient jugées à cette aune. Les lecteurs de Mme Kelen devraient prendre le temps d'y songer.

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Témoignage d'une "thérapeute" anti-chrétienne

4 Septembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme, #Anthropologie du corps

On retrouve ici une illustration intéressante d'un phénomène que j'avais évoqué dans mon livre sur les médiums sur l'orientation anti-chrétienne des expériences de mort imminente, et, du coup, sur les forces spirituelles qui sans doute les orientent. Voici Karinne R, "thérapeute" à Bayonne. Le 28 septembre 2019, elle donne une conférence (à Bois Cesbron, près de Nantes, organisée par une association "A fleur d'âmes", juste avant quand même une "canalisation" par une médium...) dans laquelle elle raconte l'agression dont elle a fait l'objet en 2014 au terme de laquelle elle a été laissée pour morte. Le propos est sincère, intéressant, mais parsemé d'attaques insidieuses contre la doctrine chrétienne du type "non notre âme n'est pas jugée quand elle quitte le corps", "il est bon de faire de la méditation","les mandalas sont beaux"...

Si l'on n'écoute que la conférence en elle-même, sans les questions qui suivent, on a l'impression que l'intéressée raconte une expérience spirituelle "autonome", qui n'a été préparée par rien, à ceci près qu'elle précise avoir déjà fait une décorporation à l'âge de 25 ans. Puis, quand on en vient aux questions de la salle, elle apporte cette précision intéressante : la jeune femme qui lui est apparue dans son coma et qui serait la fille qu'elle a avortée le 17 octobre 1994 s'appelle Iris ; comment sait-elle que c'est le prénom de l'enfant avorté ? parce qu'elle a fait une canalisation chez une médium quelques années auparavant et que celle-ci lui a révélé le prénom de l'enfant.

Autrement dit, cette apparition de l'enfant dans son coma est directement reliée à la révélation de la médium. Sans cette séance de médiumnité, l'apparition n'aurait eu aucun sens pour cette femme.

Je me suis souvent demandé pourquoi seulement une minorité de personnes qui subissent des accidents graves vivent des décorporations et plus généralement des expériences de mort imminente. On peut maintenant se demander si ces expériences, comme la réalisation des prédictions des voyant(e)s, ne relèvent pas d'une logique de pacte. Parce que la personne croit, adhère à ce que dit le médium, elle entre dans un pacte avec la ou les entité(s) qui se sont manifestées dans la séance. Et, dès lors, ces forces vont faire advenir dans la vie de cet individu des événements qui scellent ou réactivent périodiquement le pacte comme l'accident qui détermine l'expérience de mort imminente elle-même. On peut même faire l'hypothèse (validée à certains égards par la Bible) que le pacte a été parfois conclu quelques générations auparavant par des ancêtres. L'EMI n'est alors qu'une étape du pacte au cours de laquelle l'Esprit va faire vivre à l'accidenté diverses choses, et parfois même doter son "client", son "co-contractant" de certains dons (certains reviennent des EMI avec des dons de médiumnité). Alors la personne va avoir l'impression d'avoir connu un amour exceptionnel et de revenir sur Terre pour faire du bien aux gens. Mais en réalité, elle revient pour poursuivre l'exécution du pacte, dont un des volets est d'expliquer sous forme de sousentendus aux auditeurs que le christianisme est une sottise, que l'on n'est pas jugé après la mort, et qu'il ne faut pas réformer sa vie, sauf à essayer d'aimer un peu plus les autres.

Ce n'est là qu'une hypothèse, mais ce serait assez logique... D'ailleurs j'observe que les gens qui témoignent de leur EMI, à part l'éloge qu'ils font de l'amour, n'apportent pas un message d'un très haute valeur morale. Il y est beaucoup question de la réalisation de soi, de vanter la vie que l'on a vécu, de sa valeur dans le plan divin etc, mais pas d'appel à donner tout ce que l'on a comme dans la Bible, pas d'appel à l'humilité (d'ailleurs les rescapés des EMI qui deviennent thérapeutes exercent des métiers rémunérés qui ne relèvent pas du tout du don de soi, du sacrifice pour autrui), pas d'inscription dans un plan historique apocalyptique. Les entités invisibles voudraient "chloroformer" spirituellement un maximum de gens avec ce genre de discours qu'elles ne s'y prendraient pas autrement...

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Arnauld d'Andilly et Jean Climaque

2 Septembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Christianisme

Au début du règne de Louis XIV, Pierre Dupuy (1582-1651), conseiller d'Etat depuis 1623, informe son collègue conseiller d'Etat Robert Arnauld d'Andilly (1589-1674) de ce qu'il existe à la bibliothèque du roi trois exemplaires de l'Echelle sainte de Jean Climaque. le premier appartenait à François Ier, les deux autres à Catherine de Médicis. Le premier venait du Levant, l'autre de la bibliothèque de son frère le Grand Duc de Florence. Le troisième manuscrit était le plus ancien. Arnauld d'Andilly lui donne 800 ans "par la beauté de ses caractères". La comparaison des manuscrit laissait voir de nombreuses différences. Jean Climaque avait la renommée d'avoir été très altéré à cause du grand nombre de copies. Puis il apprend que dans la bibliothèque du chancelier (Pierre Séguier ) se trouvent quatre manuscrits, ce qui permet à Arnauld d'Andilly d'affiner sa traduction du grec. Celui-ci utilise aussi les très rares commentaires d'Elie ou Elias archevêque (au VIIIe siècle) de Crète (il s'en trouve un seul à la bibliothèque de Venise que lui a cédée le Cardinal orthodoxe Bessarion vers 1420, et un aussi à la bibliothèque du chancelier du temps d'Arnauld d'Andilly). La traduction de l'Echelle spirituelle par ce dernier sera publiée une première fois en 1654 (Arnauld avait 65 ans), puis une nouvelle fois après sa mort.

Je ne sais pas trop si M. Arnauld d'Andilly, janséniste (qui écrivit diverses vie de saints et recueillit précieusement chez lui le coeur du pieux abbé de Saint-Cyran , chef des jansénistes français - un prêtre bayonnais qui avait été disciple de Jansénius à Louvain et mourut d'apoplexie en 1643 -) fut représentatif du Conseil d'Etat (Conseil royal) de son époque, mais je trouve que son travail sur Jean Climaque honore beaucoup l'institution juridique à laquelle il appartenait.

Petitot parle en des termes hostiles d'Arnauld d'Andilly, comme de tous les protecteurs de Port-Royal (rappelant que l'abbesse du lieu était la sœur du conseiller d'Etat) :

Un peu plus loin il écrit encore :

Ses partisans dirent qu'Arnauld mena sur le tard à Port Royal une vie de mortification digne de Jean Climaque bien qu'il y fut célèbre pour ses travaux de jardinage et ses études littéraires. Saint Beuve douta que ces activités fussent si désagréables pour les sens... En tout cas l'on doit à sa retraite à Port Royal à partir de 1644 une version fort élégante de l'Echelle Spirituelle, dans un style de la plus belle époque de notre langue.

 

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