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Miracles eucharistiques : un mot sur Carlo Acutis
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Hier c'était la fête de Dieu, fête du Saint Sacrement, a fait remarquer le prêtre à la messe. Pas de chance pour lui, la ferveur n'était pas au rendez-vous dans cette église remplie surtout de gens venus assister au baptême ou à la communion de leurs proches. Aujourd'hui YouTube me propose une vidéo de la mère du bienheureux Carlo Acutis, né en 1991, décédé à l'âge de 15 ans d'une leucémie fulgurante, qui consacra deux ans et demi de sa courte vie à recenser les miracles eucharistiques sur Internet à propos d'une exposition réalisée par son fils qui était organisée près de Paris le mois dernier.
Cela m'a rappelé que j'ai écrit un article sur le sujet en 2016 alors que j'ignorais l'oeuvre de Carlo Acutis, article repris par Sciences et religions, et sur lequel le pauvre youtubeur Arnaud Dumouch promit de m'interviewer avant de se rétracter... Je m'étais aussi penché un peu plus tard sur les travaux du cardiologue Petro Pescetelli sur le même sujet. En 2016 je découvrais un peu le merveilleux catholique, dont notre époque se désintéresse trop souvent, dans le sillage de feu le Père Brune (dont toutefois je n'approuve pas tous les centres d'intérêt, notamment pour le spiritisme).
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Le corps du bienheureux pour l'instant d'apparence pratiquement intacte est exposé à Assise (car cet enfant était très inspiré par St François d'Assise, bien qu'il soit né dans un milieu bourgeois en Angleterre) - le sanctuaire est entretenu par des religieuses portugaises. Il semble qu'il y ait un culte de ses reliques dans la plus pure tradition médiévale. Il y a trois semaines des mèches de ses cheveux ont été exposées à l'église franciscaine de Għajnsielem à Malte (plus précisément sur l'île de Gozo) non sans avoir été préalablement montrée aux élèves de l'école Saint François de Victoria. En avril, à New-York, l'évêque d'Assise a offert aux évêques américains pour un an la membrane du coeur du bienheureux.
Avec quelques autres paroisses argentines, la Cathédrale Notre Dame du Pilier à Buenos Aires a aussi une relique du jeune "geek de Dieu", saint patron des internautes - un fragment de sa peau, grâce à la médiation de Marcela Errecalde dont on parlera un peu plus loin - de même qu'un diocèse en Pologne, à Londres où il est né etc.
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Les miracles autour de ces reliques sont un enjeu pour la canonisation. Selon la loi de l'Église, une personne vertueuse doit intercéder dans deux miracles avant de pouvoir être déclarée sainte, sauf en cas de martyre ou lorsque le pape lève ces exigences. Or les miracles autour de Carlo Acutis seraient déjà assez nombreux. A Campo Grande, dans le Matto Grosso (Brésil) le père Marcelo Tenório de Almeida qui a organisé une dévotion autour de lui, témoigne qu'en 2011 il a été informé qu'une religieuse a guéri d'un cancer par l'intercession du jeune bienheureux. Lui-même s'est rendu à Assise et la mère de Carlo Acutis, Antonia Salzano, lui a donné un vêtement de son fils, que le prêtre exposa tous les 12 octobre dans sa paroisse. Le vêtement produisit en 2013 un autre miracle sur l'enfant Mattheus, né en 2009 avec une maladie grave (un pancréas annulaire) qui lui causait des difficultés à manger et de graves douleurs abdominales. Il était incapable de garder la moindre nourriture dans son estomac et vomissait constamment.
Alors que Mattheus avait presque quatre ans, il ne pesait que 20 livres et vivait avec un shake de vitamines et de protéines, l'une des rares choses que son corps pouvait tolérer. On ne s'attendait pas à ce qu'il vive longtemps.
Sa mère, Luciana Vianna, avait passé des années à prier pour sa guérison. En octobre 2013, comme elle apprit que le P. Marcelo Tenório, organisait un service de prière pour la béatification du "geek de Dieu",elle demanda à Acutis d'intercéder pour son fils et fit une neuvaine à cet effet.
Le 12 octobre 2013 jour du service de prière, elle emmena Mattheus et d'autres membres de la famille à la paroisse où les gens faisaient la queue. (...) quand vint son tour l'enfant en embrassant la relique dit : "J'aimerais pouvoir arrêter de vomir autant." De retour chez lui l'enfant mangea normalement , la guérison fut immédiate et durable et point la physiologie de son pancréas a changé. Le Vatican a reçu les documents sur cette affaire en mars 2019, après avoir demandé l'ouverture d'un tribunal de l'église locale à Campo Grande. Les dossiers médicaux de Matheus ont été vérifiés par ce tribunal et validés par des médecins locaux.
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Marcela Errecalde, militante pro-vie de Buenos Aires, a précisé aussi que dans la même paroisse un garçon qui a eu 5 arrêts cardiaques et est resté dans un état végétatif a guéri après que sa mère eut dit une neuvaine pour Carlo Acutis.
Marcela Errecalde, dont le mari est français, et qui est de mère brésilienne, elle-même a eu un cheminement intéressant avec Carlo Acutis qu'elle explique dans l'interview ci-dessous accordée à la Pastorale de l'université catholique de la région de Cuyo (Nord Ouest de l'Argentine). Très éloignée de l'Eglise, elle ne commença à y retourner qu'en 2019. L'eucharistie en 2020 était presque impossible dans sa ville où la dictature sanitaire prohibait l'ouverture des édifices religieux. Elle entendit une voix qui, alors qu'elle sentait ne pas pouvoir revenir au Christ par le seul travail intérieur, lui indiqua où trouver un lieu d'adoration ouvert dans sa ville, et c'est là qu'elle entendit parler de Carlos Acutis, puis assista à sa béatification à Assise en octobre 2020 et organisa des transferts de reliques en Argentine.
Personnellement j'encourage évidemment tout le monde à communier le plus souvent possible, après s'être confessé bien sûr, et je ne doute pas que l'inspiration du jeune Carlos Acutis puisse être très utile en ce sens auprès des jeunes notamment.
Une anecdote de Léon Bloy sur le Saint Christophe de Cologne
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Extrait de Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne : (pour faire suite au Mendiant ingrat et à Mon journal). I : 1900-1902 (p. 223-224) :
"Saint Christophe, l'Auxiliateur et le Géant Martyr qui mourut très-particulièrement pour moi, il y a 1652 ans. A une autre époque où j'ignorais encore à quel point il était mon protecteur et sans trop savoir ce que je faisais, j'ai tenté d'expliquer, à propos de Christophe Colomb, l'importance inouïe de ce personnage, surtout au point de vue prophétique (Voir le Révélateur du Globe). Aujourd'hui j'aurais bien autre chose à dire.
Que pensent les docteurs de la simple histoire que voici? Revenant de Danemark en 1900, nous couchâmes une nuit à Cologne, à quelques pas de la cathédrale. Je ne manquai pas, le lendemain matin, d'aller entendre une première messe. Je m'étais placé, à mon insu, au-dessous de la traditionnelle et colossale statue de saint Christophe qu'on est assuré de trouver dans la plupart des vieilles basiliques. Averti par une sorte de gêne, comme si un poids énorme eût été sur moi, je finis par lever la tête et je reçus en plein cœur la commotion de cette présence d'un ami de dix-sept siècles. Christophorum videas, postea tutus eas. Je me souvins aussitôt de ce vers léonin autrefois passé en adage « Regarde saint Christophe et puis va-t-en tranquille ». On croyait, au Moyen Age, qu'il ne pouvait arriver aucun mal dans la journée à celui qui avait vu, le matin, une image de saint Christophe. Cela pour des causes profondes que l'affaiblissement actuel de la Raison ne permet plus de comprendre.
A l'heure de notre départ, le train sur lequel nous avions compté ne parut pas, mais à sa place, un autre tout à fait extraordinaire. Rien n'était à espérer pour nous de cet interminable convoi dont chaque wagon avait été loué à l'avance par un torrent d'Allemands que l'Exposition attirait à Paris.
Nous glissâmes cependant une humble pièce dans la main d'un employé, en lui exposant notre embarras. Alors voici. Sans hésiter une seconde, cet homme nous conduisit à un compartiment interdit aux fumeurs où trois suceurs de pipes envoyés par saint Christophe nous gardaient nos places. Sur un mot de notre guide, ils nous saluèrent poliment, descendirent avec un air de satisfaction, comme des gens qu'on délivre d'une corvée, et nous arrivâmes le soir à Paris, presque sans fatigue et de très-bonne heure, portés par ce train rapide."
Melchisédech, le visiteur hors du temps
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Melchisédech, en hébreu מַלְכֵּי־צֶדֶק (malkî-ṣedeq) « roi de justice », est un personnage biblique qui apparaît très brièvement dans l’histoire d’Abraham dans le livre de la Genèse 14. Il y est présenté comme « roi de Salem » (lieu non identifié) et « prêtre du Très-Haut » (El-Elyôn), auquel Abraham versa la dîme. Dans l'Épître aux Hébreux du Nouveau Testament, Jésus est déclaré « Grand prêtre pour toujours » à l'image de Melchisédech, en référence à Psaume 110:4 "L'Eternel l'a juré, et il ne s'en repentira point, que tu es Sacrificateur éternellement, à la façon de Melchisédec".
Jacques Bergier dans les Maîtres secrets du temps rappelle que France Soir le 26 novembre 1973 signalait l'existence dans un hôpital psychiatrique d'un personnage appelé Melchisédech qui se faisait appeler "prince Charlemagne SS" . Nul ne savait d'où il venait. Selon une de ses disciples poétesse de 52 ans c'est un véritable contemporain d'Abraham.
Bergier reprend aussi l'anecdote citée par Arthur Machen (1863-1947) dans son récit de 1915 "The Great return" dont Bergier situe à tort l'intrigue en juin 1917 (!) et qu'il semble tenir pour authentique : des inconnus arrivent dans le village de pêcheurs de Llantrisant, ils disent être des prêtres de Melchisedech et pendant une messe, ils prononcent des mots en grec ancien. Le récit détaillé de l'épisode est ici, en anglais, au chapitre VII : "Ffeiriadwyr Melchisédech ! Ffeiriadwyr Melchisédech ! cria le vieux diacre méthodiste calviniste à barbe grise. « Prêtrise de Melchisédech ! Prêtrise de Melchisédech !" . Bergier raconte l'apparition d'une gigantesque rosace de flammes pendant la nuit et des guérisons miraculeuses dans la foulée. Tout cela se mêlait à la thématique du Graal, celle des cloches angéliques etc. Machen, qui restait pour sa part réservé sur la légende locale, signalait que la rosace pouvait venir du port et que les miracles des neuf jours qui avaient suivi étaient tous explicables sauf la lumière chaude qui venait soigner les gens.
"Il y a cette question, notait Machen en conclusion de son texte, de la distinction entre l'hallucination et la vision, de la durée moyenne de l'une et de l'autre, et de la possibilité de l'hallucination collective. Si un certain nombre de personnes voient toutes (ou pensent voir) les mêmes apparitions, cela peut-il être simplement une hallucination ? Je crois qu'il existe une affaire de premier plan en la matière, qui concerne un certain nombre de personnes voyant la même apparence sur le mur d'une église en Irlande ; mais il y a, bien sûr, cette difficulté, que l'on peut être halluciné et communiquer son impression aux autres, par télépathie."
Bergier avait été sensible aussi au fait relevé par Machen au chapitre VI sur la similitude des visions des habitants avec l'Anhelonium Lewinii ou peyotl (bouton de mescal popularisé par Castaneda) qui faisait voir des cathédrales gothiques à un de ses expérimentateurs. Assez bêtement Bergier ajoute qu'on est 40 ans avant les travaux d'Aldous Huxley, mais c'est oublier que le British Medical Journal en 1896 avait déjà analysé les effets de cette drogue. Je vous renvoie aux travaux de Gordon Wasson sur les enthéogènes, mais les enthéogènes n'étant que des vecteurs du surnaturel, les considérations sur ces vecteurs n'éclairent pas grand chose selon moi.
En tout cas, il est vrai que la référence à Melchisédech ne venait pas de nulle part. Donc on peut supposer que quelque chose s'est vraiment passé dans ce village gallois en rapport avec ce sage, même si la fiche Wikipedia de Llantrisant se garde d'en parler, et d'ailleurs peu de choses sur Internet se rencontrent à ce sujet. La Flying Saucer Review se serait emparée du sujet en 1972 dans le registre de l'ufologie, mais ses archives ne sont pas en ligne.
Les écrits juifs situent le roi-prêtre Melchisédech hors du temps. Il est le seul personnage de la Genèse à n'avoir pas d'ancêtres explicitement nommés (ce que redira St Paul dans He 7:3 - cf le Codex de Mechisédek analysé par Jean-Pierre Mahé en 2000).
L'abbé Trithème (1462-1516) présente Melchisedech comme un eldil, c'est a dire, une créature inférieure à Dieu, mais supérieure aux Anges, catégorie reprise dans les années 1930-40 par C. S. Lewis. Pour Bergier, ce personnage, qui a pu être le prêtre d'un dieu nouveau au temps d'Abraham, pourrait donc venir d'un autre temps, ou d'en dehors du temps, pour aider les hommes à diverses époques, comme Fo-Hi en Chine, l'inventeur du Yi-King. Il insiste sur le fait que l'idée du voyage dans le temps vient de la culture juive.
AGCP de Hody rappelle que le 13 juillet 1483 Bernard de Breydenbach, doyen de l'église de Mayence, à la sortie de l'église de la Résurrection à Jérusalem se fit montrer les tombeaux des rois chrétiens dont celui de Godefroid de Bouillon... et de Melchisédech, fait confirmé par d'autres témoins mais les Latins n'ont jamais souscrit à l'authenticité de ce tombeau.
PS : sur Melchisédech voir aussi ce cours au collège de France (fin du cours, année 2009-2010)
Le nom de Marie Madeleine supprimé dans un exemplaire de l'Evangile de Jean
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Une étude de 2016 d'une doctorante de l'Université Duke, Elizabeth Schrader (interviewée ici par le youtubeur Andrew Mark Henry), montre que les copieurs de l'Évangile de Jean ont peut-être diminué le rôle de Marie-Madeleine.
En regardant de près une image numérique du papyrus 66 - un manuscrit grec du XIIe siècle généralement considéré comme le plus ancien manuscrit presque complet de l'Évangile de Jean - Elizabeth Schrader a remarqué quelque chose d'étrange.
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Dans Jean 11:21 ("Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort."), le mot « Maria » (ou Marie) avait été modifié : le symbole grec iota - le « i » - a été rayé et remplacé par un « th » qui a changé le nom en « Martha » (Marthe). Et dans Jean 11:3, le nom d'une femme a été remplacé par « les sœurs » : Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.
Marthe est présente dans l'Evangile de Luc, mais il y aurait, selon Schrader, une volonté délibérée des copistes d'en faire dans l'Evangile de Jean la soeur de Lazare en lieu et place de Marie-Madeleine.
Dans Jean 11:27, c'est Marthe qui dit "Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde", phrase très importante. Dans Tertullien (150-220), c'est Marie.
Le prédicateur James Snapp Jr a objecté que Schrader allait trop loin dans l'interprétation des ratures observées dans le P66.
Dans Jean 11:1, explique-t-il, le copiste de P66 a d'abord écrit l'équivalent grec de "Or un certain homme était malade, Lazare de Béthanie, le village de Marie et de Marie sa sœur. Puis, s'apercevant qu'il avait écrit « Marie » deux fois », il est revenu en arrière pour corriger le texte en effaçant la lettre iota dans la seconde Μαρ ι ας et en la remplaçant par la lettre thêta , de manière à écrire Μαρ θ ας. Ce genre d'erreur n'est pas particulièrement inhabituel pour ce copiste ; il a commis au moins 15 autres erreurs de dittographie (écrire deux fois ce qui devrait être écrit une fois) dans le texte de Jean. Pour lui, la plupart des points soulevés par Schrader sont des erreurs d'inattention, comme il en existe beaucoup dans les manuscrits.
On observera aussi que sur le Net, à part les objections de Snapp, il n'y a pratiquement pas de reprise de la thèse de Schrader sauf dans des gender studies (voyez sur Google Scholar), ce qui laisse entendre que celle-ci a sans doute tiré des conclusions hâtives sous l'influence de l'air du temps...
Où Jean Cassien rejoint Jean Climaque
Un extrait des Collations de Jean Cassien qui recoupe la position de Jean Climaque, sur le fait que la purification intérieure compte plus que les miracles extérieurs. Le travail intérieur contre soi est une forme de charité supérieure...
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Quelques bons conseils de Saint Jean Climaque
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Parmi les suggestions intéressantes du moine hésychaste syrien St Jean Climaque (VIIe siècle), je trouve ceci (L'Echelle sainte 725D) : "Selon la nature de nos passions, discernons à qui nous devons nous soumettre. Si tu es porté à la luxure, choisis un entraîneur ascète qui ne fasse aucune concession quant à la nourriture, plutôt qu'un thaumaturge qui serait toujours prêt à accueillir des hôtes et à les restaurer. Si tu es d'un naturel hautain, choisis le plus accommodant, et non pas doux et indulgent. Ne recherchons pas ceux qui sont doués de prescience et de prévision mais plutôt ceux qui sont parfaitement humbles et qui seront mieux qualifiés, tant par leur caractère que par leur lieu de résidence, pour guérir nos maladies".
On peut noter ici le lien intéressant qui est tracé entre luxure et nourriture : le remède à la première, c'est le jeûne. Un autre lien inattendu aussi : le don de faire des miracles est associé à la disposition à accueillir des gens (à la charité). Or comme souvent dans l'hésychasme, ce versant n'est pas particulièrement valorisé - malgré tous les débats que cela a suscité dans le christianisme oriental, de saints moines ont soutenu jusqu'au bout que celui qui a réussi à vaincre ses sens retournerait en arrière s'il abandonnait son ascèse solitaire pour retourner vers les pauvres : évidemment le précepte ne vaut que pour ces ascètes là, mais c'est quand même dans l'absolu une mise en garde contre l' "autrisme" comme dirait Mattei.
Autre point intéressant, valable pour tous, le fait que même chez les moines il était déconseillé de se précipiter vers ceux qui avaient des dons surnaturels, notamment des donc prophétiques, parce que cela pouvait soustraire à une certaine dynamique de l'humilité.
Je trouve aussi dans Jean Climaque des avertissements à ceux qui se satisferaient trop d'avoir une bonhommie naturelle, et aussi à ceux qui seraient trop impatients de progresser spirituellement. Ainsi en 725B il qualifie de "cénobites frelatés" ceux qui recherchent le jeûne le plus strict ou encore "la prière sans distraction", la "libération de la vaine gloire" ou "une chasteté surhumaine". "L'adversaire leur persuade de rechercher tout cela avant le temps, écrit-il, pour les empêcher de l'obtenir en temps voulu par leur persévérance". Voilà qui consolera par exemple ceux qui ne parviennent pas à réciter leur chapelet sans penser à autre chose (même si bien sûr l'absence de distraction doit rester l'objectif à terme).
Mon article "nudité et spiritualité" dans la revue "La Vie au Soleil"
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Dans la revue "La Vie au Soleil" de mai 2022, je publie un article d'une page qui rebondit sur mon enquête consacrée aux médiums publiée en 2017 et pose quelques questions sur le rapport entre nudité et sorcellerie, nudité et ascèse etc. Il est accessible in extenso en cliquant sur ce lien.
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