Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #anthropologie du corps tag

La sentiment de pudeur n'aurait pas qu'une origine visuelle

9 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Généralités Nudité et Pudeur, #Histoire des idées, #Anthropologie du corps

J'ai souvent insisté, quand j'écris sur le rapport entre nudité et spiritualité en Occident, sur la dimension visuelle de la nudité à l'égard des anges (notamment des anges déçus).

Or je tombais hier sur une remarque intéressante de Salomon Reinach (1858-1932) sous un article intitulé "Les sycophantes et les mystères de la figue", publié la revue des études grecques de 1906 puis dans le recueil "Cultes, mythes et religion".

Je n'épiloguerai pas sur la figue sur le thème de la figue à propos duquel le kabbaliste Cohen Alloro dit des choses intéressantes.

Signalons simplement cet addendum de Reinach qui,fait référence à une lettre , paru dans la Revue archéologique de 1907, intitulée The Pharmakoi and the story of the fall que William Roger Paton (1857-1921) lui a adressée. Cette lettre trace une analogie entre l'expulsion d'Adam et Eve du paradis terrestre dans la Genèse et un rituel grec archaïque d'expulsion d'une femme et d'un homme nus de la cité.

Il existe en Grèce un rituel ancien (Reinach y insiste : un rituel plus qu'un procédé technique car on ignore si cela fonctionne) dit de caprification (de capri-ficus en latin : figuier-bouc) : pour faire mûrir la figue du figuier cultivé, on le considère comme une femelle, et on le soumet à l'influence de fleurs et de branches de figuiers sauvages (supposés être mâles) qui nourrissent des pucerons qui percent de trous la surface du fruit cultivé et en facilitent la maturation (ça c'est Pline qui l'explique tardivement dans une forme de rationalisation). On trouve un analogue dans des bas-reliefs assyriens où un génie ailé féconde un dattier. C'est une hiérogamie. Or à Athènes, au mois de thargelion (au printemps), deux victimes appelées "pharmakoi" étaient conduites en dehors de la ville nues en portant des colliers de figues sèches : noires pour la victime masculine, blanches pour la féminine (selon Helladius). Les Pharmakoi étaient frappés sept fois avec des branches de figuiers sur les parties génitales, rituel qui pouvait être censé les rendre féconds à l'origine puis avoir revêtu avec le temps une dimension expiatoire.

Paton, réagissant aux premières remarques de Reinach sur les origines du mot sycophante (qui vient de "figue") rapproche ce rituel expiatoire du verset de la Bible à propos d'Adam et Eve : « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures », dit la Bible (Gen 3, 7). Ce verset qui manifeste les origines de la pudeur, note-t-il, en le reliant à la fécondité des figues, invite à penser que celui-ci sert surtout à protéger les orifices par où l'être humain procrée (ce qui explique que les peuples qui vivent nus n'imposent une tablier aux filles qu'après leur puberté, idem pour l'étui pénien des garçons) parce que, selon la mentalité primitive, des mauvais esprits pouvaient être tentés de s'y infiltrer, ce qui pouvait nuire à la santé de la descendance.

Il ajoute que cette idée de l'entrée des esprits par les orifices est souvent étendue au delà des orifices génitaux. Un hymne chrétien dit que la Sainte Vierge fut fécondée par une oreille (quae per aurem concepisti) et pour la même raison les femmes musulmanes couvrent leur bouche (Edwin Sidney Hartland, The Legend of Perseus).

Voilà une approche à laquelle je n'avais pas pensé.

Lire la suite

Mon article "nudité et spiritualité" dans la revue "La Vie au Soleil"

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Généralités Nudité et Pudeur, #Christianisme, #Publications et commentaires, #Histoire des idées

Dans la revue "La Vie au Soleil" de mai 2022, je publie un article d'une page qui rebondit sur mon enquête consacrée aux médiums publiée en 2017 et pose quelques questions sur le rapport entre nudité et sorcellerie, nudité et ascèse etc. Il est accessible in extenso en cliquant sur ce lien.

 

Lire la suite

Encore une image bien triste du monde des massages

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Massages, #Médiums

Hélas, à chaque fois que j'essaie de comprendre ce qui se passe, sur le plan spirituel dans les instituts de soin et de bien-être, je tombe sur des réalités bien peu reluisantes. Je vous avais raconté en 2019 (voyez ici) mes découvertes que j'avais faites trois ans plus tôt sur une réflexologue normande. Le plus drôle est que la Radio chrétienne de France n'avait pas hésité à faire la promotion des activités de cette personne, ce qui m'avait persuadé de donner quelque publicité à l'interview que j'avais faite d'elle en 2016. Une responsable d'une antenne locale de cette radio, au profil très bourgeoisie de province, chef d'entreprise etc, aux idées progressistes (et surtout narcissiques), quand je lui avais fait remarquer les dangers qu'il y avait à confier ses pieds, ses réseaux énergétiques à quelqu'un qui voit des esprits autour de vous, et entretient un commerce avec eux, avait tenté de se faire pardonner en me promettant de m'autoriser à parler sur ses ondes de mon expérience auprès des médiums, puis, elle avait rompu cette promesse en prétextant qu'elle avait déjà trop de travail à couvrir les élections européennes et un événement culturel local : mettre l' "actu" la plus périssable au dessus du sort des âmes qui se perdent dans les instituts de bien-être et de beauté, voilà qui est bien peu chrétien et qui en dit long sur le niveau de corruption morale des médias liés aux institutions catholiques en ce moment.

J'ai tenté à nouveau hier un salon de massage de bien-être, voulant absolument ne pas pouvoir être taxé de dogmatisme : je veux toujours savoir en quoi le corps peut "malgré tout", malgré sa chute, être connecté au divin et manifester quelque chose de lui, sans se compromettre avec des entités invisibles suspectes. Je croyais avoir choisi une praticienne respectable, qui affichait d'ailleurs son diplôme professionnel. Avant la séance, j'ai parlé avec elle de mes déconvenues chez les énergéticiens de tout poil. Comme les médiums, les masseurs de bien-être (qui ont arraché aux kinés en 2021 le monopole du terme "massage"), modeleurs et réflexologues sont toujours prompts à critiquer leurs collègues trop "perchés" ou mal inspirés, mais, au bout de quelques minutes, on comprend assez vite qu'on reste avec eux toujours dans le même univers (le même cercle de l'enfer). Cette dame, ancienne éducatrice, remplie visiblement de très bonnes intentions à l'égard de son  prochain, n'a en effet pas hésité à me parler de son background spirituel. "J'ai connu, me dit-elle, le versant sombre du monde invisible à travers le reiki que pratiquait mon mari et qu'il a fini par utiliser aussi contre moi de la façon la plus pernicieuse qui soit. Mais en même temps j'en ai connu le côté lumineux à travers le maître spirituel de mon mari qui m'a aidé à sortir de cette manipulation". Puis la dame précise encore : "Parfois moi aussi je suis sur le point de percevoir des esprits autour de quelqu'un, mais je dis 'stop' pour que cela n'influence pas ma pratique. Et puis j'ai un esprit qui me protège". Et puis "on dit que j'ai des mains qui rendent heureux, j'ai peut-être un peu de fluide comme tout le monde" (cela m'a fait penser à cette masseuse dans le Sud-Ouest qui m'avait expliqué qu'elle avait reçu son fluide dans son enfance en fréquentant des femmes gitanes - et même en se faisant plus ou moins "confisquer" par elle, loin de ses parents : elle avait appelé son officine "les mains du bonheur"... cela promettait un "bonheur" des plus suspects).

Quand on connaît un peu le monde des magnétiseurs et de ceux qui pratiquent le monde invisible on sait ce que cela veut dire : cette dame, exposée à la sorcellerie, croit en être sortie avec l'aide d'un maître de reiki, mais, ce faisant, elle doit maintenant ses "protections" à une entité qu'elle croit bienveillante, mais qui lui dicte ce qu'elle doit penser (voyez le cas de ce médium spirite qui en 2020 reconnaissait que son "guide" dans le monde invisible ne lui laissait guère de liberté). Voilà entre les mains de qui l'on remet son âme quand on va se faire masser, et ce sans le savoir le plus souvent, car, à moins de parler avec le praticien/la praticienne ouvertement de magnétisme, il est très rare que celui-ci ou celle-ci vous accorde des confidences de ce type. En un sens ce n'était pas une surprise pour moi, simplement la confirmation de ce que je sais depuis des années, et que j'aurais pu aussi bien déduire du mandala que la masseuse glissait à côté de son nom sur la vitrine de son salon, ou du tatouage sur son bras, si je m'étais laissé aller à l'étudier (un jour je vous parlerai des tatouages qui relient à l'au-delà).

Quand une masseuse vous confie ce genre de chose (et c'est souvent poignant car vous touchez là non seulement à ses malheurs affectifs, mais aussi à tout ce qui "structurellement" va la conduire à la perdition), vous ne pouvez ni tenter de la convertir à brûle pour point (ce serait contreproductif) ni vous enfuir en courant. J'ai donc subi la séance avec elle malgré tout. Bizarrement j'ai prié beaucoup d'un bout à l'autre. J'étais inspiré à le faire, sans doute à titre de protection. A la fin la dame était bien moins cordiale qu'avant la séance. Peut-être a-t-elle perçu que mes "chakras" ne s'ouvraient pas à son "fluide", que quelque chose en moi résistait aux sortilèges de mes mains (ma "protection" à moi, qui, elle, n'a rien à voir avec les entités du deuxième ciel). Ou peut-être son "protecteur" lui a-t-il inspiré de mauvaises idées à mon sujet (j'ai connu une ancienne occultiste qui se persuadait que je causais des poltergeist chez elle, et une chamane convaincue que j'avais des "entités négatives" qui l'agressaient à chaque fois que je tentais de lui parler du christianisme). En tout cas dans ce salon de massage nous étions une fois de plus bien loin de Dieu et du salut qu'il nous promet à travers le message biblique et l'institution de l'Eglise. On était au désert, dans un monde où les gens recherchent un "bien être" que les entités (entités héritières des Nephilim) qui s'expriment dans les mains de ces dames si bien intentionnées mais si perdues spirituellement sont bien incapables de donner...

Le matin-même avant cette séance j'avais reçu le livre de Françoise Bonardel "Prendre soin de soi, Enjeux et critiques d'une nouvelle religion du bien-être", un mauvais livre très prétentieux qui mêle en les mettant sur le même plan des philosophies occidentales souvent peu compatibles entre elles (Platon, Hegel, Nietzsche, Heidegger), du bouddhisme etc, mais qui a au moins le mérite de rappeler qu'on ne peut attendre aucune élévation spirituelle d'une démarche de recherche du bien-être (à travers les massages, le yoga, l'hypnose, le Taï-Chi etc) que les gens n'utilisent qu'au service de leur égo pour se détendre, rester productifs (faire face à leurs responsabilités sociales etc) : il n'est de bonne spiritualité qu'au delà de l'égo, et contre lui...

Lire la suite

Saint Jean Chrysostome à propos de l'obsession sexuelle

1 Mars 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Anthropologie du corps, #Histoire des idées

"L'homme épris d'une femme qui n'est pas son épouse, et l'homme qui passe son temps avec les prostituées est un ivrogne. Celui qui boit beaucoup ne peut marcher droit, ses propos sont grossiers, ses yeux ne peuvent voir les choses telles qu'elles sont vraiment. De même, l'ivrogne empli du vin captieux de sa passion indisciplinée a, lui aussi, la parole embarrassée ; tout ce qu'il dit est honteux, pervers, vulgaire et ridicule ; lui non plus ne peut voir les choses telles qu'elles sont vraiment, parce qu'il est aveugle à ce que ses yeux lui montrent. Comme un homme à l'esprit dérangé ou quelqu'un qui a perdu la tête, il imagine voir partout la femme qu'il aspire follement à posséder. Peu importe combien de personnes lui adressent la parole à des rassemblements ou des banquets ; quel que soit le temps ou le lieu, il semble ne pas les voir ; toute sa convoitise est tendue vers cette femme, et il rêve de son péché ; il est soupçonneux de tout, et tout l'effraye ; sa situation ne vaut pas mieux que celle d'un animal pris au piège (*)

Jean Chrysostome, Huit homélies Adversus Judaeos, Homélie VIII (IVe siècle)

Point intéressant : l'assimilation de l'amoureux passionné (dans une histoire extraconjugale) au client compulsif des prostituées. L'un et l'autre ne voient partout qu'une seule femme. N'est-ce pas L*l*th, la démone première femme d'Adam ?

(*) For the man in love with a woman who is not his wife, the man who spends his time with prostitutes, is a drunkard. The heavy drinker cannot walk straight, his speech is rude, his eyes cannot see things as they really are. In the same way, the drunkard who is filled with the strong wine of his undisciplined passion is also unsound of speech; everything he utters is disgraceful, corrupt, crude, and ridiculous; he, too, cannot see things as they really are because he is blind to what he sees. Like a deranged man or one who is out of his wits, he imagines he sees everywhere the woman he yearns to ravish. No matter how many people speak to him at gatherings or banquets, at any time or place, he seems not to hear them; he strains after her and dreams of his sin; he is suspicious of everything and afraid of everything; he is no better off than some trap-shay animal.

 

Lire la suite

Témoignage d'une "thérapeute" anti-chrétienne

4 Septembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme, #Anthropologie du corps

On retrouve ici une illustration intéressante d'un phénomène que j'avais évoqué dans mon livre sur les médiums sur l'orientation anti-chrétienne des expériences de mort imminente, et, du coup, sur les forces spirituelles qui sans doute les orientent. Voici Karinne R, "thérapeute" à Bayonne. Le 28 septembre 2019, elle donne une conférence (à Bois Cesbron, près de Nantes, organisée par une association "A fleur d'âmes", juste avant quand même une "canalisation" par une médium...) dans laquelle elle raconte l'agression dont elle a fait l'objet en 2014 au terme de laquelle elle a été laissée pour morte. Le propos est sincère, intéressant, mais parsemé d'attaques insidieuses contre la doctrine chrétienne du type "non notre âme n'est pas jugée quand elle quitte le corps", "il est bon de faire de la méditation","les mandalas sont beaux"...

Si l'on n'écoute que la conférence en elle-même, sans les questions qui suivent, on a l'impression que l'intéressée raconte une expérience spirituelle "autonome", qui n'a été préparée par rien, à ceci près qu'elle précise avoir déjà fait une décorporation à l'âge de 25 ans. Puis, quand on en vient aux questions de la salle, elle apporte cette précision intéressante : la jeune femme qui lui est apparue dans son coma et qui serait la fille qu'elle a avortée le 17 octobre 1994 s'appelle Iris ; comment sait-elle que c'est le prénom de l'enfant avorté ? parce qu'elle a fait une canalisation chez une médium quelques années auparavant et que celle-ci lui a révélé le prénom de l'enfant.

Autrement dit, cette apparition de l'enfant dans son coma est directement reliée à la révélation de la médium. Sans cette séance de médiumnité, l'apparition n'aurait eu aucun sens pour cette femme.

Je me suis souvent demandé pourquoi seulement une minorité de personnes qui subissent des accidents graves vivent des décorporations et plus généralement des expériences de mort imminente. On peut maintenant se demander si ces expériences, comme la réalisation des prédictions des voyant(e)s, ne relèvent pas d'une logique de pacte. Parce que la personne croit, adhère à ce que dit le médium, elle entre dans un pacte avec la ou les entité(s) qui se sont manifestées dans la séance. Et, dès lors, ces forces vont faire advenir dans la vie de cet individu des événements qui scellent ou réactivent périodiquement le pacte comme l'accident qui détermine l'expérience de mort imminente elle-même. On peut même faire l'hypothèse (validée à certains égards par la Bible) que le pacte a été parfois conclu quelques générations auparavant par des ancêtres. L'EMI n'est alors qu'une étape du pacte au cours de laquelle l'Esprit va faire vivre à l'accidenté diverses choses, et parfois même doter son "client", son "co-contractant" de certains dons (certains reviennent des EMI avec des dons de médiumnité). Alors la personne va avoir l'impression d'avoir connu un amour exceptionnel et de revenir sur Terre pour faire du bien aux gens. Mais en réalité, elle revient pour poursuivre l'exécution du pacte, dont un des volets est d'expliquer sous forme de sousentendus aux auditeurs que le christianisme est une sottise, que l'on n'est pas jugé après la mort, et qu'il ne faut pas réformer sa vie, sauf à essayer d'aimer un peu plus les autres.

Ce n'est là qu'une hypothèse, mais ce serait assez logique... D'ailleurs j'observe que les gens qui témoignent de leur EMI, à part l'éloge qu'ils font de l'amour, n'apportent pas un message d'un très haute valeur morale. Il y est beaucoup question de la réalisation de soi, de vanter la vie que l'on a vécu, de sa valeur dans le plan divin etc, mais pas d'appel à donner tout ce que l'on a comme dans la Bible, pas d'appel à l'humilité (d'ailleurs les rescapés des EMI qui deviennent thérapeutes exercent des métiers rémunérés qui ne relèvent pas du tout du don de soi, du sacrifice pour autrui), pas d'inscription dans un plan historique apocalyptique. Les entités invisibles voudraient "chloroformer" spirituellement un maximum de gens avec ce genre de discours qu'elles ne s'y prendraient pas autrement...

Lire la suite

De l'habileté des pieds

2 Septembre 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

"Un autre souvenir de la jeunesse (de l'abbé de Clieu, curé du Havre en 1669) mérite d'être rapporté pour la rareté et la curiosité du fait. Quand il étudiait la théologie à la Sorbonne , on y mena une jeune fille qui avait subi l'amputation des deux bras, dès l'enfance, et qui cousait et enfilait parfaitement son aiguille avec ses pieds; elle travaillait aussi bien que la meilleure couturière, taillait des plumes, écrivait, peignait, sténographiait et feuilletait librement son livre de prières, et tout cela toujours avec ses pieds. "

Messire de Clieu, les églises et le clergé de la ville du Havre-de-Grâce (1516-1851) / par M. l'abbé J.-B. Lecomte,...p. 9

Lire la suite

Nudité et christianisme

7 Juillet 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Anthropologie du corps, #Généralités Nudité et Pudeur

Le 28 mai dernier, la rédactrice en chef de la revue naturiste La Vie au Soleil m'informait du décès du "Frère Jacques", un prêtre naturiste qui avait contribué à l'aura médiatique du centre de Montalivet. L'homme réputé pour son sens ascétique et sa haute spiritualité semblait mêler, d'après ce que l'on peut en percevoir dans ses déclarations dans la presse, une inspiration hindouiste à ses vertus chrétiennes (selon la Charente Libre du 16 août 2014, il pratiquait aussi le végétarisme que beaucoup de chrétiens jugent non biblique). Auparavant, dans les années 1970-1980, un autre prêtre à Montalivet, le père Dominique Biondi, avait aussi prôné le renoncement au vêtement, mais lui était d'inspiration plus ouvertement hérétique encore (il faisait sienne l'alchimie, communiait au souhait d'une unification - souvent jugée antéchristique du point de vue de l'Apocalypse - des religions mondiales ; il avait participé au Colloque parapsychologique de Cordoue de 1979, et évoqué dans une conférence du 17 avril 1980 au Club 44 en Suisse son propre don de médiumnité et son intérêt pour l’Evangile apocryphe de Thomas). Ce père Biondi organisait avec un bouddhiste cambodgien une « Internationale de la Prière » (prière sans dogme à 20h30 pour l’harmonie du monde) dont l’intitulé n’est pas sans évoquer les rituels lancés lors des diverses « Journées de la Terre » au sein de l’Organisation des Nations Unies sous l’inspiration de la Société de Théosophie – voyez mon ouvrage « Le complotisme protestant contemporain » (L’Harmattan, 2019).

La question du rapport du christianisme à la nudité est complexe. D'un côté, dans le sillage du judaïsme, la nudité dès la Genèse est synonyme de honte, et dans 1 Cor 6:10 il est écrit que les impudiques n'hériteront pas du Royaume de Dieu. La nudité publique est signe d'emprise démoniaque comme pour le possédé de Gérasa qui vit dans un cimetière (Luc 8:27).

Et cependant il y a ces bizarreries : le roi David qui dansa torse-nu devant l'Arche l'Alliance, et le verset d’Esaïe (Esaïe 20:2-3) à qui Dieu demanda de vivre nu pendant 3 ans (voir aussi  Esaïe 20 :1-4) .

De l’aveu de George Fox le fondateur des Quakers au 17e siècle, ce passage, redécouvert par ses disciples les a inspirés en Angleterre et dans ses colonies : « Plusieurs ont été poussés par le ciel,  écrit-il dans ses mémoires, à aller nus par les rues et sous ce règne, en signe de la nudité des hommes du jour, et ils ont déclaré à leur face que Dieu les dépouillerait de leurs dehors hypocrites, pour les laisser aussi nus qu'eux-mêmes ; mais les hommes du jour, au lieu de tenir compte des avertissements des prophètes, les ont fréquemment fouettés ou accablés d'autres outrages » .

L'historienne Diana Rapaport a récemment (dans The Naked Quaker en 2007) ressuscité le souvenir de  Lydia Wardwell, la quaker qui, forcée par le gouverneur Endicott du Massachusetts à assister aux offices puritains, se  rendit totalement nue à la "meeting house" de Newbury au printemps 1663 malgré la froidure pour témoigner de la nudité des sermons du prédicateur (voir aussi la Revue d'Histoire moderne de l'année 1934, p. 118). Il y eut aussi Deborah B. Wilson, quelque temps après, décrite comme "une jeune femme d'une vie très modeste et retirée, et d'une conversation sobre"  qui se dévêtit dans les rues de Salem au nom du Seigneur. L'une et l'autre le payèrent de coups de fouets en public (pour Lydia Wardwell ce fut à Ipswich, tout comme son mari, elle déménagea dans le New Jersey ensuite).

Au moment de l'arrestation de Jésus dans Marc 14 il y a un jeune homme couvert d'un simple drap qui le perd en s'enfuyant. Saint Jérôme a recommandé de suivre nu le Christ nu (Nudus nudum Christum sequi). Les saloi, les fous en Dieu de la chrétienté d'Orient (Syméon d’Emèse, Vassily de Moscou, Saint Maxime et Basile le Bienheureux ) allaient nus dans les rues pour montrer que dans l'Esprit ils n'avaient plus de mauvaises tentations ("Tout est pur pour ceux qui sont purs" - Tite 1:15) - Voir Vincent Déroche. Saint François d'Assise s'était dénudé devant un tribunal. Franco Mormando, a rappelé qu'en 1420, à Venise, un petit groupe de quatre franciscains fut arrêté et jugé par le Seigneur de la Nuit pour avoir marché nu dans les rues à la tête de dévôts, avec des croix à la main sur l'accusation de sodomie. Voilà bien un signe des effets ambigus de la dénudation franciscaine. Aux 13e et 14e siècle des gestes de dénudation de Iacopone da Todi (1230-1306), Marguerite de Cortone (1247-1297) et Angèle de Foligno (1248-1309) avaient été acceptés. Bernardino de Sienne (1380-144) troisième fondateur de l'ordre s'était dévêtu à l'hermitage Il Colombaio près du mont Amiata mais en prenant soin de théoriser la différence entre la nudité pieuse et la nudité sodomite. On voit bien qu'en la matière la frontière entre péché et pureté, comme entre raison et folie, est ténue.

Ste Marie d’Egypte et St Onuphrius (IVe siècle) vivaient nus. Au chapitre XXXVII (p. 128-129) de son Histoire Lausiaque, Pallade de Galatie (363-431) raconte du moine égyptien Sérapion le Sindonite, qui vivait nu vêtu d'un sindon - un linceul - probablement entre 300 et 350, qu'arrivé à Rome il mit au défi une vierge silencieuse retirée du monde de traverser la ville nue pour montrer qu'elle était morte au monde.

En 1296 le pape Boniface VIII a publié un bulle contre une secte qui priait nue. Pourtant récemment, mêlant comme le Frère Jacques sont inspiration à celle de l’hindouisme, John R. Dupuche, prêtre catholique de l'Archidiocèse de Melbourne, dans son livre "Chakras" à propos du chakra sexuel suggère (p. 78) : "Certains peuvent trouver un sens à pratiquer des méditations dans l'idée d'un dépouillement de toute protection, de toute identification à un rôle social. Job dit bien que c'est ainsi que l'être humain se trouve dans la vérité de son être en présence de Dieu : 'Nu je suis sorti du sein maternel, nu j'y retournerai' (Job 1:21). Cela rappelle les ascètes hindous qui sont 'vêtus du ciel' (digambara)".

Le christianisme pourrait-il rouvrir des groupes de prières nus sans dévier de son orthodoxie biblique ? Je pense que, vu l'ambiance spirituelle actuelle, absolument personne ne serait aujourd'hui capable de pratiquer un spiritualité chrétienne nu sans mauvaises pensée. Et, compte tenu de ce que j'ai déjà dit des lobbies qui poussent à la nudité publique, qui sont les mêmes qu'au XIXe siècle, il y a lieu de rester très méfiant sur ce sujet  : ce sont des lobbies qui, comme les adamites autrefois, se croient affranchis de la problématique du péché originel et n'ont pas idée de ce qui se joue réellement dans le monde invisible. D'ailleurs, à titre personnel, j'ai trouvé pour le moins étrange que la Radio chrétienne de France (RCF)-Paris m'ait invité à parler de la nudité en novembre 2014 quand j'étais si éloigné du christianisme que je consultais à l'époque des médiums qui faisaient des canalisations de la "déesse" Isis, alors que trois ans plus tard, il fut question que je puisse parler de ma conversion de 2015 sur une de leurs radios de province puis l'idée fut abandonnée. Qu'on puisse parler de nudité sur une radio chrétienne lorsqu'on n'est soi-même plus chrétien, et qu'ensuite on ne puisse plus y raconter sa conversion laisse rêveur (d'autant que la même radio n'hésite pas à interviewer ensuite une réflexologue spirite pour promouvoir son activité). Dans un contexte aussi pollué sur le plan spirituel mieux vaut rester très prudent.

Lire la suite

"Ne jamais accepter de boissons ni des mouchoirs.. des stylos..."

10 Mai 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Anthropologie du corps

Une dame originaire de la Martinique m'écrit ce matin : "Oh ! la la ! Les filles des Iles sont vindicatives...et très portées sur tout ce qui est magie. En Martinique, Guadeloupe..Haïti.. bref.. elles sont fortes...avec une mèche de cheveux, des vêtements...n'importe quels articles qui nous appartiennent....
A ma fille je disais de ne jamais accepter de boissons ni des mouchoirs.. des stylos...rien qui ne lui appartenait pas, de tout refuser ..mais vous savez les jeunes n'écoutent pas les parents...elles sont rebelles"

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>