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Massages chinois, massages asiatiques
Voilà deux ans que je garde dans mes tiroirs un article sur les salons de massage chinois, issu d'une enquête sur le sujet dans les beaux quartiers de Paris. Je l'avais presque oublié mais je tombe ce soir par hasard sur l'article d'Annabel Vallard, chercheur associé à l'EHESS et chargée de recherches à l'université libre de Bruxelles, au sujet du massage thaï "Corps à corps : théorie et pratique dans l’enseignement d’une technique corporelle traditionnelle. L’exemple du massage thaï au Wat Pho de Bangkok", ASEANIE, 11 : 73-120. L'article est en ligne ici.
J'en conseille la lecture même à ceux qui ne sont pas familiers de l'anthropologie. C'est une étude très complète qui aborde en détail à la fois les normes gestuelles observées dans les écoles de massage, leur positionnement par rapport aux normes corporelles de la société thaï, la généalogie de ce savoir (l'ascendance indienne en particulier) et les soubassements théoriques (pas forcément faciles à expliciter s'agissant d'une science essentiellement pratique) notamment autour de la conception du mouvement des fluides.
Comme le souligne la chercheuse, le massage est une discipline qui repose énormément sur du non-dit, c'est ce qui en fait un sujet, comme beaucoup d'autres en anthropologie du corps, particulièrement difficile à cerner et à objectiver au delà des intuitions que l'anthropologue, plongé dans une observation participante, peut nourrir - mais qui peuvent aussi s'avérer erronées...
Souvenirs de Jacqueline Commenges sur Jurançon
Le chanoine Hourcade décède en juin 1946. Tout Jurançon défile devant sa dépouille mortuaire en tenue de prêtre au presbytère (actuellement rue de Borja à l'époque ''rue des Écoles''). Le chanoine Hourcade et l'Église étaient au cœur de la vie de Jurançon. Jusqu'au début des années 1960 les enfants en défilé derrière le curé jetaient des roses en chantant des cantiques sur la place du Junqué aux rogations, et des processions avaient lieu entre l'église, le crucifix de l'actuelle avenue Charles-Touze (restaurant Ruffet), et celui de la route de Gan pour la Trinité, la Fête Dieu, la Pentecôte.
Côté laïque le directeur de l'école laïque des garçons (lieu de l'actuelle poste) est M. Canone, et la directrice de l'école des filles (à l'endroit de l'actuelle école maternelle) Mme Prat. Tous les matins ils faisaient hisser le drapeau au chant de "flotte petit drapeau", et amenaient les élèves au monument aux morts, les meilleurs élèves faisant l'appel aux morts de la guerre de 14. La place du Junqué (devant la mairie) pendant la seconde guerre mondiale était sillonnée de tranchées où pouvaient se réfugier les élèves des écoles en cas de bombardements.
Après la Libération, un centre d'apprentissage est construit en pré-fabriqués sur les terres du château Louvie (qui deviendra le collège Ernest Gabard). Dans les 1950 l'école Louis Barthou est construite derrière l'école des filles, entre la place du Junqué et la place du Bernet (quartier des laveuses au bord du Néez)
Au début des années 60 l'équipe de Pierre Gabard a fait aménager le stade de football (au croisement des actuelles rues Coubertin et Gaston-Cambot, sur le terrain de l'actuel EPHAD). L'ancien stade, lui, dépendait de l'Union jurançonnaise (patronage catholique) et se trouvait au lotissement Constance (autour de l'actuel carrefour entre l'avenue Henri-IV et la rue Alfred-de-Vigny). Le quartier du stade se développe. Auparavant il s'agissait seulement de champs (les terrains de Durand et de Rembès) et d'une saligue, traversée par des chemins vicinaux et par la rue du Gave (où se trouvaient l'horticulteur Lartiguet, la teinturerie Dallis et la tannerie Cabanne). Près de l'actuel restaurant Cabanne se trouvait l'usine de bérets Crosnier(dépendant de Laulhère à Oloron).
En 1967-68, les tripiers jurançonnais du bord du gave, Latapie, Camy et Cascaro sont expropriés pour la construction du pont d'Espagne qui crée un nouveau lien entre Jurançon et Pau parallèlement au pont du 14 juillet. En 1973, ouvre l'école Jean-Moulin installée sur d'anciens jardins ouvriers.
--- Jacqueline Commenges a toujours vécu à Jurançon depuis 1934. Son témoignage a été recueilli en 2013.
Histoire d'ours
Lu ce matin dans Ethnologia Polona (vol 13, 1987 p. 257-89), "Des évêques et des ourses, Etudes de quelques chapiteaux du cloître de Sait-Lizier en Couserans" d'Arnold Lebeuf. Je me méfie un peu de certaines "libres interprétations" de l'anthropologie, surtout quand elle s'autorise de la psychanalyse, cependant je trouve touchante cette parenté entre l'humain et l'âne que les écrivains de Pline l'Ancien à Gaston Phoebus ont repérée et ses implications dans les rituels de fécondité des Douganes et des Yacoutes, on aimerait en savoir plus... Bien sûr en Béarn comme ailleurs les ânes s'appellent Martin, et la légende de l'évêque de Couserans permet de bien comprendre pourquoi aussi bien les ours que les ânes s'appellent Martin. Je cherche cependant des éléments sur une chanson dédiée à l'ours Dominique "Adiu praube Dominica". Vieux souvenir d'enfance. Aucune trace sur le Net... Ca a peut-être à voir avec le dernier ours tué dans les Pyrénées, je ne sais pas.

Slavoj Zizek vu par John Gray
A signaler publié et traduit par la revue Books ce mois-ci (et en version originale ici) une excellente critique de Slavoj Zizek (et de son dernier livre "Less than Nothing, Hegel and the Shadow od Dialectical Materialism", Verso, 2012) par John Gray de la New York Review of Books, qui dit tout ce qu'il faut sur le mépris de Zizek pour les faits et la rationalité, son rapport ambigu à la violence, et qui conclut en estimant que "le radicalisme trouble de Zizek convient idéalement à une civilisation tétanisée par le spectacle de sa propre fragilité". "Par l'éternelle répétition d'une pensée fondamentalement vide, l'oeuvre de Zizek se donne un semblant de substance", observe Gray. On ne saurait mieux dire.(Pour info Zizek a répondu ici)
Désir et politique dans les Mémoires du Cardinal de Retz
Il y a un passage (p. 386 en Folio) étonnant dans les Mémoires du Cardinal de Retz, où l'on voit la logique des alliances politiques sous la Fronde potentiellement absorbée en totalité par la loi du désir sexuel. C'est cette page (qui évoque décembre 1649) où Mme de Montbazon, épouse du duc Hercule de Rohan et maîtresse du duc de Beaufort (une très belle femme très imbue de sa personne selon Retz), qui, à l'époque a 39 ans (Retz en a 36), reproche au Cardinal de ne pas s'enfuir avec elle à Péronne (Picardie), et interprète le refus de ce dernier la suivre par son propre attachement à ses deux maîtresses (ses deux "nymphes"), Mme de Chevreuse (qui a 27 ans, fille du duc de Lorraine, belle, amatrice de coucheries sans lendemain et "sotte jusques au ridicule par son naturel") et Mme de Guéméné (45 ans, épouse de son cousin Louis de Rohan). Il est étonnant de voir comme l'histoire pulsionnelle par moments se révèle sans fard...
Interviewé sur Le Mouv' (Radio France)
Je serai interviewé sur la nudité en direct dans le cadre de l'émission de Giulia Foïs, "Point G comme Giulia" sur le Mouv' (une des stations de Radio France) mardi 24 septembre 2013 de 19h30 à 20h30./// PS : JE PRECISE QUE CONTRAIREMENT A CE QU A VOULU FAIRE CROIRE L' ANIMATRICE A L' ANTENNE NOUS N'ETIONS PAS NUS AU MICRO !
"Pourquoi nous aimons ?" de Helen Fisher

Les mâles sont très sensibles au stimulus visuel, à la douceur de la peau (à cause des oestrogènes), et sont génétiquement disposés à vouloir aider voire sauver la femme aimée.La femme aime les hommes intelligents, au statut supérieur, fiables. Même si la charte amoureuse ensuite subit des nuances en fonction de la situation personnelle (le passé familial etc).
La nudité en ex-RDA
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Ci-dessous un documentaire d'André Meier (2007) idéologiquement très orienté (dans la définition qu'il a du bonheur sexuel notamment - est-il vrai qu'une sexualité sans image publique, et sans dimension rebelle est nécessairement une bonne sexualité ?). Il a le mérite de contrebalancer une certaine propagande occidentale anti-communiste des années 1970-80, et de montrer à la fois que la République démocratique allemande était fille de Clara Zetkin (mais les femmes du monde entier savent-elles de nos jours ce qu'elles doivent à Clara Zetkin ?) et quelle dialectique Est-Ouest a pu jouer, en RDA dans le sens de la libération des moeurs (notamment sur la libéralisation de l'avortement au début des années 1970, symétriquement au développement des hippies et de Commune 1 à l'Ouest), le rôle du livre de Siegfried Schnabl 1969 Mann und Frau intim.
Sur le rapport à la nudité dans les années 1970-1980, notons les remarques en 44ème minute sur l'érotisme amateur à domicile des films "Energie" présentés comme émanant du VEB Energiekombinat de Berlin, et en 46 ème minute, les fêtes à l'été 1987 du 750ème anniversaire de Berlin, où des nudistes défilent sous la présidence de Erich Honecker (le chiffre de 90 % de personnes ayant eu une expérience nudiste est avancé par Kurt Starke de l'université de Leipzig en minute 46'46).
http://www.youtube.com/watch?v=Fl_r7rIcds8