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Michael Jackson et la sorcellerie
Sermon intéressant du pasteur G. Craige Lewis sur Michael Jackson en 2014 (même s'il a le tort d'être homophobe et très imprécis sur ses sources). Peut enrichir mon livre sur les tubes des années 1980.
En gros le propos est le suivant : ce chanteur a acheté le catalogue musical des Beatles pour invoquer l'esprit d'Aleister Crowley (Madonna aussi fut fan de lui, ce fut le cas aussi de David Bowie et Genesis), qui, dans son livre Liber 777 apprenait aux gens à invoquer des entités, et vénérait Cybèle, dont les prêtres, les corybantes qui avaient des cheveux coiffés et ondulés comme ceux des femmes, des visages blancs comme des murs délavés, ils étaient castrés, gardiens des enfants et des nourrissons, participaient à leurs rites de passage à l'âge adulte Ils pratiquaient la magie et la divination pour de l'argent. Ces corybantes poussaient des hurlements sauvages et lançaient des sons stridents durant leurs pas de danse au son de la flûte et du rythme sourd du tambourin. Quand la divinité entrait en eux, ils étaient remplis de pouvoirs divins et se mettaient à danser de manière incontrôlée dans des transes extatiques.
M. Jackson était un médium qui avait canalisé ces énergies-là. Selon le pasteur des magazines comme Ebony de décembre 2007 donnent une image angélique de lui pour tromper les gens (c'est discutable...). Il relève certaines phrases hérétiques de ses chansons. "As God has shown us by turning stones to bread" dans We are the world. Dans Mathieu 4:3 c'est le diable qui met Jésus au défi de le faire. Dans "Another part of me " (qu'il a chantée habillé comme l'androïde maléfique Maria du film Métropolis) il décrit le néphilim qui l'habite qui dit "We're taking over/We have the truth,/This is our planet / You're one of us" et surtout "The planets are lining up", ce qui, en astrologie païenne selon le Pasteur correspond au retour de Nimrod, petit fils de Noe, pour finir la tour de Babel. "Blame it on the Boogie" parle d'un rythme ensorcelé (spellbound) comme une drogue, "the devil's got in to me" (Quincy Jones dansa comme un possédé dans la rue après avoir écrit cette chanson). M. Jackson a dit dans une interview à Martin Bashir qu'il grimpait dans "l'arbre qui donne" ("the giving tree") pour recevoir ses chansons.
Le mage sataniste Aleister Crowley a dit dans son livre qu'il avait une salle des miroirs et que si l'on regarde dans un miroir on peut voir à l'intérieur de soi-même et canaliser les esprits de ceux qui nous ont précédé et qui ont abusé de nous pour en faire des guides. M. Jackson a créé une salle des miroirs où il pouvait canaliser les esprits. Il a avoué dans Psychic News du 14 février 1987 qu'il y parlait avec l'esprit du pianiste Lee Liberace, son ange gardien, lequel lui donna la permission d'enregistrer "I'll be seeing you" (. Il a reçu ses meilleures chansons dans ses rêves. Le pasteur en conclut qu'il a canalisé Morphée, dieu des rêves soumis à Serapis Bey (membre de la Fraternité blanche, selon le pasteur c'est lui que les catholiques vénèrent à tort en croyant que c'est Jésus), Hypnos et Thanatos frères de Morphée.
Il dormait parfois trois jours de suite. Un Esprit lui aurait dit que s'il refuse de dormir pour recevoir une chanson, l'Esprit la donnerait à Prince. Il provoquait son sommeil par des sédatifs. Dans l'album History il est représenté par une statue de lui comme Nébucadnetsar (Nabuchodonosor ) avec 777 sur son bras droit.
Dans le même esprit voir cette page de blog : il y a toute la problématique de la référence à l'union avec une entité démoniaque dans le clip Billie Jean, et l'apparition de Jackson en Sgt Pepper aux American Music Awards de 1984 quand il travaillait avec McCartney - Sgt Pepper avait mis Aleister Crowley sur la couverture (à rapprocher du fait que Freddy Mercury de Queen qui avait fait un pacte avec le diable a enregistré "Bohemian Rhapsody" sur la piano de McCartney, c'est la même connexion diabolique).
Sur d'autres aspects de l'investissement anti-chrétien dans la musique, on peut aussi se reporter aux travaux du père Benoît Domergue, dont certains estiment qu'il a repris des thématiques du père canadien Jean-Paul Regimbal.
Directeur de collection
A dater de ce jour je deviens directeur de la collection "L'Esprit et la Cité" aux éditions universitaires Connaissances et Savoirs. La collection couvre les domaines suivants : Philosophie, histoire, sciences sociales et politiques, relations internationales, arts, religions et spiritualités. Si vous avez un essai universitaire dans vos tiroirs que vous aimeriez publier, n'hésitez pas à me l'envoyer.
Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-1951)
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Dès 9 ans elle précise par écrit qu'elle veut devenir sainte et martyr. A 21 ans elle eut sa première apparition de Jésus. Dans les années 1920 elle va recevoir des songes. Son confesseur lui demande de les noter par écrit. L'évêque de Vannes lui interdit tout contact avec le monastère voisin pendant 5 ans, elle intégra Malestroit en 1927. Elle fait preuve de bilocation (par exemple à Strasbourg pendant la guerre, puis à Paris en 1943 dans le métro entre Montparnasse et Denfert-Rochereau alors même qu'elle était en prison torturée par la Gestapo, le jour de son envoi dans un convoi pour Compiègne auquel son ange la soustrait in extremis), manifeste des stigmates périodiquement.
Dieu lui donna un anneau mystique. Mais certaines de ces manifestations n'ont jamais été connus par des religieuses proches d'elles.
Les visites que Jésus lui rendait étaient précédées par un parfum que les autres pouvaient entendre. Le démon aussi la visitait. Un jour témoigne le père Paul Labutte, dans le petit salon de la clinique, l'évêque de Bayeux et une religieuse, comme ils parlaient de ravitaillement pour les Parisiens, elle était inquiétée par des présences. "N'est-ce pas le démon qui vous tente ?" demande l'évêque. "Oui Mgr" répond-elle, et trois lignes rouges de sang s'imprimèrent sur sa poitrine.
Elle vit les guerres, les foules fuyant le feu. Jésus vint lui dire souvent "souffre, prie, c'est en expiation", puis le globe tournait en feu devant ses yeux horrifiés. "Reste calme" lui disait Jésus. En 1922 elle eut une vision. Sur la mappemonde il y avait un gros chiffre, 17, et sur la France 39. La Ste Vierge portait une corbeille de roses. Elle avait l'impression que le tableau durait 4 à 5 années. Après quoi elle vit une France lumineuse éclairant et pacifiant le monde après un temps qu'elle n'a pu évaluer, ce qui peut-être rejoint la prophétie de Marthe Robin (15'27).
Lorsqu'elle voyait en septembre 1923, dans le train entre Paris et Le Mans, les bombardements et les troupes d'occupation dans ses rêves prophétiques une voix grave et douce lui disait "ce sera l'épreuve, la grande épreuve, prie, prie beaucoup".
Elle hébergea dans son monastère des résistants pendant la guerre, notamment le général Audibert, commandant de la région Ouest de l'Armée secrète. A trois reprises des songes lui avaient annoncé une épreuve en 1943, comme un coup de glaive dans le coeur : un prêtre ami de la communauté voit en elle une nouvelle Magdeleine de la Croix de Cordoue.
De Gaulle lui rendit visite à la Libération pour lui remettre la légion d'honneur après qu'elle eût reçu la croix de guerre avec palme. Il ôte son képi. Le 7 août 1949, le général Audibert a demandé la croix de guerre pour la clinique. Yvonne-Aimée reçoit aussi la King's medal britannique. C'est une cérémonie qu'elle avait vu en songe en 1929 (beaucoup de religieuses devant la clinique, dont elle, un jour de fête, quatre ou cinq médailles sur sa poitrine, un grand officier la salue, une autre religieuse porte une médaille). La voix lui disait dans le rêve "les généraux ont leurs heures de gloire et de malheur, un d'eux a mérité et démérité mais Dieu se souviendra des bonnes actions, et à cause de cela pardonnera, mais il aura à expier. Si à cause de ta souffrance et de ta prière, Dieu a épargné les plus grands malheurs à la France, et à l'Angleterre, si à cause de toi, la lutte s'est terminée plus tôt, il te faudra encore beaucoup souffrir pour la paix du monde."
Depuis sa fièvre typhoïde, elle traine une albumine à 4 g, un fibrome depuis 1939. On évoque trois maladies mortelles. Fondatrice de la fédération supérieure des augustines (32 monastères), elle se déplace souvent après 1946, notamment en Angleterre auprès de mère Mary Michael.
Bonne fille rieuse, gourmande, portée sur la danse, pas studieuse, elle n'avait pas depuis l'enfance le genre bonne sœur.
Elle ne craignait que le diable (qui lui apparaissait et qui selon l'abbé Lanutte aurait tué sa contemporaine Marthe Robin).
Le père Laurentin, rapporteur du dossier de canonisation, a regretté dans la vidéo ci-dessus que le cardinal en charge de l'instruction ait suspendu le processus comme pour d'autres mystiques. On peut en effet le regretter, d'autant que parallèlement la canonisation de Jean XXIII et celle de Jean-Paul II ont été accélérées. La méfiance de l'Eglise à l'égard des mystiques rejoint-elle une tendance protestante hostile aux visionnaires ? (comme dans la vidéo ci-dessous)
Sur les dangers de l'oecuménisme (applicable aussi aux protestants, sauf bien sûr si ce sont les protestants qui ont raison), voir ceci :
Yoga et satanisme : lu dans L'Orient le Jour (Liban)
Pour se relaxer, Satan ferait... du yoga !
"L'affaire de l'interdiction d'une « rave party » organisée à la Saint-Sylvestre à Yahchouch (après avoir été interdite une première fois à Baïssour), qui a donné lieu à une véritable chasse aux « adorateurs du diable », a récemment pris une nouvelle tournure. L'un des organisateurs de la fête, durant l'une des sessions d'interrogatoire, a dû répondre à une question insolite : pratiquez-vous le yoga ? En répondant par l'affirmative, il semble qu'il ait accru les soupçons de satanisme qui pèsent sur lui, sans aucun fondement bien sûr. On aura tout vu...
Ce qui a apparemment suscité la réaction des policiers à cet égard est une idée présentée par un prêtre dans un article, qui place le yoga – pratiqué par de très nombreux Libanais comme sport, rappelons-le, et enseigné dans de nombreux centres – dans le cadre de « croyances hindoues et inventions sataniques insolites » (sic ! ). C'est ce qui a été dénoncé dans un article virulent écrit par un blogueur, Gino Raïdy.
L'avocat du jeune homme questionné, entre autres, sur ses pratiques de yoga, Me Khaled Merheb, donne de plus amples détails, sans nommer son client. « Concernant l'origine de toute cette affaire, c'est-à-dire l'interdiction de la rave party, je ne connais toujours pas les mobiles qui ont motivé cette campagne, dit-il à L'Orient-Le Jour. Mon expérience me dit que ce dossier n'a aucune base juridique qui devait autoriser l'interrogatoire de mon client et d'autres. En effet, il n'y a aucune mention de ce qu'on appelle l'adoration du diable dans la loi libanaise. Bien au contraire, la Constitution protège la liberté de croyance. À mon avis, ceux qui sont à l'origine de cette campagne ne veulent pas s'avouer vaincus après la première vague d'interrogatoires qui n'a rien donné, et cherchent par tous les moyens à aggraver l'affaire. »
Sur la question du yoga, l'avocat affirme « n'avoir rien vu de tel au cours de toute (sa) carrière ». « Un prêtre a prétendu qu'il y a un lien entre le yoga et le satanisme, et voilà qu'on interroge les gens sur cela, souligne-t-il. Le yoga est, à l'origine, une pratique liée à une religion donnée, dont de nombreux adeptes vivent au Liban même s'ils ne sont pas libanais. Attaquer le yoga de cette façon équivaut donc à une entorse à la Constitution qui protège la liberté de croyance. Ces gens-là commettent, par conséquent, un délit. »
Nous avons tenté de contacter à cet égard le père Abdo Abou Kassem en sa qualité de directeur du Centre catholique d'information pour avoir son avis sur cette affaire, mais sans succès.
Me Merheb ajoute que son client est un étudiant très instruit, qui termine un master. « Pourquoi la police perd-elle son temps et celui des jeunes en se basant sur une illusion ? se demande-t-il. Je comprends que des autorités religieuses se sentent menacées, mais qu'en est-il de la police ? »
Et d'ajouter : « Je suis convaincu qu'il faut contre-attaquer, du moins par une campagne pour sensibiliser le public et les législateurs. D'un autre côté, si l'une des personnes lésées dans cette affaire désire porter plainte, elle peut le faire. »"
La mystique Sainte Marie des Vallées
On a noté qu'au début du XVIIe siècle, "un immense besoin de vie religieuse précipite les âmes vers le cloître et les austérités. Les anciens ordres religieux renaissent et se réforment, de nouveaux apparaissent; il semble qu'il n'y en aura jamais assez pour contenter tous les désirs et toutes les impatiences. Sainte Chantai passe sur le corps de son fils pour aller au couvent; Mme Acarie entraîne ses trois filles aux Carmélites et son laquais y devient sacristain; sur les conseils de M. de Bérulle, une dame mariée entre en religion aux Feuillantines, le mari se fait Feuillant, leurs valets les imitent, et en un clin d'oeil la maison est vide; Mme de Peltrie, pour échapper à ses parents qui la retiennent dans le monde, contracte un mariage fictif avec M. de Bernières qui consent à la supercherie. De tous côtés surgissent des voyantes et des prophètes : Marie des Vallées, la béate de Coutances, qui dirige le P. Eudes, a des imitatrices dans toutes les provinces. Comme il est naturel, tous les mystiques n'ont pas assez de tempérament pour se contenir dans de justes bornes; sur le mysticisme se greffe l'illuminisme. D'Espagne, où ils ont été chassés par des édits royaux, arrivent des alhumbrados, ancêtres de Molinos et de Malaval... La Picardie, la Normandie, le pays chartrain en sont infectés; Raoul Vason et Laurent
de Troyes, capucins dévoyés et apôtres de la foi nouvelle, sont enfermés à la Bastille; Pierre Guérin et ses guérinets sont poursuivis, et saint Vincent emploie plusieurs années à les
interroger et à les examiner. L'entraînement est tel qu'à un moment on put craindre que l'illuminisme ne pénétrât dans tous les couvents, et le P. Joseph dut prendre des mesures de
rigueur pour en préserver ses Calvairiennes. Enfin, sur l'illuminisme s'entent la possession et la folie : on connaît l'histoire des possédées de Loudun, de Louviers et de Chinon. Marthe Brossier fait courir tout Paris, et les écrits du Dr Marescot et de M. de Bérulle sur ce cas de possession soulèvent plus d'émotion et de tapage que ne le feront les Provinciales". Encore peut-on dire que ces livres avaient un succès d'actualité; mais la littérature pieuse de ce temps nous révèle les mêmes tendances mystiques. Les livres espagnols nous envahissent, et la Theologia Mystica de Henri Horphius, traduite en 1605, devient le bréviaire des directeurs. Parmi les écrivains pieux, les Capucins sont les plus féconds et les plus aimés du public. Le P. Laurent publie en 1631 ses Tapisseries du divin Amour, le P. Honoré de Paris son Académie évangélique, le P. Philippe-d'Angoumois ses Élans amoureux. ... Mais comme ces sentiments sublimes ne sont pas à la portée de toutes les âmes, dans d'autres ouvrages qui apparaissent bientôt en nombre incroyable, le mysticisme se colore de symbolisme aimable, où les souvenirs du paganisme et les pointes d'esprit se mêlent aux élans du coeur. Ce sont les Jésuites surtout qui les écrivent; plus mêlés à la société que les Capucins; ils ont senti le développement rapide de la « préciosité » clans le beau monde et ils cherchent à utiliser cette manie pour le bien des âmes." Toutes formes de religiosité auxquelles St Vincent de Paul opposera le travail et la simplicité.
Au nombre des dévotions nouvelles, il y a celle au Coeur de Jésus de la Vierge, inventée par le Père Jean Eudes, fondateur de la Congrégation de Jésus et de Marie qui lui est dédiée, et très décriée en son temps (notamment par les jansénistes). Marie des Vallées en est l'origine
(Marie-Marguerite Alacoque allait avoir les mêmes révélations sur le Sacré Coeur de Jésus).
Marie des Vallées, simple paysanne normande née en 1590, fut possédée par le diable à partir de 19 ans, à l'initiative d'un jeune homme qui s'en était allé voir un sorcier (le village qui l'adorait dut se cotiser pour la nourrir) puis elle récidiva 4 ans plus tard alors qu'elle était allée voir un guérisseur-sorcier. Le diable en elle l'ayant poussée à accuser à tort un notable, cela la conduisit à subir un procès en sorcellerie à Rouen avec diverses maltraitances, et d'être beaucoup éprouvée et détestée, alors que les exorcismes échouaient. Néanmoins elle n'eut jamais peur du diable qui lui semblait moins dangereux que les sorciers parce qu'il ne pouvait faire que ce que Dieu leur permettait et priait pour le salut de ces derniers. Vers 1615, à 25 ans, elle voulut être gouvernée directement par Dieu pour les moindres gestes comme Ste Catherine de Gênes (1447-1510) qui avait vu le Purgatoire comme Marie vit l'Enfer, ce qu'elle obtint, mais qui l'empêcha de communier pendant 33 ans et de maîtriser notamment sa mémoire (mais c'est grâce à ce "pilotage automatique" qu'elle fut obligée de communiquer à Jean Eudes tout ce qu'elle vivait).
Toujours désireuse de souffrir plus et de porter sur elle les péchés du monde, elle visita l'Enfer pendant plusieurs années, puis reçut en elle un "mal de douze ans" qui était l'Ire de Dieu contre les pécheurs, qui était selon elle bien pire que l'Enfer.
En 1646 la Vierge ordonne à Marie des Vallées de réciter chaque jour de l'octave un Magnificat (auparavant Marie Des Vallées vit aussi "le Seigneur tirant son propre cœur environné de flammes de sa propre poitrine et lui disant : Voilà notre cœur" - d'autres échanges de coeurs de ce type avaient eu lieu avec des saintes). La Trinité et la Vierge allaient lui révéler d'autres vérités supérieures notamment sur le gouvernement de Marie sur les créatures, la valeur du Rosaire, la supériorité de l'Ave Maria sur le Pater, le jugement de Dieu sur l'Eglise etc. Saint Jean Eudes, qui l'avait rencontrée en 1641, recueillit ses visions parce que Dieu ordonnait à la sainte qui n'avait aucune maitrise sur sa mémoire de les livrer ; à sa suite il soutiendra que le coeur de Marie et celui de Jésus sont un seul et même coeur. Lui et Marie créèrent ND de la Charité à Rouen.
Le récit de ses exorcisme fait penser à celui, à la même époque, du père Sébastien Michaëlis prieur de Saint Maximin : Histoire admirable de la possession et conversion d'une pénitente [Madeleine de Demandouls, autrement de La Pallud] séduite par un magicien... conduite à la Scte Baume pour y estre exorcizée l'an 1610... soulz l'authorité du R. P. F. Sebastien Michaelis ... commis par luy aux exorcismes et recueil des actes le R. P. F. François Domptius ,... Ensemble la Pneumalogie, ou Discours des esprits du susdit P. Michaelis ... corrigé et augmenté par luy-mesme, avec une apologie explicative des principales difficultez de l'histoire... Édition seconde - 1613
"Le recueil des Dames" : la féminité selon Brantôme
Il faut accorder à l'imaginaire tout ce qu'on peut lui accorder, en toute liberté, tout en sachant bien sûr qu'il n'a rien à voir avec le réel et qu'il n'a pas vocation à trouver à se réaliser dans le monde extérieur. C'est parce qu'on bride trop l'imaginaire aujourd'hui, en voulant le rendre réaliste, politiquement correct et utile à la société que les gens s'asservissent en amour au porno, et dans les autres domaines à des stéréotypes cinématographiques absurdes. Que les hommes hétéros soient libres s'ils le souhaitent de rêver d'une féminité soumise ou dominatrice à leur guise, que les femmes rêvent d'hommes héroïques ou esclaves. Il faut surtout qu'ils puissent rêver sans limite selon leur sensibilité la plus intime. C'est indispensable au bonheur d'exister.
J'ai toujours trouvé chez les auteurs de la Renaissance une inspiration pour ma liberté de rêver. Ne me demandez pas pourquoi. Quand j'étais ado c'était Montaigne. Je retrouve le même souffle chez Brantôme.
Pierre de Bourdeille, chevalier de Brantôme, homme de cour et d'action, militaire, qui accompagna les nobles princesses de son temps d'Edimbourg à Madrid, et qui alla porter le fer jusqu'au Maroc. Un témoin fiable, et un homme qui aimait les femmes, non seulement par instinct, mais aussi parce que le Moyen-Age catholique, à travers la figure de Marie, ainsi que nous l'enseigne Montalembert, nous avait appris, à nous autres Européens, à vénérer le Mystère féminin, qu'ensuite les troubadours et la chevalerie allait projeter sur des femmes réelles.
Brantôme nous promène dans le féminin, celui qui touche au plus profane, et celui qui touche au plus sacré.
Du côté du profane, il y a les "Dames galantes", ces dames éprises de sexe, qui séduisent et qui cocufient. Elles exigent beaucoup de leurs amants - qu'ils aient six, sept orgasmes pendant la nuit - puis les jettent comme des kleenex quand ils sont hors d'usages. Elles dissimulent, mentent, ploient aussi souvent sous le joug d'un vieux barbon jaloux qui n'a plus les moyens de les satisfaire sexuellement. Elles meurent souvent sous les épées ou par le poison, sauf si elles parviennent à ressusciter le désir de leur mari après avoir jeté leur amant par la fenêtre, ou si, comme Françoise de Daillon, elles parviennent à convaincre leur époux trompé que quelque miracle de Notre Dame de Lorette agit derrière tout cela.
Brantôme invoque la parole de Jésus sur la pêcheresse lapidée, et se demande pourquoi en des temps catholiques, on assassine si allègrement les femmes adultères, alors que même les tyrans romains païens avaient le bon goût de se contenter de les répudier sans leur faire aucun mal. Après tout elles ne nous appartiennent pas, remarque Brantôme. Réflexion humaniste, tendre et profonde dont beaucoup encore aujourd'hui devraient se laisser pénétrer.
Et puis il y a les dames qui touchent au sacré, par leur beauté, leur délicatesse, et souvent les qualités morales qui vont avec cela. Cela peut paraître parfois un peu kitsch sous la plume de Brantôme qui, après tout est d'abord un courtisan, comme dans le vocabulaire des "fans" de nos jours, avec des phrases stéréotypées pour flatter (les princesses chez lui ont nécessairement une taille parfaite et un visage de déesse), mais pas seulement : Brantôme les a connues de près, il s'est battu pour elles. Galerie de portraits.
Anne de Bretagne (1477-1514) est une reine que Brantôme n'a pas connue, mais il en parle d'après sa grand mère qui vivait à la Cour et en fut la mémoire vivante. Modèle de piété (elle aida à la propagation du courant religieux des Minimes), à l'image d'Isabelle de Castille son homologue espagnole avec laquelle elle a de bonnes relations, amie des poètes et des pauvres, aussi eut-elle un très bel enterrement que Brantôme détaille, à la différence de l'égoïste Isabeau de Bavière qu'on mit dans un petit cercueil avec une cérémonie de funérailles à Saint Denis à peine digne d'une subalterne.
Catherine de Médicis ()
Marie Stuart reine d'Ecosse et reine douairière de France (1542-1587). Elle incarne la grandeur du martyr catholique, aussi humainement injuste que sublimé par Dieu et finalement accepté. Marie, la délicate blonde, élevée à la cour des rois de France dans tous les raffinements possibles. Parlant le latin, conversant avec Ronsard et Du Bellay. Ce jeune être magnifique, mariée en la cathédrale Notre Dame de Paris à 17 ans, à l'éphémère roi François II qui meurt au bout de quelque mois. Contrainte de rejoindre son triste pays septentrional embrumé, elle pleure toutes les larmes de son corps quand son bateau s'éloigne de Calais. Brantôme est à bord, et compagnie. La douce reine sait qu'un sort funeste l'attend dans cette Ecosse sauvage convoitée par les protestants anglais. Et le fatum ne manque pas de se réaliser. Elle tombe entre les griffes de l'horrible Elisabeth Ière d'Angleterre, qui, au mépris de tous les usages - un roi ne juge pas un roi - l'enferme dans la tour de Londres. Et c'est le supplice. Quand on aime un grand personnage, on raconte son agonie. Thomas de Quincey le fut avec Kant, Brantôme avec sa chère Marie Stuart. Rien ne nous est épargné : ses dernières prières, ses dernières larmes, sa grandeur stoïque, l'abjection du duc de Kent protestant qui veut lui interdire de porter un petit crucifix contre elle ("il faut avoir Jésus dans le coeur", comme Caton d'Utique prétendait avoir Jupiter en lui), celle du bourreau qui la fait se dévêtir jusqu'à la taille (elle a une jolie expression sur l'étrange cabinet privé qu'on lui réserve devant 500 personnes), y revient à trois fois pour lui couper la tête puis joue avec ses quelques cheveux blancs, et se réserve le doit de faire ce qu'il veut de son cadavre comme le muletier de sa maîtresse dans l'Heptaméron de Marguerite de Navarre. Ni la France ni la famille de Guise à laquelle se rattachait Marie n'ont levé le petit doigt. L'abomination des Anglais dans cette affaire révèle par contraste la grandeur de Marie qui accepte son calvaire avec sérénité et dignité, sûre que le Christ le lui impose pour la gloire de la vraie religion. Brantôme est convaincu qu'elle sera bientôt canonisée. L'idée allait naître en Ecosse de demander cette canonisation cinq siècles plus tard, comme pour Christophe Colomb en Espagne. Mais dans l'un et l'autre cas cela allait retomber comme un soufflet. Les grands sujets historiques ne sont pas très digestes aux ventres des évêques.
Elizabeth de France, reine d'Espagne (1545-1568). Brantôme en disant qu'il ne s'en était pas vu d'aussi vertueuse depuis Sainte Elisabeth de Hongrie et que toutes les Elisabeths semblent prédestinées à la vertu. Marie Stuart incarnait la grandeur du martyr chrétien, Elizabeth de France celle de la beauté morale et de la dévotion. C'est une belle brune et de grande taille, ce qui ne pouvait que faire de l'effet à la cour de Madrid où les femmes étaient petites, tandis que son teint pâle faisant contraste avec le cheveu très noir, fascinait qui la rencontrait. Il fallait détourner la vue pour ne pas la convoiter, surtout lorsqu'on était grand d'Espagne ou prêtre. Elle avait appris le castillan en quelques mois et le maniait aussi bien que le Français. "Reine de la paix", parce qu'elle avait scellé la réconciliation de la France et de la Castille, elle inspirait une ferveur populaire sans égale. Quand elle tomba malade, les chemins de pèlerinage furent défoncés par tous les chrétiens espagnols qui allèrent accomplir des dévotions pour elles, nous dit Brantôme, si bien que lorsqu'elle guérit, on ne sut si c'était dû aux soins du médecin obscur qui l'était venu soigner, ou aux prières si nombreuses de ses sujets. Elizabeth elle-même ne manqua point à ses dévotions, notamment à la Vierge de Guadalupe. Elle était de grande classe, comme les plus belles fleurs de la famille de France, et ne porta jamais deux fois la même robe (ses robes et pierreries étaient pourtant fort chères), et cependant elle assumait sa charge de reine avec simplicité, toujours disponible pour les autres, à la différence à cette triste ressortissante de la famille de Foix qui, devenue reine d'Espagne en épousant Ferdinand, toisait avec mépris même ses frères. Elizabeth de France donc, c'est la vertu, la distinction et la simplicité. Trois qualités chrétiennement associées. On ne sait comment elle mourut. Promise à Don Carlos, fils de Philippe II, elle épousa finalement le premier. Les mauvaises langues dit que son mari la surprit dans le lit du fils et les tua tous les deux. Brantôme dit ne même pas vouloir entendre parler de cette méchante rumeur.
Reine Jeanne de Naples
L'Aphrodite nue de Praxitèle à Cnide
Dans "La Nudité, pratiques et significations", j'ai évoqué ce passage de Pline (Histoires naturelles, chap IV du livre XXXV, publiées vers l'an 77), dont voici le texte intégral :
"Lorsque l'on parle des statues, nous avons déjà indiqué la période au cours de laquelle Praxitèle a prospéré; un artiste, qui, dans la gloire qu'il a acquise par ses œuvres en marbre, s’est même surpassé lui-même. Il existe quelques œuvres de lui au Keramikos à Athènes; mais, supérieure à toutes les statues, non seulement de Praxitèle, mais de tout autre artiste qui ait jamais existé, est sa Vénus de Cnide; pour l'admiration de laquelle, de nombreuses personnes dans le passé ont entrepris exprès un voyage de Cnide. L'artiste a fait deux statues de la déesse, et proposé les deux à la vente: l'une d'elles était représenté avec des draperies,et pour cette raison les gens de Cos, qui avaient le choix, l’ont préférée; la seconde leur a été a offerte pour le même prix, mais, pour des raisons de convenances et de pudeur, ils ont jugé bon de choisir l'autre. Sur ce, les Cnidiens achetèrent la statue refusé, et elle a toujours été tenue immensément au dessus dans l'estimation générale. A une période plus tardive, le roi Nicomède souhaita acheter cette statue de la Cnidiens, et leur fit une offre pour rembourser la totalité de leur dette publique, qui était très grande. Ils préférèrent, cependant, de se soumettre à n’importe quelle extrémité, plutôt que de se séparer d’elle; et avec raison, par cette statue de Praxitèle a perpétué la gloire de Cnide. Le petit temple dans lequel elle est placée est ouverte sur tous les côtés, de sorte que les beautés de la statue admettent d'être vues de tous les points de vue; un arrangement qui a été favorisé par la déesse elle-même, est-il généralement admis. En effet, de quelque point qu’on la considère, son exécution est tout aussi digne d'admiration. Il est dit qu’un certain individu, est tombé amoureux de cette statue, et, se cachant dans le temple pendant la nuit, la gratifié de sa passion lubrique, dont les traces sont visibles dans une tache laissée sur le marbre. "
Dans son "Nudité et pudeur" HP Duerr voit dans l'histoire de l'homme qui s'accouple avec la statue d'Aphrodite une preuve que la nudité des statues féminines n'allait pas de soi. J'ai longtemps adhéré à ce jugement, mais aujourd'hui je ne crois pas que l'on puisse tirer une telle conclusion de cette anecdote, parce qu'elle s'inscrit dans un tout autre contexte que celui de la pudeur. Et ce contexte, je viens de le trouver, tout à fait par hasard, hier, dans Amours ("Erotes") du pseudo-Lucien, un texte de la fin du IIe siècle (au plus tôt). Ce qui est très étonnant dans ce texte c'est qu'il reprend exactement l'ordre du propos de Pline l'Ancien. En voici le texte intégral pour la partie qui nous intéresse.
"Nous résolûmes de relâcher au port de Cnide, pour y voir le temple et la fameuse statue de Vénus, ouvrage dû à l’élégant ciseau de Praxitèle, et vraiment plein vénusté[12]. Nous fûmes doucement poussés vers la terre par un calme délicieux, que fit naître, je crois, la déesse qui dirigeait notre navire[13]. Je laisse à mes autres compagnons le soin des préparatifs ordinaires, et, prenant de chaque main notre couple amoureux, je fais le tour de Cnide, en riant de tout mon cœur des figures lascives de terre cuite[14], qu’il est naturel de rencontrer dans la ville de Vénus. Nous visitons d’abord le portique de Sostrate[15] et tous les endroits qui pourraient nous procurer quelque agrément, puis nous nous rendons au temple de Vénus. Nous y entrons, Chariclès et moi, avec un grand plaisir, mais Callicratidas, à contre-cœur, comme si cette vue sentait trop la femme. Je crois qu’il eût échangé volontiers la Vénus de Cnide pour l’Amour de Thespies[16].
À peine étions-nous dans la première enceinte, que nous sommes caressés par la douce haleine des, zéphyrs amoureux. Le sol de la cour n’est point stérile ni revêtu de dalles de pierres ; il abonde, ainsi qu’il convient à un lieu consacré à Vénus, en arbres fruitiers, dont la tête verdoyante, s’élevant jusqu’aux cieux, enferme l’air sous un épais berceau. En outre, le myrte, chargé de fruits, pousse un abondant feuillage, sous l’influence de la déesse, tandis que les autres arbres déploient à l’envi leurs beautés naturelles. Jamais la vieillesse ne vient les dessécher et les blanchir ; une verdure éternelle règne sur leurs jeunes rameaux toujours gonflés de sève. Il s’y mêle bien quelques arbres qui ne produisent point, de fruits mais leur beauté les dédommage. Le cyprès et le platane s’élèvent au plus haut des airs et parmi eux l’on voit se réfugier aux pieds de Vénus le laurier, l’arbre de Daphné, qui, jadis, se dérobait à la déesse. Le lierre amoureux rampe autour de chaque tronc, qu’il tient embrassé. Des vignes entrelacées et touffues sont chargées de raisins, car Vénus unie à Bacchus a plus de volupté[17] ; on doit allier les plaisirs qu’ils procurent : séparés, ils flattent moins nos sens. Dans les endroits où le bocage épaissit l’ombre, des lits de verdure offrent un doux repos à ceux qui voudraient y faire un festin. Les citoyens distingués, y viennent quelquefois, mais le peuple s’y porte en foule aux, jours de solennité, et fête réellement Vénus.
Après avoir suffisamment goutté la douceur de ces ombrages, nous rentrons dans le temple même. La déesse en occupe le milieu : c’est une statue du marbre de Paros, de la plus parfaite beauté. Sa bouche s’entr’ouvre par un gracieux sourire ; ses charmes se laissent voir à découvert, aucun voile ne les dérobe ; elle est entièrement nue, excepté que de l’une de ses mains elle cache furtivement sa pudeur[18]. Le talent de l’artiste se montre ici avec, tant d’avantage, que le marbre, naturellement dur et roide, semble s’amollir pour exprimer ses membres délicats. À cette vue, Chariclès, transporté d’une espèce de délire, ne put s’empêcher de s’écrier : « Heureux Mars, entre tous les dieux, d’avoir été enchaîné pour cette déesse ! » En disant cela, il court à la statue, et, serrant les lèvres, tendant le cou autant qu’il le pouvait, il lui donne un baiser. Callicratidas regardait en silence et concentrait son admiration. Le temple a une seconde porte pour ceux qui veulent examiner avec attention la déesse, la voir par le dos et l’admirer tout entière ; en entrant par cette autre porte, on peut aisément contempler sa beauté postérieure.
Ayant dessein de voir la déesse en entier, nous faisons le tour de l’enceinte. Une femme, à qui la garde des clefs est confiée, nous eut à peine ouvert la porte, qu’un étonnement subit s’empara de nous à la vue de tant de beautés. L’Athénien qui, jusque-là, avait regardé avec indifférence, considérant les parties de la déesse conformes à son goût, s’élève avec un enthousiasme plus violent que celui de Chariclès : « Par Hercule ! que ce dos est bien proportionné ! Que ces flancs charnus offrent une agréable prise ! Comme ces chairs[19] s’arrondissent avec grâce ! Elles ne sont point trop maigres ni sèchement étendues sur les os ; elles ne se répandent pas non plus en un embonpoint excessif ! Mais qui pourrait exprimer le doux sourire de ces deux petits trous creusés sur les reins ? Quelle pureté de dessin dans cette cuisse et dans cette jambe qui se prolonge en ligne, droite, jusqu’au talon ? Tel Ganymède, dans les cieux, verse, le doux nectar à Jupiter : car, pour moi, je ne voudrais pas le recevoir de la main d’Hébé. » À cette exclamation, passionnée de Callicratidas, peu s’en fallut que Chariclès ne demeurât immobile de surprise, et ses yeux, flottant, dans une langueur humide, trahirent son émotion.
Quand notre admiration satisfaite se fut un peu refroidie, nous aperçûmes, sur l’une des cuisses de la statue, une tache semblable à celles d’un vêtement. La blancheur éclatante du marbre faisait ressortir encore plus ce défaut. D’abord je me figurai, avec quelque vraisemblance, que ce que, nous voyions était naturel à la pierre. Les plus belles pièces ne sont point à l’abri de ce défaut, et souvent un accident nuit à la beauté d’œuvres qui, sans cela, seraient parfaites. Croyant donc que cette tache noire était un défaut naturel, j’admirai l’art de Praxitèle, qui avait su dissimuler cette difformité du marbre dans l’endroit où l’on pouvait le moins l’apercevoir. Mais la prêtresse qui nous accompagnait nous détrompa en nous racontant une histoire étrange et vraiment incroyable : « Un jeune homme, d’une famille distinguée, nous dit-elle, mais dont le crime a fait taire le nom, venait fréquemment dans ce temple ; un mauvais génie le rendit éperdument amoureux de la déesse. Comme il passait ici des journées entières, on attribua d’abord sa conduite à une vénération superstitieuse. En effet, dès la pointe du jour, avant le lever de l’aurore, il accourait en cet endroit et ne retournait à sa demeure que malgré lui et longtemps après le coucher du soleil. Durant tout le jour, il se tenait assis vis-à-vis de la déesse ; ses regards étaient continuellement fixés sur elle ; il murmurait tout bas je ne sais quoi de tendre, et lui adressait en secret des plaintes amoureuses.
« Voulait-il donner le change à sa passion, il disait quelques mots à la statue, comptait sur une table quatre osselets de gazelle, et faisait dépendre son destin du hasard. S’il réussissait, si surtout il amenait le coup de Vénus[20], aucun dé ne tombant dans la même position, il se mettait à adorer son idole, persuadé qu’il jouirait bientôt de l’objet de ses désirs. Mais si, au contraire, ce qui n’arrive que trop souvent, le coup était mauvais, et si les dés tombaient dans une position défavorable, il maudissait Cnide entière, s’imaginant éprouver un mal affreux et sans remède ; puis, bientôt après, reprenant les dés, il essayait, par un autre coup, de corriger son infortune. Déjà, la passion l’irritant de plus en plus, il en avait gravé des témoignages sur toutes les murailles ; l’écorce délicate de chaque arbre était devenue comme un héraut proclamant la beauté de Vénus. Il honorait Praxitèle à l’égal même de Jupiter. Tout ce qu’il possédait de précieux chez lui, il le donnait en offrande à la déesse. Enfin la violence de sa passion dégénéra en frénésie, et son audace lui procura les moyens de la satisfaire. Un jour, vers le coucher du soleil, à l’insu des assistants, il se glisse derrière la porte, et, se cachant dans l’endroit le plus enfoncé, il y demeure immobile et respirant à peine. Les prêtresses, suivant l’usage, tirent du dehors la porte sur elles, et le nouvel Anchise est enfermé dans le temple. Qu’est-il besoin de vous dire le crime que cette nuit vit éclore ? Ni personne, ni moi ne pourrais l’essayer. Le lendemain on découvrit des vestiges de ses embrassements amoureux, et la déesse portait cette tache comme un témoin de l’outrage qu’elle avait subi. À l’égard du jeune homme, l’opinion commune est qu’il se précipita contre des rochers ou qu’il s’élança dans la mer ; le fait est qu’il disparut pour toujours. »
La prêtresse parlait encore, que Chariclès, l’interrompant, s’écria : « Une femme se fait donc aimer, même lorsqu’elle est de pierre ? Eh ! que serait-ce si l’on voyait vivante une beauté si parfaite ? Ne préférerait-on pas une seule de ses nuits au sceptre de Jupiter ? » Alors Callicratidas se mettant à sourire : « Nous ne savons pas encore, Chariclès, dit-il, si, en arrivant à Thespies, nous n’apprendrons pas une foule d’histoires semblables. En attendant, ceci est une preuve manifeste, qui dépose contre la Vénus que tu préfères. — Comment donc ? » repartit Chariclès. Callicratidas lui répondit avec assez de raison, ce me semble : « Ce jeune homme amoureux, dit-il, avait le loisir d’une nuit entière et pleine liberté pour satisfaire complètement sa passion ; cependant il s’est approché de la statue à la manière philopédique, et il eût voulu, je pense, ne point trouver de femme de l’autre côté. »
Je passe sur l'évocation des jardins d'Aphrodite, qui rappelle le propos de Philostrate quand il décrit la visite du pythagoricien Apollonios de Tyane aux jardins de la déesse à Paphos (Chypre), bien que cette douceur de la nature qui entoure la statue soit indissociable du charme du marbre lui-même. L'ordre du récit de Pline est suivi en tant que le pseudo-Lucien, avant de raconter l'anecdote précise que le temple a une seconde porte (mais il ne dit pas qu'il est ouvert de tous côtés - la seule ouverture d'une porte à l'arrière dans le saint des saints devait être une grande nouveauté pour l'Antiquité si l'on en croit Helena Petrovna Blavatsky qui, dans la doctrine Secrète Tome 3 p. 16 note que toutes ces parties de temples païens n'ont qu'une ouverture), ce qui est fait pour que le visiteur puisse admirer la statues sous tous ses angles (ce que ne manquent pas de faire les visiteurs), et éventuellement qu'ils voient ses fesses avant son ventre et sa poitrine ou en tout cas que les fesses soient à la lumière du jour. Cette similitude dans la structure du récit n'est selon moi pas due au fait que pseudo-Lucien se sentait "obligé de copier" Pline, mais sans doute y avait-il une manière "canonique" dans les écoles de littérature (de grammaire et de rhétorique) grecques de parler de Cnide, manière que Pline et le pseudo-Lucien connaissaient tous deux ("il est dit qu'un individu", le "il est dit" le "on raconte" fait référence chez Pline à une manière conventionnelle de raconter) et qu'ils étaient eux-mêmes obligés de reproduire (en n'y ajoutant que quelques variantes stylistiques en ce qui concerne le pseudo-Lucien) pour recevoir l'approbation de leurs lecteurs et de leur public.
Le pseudo-Lucien ne va pas jusqu'à suggérer comme Pline que c'est la déesse elle-même qui aurait demandé la pluralité des ouvertures du temps dans une vision extatique aux prêtresses (zacore et neacore). En revanche il est plus précis que son prédécesseur sur cet aristocrate qui s'enferme avec la statue pendant la nuit. Il est authentiquement possédé par Aphrodite, à l'initiative d'un malin génie. Sa dévotion est obsessionnelle, au delà de la tendre confiance que l'honnête homme (les Grecs refusent l'excès) doit éprouver pour la déesse lorsqu'il est protégé par elle sur les flots, ou lorsqu'il bénéficie de la douceur de ses jardins et des rêves érotiques qu'elle lui inspire. Cette possession mystique est à l'origine de la hiérogamie nocturne avec la statue sacrée, et du suicide au petit matin (dans la mer parce qu'Aphrodite est née de l'écume des flots).
Voir dans le "malin génie" le signe que la société cnidienne n'est pas accoutumée à la nudité des statues féminines est réducteur. Ça ne tient pas la route. A la rigueur ont l'eût admis si l'événement s'était passé juste après l'acquisition de la statue par la ville. Mais ce n'est pas le cas. Le pseudo-Lucien dit lui-même que les statues érotiques abondent à Cnide, et que celle de Praxitèle doit son pouvoir de fascination non pas au fait qu'elle soit dévêtue mais à la finesse de ses traits et à la justesse de ses proportion. La lecture de Duerr n'est donc pas la bonne.
Une actrice de X pose pour PETA à Londres
PETA ne s'arrange pas : l'association eu recours aux services de l'actrice X Samantha Bentley pour poser aujourd'hui nue devant l'ambassade de Russie à Londres en signe de protestation contre un projet russe d'envoyer des singes sur Mars. Il est vrai que Mme Bentley, 28 ans, a des talents diversifiés puisqu'elle a joué dans Game of thrones.
NB - actualisation 2019 PETA, qui joue beaucoup sur la nudité, est une cause qui attire beaucoup la sorcellerie, à preuve Alyssa Milano, qui y a adhéré en 2003 (rappelé dans Elle du 25 juillet 2019).
Dans US Magazine du 1er février 2018, on apprenait que l'actrice Rose McGowan (qui a joué la sorcière dans Conan le Barbare et dans Charmed) avait attaqué son ex-compagne de scène dans Charmed Alyssa Milano, elle aussi coutumière des rôles de sorcière, dans une interview accordée à la présentatrice de Nightline Juju Chang diffusée le 31 janvier sur la chaîne ABC. elle y explique derrière Time's Up, le mouvement des femmes en colère contre les agressions masculines, il y a la CAA (Creative artists agency - l'Agence des artistes créatifs), une entreprise de 1 800 employés créée en 1975 qui représente les intérêts d'acteurs, de musiciens, d'écrivains parmi les plus célèbres d'Hollywood auprès de sociétés de production artistique. Cette agence a intrigué beaucoup d'Internautes il y a quelque temps par le fait que son immeuble au 2 000 avenue of the Stars à Los Angeles avait, vu d'en haut, de nombreux symboles d'yeux d'Horus et de pyramides. L'immeuble a été construit par Ieoh Ming Pei l'architecte chinois de la pyramide du Louvre à Paris devant laquelle Macron avait paradé lors de son intronisation. En fait pour certains cet immeuble est un temple maçonnique et Rose McGowan explique que Time's Up s'y réunit.
Le mari d'Alyssa Milano est Dave Bugliari, agent de la CAA et Milano y est intervenante. Tous ces milieux baignent dans l'occultisme.