Articles récents
Le pasteur John Mulinde
Une correspondante m'a fait remarquer que le billet que j'ai publié sur le pasteur libérien Joshua Blahyi trahissait dans le livre de ce dernier une sorte de fascination pour ses anciens pouvoirs occultes, et m'a recommandé l'itinéraire d'un pasteur lui aussi né dans le satanisme, dont l'appel à l'humilité et l'action dans le monde aujourd'hui sont plus profonds et ont plus d'impact, le pasteur ougandais John Mulinde (*).
Je vous livre donc ici (en anglais) une vidéo de sa prédication à Kansas City (USA) le 1er mars 2011.
(*) un lecteur m'indique qu'il s'agit d'une erreur et que le pasteur Mulinde n'est pas né dans le satanisme - à vérifier donc
Pakhon et le plaisir solitaire (Histoire lausiaque)
Pakhon, ou Pachon, ascète établi dans le monastère du désert de Scété à l'Ouest du delta du Nil (on sait quelle fascination le monachisme égyptien exerça sur tout le bassin méditerranéen et jusqu'en Irlande à la fin de l'Empire romain), avait expliqué à Pallade de Galatie (363-430), comme il le relate dans son Histoire Lausiaque (ch XXIII) qu'il trouvait trois causes au désir charnel : la santé de la chair, les idées suscitant les passions, et le démon. Agé de 70 ans il se vantait d'avoir été tenté chaque nuit entre 50 et 62, alors qu'il vivait au désert depuis 30 ans le démon l'avait tenté. Se croyant abandonné par Dieu, il avait abandonné son corps aux hyènes mais ne fut pas dévoré. Se croyant pardonné par Dieu, il retourna dans sa cellule. Le démon alors l'assaille. "S'étant donc transformé en une jeune fille éthiopienne, qu'autrefois dans ma jeunesse j'avais vue glanant en été, raconte Pakhon,elle s'assit sur mes genoux et m'excita au point que je crus avoir commerce avec elle. Cela étant, plein de fureur, je lui donnai un soufflet et elle devint invisible. Or pendant deux ans je ne pouvais plus supporter la mauvaise odeur de ma main. Etant réellement devenu découragé, je sortis errant çà et là dans le désert. Et, ayant trouvé un petit aspic et l'ayant pris, je le porte à mes parties génitales, afin que je mourusse (...) Je ne fus pas mordu. Alors j'entendis venir dans mon esprit une voix comme ceci 'va-t-en Pakhon,lutte. Car c'est pour ceci que je t'ai laissé avoir le dessous, afin que tu ne t'enorgueillisses pas' ". A partir du moment où il sut qu'il ne pouvait combattre la tentation sans Dieu, il ne fut plus provoqué par le démon sexuel.
Je suis frappé par les connotations isiaques de ce texte. La position de l'Ethopienne sur les genoux de l'ascète qui est aussi celle des succubes fait penser à celle d'Isis sur Osiris, et le recours à l'aspic sur un attribut sexuel pour se suicider à Cléopâtre "Nouvelle Isis" livrant son sein à la morsure de l'aspic après la défaite d'Actium.
Point aussi remarquable, ce récit n'exagère pas le risque de malédiction au contact d'un démon sexuel et y voit surtout un défi à l'orgueil voulu par Dieu.
Ce Pachon serait un saint, selon Les vies des Saints pères des déserts et de quelques saintes. Volume 2 p. 201 (1653) du conseiller d'Etat Robert Arnauld d'Andilly(1589-1674), selon le RP Jean-Baptiste Saint Jure dans l'Homme religieux (1663) p. 349, et selon l'abbé Laurent Durand dans ses Cantiques de l'Ame Dévote en 1824 p. 179, mais je ne trouve pas d'autres traces de Saint Pachon sur Internet et l'on peut douter que cet ermite connu seulement d'après Palladius ait été canonisé. Pakhon est par ailleurs le neuvième mois du calendrier égyptien antique correspondant à fin avril début mai.
Madonna victime du jansénisme ?
C'est écrit dans la biographie de Madonna écrite par Lucy O’Brien en 2008 : la mère de Madonna était québécoise et janséniste (cf ci dessous)...
Mince ! moi qui croyais le jansénisme éteint depuis la révolution française...
Bon... le livre cite Richard P. McBrien qui fut conseiller théologique de Dan Brown pour le Da Vinci Code... Donc méfiance...
Esther et Nuremberg
Au moment de la sentence du procès de Nuremberg, selon Newsweek 28 octobre 1946, p. 46, un des dix condamnés qui seront pendus (le 16 octobre 1946 nuit d'Hosana raba 7e nuit du soukot année 5707, du jugement de Dieu), Julius Streicher, devant la potence, crie haut et fort "Purimfest 1946 !", fête d'Esther (qui se célèbre en mars), et là les Juifs ont su qu'Esther a vu la réincarnation des puissances des ténèbres qui étaient dans les 10 fils d'Aman 2 500 plus tard.
Si l'on considère que chaque mention du mot "roi" dans le livre d'Esther signifie Dieu (comme le suggère un Midrash) quand Esther, après la victoire des Juifs, faisait cette prière d'intercession à Dieu (Esther 9:13) "Si tel est le bon plaisir du roi, les Juifs de Suse ne pourraient-ils pas appliquer encore demain le décret porté pour aujourd'hui", elle allait obtenir de lui que les fils d'Aman déjà pendus soient pendus à nouveau dans l'avenir... en la personne des 10 nazis.
Hitler avait mis son argent en Suisse sous le nom de Max Ammann.
"Les dévots du bouddhisme" de Marion Dapsance, Eds Max Milo
L'auteur du compte rendu : Docteur en sociologie, diplômé de l’Institut d’Etudes politiques de Paris et de la Sorbonne (maîtrise de philosophie), Christophe Colera est l'auteur, entre autre, aux Editions du Cygne, de La Nudité, pratiques et significations (2008).
Les dessous du bouddhisme
A l’heure où le lamaïsme tibétain jouit d’une indulgence voire d’une sympathie croissante dans l’opinion publique occidentale, l’anthropologue Marion Dapsance propose une approche plutôt décapante des conséquences de l’implantation du bouddhisme sous nos latitudes en dépeignant pour nous les mœurs et croyances des sectes qui s’y adonnent à l’abri des regards.
Ancienne chargée de communication d’une entreprise de conseil en nutrition dans le Sud de la France, l’auteure a découvert le bouddhisme dans « Le moine et le philosophe » de Matthieu Ricard et Jean-François Revel (1997), puis a été introduite dans les arcanes du bouddhisme par une enseignante de français à la retraite niçoise adepte des thérapies alternatives. Elle a pu ainsi enquêter pendant sept ans dans un centre du dharma dépendant de Sogyal Rinpoché.
Le paysage qu’elle nous décrit ne correspond guère aux cartes postales d’amour et de douceur véhiculées par nos médias sur le Dalaï Lama. Il s’agirait plutôt d’un monde concentrationnaire où « l’infaillibilité lamaïque » tyrannise les adeptes conditionnés à intérioriser leur infériorité par la culpabilité, à réduire du champ lexical pour limiter la capacité à nommer le réel, bref : à emprunter toutes sortes de voies d’aliénation, très finement analysées par l’anthropologue. Celles-ci permettent ensuite aux apprentis dictateurs que sont les gourous « éveillés » d’aller jusqu’à user ouvertement de violence physique (par exemple agripper les cheveux d’un adepte préposé aux basses besognes trop lent à s’acquitter de ses tâches dans une cérémonie publique en lui criant « Je suis ton maître tu es mon esclave »), et développer des systèmes choquants d’exploitation financière, morale et sexuelle des adeptes.
Marion Dapsance explore quelques causes historiques du malentendu occidental à propos du bouddhisme tibétain : celui-ci, explique-t-elle, n’a jamais été une sagesse sans divinité et sans sorcellerie. Le bouddhisme « relooké » compatible avec la philosophie des Lumières est une invention de l’orientaliste Eugène Burnouf dans les années 1840, un mythe séduisant ; comme le néo-paganisme d’une Helena Blavatsky, il s’agit surtout d’une machine de guerre contre le christianisme qu’une partie de l’intelligentsia européenne ressent depuis trois siècles comme une chape de plomb, mais cet artéfact idéologique n’est en rien conforme aux ressorts profonds du bouddhisme originel, ressorts qui viennent en quelque sorte sauter à la figure des gens dans la pratique quotidienne (sectaire) sur laquelle débouche le lamaïsme, en France comme ailleurs.
Le témoignage est précis, objectif, et sincère. Il se livre sans langue de bois, et dans un langage accessible au grand public conformément à la ligne éditoriale des éditions Max Milo. A ce titre il est une pièce utile apportée au débat sur les croyances religieuses des classes moyennes urbaines occidentales, et leur aveuglement.
Peut-il pour autant faire évoluer en profondeur le regard sur le bouddhisme ? On peut raisonnablement en douter. Sa limite est qu’il se rattache à la culture universitaire occidentale qui est sceptique, individualiste et rationaliste. Marion Dapsance confesse ne pas croire aux déités bouddhiques, blâme les adeptes de tenter de réduire sa prétention à critiquer le gourou au nom de son karma (comme s’il était par définition illégitime de renvoyer au locuteur aux déterminations de son discours antérieures à sa naissance), dénonce la position inférieure des femmes dans le culte, autant de critiques qui, elles-mêmes, procèdent d’un univers culturel laïque (séculariste) occidental fondé lui aussi sur des croyances contestables et porteur de sources d’aliénation et d’immoralité que n’interroge pas l’anthropologue. En tant que livre de laïque écrit pour des laïques, le livre peut ainsi paraître peu susceptible de détourner des bouddhistes endoctrinés de leur servitude volontaire, et pas forcément de nature non plus à contrebalancer la tibétophilie ambiante (car les pratiques des inconditionnels de Sogyal Rinpoché pourront toujours passer pour de simples exagérations du bouddhisme). Mais s’il jette au moins une petite ombre sur les icônes officielles trop lumineuses en provenance des cimes de l’Himalaya, l’ouvrage n’aura quand même pas été écrit en vain.
Christophe Colera
Sérapion et le défi de la nudité dans la ville
/image%2F1551417%2F20160904%2Fob_bc5eec_serap.jpg)
Au chapitre XXXVII (p. 128-129) de son Histoire Lausiaque, Pallade de Galatie (363-431) raconte ceci du moine égyptien Sérapion le Sindonite, qui vivait nu vêtu d'un sindon - un liceul - qui vécut probablement entre 300 et 350 (donc après le règne de Constantin et juste avant Julien l'Apostat) :
"Après être entré dans Rome, il s'enquérait de tous côtés qui était un grand ou une grande ascète dans la ville. Entre autres, il rencontra aussi un disciple d'Origène, Dominus, dont le lit, après sa mort, a guéri des malades. Donc, l'ayant rencontré et ayant été assisté par lui, car c'était un homme raffiné sous le rapport des moeurs et de la science, il apprit de lui quel autre existait, homme ou femme, pratiquant l'ascétisme, et il eu connaissance d'une vierge silencieuse qui ne se rencontrait avec personne. Et, ayant appris où elle demeurait, il partit et il dit à la vieille femme qui la servait : 'Dis à la vierge ceci : j'ai à te rencontrer nécessairement, car c'est Dieu qui m'a envoyé". Donc, ayant attendu deux ou trois jours, il se rencontra ensuite avec elle et il lui dit : "Pourquoi te tiens-tu assise ?". Elle lui dit : "Je ne me tiens pas assise, mais je fais route". Il lui dit : "Où diriges-tu ta route ?" Elle lui dit : "Vers Dieu". Il lui dit : "Es-tu en vie ou es-tu morte ?" Elle lui dit : "Sur Dieu, je crois que je suis morte, car il n'y a pas à craindre que quelqu'un de vivant dans la chair fasse cette route". Il lui dit : "N'est-ce pas ? Pour me convaincre que tu es morte, fais ce que je fais". Elle lui dit : "Commande moi des choses possibles et je les fais. " Il lui répondit : "Tout est possible à un mort, excepté d'être impie". Alors il lui dit : "Sors et avance en public". Elle lui répondit : "Je fais une vingt-cinquième année sans avoir paru en public. Et pourquoi paraîtrais-je en public ?" Il lui dit : "Si tu es morte pour le monde et le monde pour toi, c'est pour toi la même chose de paraître en public ou de n'y point paraître. Parais donc en public". Elle y parut. Et après qu'elle se fut avancée au dehors et qu'elle fut allée jusqu'à l'église, il lui dit dans l'église : "Eh bien, si tu veux me convaincre que tu es morte et que tu ne vis plus pour plaire à des hommes, fais ce que je fais, et je saurai que tu es morte. T'étant dévêtue comme moi de tous tes vêtements, mets les sur tes épaules et traverse la ville par le milieu, moi prenant les devants dans cet appareil". Celle-là lui dit : "Je scandaliserai beaucoup de gens par l'indécence de la chose, et ils auront le droit de dire ceci : elle est devenue extravagante et démoniaque". Il lui fut répondu : "Et que t'importe s'ils disent ceci : elle est devenue extravagante et démoniaque ; puisque pour eux tu es morte". Alors celle-là lui dit : "Si tu veux une autre chose, je la ferai : car à cette mesure-ci je ne prétends pas être arrivée". Alors il lui dit : Vois donc, ne t'enorgueillis plus de toi-même, comme plus religieuse que tous et morte au monde. En effet, moi je suis plus mort que toi et je montre en fait que je suis mort au monde ; car c'est sans émotion et sans honte que je fais cela". Alors l'ayant laissée dans des sentiments d'humilité et ayant brisé son orgueil, il se retira".
L'aspect intéressant est que la nudité est associée à la possession démoniaque, comme dans l'Evangile, et que le saint ascète doit braver le risque d'une assimilation avec le fou possédé.
Gérard Lenorman et "Les Dents de la Mer"
Les lettrés (qui ont leurs propres démons) prennent de haut la culture populaire. Pourtant, il y a dans ce domaine des ingrédients qui peuvent perdre des millions d'âmes (un petit exemple récent dans cette vidéo). Un exemple : en 1975, sort le film "Les Dents de la Mer" de Steven Spielberg.
Les démons ont tellement aimé cela, qu'ils ont permis à une médium française aujourd'hui confirmée, et à l'époque jeune, de pouvoir aller voir le film aux Etats-Unis par bilocation - voir son témoignage ici.
A l'autre bout du spectre spirituel Gérard Lenorman, chanteur français semble-t-il d'inspiration catholique (il a chanté "L'enfant des cathédrales") et marqué à droite (il a soutenu Giscard d'Estaing en 1981) en réaction contre ce film en 1976 sort "Le gentil dauphin triste". Etant enfant bien sûr je ne comprenais pas le sens de cette chanson.
G. Lenorman pour tout le monde au début des années 1980 était marqué, comme Yves Duteil, comme un chanteur démodé, gnangnan, trop candide. On peut se demander si cet artiste, qui, au fond, a probablement cherché à être lui-même, a incarné la bonne réponse, douce (probablement la plus conforme au style évangélique) à ce film violent. Il est probable qu'une réponse plus "productive" auprès du marais des gens (comme moi) qui n'étaient ni dans la violence ni dans la douceur aurait pu être une chanson plus colorée, plus "second degré" etc. Qu'est-ce que la mièvrerie ? La mièvrerie n'est-elle mièvre à nos yeux que parce que nous sommes dans des sociétés très violentes qui nous ont rendus "accros" à une certaine violence, même soft, à un certain cynisme ? Cette est elle, "sub specie aeternitatis" (sous la catégorie de l'éternité) la plus conforme aux vraies valeurs qui doivent guider l'humanité ?