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Articles récents

Jollivet-Castellot à propos des médiums

4 Juin 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Médiums, #Pythagore-Isis, #Philosophie

Une page intéressante d'un étrange alchimiste chrétien qui fut un des pionniers du Parti communiste français (SFIC) dont il fut rapidement exclu. Sa position rappelle un peu celle des jungiens de notre époque - comme Michel Cazenave par exemple. En termes rationnels, elle ne serait défendable qu'au prix d'un pari métaphysique : que chaque âme ait une univers pour elle-même. Mais on sent bien que dans l'ordre métaphysique, comme avec la phrase d'Apollonios de Tyane "Néron a creusé et n'a pas creusé le canal de Corinthe", l'énoncé est à la fois vrai et non-vrai...

"Concluons : L'Occultisme, la Magie, l'Astrologie, l'Alchimie, la Thérapeutique, le Psychisme, le Spiritisme, — branches de la Science Hermétique, reposent sur des phénomènes réels, de l'ordre naturel et universel que l'homme terrestre interprète suivant l'état actuel de son Verbe. Le Verbe humain terrestre, la science humaine, ne sont pas sur cette planète, encore assez parfaits pour que l'on puisse affirmer que les causes sont rigoureusement celles qu'on leur assigne.

Mais la Science et la Mystique qui, réunies, forment l'Hermétisme, nous enseignent certes que ces causes ne peuvent être en dehors de la conscience et des facultés de l'Homme, à différents états d'évolution. Causes naturelles. Verbe cosmique incarné par des êtres différents. Lois inflexibles, en tous cas, que nous ne savons encore formuler, mais qui ne sont que l'extension des lois que nous avons définies, ou cru définir jusqu'ici, et qui, supérieures ou autres, ne peuvent être jamais contradictoires.

C'est pourquoi l'explication spiritique des phénomènes dus à la force astrale ou psychique, est-elle enfantine et superstitieuse. Elle équivaut au bégaiement d'un enfant étonné qui croit aux revenants, aux fantômes, aux évocations que crée son imagination délirante ou morbide.

Les médiums, rigoureusement nécessaires à la production des phénomènes qui demeurent donc bien du champ de la faculté humaine — sont presque tous des détraqués, des malades, des hystériques, des névrosés qui, sursaturés de cette énergie « psychique » ou mieux astrale, la projettent et l'attirent, la concentrent et la repoussent brutalement, en provoquent le flux violent, capricieux, telle une machine à vapeur ou une dynamo qui s'emballe.

Certains — très rares — parviennent à modérer la force, à la diriger parfois. Ils la modèlent selon leur intelligence et leur volonté, la revêtent de leur propre esprit souvent subliminal et inconscient.

Le Spiritisme n'a rien révélé d'important, ni de nouveau au monde. Il est la conscience humaine à ses divers degrés d'intelligence, d'évolution, de moralité — conscience projetée dans l'Au-delà de la Suggestion et des Forces encore imprécises ou formidables.

On n'y découvre point l'intervention d'entités étrangères, ni surtout supérieures au plan terrestre."

Nouveaux Évangiles : le christianisme libéral, la tradition occulte, métaphysique de l'hermétisme, l'Europe et la Chine, "finis Latinorum" / F. Jollivet-Castelot Eds Chacornac 1905 p. 171-172.

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Le méthodisme à Jersey

1 Juin 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Hier Libération évoquait ces jeunes filles qui se sont faites verbaliser au jardin du Luxembourg parce qu'elles étaient en maillot de bain. Il n'y a plus que ce journal et Le Monde pour écrire des articles sur la nudité sans me citer ! (je plaisante bien sûr)

Bon, blague à part je ne dirai rien du Poltergeist dans une station service du Pas de Calais dont la presse parlait aussi hier. Je la mentionne juste à toutes fins utiles. De toute façon ce genre de phénomène se produit souvent ici ou là (beaucoup étant d'ailleurs purement imaginaires, mais pas tous), quoique pas toujours avec une telle ampleur. Il avait joué un rôle important dans la vie du co-fondateur du méthodisme John Wesley.

A propos du méthodisme, j'étais sur l'île de Jersey récemment. J'ai découvert à St Hélier une belle église qui se réclame de l'héritage de Wesley (à qui Lloyd George en 1922 attribuait la paternité spirituelle de l'engagement britannique dans la première guerre mondiale, je l'apprends aujourd'hui), le grand homme ayant prêché dans cette ville et à différents endroits de l'île du 20 au 30 août 1787 (un an avant sa mort) du temps où celle-ci était entièrement francophone (le prédicateur faisait traduire chacune de ses phrases). Le méthodisme s'était implanté à Jersey à partir de 1774 par le truchement de deux pêcheurs de Terre-Neuve Pierre Le Sueur et Jean Tentin . Dix ans plus tard Robert Carr Brackenbury consolidait les bases de la communauté méthodiste dans l'île. Le méthodisme reste peu connu en France.

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Le lutin de Gaston Phoebus

23 Mai 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète

On a parlé l'an dernier d'une mystique attachée à Gaston Phoebus. Poursuivons sur le côté occultiste du vicomte de Foix-Béarn. Selon le traité "La sorcellerie" de Ch. Louandre p. 52, Froissart aurait écrit que Phoebus avait un servant dans sa bague. Ce lutin avait été attaché à un prélat romain vassal de Phoebus qui l'avait ensuite transmis à son suzerain. Le lutin  voyageait de par le monde pour lui procurer des informations.

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Anne-Catherine Emmerich et le magnétisme

21 Mai 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme

"Je citerai à ce propos la sœur Catherine Emmerich, grande stigmatisée de notre siècle.Ses dires sur le magnétisme sont tout un enseignement. Son confesseur et son médecin avaient voulu la magnétiser pour calmer ses douleurs. Elle les en détourna. Ce qu'elle dit d'une somnambule célèbre de Francfort est applicable doctrinalement à toutes les somnambules. « La pratique du magnétisme, disait la voyante de Dulmen, confine à la magie seulement on n'y invoque pas le diable, mais il vient de lui-même »

Catherine eut une foule de visions au sujet du magnétisme « Je voyais toujours )à Satan, disait-elle, dirigeant tous les mouvements du magnétiseur et les fai- sant avec lui. » Et ailleurs « Je n'ai presque jamais vu personne sous l'influence du magnétisme sans qu'il s'y mêlât au moins une impureté charnelle très subtile. Je vis des gens tomber de la région lumineuse dans la région ténébreuse par suite de ces participations à ces procédés magiques qu'ils appliquaient au traitement des malades, prenant pour prétexte l'intérêt de la science. Je les vis alors magnétiser, et égarés par des. succès trompeurs, attirer beaucoup de personnes hors de la région lumineuse. Je vis qu'ils voulaient confondre ces guérisons d'origine infernale et ces reflets du miroir des ténèbres, avec les guérisons opérées par la lumière et avec la clairvoyance des personnes favorisées du ciel. Je vis, à cet étage inférieur, des hommes très distingués travailler à leur insu dans la sphère de l'église infernale »."

L'hypnotisme et la stigmatisation / par le Dr Antoine Imbert-Gourbeyre, ed Bloud et Barral (Paris) 1899 p. 61.

 

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Grands voyants et occultistes de l'époque moderne

17 Mai 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Histoire secrète, #Histoire des idées, #Pythagore-Isis

On connaît Nostradamus, Boehme, Swedenborg.

D'autres sont moins renommés mais ont joué un rôle important à leur époque :

Le père Jacques Gaffarel (1601-1681), fils d'un chirurgien des actuelles Alpes de haute Provence, auteur des Curiosités Inouyes sur la sculpture talismanique des Persans (censurées par la Sorbonne en 1629) et du Moyen de lire l’alphabet des étoiles et les révolutions des empires. Docteur en droit canon à la Sorbonne, abbé de Sigonce, bibliothécaire de Richelieu. Kabbaliste grand connaisseur des langues orientales antiques il est en outre un médium spirite qui déjà théorise sur le corps astral. Outre les talismans, il s'intéresse aux onguents magiques et à l'astrologie hébraïque.

Descartes affecte ne pas vouloir le lire, mais sa condamnation en Sorbonne aura provoqué la polémique. Il est en rapport avec Jean-Baptiste Morin de Villefranche, mais l'attitude de Morin hostile aux sciences les sépare car Gaffarel lui est ami de Gassendi.

Jean-Baptiste Morin de Villefranche sur Saône (1583-1656), médecin de son état, fut initié à l'astrologie par un Ecossais rencontré dans une auberge allemande, William Davidson ou Davisson. Le roi Louis XIII étant tombé malade en passant à Lyon, deux devins annoncèrent sa fin prochaine. Morin adressa a la reine mère, Marie de Médicis, un horoscope contraire, qui affirmait le prochain rétablissement du monarque-et en marquait le.jour. L'événement lui donna raison, et ses rivaux furent jetés aux galères. Morin fut alors nommé professeur de mathématiques au collège de France et souvent consulté par les grands seigneurs du royaume, y compris Descartes.

Selon P. Christian ("Histoire de la magie, du monde surnaturel et de la fatalité à travers les temps et les peuples ", 1870) "un jour, vers 1642, le jeune Cinq-Mars, grand-écuyer du roi, arriva chez le premier ministre en riant aux éclats, son horoscope à la main « Croiriez-vous, Monseigneur, que ce fou de Morin prétend, d'après ce chiffon, que j'aurai la tête tranchée ?» Richelieu ne riait jamais et se souvenait toujours. Peu de mois après, t'étourdi Cinq-Mars et son ami de Thou, fils du célèbre président, se prenaient au trébuchet d'une puérile conspiration risquée avec .l'Espagne. Ils y laissèrent leur tête, et le cardinal qui s'en allait au tombeau, légua le maître en Magie à son successeur Mazarin, comme un précieux outil de gouvernement." Avant sa mort, la reine de Pologne, Marie-Louise de Gonzague, dont l'Écossais Davidson était devenu le médecin, avait accepté la dédicace des oeuvres de Morin et les fit imprimer à ses frais.

Tommaso Campanella, qui finit prisonnier dans un couvent à Paris après avoir organisé une conspiration anti-espagnole en Calabre en alliance avec les Turcs, compose en 1623 une Cité du Soleil qui prône la théocratie universelle œcuménique remplie de références à la Kabbale.

Au même moment en Angleterre Francis Bacon (1561-1626), grand chancelier d’Angleterre peut-être rosicrucien. Kabbaliste et alchimiste compose en 1620 une Instauratio Magna qui prône la méthode inductive et annonce l’Encyclopédie et l’année suivante une Nouvelle Atlantide très néoplatoncienne qui ressemble à Thomas More et Campanella.

Le tchèque Johannes Amos Comenius ou Jan Amos Komensky (1592-1670) dont l’Unesco célébre le 3ème centenaire en 1958, né dans une famille de frères moraves héritière du hussisme, revendiqué par Piaget comme un père du structuralisme moderne, présent en Angleterre en 1641 en pleine révolution (à l’invitation du rose-croix allemand Samuel Hartlib pour conseiller le nouveau régime) puis en Suède où il rencontre Descartes, c’est un partisan de la réconciliation de l’Eglise et de la synagogue et d’une pansophie qui mènera à l’âge d’or (comme dans la kabbale). Il s’appuie sur des médiums amis de la cause protestante comme Nicolas Drabik, Christophe Kotter et Christine Poniatowska.

L’alchimiste anglais Elias Ashmole (1617-1692), qui allait influencer la création de la grande loge de Londres en 1717, pionnier de la franc maçonnerie dès 1646, fait le lien entre les rosecroix et la francmaçonnerie.

L'acquaintance de la couronne d'Angleterre avec la magie remonte au moins à Elizabeth Iere. 

Le mage astrologue John Dee (1527-1608 ou 9), d’origine galloise né à Londres avait formé un cercle, les Dionisii Areopagites, avec sir Philip Sidney et Edmund Spenser (auteur d’un poème rosicrucien). Kabbaliste confirmé, il fut choisi par Elizabeth Ie pour choisir le jour de son couronnement. Il possédait une charte lui attribuant la possession du Canada et inventa le mot « empire britannique ».

Un jour de 1580, il entendit des bruits dans sa maison au milieu de ses rêves. Il loua les services du médium Barnabus Saul qui prétendait voir des anges dans sa boule de cristal. Il s’en sépara au bout de six mois puis rencontra en 1582 un certain Edwad Kelley qui voyait l’archange Uriel dans la boule de cristal de Dee. Il fit alors des séances spirites qui lui apprirent la lange « énochienne ». En voyage à Prague avec Kelley il échoua à transformer du plomb en or devant l’empereur Rodolphe II, puis en 1590 eut un message apocalyptique puis finit tristement dans la paranoïa.

Dee avait des  idées qu’il exposa à Rodolphe II pour réformer la messe dans un sens magique propice a faire apparaître des esprits. Il avait aussi des clés initiatiques individuelles : « Ce que Dee suggérait à l'oreille de l'empereur était que, s’il jeûnait pendant une période déterminée, s’il travaillait sur sa respiration un certain nombre de fois, à des intervalles précis, s’il s’adonnait à la pratique sexuelle  s’il prononçait une formule précise à une heure déterminée selon les astres, il pourrait entrer dans un état de conscience altéré au cours duquel il communiquerait de manière libre et raisonnée avec les habitants du monde des esprits ».

John Dee inspira le personnage Prospero dans « La Tempête » de Shakespeare. Le 24 mars 1583, un esprit lui apparut et lui parla de l’avenir en ces termes : « De nouveaux mondes jailliront de ceux-ci. De nouvelles manières ; des hommes étranges ».

Shakespeare lui-même est probablement un initié : les images florales du Songe d’une nui d’été peuvent être des symboles rosicruciens comme la rose de La Reine des fées d’Edmund Spenser écrite en 1589 ou les sept roses du mémorial de Shakespeare dans l’église de la Ste Trinitié de Stratford-upon-Avon où le roses peuvent être des chakras. Et l’intrigue de La Mégère apprivoisée (une des trois premières comédies du dramaturge) empruntée au Akf Layla Wa Lyla des Mille et un Nuit renverrait à une bibliothèque secrète  des savoirs anté-diluviens, tandis qu’elle plonge dans la logique initiatique du « Dormeur éveillé » d’Haroun al-Rachid. « L’esprit mystique et irascible de l’Homme vert imprègne aussi bien Les Mille et nee Nuits que La Mégère apprivoisée » comme l'a relevé l'érudit de notre époque Jonathan Black .

Au XVIIe siècle, les alchimistes et les rosicruciens sont dans toutes les cours d'Europe, et en contact permanent les uns avec les autres. Newton allait être le dernier d'entre eux.

Au siècle suivant les voyants et ésotéristes sont moins dans les cours. Etteila traduit le Livre de Thot et invente un nouveau tarot dont va faire usage l'étonnante voyante Marianne Lenormand (1768-1843), orpheline d'Alençon montée à Paris, chiromancienne et cartomancienne que les principaux chefs de la Révolution, puis les dignitaires de l'Empire et de la Restauration consulteront.

Dans la lignée des occultistes du XVIIe siècle, se distingue au début du XIXe Antoine Fabre d'Olivet, bourgeois calviniste, monté à Paris en 1780, puis initié au pythagorisme en Allemagne en 1791, passionné par l'hébreu primitif et les hiéroglyphes (pour lui c'était tout un) qui s'attacha à en retrouver la version archaïque qu'il mettait en résonance avec le Chaldéen, le Chinois etc, et qui, en déchiffrant un vieux manuscrit magique pharaonique aurait trouvé la méthode pour soigner un sourd muet (ajoutez pour faire bonne mesure qu'il publia une analyse érudite des Vers dorés de Pythagore). Il avait acquis son bagage linguistique après 1809 ayant obtenu sa retraite du ministère de la guerre.Il utilisait sa femme comme une pythonisse. Napoléon  refusa d'en faire son conseiller inspiré; Il instaura alors un culte polythéiste analogue à celui qu'avait tenté de fonder Gémiste Pléthon, premier président de l'Académie platonicienne de Florence. On le retrouva en 1825 mort percé d'un poignard au pied de son autel (cf Les Nouvelles littéraires et scientifiques 23 juin 1934). Il allait encore inspirer les spirites de Jersey à l'époque de l'exil de Victor Hugo.

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L'Obs en ligne : mon livre "La Nudité" mentionné à propos du projet de parc naturiste à Paris

3 Mai 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Interviews en rapport avec mon livre "La nudité", #Nudité-Pudeur en Europe

Le journaliste des pages "environnement" de l'Obs Arnaud Gonzague m'a passé un coup de fil la semaine dernière en me disant qu'il avait eu l'intuition, contre le journaliste des pages "société", de sa  revue que derrière la question de la nudité urbaine se cachait peut être une question de classes sociales. Je lui ai donné mon analyse et les chiffres de sondages dont on disposait. Ca donne une mention de mon bouquin sur le site en ligne de l'Obs cette semaine ici.

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Jenny Scordamaglia : de la nudité publique à la méditation

1 Mai 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur en Amérique, #Nudité-Pudeur en Europe, #Médiums

Elle s'appelle Jenny Scordamaglia. Elle a 28 ans. Née dans le New Jersey, elle a grandi en Uruguay. La quotidien britannique The Sun du 28 avril la traite de "journaliste exhibitionniste" parce qu'elle participe à une émission de cuisine nue sur Miami TV (Naked Kitchen) dont elle est propriétaire avec son mari depuis 2013. A vrai dire elle n'a pas fait que cela. Elle est accoutumée des interviews topless, voire en nu intégral.

Au vu de ce que j'ai appris dans le cadre de mes travaux de terrain sur le lien entre nudité et médiumnité. En Avril 2012 Jenny Scordamaglia a fondé en Espagne un "Centro Transformacion" dédié à la méditation et au massage géré par le coach tanzanien Julius Mwabuki. Dans le même esprit elle a apporté une contribution particulière au yoga nu.

Mais sa confrontation (en 2012 sur MegaTV ci-dessous) avec Aramis Fuster, une médium spirite, ouvertement occultiste ("La Bruja" "la Sorcière", qui elle aussi joue un peu sur la nudité malgré ses dénégations dans l'émission) laisse entrevoir une sorte d'incompatibilité entre sa démarche et celle de la magie classique. Peut-être est-ce parce qu'elle reproche à sa voisine d'étaler trop ses "dons spirituels" et laisse même entendre que de ce fait elle n'en a pas... Le défaut de discrétion dans ce milieu peut être un signe d'inefficacité. On ne peut pas trop savoir ce qu'il se passe vraiment dans le "Centro Transformacion" de Castellon, dans la spiritualité "loin des caméras" qu'évoque Jenny Scordamaglia dans la séquence. Une recherche sur Google ne livre rien sur les rapports entre la présentatrice de Naked Kitchen et le moindre cercle spiritualiste existant sur le globe. Est-ce parce que les "nettoyeurs" des moteurs de recherche ont trop bien fait leur travail ? Le "phénomène" Jenny Scordamaglia par delà son excessive visibilité aux USA et dans le monde hispanophone reste au fond bien obscur pour le sociologue. Vu les liens entre nudité publique et sorcellerie depuis la plus haute antiquité, le cas du double engagement (médiatique et "méditatif") de Jenny Scordamaglia me semble illustrer l'opacité de l'arrière plan métaphysique de la nudité publique. Depuis mes recherches sur les médiums, j'encourage mes lecteurs à se tenir éloignés de ce monde là, et de reprendre au sérieux le lien entre pudeur et intégrité psychique que tracent les religions monothéistes.

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Un commentaire de mon livre consacré à Nietzsche

30 Avril 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie, #Publications et commentaires

Cela m'avait échappé, mais en 2012, un certain "Pripri" sur Senscritique.com avait produit un compte-rendu très bienveillant  de mon livre "Individualité et subjectivité chez Nietzsche".

Je ne veux pas ici "commenter ce commentaire". Beaucoup de gens vivent avec Nietzsche toute leur vie. Ca ne sera pas mon cas. J'ai croisé sa pensée à 17 ans, "Individualité et Subjectivité chez Nietzsche" est un mémoire que j'ai soutenu en Sorbonne à l'âge de 21 ans, puis que j'ai transformé en livre dans les années 2000. Les deux ou trois universitaires à qui je l'avais transmis n'ont pas jugé utile de le faire. Tant mieux si des personnes sur le Net reconnaissent à l'ouvrage quelque mérite, et s'il les aide à rassembler quelques problématiques - il était surtout destiné à cela, ratisser, rassembler, mettre un peu en ordre, et rien de plus. Je pense aujourd'hui qu'à la différence de ce que pensait Nietzsche, le problème de l'individualité doit se pense par rapport à "l'autre monde" dont il avait un peu trop vite refermé la possibilité. Mon dialogue (critique) avec les médiums qui ne fait que commencer porte sur ce thème là.

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« Individualité et subjectivité chez Nietzsche » est le fruit d’un travail précis et honnête.
L’auteur, Christophe Colera, se propose dans les premiers chapitres d’exposer les deux facettes de la critique nietzschéenne de la notion de sujet et de subjectivité - thème académique mais pas inintéressant, et s’approche naturellement dans le dernier d’une définition de ce que serait l’individualité aux yeux du « plus sublime des » syphilitiques. La plume de l’auteur est la plupart du temps très lisible, un peu mécanique mais puisqu’il se paye le luxe précieux de confronter ses thèses à celles de commentateurs plus renommés que lui (Heidegger, Jean Granier, Michel Haar et même Luc Ferry qui avait commis avec quelques autres un Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens) tout ça donne vite au lecteur un air très respirable. Si l’ouvrage est truffé de coquilles, la lecture n’en est pas pour autant rendu si désagréable, les chapitres étant aérés et les références au texte nietzschéen nombreuses et très pertinentes.

Une fois débarrassés des questions de forme, vous allez évidemment me demander ce qu’il y a au fond de la marmite. Comme je l’ai déjà écrit, les deux premières parties bien qu’assez classiques ne manquent pas de pédagogie et de précision pour exposer les différentes critiques que Nietzsche adresse à l’encontre de la notion de sujet. Le premier chapitre se contente de servir d’introduction correcte à cette critique en passant notamment en revue les raisons extra-épistémologiques qui ont motivé Nietzsche - pêle-mêle : l’importance du cas de la Grèce présocratique (où le sujet moderne n’existe pas), la volonté constante chez Nietzsche de dépasser sa maladie par la philosophie et pour finir l’influence majeure de l’art comme (nouveau ?) paradigme de la pensée. Le deuxième chapitre lui va au cœur du propos de Friedrich et énonce les arguments que ce dernier emploie à mainte reprises contre les avatars du sujet. Qu’il s’agisse de l’âme chrétienne, du libre-arbitre ou de la subjectivité libérale moderne (que Nietzsche hérite de sa lecture de Tocqueville selon l’auteur) chacun se voit mis à la porte de la Gaya Scienza dont le physionomiste (« Encore un black ! » « Non un allemand. ») est parmi les plus sévères que je connaisse. Le troisième chapitre est évidemment le plus dangereux car il s’agit là de réunir ce qui a été intentionnellement disséminé par le généalogiste à la fois dans les œuvres publiées - principalement le Gai Savoir, Ecce Homo et Par-delà bien et mal mais tristement pas la Généalogie de la morale qui est trop souvent exploitée par l’auteur comme un texte uniquement critique – mais également dans les Notes posthumes.

Quid alors de cette reconstitution à la Isis ? Il me faut tout de suite reconnaître que l’auteur ne démérite pas et prend le soin d’accuser premièrement l’indécrottable aspect métaphorique de la pensée de l’individualité chez Nietzsche, deuxièmement le caractère incertain d’une telle recomposition et troisièmement le paradoxe qui nourrit cette conception déterrée. En effet, cette individualité nietzschéenne qu’il faudrait retrouver repose sur trois éléments majeurs de la philosophie du moustachu qui la soutiennent (l'individualité, pas la moustache). Le premier élément c’est la nouvelle conception du Corps qui marque l’arrêt de mort de la distinction sujet-monde et ouvre quelque part la voie au Dasein heideggérien ; ‘’l’individu’’ avant d’être tel est d’abord un corps, une multiplicité d’affects, de volontés qui combattent les unes contre les autres pour imposer leur perspective. Le deuxième élément c’est la doctrine de l’Eternel Retour du Même dont la conception cyclique du temps permet, si elle est tenue pour vrai par l’individu, d’atteindre le troisième élément capital et nécessaire qu’est l’ego-fatum, pendant théorique de l’amor fati.

C’est ici que réside le paradoxe de l’individualité nietzschéenne : l’individu n’est certainement pas une unité mais une multiplicité (d’affects, de petites volontés) qui se donnent l’apparence de l’unité, qui se croit identique à elle-même à travers le défilement des instants. Plus précisément encore c’est sur l’instant que repose l’individualité que reconstruit ici Christophe Colera : l’individu n’est pas ni ne se fait lui-même, il est fait à tout bout de champ. A chaque instant c’est par un devoir-être (!), par une sélection éthico-pratique qu’il advient tout en étant dépassé par ce qui le meut (soit les instincts nihilistes triomphent, soit ce sont les instincts supérieurs – il n’y a pas de voie intermédiaire ou attentiste dans cette ‘’éthique’’). Christophe Coléra écrit : « Le vouloir issu d’une solitude individuelle se révèle ainsi comme étant virtuellement porteur d’une volonté passive-active du monde, laquelle est indéfiniment en attente de sa reprise dans un instant quelconque, sans sujet pour en gouverner le destin » (p.126). On oubliera donc les versions à l’aspartam d’un Nietzsche-Victor Novak éducateur, venu prêcher la bonne parole pour élever les bonnes âmes humanistes à la libération de l’aliénation et au sapere aude des Lumières. ‘’L’individu’’, du point de vue de la volonté de puissance, est l’outil de cette dernière. ‘’L’individu’’, du point de vue de la conscience claire, n’est individu que lorsqu’il accepte de se comprendre comme volonté de puissance, lorsqu’il accepte de se voir comme « plusieurs âmes dans un seul corps » - comme voulu par un Destin.

On pourrait objecter à nos auteurs que la notion d’individualité perd alors complètement son sens : l’individu se retrouve entièrement soumis, à chaque instant, au travail interprétatif de ces petites âmes, de ces affects qui cherchent à commander la perspective sur le monde, qui cherchent à imposer les mobiles de l’action à venir aussi. Eh bien c’est exactement ça, l’individualité est toujours à venir et ne cesse jamais de l’être (sinon la circularité du temps perçue via l’Eternel Retour n’aurait pas lieu d’être pensée) et l’individu n’advient qu’en acceptant de jouer le jeu de son Corps, en évitant de se méconnaître au point de se mortifier (soi ou les autres d’ailleurs). Les vieux briscards ne s’étonneront pas du paradoxe car Nietzsche n’a de cesse de penser en-dehors, à côté, en-deçà des antinomies du langage. En une phrase : « la transmutation de l’individu en monde, l’éclatement du sujet, se joue là dans un acte pur, c’est-à-dire dans un verbe pur, à l’infinitif, sans sujet grammatical et, qui plus est, un verbe qui possède les deux modes actif-passif » (p.126). Moralité de l’histoire : devenez ce que vous êtes.

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